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Le banc
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Livre électronique237 pages3 heures

Le banc

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À propos de ce livre électronique

Louise est une femme sous l’emprise de son mari, sa rencontre avec Pierre va l’amener à lui résister.
Pierre s’installa sur un banc ombragé, face à l’ascenseur. Il continua la lecture de son livre qui ne le passionnait guère. Il s’agissait du récit d’un soldat sous l’armée napoléonienne. Pierre ne savait pas ce qui l’avait poussé à l’acheter. Dans le cas présent, l’énigme manquait de relief. Malgré cela, il tenait à le finir. Après quelques pages, il vit sortir de l’immeuble une jeune femme vêtue d’un tailleur bleu et portant des lunettes de soleil. Pierre se demanda si elle habitait là. Il se souvint des cris entendus l’avant-veille. Était-ce elle qui avait crié ? Grande et mince, ses cheveux bruns retombaient sur sa nuque. Comme elle s’approchait de lui, il remarqua ses lèvres fines et son nez légèrement épaté. Les mains dissimulées dans les poches de sa veste, elle sortait à longues enjambées du bâtiment. De son banc, Pierre ne put s’empêcher de la dévisager. Leurs regards se croisèrent. Sans ralentir son allure, elle continua son chemin vers la sortie. Un léger parfum l’accompagnait, aux notes de fruits, de mandarine et de rose. Il le trouva doux et agréable. Elle avait presque disparu quand, sans réfléchir, il se leva pour la suivre.
LangueFrançais
Date de sortie14 nov. 2018
ISBN9782312063652
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    Aperçu du livre

    Le banc - Jean-Michel Bongiraud

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    Le banc

    Jean-Michel Bongiraud

    Le banc

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2018

    ISBN : 978-2-312-06365-2

    PREMIÈRE PARTIE :

    Le banc dans la cour

    Chapitre I

    Pierre ouvrit la fenêtre. Une dizaine de mètres plus bas, sur les trottoirs, une foule animée et bruyante déambulait. La nonchalance de certains passants contrastait avec le flot ininterrompu d’acheteurs qui entraient et sortaient des boutiques. À leur rumeur, s’ajoutait celle des voitures qui empruntaient cette rue. Depuis son étage, Pierre percevait le bruit sourd de cette agitation. Ce bourdonnement ne le dérangeait pas. La situation de l’immeuble était idéale pour qu’il puisse faire ses achats quotidiens et se rendre à son travail. À pied, en quelques minutes, il rejoignait l’arrêt de bus.

    C’était un bel après-midi d’Octobre où le soleil semblait ne pas vouloir décliner. La douceur enveloppait encore les badauds et la chaleur tapissait les murs.

    Cet appartement, Pierre venait de l’acquérir grâce à un petit héritage laissé par ses parents et à ses économies. Calme et posé, il aimait converser avec les autres et recherchait leur présence, même si la solitude lui était aussi nécessaire. Il savait se montrer discret quand il le fallait, et sa personnalité dégageait une impression de bien-être, de sécurité pour ceux qui le côtoyaient. D’apparence attachante, il ne ressemblait pas à un play-boy, mais il possédait un charme certain. Il portait les cheveux courts, bruns comme ses yeux.

    À son travail, Pierre était chargé de gérer les stocks de marchandises, les commandes et le suivi comptable. La société qui l’employait était spécialisée dans la fabrication de turbines. Ce secteur d’activités ne connaissait pas de contraintes particulières. La gamme de fabrication couvrait de nombreux pans industriels, de l’aéronautique à l’agriculture. Alors que l’informatique commençait à se développer, la société, toujours en recherche de gains de productivité et de rendement, fut une des premières à investir dans l’achat d’ordinateurs. Obligation fut donnée à ses filiales et aux entreprises qui travaillaient avec elle, de se doter de ce type de matériel malgré son coût encore élevé. Pour Pierre, le gain de temps était patent et permettait de pallier le besoin, parfois urgent, de produits. De son travail, il s’accommodait fort bien. Le matin, il recevait un listing de la part de l’ingénieur en chef, responsable de la production, indiquant les pièces à commander. Pierre les classait ensuite en fonction des fournisseurs et des besoins. Après avoir effectué cette répartition, il adressait aux services concernés un mail leur indiquant les pièces à livrer. La livraison se faisait au plus tard dans les sept jours suivant la demande. Si le fabricant était en rupture de stocks, Pierre devait en référer à son supérieur qui prenait la décision, soit d’attendre, soit de s’adresser à une autre entreprise.

    Pierre ignorait le nom de ses interlocuteurs ; l’adresse de la messagerie correspondait à celle de l’entreprise. La mise en place de ce nouveau moyen de communication se révéla laborieux, mais peu à peu chacun s’y accoutuma malgré quelques problèmes ponctuels. Courtois et brefs, les échanges se limitaient au cadre professionnel, à l’exception des fêtes ou des vacances où parfois un mot de convenance se glissait en fin de réponse. La plupart des correspondants signaient de leurs initiales. De son côté, Pierre apposait parfois son prénom.

    Il travaillait dans un bureau indépendant. Quelques jours auparavant, il avait déposé une demande de travail à temps partiel. À ses amis, il ne cachait pas son désir de profiter d’une journée de congé supplémentaire par semaine sans être payé ! Sa plus proche collègue était une jeune femme, Emma, sortie d’une école de commerce. Grande et sportive, elle était mariée et le couple venait d’avoir un enfant. Une vitre séparait Emma de Pierre, mais ils aimaient se retrouver à la pause pour bavarder et prendre un thé.

    Pierre s’assit sur le divan du salon et demeura pensif un long moment. La fin de l’après-midi approchait. Il sortit faire quelques courses. Il n’avait pas prévu d’activités pour ce dimanche ; il voulait se familiariser avec son nouvel environnement, et s’imprégner de chaque pièce. Il se sentait heureux. Cet appartement lui plaisait, assez grand pour y vivre seul ou à deux, voire avec un enfant. Jusqu’à présent, il n’avait pas trouvé de femme à sa convenance, pourtant il en avait fréquenté sans jamais s’en éprendre vraiment. Il sortit de chez lui et emprunta l’ascenseur. La porte allait s’ouvrir quand il entendit crier une voix féminine. Ce fut si bref qu’il n’y prêta pas attention.

    En bas de l’immeuble, Pierre ne sut où se diriger et décida de suivre son instinct. Il souhaitait autant découvrir ce quartier que trouver une épicerie pour faire ses emplettes. Il ne découvrit aucune supérette lors de ses pérégrinations. Il s’adressa alors à un passant qui lui répondit par une moue dubitative, puis à une dame d’un certain âge, laquelle lui indiqua le chemin avec tant de détails qu’une fois seul, Pierre ne savait plus quelle rue prendre. Finalement, il finit par trouver ce qu’il cherchait, dans une rue adjacente à la sienne, un petit commerce de détails. Dans la soirée, il entendit à nouveau quelques cris, qui cette fois l’interpellèrent. Il ne comprit pas ce que cette femme criait mais la voix semblait proche. Puis le silence revint. Avant de s’endormir, il eut une pensée pour ses parents, sans lesquels il n’aurait pu acheter cet appartement.

    Ce lundi-là, Pierre arriva un peu plus tard que d’habitude au bureau. Sa collègue absente pour la semaine, il devait prendre en charge une partie de son travail. Depuis quatre années qu’il travaillait dans cette société, il connaissait tout de la gestion des stocks et de leur suivi. Il ne voyait donc aucun problème à remplacer Emma. Sur sa pile de dossiers, il récupéra le listing déposé par son supérieur. Quelques annotations étaient apposées au regard de certaines lignes dont l’une était surlignée. Il commença par classer les demandes de pièces par fournisseur. Absorbé par cette tâche, il en avait oublié de prendre son thé. Comme il était seul, il renonça à le préparer ! Il continua sa vérification sans regarder l’heure et lut les remarques en regard de chaque commande. La plupart étaient communes. L’ingénieur indiquait le type, le nombre ainsi que la taille de la pièce. Par contre, la référence marquée en rouge était particulière en raison de son urgence ; les pièces livrées par ce fournisseur ne correspondaient pas à la demande initiale. Ils avaient dû les retourner. Il fallait de nouveau contacter cette entreprise dès à présent. Pierre ouvrit sa messagerie et une cinquantaine de messages apparurent à l’écran. Avant de les lire, il commençait par transmettre les demandes. En général, elles ne comportaient rien de particulier. Les réponses étaient stéréotypées. L’objet de l’envoi comprenait le numéro de livraison, la date d’envoi, la spécification des pièces. Quelquefois, un mot plus amical était ajouté à la fin. Il prit sa liste et chercha l’adresse de la société qui posait problème et devait livrer instamment les pièces précédentes et les envoyer avec les nouvelles. Il rédigea son mail, en n’omettant pas de demander un accusé de réception et d’indiquer que celui-ci avait une haute priorité.

    Vers treize heures, il prit sa pause déjeuner. Il descendit les quelques étages qui menaient à la cafétéria de l’entreprise. Le bruit des discussions accompagné du crissement des couverts et des assiettes, augmenté de la ventilation de l’air conditionné, rendait l’ambiance assourdissante. Pierre tentait de ne pas y prêter attention, préférant manger au calme. Amoureux de la nature, il appréciait néanmoins la ville. Il regrettait la pollution, les odeurs de gaz d’échappement, mais l’activité, les va-et-vient, les magasins lui procuraient une source permanente de curiosité. Il acceptait cette fatalité de la vie citadine avec ses inconvénients et ses avantages. Dans une ville de province, il n’aurait pas trouvé un emploi aussi bien payé et cet appartement offrait toutes les commodités pour ses activités. Il s’accordait le minimum de temps pour manger. Dans la cafeteria, certains déjeunaient à de grandes tables, à huit ou dix, d’autres restaient en couple. Pierre n’avait pas de préférence particulière. Il prenait plaisir à bavarder avec ses collègues, mais selon les circonstances, il pouvait manger seul. Ce lundi, il ne s’attarda pas et remonta dès son repas terminé dans son bureau. Avant de le regagner, il passa par celui de sa collègue et récupéra les listings pour faire le contrôle des réceptions. Le reste du travail attendrait le retour d’Emma afin que l’ensemble des données soit enregistré.

    Pierre regarda à nouveau sa messagerie et une dizaine de réponses s’affichèrent sur l’écran. Il ne vit pas d’accusé de réception pour son mail du matin. Il lut les autres messages et prit connaissance de leur contenu. Il les classa dans le dossier « exécuté » ou en « instance ». En cas de problème, il en parlait au chef de production et attendait les instructions. Une heure plus tard, n’ayant toujours pas de réponse à sa demande, il retransmit une copie du premier message au fournisseur, précisant l’urgence de la situation.

    La correspondance par voie électronique suffisait et jusqu’à présent, chacun de ses interlocuteurs lui répondait prestement. Pierre ouvrit puis classa la suite des messages et intégra dans l’ordinateur les quantités demandées, la date de livraison. Ce soir, il souhaitait rentrer de bonne heure chez lui. Habituellement, il finissait un peu plus tard, mais il était pressé de retrouver son nouveau logement et de découvrir son quartier. Il consulta sa montre et vit que l’heure à laquelle il souhaitait partir était dépassée. Une dernière fois, il ouvrit sa messagerie mais rien ne correspondait à ce qu’il attendait. Il ferma son ordinateur et rangea ses papiers. Pierre pensa que le lendemain, il faudrait en référer à son supérieur si aucun élément nouveau ne lui était parvenu concernant cette commande.

    Il faisait beau et aussitôt sorti de l’entreprise, il se dirigea vers la station de bus pour rejoindre son appartement. La ligne était directe. Il ne fallait guère plus de quinze minutes pour parcourir la distance entre son travail et son domicile. À cette heure, il trouva facilement une place assise. Ne connaissant pas ce parcours, son regard se porta sur les boutiques, les entrées d’immeuble devant lesquelles le bus passait. Il tenta d’apercevoir le nom des rues, mais beaucoup échappaient à sa vue. Certaines étaient soit cachées, soit inexistantes. Quand il en repérait une, arrivé chez lui, il recherchait dans le dictionnaire le nom de la personne qui lui était associé. Il trouvait cette démarche instructive et ludique. Il n’aurait jamais imaginé que tel patronyme se rapportait à un illustre mathématicien du XVIe siècle qui était, depuis cette époque, tombé dans l’oubli. Perdu dans ses pensées, il faillit manquer l’arrêt auquel il devait descendre.

    Quand il arriva devant l’immeuble, il croisa le concierge et le salua. Celui-ci lui répondit d’un bref bonjour. Pierre voulut dire une banalité mais l’homme demeura muet, lui tournant le dos, et disparut vers le sous-sol. Cette attitude étonna Pierre. Il pensa qu’il ne l’avait peut-être pas reconnu. Il prit l’ascenseur face à l’entrée. Avec émotion, il entra chez lui, heureux d’y sentir son odeur, celle de son mobilier, de sa cuisine. Pierre cuisinait volontiers et prenait le temps de se préparer de bons repas. Il alla au salon et ouvrit la fenêtre. Aussitôt les bruits de la rue montèrent jusqu’à lui. Il décida de la refermer pour écouter du jazz. Il demeurait classique dans ses choix. Le free-jazz, comme tout ce qui était contemporain, lui semblait difficile d’accès. Il se gardait de porter un jugement de valeur sur l’art à la mode, que ce soit en peinture, musique ou littérature. Malgré son jeune âge, il n’arrivait pas à s’enthousiasmer pour la production moderne. Il préférait écouter Mozart, Bach, lire Proust ou Faulkner.

    Pierre se tourna vers l’intérieur de l’appartement. Il vit son ombre se patiner sur le parquet en chêne clair. Du regard, il embrassait à la fois le salon et la salle à manger ; une simple voûte séparait l’un de l’autre. Meublé avec sobriété d’un petit divan, d’un bureau sur lequel quelques livres et papiers s’entassaient, d’un meuble-télé qui contenait la sono, l’ensemble convenait à Pierre. Deux fauteuils disposés de part et d’autre du canapé, une table avec de grandes chaises en bois posées autour d’elle et un grand bahut récupéré chez ses parents se partageaient le reste de l’espace. Sur sa droite une porte ouvrait sur la cuisine. Toute en longueur, elle était déjà aménagée de sorte que Pierre avait vendu ses anciens meubles dans un magasin de troc.

    Il alla dans le vestibule où se trouvaient les toilettes et à côté la salle de bains aux murs bleu pâle, avec une douche et une baignoire d’une teinte plus soutenue. Spacieuse avec une petite fenêtre ornée d’un rideau, le soleil du matin y pénétrait avec générosité. Un couloir reliait deux chambres. Pierre avait choisi celle qui disposait d’un grand placard mural. Un débarras avait été aménagé le long du mur de l’entrée servant de rangement pour les chaussures, manteaux, vestes et imperméables ainsi que pour divers ustensiles dont Pierre pensait avoir besoin. Dans la seconde chambre, pour l’instant, il y avait entassé un tas de choses héritées de ses parents ainsi que des cartons de livres dont il hésitait encore à se séparer.

    Satisfait de son acquisition, Pierre se plaisait dans ce nouvel environnement. Jusqu’à présent, il n’avait pas rencontré ses voisins, à part le concierge. Ce dernier, peu bavard, était marié et avait trois garçons. C’était un homme méticuleux qui s’occupait parfaiteemnt de l’immeuble. Pierre savait que le logement face au sien était occupé par un couple de personnes âgées. Le commercial de l’agence lui en avait parlé. Pierre n’avait pas eu le loisir de les rencontrer. Pour faire leur connaissance, il se promit de sonner un jour à leur porte.

    Après avoir rangé sa vaisselle et feuilleté son courrier, il décida d’aller se promener, de flâner, ou de s’asseoir sur un banc pour lire. Il prit l’ascenseur qui menait dans la cour et fut surpris lorsqu’il la découvrit. De beaux massifs de fleurs l’entouraient et quelques arbustes y projetaient leur ombre. Des hortensias, des forsythias, deux ou trois végélias, des rosiers et une viorne appelée boule de neige en raison de ses fleurs blanches recouvraient tout un espace. Plusieurs bancs mis à disposition des promeneurs semblaient l’attendre.

    Chapitre II

    Pierre s’installa sur un banc ombragé, face à l’ascenseur. Il continua la lecture de son livre qui ne le passionnait guère. Il s’agissait du récit d’un soldat sous l’armée napoléonienne. Pierre ne savait pas ce qui l’avait poussé à l’acheter. Dans le cas présent, l’énigme manquait de relief. Malgré cela, il tenait à le finir. Après quelques pages, il vit sortir de l’immeuble une jeune femme vêtue d’un tailleur bleu et portant des lunettes de soleil. Pierre se demanda si elle habitait là. Il se souvint des cris entendus l’avant-veille. Était-ce elle qui avait crié ? Grande et mince, ses cheveux bruns retombaient sur sa nuque. Comme elle s’approchait de lui, il remarqua ses lèvres fines et son nez légèrement épaté. Les mains dissimulées dans les poches de sa veste, elle sortait à longues enjambées du bâtiment. De son banc, Pierre ne put s’empêcher de la dévisager. Leurs regards se croisèrent. Sans ralentir son allure, elle continua son chemin vers la sortie. Un léger parfum l’accompagnait, aux notes de fruits, de mandarine et de rose. Il le trouva doux et agréable. Elle avait presque disparu quand, sans réfléchir, il se leva pour la suivre. Son sac en bandoulière tapant contre ses hanches, la femme remonta la ruelle face à elle. Il se tint à distance ; il ne voulait pas être remarqué. Quelle raison l’avait poussé à suivre cette inconnue ? D’habitude, un mot, un geste, un regard lui signifiaient que l’autre souhaitait entrer en contact. Cet échange avait été ici si bref que Pierre n’avait perçu aucun signe. Au fond de son cœur, un grain de folie bascula. Il trouvait son attitude puérile, mais en même temps, cette femme l’attirait. Elle continuait à marcher d’un bon pas, sans prêter attention aux devantures ni aux gens qu’elle croisait. Pierre se demandait où elle se rendait à cette heure tardive. Plus haut vers la gauche, elle traversa la chaussée et prit une toute petite rue qui remontait vers le centre-ville.

    Il continuait à observer l’inconnue qui marchait toujours aussi vite. Devant une porte, Pierre la vit s’arrêter et entrer. Le fait de l’avoir suivie l’avait surpris. Cette simple rencontre l’avait bouleversé. Elle l’attirait sans qu’il puisse en déterminer la raison. Elle avait éveillé en lui sa curiosité. Son cœur se mit à battre plus fort et, dans un élan subi, il se dirigea vers la maison où la jeune femme avait disparu. Devant l’habitation, deux petites marches menaient à une porte en bois façonnée. Deux motifs de roses se faisant face étaient sculptés, chacun entouré d’une moulure en forme de spirale. Sur la droite de l’entrée était inscrit un nom à peine lisible. Au-dessus de celle-ci, deux fenêtres occupaient l’espace. Pierre se recula, faisant mine de repartir et jeta un œil en direction des fenêtres. À part deux voilages épais qui ne laissaient rien filtrer de l’intérieur, il ne vit rien. Il fut déçu. D’un bon pas, il repartit chez lui. Arrivé au pied de l’immeuble, et au lieu d’emprunter l’ascenseur, il remonta les marches quatre à quatre. Essoufflé, il s’affala sur son divan en poussant un soupir !

    Le lendemain vers sept heures du matin, il entendit des éclats de voix et une porte se fermer avec violence. Il n’avait pas compris les paroles prononcées, mais il était certain cependant que des sanglots y étaient mêlés. Intrigué et pensif, il prit son petit-déjeuner puis se prépara à sortir. Dans l’escalier, il ne rencontra personne.

    Arrivé au bureau, il se remémora les problèmes de la veille dont le message concernait le fournisseur des pièces défectueuses. À ce sujet, Pierre s’inquiétait même s’il n’y pouvait rien. Aucune lumière ne filtrait du bureau de sa collègue, absente jusqu’à la semaine suivante. En entrant dans le sien, il trouva le listing et divers documents sur son sous-main, mais sans annotation particulière. Il alluma son ordinateur pour consulter les messages qui s’affichèrent à l’écran. Il repéra celui de la société qu’il avait contactée le jour

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