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Le Concordat, sa négociation, ses dix-sept articles, son histoire de 1801 à 1903
Le Concordat, sa négociation, ses dix-sept articles, son histoire de 1801 à 1903
Le Concordat, sa négociation, ses dix-sept articles, son histoire de 1801 à 1903
Livre électronique198 pages2 heures

Le Concordat, sa négociation, ses dix-sept articles, son histoire de 1801 à 1903

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"Le Concordat, sa négociation, ses dix-sept articles, son histoire de 1801 à 1903", de Auguste Body. Publié par Good Press. Good Press publie un large éventail d'ouvrages, où sont inclus tous les genres littéraires. Les choix éditoriaux des éditions Good Press ne se limitent pas aux grands classiques, à la fiction et à la non-fiction littéraire. Ils englobent également les trésors, oubliés ou à découvrir, de la littérature mondiale. Nous publions les livres qu'il faut avoir lu. Chaque ouvrage publié par Good Press a été édité et mis en forme avec soin, afin d'optimiser le confort de lecture, sur liseuse ou tablette. Notre mission est d'élaborer des e-books faciles à utiliser, accessibles au plus grand nombre, dans un format numérique de qualité supérieure.
LangueFrançais
ÉditeurGood Press
Date de sortie23 nov. 2021
ISBN4064066304621
Le Concordat, sa négociation, ses dix-sept articles, son histoire de 1801 à 1903

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    Le Concordat, sa négociation, ses dix-sept articles, son histoire de 1801 à 1903 - Auguste Body

    PREMIÈRE PARTIE

    Table des matières

    NÉGOCIATIONS ET SIGNATURE DU CONCORDAT

    I. — Préliminaires.

    Table des matières

    L’Eglise, fondée par Jésus-Christ comme une société parfaite, a droit, de la part des puissances temporelles, non seulement à la liberté, mais encore à une protection sérieuse et efficace, qui lui permette de mieux remplir ici-bas son ministère de salut.

    Tant que les peuples furent animés par l’esprit chrétien et que la foi fut l’inspiratrice des gouvernements, des lois et des institutions sociales, l’entente fut facile entre les deux pouvoirs. L’Eglise, amie de la société civile, était honorée par elle, secondée dans ses desseins, protégée contre ses ennemis; tout au moins, sa pleine liberté pour le salut des âmes était assurée. Ce régime, le meilleur de tous, celui de la bonne harmonie entre le trône et l’autel, sans confusion pourtant des pouvoirs, prévalut assez généralement depuis Constantin et la fin des grandes persécutions jusqu’à la Révolution française.

    Mais alors, subitement, à la paix succéda la guerre. De protecteur envers l’Eglise, l’Etat se fit persécuteur. Faut-il rappeler ici brièvement les violences inouïes commises contre le catholicisme de1790 à 1800? On ne peut imaginer plus triste spectacle. Les églises, ravies au culte, sont fermées ou profanées par des cérémonies grotesques et souvent immorales; les chapelles sont converties en granges ou magasins publics; les couvents sont vendus à vil prix, démolis ou affectés à des services matériels. Le clergé catholique, traqué par toutes les forces de la police, est presque anéanti par l’échafaud, la prison ou la déportation; ses membres restants, dispersés et déguisés, doivent remplir clandestinement leur ministère, exposés à chaque instant à une dénonciation qui est un arrêt de mort. Un clergé rival et schismatique est établi par l’Etat sur toute la surface du territoire. Les évêques légitimes ont dû franchir les frontières et ne peuvent plus gouverner leurs diocèses. Les fidèles sont dans l’impossibilité d’accomplir leurs devoirs religieux; que dis je? ils sont dans l’épouvante: quiconque laisse entrevoir des sentiments chrétiens devient suspect et est menacé d’emprisonnement et de mort. A peine quelques initiés peuvent-ils, en cachette, de loin en loin, assister à la messe d’un prêtre catholique, dans une mansarde ou une grange, devant une table transformée en autel, l’oreille au guet pour écouter si une police soupçonneuse n’a point découvert ces nouvelles catacombes... Toute une génération grandit ainsi, sans prêtres, sans catéchisme et sans autels. L’indifférence menace d’envahir la société entière et l’infâme athéisme pénètre jusque dans le peuple. L’Eglise, l’Evangile sont ignorés de la jeunesse; même ceux qui sont intelligents et instruits sur les choses humaines, ne savent pas le premier mot des choses divines. Le mal accompli en ces dix années fut immense, et, pour relever tant de ruines, il faudra peut-être des siècles.

    Cependant, un vide immense se faisait sentir en beaucoup d’âmes: ce n’est point impunément et sans souffrances que l’homme s’éloigne de DIEU. Une fois de plus se réalisa la parole profonde et vraie de saint Augustin: «Vous nous avez faits pour vous, Seigneur, et notre cœur est inquiet, il souffre, tant qu’il ne se repose pas en vous.» En 1800, la France était lasse de l’incrédulité, et la Terreur ayant fait place à une certaine liberté de parole, on entendit répéter que le pays ne pouvait être sans religion et qu’il en voulait une.

    Or, une religion n’était pas à inventer en 1800. La vraie religion existait encore, pure, morale, antique, traditionnelle. «C’était, dit Thiers, la vieille religion du Christ, présentant ce corps de doctrine invariable, souvent attaqué, toujours triomphant, qu’on appelle unité catholique, et au pied duquel sont venus se soumettre les plus beaux génies. Elle existait, cette religion qui avait rangé sous son empire tous les peuples civilisés, formé leurs mœurs, inspiré leurs chants, leur poésie, leurs arts, empreint sa trace dans tous leurs souvenirs nationaux, marqué de son signe leurs drapeaux, tour à tour vaincus ou victorieux. Elle avait disparu un moment, dans une grande tempête de l’esprit humain; mais la tempête passée, elle s’était retrouvée au fond des âmes, comme la croyance naturelle et indispensable de la France et de l’Europe... Donc, quoi de plus indiqué, de plus nécessaire en 1800, que de relever cet autel de saint Louis, de Charlemagne et de Clovis, un instant renversé ?»

    Napoléon, et c’est l’éternel honneur de son génie de gouvernement, eut, au milieu d’un entourage de déistes et d’athées, la claire intuition de ce grand fait. Il vit la France, dès qu’elle put respirer librement du côté du Ciel, manifester au grand jour ses croyances catholiques, longtemps comprimées, et réclamer la liberté de la foi par des démonstrations éclatantes où se lisait son âme. L’incrédulité avait, il est vrai, exercé ses ravages dans la partie de la classe lettrée, qui s’était nourrie des ouvrages de Voltaire et des philosophes; elle régnait dans ce clan organisé par les sociétés secrètes, qui avait fait la Révolution, et, par la terreur, s’était maintenu dix ans au pouvoir. Mais le pays, dans ses masses profondes, n’était pas incrédule; l’état de sommeil religieux, où il vivait depuis 1790, n’était pas normal et ne pouvait durer .

    L’abbé Bernier, que le Premier consul avait attiré à Paris, de l’Ouest où il avait suivi les armées vendèennes en 1793 et 1794, entretenait ce dernier dans ces pensées, et Talleyrand, lui-même, écrivait à cette époque: «Le gouvernement de la République a été éclairé par dix années de la plus fatale expérience... Il a dû se convaincre, par la rapidité et l’étendue de l’insurrection de l’Ouest, que l’attachement de la grande masse de la population française aux idées religieuses n’était pas une chimère. Il a sagement compris que, de ce sentiment bien constaté, naissaient des intérêts et des droits que les institutions devaient respecter.»

    Ce sentiment et ce vœu de la grande majorité de la nation, Bonaparte l’entendit, et il résolut de l’exaucer.

    Par ailleurs, la religion lui apparaissait comme une force sociale. Dès que, arrivé à la première magistrature du pays, il rêva de domination absolue, comme cela était si naturel à son ambition native; dès qu’il songea à se réédifier une France nouvelle sur les ruines de la Révolution, la foi chrétienne lui sembla le meilleur moyen de rendre les hommes meilleurs et plus faciles à gouverner, d’assurer, dans le pays, une obéissance plus docile à ses volontés et d’arrêter cette période de révolutions sanglantes et malfaisantes, qui avait assombri les dernières années du dix-huitième siècle. Son intérêt personnel se confondait donc sur ce point avec le désir du pays.

    Aussi, à peine eut-il appris l’élection de Pie VII le 14 mars 1800, et lui-même eut-il affermi son pouvoir par la grande victoire de Marengo le 14 juin de la même année, qu’il rèsolut d’entamer des négociations avec le nouveau Pontife pour rétablir officiellement en France la religion catholique . Jusque-là il n’avait été que l’agent de la Révolution; désormais, en son propre nom, il va travailler au relèvement de l’ordre social et au rétablissement légal du christianisme. Ce jeune général de trente-et-un ans va traiter, avec les vieillards qui composent le Sacré-Collège, l’affaire la plus grave des temps modernes; lui, chef d’un pouvoir naissant et éphémère, avec l’Eglise de Dieu, qui a les promesses de l’immortalité ; lui, dépositaire de la plus grande force matérielle qu’ait vue le XIXe siècle avec le droit dépouillé de toute puissance humaine; lui, ambitieux et avide de commander à la terre entière, avec celui qui a reçu du Ciel les clefs de Pierre et l’ordre de ne les céder à personne. Opposition complète d’hommes et de choses qui donne à ces négociations un incomparable intérêt.

    Le 25 juin, onze jours après sa grande victoire, Bonaparte passant à Verceil manda le cardinal Martiniana, évêque de cette ville, et après lui avoir manifesté, dans un entretien intime, son ardent désir de rendre à la France la paix religieuse, il le pria de négocier un échange de vues sur cet objet entre lui et le pape.

    Dès le lendemain, le cardinal annonçait à Pie VII cette grande nouvelle.

    «Très Saint-Père, écrivait-il, c’est mon devoir de commencer cette lettre très respectueuse par d’humbles excuses pour la hardiesse que je suis forcé de montrer en traitant l’affaire, aussi importante que consolante pour l’âme si religieuse et si zélée de Votre Sainteté, que la Providence me confie le redoutable honneur de négocier. Bonaparte, le Premier consul de la nation française, auquel on ne peut désormais refuser le titre de grand, à cause des vues vraiment salutaires, bienfaisantes et sages qu’il manifeste, passant ici pour se rendre à la surprenante expédition qu’il vient d’accomplir en peu de temps, avait déjà montré beaucoup de bonté et de déférence pour ma faible personne. Mais hier, en retournant à Paris et en s’arrêtant pendant quelques heures, il me prit à part, dans une conférence intime, et me communiqua son ardent désir d’arranger les choses ecclésiastiques de la France, en même temps que de procurer à ce pays la paix au dehors, et il me pria instamment de me charger de la négociation entre votre Sainteté et lui-même. Ses vœux m’ont paru véritablement sincères, d’après les dispositions et les exigences très mesurées qu’il a daigné me manifester, et l’assurance absolue qu’il m’a donnée d’employer, en cas de succès, tout son pouvoir pour que Votre Sainteté recouvre tous ses Etats. En conséquence, je prends la liberté de la renseigner, dès la première ouverture et sans réserve, pour ne pas prolonger inutilement la négociation et pour agir comme le doit un fils respectueux à l’égard de son très vénéré Père.

    «Bonaparte donc, voudrait faire table rase de l’Église gallicane. Les évêques qui ont émigré, dit-il, ne peuvent plus convenir à la France, parce que la plupart en sont sortis non par le pur zèle de la religion, mais par des intérêts et des vues temporels. Quant aux intrus, il ne veut pas en entendre parler. Il lui semble, en conséquence, qu’il en faut de nouveaux qui soient choisis par le pouvoir qui exercera la souveraineté dans la nation, et canoniquement institués par le Saint-Siège dont ils recevraient la mission et les bulles.

    «En outre, comme depuis tant d’années de révolution tous les biens que possédait l’Église gallicane ont été aliénés, comme leur revendication serait impossible en fait et jetterait la nation entière dans de nouveaux bouleversements, il croit nécessaire, pour ne pas trop charger la nation elle-même, que le nombre des évêchés soit diminué le plus possible, et que, jusqu’à ce qu’on puisse assigner des biens immeubles à chaque évêché, la portion congrue des évêques soit une pension à payer par les finances nationales, s’élevant à deux mille ou deux mille cinq cents écus romains, soit à dix ou onze mille livres de France. De cette manière, on ne verra plus en France le douloureux spectacle d’une grande partie des évêques résidant à Paris, et il en résultera un grand avantage pour l’Eglise.

    «Voilà, Très Saint-Père, exposée simplement, l’idée générale du Premier consul en ce qui concerne la réconciliation de la France avec le chef visible de l’Eglise universelle. Il n’a pas été question des autres objets, qui, étant de moindre importance et dépendant des premiers, s’arrangeront facilement, ceux-ci une fois convenus... »

    LE PAPE PIE VII

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    Au premier instant, Pie VII ne pouvait en croire ses yeux. Il venait d’arriver à Rome, après le conclave de Venise qui l’avait élu. Ses Etats, réduits par le traité de Tolentino, étaient de plus, ruinés par la guerre. Enfin, la victoire de Marengo, en livrant l’Italie à Bonaparte, le mettait de nouveau à la merci de la révolution. En ces conjectures, il n’avait pas même cru devoir faire part de son élection à la Franco. Et voilà qu’au lieu de menaces, le vainqueur lui faisait des ouvertures de paix, et au lieu d’armées lui proposait une ambassade.

    Les espérances de la cour romaine n’allèrent point cependant sans beaucoup de défiance. La Révolution n’avait-elle pas depuis cinq ans supprimé les couvents en Italie, volé les biens ecclésiastiques, traité le catholicisme comme une superstition, émmenè Pie VI en exil? Bonaparte ne passait-il pas pour s’être fait musulman en Egypte pendant son étonnante campagne de l’année précédente? Etait-il sincère? De plus, sans peut-être même s’en douter beaucoup, il soulevait des questions fort complexes et demandait des privilèges exorbitants.

    Toutefois, le pieux et doux Pie VII, qui avait tant prié DIEU et la Vierge pour l’Eglise, pensa que cette ouverture inattendue était peut-être la réponse du Seigneur, l’arc-en-ciel, présage de la paix après la tempête.

    Par ailleurs, d’autres actes du Premier consul permettaient de croire à un changement complet dans ses idées et ses desseins. Cet homme qui, en 1796, avait épouvanté la péninsule par ses proclamations jacobines, disait en juin 1800 aux curés de Milan, réunis pour le saluer à son passage: «Je vous regarde comme mes plus chers amis. Je vous déclare que j’envisagerai comme perturbateur du repos public et ennemi du bien commun, que je saurai punir comme tel, de la manière la plus éclatante, et mème, s’il le faut, de la peine de mort, quiconque fera la moindre insulte à notre commune religion ou qui osera se permettre le plus léger outrage envers vos personnes sacrées. Mon intention est que la religion chrétienne, catholique et romaine soit conservée en son entier, qu’elle soit publiquement exercée et qu’elle jouisse de cette liberté publique aussi pleine, aussi étendue, aussi inviolable qu’à l’époque où j’entrais pour la première fois dans ces heureuses contrées... La France, instruite par ses malheurs, a ouvert enfin les yeux. Elle a reconnu que la religion catholique était comme une ancre qui pouvait seule la fixer dans ses agitations et la sauver des efforts de la tempête. Je vous certifie qu’on a rouvert les églises en France, que la religion catholique y reprend son ancien éclat... Quand je pourrai m’aboucher avec le nouveau pape, j’espère que j’aurai le bonheur de lever tous les obstacles qui pourraient s’opposer encore à l’entière réconciliation de la France avec le chef de l’Eglise.»

    Ces paroles eurent en Italie un immense retentissement et inspirèrent au Pape une plus grande confiance dans les ouvertures faites au cardinal Martiniana. Il répondit à ce dernier:

    «Nous ne pouvions certainement pas recevoir une nouvelle plus agréable que celle qui est contenue dans votre lettre. Les ouvertures qu’elle nous apporte de la part du Premier consul nous causent la plus grande consolation, puisqu’elles tendent à ramener tant. de millions d’âmes au bercail de Jésus-Christ dont nous sommes le vicaire indigne. Nous regarderons comme une gloire et un honneur pour nous

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