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le Cercle s'agrandit, mais je reste au centre
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le Cercle s'agrandit, mais je reste au centre
Livre électronique273 pages2 heures

le Cercle s'agrandit, mais je reste au centre

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À propos de ce livre électronique

À seize ans et un trimestre, quand Marie-Emmanuelle Catimel m’a quitté pour Jérôme Dinocheau, qui était plus petit qu’elle, plus moche que moi et largement plus con que la moyenne, mais avait confiance en lui, lui, j’ai très vite additionné 2 et 2 et su ce que je voulais faire de ma vie. Je voulais devenir Dinocheau. En plus beau et en moins con. Si possible. Et ? Alors ? Une telle ambition au service de quel résultat ? Je suis aujourd’hui un Dinocheau de compétition. En plus beau et en moins con. Si j’ai… Si je suis en forme. Mercredi dernier, j’ai eu de ses nouvelles par une fille très agréable qui était dans les mêmes classes que nous : selon elle, il paraîtrait qu’il n’a pas changé, du tout. Et il paraîtrait qu’elle l’a épousé. Il paraît. Et ça m’a… ça m’a fait plaisir. Que mon Dinocheau soit resté un vrai Dinocheau.
LangueFrançais
Date de sortie13 juin 2014
ISBN9791029000546
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    le Cercle s'agrandit, mais je reste au centre - Mike Delfin

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    Le Cercle s’agrandit, mais je reste au centre

    Mike Delfin

    Le Cercle s’agrandit,

    mais je reste au centre

    Roman

    Les Éditions Chapitre.com

    123, boulevard de Grenelle 75015 Paris

    À a-ha (le groupe a-ha)

    © Les Éditions Chapitre.com, 2014

    ISBN : 979-10-290-0054-6

    1

    Bruno, chapitre 1

    « Je m’appelle Bruno Boss, j’ai 36 ans. »

    À seize ans et un trimestre, quand Marie-Emmanuelle Catimel m’a quitté pour Jérôme Dinocheau, qui était plus petit qu’elle, plus moche que moi et largement plus con que la moyenne, mais avait confiance en lui, lui, j’ai très vite additionné 2 et 2 et su ce que je voulais faire de ma vie.

    Je voulais devenir Dinocheau.

    En plus beau et en moins con.

    Si possible.

    Et ? Alors ? Une telle ambition au service de quel résultat ?

    Je suis aujourd’hui un Dinocheau de compétition.

    En plus beau et en moins con.

    Si j’ai… Si je suis en forme.

    Mercredi dernier, j’ai eu de ses nouvelles par une fille très agréable qui était dans les mêmes classes que nous : selon elle, il paraîtrait qu’il n’a pas changé, du tout.

    Et il paraîtrait qu’elle l’a épousé.

    Il paraît.

    Et ça m’a… ça m’a fait plaisir.

    Que mon Dinocheau soit resté un vrai Dinocheau.

    Sinon ?

    À part ça ?

    Autre chose, peut-être ?

    Oui.

    Oui, quand même.

    Ça, déjà :

    Des chiffres et des lettres

    Tirage : O U D E G E N E R E

    Candidat : « 8 lettres : dégénéré »

    Candidate : « Pas mieux… pareil : dégénéré »

    Animateur : « C’est une réponse ? Ou un jugement de valeur exprimé collectivement ? »

    Candidat : sourit à Romejko, plusieurs secondes.

    Candidate : « Si maintenant, vous les donnez dans l’ordre… »

    Laurent Romejko et moi sourîmes. Plusieurs secondes.

    Aujourd’hui.

    Oui, anecdote légère sans le moindre intérêt.

    Alors, parlons… de moi, de nous.

    Parce que moi, nous… avons quelque intérêt.

    Mes amies, mes amis et moi…

    Et les bêtes, aussi.

    Nos braves bêtes.

    Parce que nous étions toutes et tous équipés.

    En juillet 2006, le poète italien Marco Materazzi a dit :

    « Quand tu donnes ton pain à quelqu’un,

    Tu n’as plus de pain,

    Mais tu as un copain…

    Et moi, je serai ton ami, nous partagerons la vie,

    Et moi, je serai ton copain, nous partagerons le pain,

    Nous partagerons la vie, nous partagerons le pain,

    Surtout si c’est le tien,

    Surtout si c’est le tien,

    Mon copain, mon Zizou. »

    (Marco est aussi défenseur central. Et comédien, le dimanche.)

    Le poète est un con – à ce stade, c’est encore l’hypothèse la plus probable –, mais je préfère un con qui poétise plutôt qu’un con avec un volant entre les mains ou un con qui trompe sa femme sans se protéger, sans remords ni regrets, sans amour ni pour Marie-Thérèse ni pour Roberta, sans aucune autre excuse que celle d’être un homme, un vrai, avec des besoins, lui.

    Le poète est un con, mais le poète me sert d’introduction, puisqu’il sera ici question d’amitié.

    Je suis le genre de mec assez lourd parfois, assez… enfin, vous verrez, ça peut être gratiné, ce n’est pas toujours joli-joli, mais j’aime mes amis. J’aime mes amis.

    J’ai cinq ou six copains, trois ou quatre amis, surtout des garçons, mais des filles aussi, avec au moins une fille merveilleuse et une autre fille globalement assez remarquable et très remarquée. Oui, remarquable, ne serait-ce que pour sa capacité à manger des olives, noires ou vertes, tout en finissant sa vodka, avec ou sans glaçons, et même en riant parfois d’un joli rire cristallin, en fa dièse ou en si bémol, selon les circonstances, selon la couleur des olives et selon la présence ou non de glaçons, notamment.

    La fille « globalement assez remarquable et très remarquée » s’appelle Marie-Catherine ; Marie-Catherine ou « MC », ça dépend des circonstances, mais c’est sans rapport direct avec la couleur des olives, bien évidemment.

    La fille merveilleuse s’appelle Nathalie.

    Côté garçons, Alain est un spécimen plutôt intéressant pour un observateur extérieur, un type un peu étrange parfois, un type un peu coincé, pas mal coincé, mais foncièrement sympathique. Alain est mon ami, Alain est mon meilleur ami, Alain est même un excellent meilleur ami.

    Réciproquement, suis-je le meilleur ami d’Alain ? Nathalie m’avait posé cette question, un soir. Je lui avais répondu que j’étais sans doute dans le trio de tête, elle avait souri, et c’était le but recherché, mais j’aurais aussi pu lui répondre que la question ne se posait pas comme ça, que la question ne se posait pas du tout : je l’aimais, ce grand ahuri, cet authentique crétin des Alpes, cet enfoiré, je l’aimais, c’est tout. Et Alain aimait passer du temps avec moi, aussi.

    Je m’appelle Bruno Boss, j’ai 36 ans. Mais « je fais un peu plus » ; même ma mère pense que j’ai dépassé la quarantaine ; ça pourrait devenir légèrement pénible, mais bon, ça reste très supportable. Je suis l’heureux possesseur d’une chatte, Minette, et d’un lapin, Rémi. Et, quand l’occasion se présente, j’aime caresser un labrador de 33 kilos (le labrador de 33 kilos est une race de chien, s’alimenter est sa préoccupation principale, accepter les caresses vient en 2, se gratter l’oreille en 3, manger le canapé en 5, dormir dans ton lit en 6, détruire le reste du mobilier en 9 ou en 11) ; mais, croiser l’animal ne se produit qu’une fois par mois, dans notre région. Bientôt un an que je vis en colocation avec Nathalie, à Levallois-Perret (92).

    J’enseigne l’économie à des classes de terminale.

    Je suis assez nul en tennis, mais je suis meilleur que Nath.

    Bien sûr, je…

    tente de résister à la balkanysation des esprits.

    (Soit tu comprends tout de suite, soit il faut qu’on t’explique.)

    (Alors, on t’explique : peux-tu faire l’effort d’imaginer un seul instant le rapport sournois qu’il pourrait y avoir entre Patrick Balkany, et sa délicieuse épouse, maire de Levallois-Perret depuis 1928 et délicieuse épouse depuis toujours, d’une part, et, d’autre part, l’humour des Balkans, peux-tu ?) (L’humour des Balkans : alors, tu vois, c’est l’humour typiquement yougoslave, l’humour bulgare, l’humour exagérément albanais, mais aussi l’humour grec, et parfois l’humour turc – uniquement si la plaisanterie a été pratiquée (proférée) sur le continent européen ; dans le cas contraire, bien entendu, il s’agira d’un humour typiquement asiatique, généralement peu drôle et caractérisé par le fameux rire jaune, en conséquence de quoi ; et réciproquement.)

    J’y parviens.

    Je suis assez nul en développé-couché (exercice physique habituellement préconisé deux fois par semaine, pour renforcer les pectoraux), mais je suis meilleur que Nath.

    Je connais Nathalie depuis l’âge de 8 ans : on a fréquenté les mêmes écoles, les mêmes amis, les mêmes cinémas, à l’époque en Picardie, à Compiègne, pendant dix ans, avant de se retrouver sur Paris sept ans plus tard, à enseigner dans le même lycée. Un jour, Nath s’est retrouvée seule, avec un appartement trop grand, avec un loyer trop lourd, et elle m’a proposé de tout partager : appart’et loyer. De cohabiter, donc, en tout bien, tout honneur.

    Nath fait partie de ma famille, je l’aime beaucoup, mais on n’est pas ensemble.

    Je tenais à le préciser.

    Mais pourquoi suis-je si nerveux ?

    2

    Nathalie, chapitre 1

    « Je m’appelle Nathalie Deyglun, j’ai 36 ans. »

    J’écris des poèmes depuis longtemps ; activité assez ordinaire d’un professeur de français assez ordinaire. Ambitions littéraires : sans ou très peu ou très bien refoulées. Mais, écrire pour aller mieux ; et ça va plutôt mieux, ça va plutôt pas mal.

    J’ai écrit ça, et beaucoup d’autres choses, à propos de Bruno :

    « Tu es mon ami le plus doux,

    Et je suis ta plus fidèle amie,

    Je connais tout de toi,

    Tes rêves, ta vie, et tes secrets émois,

    Ce que tu veux, et ce que tu ne veux pas,

    Je sais ce qu’il faut pour te plaire,

    Pour que tu aimes vraiment,

    Mais je ne sais pas le faire,

    J’ai eu si peu,

    En t’attendant,

    J’ai eu si peu d’amants…

    Tu m’aimes comme un ami,

    Moi, je t’aime en silence,

    Tu connais tout de moi,

    Sauf mes vrais sentiments,

    Je voudrais tout changer,

    Pour que tu m’aimes un peu,

    Je voudrais tout changer,

    Pour que tu m’aimes un peu plus…

    Pour que tu m’aimes un peu,

    Je dois apprendre à être forte,

    Oublier les faiblesses,

    Pour que tu m’aimes un peu,

    Je dois apprendre à être belle,

    Savoir te faire rêver,

    Et deviner le moment,

    Où tu veux devenir mon amant,

    Oui, j’apprendrai tout ça,

    Pour que tu m’aimes un peu…

    Tu connais tout de moi,

    Sauf mes vrais sentiments,

    Je voudrais tout changer,

    Pour que tu m’aimes un peu,

    Je voudrais tout changer,

    Pour que tu m’aimes un peu plus…

    Oui, pour toi, j’apprendrai tout ça,

    Pour que tu m’aimes un peu,

    Et ce jour-là, je saurai avouer,

    Mon ami, mon amour,

    Que je t’aime un peu,

    Que je t’aime un peu plus… »

    Je m’appelle Nathalie Deyglun, j’ai 36 ans. Bruno est mon meilleur ami. Bruno vous dirait que… on n’est pas ensemble. Ça, il aime bien le préciser. Aux gens.

    Oui. Et moi, j’aimerais bien qu’on soit ensemble.

    Donc, si on veut résumer, j’enseigne le français pour des raisons professionnelles, et j’écris des poèmes pour de mauvaises raisons. Des poèmes style : « j’aimerais bien qu’on soit ensemble. » Style. Mais plus poétiquement correct.

    (Un chouïa, à peine.)

    La belle et douce Marie-Catherine, je l’ai connue d’abord comme médecin généraliste, il y a un an, et nous avons très vite sympathisé. Aujourd’hui, MC est devenue ma meilleure amie.

    J’aime beaucoup Alain, aussi, si sympathique et sous antidépresseurs depuis la fin des années quatre-vingt ; le seul garçon que je connaisse qui soit encore plus sensible que moi ; une performance de très haut niveau, croyez-moi, et saluée comme telle.

    Mais pourquoi suis-je si nerveuse ?

    3

    Alain, chapitre 1

    « Je m’appelle Alain Mignon, j’ai 38 ans. »

    Récemment, une femme exploitée, spoliée, battue (98 fois) (aux élections), prénommée Arlette, nous a rappelé que :

    « Et tu bosses, tu acceptes ta vie,

    Tu dis oui, et parfois tu souris,

    Tu agis, mais souvent tu subis,

    Et tu oublies tes rêves, et tu oublies ta vie… »

    Tous les boulots auxquels j’accédais temporairement étaient de nature purement alimentaire.

    Toujours d’intérim en intérim, d’une période d’essai à une autre période d’essai – jamais un essai validé –, passant systématiquement d’un « boulot de merde » à un « boulot à la con », je fais partie de ces cinquante pour cent de « surdoués » qui avons connu l’échec scolaire, avant d’échouer professionnellement. Nous sommes trop intelligents, donc trop sensibles, donc inadaptés aux réalités de la vie en entreprise, après avoir été des adolescents mal dans leur peau ; nous ne sommes pas assez forts.

    Après avoir abandonné mes études en terminale, à 16 ans, j’avais tout de même obtenu, sur le tard, un équivalent du baccalauréat scientifique, et cela me permettait de répondre à un certain nombre d’offres d’emploi, même si les postes auxquels j’aspirais le plus, comme conseiller financier au sein d’une banque, exigeaient maintenant d’avoir obtenu un diplôme de niveau Bac + 2, si possible orienté très fortement vers le commercial.

    Pour ce qui est de ma vie sentimentale et sexuelle, calme plat depuis quelques années ; pas même une légère brise début juillet ou courant du mois d’août. Rien.

    – Oui, on ne peut pas plaire à tout le monde, mais on peut ne plaire à personne.

    – Comme l’a écrit un écrivain.

    – Il a dit ça, aussi, cet auteur :

    « Mais, quand on renonce

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