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La ville du passé: « Qui a tué Britannicus ? »
La ville du passé: « Qui a tué Britannicus ? »
La ville du passé: « Qui a tué Britannicus ? »
Livre électronique217 pages2 heures

La ville du passé: « Qui a tué Britannicus ? »

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À propos de ce livre électronique

Marco travaille en tant que chercheur et conférencier au musée du Capitole, à Rome. Un jour, sa meilleure amie, Giulia, archéologue, l’informe d’une découverte intéressante : des ossements viennent d’être retrouvés, datant de l’Antiquité, accompagnés d’une bague en or, sur laquelle est gravée la lettre B. Marco ne peut s’empêcher, en découvrant cela, de penser à Britannicus, ce jeune prince romain, fils de l’empereur Claude et frère adoptif de Néron, dont la mort à l’âge de quatorze ans reste une énigme pour les historiens. Marco va alors être projeté au cœur d’un étonnant voyage qui le fera rencontrer les personnalités emblématiques de l’époque et qui pourra l’amener à modifier le cours de l’histoire.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Amélie Vonié débute l’écriture de La ville du passé « Qui a tué Britannicus ? » il y a six ans environ. Professeur de lettres classiques, elle est plus particulièrement intéressée par la période du règne de Néron, d’où l’idée d’écrire un roman qui permettrait de faire redécouvrir la Rome antique aux lecteurs.
LangueFrançais
Date de sortie4 févr. 2022
ISBN9791037746252
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    Aperçu du livre

    La ville du passé - Amélie Vonié

    Chapitre I

    Harassés par la chaleur étouffante qui régnait en cette période estivale sur la ville de Rome, les habitants demeuraient pour la plupart cloîtrés chez eux. Comme plongée dans une étuve, la ville bouillonnait et répandait tout autour d’elle une atmosphère absolument insoutenable. Les touristes courageux s’aventuraient au Colisée ou au Forum, ruisselant de sueur et cherchant avec avidité le moindre coin d’ombre où se réfugier. Ils étaient à la fois abasourdis par la splendeur des monuments et abattus par la violence de la chaleur. Il fallait souffrir pour pouvoir contempler ces vestiges antiques !

    Aux abords de la via del corso et de la piazza Venezia, les marchands de gelati se frottaient les mains devant l’appétit des touristes. Les marches de la place du Capitole grouillaient de monde et même la louve, avec à ses mamelles Romulus et Rémus, semblait pendre la langue, desséchée par la soif. Assis sur les marches, les touristes contemplaient au loin les ruines du théâtre de Marcellus, en dégustant avidement leur gelato et s’efforçaient d’éviter les faux gladiateurs déguisés, souvent des repris de justice, qui les accostaient sous prétexte de prendre une photo au tarif exorbitant.

    En haut des marches, avec une vue imprenable sur le Forum et l’arc de Septime Sévère, trônait le musée du Capitole qui regroupait une collection impressionnante de statues antiques, de mosaïques et de peintures. Dans ce musée, où la température était relativement plus fraîche, un homme venait de terminer sa matinée de travail. À la tête du département des Antiquités romaines, latiniste érudit et spécialiste de la période julio-claudienne, notamment de Néron, Marco venait de quitter un groupe de touristes à qui il avait longuement parlé de Néron, cet empereur d’une fascinante démence, qui avait fait assassiner sa propre mère, à qui il devait pourtant le trône. Tant d’histoires étaient racontées à propos de Néron et permettaient à Marco de tenir son public en haleine, très souvent réceptif à ce genre de sujets scandaleux et atroces. De plus, les touristes féminines ne restaient pas insensibles à la beauté de Marco, charmant trentenaire brun aux yeux verts.

    À la suite de brillantes études de littérature latine et d’histoire de l’art, et d’une thèse admirable consacrée au philosophe antique Sénèque, précepteur et conseiller de l’empereur Néron, Marco avait obtenu un poste de conférencier et de chercheur au musée du Capitole. Il occupait également la chaire de littérature latine à l’université de Rome. Néanmoins, cette prestigieuse carrière, qu’il avait embrassée à seulement trente ans, ne l’avait pas rendu orgueilleux. Ce qu’il aimait plus que tout, c’était parler de sa passion, l’Antiquité romaine, aux visiteurs du musée afin de leur faire connaître une culture qu’ils méconnaissaient souvent. Faire découvrir aux autres les auteurs latins et transmettre ainsi le patrimoine culturel antique était son plus grand bonheur. Si cela avait été possible de remonter le temps pour se projeter totalement dans ce monde romain, il l’aurait fait sans aucun doute.

    Cependant, une position si prestigieuse créait des émules, notamment en la personne de Francesco, collègue éminent de Marco, qui était en lice avec lui pour la direction du musée du Capitole. Il ne pourrait y avoir qu’un seul directeur et, si Marco lui jouait franc jeu, son rival Francesco ne reculait devant rien et parvenait aisément à corrompre les personnalités haut placées. Rien n’était fait pour le moment mais Marco savait qu’il avait peu de chance, à moins de faire une découverte majeure qui ferait pencher la balance de son côté.

    Marco avait tout sacrifié pour sa carrière et avait travaillé d’arrache-pied pour en arriver là, n’ayant personne avec qui partager sa vie. La seule femme qui comptait pour lui était sa meilleure amie Giulia, archéologue, qui partageait avec lui sa passion pour la littérature latine. Amis depuis l’enfance, ils avaient toujours été très proches, ce qui déplaisait fortement au mari de Giulia, d’un caractère exécrable, et qui n’était autre que Francesco, le collègue rival de Marco. Les deux hommes se fuyaient comme la peste mais Marco voyait très souvent son amie, qui faisait parfois appel à lui lors de certaines fouilles, ce qui rendait fou son mari.

    Ce jour-là, Marco, affamé, sortit du musée et, sur la place du Capitole la chaleur vint immédiatement le terrasser comme la foudre. Au même moment, une jeune femme blonde s’avança en trombe vers lui. Il s’agissait de Giulia, rouge et échevelée, qui peinait à reprendre son souffle. Marco était surpris de la voir arriver ainsi à l’improviste sur son lieu de travail. Il eut immédiatement peur qu’elle ne lui annonçât une mauvaise nouvelle.

    — Giulia, que fais-tu ici ? Que se passe-t-il ?

    L’inquiétude de Marco fut chassée par le large sourire qui éclaira le visage de son amie.

    — Marco, j’ai besoin de toi. Je crois que je viens de faire une découverte intéressante. Viens vite sur place.

    Giulia attrapa son ami par le bras pour le forcer à dévaler les escaliers du Capitole, évitant les touristes au passage, et Marco ne put réprimer un sourire amusé devant l’enthousiasme de Giulia, qui avait toujours été d’un caractère fougueux. Dans sa course, Marco se rappela subitement que son ventre criait famine.

    — Attends, je n’ai même pas déjeuné. Laisse-moi prendre quelque chose rapidement et je te suis.

    En se dirigeant vers la voiture de Giulia, le chercheur acheta un panino à un vendeur ambulant, au stand exposé en plein soleil et plus que douteux, mais il n’avait pas le temps de s’attarder au restaurant ou de trouver mieux, à en voir l’impatience de son amie.

    — C’est une découverte qui pourrait changer le cours de ta carrière ! dit-elle en démarrant en trombe, la ceinture de Marco à peine bouclée.

    — Vraiment ? fit ce dernier, quelque peu dubitatif. Ma carrière ? Et pourquoi n’en parles-tu pas d’abord à ton cher mari ?

    Giulia poussa un soupir exaspéré qui résumait bien la situation compliquée de leur amitié dont son mari était jaloux.

    — Une fille choisit toujours la lignée du père, cela ne te rappelle rien ? dit Giulia en lui adressant un clin d’œil.

    Marco lui répondit d’un sourire complice.

    — Si, l’histoire de la femme d’Intaphernès, roi de Perse, qui est racontée par Hérodote.

    — La femme d’Intaphernès avait été faite prisonnière par un roi ennemi, avec son fils, son époux et son frère. Le roi lui laissa le choix de sauver un seul des trois hommes. Et qui a-t-elle choisi ?

    — Son frère, répondit Marco, qui connaissait l’histoire par cœur. Car elle s’est dit que si son époux venait à mourir, elle pourrait en trouver un autre avec qui elle pourrait avoir d’autres enfants puisqu’elle était encore jeune. Mais étant donné que ses parents sont morts, il ne lui serait plus possible d’avoir un frère, c’est pourquoi elle a choisi de le sauver. Et tu sais, Marco, ajouta-t-elle avec un air attendri, que je te considère comme mon frère !

    Marco sentit son cœur se serrer. Savoir son amie malheureuse et ne pas pouvoir intervenir le désolait. Il s’en voulait de n’avoir pu empêcher les choses entre elle et Francesco. Les deux hommes avaient été dans la même promo à l’université et, lors d’un colloque où Marco avait convié Giulia, la jeune femme de cinq ans sa cadette, s’était immédiatement amouraché du bellâtre. Très vite, ils s’étaient mariés mais Francesco était devenu impossible à vivre, toujours d’une humeur détestable, tyrannique, écrasant de sa domination la pauvre Giulia qui n’osait rien faire. Par chance, se disait Marco, ils n’avaient pas d’enfants. Il espérait que Giulia retrouverait assez de lucidité pour divorcer.

    Le reste du trajet se passa dans le silence. Marco avala quelques bouchées de son panino, impatient de voir ce que Giulia lui réservait. Les thermes de Caracalla, majestueux, se dressèrent bientôt devant eux et, après s’être garés, Giulia et Marco s’engouffrèrent dans les ruines de ce qui avait été un haut lieu fréquenté par les Romains dans l’Antiquité, qui venaient pour se détendre dans les bains chauds, froids ou de vapeur mais aussi pour faire un peu d’exercice à la palestre. Les thermes grouillaient de monde à l’époque. Les femmes venaient y échanger quelques commérages et jauger les jeunes hommes parmi lesquels elles cherchaient un éventuel mari pour leur fille tandis que les hommes discouraient politique ou bien s’interrogeaient sur la couleur de la faction qui remporterait la course lors des prochains jeux.

    De ces thermes qui avaient été inaugurés en 217 apr. J.-C. par l’empereur Caracalla, il restait d’immenses murs de brique et des voûtes, qui autrefois étaient recouverts de marbre, ainsi que des mosaïques de formes géométriques ou représentant des animaux marins. Ce complexe de onze hectares comprenait aussi un jardin par lequel les Romains pouvaient accéder aux boutiques, aux restaurants, au stade et aux thermes. Les thermes s’organisaient en une enfilade de salles, qui commençait par le caldarium, le bassin d’eau chaude, le tepidarium, les eaux tièdes et le frigidarium, pour les bains froids, tandis que sur les côtés se trouvaient les vestiaires, les gymnases et le sudatorium, pour les bains de vapeur.

    En contemplant ces ruines grandioses, Marco sentit la chaleur lui asséner un violent coup sur le front. Il mangea une autre bouchée de son panino et suivit Giulia, qui s’élançait déjà vers une tente où des archéologues étaient réunis. Marco s’approcha, se demandant bien de quoi il s’agissait. Les archéologues étaient tous regroupés autour de ce qui semblait être des restes humains. Marco plissa les yeux, ébloui par le soleil, et distingua les os qui luisaient sous les rayons aveuglants.

    Giulia pressa ses collègues de s’écarter afin que son ami puisse mieux voir.

    — Regarde ce que nous avons trouvé, dit-elle emplie de fierté. Nous avons pu déjà analyser quelques ossements provenant de ce squelette et d’après nos estimations, il s’agit d’un jeune romain du 1er siècle apr. J.-C., dont la cause de la mort est incertaine. Sa cage thoracique est déformée, ce qui pourrait indiquer qu’il a été frappé mais aussi que la mort peut être due à un empoisonnement.

    Marco buvait les paroles de Giulia, n’en croyant pas ses yeux et ses oreilles. Il était tellement rare de découvrir des restes de cette période et une pensée sur l’identité probable de cet homme se forma immédiatement dans son esprit mais il se résolut à la chasser. C’était de la folie.

    — Et nous avons aussi trouvé ceci, ajouta Giulia.

    Elle tendit sa main devant Marco, l’ouvrit lentement pour révéler dans sa paume un anneau d’or qui brillait. Marco, fasciné, ne parvenait pas à détacher ses yeux de la bague, qui scintillait d’une telle lumière dans le soleil qu’elle semblait l’hypnotiser. Il prit l’anneau entre ses doigts, dont on avait dû ôter la poussière qui l’enveloppait puisqu’il put distinguer la lettre B qui y était gravée. Marco tressaillit car cela venait s’ajouter à l’idée de départ qu’il avait eue en voyant les ossements.

    Il regarda Giulia qui ajouta foi à sa théorie.

    — Il pourrait s’agir des restes de ce prince romain sur lequel tu travailles depuis des années.

    Elle souriait, ses yeux bleus étincelaient et le soleil ajoutait des reflets dorés dans ses cheveux blonds. Elle semblait ravie que l’effet de surprise qu’elle avait ménagé ait bien fonctionné sur son ami. Marco demeurait bouche bée, tenant la bague avec précaution, telle une relique sacrée. Il n’osait y croire et ce fut presque dans un souffle qu’il prononça le nom de Britannicus…

    Il avait pensé tout de suite à Britannicus, fils de l’empereur Claude et de Messaline, destiné à régner sur Rome mais qui avait été évincé par son demi-frère Néron, fils d’Agrippine, la nièce de Claude, qui était devenue sa femme après que ce dernier eut fait tuer l’impératrice Messaline. Non seulement Claude avait adopté Néron mais en plus, sous l’influence d’Agrippine, l’avait déclaré son héritier, privant ainsi son propre fils de ses droits de succession. Puis Claude avait été assassiné, victime d’un empoisonnement orchestré par la redoutable Agrippine, qui avait dissimulé le poison dans un plat de cèpes, dont Claude était particulièrement friand. Une fois débarrassée de son mari, elle avait eu tout le loisir d’installer son fils Néron sur le trône, qui s’était empressé d’assassiner son demi-frère Britannicus, vraisemblablement en le faisant empoisonner lors d’un banquet après lui avoir promis une réconciliation. Cela est raconté ainsi dans les Annales de l’historien Tacite, même si des historiens contemporains ont avancé une autre version des faits qui disculpe Néron et qui affirme que Britannicus, sujet à des crises d’épilepsie, aurait pu faire une rupture d’anévrisme au cours de ce banquet où il avait beaucoup trop bu. Il y avait donc une incertitude sur les causes de la mort de ce prince, question qui avait toujours fasciné Marco et sur laquelle il avait effectué de nombreuses recherches.

    Marco n’osait croire que ces ossements puissent être ceux de Britannicus. Auquel cas, cela pourrait changer énormément de choses. Pourquoi le corps du prince se serait-il retrouvé ici ? Les thermes de Caracalla avaient été construits après le règne de Néron.

    Fébrile, Marco ne put s’empêcher de passer l’anneau à son doigt, qui lui allait d’ailleurs parfaitement. Mais la bague se mit soudain à le serrer plus fort et Marco ne parvenait plus à l’enlever. Subitement le corps de Marco se mit à convulser. Giulia s’alarma en voyant que Marco faisait une crise, en proie à de violents spasmes. De grosses gouttes de sueur perlaient sur son front et Giulia cria que l’on appelle les secours. Certes le soleil tapait fort mais cela ressemblait à tout sauf à une insolation. Marco tremblait de plus en plus, les yeux révulsés, quand soudain il cessa complètement de bouger et tomba, inerte, sur le sol.

    Chapitre II

    C’était le noir total. Un épais brouillard enveloppait l’esprit de Marco. Ses membres étaient tout engourdis. Une douleur lancinante lui vrilla le crâne dès qu’il se risqua à soulever une paupière. La lumière était trop forte et Marco ne parvenait pas à ouvrir les yeux. Cependant, il se força peu à peu, curieux de voir où il était. Une sensation de chaleur envahissait son corps qui semblait être enveloppé d’un nuage de vapeur.

    Doucement, il réussit à ouvrir les yeux et put alors constater que le lieu dans lequel il se trouvait n’avait rien à voir avec celui où il était quelques instants auparavant. Il n’était plus du tout sur le chantier de fouilles mais allongé sur un sol froid, pavé de mosaïques, dans ce qui semblait être un vestiaire à en voir les vêtements suspendus à des crochets et les sandales déposées par terre.

    Marco se frotta les yeux pour s’assurer qu’il ne rêvait pas. Doucement, il se redressa et, après avoir constaté qu’il était seul dans la pièce, il s’approcha d’une porte entrebâillée. Il distingua un bassin au centre duquel surplombait une fontaine à l’effigie du dieu de la mer Neptune, sur son cheval et armé de son trident, qui déversait de sa bouche des flots d’eau claire. Des mosaïques ornaient le sol et les murs. Des hommes nageaient dans le bassin, nus, et c’est à ce moment que Marco comprit qu’il n’était pas dans une

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