Balade de Mozart, Beethoven et Schubert dans le Jardin de Napoléon
Par Mo Chorfi
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Aperçu du livre
Balade de Mozart, Beethoven et Schubert dans le Jardin de Napoléon - Mo Chorfi
Balade de Mozart,
Beethoven et Schubert dans le jardin
de Napoléon
Mo Chorfi
Balade de Mozart,
Beethoven et Schubert dans le jardin
de Napoléon
Ou la symphonie de l’Amérique
LES ÉDITIONS DU NET
22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013
ISBN : 978-2-312-00854-7
I
Ludwig avait mal à la tête ce soir. D’habitude, lorsqu’il a mal quelque part, il se met au piano, compose un concerto ou une sonate. Son mal s’atténue puis disparaît. Il se sent beaucoup mieux, alors il sort dans le jardin et scrute le ciel dégagé, regarde les étoiles, cherche la sienne, celle qui préside à son destin de compositeur. Il a opté pour l’étoile polaire, la plus prestigieuse de toutes. Il aurait voulu qu’elle soit moins éloignée et plus proche, qu’il puisse l’interroger sur ce que les siècles futurs réservent à sa musique.
Il finit toujours par les compter toutes et, lorsqu’il arrive à cent, il s’arrête. Les étoiles sont ses moutons, elles l’aident à s’endormir. Il rentre chez lui, referme la porte, va au lit et se laisse aller au sommeil qui ne tarde pas à venir.
Mais ce soir, son mal de tête le fit particulièrement souffrir en plus, il n’avait pas envie de se mettre au piano. Il avait peur de composer une musique trop triste, mal au point, une musique qui ne lui ressemble guère et qu’il finirait par jeter à la poubelle.
Il prit un médicament contre le mal de tête et alla droit au lit sans passer par le jardin et sans compter ses chères étoiles. Tous les rêves et les cauchemars se bousculèrent dans son esprit au point de constituer une ruche bourdonnante.
D’abord, il se vit enfant, attendant la visite de sa mère pour le border et lui raconter une histoire de fée prélude à de doux rêves. Mais c’est son père qui vint et qui, d’emblée, lui intima l’ordre de dormir afin de s’adonner le lendemain à l’abattage des arbres dans la forêt, et surtout de ne pas faire de rêves érotiques qui l’affaibliraient et le rendraient inapte au travail.
Son père disparut soudain non sans l’avoir auparavant menacé de punition s’il ne s’acquittait pas comme il faut de la tâche qui l’attendait, et quoi d’autre comme punition que de le priver de piano et de l’empêcher de composer. Sans crier gare, comme cela arrive dans les rêves, on passe d’un événement à l’autre sans la moindre connexion. Ludwig se retrouva au balcon de l’Opernhaus de Vienne en train de regarder La Flûte enchantée de Mozart déployer ses fastes et ses magies. Il était désolé à l’idée que son Fidélio ne fasse pas le poids devant la Flûte. « J’aurais dû en faire une comédie, » se dit-il. « Décidément, je n’ai pas le sens du comique et du dérisoire. Je ferais mieux de ne plus composer d’opéras. »
Pamina apparut telle une fée. Elle parcourut la scène dans tous les sens à la recherche de Tamino. Ce fut pour Ludwig un enchantement des sens. Soudain, l’acte prit fin avec son chant à elle, un chant de mélodie et de transhumance. Le rideau tomba et le public applaudit à tout rompre.
Ludwig se leva, quitta le balcon pour aller rendre visite à Pamina dans sa loge. Il traversa un long couloir circulaire, frappa à sa porte entra. Il n’y avait personne, mais un billet indiquait qu’elle était dans le jardin, qu’elle humait l’air frais et s’imprégnait d’étoiles pour être mieux à même d’attaquer le prochain acte.
Ludwig alla dans le jardin. Pamina était là, au milieu des fleurs, entièrement nue dans un corps de Vénus. Elle lui sourit comme si elle l’attendait. Une sensation étrange le traversa. « Une telle beauté, un tel corps, je dois le posséder », se dit-il. Et il courut vers elle. Elle rit aux éclats. Elle courut à son tour pour lui échapper. Elle escalada un arbre jusqu’au sommet. Ludwig escalada l’arbre à son tour. L’arbre devint croix géante et Ludwig se retrouva crucifié dessus, pendant qu’elle dansait, telle Salomé, sur le toit de la croix.
– Il ne faut pas t’arrêter, lui dit-elle provocante.
– Mais ce n’est pas un arbre, c’est une croix ! lui cria-t-il.
– C’est un arbre, et je suis sa fleur. Qu’est-ce que tu attends pour me cueillir ? lui dit-elle en riant aux éclats.
– Mais ce n’est pas un lieu d’amour, c’est un lieu de mort.
– Tu vois une différence entre l’amour et la mort, toi ?
– Ce vent qui crisse, on dirait un requiem.
– C’est notre requiem.
– Attends-moi, dit-il en essayant de changer de position.
– Fais vite avant que je ne me fane.
Le commandeur ou le convive de Pierre de Don Giovanni apparut. Il était plus grand que nature. Il intima de sa voix caverneuse l’ordre à Ludwig de cesser ses jeux pervers, l’accusa de se prendre pour Jésus et Don Giovanni à la fois et d’humilier une créature céleste. Ludwig voulut protester, expliquer qu’il ne savait pas pourquoi il se trouvait là, et que ses intentions étaient de tout ce qu’il y a de plus pur. Il aurait même voulu épouser Pamina devant l’autel. Mais aucun son ne sortit de sa bouche. Alors le commandeur brandit son sceptre et le foudroya. Ludwig eut une pollution nocturne. Il resta un moment pantelant dans sa position, plein de honte pour ce qu’il venait de commettre. « Pourquoi la nature se montre-t-elle si cruelle à mon égard ? » se dit-il. Il se leva, alla dans la salle de bain, se frotta le corps plusieurs fois comme pour se débarrasser de toute souillure, s’habilla, se jura de consacrer sa musique à la religion, de composer une messe, une sorte de repentance. Il décida de sortir, histoire de s’aérer un peu, de libérer son cerveau encore engourdi par le rêve de la nuit. « Pourquoi l’amour me manque-t-il tant ? » se demanda-t-il. Ses sonates et ses symphonies auraient dû le guérir de l’amour, mais non, elles n’avaient fait qu’exacerber ses sentiments.
Il voulut crier sa douleur. Un son rauque lui sortit de la gorge, un son atroce qui n’avait rien à voir avec celui de Papageno et l’air de la reine de la nuit de la Flûte enchantée de Mozart. D’ailleurs, ce son n’était pas censé être celui d’un perroquet, mais celui d’un rossignol. Mozart n’avait sans doute pas envie de livrer ses secrets. Il dissimula ses sources et appela ses héros Papagena et Papageno au lieu de Rossignol et Rossignola. Et aussi sans doute, pour ressortir la face âpre de l’amour qui ne fait jamais dans la dentelle, mais plutôt dans l’amer et le terrible. Et puis un perroquet fait rire, un rossignol fait pleurer, et dans un opéra, le rire prime sur les larmes.
Telle est la nature humaine, un mélange de mineurs et de majeurs comme devrait l’être une musique digne de ce nom. Il décida de rompre avec sa tendance du moment, celle de tout tourner au tragique, renouer avec son ancienne veine, celle de la pastorale et de son esprit de liberté. Cette symphonie était une de ses musiques les plus prisées par le public.
Il mit son habit et ses bottes, se posa la perruque sur la tête, prit soin de se munir de son pistolet. Il ne sortait plus jamais sans, depuis qu’il avait été attaqué par des loups et qu’il ne devait son salut qu’à un garde forestier qui passait par là.
Il sortit, décidé à profiter de cette journée ensoleillée, d’en retirer le maximum de bienfaits pour son âme ankylosée par une nuit de cauchemar. Ce contact avec la lumière, ce retour à la nature, il le voulait total, de quoi effacer la nuit d’hier, retrouver sa joie d’antan, celle par laquelle il avançait dans la vie sans trop s’en faire. Il marcha deux heures durant d’un pas leste, essayant de humer l’air frais et de s’imprégner de verdure. Il arriva devant un étang qui s’étendait à des centaines de mètres à la ronde avec une flaque de coquelicots au milieu qui flottait telle une barque au repos. L’eau était transparente et pure. S’il y faisait un plongeon rien que pour se laver des impuretés de la nuit et subir un nouveau baptême ? Il s’accroupit, plongea un doigt dans l’étang, l’eau était glaciale. S’il le faisait, il risquerait une pneumonie et une mort certaine. Il préféra ne rien faire, mais trouver dans ce paysage ce qui était censé le faire basculer dans la joie et l’extase.
Il voulut en même temps cueillir quelques coquelicots, les rapporter à la maison. Il sentit ses bottes s’enfoncer dans la terre humide. « C’est un marécage, des sables mouvants », se dit-il. Il se dépêcha de rejoindre la terre ferme pour ne pas s’enliser et disparaître.
Il poussa un soupir de soulagement et se dit : « Décidément, la nature, c’est comme une femme difficile à saisir et à rendre sienne. Il faudrait que je prenne d’autres chemins moins tortueux et plus sûrs. »
II
Il emprunta un chemin de travers. Point de loups dans les parages, et comme il avait faim, il alla directement au Gasthaus Keller, là où il allait souvent autrefois. Il poussa la porte et entra dans une grande salle toute en poutres avec des tables autour desquelles étaient assis des clients en train de siroter de la bière. Hans Kern, le propriétaire, un gros monsieur avec un ventre bedonnant, vint à sa rencontre.
– Ah, bonjour monsieur Ludwig ! Quel bon vent vous amène ? On ne vous a pas vu depuis longtemps.
– Vous savez, j’ai été très occupé ces derniers temps.
– La musique ?
– C’est ça, des concerts de temps en temps.
– Le succès ?
– Pas encore, dit Ludwig avec un sourire timide.
– Mais ça viendra.
– J’espère. Je compte là-dessus en tout cas.
– Je parie que vous avez fait une promenade avant de venir chez nous, dit Hans qui se sentit obligé d’aller au-devant de Ludwig et de lui dire des choses aimables.
– Oui, je suis allé dans les bois me dégourdir les jambes.
– Faites attention, il est hanté paraît-il.
– Ah oui ?
– Il est infesté de loups affamés.
– Je n’ai rien à leur proposer à grignoter, dit Ludwig en souriant, faisant allusion à son manque d’embonpoint. Et il le regretta vite. Cela avait l’air d’une pique contre Hans.
– Ils vont dans les cimetières déterrer les morts et manger leurs cadavres, dit Hans, n’ayant vu aucune pique dans les propos de Ludwig.
– J’ai bien fait de rester vivant, dit Ludwig cette fois en riant.
Hans ne saisit pas la plaisanterie et, comme tous ceux qui n’écoutent qu’eux-mêmes, il continua.
– Ils ont fouillé dans mes poubelles la semaine dernière et n’ont trouvé que des os.
– Il faut les attraper et en faire des plats de gibier pour les clients, dit Ludwig persévérant dans l’humour.
L’humour n’avait jamais été son fort. Était-il en train de le devenir ? Était-ce le prélude à une évolution ? Peut-être composerait-t-il de vrais opéras (Fidelio n’en est pas un vraiment) et tel Mozart, il brillerait de tous ses feux dans cet art. Oui, il était temps qu’il apprît à faire rire et à rire de lui-même. C’était peut-être l’occasion de prendre ses distances avec soi et de se lancer dans une nouvelle carrière. Cette fois, Hans saisit la plaisanterie. Il y répondit par un gros rire.
– Tenez, c’est une bonne idée. Une cuisse de loup à la moutarde peut devenir la spécialité de la maison.
Et il partit de nouveau d’un rire tonitruant, comme le font les gens simples quand ils pensent avoir trouvé la réplique qu’il faut.
Mais Ludwig ne la releva pas.
– Qu’est-ce qu’il y a à manger ? changea-t-il de sujet parce qu’il n’aimait pas le rire de Hans qu’il trouvait suffisant.
Et s’il y avait quelque chose qu’il ne supportait pas, c’était bien la suffisance, d’autant plus qu’un créateur ne devrait pas en faire preuve. Ce qu’il avait fait doit lui déplaire et le laisser sur sa faim. Tout ce qu’il avait fait jusque-là, il devait le revoir et s’il le faut le changer de fond en comble
