À propos de ce livre électronique
La victime travaillait sur un dossier d’indemnisation de malades ayant subi d’importants effets secondaires liés à l’ingestion d’un médicament. Leur quête de vérité, en marge de l’enquête de police, va les plonger dans les arcanes du monde des laboratoires et des assurances.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Clair VALROZ a travaillé pendant plus de 35 ans dans l’assurance et la gestion du risque. Ingénieure civile, elle est entrée sur le marché des assurances et a pratiqué presque tous les métiers dans ce domaine avant de devenir PDG d’une compagnie d’assurance à Paris, puis Risk Manager dans la Pharma jusqu’en 2017. Désormais, elle intervient en tant que Conseil auprès de multiples start-ups et participe à de nombreux conseils d’administration.
En 2020, elle décide de mêler ses deux passions - l’assurance et le polar - pour permettre aux lecteurs d’accéder à de nouveaux horizons dans le monde du crime.
"UNE MORT ASSURÉE" est son premier roman.
Lié à Une mort assurée
Livres électroniques liés
Carton rouge Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa fuite: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDans l'ombre de la féminité, Tome 1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe monde en héritage - Tome 1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMais la lune ne s'écroule pas Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Légion de Saphir - Tome 1: Saga fantasy Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationStation 21 - Sous l'aile d'Owen: Romance entre secrets, souvenirs et disparition Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCondamné à fuir (Un Mystère Adèle Sharp — Volume 2) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDerrière le masque Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNeverland: Thriller Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe duo des ombres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPrédateurs - La rose noire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe passage Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAlternative: Thriller fantastique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe clan des fidèles insoumis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMégane détective de l'étrange: le secret de la clé 408 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'ombre de la chimère: Un thriller palpitant Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationScintillement: La Clé de lumière - Tome 1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAnamnèse Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Vérité Cachée: Une avocate déterminée, un meurtre bouleversant, une famille puissante : un thriller juridique riche en tension et en suspense Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe néant comme prison Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe retour d'Arsène: Une enquête du commissaire Velcro - Tome 10 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne ville mystérieuse: Suivie de Le lynchage et Le repos éternel Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCommissaire Marquanteur et la femme mystérieuse : France Polar Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Gui Et Les Esprits Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMystère à Glasbury Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEntredeux épisode 3 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationElle s'en repentira: De Concarneau au Grand Nantes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Liste Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMeurtre au bureau: une enquête pétillante Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Fiction littéraire pour vous
Bel-Ami Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Le Joueur d'Échecs Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Crime et châtiment Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOrgueil et Préjugés - Edition illustrée: Pride and Prejudice Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5La Conspiration des Milliardaires: Tome I Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Métamorphose Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Manikanetish Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5La Princesse de Clèves Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Comte de Monte-Cristo: Tome I Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes impatientes de Djaïli Amadou Amal (Analyse de l'œuvre): Résumé complet et analyse détaillée de l'oeuvre Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Dictionnaire des proverbes Ekañ: Roman Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Les Freres Karamazov Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5Le Double Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Possédés Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Œuvres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Père Goriot Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Peur Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Le Joueur Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTout le bleu du ciel de Mélissa da Costa (Analyse de l'œuvre): Résumé complet et analyse détaillée de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCrime et Châtiment Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Les Rougon-Macquart (Série Intégrale): La Collection Intégrale des ROUGON-MACQUART (20 titres) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes mouvements littéraires - Le classicisme, les Lumières, le romantisme, le réalisme et bien d'autres (Fiche de révision): Réussir le bac de français Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGouverneurs de la rosée Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Le Diable Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Une affaire vous concernant: Théâtre Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Masi Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Idiot -Tome II Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPetit pays de Gael Faye (Analyse de l'œuvre): Résumé complet et analyse détaillée de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAntigone: Analyse complète de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Une mort assurée
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Une mort assurée - Clair Valroz
Chapitre 1
La Défense
Vendredi 4 octobre 2019
I
l était 23 heures ce vendredi soir quand Naïma sortit de l’ascenseur au 30ème étage de la tour Mint. Étrangement, la lumière était encore allumée sur une partie de l’étage, ce qui n’était pas fréquent une veille de weekend.
Naïma, agente d’entretien qui travaillait dans cette tour depuis 5 ans, s’étonna de n’entendre aucun bruit malgré la présence de l’éclairage, et se dit que, s’il y avait quelqu’un, ce ne pouvait être que Madame Laporte. Cette femme d’une quarantaine d’années était souvent là, tard le soir ou tôt le matin, comme si travailler dans cette tour à des heures normales lui paraissait impossible. Heureusement qu’avec le badge du personnel, on pouvait sortir du bâtiment à tout moment, sinon cette employée aurait dû installer un lit de camp dans son espace de travail !
Naïma avait souvent trouvé sur place Madame Laporte le soir, bien après l’exode quotidien des bureaux de La Défense vers 18h30. Elle semblait toujours très concentrée sur ses documents et son écran. Du palier on pouvait, en forçant l’écoute, entendre le bruit des touches frappées avec ferveur sur le clavier de l’ordinateur portable, ou alors le son typique, un peu sourd, des gros livres que l’on ferme en les claquant d’impatience ou de joie. Quand Madame Laporte voyait déambuler Naïma au loin, avec son aspirateur et ses poubelles, elle ne manquait jamais de lui faire un petit signe de la main et ensuite de venir lui dire bonjour ou bonsoir, comme si cela lui donnait une opportunité de se lever un instant pour éviter de s’ankyloser sur son fauteuil. Ainsi, les deux femmes échangeaient régulièrement quelques mots ces dernières années. Mais, d’aussi loin qu’elle se souvienne, jamais Naïma ne l’avait vue un vendredi soir.
En poussant son chariot de nettoyage dans la zone réservée aux bureaux paysagers, Naïma aperçut de la lumière dans le coin de Madame Laporte, mais aucun signe de vie. La femme élégante et souriante qu’elle pensait trouver au milieu de ses dossiers n’était pas là. Elle était probablement en train de se servir un chocolat à la machine de l’étage et allait arriver d’un instant à l’autre. Après avoir passé le chiffon à poussière sur les plans de travail et donné un coup d’aspirateur autour de la marguerite de bureaux devant la porte d’accès du plateau côté sud, la femme de ménage réalisa qu’il n’y avait toujours pas un bruit dans le coin allumé. Elle décida alors d’approcher plus près et de voir si Madame Laporte était bien là comme elle le pensait ou si, tout simplement, elle avait oublié d’éteindre en partant.
En s’engageant dans l’allée latérale du plateau, Naïma ressentit une appréhension… Ce silence profond et glacial qui recouvrait cette zone depuis plus d’un quart d’heure n’avait rien de normal, même s’il était près de 23h15.
Sur le bureau de Madame Laporte, l’ordinateur portable était ouvert, mais l’écran était noir, éteint. Toutes les feuilles noircies de textes et de schémas étaient empilées en désordre, comme si un ouragan avait tout fait s’envoler et qu’on avait reposé ensuite tout en vrac sur le bureau. Plusieurs chemises cartonnées numérotées étaient ouvertes par terre et des coups de feutres Stabylo fluos sur les documents donnaient une allure artistique à ce fatras de papiers. Un mug presque vide, avec l’écusson de l’université Dauphine, était posé dans un coin, barbouillé de traces de boisson au chocolat. Des cartes postales avec des palmiers, des flamants roses et des plages de sable blanc étaient aimantées sur l’armoire individuelle de classement attenante. Quelques photos d’équipe avec des hommes et des femmes portant leur toge et leur toque de diplômés trônaient au milieu des plages. Il y avait aussi des coupures de journaux, relatant ce qui s’apparentait à des faits divers sur des produits pharmaceutiques, qui jaunissaient sur le tableau servant de paravent entre les deux postes de travail qui se faisaient face. Si des classeurs étaient encore grands ouverts, Madame Laporte devait être là : la politique du « clean desk » - tout ranger dans les tiroirs et les armoires quand on quitte son bureau pour qu’aucune information ne soit accessible - était strictement appliquée dans cette compagnie d’assurance. Naïma le savait car cela facilitait grandement sa tâche quand elle passait le chiffon à poussière.
Mais il n’y avait nulle trace de Madame Laporte et ce silence devenait aux oreilles de Naïma menaçant. Désorientée, mais soucieuse de mieux comprendre ce qui se tramait, Naïma marcha jusqu’au distributeur de boissons. Elle retourna près des ascenseurs et emprunta le couloir faiblement allumé par les panneaux « issue de secours ». Les machines, dans le petit local à gauche, qui laissaient souvent échapper des sons mats d’auto-nettoyage ou de système de réfrigération, demeuraient silencieuses. Pas de trace de Madame Laporte.
Restait à inspecter les toilettes pour femmes. Elles étaient de l’autre côté, et visiblement ce long couloir en enfilade derrière les cages d’ascenseurs était lui aussi éclairé. Naïma poussa la porte battante des toilettes, avec beaucoup de lenteur, comme si un diablotin allait surgir de l’intérieur. Au lieu de cela elle vit les mocassins noirs puis les jambes d’une femme en pantalon allongée par terre sur le carrelage devant la batterie de lavabos. Il n’y avait pas une once de couleur sur les carreaux blancs crasseux des toilettes, et visiblement Madame Laporte, puisque c’était bien elle, inerte au sol, en tailleur noir et chemisier blanc n’avait, elle aussi, plus aucune couleur. Elle semblait endormie. Quand Naïma lança fébrilement des coups de pieds dans ses jambes aucune réaction ne l’anima, aucune vie ne l’habitait.
Affolée, la femme de ménage recula, laissa se refermer la porte, et saisit en tremblant son téléphone. Après plusieurs tentatives elle réussit enfin à déverrouiller son portable, et appela immédiatement la société pour laquelle elle travaillait afin de demander la marche à suivre dans une telle situation. Son chef, qui répondit après plusieurs sonneries, lui dit en quelques mots qu’il faisait le nécessaire et qu’elle ne bouge pas jusqu’à ce que quelqu’un vienne la retrouver. Entre temps, tous les accès de la tour seraient verrouillés.
Elle s’installa par terre dans le couloir, terrifiée et pétrifiée par ce qu’elle venait de découvrir, et attendit les secours. Incapable de bouger ou de retourner vers les bureaux vides, Naïma se sentait mal et peinait à respirer. Elle en aurait surement pour un long moment à attendre, et la journée qui avait commencé tôt, risquait bien de se prolonger très tard dans la nuit. Elle était convaincue qu’il s’agissait d’un malheureux accident car dans le cas contraire elle était prise au piège avec l’assassin dans la tour, maintenant qu’elle avait donné l’alerte.
Elle avait tout son temps pour penser aux nombreuses questions qui trottaient dans sa tête et faisaient battre son cœur à vive allure : que s’était-il passé ? Comment Madame Laporte avait-elle pu glisser et se cogner sur le lavabo ? Y avait-il une fuite d’eau dans les toilettes pour expliquer un tel accident ?
Elle, Naïma, qui croyait exercer son boulot de manière professionnelle, n’aurait donc pas détecté qu’il y avait une fuite dans les WC des femmes du 30ème étage ? Qui était vraiment cette femme qui la saluait avec tant d’empathie depuis tellement d’années ? Mais si on avait voulu tuer Madame Laporte, qui pouvait lui en vouloir alors qu’elle semblait si gentille ?
Chapitre 2
Paris Porte Maillot
Mercredi 18 septembre 2019
S
eptembre était la saison préférée des deux amies depuis leur jeunesse.
Pour Céline Laporte, c’est parce qu’elle revenait habituellement de vacances, le plus souvent dans des contrées lointaines, la tête remplie de paysages et de rêves. Elle affectionnait particulièrement les îles aux plages infinies de sable blanc et les palmiers qui la protégeaient du soleil.
Nelly Dumas, elle, aimait septembre à la manière d’une écolière en liesse à l’idée d’entrer dans une nouvelle classe, parce que la rentrée littéraire battait son plein et qu’elle avait ainsi de nouveaux auteurs et des livres inédits à dévorer avec passion.
Par tradition, les deux amies déjeunaient ou dînaient ensemble une fois par semaine afin de partager petits secrets et grandes envies, bousculant leur traintrain quotidien et comblant ainsi leur solitude. C’était au tour de Nelly de choisir la date et le lieu, c’est pourquoi elles se retrouvaient en ce 18 septembre au restaurant Le Congrès, Porte Maillot, dans leur QG préféré en semaine, pour manger un plateau de fruits de mer en ce midi ensoleillé.
Nelly, la cinquantaine, bien de sa personne et toujours élégante, était installée depuis une dizaine de minutes, quand elle vit arriver son amie. Comme à son habitude, Céline, jeune femme brune, la quarantaine, les cheveux bruns, courts, frisés, était vêtue d’un tailleur pantalon sombre, avec un chemisier et un des nombreux foulards Hermès de sa collection. Il était parfaitement accordé avec ses yeux noisette, qu’on voyait peu de loin tellement ses lunettes en écaille à grands verres masquaient son regard. Ce foulard venait de sa prestigieuse collection, et de loin Nelly remarqua qu’il s’agissait de celui en hommage à l’anniversaire de la naissance de Mozart. On voyait dans les plis des impressions qui ressemblaient à des morceaux de violons. Céline avait l’air pressé et dynamique, le regard tourné dans la direction de son amie qu’elle avait aperçue en approchant côté rue.
Nelly, souriante, voire un peu aguichante, tenait déjà en main le menu, et l’on pouvait deviner à son air guilleret qu’elle anticipait et savourait par avance le bon moment qu’elles allaient partager ensemble.
Chacune de leur rencontre était un moment privilégié qu’elles attendaient toutes les deux avec impatience. Elles commençaient toujours par échanger des nouvelles de leurs proches et de leurs amis, puis, l’une et l’autre parlaient de leur job, et enfin elles évoquaient leurs projets de voyage de fin d’année ou leurs prochaines sorties.
Nelly, un peu plus âgée que Céline, bossait dur à sa librairie car elle voulait que son concept très innovant devienne un jour une franchise mondiale. Pour cela, non seulement il lui fallait organiser des événements marketing pour se faire connaître, mais aussi lire beaucoup de romans policiers et travailler à leur codification. Cela faisait déjà près de 5 ans qu’elle s’était lancée et il lui faudrait encore plusieurs années, elle le savait, mais ni rien ni personne ne l’arrêterait dans cette quête du Graal. La « Librairie du crime » était le projet de toute une vie. Bientôt, les lecteurs avides de nouveautés dans le Polar viendraient dans sa « Librairie du crime » et sur la seule base des livres qu’ils avaient aimés voire adorés dans le passé, ils ressortiraient avec des œuvres d’illustres inconnus qui les passionneraient de la même façon ! C’était clairement un objectif fou, car l’affectif du lecteur était difficile à modéliser, mais Nelly trimait d’arrache-pied pour que ses algorithmes donnent des choix aussi complets et diversifiés que possible.
Ce n’était pas un calcul de simple analogie à l’instar d’Amazon qui se base, pour établir des recommandations, sur les achats effectués par des lecteurs qui ont choisi le livre que vous êtes en train de commander. Non, c’était un vrai travail de codification des ouvrages avec des mots-clés bien précis, listés dans un thésaurus¹, et ensuite, via l’algorithme mis au point par Nelly, on pouvait lancer des recherches pour chaque lecteur sur la base des mots qui correspondaient à son propre choix ou son humeur du jour. On pouvait ainsi préférer que l’action se déroule dans la campagne anglaise plutôt qu’en ville, en indiquant dans les mots-clés « campagne anglaise ». L’adepte de belles pièces d’antiquités pouvait être charmé par une intrigue si le mot antiquaire était renseigné dans les mots-clés etc. Pour parfaire l’algorithme et l’enrichir, les lecteurs membres de son « Club » pouvaient codifier eux aussi certaines de leurs lectures, et Nelly intégrait leurs mots-clés dans les références de l’œuvre, ce qui permettait de diminuer les biais que sa subjectivité introduisait dans son analyse. En effet, les lecteurs assidus membres de son « Club » n’avaient vraisemblablement pas ressenti les mêmes émotions que la libraire et ne les traduisaient donc pas par des mots-clés identiques. La multiplication des mots-clés permettait d’affaiblir le poids de certains d’entre eux dans l’algorithme. Un travail d’orfèvre, minutieux et long, mais qui, un jour, serait reconnu et vanté par les auteurs et leurs lecteurs.
Céline pour sa part œuvrait dans la succursale française d’une petite compagnie d’assurance suisse, la Genevoise, dont les bureaux parisiens étaient logés dans une des nombreuses vieilles tours de La Défense. Elle s’occupait des sinistres de responsabilité civile corporelle, un jargon que les non-initiés tentaient régulièrement de comprendre. Pour expliquer son travail, Céline choisissait toujours un exemple évocateur : « Si, en tant que pianiste, vous perdiez l’usage d’un doigt lors d’un dîner japonais teppanyaki mouvementé - où le chef cuisinier officie devant les convives et se livre à des exercices acrobatiques en jonglant avec ses couteaux -, je me chargerais de vous indemniser. Car, vous le comprenez bien, vous ne pourriez plus jouer du piano de la même façon ! ».
Présenter ainsi son activité, sur un ton enjoué et dynamique, en utilisant une métaphore culinaire, était sa façon bien à elle d’allier son métier à la bonne chère qu’elle aimait tant. Son job, très exigeant,
