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Esquisses morales et littéraires: Réminiscence des études, définition de l'esprit, du goût, des sensations qui s'y rattachent
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Esquisses morales et littéraires: Réminiscence des études, définition de l'esprit, du goût, des sensations qui s'y rattachent
Livre électronique387 pages5 heures

Esquisses morales et littéraires: Réminiscence des études, définition de l'esprit, du goût, des sensations qui s'y rattachent

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À propos de ce livre électronique

DigiCat vous présente cette édition spéciale de «Esquisses morales et littéraires» (Réminiscence des études, définition de l'esprit, du goût, des sensations qui s'y rattachent), de Thomas Brunton. Pour notre maison d'édition, chaque trace écrite appartient au patrimoine de l'humanité. Tous les livres DigiCat ont été soigneusement reproduits, puis réédités dans un nouveau format moderne. Les ouvrages vous sont proposés sous forme imprimée et sous forme électronique. DigiCat espère que vous accorderez à cette oeuvre la reconnaissance et l'enthousiasme qu'elle mérite en tant que classique de la littérature mondiale.
LangueFrançais
ÉditeurDigiCat
Date de sortie6 déc. 2022
ISBN8596547446859
Esquisses morales et littéraires: Réminiscence des études, définition de l'esprit, du goût, des sensations qui s'y rattachent

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    Esquisses morales et littéraires - Thomas Brunton

    Thomas Brunton

    Esquisses morales et littéraires

    Réminiscence des études, définition de l'esprit, du goût, des sensations qui s'y rattachent

    EAN 8596547446859

    DigiCat, 2022

    Contact: DigiCat@okpublishing.info

    Table des matières

    PRÉFACE

    PREMIÈRE PARTIE

    LITTÉRATURE DES HÉBREUX

    FOI

    LA RELIGION

    MORALE

    CONVERSION

    LES IDÉES INNÉES

    CONSOLATIONS DE LA RELIGION

    PRIÈRES

    MORT DE RACHEL

    MOÏSE

    DÉBORAH

    PRÉCEPTES PERSANS

    HYMNE AU SOLEIL

    HYMNE PERSANE SUR L’AURORE

    ALLÉGORIE DE L’INITIATION

    LA CONSCIENCE

    VÉRITÉ

    SYSTÈMES

    ESPRITS FORTS

    RATIONALISME

    DÉSORDRE MORAL

    VICES

    INCRÉDULITÉ

    L’ATHÉISME

    LES RÉCOMPENSES ET LA PUNITION

    LE CORPS ET L’AME

    OBSERVATIONS

    DEUXIÈME PARTIE

    DES SENSATIONS ET DE LA PENSÉE

    PROGRÈS DE L’ESPRIT HUMAIN

    DU GÉNIE

    INSTRUCTION, CONNAISSANCES ACQUISES

    ÉDUCATION

    DE L’ESPRIT EN GÉNÉRAL

    L’ESPRIT DE L’HISTOIRE

    DE L’ESPRIT DE LA POÉSIE

    DU GOUT EN GÉNÉRAL

    APPLICATION DU GOUT

    APPLICATION DU GOUT AUX BEAUX-ARTS

    APPLICATION DU GOUT

    LES LIVRES

    LECTURE

    LECTURE A HAUTE VOIX

    CONVERSATION

    SCIENCE ET OPINION

    IMITATION

    LE STYLE

    POÉSIE

    TRADUCTION

    TRADITION

    SCIENCE GÉNÉRALE

    LES LETTRES

    OBSERVATIONS

    TROISIÈME PARTIE

    MÉMOIRE

    LA RÉFLEXION

    IMAGINATION

    VOLONTÉ

    L’EXPÉRIENCE

    BONHEUR

    MÉRITE

    CONSIDÉRATION

    AMOUR-PROPRE

    ANTIPATHIE

    SYMPATHIE

    FINESSE

    FLATTERIE

    FRANCHISE

    IGNORANCE

    ILLUSION

    INDISCRÉTION

    FRAGILITÉ

    IRRÉSOLUTION

    IRONIE

    ESPÉRANCE

    SONGES

    INDÉPENDANCE

    OBSERVATIONS

    QUATRIÈME PARTIE

    MONNAIES

    LES MÉDAILLES

    LANGUES

    IMPRIMERIE

    GALLICISMES

    IDIOME

    ASTROLOGIE

    MÉTAPHYSIQUE

    INFLUENCE DU CLIMAT

    ARMOIRIES

    INÉGALITÉ DES CONDITIONS

    LE TEMPS

    VIEILLARDS

    JEUX PUBLICS DES ANCIENS

    NAVIGATION

    DÉLUGE

    OBSERVATIONS

    CINQUIÈME PARTIE

    ASTRONOMIE

    RECHERCHES

    RÉSUMÉ.

    CONCLUSION

    TABLEAU FIGURATIF DU MOUVEMENT DU POINT VERNAL POUR TROIS SIGNES DU ZODIAQUE

    OBSERVATIONS

    RELATIVEMENT AU TRACÉ DU ZODIAQUE ET EXPLICATIONS SUR L’APPLICATION QUE NOUS EN FAISONS A LA CHRONOLOGIE DE NOTRE CANON.

    SOLEIL

    LES ÉCLIPSES

    COMÈTES

    LA TERRE

    LA LUNE

    LES MARÉES

    PHYSIQUE

    OPTIQUE

    LA VUE

    ACOUSTIQUE

    MÉTÉOROLOGIE

    CHIMIE

    GÉOMÉTRIE

    GÉOLOGIE

    MINÉRALOGIE

    FOSSILES

    OBSERVATIONS

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    PRÉFACE

    Table des matières

    Notre œuvre est divisée en cinq parties, composées comme suit:

    PREMIÈRE PARTIE. Religion, Morale.

    DEUXIÈME PARTIE. Littérature, Goût.

    TROISIÈME PARTIE. Impressions, Passions.

    QUATRIÈME PARTIE. Miscellanées.

    CINQUIÈME PARTIE. Notions scientifiques.

    Nous n’avons pas la prétention de démontrer que l’étude de ce livre ajoutera beaucoup aux connaissances de nos lecteurs; nous avons voulu seulement attirer leur attention sur les avantages qu’ils trouveront, en suivant la trace de nos exposés, s’ils veulent apporter de la persistance et de la réflexion dans leurs lectures. Ils ne recevront d’abord de nous que peu de lumière directe et immédiate, mais, sans aucun doute, ils sentiront une impulsion qui les portera au delà des faibles notions que nous leur présentons, à titre de simples conseils; ce n’est donc pas un traité sur chaque objet spécial, c’est une étude un peu vague qu’ils devront améliorer par eux-mêmes, en n’oubliant jamais que croire ne pas savoir et travailler dans cette idée, c’est le moyen infaillible de s’instruire et d’enrichir successivement son intelligence.

    La science peut se diviser en deux parties: celle connue, que nous pratiquons à l’époque où nous sommes; elle se perfectionné et se confirme tous les jours par l’emploi et l’application; la seconde partie, c’est le travail préparatoire pour les découvertes et les inventions nouvelles; c’est une suite d’essais et de tâtonnements qui sont renfermés entre les deux extrêmes, le succès et la déception.

    Nous n’avons pas parlé dans nos exposés de cette phase de la science, c’est l’avenir seul qui devra la traiter un jour; pour nous, nous restons aujourd’hui dans l’actualité et nous avons, en conséquence, résumé les œuvres accomplies par les savants qui ne sauraient nous contredire, sans se mettre en contradiction avec eux-mêmes.

    Il est vrai, cependant, qu’il arrive qu’on ne veut voir favorablement que son art spécial, et alors, un livre qui s’écarte de la route battue, pour répandre des notions générales, reçoit très-rarement l’hospitalité littéraire d’une des branches des connaissances humaines.

    Essayons d’appuyer cette remarque par une anecdote historique:

    Un professeur de droit public avait été présenté à un éminent écrivain par un savant géomètre: «Je vous suis très-obligé,

    «disait ce professeur, car vous m’avez fait

    «connaître un homme vraiment extraor-

    «dinaire: il nous a parlé pendant deux

    «heures de choses diverses, avec une pro-

    «fonde connaissance de chacune; toute-

    «fois, ajouta-t-il en hésitant, il y a un point

    «sur lequel je l’ai trouvé un peu faible,

    «c’est le droit public; pour moi, dit le géo-

    «mètre, je ne le trouve un peu faible que

    «sur la géométrie.»

    Heureusement que nous n’avons eu en vue, en publiant ce livre, aucun résultat matériel; car quel accueil de ce genre pourrions-nous espérer à une époque où l’irréligion triomphe, où l’abus de l’esprit est appelé raison, où les bons mots légers et sceptiques sont devenus des oracles, et les paradoxes des principes? Nous avons voulu seulement présenter des idées et des faits que nous avons crus généralement utiles, et dont le lecteur pourra ne prendre que la partie qui lui paraîtra intéressante ou sympathique.

    Les critiques des écrivains qui se combattent mutuellement sur un même point, ont souvent servi de preuves contre eux-mêmes, et nous en avons profité pour nous approcher de plus près de la vérité, en étudiant ces controverses qui nous éclairent et dont on ne peut contester la valeur, puisqu’elle est le résultat des opinions les plus autorisées sur la nature de la discussion.

    Nous n’avons pu qu’effleurer cette riche matière littéraire et scientifique, car la multiplicité des objets à traiter nous oblige à passer rapidement d’un sujet à un autre; nous n’avons pas même parlé des langues mortes, qui cependant forment la base d’une solide instruction; mais de nos jours, à peine entend-on quelques citations en latin, qui est négligé, et en grec, qui a presque disparu, relégué qu’il est dans les étymologies. Certes, il n’est pas indispensable qu’on sache expliquer un distique latin, mais il faut au moins connaître, dans les lettres et dans les sciences, quelques faits, règles et lois qui se présentent sans cesse dans nos rapports avec la société.

    Nous conseillons la sobriété de la parole et une sage réserve à ces impatients qui veulent soulever de grosses questions avant d’avoir encore, dans leurs éléments et leurs facultés, le pouvoir de les résoudre; quoique peu exercés, ils sont disposés à prendre prématurément dans la conversation une part tranchée sur certaines matières où ils s’aventurent en raison inverse de leurs capacités; et, en effet, l’imprévoyance avec laquelle on se met en évidence fait prévoir qu’on n’obtiendra pas le résultat que l’amour-propre seul a fait espérer.

    La simplicité, la mesure et le tact dans la conversation, plaisent à tout le monde et font naître la sympathie, lorsque des efforts pour briller excitent, au contraire, l’envie; et on se prépare d’autant moins de succès, qu’on aura eu plus de prétentions à l’obtenir.

    Nous développerons dans nos chapitres quelques considérations qui feront sentir quel est le mérite d’un bon écrivain, mais en même temps combien sa tâche est difficile. Il est évident alors qu’on doit toujours mesurer ses forces et en même temps se montrer réservé sur le jugement qu’on pourra porter sur la nature et la valeur des compositions des autres.

    Nous insistons sur ce point, parce qu’il est presque aussi difficile de juger sainement et profondément un ouvrage que de l’écrire; cependant il n’est personne qui ne se croie en droit de formuler son jugement, et quiconque écrit, est sûr d’avoir autant de juges que de lecteurs. Cette simplicité, cette aisance que nous préconisons, font souvent perdre à l’écrivain beaucoup d’admirateurs, car on s’imagine que pour écrire de cette manière naturelle, il suffit de prendre la plume: on jouit alors des œuvres de l’auteur sans croire qu’il ait eu des efforts à faire, et on marche sur un terrain uni sans penser à ce qu’il en a coûté pour l’aplanir; au reste, cette idée qu’on se forme sur la facilité de composer un ouvrage, est la meilleure preuve de sa bonté ; car si l’art doit être l’imitation de la nature, on doit obtenir un succès complet quand on sait emprunter tous ses traits, jusqu’au point de se faire oublier soi-même (comme auteur), tant l’imitation est près du modèle.

    Nous venons de présenter ici quelques conseils sous le rapport de la morale, de l’instruction et de la littérature; c’est le côté purement intellectuel, et comme la partie matérielle ou organique de l’homme exerce une très-grande influence sur ses pensées, ses actes et ses aspirations, nous croyons devoir comprendre, dans notre préface, quelques conseils d’hygiène qui se composent uniquement de préceptes généraux.

    Les lois de la vie de toute créature existante sont écrites dans son organisation.

    La constitution de l’homme, sa physiologie, ses relations et ses adaptations à la nature, ses instincts, ses passions, ses sentiments, ses facultés, nous démontrent son origine, sa condition et sa destinée.

    Dans son organisation physique et mentale, on trouve un guide pour sa santé, on découvre la cause de ses maladies, et la meilleure méthode pour les prévenir ou les guérir,

    La physiologie humaine contient donc les bases de l’hygiène.

    Pour vivre avec discernement sur la terre, nous devons donc connaître notre rapport avec la matière, les éléments et les forces de la nature, ainsi que nos devoirs, la justice et la charité, et nous efforcer de ne pas croire aux antipathies.

    Supérieurs aux instincts qui guident les animaux dans leur mode d’existence, nous avons besoin de connaissances, de raison et de conscience éclairée, pour être toujours, en nos. actes et nos pensées, dans la voie de la morale.

    Nous ne nous occuperons pas des règles si détaillées que l’art médical doit appliquer à l’homme pour le guérir dans ses maladies ou pour lui prescrire, suivant sa constitution et son âge, les moyens de prolonger sa vie; ce vaste horizon déployé devant nous exige des connaissances, des travaux et des études approfondies et mûries par la pratique et l’expérience du médecin.

    Nous nous bornerons à l’examen de la constitution de l’homme, qui offre à notre admiration les facultés diverses dont il est doué et la puissance qui lui a été donnée; c’est ce pouvoir, ce sont ces aptitudes multiples, plus encore que l’organisation physique, qui font la force de l’homme, et c’est au moyen de son intelligence qu’il règne en maître absolu sur tout ce qui l’entoure.

    Rendre compte ici de tout ce que l’homme a accompli depuis quelques siècles seulement, par la seule force morale, serait chose impossible; il faudrait le voir pénétrer dans les entrailles de la terre et dans la profondeur des eaux: le suivre encore dans les airs et énumérer tous les prodiges obtenus par la vapeur et les autres moteurs et puissances qu’il a soumis à sa volonté ; nous le verrions alors transmettre ses pensées, d’un bout du monde à l’autre, avec la rapidité de l’éclair; s’élancer dans l’immensité des airs, arrêter un rayon de lumière à son passage, pour lui faire tracer des figures; enfin porter au loin, sur un fil, le feu qui va déterminer une explosion à une grande distance. On voit qu’il nous faudrait encore passer en revue d’innombrables merveilles, si nous devions rendre compte de tous les problèmes résolus par la science.

    On sait que l’esprit perd sa vigueur dans un corps malade, et que l’altération du moral réagit défavorablement sur le physique; il faut donc que l’homme regarde, comme son premier soin, l’observation rigoureuse de l’hygiène, c’est-à-dire l’application à la nature et à ses facultés de tous les rapports d’alimentation, de sobriété, de conduite et de genre de vie, qui doivent le plus contribuer à le maintenir dans l’état normal; car il ne lui suffit pas d’avoir obtenu de précieuses organisations, il faut encore qu’il sache les conserver, si elles sont complètes, ou les améliorer, si elles laissent à désirer, afin de jouir de cet heureux équilibre qu’on appelle la santé, et sans laquelle nous n’avons plus la jouissance et la réalisation de nos aptitudes.

    PREMIÈRE PARTIE

    Table des matières

    RELIGION, MORALE

    LITTÉRATURE DES HÉBREUX

    Table des matières

    L’origine de la littérature des Hébreux est fort controversée; leurs livres sont d’anciens monuments historiques de la plus haute importance, mais dont nous ne pouvons préciser l’époque absolue.

    Sanchoniaton, écrivain phénicien (1183 av. l’ère), était contemporain de Jephté, juge. Il a composé une Théologie qui a été traduite en grec par Philon de Byblos (89 de l’ère), dont il ne reste que quelques fragments. Homère chantait la guerre de Troie au temps d’Élie et d’Athalie (884). Hérodote n’écrivit que du temps d’Esdras; les ouvrages de Confucius ne remontent pas au delà du sixième siècle avant l’ère chrétienne. Bérose florissait sous Alexandre le Grand (528), Manéthon sous Ptolémée Philadelphe (265). S’il est vrai que les Égyptiens et quelques nations orientales aient précédé les Israélites dans l’art d’écrire et dans le culte des lettres, ils ne nous ont rien transmis qui puisse justifier ces conjectures et fixer nos jugements.

    Le style même des saintes Écritures, et surtout celui des livres de Moïse, prouve leur extrême antiquité. C’est la simplicité, la naïve franchise des peuples naissants: l’art ne s’y montre point. On n’avait pas encore appris à séduire les hommes par l’éclat, la pompe et l’élégance du discours, comme on n’avait point encore imaginé le luxe des meubles, de la table et des vêtements: l’or et tous les genres de richesses étaient réservés pour l’arche d’alliance et les fêtes du Seigneur.

    On remarque, entre le style des Livres saints et les plus anciennes productions du génie des Grecs, une merveilleuse ressemblance: c’est que, dans ces temps lointains, les mœurs étaient à peu près les mêmes, et que la littérature en est toujours l’expression. L’Odyssée d’Homère, dont la lecture est si attrayante, emprunte la meilleure partie de son charme à cette peinture des mœurs, de la naïveté des détails et des descriptions. Mais la simplicité des Livres saints a quelque chose de plus auguste, et qui décèle son origine céleste.

    Sans doute, il ne faut pas considérer les beautés littéraires de ces monuments sacrés comme celles des autres productions de l’esprit humain; mais le respect qui leur est dû n’empêche pas que nous ne cherchions à reconnaître le goût, le génie, le sentiment, qui distinguent ces livres sublimes; car, si la pensée vient du ciel, le style appartient aux écrivains chargés de nous la transmettre.

    En étudiant les beautés de l’Écriture sainte, nous apprendrons à la révérer davantage; et, quand les gens du monde et les hommes d’un esprit frivole reconnaîtront que les chants de David et les inspirations des prophètes surpassent tout ce que le génie de l’homme a produit de plus parfait, ils en prendront une idée plus digne de leur source divine.

    Mais, avant de nous engager dans ces intéressantes recherches, il est nécessaire d’en faire précéder l’étude de quelques notions préliminaires: aucun homme intelligent ne saurait ignorer quels sont les différents genres de productions qui composent le corps des saintes Écritures, de quels commentaires on les a accompagnées et quelles traductions on en a publiées.

    On désigne, sous le nom de Bible, la collection des Livres saints.

    Le mot Bible est grec, et signifie Livre. On le donne aux Écritures saintes, parce qu’on les regarde, avec raison, comme le livre par excellence.

    On partage aussi la Bible en livres canoniques et livres apocryphes. Les livres canoniques sont ceux dont l’authenticité est reconnue, et qui servent de règle à la foi; les livres apocryphes, ceux dont les auteurs sont inconnus, l’autorité douteuse, et qui ne sont point compris dans le catalogue ou canon des saintes Écritures.

    Les livres canoniques consistent en quatre classes: l’histoire, la législation, la morale et la poésie.

    Les livres d’histoire se divisent en générale et particulière. L’histoire générale se compose de douze livres, qui comprennent un espace de quatre mille quatre cent quatre-vingt-treize ans, à commencer à la création jusqu’à la victoire de Judas Machabée sur Nicanor. Ils sont connus sous le nom de Genèse, d’Exode, de Josué, des Juges, des Bois, des Paralipomènes, d’Esdras, de Néhémias et des Machabées.

    La Genèse, dont le nom signifie naissance, contient l’histoire de la création, de l’origine et de la chute de l’homme, des peuples qui ont précédé le déluge, des patriarches qui l’ont suivi, jusqu’à l’établissement de la famille de Jacob en Égypte (1706).

    L’Exode, mot grec qui signifie sortie, est consacré au récit de la servitude des Hébreux sous les Pharaons; de leur délivrance miraculeuse, de leur séjour dans le désert, jusqu’à la construction du tabernacle: ces deux livres sont de Moïse.

    Le troisième, intitulé Josué, est regardé comme l’ouvrage de ce grand capitaine. Il contient, dans un espace de dix-sept ans, le récit de ses victoires, de la conquête et du partage de la Terre promise.

    Après Josué, treize magistrats, connus sous le nom de Juges, gouvernèrent le peuple d’Israël. Leur histoire est contenue dans l’ouvrage qui porte leur nom. Elle comprend trois cent dix-huit années, commence à la mort de Josué, et finit à l’époque où Samuel prit les rênes du gouvernement, comme juge.

    L’histoire des Rois, partagée en quatre livres, est celle des souverains qui ont régné sur les deux empires de Juda et d’Israël pendant cinq cent quatre-vingt-treize ans. On regarde les prophètes Samuel, Nathan et Gad, comme les auteurs des deux premiers livres. On ignore quels sont les auteurs des deux seconds.

    On appelle Paralipomènes (faits omis) une sorte de supplément à l’histoire des Rois. C’est, en effet, un recueil des divers événements tirés des notes tenues par ordre des rois. Cet ouvrage se divise en deux parties. Mais les Israélites les réunissent en une seule, sous le nom d’Annales. Saint Jérôme les nomme Chroniques.

    Esdras et Néhémias ont écrit l’histoire du retour de captivité de Babylone. Leur travail n’est connu que sous le nom de premier et second livre d’Esdras.

    Enfin, les livres des Machabées sont consacrés au récit des actions héroïques qui signalèrent les chefs du peuple de Dieu, sous le gouvernement des successeurs d’Alexandre le Grand. C’est un morceau d’un haut intérêt. L’auteur du premier livre est un Hébreu, dont on ignore le nom; l’auteur du second, un Grec, nommé Hiéron.

    Rien n’est plus connu que les histoires particulières renfermées dans le corps des saintes Écritures. Qui n’a point entendu parler de l’églogue touchante de Ruth, de l’intrépidité de Judith, de la douceur d’Esther? Ces ouvrages sont autant d’épisodes qui se rapportent à l’histoire générale des Israélites, et en sont les plus beaux monuments.

    Les livres de législation sont: le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Les livres de morale sont: la Sagesse, les Proverbes, l’Ecclésiaste et l’Ecclésiastique; leurs auteurs s’élèvent souvent à toutes les hauteurs d’une éloquence inspirée.

    Les livres prophétiques sont remarquables sous le rapport des beautés littéraires qui les placent au plus haut degré dans les productions du génie; mais ce n’est pas pour frapper les Juifs par la puissance de l’éloquence et de la poésie, que les prophètes étaient inspirés. Ils avaient, dans les décrets de Dieu, une destination bien plus digne de leur origine; c’était de leur bouche que devaient sortir les oracles qui annonçaient la nouvelle alliance du ciel et de la terre, et les prophètes sont encore la preuve la plus positive de la vérité de la religion chrétienne.

    Les prophètes sont au nombre cle dix-sept; les grands prophètes sont: Isaïe, le plus sublime de tous; Jérémie, le plus tendre; Ézéchiel, le plus énergique; Daniel, le plus élégant, et Baruch, souvent l’égal d’Isaïe pour l’élévation des idées et la noblesse du style.

    Les plus considérables des douze petits prophètes sont: Osée, Joël, Amos, Zacharie et Malachie; nous ne possédons que peu de chose d’Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie et Aggée.

    Les autres morceaux de poésie épars dans le corps des Écritures saintes sont des apologues pleins, d’intérêt et de justesse, des chants d’admiration et de reconnaissance pour les bienfaits de Dieu, et des élégies sur des malheurs publics ou particuliers: on y trouve des morceaux d’éloquence de la plus riche composition.

    Quelque nombreux que soient nos livres saints de haute antiquité, nous sommes loin néanmoins de posséder toutes les richesses de la littérature des Hébreux. Les malheurs qu’ils ont éprouvés leur en ont fait perdre plusieurs, et les livres des Rois nous renvoient souvent à des Chroniques qui ne sont point parvenues jusqu’à nous. Salomon seul avait écrit un nombre considérable de paraboles et de cantiques, et son exemple avait excité une grande émulation.

    Nul peuple n’a plus de vénération pour ses livres que le peuple d’Israël. Ils sont l’objet de la plus haute estime et des recherches les plus profondes de ses docteurs. Outre la loi écrite, ce peuple reconnaît encore une loi orale qu’il fait remonter à Dieu même, et qu’il croit transmise de bouche en bouche, depuis Moïse, jusqu’aux temps les plus reculés. Les savants ont recueilli ces traditions sous le nom de Talmud; elles sont presque aussi respectées que la Bible elle-même.

    On en distingue deux, celui de Jérusalem et celui de Babylone. Le Talmud de Jérusalem est le plus ancien, celui de Babylone le plus suivi: ils sont l’un et l’autre composés de deux parties que les Juifs nomment la Misna et la Gemare. La Misna est le texte, la Gemare le commentaire. Le texte du Talmud de Jérusalem est le plus sûr: il remonte jusqu’à l’an 500 de Jésus-Christ. Le Talmud de Babylone a été composé en Mésopotamie au cinquième siècle: c’est l’ouvrage qu’étudient particulièrement les Israélites qui aspirent au titre de savants. Il est rempli d’une foule de recherches et de dissertations, dont les unes sont excellentes, les autres frivoles, puériles, et fondées sur des traditions ridicules et fabuleuses. Ce sont ces jeux d’une imagination errante que l’on connaît sous le nom de cabale, du mot hébreu kabbalah (science de tradition). Si l’on en croit quelques rabbins, ces livres recèlent une foule de combinaisons, de sens cachés et de mots mystérieux, au moyen desquels ils prétendent converser avec les anges, chasser les démons, découvrir l’avenir et les choses cachées; rêveries que repoussent, même parmi eux, les hommes judicieux et éclairés. Le docte juif Maïmonide a fait de ces livres un extrait d’où il a écarté tout ce qui lui a paru indigne de la majesté des Écritures. C’est un ouvrage très-estimable.

    Outre le recueil des traditions orales, les Israélites possèdent des versions de la Bible et des paraphrases qui sont souvent d’une grande utilité pour l’interprétation des livres saints. Ces ouvrages sont connus chez eux sous le nom de Targum.

    Lorsque le peuple de Dieu, après sa longue captivité, retourna à Jérusalem (en 536), la plupart des Israélites qui étaient nés à Babylone avaient presque oublié leur langue maternelle. Esdras (452) ne put lire en public les livres saints, sans les faire traduire oralement en langue chaldaïque à mesure qu’il parlait. Il s’établit alors des interprètes qui facilitaient au peuple l’intelligence des livres saints. Bientôt on sentit l’avantage d’écrire ces traductions, on en recueillit huit, dont les principales sont celles d’Onkelos (rabbin), de Joathan et de Jérusalem. Le Targum d’Onkelos est une traduction fidèle et littérale des cinq livres de Moïse, connus sous le nom de Pentateuque. C’est l’ouvrage d’un savant très-versé dans la langue, la religion et les mœurs des Israélites.

    La version de Joathan est écrite avec une grande pureté, mais elle est moins exacte; c’est plutôt une paraphrase qu’une traduction. Elle comprend le Pentateuque et les livres des Prophètes.

    Les autres ouvrages de ce genre sont beaucoup moins estimés, mais ils peuvent servir encore à l’explication des passages difficiles de l’Écriture. Le savant Buxtorf les a réunis tous dans la grande Bible hébraïque qu’il a publiée à Bâle en 1620. On fait remonter à l’an 44 de Jésus-Christ le Targum d’Onkelos.

    Lorsque les Juifs, en passant sous le joug des Grecs, furent plus connus; lorsqu’ils commencèrent à se mêler parmi les autres nations, leurs livres devinrent un objet de curiosité et d’intérêt pour les savants. Ptolémée Philadelphe, en Égypte (en 277), s’adressa au grand prêtre Éléazar, qui lui envoya des interprètes très-versés dans les deux langues. Quelques historiens, et entre autres Aristée, plus amis du merveilleux que de la vérité, ont écrit que ces interprètes, au nombre de soixante-douze, furent enfermés dans des cellules séparées, saris aucune communication entre eux; qu’ils travaillèrent soixante-douze jours; que le soixante-treizième, ils présentèrent chacun leur travail, et que ce travail se trouva tellement semblable, qu’on ne put y remarquer un seul mot de différence. Saint Jérôme a contesté avec raison ces récits fabuleux. Tout ce qu’on peut dire à ce sujet, c’est qu’en effet on traduisit les livres saints pour la bibliothèque d’Alexandrie, et que cette traduction ayant été soumise à l’examen de soixante-dix docteurs, elle obtint leur approbation, et fut publiée sous le nom de Version des Septante. On n’est pas sûr que tous les livres de l’Écriture aient été compris dans cette traduction célèbre; quelques savants pensent qu’on ne traduisit que les cinq livres de Moïse. Si cette opinion est fondée, il est à présumer que les autres parties ont trouvé aussi des interprètes habiles et fidèles, car la Version des Septante a toujours joui d’une haute considération. C’est sur ce texte qu’ont été faites les plus anciennes traductions latines.

    Dans les premiers siècles de l’Église, le nombre en était infini; la faveur des fidèles les multipliait avec plus de zèle que de discernement. Il en était une, cependant, à laquelle on accordait une juste préférence. Elle était connue sous le nom d’Italique, de Vulgate ou d’Antique. Saint Jérôme conçut l’heureuse pensée d’en donner une nouvelle édition sur le texte hébreu. Il se livra à

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