100 000 ans pour trouver Dieu: Petit aide-mémoire sarcastique à l’usage des croyants et des mécréants
Par Pierre Verdigné
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À propos de ce livre électronique
Il a d’abord cru en des forces invisibles et des esprits. Après plus de 100 000 ans, et sous l’effet de la révolution du néolithique, il a inventé trois dieux uniques et rivaux, qui ne s’étaient pas manifestés depuis les origines. La voie fut ouverte jusqu’à un modèle redoutable, celui de l’alliance entre une divinité suprême et l’État.
La moitié de nos concitoyens ne croient plus en un dieu. Les ouvrages d’inspiration athée paraissent pourtant en nombre infime par rapport à ceux émanant de la mouvance des religions. Ce livre démonte avec rigueur, d’une plume vive, la notion-même de Dieu, imposée tardivement par les monothéismes. Pour démasquer l’imposteur céleste, il nous invite à suivre l’exemple de l’enfant qui s’était exclamé « Le Roi est nu ! »
Bien que refoulé par la science, Dieu ne sort pas de son silence. Homo sapiens est désormais libre de ne plus voir en lui qu’une sorte de béquille intérieure et illusoire, pour rechercher son bonheur dans des spiritualités sans Dieu.
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Avis sur 100 000 ans pour trouver Dieu
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Aperçu du livre
100 000 ans pour trouver Dieu - Pierre Verdigné
100 000 ans pour trouver Dieu
Pierre Verdigné
100 000 ans pour trouver Dieu
Petit aide‑mémoire
sarcastique à l’usage des croyants et des mécréants
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2023
ISBN : 978-2-312-13743-8
Avant‑propos
L’homme, nous ont affirmé les trois grandes religions rivales, est l’élément central de la création, œuvre d’un dieu qui l’aurait façonné à son image. Certes, chacun pouvait remarquer que nous ressemblions fort aux singes, et se sentir troublé par ce cousinage. Mais de pieux savants nous disaient que l’homme, lui, était doté de raison et apte à communiquer avec le Très-Haut, à recevoir son message, à observer ses volontés.
En 1758, nous fûmes baptisés Homo sapiens par le naturaliste Carl von Linné. Sans ménagement, il nous rangea parmi les primates, en compagnie des chimpanzés, macaques et autres ouistitis, c’est-à-dire à une place comme une autre dans la grande classification des espèces. Nous étions pourtant censés être habités par une parcelle de divin, laquelle aurait dû nous épargner cette promiscuité avec des bêtes velues qui grimpaient aux arbres. Et Jésus lui-même, n’aurait-il pas été un Homo sapiens, c’est-à-dire un primate ? La démarche de Linné nous rabaissait donc. Elle fit froncer des sourcils. Mais l’adjectif sapiens était là pour rappeler que nous seuls étions dignes de recevoir une « âme », petit organe immatériel, discret boîtier d’interconnexion spirituelle. Ailleurs et en une autre époque, Linné aurait été accusé d’hérésie (la dernière victime de l’inquisition espagnole sera pendue à Valence en 1826). Par chance, il était suédois, luthérien sincère et bien en cour auprès de son roi. De plus, l’air du temps fleurait la philosophie des lumières et l’Encyclopédie. Et puis, après tout, son approche, bien qu’audacieuse, n’allait explicitement à l’encontre d’aucun dogme religieux. Linné n’eut donc pas d’ennuis ; ses thèses s’imposèrent. Homo sapiens et l’origine du monde devinrent un champ d’investigation scientifique mieux accessible. C’était un pas en avant pour qu’il en soit de même avec Dieu.
Quand j’étais gamin, la religion me paraissait être l’affaire de gens qui avaient réussi leurs études. Le bon peuple et moi étions sommés de ne pas nous mêler de vérités qui nous dépassaient, de rester parqués dans « la foi du charbonnier », celle du plouc crédule qui se tient tranquille là où on l’a mis, abreuvé de simplismes péremptoires.
Pour me persuader que Dieu existait, il y avait certes des catéchismes simplets, mais surtout des livres décourageants tant ils étaient sérieux. Un jeune garçon s’y trouvait prisonnier de termes, de concepts et de raisonnements abordables seulement pour ceux qui avaient le bagage éducatif adéquat. Aux autres, on faisait sentir leur infériorité en les incitant à lire les écritures saintes, à apprendre par cœur, à rester humbles et soumis devant la parole de Dieu. Très tôt, les missels et recueils de prières furent pour moi synonymes de charabia, d’invraisemblance, d’affabulation et d’hypocrisie. Les sermons des prêtres, le rite de la confession, les messes dominicales, y rajoutaient des couches d’un ennui insupportable, m’exaspéraient avec une belle spontanéité. Il fallait, par-dessus le marché, répéter des formules en latin dont je ne comprenais pas grand-chose. Je n’eus besoin de personne pour me souffler des questions iconoclastes. Pourquoi chez nous, est-ce le petit Jésus qui met les cadeaux sous le sapin alors que chez d’autres c’est le père Noël, ou les parents ? Pourquoi n’est-ce pas bien d’avoir un copain protestant ? Pourquoi les riches sont-ils au premier rang à l’église, leur prie-Dieu orné d’une plaquette de cuivre gravée à leur nom ? Pourquoi Dieu n’a-t-il pas empêché les guerres mondiales ? Pourquoi est-ce qu’on nous demande toujours de l’argent quand on va à église ? Où sont les preuves de tous ces miracles qui n’arrivent qu’aux autres ? Pourquoi est-ce que je n’ai jamais vu ni mon ange gardien ni le Bon Dieu ? Pourquoi ce curé essaye-t-il de tripoter les élèves ? Pourquoi Dieu ne casse-t-il pas la figure de ses ennemis ? Pourquoi les chrétiens ne sont-ils pas meilleurs que les autres ? Pourquoi Dieu ne sauve-t-il pas les missionnaires mangés par des cannibales ? Je voulais savoir si Dieu et Jésus faisaient eux-aussi des bruits malpolis quand ils avaient mangé des haricots, puisqu’ils avaient les mêmes boyaux que moi. Plus tard, ce fut : « Si Dieu m’a créé semblable à lui, pourquoi ai-je un zizi qui n’en fait qu’à sa tête ? » Je ne posais pas ces questions, et bien d’autres, à des adultes, de peur de me faire engueuler. Seul dans mon coin, je mûris ces pensées sans recourir à aucune autre lecture que celle du vieux Larousse familial en deux volumes où je découvris le mot « athée ». Puis, à l’âge de 15 ans, je me sentis assez sûr de moi pour décider en mon for intérieur que Dieu était une invention, et annonçai à mon père que je ne voulais plus aller à la messe.
Avec lui, un dialogue sur ces sujets n’était pas envisageable. Les grandes religions posent comme principe que tout ce qui touche à Dieu, à commencer par les textes qui s’y rapportent ou dont il serait la source, doit être considéré comme « sacré ». Elles refusent ce même caractère à ce qui conteste l’existence de Dieu. Le croyant n’aura pas le sentiment de blasphémer en raillant le scepticisme d’un athée ou en exigeant qu’il soit mis à mort. Accusé de blasphémer, l’athée, pour qui Dieu n’est qu’une diphtongue, récusera radicalement le vocabulaire religieux qu’on lui oppose, car il le juge vide de sens, issu d’êtres imaginaires. Il n’est pas « contre » Dieu. Il l’ignore. Le dialogue entre croyants et incroyants est donc celui de la carpe et du lapin.
D’innombrables grands penseurs ont pourtant proclamé que Dieu est bien là. Comment oser les contredire ? Chacun de nous le peut en s’inspirant de l’enfant du conte d’Andersen « Les habits neufs de l’Empereur ». C’est même la meilleure attitude possible vis-à-vis de la fausseté des grandes religions, de leurs immenses appareils de coercition, et des fables qu’elles nous racontent, car le débat auquel elles veulent nous contraindre est systématiquement biaisé au détriment des incroyants.
Les croyants sont rassemblés au sein d’institutions anciennes, puissantes et riches parce qu’elles ont pressuré le fidèle durant des siècles. Les athées ne sont libres d’afficher leurs opinions que depuis peu, et toujours pas dans la majorité des états musulmans. Débarrassés du carcan des religions, ils ne sont guère enclins au militantisme et à la propagande. Regardez le rayon « Religion » d’une grande librairie. Un minuscule pourcentage des ouvrages exposés sont d’inspiration athée. L’athéisme progresse pourtant dans les pays occidentaux, lentement, depuis le XVIIIe siècle, au point que la moitié des Français se reconnaissent aujourd’hui athées ou agnostiques. D’autres, encore, se définiront plutôt libres-penseurs, rationalistes, matérialistes, areligieux, déistes ou théistes ; mais on les range communément dans la catégorie des athées. Les croyants aussi se répartissent en bien des appartenances et chapelles, mais quand on évoque « Dieu » on songe, pour plus de commodité, à celui du Livre. Poser le débat en privilégiant les deux termes « croyants » et « incroyants », est une approche simplificatrice mais inévitable, si l’on ne veut ne pas se disperser dans une épaisse nomenclature des religions et des dieux. C’est le choix fait dans les pages qui suivent.
L’existence d’une divinité suprême reste au cœur des questions que se posent les croyants sur le sens de la nôtre, sur une vie après la mort et l’au-delà, sur la morale collective ou individuelle. Les dieux auxquels une seconde moitié de la population croit encore ont été imaginés il y a bien longtemps dans des sociétés qui ont subi des transformations profondes. Or, on continue de s’adresser à eux, on les prie, pour des raisons qui n’ont pas changé même si la science a considérablement réduit le champ de leur crédibilité. Les religions ont abandonné du terrain sur tous les fronts depuis le procès de Galilée, les triomphes de Darwin, Pasteur et Einstein. La conquête spatiale a prouvé que Dieu ne pouvait être assis sur un gros nuage, qu’il n’était nulle part dans le ciel, tandis que l’homme, lui, est allé sur la lune. Aujourd’hui, les religions du Livre sont plus que jamais sur la défensive, réduites à des argumentations de plus en plus fumeuses, car le domaine du concret leur a échappé. Celui de l’incroyance et du doute continue de s’étendre. Élargissons-le encore, armés de la lucidité de l’enfant du conte d’Andersen. L’Éternel tient sa force d’un concert de mensonges, de galimatias, d’asservissement mental et d’obscurantisme. Refusons d’en parler le langage. Donnons la parole au charbonnier. Privons Dieu de ses attributs faussement miraculeux. Et ouvrons grand nos yeux. L’illusion se dissipe alors et la réalité apparaît : Dieu est tout nu !
Dieu : une invention tardive
Les trois religions monothéistes ont calculé, en comptant les générations prétendument écoulées depuis Adam et Eve selon la Bible, que l’univers était né il y a 6 000 ans. La science a prouvé amplement que ce chiffre était ridicule. L’univers a presque quatorze milliards d’années, notre Terre quatre et la vie trois. On a d’abord cru Homo sapiens vieux de 100 000 ans avant de porter ce chiffre à 200 000, et même 300 000 selon les découvertes les plus récentes. Pendant au moins 100 000 ans, les hommes ont ainsi produit en grande quantité des vestiges de leur présence : ossements, outils, débris de toute sorte,