Les artistes normands au Salon (1865)
Par Alfred Darcel
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Aperçu du livre
Les artistes normands au Salon (1865) - Alfred Darcel
Alfred Darcel
Les artistes normands au Salon (1865)
EAN 8596547432265
DigiCat, 2022
Contact: DigiCat@okpublishing.info
Table des matières
Peinture.
Les Dessins.
La Sculpture.
Architecture.
Gravure et Lithographie.
BEAUX-ARTS
LES ARTISTES NORMANDS
AU
SALON DE1865
PAR
ALFRED DARCEL
ROUEN
IMPRIMÉ PAR D. BRIÈRE ET FILS
RUE SAINT-LO, No7
1865
Peinture.
Table des matières
Dans ces revues annuelles que chaque sa Ion nous fait. écrire, nous rencontrons souvent les mêmes artistes avec des œuvres qui n’indiquent ni progrès, ni efforts chez leurs auteurs. On n’y apprend rien de nouveau sur d’honnêtes talents qui semblent se dérober ainsi à la critique. Nous nous comporterons envers eux comme ils semblent désirer qu’on le fasse, nous contentant de mentionner leurs noms et leurs œuvres. Personne ne sera ainsi fatigué par des redites inutiles: ni les artistes, qui ne verraient dans nos critiques les mieux fondées qu’un obstacle à l’écoulement de leurs produits, ni le public, qui doit aujourd’hui en savoir autant que nous sur l’impuissance de leurs auteurs, ni nous enfin, qui n’aurons point de nouvelles formules à chercher pour constater toujours les mêmes banalités.
Quant aux artistes qui cherchent encore leur voie au risque de s’égarer, ou qui marchent d’un pas ferme dans celle qu’ils se sont tracée, nous les étudierons avec tout le soin qu’ils nous semblent mériter. La longue attention que nous leur accorderons sera une preuve de l’intérêt qui, à nos yeux, leur est dû, quand même la critique ne devrait pas leur être épargnée.
Le premier artiste que les hasards de l’ordre alphabétique amènent devant nous, M.A. Aillaud, de Rouen, sera précisément de ces derniers.
Le tableau militaire de notre compatriote intitulé Encore deux Minutes! représente l’instant solennel qui précède l’assaut général de Sébastopol. Au fond s’élève, à une centaine de mètres, le saillant démantelé de Malakoff, dont notre artillerie a fait taire les batteries. Tout se tait, comme dans l’attente d’un grand événement. En avant, protégé par l’épaulement de la tranchée, se tient debout, appuyé sur son épée, celui qui n’est encore que le général de Mac Mahon, et qui, après avoir été le héros de Malakoff, sera le vainqueur de Magenta. A côté de lui, le colonel Lebrun, penché sur sa montre, réglée le matin à l’état-major général, compte une à une et a haute voix les dernières minutes qui précèdent midi.
Lorsque les deux aiguilles que l’impatience trouve si lentes à se rejoindre se confondront en une même ligne sur le cadran, de cette tranchée qui est la devant nous, comme de tous les points du cercle de travaux tortueux qui enceignent Sébastopol de leurs replis invisibles, s’élanceront les soldats de la France, concentrant leurs efforts, divisant la défense, et surmontant enfin tout obstacle.
Ce qu’il s’agissait d’exprimer dans cette scène, c’était l’attente anxieuse; pas encore l’action, mais l’attitude qui la précède en l’indiquant.
M.A. Aillaud y a en grande partie réussi. Les zouaves sont groupés autour du général de Mac-Mahon et de son état-major, l’œil tourné vers leur chef.
Ceux qui sont placés contre l’épaulement de la tranchée se tiennent debout, et, tout prêts à l’escalade, ont saisi d’une main les montants des gabions et posé un pied dans les interstices des clayonnages. Les autres, plus ou moins incinés vers le sol pour se dérober à l’ennemi, à mesure qu’ils sont plus éloignés de l’épaulement et qu’ils garnissent la gorge de la tranchée ouverte sur les premiers plans, ont pris les poses qui les laissaient le plus maîtres de leurs mouvements. Dins leur attitude courbée on de vine le ressort qui va se distendre et bondir.
Ce sont de vieilles troupes aguerries; mais il y a des sanguins qu’il faut calmer, des impatiens qu’il faut retenir, et, de la main, les officiels abaissent les têtes qui se relèvent, retiennent les corpsqui vont s’élancer.
La scène est bien comprise, ses acteurs sont bien groupés, et l’action qui se prépare se devine à merveille.
Le dessein est très suffisant, facile plutôt que savant; mais c’est la couleur qui, par sa dureté, nuit à l’ensemble de cette toile.
Peut être quelques journées eussent elles encore été nécessaires à M.A. Aillaud pour atténuer par places les duretés de son pinceau, pour répandre sur tous ces visages trop nettement accentués quelques glacis qui eussent fondu leur tonalité dans une harmonie générale.
En résumé, la couleur manque de charme, si le pinceau a acquis plus de précision, et c’est à retrouver cette couleur, qui enveloppait si bien certains groupes de ses tableaux exposées en1863, que M. Alphonse Aillaud doit tourner aujourd’hui une partie de ses efforts. La succès qui accueille ses compositions si bien ordonnées n’en sera que plus grand.
M.A. de Balleroy possède deux manières différentes de traiter la