À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTRICE
Valentine Danic explore à travers son style les intersections entre les cultures européenne et africaine, bonifiant ainsi son travail d’une variété unique. En tant qu’écrivaine, elle célèbre la diversité et l’enrichissement mutuel entre les traditions et les héritages.
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Aperçu du livre
Blanche - Valentine Danic
1
Jacques
Je suis né au bord du fleuve Sénégal, dans une case. J’appartiens à la tribu des Sérères.
Mes parents se sont convertis au catholicisme. Voilà, d’où vient mon prénom.
Les autres membres de la famille n’ont pas compris ce choix. Eux honoraient toujours leur Dieu Rof, et de ce fait, j’ai été rejeté et critiqué par les autres enfants.
J’étais seul toute la journée même à l’école. Mes parents n’en savaient rien. Ils pensaient que j’étais heureux. Pourtant, on voyait bien que j’étais un garçon taciturne, timide, un peu absent, je semblais détaché des choses qui m’entouraient.
Or, j’étais bien là ! Je voyais tout ce qui se passait autour de moi, les petites incohérences des gens, leur méchanceté ou leur dureté, leurs angoisses, leurs peurs, leur mesquinerie. On me disait dans mon monde, mais je voyais et ressentais violemment les autres.
Ces autres qui se moquaient « gentiment » de moi, ne se rendaient peut-être pas compte de la douleur qu’ils m’infligeaient dès qu’ils parlaient de moi ou se mettaient en colère.
J’ai grandi dans cette solitude, avec des parents peu présents, et lorsqu’ils l’étaient, ils étaient occupés et n’avaient encore pas de temps à m’accorder.
Je me suis créé en grandissant une carapace d’homme fort pour ne plus éveiller les sobriquets et les méchancetés. Mais je savais, oui, je savais bien que je n’étais pas fort.
Je priais chaque jour ce Dieu que mes parents avaient choisi, sans trop y croire. Après tout, peut-être qu’il existe ou peut-être pas… qu’est-ce qu’on risque à essayer ?
Alors, je priais. Très fort.
« Si tu fais de moi quelqu’un d’heureux qui trouve sa route alors, en contrepartie, je croirai vraiment en toi et je ferai une bonne action, quelque chose de suffisamment grand pour que tu entendes mes remerciements et ma gratitude. »
Le temps s’écoula et rien ne se passa. J’avais fini l’école et j’allais dorénavant travailler aux champs avec mes parents, puis j’allais sur le marché vendre nos légumes.
Nous vivions chichement et je le savais bien, jamais je ne pourrais me marier puisque mes parents n’avaient pas d’argent pour la dot.
Pourquoi étais-je venu au monde ? Pourquoi infliger à un enfant une vie si triste et un avenir si vide ? Pourquoi mes parents m’ont-ils mis au monde ?
Ces questions tournaient sans cesse dans ma tête. Quand je leur eus posé la question, mes parents m’expliquèrent qu’ils s’étaient tellement aimés que mon grand-père avait accepté ce mariage malgré la pauvreté de mon père, à la seule condition qu’il devienne catholique et donc monogame.
Dieu leur avait alors donné un seul enfant qui leur suffisait.
Malgré toutes les réponses de mes parents, malgré leur certitude d’avoir fait tout ce qu’il fallait, d’avoir fait au mieux, je ne me sentais pas mieux.
J’étais leur seul enfant, et ils n’avaient pas plus de temps pour s’occuper de moi, pour m’aimer, pour m’écouter.
En plus, j’étais celui qui devrait subvenir seul, encore une fois, aux besoins de mes parents vieillissants.
Je réfléchis pendant des mois.
Qu’est-ce que cela signifiait, le choix de mes parents aurait des conséquences sur moi toute ma vie ? Ils n’avaient, contrairement à mes oncles, rien prévu pour moi ? Pas de dot, pas de femme, pas de terre. Rien.
Pourquoi serait-ce à moi de subvenir à leurs besoins alors qu’ils n’avaient jamais fait attention à moi ?
La colère montait en moi comme la vague éclate sur la plage au passage d’une pirogue. La colère montait en moi avec violence.
J’étais toujours calme, discret, et je me mis à bouillonner, à ressasser. La colère montait par vagues immenses. Puis un jour, la vague se retira si loin qu’elle revint avec fracas.
Un soir, je dis ceci à mes parents : « Père, mère, je n’ai jamais été heureux auprès de vous, nous ne nous sommes pas compris. Je suis votre fils sans l’être. Je ne veux pas rester ici avec vous. Je vais partir demain et je ne reviendrai jamais. »
J’étais soulagé d’avoir enfin dit ce que je pensais et gardais en moi depuis des années, refusant l’évidence : mes parents étaient des étrangers.
Ma mère s’effondra en larmes et pleura toute la nuit. Mon père demeura muet.
Leur unique enfant partit le lendemain à l’aube.
Je ne possédais rien, donc je partis avec le seul vêtement que je portais et ma paire de tongs.
Une tante me donna une petite calebasse avec du mil, enveloppée dans un pagne.
Je sortis de l’enceinte qui protégeait les cases et l’enclos des animaux, mis ma calebasse sur ma tête et partis sans me retourner.
Je marchais durant des jours dans la savane, m’arrêtant au bord de flaques pour me désaltérer.
La nuit, je dormais en hauteur, sur une branche, pour éviter les animaux sauvages.
Je dormais peu et pensais sans cesse. En réalité, je ruminais ma colère : « J’ai bien fait de partir, personne dans cette famille n’est capable de s’intéresser à moi, personne ne me regarde. Il était temps que je parte. Je n’ai pas besoin d’eux. Je dois faire ma vie ! »
Je ressassais et me racontais chaque nuit, chaque jour, à chaque pas, la même histoire.
Je marchais et pensais. Marchais et pensais.
Un jour comme les autres, je tombe sur un énorme cours d’eau. Large comme vingt silos de mil.
Fou de joie, je cours pour boire et me baigner. Ne sachant rien de la vie, sans méfiance, je plonge la tête la première.
Mes ablutions terminées, je sors de l’eau et étends mes linges.
Je m’allonge nu au soleil et m’assoupis, le corps réchauffé par le soleil.
Soudain, je sens une chaleur plus importante et un souffle sur ma tête. Un bruit rapide de respiration. J’ouvre les yeux et croise le regard d’un buffle.
Tétanisé, je regarde le buffle et me demande ce qu’il se passe et comment je vais me sortir de là. Je ne sens plus mes jambes ni mes bras. Uniquement des fourmillements. Mon cœur bat trop fort, trop vite.
La sueur coule le long de mon crâne, le long de mon dos.
Les paumes de mes mains sont moites.
Je sens l’haleine d’herbe de l’animal.
Je vois de l’écume sur sa gueule. Une écume blanche, épaisse.
Le buffle oscille de la tête.
J’arrive à relever un peu mon buste et par instinct je regarde autour de moi par où je peux m’échapper. Je ne me sens pas prêt à courir, mais je n’ai pas le choix. Je pense : « Je dois courir le plus loin possible. »
Soudain, un jeune garçon apparaît derrière le buffle, et me dit ceci :
« Calme-toi. Mon buffle est très gentil et c’est toi qui es sur sa route. Ici est le chemin par lequel, chaque jour, il va boire. »
— Mais ce buffle est sauvage. Tu n’as pas peur ? lui demandai-je en me relevant prudemment.
— Pas du tout ! Je l’ai élevé depuis qu’il est venu au monde. Il était seul, abandonné. Et maintenant, nous veillons l’un sur l’autre.
— Mais où sont tes parents ?
— Ils sont morts depuis 40 lunes, répondit tristement le garçon.
— Et tes oncles, tes tantes ? Ta famille ?
— Ma famille c’est lui et je suis la sienne.
— Mais ça n’est pas possible ! Ça ne marche pas comme ça chez les humains.
— Peut-être que ça ne marche pas comme cela chez toi ! Et toi, où sont les tiens ?
— À plusieurs jours de marche, répondis-je mal à l’aise.
— Pourquoi n’es-tu pas avec eux ?
— Ils ne faisaient pas attention à moi.
— Eh bien ! tu vois, ta famille n’est pas mieux que celle que j’ai. Mon buffle et moi veillons l’un sur l’autre jour et nuit. Je l’amène au fleuve pour qu’il s’abreuve et il déterre pour moi des racines comestibles. Je lui enduis le dos de boue pour le protéger des insectes et il me permet de dormir sur son ventre la nuit pour que je n’aie pas froid.
Nous cheminons toute la journée ensemble et je lui parle. Il ne répond pas donc il ne me contrarie jamais !
— Personne ne vit comme ça, m’insurgeai-je. Ça n’est pas normal !
— Comment sais-tu, toi, ce qui est normal ?
— Pardi, je le sais parce que j’ai vu ma famille faire !
— Et alors ? Est-ce que ta famille fonctionne comme toutes les familles ? Est-ce que dans ta famille, on se protège ? Est-ce qu’on se comprend ? Est-ce que ta famille évite de juger les siens ?
Surpris, Jacques s’entendit répondre :
— Non, tu as raison. Dans ma famille, on se juge, on n’accepte pas la différence, on se critique.
Le garçon reprit la parole :
— Est-ce que tu peux compter sur eux ?
— Non, répondis-je tristement.
— Alors, tu vois,
