Joué par des acteurs, un vieux couple bourgeois se défait, autrefois Elena et Malcolm, les tourtereaux de La Dame du lac. Ils se mêlent ensuite à leurs doubles, dans un manoir écossais décrépit que les herbes envahissent, revivant un passé effondré. Un passé auquel ne croit pas Damiano Michieletto : c’est du roi, fou amoureux d’elle, qu’elle était apparemment éprise, pas de Malcolm. Le lieto fine sonne faux. Et Elena est victime d’une double violence, celle d’un promis qu’elle n’aimait pas et d’un père qui voulait le lui imposer : foin du seria figé ! On pense à Tcherniakov, mais Michieletto n’a pas son talent de direction d’acteur, qu’on attendrait plus constamment tendue. Pourtant, la production se tient, grâce aussi au beau décor de Paolo Fantin et aux lumières crépusculaires d’Alessandro Carletti… et, surtout, à des interprètes de haut vol.
Pouvait-on, en 2016, réunir à Pesaro meilleure distribution ? Salome Jicia, un an auparavant, était Comtesse de traditionnellement organisé par l’Académie du festival. La voici Elena incandescente, technicienne aguerrie, styliste accomplie, n’ayant rien à craindre du périlleux rondo final. Une partenaire de choix pour Juan Diego Florez, cantabile satiné et colorature hardie, le meilleur roi d’Ecosse qu’on puisse rêver.