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Livre électronique355 pages4 heuresWhyborne et Griffon

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À propos de ce livre électronique

Une ville perdue en pleine montagne. Un amant sorti tout droit du passé. De terribles secrets et légendes qui prennent vie…

Perceval Endicott Whyborne, érudit introverti, ne souhaite rien de plus qu'une vie tranquille aux côtés de son amant, Griffon Flaherty. Malheureusement, le magnat des chemins de fer qui lui sert de père a d'autres projets ; à savoir engager l'ex-Pinkerton devenu détective privé pour qu'il enquête sur d'étranges événements survenus dans l'une de ses mines de charbon. 

Whyborne, Griffon et leur amie Christine se rendent donc au mont Portail, un lieu connu pour ses sombres légendes depuis bien avant les travaux d'excavation. Elliot, l'ex-amant de Griffon, est membre d'un contingent de Pinkertons dispatchés sur place pour surveiller la mine. Griffon sait toutefois mieux que quiconque combien ses anciens collègues sont loin d'être préparés à affronter les forces mystiques qui les menacent. 

Bientôt, ils se retrouvent confrontés à des disparitions mystérieuses, des accidents mortels et des secrets révélés à mi-voix. Elliot est-il un allié ou veut-il seulement raviver la flamme entre Griffon et lui ? Si tel s'avère être le cas, comment Whyborne pourrait-il espérer avoir la moindre chance comparé à ce si bel homme, d'autant que Griffon ne cesse de lui dissimuler son passé ? 

Car dans une ville où vos amis sont en réalité vos ennemis et où d'infinies horreurs peuvent se terrer sous un visage humain, Whyborne ne pourra se permettre de faire confiance à qui ou quoi que ce soit, pas même son propre cœur...

LangueFrançais
ÉditeurMnemosyne Lit.
Date de sortie11 janv. 2024
ISBN9798223401438
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    Aperçu du livre

    Portail - Jordan L. Hawk

    Jordan L. Hawk

    Portail

    Whyborne et Griffon, tome 2

    Traduit de l’anglais (États-Unis)

    par Steve McWin

    Entière revu dans la présente édition

    par Terry Milien

    Mnemosyne Lit.

    Titre original : Threshold (Whyborne & Griffin 2)

    Deuxième édition, entièrement revue

    © 2013, Jordan L. Hawk, pour le texte

    © 2016, Lou Harper, pour la couverture

    © 2024, Terry Milien, pour la traduction

    ISBN papier :  9798866388738

    ISBN num : 9798223401438

    Tous droits réservés. Cette œuvre ne peut être reproduite, de quelque manière que ce soit, partiellement ou dans sa totalité, sans l’accord écrit de la maison d’édition, à l’exception d’extraits et citations dans le cadre d’articles de critique.

    Ceci est une œuvre de fiction. Les personnages, lieux et évènements décrits dans ce récit proviennent de l’imagination de l’auteur ou sont utilisés fictivement. Toute ressemblance avec des personnes, des lieux ou des évènements existants ou ayant existé est entièrement fortuite. L’auteure reconnaît toutefois que les marques déposées éventuellement mentionnées dans la présente œuvre de fiction appartiennent à leurs propriétaires respectifs.

    Avertissement sur le contenu : cette œuvre dépeint des scènes d’intimité entre deux ou plusieurs personnes de même sexe et un langage adulte. Elle vise donc un public averti et ne convient pas aux mineurs. L’éditeur décline toute responsabilité pour le cas où vos fichiers seraient lus par un public trop jeune.

    Chapitre premier

    Pris au piège. J’étais un misérable prisonnier, m’esquivant davantage dans l’angle de la pièce dans l’espoir de ne pas être repéré. Quand m’échapperais-je donc ? Je jetai un regard furtif en direction de l’horloge, mais son mécanisme était assurément défaillant, car l’aiguille des minutes n’avait que brièvement tressauté.

    J’étais condamné.

    — Par pitié, Whyborne, arrêtez donc de gigoter, grinça Christine tout en s’éventant vivement.

    Christine – le Dr Putnam pour les moins intimes –, mon amie et collègue au musée Nathaniel R. Ladysmith, paraissait davantage ennuyée par les mondanités qu’à son habitude. Aucun d’entre nous n’accordait une grande importance à la bonne société, et pourtant nos emplois exigeaient de nous que nous prenions part à bien trop de galas de charité et d’expositions de nouveautés. Au moins elle pourrait y échapper en partant de longs mois durant en Égypte, pendant la saison des fouilles. Étant versé dans le domaine de la philologie comparative, mes travaux avaient tendance à venir jusqu’à moi dans mon bureau, m’épargnant un quelconque travail sur le terrain.

    Cette soirée marquait l’ouverture de l’aile Isley du musée, récemment terminée, qui abriterait un grand nombre d’expositions. La fabuleuse découverte de Christine, la tombe du pharaon Nephren-ka, trônerait parmi elles, une fois que la momie et ses possessions reviendraient de leur tournée mondiale. La moitié du gratin de Contresens était venue s’empiffrer de petits fours, de gâteaux et de champagne avant de parader devant les journalistes qui écriraient la colonne société du lendemain.

    Certains de mes collègues appréciaient cette occasion de se mêler à la riche élite de la ville. Ayant passé mon enfance et les années suivantes parmi eux, mon seul désir était de m’en éloigner autant que possible.

    — Je vous demande pardon, Christine, dis-je instinctivement, mais peut-être que personne ne remarquera si nous leur faussons compagnie plus tôt ?

    — C’est impossible, j’en ai bien peur, répondit-elle en s’éventant de plus belle. C’est là l’inconvénient d’une grande découverte : l’on tend à remarquer votre absence.

    Je réprimai un soupir. Je pouvais difficilement reprocher à Christine son succès. La seule chose que je lui enviais, néanmoins, était son éventail et l’air frais qu’il lui procurait.

    Depuis un jour ou deux, une chaleur anormale pour la saison s’était abattue sur la ville. Il n’y avait pas un souffle d’air frais dans l’enceinte du musée et les lampes à gaz ne rendaient notre malheur que plus grand. Ainsi, bien que nous fussions assis dans un coin le plus éloigné des festivités, ma transpiration avait trempé les sous-vêtements sous mon costume trois pièces.

    — Et de plus, poursuivit Christine, pourquoi êtes-vous si empressé de partir ? Griffon n’est-il pas en déplacement, sur une affaire ?

    — Il était censé rentrer avec le train de sept heures, répondis-je tout en regardant à nouveau l’horloge.

    L’aiguille des minutes avait-elle fait le moindre pas ? Il était huit heures passées, il serait déjà rentré à notre petite demeure. Il caresserait Saul, notre chat orange, il ouvrirait les fenêtres à cause de cette chaleur hors du commun, peut-être se dévêtirait-il, exposant sa peau luisante recouverte de fines perles de sueur…

    Oh, doux Jésus, il me fallait penser à quelque chose d’autre, et vite. Griffon était absent depuis trois semaines et j’avais anticipé son retour avec une certaine excitation.

    — Venez, Whyborne, dit Christine en se levant. Je ne pourrai endurer cette chaleur sans l'aide d'un rafraîchissement.

    — Vous menez des fouilles en Égypte ! m’exclamai-je, tout en agrippant les accoudoirs de ma chaise à deux mains comme si je pouvais m’y ancrer.

    — Comment pouvez-vous vous en plaindre ?

    — Car il y fait sec et que j’y porte une tenue adaptée et aérée.

    Elle ferma son éventail d’un coup sec et décidé.

    — En temps normal, je préfère le whisky, mais ici le champagne est au frais.

    Elle me persécuterait jusqu’à ce que je cède, je baissai donc les bras et la suivis. Nous bravâmes la foule, nous frayant un chemin jusqu’à la table qui accueillait les seaux à champagne qui perlaient d’humidité. J’essayai de ne pas croiser le regard de qui que ce soit. Le serveur nous servit une flûte à chacun, l’attrapant, je me retournai et regagnai furtivement la périphérie de la foule.

    — Puis-je avoir votre attention ! entonna Monsieur Mathison, le président du musée.

    Retenant un souffle de résignation, je me figeai sur place et me retournai avec le reste du public. Mathison, Dr Hart et Monsieur Isley se tenaient tous trois devant l’entrée de la nouvelle aile. Au-dessus de leurs têtes se tenait une immense bannière célébrant l’ouverture, le nom d’Isley écrit en lettres d’un mètre cinquante de haut. Un épais ruban bleu barrait l’entrée de l’aile, attendant le coup de ciseaux cérémoniel.

    Mais avant cela, il y aurait moult discours. Je m’efforçai d’arborer un semblant de politesse sur mon visage et me demandai combien de temps encore je serais contraint d’endurer cela, tandis que Griffon attendait à la maison. Mon Dieu, il m’avait manqué. Jusqu’à décembre dernier, je m’étais résigné à une vie de solitude et je croyais toute passion que je pouvais entretenir pour d’autres hommes comme parfaitement sous contrôle. Il m’avait montré à quel point je m’étais fourvoyé… et il m’avait montré bien d’autres choses encore, pour notre plus grande satisfaction commune.

    Si je ne pouvais être à la maison, je souhaitais qu’il soit ici. Il avait déjà joué le rôle de l’escorte de Christine une première fois, et répéter l’événement aurait donc paru bien naturel. À sa simple vue, en tenue formelle, ses cheveux trop longs soigneusement coiffés, la coupe de son manteau dévoilant sa taille fine…

    Je piétinai d’un air inconfortable. Peut-être n’était-ce pas plus mal qu’il n’ait pas pu venir.

    Bonté divine, combien de temps durerait le discours somnolent de Monsieur Mathison ? Christine, comme la plupart des autres femmes présentes, agitait si vite son éventail que ce dernier semblait être flou.

    — Morbleu, me murmura-t-elle, ce serait un tantinet supportable s’il y avait au moins une légère brise.

    Une brise. Je pouvais peut-être rendre l’atmosphère du hall plus légère, et bannir les émanations mélangées des lampes à gaz et de la puanteur des cigares et de la transpiration. Tout cela sans compter la distraction que cela m’offrirait, cessant un instant de penser à toutes les choses que je désirerais faire à Griffon dès que je passerais la porte de la maison.

    L’affaire qui me l’avait fait connaître m'avait également initié à d’autres éléments. Tout d’abord il y eut l’horrible révélation qui m’apprit que mon père, mon frère et mon parrain étaient tous impliqués dans les activités d’un culte maléfique, qui aurait détruit le monde sans notre intervention. Le Liber Arcanorum fut une autre surprise : un grimoire de sorts médiéval, qui, à ma plus grande surprise, fonctionnaient réellement.

    Beaucoup d’entre eux invoquaient des choses horribles et obscures, des sorts que je ne tenterais jamais, mais certains étaient, je pense, relativement inoffensifs. Une méthode permettant de mettre le feu à tout combustible nous avait même sauvé la vie l’hiver dernier.

    Pourtant, Griffon était mal à l’aise concernant mes expériences avec les sorts de l’Arcanorum. Mais il était parti et je n’avais pas vraiment tenté quoi que ce soit… eh bien, mis à part pour cette tentative-là, mais je m’étais contenté de simplement tester les paramètres du sort de feu. Il me fallait une distraction la nuit tombée, lorsque j’étais seul dans mon lit. C’était bien naturel d’avoir saisi cette occasion pour étudier quelques autres sorts, l’un d’entre eux, de manière très bénigne, invoquait le vent. Assurément, même Griffon n’y verrait pas d’objection.

    Je soulèverais simplement une légère brise, qui se glisserait à travers les rideaux et offrirait un maigre soulagement. Rien de bien grand, quelque chose comme la puissance de l’air battu par les ailes d’un papillon. Le sort nécessitait que l’on trace un symbole. Sans stylo et sans encre, le mieux que je puisse faire était de tracer discrètement le signe à même ma paume, avec un doigt. Il y avait fort à parier que cela ne marcherait même pas.

    Je traçai le symbole et murmurai tout doucement les paroles. Rien du tout. Je m’attendais à ce résultat. Pourtant, je pouvais bien réessayer. Était-ce là une légère brise fraîche qui caressait ma nuque ? Encouragé, je murmurai les mots et traçai le symbole à nouveau. Pendant un instant il ne se passa rien. Puis, avec un rugissement, comme si l’océan lui-même s’était dressé contre Contresens, une bourrasque percuta les fenêtres et inonda le hall.

    Les chapeaux volèrent, la moitié des lampes à gaz s’éteignirent instantanément, et deux tableaux s’écrasèrent au sol. Hommes et femmes se mirent à hurler, s’accrochant à leurs éventails, leurs robes et au peu de chapeaux restants, tandis qu’ils se jetaient à l’abri. La table aux seaux d’argent se renversa, répandant des glaçons partout et faisant déraper plusieurs des fêtards en déroute.

    Je me tins parfaitement immobile. Alors que je regardais la scène avec horreur, l’immense bannière se déchira au niveau de ses attaches et tomba dramatiquement de tout son poids sur Monsieur Mathison, Dr Hart et Monsieur Isley, les plaquant au sol et réduisant à néant le peu de dignité qu’il restait à l’événement.

    *

    Trois heures plus tard j’atteignais enfin notre porte. Je la considérais comme la nôtre, de toute manière, bien qu’officiellement je n’étais qu’un simple locataire de mon bon ami, Monsieur Griffon Flaherty. La maison était bien en retrait de la rue, offrant de l’intimité aux clients de Griffon, ainsi qu’à nous-mêmes.

    Les mots manquaient pour décrire ma joie d’être enfin à la maison et je courus le long de l’allée pour ouvrir la porte. Mon cœur battit quelque peu la chamade en voyant le chapeau et le manteau de Griffon suspendus dans le hall principal.

    — Griffon ? appelai-je, tout en verrouillant derrière moi.

    Il n’y eut pas de réponse. Peut-être était-il allé se coucher, las de son voyage ? Je serais fichtrement déçu si c’était le cas, bien que je fusse le seul fautif concernant mon grand retard. Le président du musée, le directeur et le bienfaiteur avaient dû être secourus de sous les plis pesants et enveloppants de l’immense bannière. Le gaz des lampes avait dû être soit coupé, soit rallumé, pour empêcher qu’il ne remplisse toute la pièce. Les chapeaux furent ramassés, les tables remises sur pied et les tableaux remisés pour les prémunir d’autres dégradations. Rien de tout cela n’était à proprement parler ma tâche, mais j’avais été à l’origine de tout ce désordre et j’étais donc responsable de l’échec complet de la soirée.

    Au moins nous n’avons pas eu à écouter la fin du discours de Mathison, avait ajouté Christine, tout en me tapotant le bras, quand je lui avais avoué mon rôle.

    J’espérais que Griffon m’avait attendu, qu’il ait été aussi impatient de me voir que je l’étais, et je regardai dans le salon qui servait de bureau dans lequel il recevait ses clients. La pièce était silencieuse et sombre, tout comme la cuisine, je me rendis alors à l’étage. Nul feu ne brûlait dans le foyer, bien sûr, mais la lampe était allumée, comme si quelqu’un venait de quitter la pièce. Néanmoins, son seul occupant à présent était Saul, étendu en boule sur mon fauteuil, sa queue duveteuse rabattue sur son museau. Je fronçai les yeux et m’avançai davantage dans la pièce. Où diable était-il donc passé ?

    — Griffon ?

    Quelqu’un m’attrapa par-derrière.

    *

    Je laissai échapper un cri de surprise et instinctivement je lançai mon poids contre le bras puissant qui m’avait attrapé au niveau de la taille. Si seulement je parvenais à me libérer je… Je pris alors conscience du rire de Griffon dans mes oreilles.

    — Très drôle, grommelai-je. Tu m’as donné des palpitations.

    — Excuse-moi, mon cher, répondit Griffon.

    Il ne paraissait pas pour autant désolé. Son emprise se détendit suffisamment pour que je puisse me tourner lui faire face.

    La plupart diraient que sa taille était moyenne, en d’autres termes, une dizaine de centimètres plus petit que moi, mais il avait des épaules plus larges. Ses boucles châtaines étaient bien trop longues par rapport à la mode, du moins selon les salons privés de l’est, et elles tombaient sur son front. D’un autre côté, il n’aurait pas détonné, assis parmi des cow-boys à un feu de camp. De très légères taches de rousseur parsemaient ses pommettes en les faisant ressortir. Ses yeux étaient aussi verts que les feuilles bourgeonnantes au-dehors, et étaient striés de fils de bleu et de rouille. L’explosion de joie que je ressentis en le voyant me frappa par sa force.

    — Je commençais à croire que ce satané musée allait te garder jusqu’à l’aube, dit-il en attirant ma tête vers lui pour un baiser.

    — Il y a eu un incident…

    Sa bouche se ferma sur la mienne, dans un geste affamé et urgent. Sa langue glissa sur mes lèvres, et je les ouvris avec impatience, le laissant me goûter. Je le tirai plus près, m’abandonnant à ce plaisir, l’ayant à nouveau dans mes bras. Ma peau me démangeait, désireuse de son toucher, et mon membre se mit à durcir, pressant contre la bosse que formait son érection à travers la toile de nos pantalons. Le baiser prit fin, bien que nous soyons toujours dans les bras l’un de l’autre.

    — Mon pauvre et cher, dit-il. J’hésite à demander.

    — Je ne peux plus attendre, répondis-je, le souffle court. Dans ta chambre ?

    — C’est exactement ce à quoi je pensais.

    C’est avec grand plaisir que je le laissai m’entraîner dans la pièce, où il se mit immédiatement à m’ôter mes vêtements couverts de sueur. Je lui fis de même, frissonnant à la vue de chaque centimètre de peau que je découvrais. Contrairement à mon corps dégingandé, le sien était une merveille, des ondulations parfaites de ses muscles le long de ses épaules, à la tentation de ses petits tétons plats et l’épaisseur de son membre. J’aimais même l’infâme cicatrice sur sa cuisse droite, pour la seule raison qu’elle faisait partie de lui.

    Il m’embrassa à nouveau, mordillant le lobe de mon oreille avant de parcourir le contour de ma mâchoire avec ses lèvres, jusqu’à ma gorge. Quand il retira mes sous-vêtements et qu’il attrapa ma perche, je gémis et je le tirai jusqu’à moi, découvrant à nouveau les courbes de ses muscles avec mes mains. Mon Dieu, il était si bon. Son odeur familière de bois de santal et de musc me remplit les narines. Je fis courir ma langue sur sa clavicule, goûtant le sel de sa peau. Puis le dernier bout de tissu tomba au sol et nous tombâmes sur le lit. Je tendis la main pour empoigner son membre, son prépuce soyeux glissant sous ma paume tandis que je récoltais les épaisses perles liquides qui sortaient de sa fente.

    — Dois-je te goûter ?

    — S’il te plaît, grogna-t-il. J’ai rêvé d’avoir à nouveau ta bouche sur ma verge.

    Ma gorge émit un son involontaire. Contrairement à moi, Griffon n’avait jamais montré la moindre inhibition quand il s’agissait de tenir des propos crus dans la chambre à coucher, et ses paroles faisaient s’emballer mon pouls. Il s’allongea, la tête reposée sur les oreillers, ce qui lui permit de regarder. Je glissai ma main vers le bas, étirant son prépuce avant de me tordre le cou pour enrouler mes lèvres autour de son organe.

    Toute ma vie n’avait été que solitude, niant mes rêves pour d’autres hommes, jusqu’à ce que Griffon ne brise tous les barrages qui me retenaient. Comment en étais-je arrivé à désirer cela si rapidement ? Son arôme salé et amer, la masse et l’épaisseur de sa verge dans ma bouche, la façon dont il haletait quand je faisais rouler ses bourses dans ma main libre : je voulais tout cela, j’en avais besoin. Ses hanches tressaillirent, ses doigts s’enfoncèrent dans les draps. Je levai les yeux vers lui ; ses yeux verts brillaient d’un désir brûlant.

    — Nous devrions faire l’amour face à un miroir, à l’occasion, dit-il. Tu pourrais ainsi voir à quel point tu as l’air irrésistible dans ces moments-là.

    Plaisantait-il ? La simple pensée de mon corps dégingandé, imparfait, contre le sien, me donna une légère nausée. Je fermai les yeux et me concentrai sur sa verge avec une ferveur renouvelée, l’avalant tout entière, jusqu’à ce que mon nez presse contre ses boucles pubiennes et que ma gorge le prenne.

    — Assez, haleta-t-il. C’est si bon, et je veux voir ton visage quand tu viendras.

    Il me fit rouler sur le dos et se positionna par-dessus, pressant nos membres l’un contre l’autre. En comprenant ce qu’il allait faire, j’enroulai lâchement ma main autour de nos deux organes. Il commença à donner des coups contre moi et je gémis face à la chaleur et la friction, je le sentais raide de désir. Je ne comprendrais jamais ce qu’un bel homme du monde tel que lui voyait en moi, mais le fait que je pouvais l'animer d'une telle passion déchaînait la mienne.

    — Ival.

    Il murmura mon surnom affectueux tout en baissant les yeux vers moi. Son regard était autant empreint de besoin que de tendresse.

    — Tu m’as tant manqué, mon cher amour.

    Je m’agrippai à son épaule avec ma main libre, me cabrant contre lui tout en m’efforçant d’attiser cette chaleur grandissante entre nous. Je parlais treize langues, et pourtant j’étais incapable de prononcer le moindre mot dans ces moments-là. Je gémis son nom, une chaleur intense brûlait mes bourses, toujours plus chaude, avant qu’elle ne se déverse en un torrent de semence sur mon ventre.

    — Oui, gémit-il, tout en donnant un coup, puis deux contre ma longueur raidie, avant de me rejoindre dans la jouissance.

    Nos souffles saccadés se calmèrent petit à petit. Poussant un petit rire, Griffon se tourna sur un côté et s’appuya sur le coude.

    — Ça c’est un accueil, en effet, dit-il en souriant.

    Chapitre 2

    Je dormis plus profondément que je ne l’avais fait depuis des semaines, ne me réveillant le matin suivant que quand le lit bougea lorsque Griffon se leva. Ouvrant les yeux, je le vis au meuble de toilette, s’apprêtant à faire son rasage matinal. Il ne s’était pas encore habillé, m’offrant ainsi une vision qui m’avait grandement manqué en son absence. Mon membre se dressa gaiement, et je roulai sur le côté afin de ne pas me montrer en spectacle sous les couvertures.

    — Tu m’as manqué, avouai-je.

    Il jeta un œil par-dessus son épaule, du savon à barbe couvrant toujours la moitié de son visage.

    — Et tu m’as terriblement manqué, mon cher. Nous vivons au moins à une époque moderne, où nous pouvons communiquer facilement par le biais de la poste. Si je n’avais pu t’écrire et recevoir tes lettres, j’aurais quitté ce maudit boulot avant la fin.

    — Était-ce très difficile ?

    — L’affaire elle-même ne l’était pas. Une simple histoire de vol, tu le sais déjà. Le plus complexe fut de traquer les bougres et d’attendre qu’ils soient assez hardis pour revendre un objet au caractère unique à leur ancien employeur. Cela ne m’a jamais dérangé, de traquer des criminels, que ce soit à Chicago, ou dans l’Ouest, pour le compte des Pinkertons. Cela faisait partie du jeu. Mais de savoir que tu attendais mon retour, j’ai découvert une nouvelle définition de l’impatience.

    Mes joues rougirent, et je baissai la tête en espérant qu’il ne le remarque pas.

    — Je n’avais jamais pensé que dormir seul serait une telle épreuve.

    — Je suis ravi d’apprendre que tu t’es habitué à ma présence, répondit-il tout en essuyant son visage. Je prépare le petit déjeuner ?

    Notre garde-manger était réduit au strict minimum, et cela uniquement à cause de mon laisser-aller. En son absence, je n’avais survécu que grâce à un régime de haricots en boîte et de pain, avec de temps en temps un repas au bar restaurant du coin.

    — Euh, il y a peut-être de la farine… dans l’un des placards. Et du lait, s’il a été livré.

    Il rit et secoua la tête.

    — Alors nous allons faire des pancakes. Dois-je amener ton costume à la blanchisserie ?

    — Oui, s’il te plaît.

    Il ramassa nos vêtements au sol et quitta la pièce, en sifflotant un air enjoué.

    Je me rafraîchis rapidement puis empruntai l’une de ses robes de chambre pour traverser le hall jusqu’à ma chambre. Une femme de ménage venait une fois par semaine pour ranger et l’on faisait nettoyer nos vêtements et linges à l’extérieur. Pour donner bonne figure, nous gardions deux chambres à coucher, ses affaires dans l’une, les miennes dans l’autre. En temps normal, nous dormions une nuit dans mon lit, la suivante dans le sien, s’assurant ainsi que les deux lits aient l’air tout aussi occupé tout au long de la semaine. En son absence, j’avais été contraint de me cloisonner dans ma chambre. Très rapidement, j’en étais venu à détester ce papier peint brun clair ; je ne lui reprochais rien de particulier, si ce n’est qu’il me rappelait l’absence de Griffon.

    L’Arcanorum était toujours posé sur la table de nuit. J’ouvris le tiroir et y rangeai le livre, laissant le dessus du meuble vide si ce n’était la présence de la petite carte postale dont Griffon m’avait fait la surprise pour la Saint-Valentin.

    Cette carte était… eh bien, hideuse, pour être franc, elle représentait un Cupidon terriblement laid, trônant sur un bateau en forme de cygne. Pour mon amour était inscrit sous le bateau, tandis que Cupidon semblait être occupé à écrire un poème fort peu inspiré qui se terminait

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