À propos de ce livre électronique
Ces personnages singuliers cultiveront des rapports intenses – et des secrets – parfois compliqués et chargés de romance. Lequel des participants réussira à séduire les juges… et près de deux millions de téléspectateurs ?
Une histoire où quatre destins s'entrecroiseront, les sentiments, les rêves et les amours de chacun formant une mélodie qui résonnera dans notre tête longtemps.
A propos des auteures :
Mélanie Beaubien et Julie Normandin sont toutes deux passionnées de psychologie et d'émissions de téléréalité. Fortes du succès de la trilogie Confessions d'une célibataire, elles continuent ici l'aventure de l'écriture à quatre mains.
Autres titres de la série L' AMOUR EN COULISSES T.1 ( 2 )
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Avis sur L' AMOUR EN COULISSES T.1
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Aperçu du livre
L' AMOUR EN COULISSES T.1 - Julie Normandin
Des mêmes auteures
Mélanie Beaubien :
Intensité recherchée, Éditions AdA, 2011
Julie Normandin :
Ma revanche sur Cendrillon, Éditions Québec-Livres, 2013
Mélanie Beaubien et Julie Normandin :
Confessions d’une célibataire, Les Éditeurs réunis, 2014
Confessions d’une célibataire… incorrigible, Les Éditeurs réunis, 2014
Confessions d’une célibataire… repentie, Les Éditeurs réunis, 2014
À Nana…
Julie Y
À Nous…
Mélanie Y
Partie 1
Chapitre 1
L’audition
Branle-bas de combat au Théâtre Saint-Denis, rue Sainte-Catherine, en plein cœur de Montréal. Le tapis rouge a été déroulé, journalistes et photographes couvrent l’événement. Alors que le thermomètre affiche moins 22 degrés Celsius en ce mois de janvier, l’atmosphère est des plus électrisantes et des plus chaudes à l’intérieur.
— Cette salle, la plus grande au Canada, compte 3 000 places qui ont été rapidement comblées. Cette soirée d’auditions s’avérera grandiose, puisqu’elle accueillera les 60 candidats retenus parmi les milliers de chanteurs qui ont tenté leur chance pour participer à cette nouvelle téléréalité tant attendue. Le jury est composé du chanteur Michel Deschamps, qui produit des hits aussi aisément qu’il épluche une banane. Il roule sa bosse depuis plus de vingt ans et est apprécié autant par les jeunes que les moins jeunes. Il revient d’une tournée en Europe, et le public québécois s’est réjoui à l’annonce de sa nomination au sein du jury. La sortie de son nouvel album coïncidera avec la finale de l’émission. La jeune auteure-compositrice-interprète Marianne décidera également du sort des candidats. Personnalité aimée pour son authenticité et sa voix chaude, le public la suit depuis sa tendre enfance alors qu’elle tenait un rôle dans la célèbre émission, Chambres en campagne. La toujours aussi tranchante réalisatrice Lise Lapointe, estimée pour son franc-parler, mais détestée pour son air antipathique, sera aussi membre du jury. Les producteurs souhaitent qu’elle mette du piquant dans ce nouveau concept télévisuel.
— À quoi peut-on s’attendre ce soir ? demande un journaliste.
— Ce soir, et lors des deux émissions qui suivront, chacun des trois coachs devra choisir 10 participants qui composeront son équipe pour la saison parmi les 60 chanteurs présélectionnés. Pour faire partie d’une équipe, les candidats se présenteront sur scène pour interpréter une chanson de leur choix. Les 30 candidats retenus s’affronteront ensuite deux par deux jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que six. Ces élus auront la chance de vivre une semaine de formation à Los Angeles avec les plus grands de la chanson. À leur retour au Québec, ils offriront une nouvelle prestation où les juges et le public québécois auront le dernier mot pour déterminer le grand gagnant ou la grande gagnante.
— Et quel but vise cette aventure télévisuelle ?
— Le but ultime de cette création, qui deviendra l’émission aux cotes d’écoute les plus élevées du dimanche soir, vise à remettre une bourse d’une valeur de 100 000 $ à l’aspirant ou à l’aspirante future vedette de la chanson.
— Et vous, monsieur Larichesse, en quoi consiste votre rôle ? réclame une journaliste, indubitablement sous le charme de l’animateur le plus en vogue du Québec.
— En fait, on m’a proposé d’accompagner les candidats. En gros, je vais être payé pour m’amuser avec eux et leur famille. Méchant beau trip !
La journaliste rougit lorsque Carl la regarde dans les yeux. Ce célibataire de 29 ans fait tourner toutes les têtes. Mesurant 5 pieds 11 pouces, ce brun ténébreux est reconnu comme un sex-symbol québécois, ce à quoi il répond avec un clin d’œil : « J’ai juste une bonne génétique ». La séduction est ancrée dans ses gènes et il s’en sert à tout moment.
— Pouvez-vous nous révéler un petit quelque chose ? insiste la journaliste, timidement.
— Pas vraiment. Il faudra patienter. Les producteurs sont très secrets, on me réserve des surprises même à moi.
— Je comprends ! Je vous remercie, monsieur Larichesse. Bonne saison !
Quelques minutes plus tard, Carl la rejoint à travers la foule et lui glisse à l’oreille :
— Si ça te dit, je serai au bar de l’hôtel après la conférence de presse.
HHH
Dans la salle du Théâtre Saint-Denis, les 60 candidats patientent et tentent de dominer l’adrénaline qui monte. Parmi eux, Sofie Jutras, une blonde élancée au look de star, se fait remarquer en grimpant sur une table. Elle improvise une chanson et invite les aspirants chanteurs à se joindre à son réchauffement vocal. On se croirait dans le film Coyote Ugly, le bar et les soutiens-gorges en moins. Elle tape du pied et frappe des mains, ce qui encourage les autres à oublier leur trac. Vincent, un jeune homme aux longs cheveux brun foncé, vêtu d’un jeans noir et d’une chemise à carreaux, se hisse à son tour sur la table et accompagne Sofie à la guitare.
À l’autre bout de la salle, une candidate prénommée Camille préfère rester seule pour garder sa concentration. Sa chevelure châtain frisée dissimule ses oreilles délicates, dans lesquelles elle a inséré deux bouchons jaunes.
Chapitre 2
Camille
Voilà une nouvelle session universitaire qui commence. Comme chaque rentrée, je pars tôt le matin, alors que la rosée tapisse encore l’herbe touffue des parterres. J’enfourche ma bicyclette et je roule en direction de l’université, malgré l’air frisquet de l’automne qui s’annonce. Des papillons s’agitent dans mon estomac. Chaque année, je revis mon enfance : j’achète de nouveaux crayons et de nouveaux cahiers, et je classe tout. Un pur bonheur. J’avais hâte de recevoir le nouvel agenda pour y inscrire mon horaire. J’ai aussi modifié les photos de voyage qui ornent mon bureau. J’ai traversé la Gaspésie avec mes parents cet été et j’ai réalisé des clichés époustouflants. D’accord, c’était loin d’être le voyage d’une vie, moi qui rêve plutôt de l’Italie et du Portugal, mais ce périple en famille a fait le bonheur de mes parents. Ils peinent à me voir prendre mon envol, même à 28 ans. C’est probablement ça, être enfant unique.
Avant mon premier cours, pour m’imprégner de l’atmosphère de la classe, j’arrive au moins une heure à l’avance. Je replace les bureaux et les chaises, et prépare les diapositives. J’ouvre les fenêtres pour aérer le local.
— Eh bien ! Je me doutais que, si une classe devait être ouverte à cette heure, ce serait bien la tienne, Camille, souffle Élisabeth.
Élisabeth, une enseignante d’expérience, est mon mentor et ma directrice de thèse. Elle supervise mon projet de doctorat qui s’intitule : L’interprétation au piano à travers la musique baroque française. Un titre épouvantable, au dire de ma meilleure amie et de mon chum. Il est vrai que, pour des adeptes de punk rock, mon sujet peut sembler beige.
Cette session-ci, la liste de ma nouvelle cohorte compte 28 futurs passionnés, je l’espère, de musique classique. Depuis près de trois ans, je suis membre du personnel enseignant de l’Université de Montréal. Un rêve que je chérissais depuis longtemps. J’avais hâte d’enseigner, d’écrire au tableau et de corriger des examens. Je ne donne qu’un seul cours, trop occupée pour l’instant à rédiger le dernier chapitre de ma thèse.
Pendant que j’attends impatiemment l’arrivée des étudiants, j’en profite pour inscrire mes coordonnées au tableau, avec ma plus belle écriture. Au même moment, mon téléphone vibre sur le bureau de bois qui m’est destiné. Ah zut ! J’ai oublié de l’éteindre. Avant chaque cours, je demande aux étudiants de ranger leur cellulaire. Je devrais moi-même leur donner l’exemple. C’est Fabrice qui m’envoie un texto pour me souhaiter une bonne rentrée.
Fabrice partage ma vie depuis neuf ans. Nous nous sommes rencontrés dans notre cours de français 101. Nous habitions tous les deux sur la Rive-Sud et dans le même quartier, sans le savoir. J’étudiais en musique et Fabrice en informatique, un domaine qui m’échappait complètement à l’époque, et qui m’échappe toujours aujourd’hui. Quand j’ai besoin de brancher mon ordinateur dans la salle de cours, j’hésite encore entre le fil noir et le fil gris.
Pendant que je cherche la prise de courant, un premier étudiant entre dans la classe. Je le salue et, absorbée par ma tâche, je souris légèrement parce qu’il me fait penser à moi pendant que j’étais aux études. J’étais constamment la première arrivée. Je m’assurais d’avoir la meilleure place en avant, pour bien voir au tableau et pour ne rien manquer. À l’époque, les professeurs se servaient surtout du tableau. Ce jeune adulte s’avérera probablement un des meilleurs étudiants de ma classe, un élève assidu, tout comme moi. Vu son air, je suis certaine qu’il a raflé la Médaille du Gouverneur général au secondaire et qu’il est sorti du cégep avec une cote R de 32 et des bourses plein les poches. Il n’en est peut-être rien, ce ne sont que des stéréotypes. En fait, deux types d’étudiants peuvent assister à un premier cours :
1. Celui qui est inquiet, anxieux, qui craint de ne pas trouver le local, de ne pas avoir de stationnement ou d’être en retard. Celui qui a peur de se tromper de local et qui pénètre, malgré tout, dans la mauvaise classe. Il se demande alors : « Est-ce que je sors devant tout le monde en montrant que j’ai l’air d’un perdu ou est-ce que je reste jusqu’à la pause pour éviter de rougir comme une tomate ? Est-ce que je manque le début de mon premier cours ou est-ce que je reste au risque de me taper une matière non prévue à mon horaire ? »
2. Celui qui fait un retour aux études, HYPER motivé, il sait ENFIN pourquoi il se trouve sur les bancs de l’école. Il a hâte que le cours commence.
Ce second type d’étudiant sera assurément déçu de mon premier cours, car je ne fais que présenter le plan pour la session, transmettre mes coordonnées et préciser quelques détails sur les travaux à faire. C’est pourquoi il restera quelques minutes de plus à la fin du cours pour me parler de son parcours professionnel et de sa vie personnelle. Pourquoi à moi de préférence aux étudiants de première année ? Probablement parce que je corresponds davantage à son profil qu’au leur.
Tous les autres semblent s’être passé le mot pour surgir en même temps. Quelques retardataires poussent la porte du local au moment où j’allais la fermer. Mon cœur bat la chamade. Je prends quelques gorgées d’eau et souris à mon groupe. La nervosité s’intensifie à mesure que les étudiants s’installent. Je respire longuement, puis entame le premier cours d’histoire de la musique de l’automne 2014.
Chapitre 3
Sofie
À peine sortie de la douche, je revêts un peignoir et vais de ce pas vérifier ma boîte aux lettres pour la quatrième fois de la journée. Je sais, ça fait vraiment 1999 d’attendre une lettre, mais ils m’ont dit que je recevrais une réponse par la poste d’ici vendredi. Nous sommes jeudi, et toujours rien. En début de semaine, j’ai dépoussiéré la boîte aux lettres et j’ai retiré toutes les circulaires accumulées depuis des semaines pour que le facteur puisse y déposer l’enveloppe tant espérée. J’ai informé Amélie, ma colocataire que je connais depuis à peine une semaine, que, si elle mettait la main sur mon courrier avant moi, elle devait me contacter sur-le-champ.
J’ai rencontré Amélie par l’entremise de mes patrons au restaurant. Il s’agit d’une de leurs nièces qui étudie au collège en commercialisation de la mode. Elle cherchait un pied-à-terre à Montréal, et moi, j’avais besoin d’un peu d’argent. Elle est mignonne et un peu naïve, mais ne le sommes-nous pas toutes à 18 ans ? Elle souhaite conquérir le monde. Elle me fait penser à moi quand j’avais 16 ans et que j’imaginais déjà ma carrière internationale. Je croyais pouvoir devenir la prochaine Céline Dion en claquant des doigts. Dix ans plus tard, j’en suis encore à devoir me vendre pour prouver mon talent. Mon objectif est toutefois resté identique : je veux être et je serai une star de la chanson !
La boîte aux lettres est vide. Je resserre mon peignoir, car septembre est de retour et, comme dirait ma mère, le fond de l’air est frais. Je retourne dans l’appartement en courant et je peaufine ma coiffure. J’habite dans le quartier Hochelaga depuis deux ans et je vis dans un superbe loft qui me coûte la peau des fesses, avec murs de briques, planchers de béton et un escalier en colimaçon. Ma chambre est aménagée sur la mezzanine, et celle d’Amélie se trouve dans le salon. Je rêvais de vivre dans ce genre d’endroit. Il ne manque qu’un studio d’enregistrement, mais ça, c’est un projet à venir.
Je lisse mes longs cheveux blonds et vaporise un produit parfumé pour les protéger de la chaleur du fer plat. Je trace une ligne au crayon noir pour souligner le brun de mes yeux et ajoute un peu de brillant à lèvres pour accentuer mon sourire. Lorsqu’on travaille avec le public, en particulier dans la restauration, le sourire, c’est payant. On me dit assez jolie, et je dois avouer que je ne suis pas en désaccord avec cette affirmation. Pas que je sois vantarde, mais je suis capable de reconnaître ce que je vaux et ce que je suis. Une fois mon look terminé, ma blouse blanche ajustée et mon pantalon noir enfilé, j’empoigne mon sac à main et m’empresse d’attraper le métro.
Chapitre 4
Camille
— Donc, j’ai décidé de revenir aux études, non pas parce que j’étais malheureuse dans mon emploi précédent, mais parce que le salaire n’était pas satisfaisant. C’est sûr que devoir tout recommencer à 32 ans, ce n’est pas facile. Je veux dire, les autres étudiants font la fête, rentrent tard, tandis que moi, j’ai des obligations familiales. C’est d’ailleurs pour ça que je viens vous parler. Je sais que vous ne voulez pas que nous ayons un cellulaire en classe, mais moi, avec la garderie, je n’ai pas le choix. Ma petite a seulement deux ans et, comme mon conjoint travaille à l’extérieur, c’est moi qu’on appelle en cas d’urgence. En tout cas, dans mon temps, les livres ne coûtaient pas aussi cher, je n’en reviens pas. J’espère qu’on va utiliser tout ce qu’on nous fait acheter… Justement, je voulais vous demander : croyez-vous que si j’ai l’édition précédente du livre obligatoire, ça peut quand même faire l’affaire ?
Je n’ose interrompre le flot de paroles de cette étudiante. Je tente de demeurer en mode écoute, voyant bien qu’elle désire des encouragements. Sauf que j’ai une réunion dans quelques minutes avec Élisabeth au sujet de ma rédaction de thèse. C’est donc poliment que je range mes affaires dans mon sac, essuie le tableau, tout en l’écoutant m’étaler sa vie de famille.
— Ça doit être mon retour aux études qui perturbe ma fille. Pauvre chouette, ce n’est pas facile les changements à cet âge-là.
Malgré mon malaise et son manque d’interprétation de mon langage non verbal, je l’interromps timidement :
— Je suis désolée, je voudrais bien discuter avec vous, mais j’ai une rencontre très importante dans quelques minutes.
Bien qu’elle ait compris que je devais la quitter, elle poursuit ses explications jusqu’à la porte de mon bureau. Par bonheur, Élisabeth m’y attend, ce qui précise à mon étudiante qu’elle doit cesser son monologue et accepter de partir.
Plus tard dans la journée, je me rends au Café de la Grange pour donner un coup de main au gérant, Martin de son nom, qui est aussi un ami. J’ai travaillé pour lui tout au long de mes études. J’ai raccroché mon tablier depuis peu, mais je le dépanne volontiers de temps en temps. À vrai dire, je ne peux m’empêcher de revenir ici. J’aime l’atmosphère qui y règne, l’odeur du café fraîchement moulu et, bien entendu, le grand piano. J’ai pris l’habitude, à la fermeture du café, de profiter du majestueux instrument. Martin m’offre souvent un café et m’écoute jouer en compagnie de Steve, son amoureux. Mes premiers et seuls admirateurs, à part Fabrice, bien sûr.
— Allô mon petit chat ! T’arrives à point, notre nouvelle barista vient de nous lâcher. J’ai absolument besoin de toi.
Je regarde Steve, espérant qu’il voie mes yeux fatigués et saisisse que je venais davantage pour relaxer que pour travailler.
— Je t’offre un morceau de gâteau aux carottes après le travail, promis juré, ajoute-t-il, en battant des cils et en me pointant l’épaisse couche de glaçage au fromage qui recouvre le dessert.
Steve représente le gai typique. Cheveux coupés à la dernière mode, entraînement en salle plusieurs fois par semaine, corps d’Adonis et une tonne d’amies. Il prend soin de sa peau et passe plus de temps que moi devant le miroir. Presque tout le contraire de son amoureux.
Chaque semaine, Martin est inondé de numéros de téléphone de filles. Il les attire comme le miel attire les abeilles. Steve, lui, les filles l’appellent pour aller magasiner et pour recevoir des conseils à propos de la mode. Martin est bien vêtu, mais il se moque pas mal d’avoir un bouton sur le visage ou un pli sur sa chemise. Son homosexualité ne se remarque pas au premier regard. Ce n’est pas péjoratif, c’est simplement que la majorité des gais que je connais sont tous efféminés.
Quand j’ai commencé à travailler au café, j’ai cru pendant quelques semaines que Martin avait un œil sur moi. J’étais si troublée qu’un soir, je suis restée après mon quart de travail pour éclaircir la situation :
— Je me sens très gênée de vous dire ça…
— Tu peux me tutoyer, Camille. Tu es notre barista la plus compétente…
C’est ce genre de réplique qui me laissait croire à un jeu de séduction.
— Martin, c’est sérieux, je dois vraiment te parler, avais-je dit en me forçant pour le tutoyer. J’ai un chum.
Il était resté sans mot. Il me fixait et attendait visiblement la suite. J’avais alors senti le besoin d’être très claire, même si j’avais un immense point dans l’estomac à l’idée de devoir éclaircir davantage la situation. C’était quand même gênant, il s’agissait de mon patron ! Je n’étais (et ne suis toujours pas) une habituée du regard masculin posé sur moi. Parfois, Cathou, ma meilleure amie, me lance :
— Tu aurais pu lui sourire, il te regardait.
Je ne vois jamais rien. Je me dis qu’elle doit exagérer et veiller sur mon estime personnelle.
Pour revenir à Martin, voici ce que je lui avais dit en prenant mon courage à deux mains :
— Depuis que je travaille ici, j’ai l’impression que tu veux plus et ça me rend mal à l’aise.
J’étais rouge comme une tomate de jardin trop mûre, un homard bien cuit, une pomme à l’automne. Il m’avait vue venir et s’amusait à me laisser chercher mes mots, à m’emmêler dans mon malaise.
— Par exemple, l’autre soir quand tu es venu t’asseoir près de moi au piano et que tu m’as lancé plusieurs compliments… ou que tu as accepté de changer mon quart de travail sans me demander la raison… ou que…
Après plusieurs secondes de supplice, il avait fini par éclater de rire, sans méchanceté, et m’avait montré une photo de Steve et lui en train de s’enlacer et de s’embrasser.
Je m’étais confondue en excuses ; non, je m’étais plutôt étendue sur le plancher, le visage contre terre, me justifiant (j’exagère à peine). Mon sac dans
