Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Karim Vandenbroucke, histoire improbable: Roman-fiction d’un cauchemar européen
Karim Vandenbroucke, histoire improbable: Roman-fiction d’un cauchemar européen
Karim Vandenbroucke, histoire improbable: Roman-fiction d’un cauchemar européen
Livre électronique193 pages2 heures

Karim Vandenbroucke, histoire improbable: Roman-fiction d’un cauchemar européen

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

15 octobre 2044, en milieu de journée, au bord de la Mer du Nord, à Dunkerque. Quelque part sur la Manche, entre France et Grande-Bretagne, une explosion retentit, parfaitement audible malgré l’éloignement, une bonne centaine de kilomètres. Mais il est vrai que, sur la mer, même en cas de brouillard, le son se propage assez bien. C’est un méthanier chinois qui vient d’exploser, frappé par un missile venu on ne sait d’où, et de partir par le fond, causant plusieurs centaines de morts : l’équipage…
Depuis une bonne année maintenant, des vedettes rapides sur-armées et pleines de pirates sans foi ni loi, infestent les environs du Channel, le détroit le plus fréquenté du monde, coulant à qui mieux mieux vraquiers, pétroliers, méthaniers, ferries, bateaux de plaisance et… embarcations de réfugiés. Tout le littoral est devenu zone de guerre et plus rien ne s’y passe. Enfin, ne s’y passe plus comme avant…
LangueFrançais
Date de sortie2 juin 2023
ISBN9782312129013
Karim Vandenbroucke, histoire improbable: Roman-fiction d’un cauchemar européen

Auteurs associés

Lié à Karim Vandenbroucke, histoire improbable

Livres électroniques liés

Thrillers pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Karim Vandenbroucke, histoire improbable

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Karim Vandenbroucke, histoire improbable - Jérôme Daquin

    cover.jpg

    Karim Vandenbroucke, histoire improbable

    Jérôme Daquin

    Karim Vandenbroucke, histoire improbable

    Roman-fiction d’un cauchemar européen

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2023

    ISBN : 978-2-312-12901-3

    À Odile

    Prologue

    Aujourd’hui, 15 octobre 2044, en milieu de journée, au bord de la Mer du Nord, à Dunkerque. Quelque part sur la Manche, entre France et Grande-Bretagne, une explosion retentit, parfaitement audible malgré l’éloignement, une bonne centaine de kilomètres. Mais il est vrai que, sur la mer, même en cas de brouillard, le son se propage assez bien. C’est un méthanier chinois qui vient d’exploser, frappé par un missile venu on ne sait d’où, et de partir par le fond, causant plusieurs centaines de morts : l’équipage…

    Depuis une bonne année maintenant, des vedettes rapides sur-armées et pleines de pirates sans foi ni loi, infestent les environs du Channel, le détroit le plus fréquenté du monde, coulant à qui mieux mieux vraquiers, pétroliers, méthaniers, ferries, bateaux de plaisance et… embarcations de réfugiés. Tout le littoral est devenu zone de guerre et plus rien ne s’y passe. Enfin, ne s’y passe plus comme avant…

    Jamais cependant ces bandits n’avaient frappé aussi loin à l’Ouest et c’est la première fois qu’ils s’en prenaient – par ignorance ? – à un bateau chinois. C’est aussi la première fois que l’une de leurs attaques avait fait autant de morts.

    Et, tandis que la France et les pays de l’UE s’engageaient comme à chaque crise dans la quête toujours compliquée d’une « réponse européenne » présentable à cette attaque, le reste du monde – dans un contexte de fort regain des nationalismes – s’inquiétait et s’impatientait de l’immobilisme et de l’impuissance de Paris et de Berlin notamment, face à une situation porteuse de tous les germes d’un gravissime conflit international.

    Chapitre 1

    « Le vent de Belgique

    Transportait de la musique

    Des flonflons à la française,

    des fancy-fair à la fraise… »

    (Alain Souchon – Le baiser)

    Depuis toujours, Karim Vandenbroucke, as du renseignement français, s’était demandé ce que pouvaient bien être des « fancy fair à la fraise{1} »… Mille fois il s’était dit qu’il suffirait d’aller voir sur le web… Mille fois, il avait oublié. Un de ses professeurs, en terminale, l’avait pourtant averti : « Quand tu allumes ton écran, si tu ne vas pas faire immédiatement ce pour quoi tu l’as mis en marche, il y a de fortes chances que tu oublies la raison pour laquelle tu y es venu parce que ton attention est tout de suite captée par tout ce qui est proposé ». Maintenant, de toutes façons, ça n’avait vraiment plus d’importance…

    Seul sur cette « plage de Malo-Bray-Dunes », immense à marée basse, il fredonnait sans conviction cette chanson d’Alain Souchon qui datait sans doute de quelques années avant sa naissance, en l’an 2000, mais qui était suffisamment populaire pour qu’elle soit parvenue à ses oreilles alors qu’il était encore enfant.

    Natif de Roubaix, il venait chaque année arpenter ce sable quand il était gamin, au moins une journée, parfois deux, parfois plus : avec les séjours et les vacances du Secours populaire, c’était une bonne heure en autocar… Puis, adolescent, il avait aimé marcher des heures avec ses copains, longeant la mer, entre la jetée Est du port de Dunkerque et La Panne, en Belgique.

    Mais aujourd’hui, une sorte de chape de plomb était tombée sur toute la côte. Même lors des premiers « grands confinements », en 2020 et 2021, la plage ne lui pas était jamais apparue si morne, si morte…

    Si aujourd’hui, Karim avait accepté cette mission à l’extrême Nord de la France, c’était pour se forcer à trouver de l’intérêt à la vie alors qu’Iza, son grand amour, était partie depuis des mois et des mois, lui promettant de revenir. Pourtant, un jour elle avait cessé de lui donner le moindre signe de vie…

    C’est cette disparition aussi soudaine qu’inexpliquée et le vide prévisible qui lui apparut immédiatement insupportable qui l’avaient décidé à accepter cette mission un peu risquée dans la zone désormais troublée de Dunkerque et de la frontière qui était désormais fermée…

    Il n’y avait pas que la frontière qui était fermée : sur la digue de Malo, toujours quasi-déserte désormais, même par beau temps, plus un bistrot, plus un restaurant, plus la moindre boutique n’avait relevé le rideau depuis un an, et plus personne ou presque n’y habitait.

    Les terrasses qui avaient été, au fil des années, installées à même la digue, à l’abri de palissades de verre qui laissaient passer le soleil mais pas le vent, étaient recouvertes de sable, faute d’entretien et de fréquentation.

    Les supérieurs hiérarchiques de Karim – qui appréciaient assez peu ses impertinences – savaient cependant qu’il avaient affaire, avec lui, à un homme intrépide, parlant plusieurs langues dont l’arabe, et qui, en plus connaissait bien cette région au nord du Nord et proche de ce qui avait été il y a peu la Belgique.

    Accompagné de son chien Sprat, un turbulent « bearded collie », boule de poils grise et blanche, abandonné chez lui par une ex, une ex « d’avant » Iza, que vivait aujourd’hui Karim. Il avait mis sa gaieté naturelle en veilleuse, comme pour la garder en réserve jusqu’au jour où…

    Seul l’animal lui manifestait maintenant de l’affection, avec enthousiasme, lui faisant la fête chaque fois qu’il rentrait dans le grand appartement qu’il avait acquis pour une bouchée de pain sur le vieux port de Dunkerque.

    L’appartement avait été construit au début des années 2000 dans un immeuble moderne, juste à côté de la Tour du Leughenaer{2}, l’un des rares vieux monuments de la ville reconstruite après avoir été quasiment rasée un siècle plus tôt : les prix de l’immobilier, ici aussi, s’étaient effondrés.

    Aujourd’hui, Sprat avait la couleur du ciel : gris – toutes les nuances – avec des endroits blancs, ça et là… Au loin, à l’Est, une jetée formidable de béton, de rocailles, d’épaves diverses et variées et de barbelés, hermétique frontière, s’enfonçait jusqu’à plus d’un mille au large dans la mer, même à marée basse…

    Ce « machin », construit à la hâte par ceux qui régnaient en maîtres sur la côte ex-belge, séparait désormais la France de ce qui avait été jadis la Belgique. Mais ce nom sonnait faux à présent. La Belgique n’était plus. C’était désormais… autre chose.

    En quelques mois, le « plat pays » avait basculé dans un imbroglio géopolitique qui lui avait été fatal, et avait, dans son éclatement, par réaction en chaîne, accéléré la décomposition – déjà bien avancée – de l’Union européenne, dont les institutions faisaient encore semblant d’exister, mais plus personne n’était dupe. D’ailleurs, depuis le fiasco européen des vaccins qui avait définitivement mis à bas la réputation de sérieux de l’UE, puis l’invasion avortée – et calamiteuse – de l’Ukraine par la Russie en 2022 qui avait ruiné les derniers espoirs de Moscou de peser réellement sur l’avenir du monde.

    Ce conflit, qui avait fait des dizaines de milliers de morts et de réfugiés pour aboutir à une simple neutralisation du pays, devenu une sorte de « semi-démocratie » sous contrôle américano-russe, avait aussi démontré en crfeux que les « décisions » européennes n’entraient en vigueur que si elles avaient l’aval de Washington, chaque pays agissait chacun comme bon lui semblait, sans accorder la moindre importance à l’avis de ses voisins. Si l’énorme machine communautaire tournait encore, en fait, c’était à vide.

    Seule fonctionnait encore l’OTAN, qu’avaient rejoint à la hâte tous les pays d’Europe de l’Ouest, même les neutres, sauf la Suisse.

    Karim réfléchissait aux malheurs du monde en regardant l’horizon – « lui, au moins, est conforme à mes souvenirs » – alors que le soleil commençait à descendre sur la mer, vers le port, sous un ciel magnifique de toutes les gammes de bleu, de rose, de jaune, quand il entendit une explosion, très lointaine, à l’Ouest, vers l’Angleterre, mais très puissante : il crut même fugitivement en percevoir le souffle… Une fraction de seconde auparavant, il l’aurait juré, Sprat avait commencé à grogner…

    La hiérarchie de Karim aurait dû tenir compte davantage des nombreux rapports qu’il lui avait transmis : depuis un an, il surveillait l’ancienne côte belge, de loin, à l’aide de puissantes jumelles et sur des écrans retransmettant les images de quelques drones furtifs qu’il contrôlait, mais aussi à la faveur de quelques incursions qui avaient fait de lui l’un des hommes au monde les mieux renseignés sur cette contrée devenue soudainement mystérieuse pour beaucoup.

    Une autre chose le tarabustait depuis la veille au soir : un courriel du cabinet du Premier ministre Roger Postillon en personne qui lui disait : « nous savons que vous êtes toujours dans l’attente de nouvelles de votre compagne. Soyez patient, soyez confiant, nous allons redoubler d’efforts pour vous aider, mais surtout, une fois de plus, n’en parlez à personne ».

    Il avait installé son QG de surveillance sur la plage de Leffrincoucke, dans le seul blockhaus allemand rescapé de la Deuxième guerre mondiale, il y avait plus d’un siècle, déjà… Les autres vestiges de la « kolossale » architecture défensive nazie s’étaient effondrés sous l’effet centenaire des marées ou avaient été engloutis par le sable des dunes.

    Ce que Karim considérait un peu comme « son » blockhaus était situé à environs trois kilomètres de de la frontière…

    Ouvrage de défense en béton armé résolument disgracieux, et qui penchait d’un côté en s’enfonçant dans le sable, le vieil édifice de béton armé avait été un moment transformé en oeuvre d’art quelques décennies plus tôt par un artiste{3} qui l’avait entièrement – patiemment et malicieusement – recouvert de petits fragments de miroirs brisés qui lui donnaient un éclat très particulier sous la lumière rasante du soleil qui se couche, ici, sur la mer. L’artiste, qui avait un peu plus tard, décollé tous les miroirs du blockhaus faute de subvention – patate chaude que la ville, la région et Union européenne tentèrent de se refiler les unes les autres pendant des années – pour entretenir son oeuvre. Il avait finalement accepté des années plus tard de tout remettre en place, le blockhaus ayant été classé en tant que monument du patrimoine national à la fin des années 2020 après de nombreuses protestations contre la disparition cette expression originale d’art populaire contemporain.

    C’est l’Allemagne finalement – une fois de plus – qui avait tranché en promettant une généreuse subvention annuelle à la France pour l’entretien de ce vestige, de nombreux intellectuels outre-Rhin ayant estimé que ce serait là une élégante manière pour Berlin de soutenir une création artistique à même redorer – tant que faire se peut – l’image d’un pays pour longtemps encore dégradée par la barbarie nazie.

    Karim y passait parfois plusieurs jours – pas en hiver quand même – avec Sprat, dormant sur place. Le lieu, très fréquenté il y a encore peu par les touristes, ne voyait plus passer personne. Ni lui, ni la plage sur laquelle il avait été construit, ni les communes des alentours : Leffrincoucke, Zuydcoote et Bray-Dunes avaient tout simplement perdu la totalité ou presque de leurs habitants. A leur place s’étaient installés ça et là quelques compagnies de l’armée française, au cas où… La France n’avait pas tort d’être sur ses gardes : le nouveau pouvoir local en place de l’autre côté de la frontière avait fait récemment – c’était dans les derniers rapports de Karim aux services français – l’acquisition de vedettes rapides et sur-armées et s’en servait pour lancer quotidiennement ses mercenaires à l’attaque des nombreux navires marchands de la Manche et de la Mer du Nord. Les équipages qui refusaient de se laisser rançonner, étaient massacrés, exactement comme dans le golfe d’Aden ou l’océan Indien depuis quelques décennies déjà.

    Hélas, les pirates avaient aussi coutume d’arraisonner les embarcations de réfugiés qui tentaient de rallier la Grande-Bretagne afin de rançonner leurs malheureux passagers… avant de les couler purement et simplement.

    Londres, qui avait eu fort à faire avec un afflux presque incessant de clandestins depuis des années protestait chaque fois pour la forme, mais sans insister outre mesure, les attaques maritimes ayant presque réduit à zéro le débarquement de clandestins sur son sol. « An almost cynical silence »

    (« un silence carrément cynique »), dénonçait férocement et sans relâche la presse britannique d’opposition.

    Les nouveaux écumeurs de cette petite zone entre Manche et Mer du Nord étaient devenus de redoutables spécialistes des attaques meurtrières. Les navires marchands étant le plus souvent escortés par des bateaux militaires puissamment armés, ils se faisaient volontiers la main sur les petits caboteurs, les bateaux de pêche qui osaient encore s’aventurer dans les parages, ou encore les frêles esquifs de clandestins en partance pour les côtes anglaises. Et là, chaque mois, leurs victimes se comptaient par centaines. D’ailleurs, sur le littoral français entre Dunkerque et Le Touquet, il n’était pas rare de voir s’échouer, dans le meilleur des cas, des réfugiés épuisés par des heures passées dans l’eau, mais le plus souvent des cadavres d’hommes, de femmes, d’enfants…

    Toutefois, la principale faiblesse de ces flibustiers façon XXIe siècle était leur ignorance crasse des réalités économiques et politiques du monde. Et, cette fois, ce qu’ils avaient envoyé par le fond, avec un beau missile, c’était un méthanier géant chinois avec tout son équipage, soit 683 marins tués dans l’explosion. La Chine, qui venait de découvrir d’importantes réserves de méthane dans le sous-sol du Xinjiang, ne disposait pas encore d’usine pour le traiter. Elle avait donc fait appel au centre de traitement du méthane de Dunkerque, l’un des plus performants au monde.

    Et l’Histoire, une fois de plus, allait basculer, un peu comme lorsque, le 17 mai 1915, une torpille allemande avait coulé un paquebot britannique, le Lusitania, transportant un millier de passagers, dont 128 Américains, entraînant les Etats-Unis, dans le premier conflit mondial.

    Pour le coup cet attentat consacra Karim au poste d’observateur privilégié de ce qui pouvait dégénérer très vite en conflit mondial. Dire qu’il n’avait accepté cette nomination à Dunkerque – un lieu qu’il connaissait, surtout pour y avoir les meilleurs souvenirs de sa jeunesse et de son enfance mais sans lien aucun avec sa sinistre

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1