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Le cygne noir - Tome 3: Thriller psychologique
Le cygne noir - Tome 3: Thriller psychologique
Le cygne noir - Tome 3: Thriller psychologique
Livre électronique240 pages3 heures

Le cygne noir - Tome 3: Thriller psychologique

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À propos de ce livre électronique

Jérôme n'aura la conscience en paix que lorsqu'il aura trouvé la vérité...

Affronter son passé ne signifie pas pour autant trouver la paix ni obtenir toutes les réponses à ses questions. Quand la vengeance se transforme en quête de vérité… Jérôme voit de nouveau son existence bouleversée. D’ailleurs, est-il toujours digne de sa fonction ? Pour Julia et lui, le chemin vers le bonheur s’annonce parsemé d’embûches… Quant à Laure, a-t-elle dit son dernier mot ?

Plongez-vous dans le troisème tome de ce thriller psychologique passionnant qui lie habilement le passé au présent pour vous mener de rebondissement en rebondissement !

EXTRAIT

Jérôme tambourine sur le sous-main, pensivement. Il réfléchit et arrive à la conclusion qu’il doit en parler à sa mère ; même si c’est douloureux.
— Qu’est-ce que tu cherches ? demande alors Isabelle, en apparaissant dans l’encadrement de la porte.
Jérôme sursaute. Il n’avait pas remarqué sa présence. Pourtant sa mère se tient là depuis plusieurs minutes. Elle le regarde avancer pas à pas vers la vérité ; refusant consciemment de lui faciliter la tâche…
— Rien de particulier. Par contre, j’ai trouvé cette lettre.
Sans en révéler le contenu, il la tend à sa mère et guette sa réaction. Ses mains tremblent lorsqu’elle saisit le papier. Isabelle parcourt le courrier, sans surprise. L’épouse du médecin fronce les sourcils. Comment a-t-elle pu passer à côté ? Elle est pourtant venue plusieurs fois dans ce bureau depuis le décès de Pierre. Sa lecture achevée, elle déchire la lettre en plusieurs morceaux avant de les jeter dans la corbeille.
— Tu étais au courant ? l’interroge Jérôme, en se levant.
— Je ne veux pas parler de ça avec toi, répond madame Garnier, en s’éloignant.
— Tu sais de qui il s’agit ? demande encore son fils, en la rattrapant par le bras.
— Laisse-moi. Ça ne te regarde pas…
— J’ai besoin de savoir !
Isabelle sonde Jérôme.
— Qu’est-ce que ça va changer, ajoute sa mère, prête à quitter le cabinet.
— Vautrin est mort…
Et ça, ça va changer quelque chose peut-être…
Elle s’arrête un instant. Il remarque ses poings serrés, mais elle ne dit rien.
J’en ai marre de me heurter à un mur !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Frédérique Roger est née en 1975 en Seine et Marne. Après une licence de Droit, elle choisit d’entrer à l’Education Nationale. Elle a développé le goût pour l’écriture dès le collège, puis elle s’est consacrée à sa vie de famille et à son métier d’enseignante. Elle renoue avec sa passion et signe son premier roman Le cygne noir comme un exutoire aux tourments de l’adolescence et à l’image de soi.
LangueFrançais
Date de sortie4 sept. 2019
ISBN9782851137258
Le cygne noir - Tome 3: Thriller psychologique

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    Aperçu du livre

    Le cygne noir - Tome 3 - Frédérique Roger

    Frédérique Roger

    Le cygne noir

    Tome III

    Roman

    ycRfQ7XCWLAnHKAUKxt--ZgA2Tk9nR5ITn66GuqoFd_3JKqp5G702Iw2GnZDhayPX8VaxIzTUfw7T8N2cM0E-uuVpP-H6n77mQdOvpH8GM70YSMgax3FqA4SEYHI6UDg_tU85i1ASbalg068-g

    © Lys Bleu Éditions—Frédérique Roger

    ISBN : 978-2-85113-725-8

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    Quelque part dans ma tête…

    J’avoue que je ne sais plus où j’en suis en ce moment…

    Une farandole de noms s’entrechoque dans mon esprit comme une litanie entêtante dans laquelle je ne me retrouve plus.

    LAURE sonne comme « nana perturbée », qui prend plaisir à fouiller mon passé pour me faire payer notre séparation ;

    JULIA résonne en moi comme la chanson de Gainsbourg « Je t’aime moi non plus » ;

    VAUTRIN… Et là j’entends le glas qui sonne comme « affaire classée » ;

    « SORCIÈRE ROUGE »… J’entoure et je mets de gros points d’interrogation sur la maîtresse de mon père…

    Et puis au milieu de tout ça, il y a MOI, le pompier sur la touche, qui s’efforce de remonter la pente.

    Ma vie ressemble plus à un tas de legos en ruine qu’à une construction reposant sur des fondations solides. Pourtant je n’en demande pas tant… Se lever, espérer une bonne journée, savoir à quoi l’on sert, être aimé et reconnu, rentrer chez soi satisfait… Mais rien ne me satisfait en ce moment.

    Alors je dissipe ma confusion pour laisser la place à un raisonnement plus cartésien, comme un protocole d’intervention pour ne pas se planter au moment où ça devient compliqué…

    Étape 1 : Reprendre le boulot. Je ne suis plus rien sans mon camion rouge… (ça fait cliché, mais j’aime bien l’image…)

    Étape 2 : Me soigner (je sais je l’ai déjà dit), mais il faut du temps pour guérir de ce truc-là…

    Étape 3 : Proposer à Julia des perspectives d’avenir plus joyeuses… Et là je pense forcément au bébé. Je n’ai plus que six mois pour mettre un peu d’ordre dans ma vie. Un compte à rebours sans appel.

    Étape 4 : Identifier la sorcière rouge… Sacré Vautrin ! C’était trop simple de me filer son nom. La maîtresse de mon père sait forcément des choses que j’ignore…

    (Étape 5) : Espérer que les flics mettent rapidement la main sur l’infirmière cinglée ; mais là je n’y peux rien, excepter attendre et les laisser faire leur travail…

    ***

    Chapitre 23

    Paris, mai 2015,

    Étape 1…

    Vendredi après-midi, 17 h, comme d’habitude à cette heure, le bus est bondé et certains passagers ne trouvent même plus de place assise. Heureusement, la plupart descendent à la station suivante, celle des grands magasins. Presque tous, des jeunes avec leurs écouteurs sur les oreilles, des mères empoignant leurs sacs de commissions, des vieux qui prennent leur temps, des jeunes filles qui s’esclaffent bruyamment ; tous, sauf quelques personnes allergiques au shopping et une passagère, assise au fond. Elle s’est levée, a poussé un cri avant de retomber lourdement sur son siège, en se tenant le ventre.

    Alerté par des voyageurs, le chauffeur se retourne, fonce à l’arrière et découvre une jeune femme enceinte jusqu’aux yeux… Père de quatre enfants, le bonhomme garde son sang-froid et l’interroge. Quand il lui demande si elle est à son terme. Elle répond que « oui ». Alors il appelle immédiatement les pompiers.

    En attendant l’arrivée des secours, le conducteur fait descendre tous les passagers, à l’exception d’une coiffeuse qui se propose pour rester avec la jeune maman. Le conducteur accepte ce soutien inespéré, surtout quand la passagère pousse un nouveau cri, le corps secoué par une nouvelle contraction.

    La maman de trente-six ans explique alors qu’elle a bien ressenti des douleurs depuis ce matin, mais qu’elle ne s’est pas alarmée. C’est son troisième enfant, alors elle a un peu l’habitude…

    Il ne faut pas plus de quelques minutes pour voir arriver une ambulance fendre le trafic parisien et se garer près du bus toujours stationné. Le chauffeur abandonne sa passagère et se presse d’ouvrir les portes aux sauveteurs, tandis que la coiffeuse continue de serrer sa main, avec un optimisme à toute épreuve. Elle multiplie les promesses en l’assurant que tout va bien se passer et qu’il faut profiter de ce « beau moment »…

    La future maman en doute lorsqu’elle voit débarquer trois jeunes sapeurs-pompiers, avec leur matériel de secours ; Jérôme en-tête.

    Le caporal-chef Garnier a repris sa place au sein de la Brigade, sans que ses collègues le regardent comme un pestiféré…

    Normalement, ce n’est pas l’esprit de la « maison » : on est solidaire ; surtout dans l’adversité.

    Reprise, premier jour de garde et déjà une intervention délicate. Je ne sais même plus ce que je vaux en tant que pompier, s’interroge l’homme qui redoutait son retour à la Brigade autant qu’il y aspirait. Quand il a lu « l’ordre de départ », Jérôme a bien évidemment penser à Julia et puis le devoir a chassé les émotions, les sentiments ont laissé la place à la concentration.

    Le chef d’agrès veut s’assurer que la jeune femme est transportable. Quand la mère voit s’avancer ce grand brun en polo bleu-marine qui n’a même pas trente ans, elle remet aussitôt en cause sa crédibilité… Alors Jérôme s’agenouille près d’elle, lâche un sourire confiant, en enfilant ses gants. Il tente de dédramatiser la situation et essaye de gagner sa confiance.

    Je préfère sourire et surtout ne pas lui avouer que mon expérience se cantonne à quelques heures de stages théoriques auprès d’une sage-femme…

    À son tour, il lui pose les bonnes questions, son âge, son terme, le temps entre chaque contraction…

    — C’est votre première grossesse ?

    — Bien sûr que non !

    Puis le pompier fait un premier constat. Le travail a commencé… À son tour, Olivier déploie sa panoplie de secouriste pour prendre ses constantes et cherche à la rassurer. Le bébé ne va pas arriver tout de suite.

    Moi aussi, je me dis que « ça va le faire »… La « petite dame » va serrer les cuisses jusqu’à l’hôpital !

    Qu’est-ce qu’il en sait ?! La patiente n’est pas du tout du même avis et continue de souffrir le martyre. Pour la péridurale, c’est fichu !

    Jérôme s’efforce de rester concentré et assure sa prise en charge. Il s’avère qu’au moment où les pompiers l’installent sur le brancard pour la transférer dans leur VSAV, la future maman « perd les eaux »…

    — Bon, on fait quoi maintenant ? l’interroge son équipier, en constatant la flaque aux pieds de la patiente.

    — Ah bah voilà ! s’exclame la jeune femme, en sentant un filet humide continuer à couler le long de ses cuisses.

    Mon pantalon est trempé… Le liquide amniotique, ça porte bonheur ?

    La rupture de la poche accélère le travail. Conscient de l’urgence, le chef d’agrès ne renonce pas à la transporter jusque dans le véhicule de secours. Là, les pompiers l’installent avec précaution sur la civière et Jérôme l’examine à nouveau.

    Je commence à voir la tête… L’accouchement est imminent… ça va être pour moi…

    Alors le sauveteur attrape un kit de naissance sans tarder.

    — On n’est pas parti sur de bonnes bases. Mais là, il va falloir me faire un peu confiance, ajoute Jérôme, en glissant un drap absorbant sous ses reins, tandis qu’Olivier la soutient.

    Elle semble enfin convaincue quand je lui prodigue quelques conseils et pratique des gestes plutôt techniques. Puis tout va très vite… En quelques poussées, le bébé arrive, la tête puis les épaules. Je n’ai qu’à tendre les mains pour le récupérer dans mes bras. C’est un garçon ! Je dégage rapidement le cordon autour de son cou et le petit se met à pleurer presque aussitôt…

    C’est génial quand ça se passe bien !

    À l’expulsion complète, Olivier lui passe les clamps. Jérôme s’en empare et clampe le cordon ombilical. Puis il applique une compresse stérile et la maintient au moyen d’un filet qu’il passe délicatement autour de l’abdomen du nouveau-né. Alors il enveloppe le bébé et le dépose enfin sur le ventre de sa mère, en attendant l’arrivée des médecins du SAMU.

    Mais c’est moi qui ai fait le boulot !

    Le sauveteur est plutôt fier d’avoir réalisé son premier accouchement et n’aurait pas espéré mieux comme « inter » pour replonger dans le bain…

    La passagère le gratifie d’un sourire et d’un regard reconnaissant avant de lâcher un « merci ».

    Finalement, il a assuré !

    — Pourtant, j’aurais rien misé sur vous…

    Je commence à relâcher la pression. Tout s’est bien passé. Le bébé est en bonne santé, la maman aussi…

    Pour terminer, Olivier couvre la mère et l’enfant avec une couverture de survie. Jérôme sort un minuscule bonnet et le pose délicatement sur la tête du nourrisson avec le sentiment du devoir accompli. Les deux hommes se regardent, émus par ce qu’ils viennent de réaliser.

    C’est vrai, c’est magique. Dans notre métier, quand on part sur un accident ou sur un arrêt cardiaque, c’est déjà gratifiant de sauver des vies… Mais « donner la vie », c’est bouleversant ; une intervention particulière qui nous marque à jamais.

    ***

    Joigny, quelques jours plus tard

    La porte est restée close depuis de nombreux mois. Il hésite, puis entre. Le cabinet est plongé dans le noir, alors Jérôme décide d’ouvrir les volets. Quand il ouvre la porte-fenêtre, la pièce reprend vie et n’attend plus que le médecin. Rien n’a bougé ; sa mère ne s’est pas encore résolue à débarrasser la pièce. Peut-être n’a-t-elle même pas remarqué que l’arme avait disparu. Après l’avoir essuyé minutieusement pour effacer ses empreintes, Jérôme repose le revolver dans sa boîte, à l’endroit où il l’avait pris.

    « C’était mon docteur… J’avais besoin de lui… Garnier était mon médecin… » Les phrases de Vautrin me reviennent et repassent en boucle dans mon esprit. Je dois en avoir le cœur net. Il n’a peut-être pas prémédité son crime, mais Vautrin connaissait sa victime. Nous étions les enfants du docteur. Il voulait lui faire payer !

    Jérôme contemple les lieux, regarde la vitrine où sont exposés les diplômes de Pierre Garnier et plusieurs livres de référence. Il ouvre l’armoire, les dossiers des patients y sont rangés dans l’ordre alphabétique. Plusieurs étagères encombrées de dossiers multicolores. Sans perdre une minute, Jérôme fait glisser son doigt jusqu’à la lettre « V » et ne tarde pas à extraire une chemise bleue sur laquelle le nom de « Jacques VAUTRIN » est inscrit au marqueur ; l’encre noire est passée mais reste visible. Jérôme s’empare du document et le pose avec précaution sur le bureau. Il s’installe pour le feuilleter calmement. L’adresse de l’homme lui saute aux yeux, celle de sa sœur aussi, puisqu’il était placé sous sa tutelle.

    Après des mois à le chercher partout… Je me rends compte que tout était là depuis plus de vingt ans. J’avais les informations à porter de main… Que de temps perdu…

    Plusieurs documents sont rangés, des prescriptions, des observations, des bilans ; la plupart sont signés par Pierre Garnier. Il n’y a plus de doute ; Vautrin disait la vérité : Pierre était son médecin traitant.

    Et pour le reste ? Mon père avait-il une maîtresse réellement ou n’existe-t-elle que dans l’imagination perturbée de l’assassin ?

    Jérôme regarde autour de lui, comme si la réponse allait s’inscrire sur les murs du cabinet. Il ouvre un premier tiroir, puis un autre, rien ne traîne. Il tape frénétiquement les doigts sur le bureau, songeur. Alors il remarque cette enveloppe froissée glissée maladroitement sous le sous-main. Curieux, Jérôme s’empare de la lettre datée du mois d’octobre. L’écriture régulière et appliquée est celle d’une femme. Il en parcourt rapidement le contenu, malgré l’émotion qui le gagne. Dans ce courrier adressé à Pierre, elle parle de leurs retrouvailles, de ses sentiments inchangés depuis vingt ans, de sa décision de quitter son mari pour lui. Elle n’a pas signé malheureusement…

    Les femmes sont toujours plus courageuses que les hommes quand il s’agit de mettre fin à une histoire.

    Plusieurs questions traversent alors l’esprit de Jérôme : Sa mère était-elle au courant de cette liaison ? Son père avait-il l’attention de quitter Isabelle ?

    Jérôme tambourine sur le sous-main, pensivement. Il réfléchit et arrive à la conclusion qu’il doit en parler à sa mère ; même si c’est douloureux.

    — Qu’est-ce que tu cherches ? demande alors Isabelle, en apparaissant dans l’encadrement de la porte.

    Jérôme sursaute. Il n’avait pas remarqué sa présence. Pourtant sa mère se tient là depuis plusieurs minutes. Elle le regarde avancer pas à pas vers la vérité ; refusant consciemment de lui faciliter la tâche…

    — Rien de particulier. Par contre, j’ai trouvé cette lettre.

    Sans en révéler le contenu, il la tend à sa mère et guette sa réaction. Ses mains tremblent lorsqu’elle saisit le papier. Isabelle parcourt le courrier, sans surprise. L’épouse du médecin fronce les sourcils. Comment a-t-elle pu passer à côté ? Elle est pourtant venue plusieurs fois dans ce bureau depuis le décès de Pierre. Sa lecture achevée, elle déchire la lettre en plusieurs morceaux avant de les jeter dans la corbeille.

    — Tu étais au courant ? l’interroge Jérôme, en se levant.

    — Je ne veux pas parler de ça avec toi, répond madame Garnier, en s’éloignant.

    — Tu sais de qui il s’agit ? demande encore son fils, en la rattrapant par le bras.

    — Laisse-moi. Ça ne te regarde pas…

    — J’ai besoin de savoir !

    Isabelle sonde Jérôme.

    — Qu’est-ce que ça va changer, ajoute sa mère, prête à quitter le cabinet.

    — Vautrin est mort…

    Et ça, ça va changer quelque chose peut-être…

    Elle s’arrête un instant. Il remarque ses poings serrés, mais elle ne dit rien.

    J’en ai marre de me heurter à un mur !

    — Autre chose… J’ai trouvé son dossier médical, dit-il, en agitant la chemise bleue. Pourquoi tu ne m’as jamais dit que papa était son médecin entre 1990 à 1995. Il soignait Vautrin à l’époque pour ses troubles psychotiques !

    Isabelle se retourne, mais ne fait aucun commentaire. Jérôme ne se démonte pas, il poursuit.

    — Le jour où Clément s’est fait enlever, ils se sont disputés parce que Pierre avait refusé de recevoir Vautrin en consultation.

    — Tais-toi par pitié… Je sais tout ça…

    — Tu es au courant et tu ne me dis RIEN ! Clément n’a pas été tué par hasard, lâche enfin Jérôme, obnubilé par le récit de l’assassin.

    — C’était un malheureux concours de circonstances…

    — Malheureux, oui ! TU TE FICHES DE MOI ?! Pourquoi tu ne t’es pas révoltée quand tu as su ce qui s’était réellement passé ?! Je ne te vois pas en colère devant tant d’injustice ! Ton mari te trompait et ton fils est mort parce qu’il s’envoyait en l’air avec sa maîtresse ! TU LE SAIS, ça aussi ! Il baisait sa maîtresse ICI, dans ce bureau ! DIS-MOI qui c’était !

    Son identité brûle les lèvres d’Isabelle. ELLE la déteste. ELLE la hait et les années n’ont pas amoindri son ressentiment envers ELLE. Mais madame Garnier ferme les yeux, serre les dents et se contient. Elle ne peut pas lui révéler son nom, c’est prendre le risque que cette femme raconte toute la vérité à Jérôme. Isabelle quitte la pièce pour fuir le feu nourri de questions.

    — Je le découvrirai de toute façon ! Mais sans ton aide, ça me prendre plus de temps ! s’écrie alors son fils, en frappant d’un poing rageur sur le bureau.

    La douleur fulgurante remonte jusque dans son épaule. Jérôme secoue le bras et balance par la même occasion le dossier de Vautrin. Il observe les feuilles s’éparpiller sur le sol du cabinet avant de se résoudre à les ramasser.

    ***

    Le corbeau…

    C’est toujours la même enveloppe de couleur rouge, un rouge écarlate marque de l’infamie. Pas d’adresse, pas d’expéditeur. Le courrier est toujours déposé de façon anonyme, le 5 de chaque mois à la date « anniversaire » de son accident de voiture. Ce rituel morbide a débuté en décembre, quelques semaines après l’enterrement de Pierre, sans qu’Isabelle ne puisse l’enrayer, sans même avoir la volonté d’y mettre un terme.

    Quand elle se rend à sa boîte aux lettres, madame Garnier s’empare de l’enveloppe, scrute la rue comme si elle craignait de croiser l’expéditeur. Elle retourne à la maison, hésite puis l’ouvre enfin pour découvrir le message qu’elle connaît par cœur. La feuille à l’intérieur est blanche, repliée en quatre. Les mots sont imprimés en gras ; toujours le même texte. Aucune signature.

    Je sais ce que tu as fait.

    C’est toi qui l’as tué !

    C’est la sixième fois qu’elle reçoit une lettre de ce genre. L’expéditeur est ponctuel ; une chaque mois. Au début, elle voulait les mettre au feu. Puis, elle s’est ravisée. Si les menaces devenaient plus sérieuses, Isabelle a jugé opportun de conserver une trace. Et elle les empile consciencieusement dans une boîte à chaussures qu’elle dissimule en haut du placard de l’entrée. Elle ne veut pas inquiéter ses enfants.

    Mais, ce jour-là, quand Sophie entre, elle fixe encore la lettre posée sur la table. Tandis que Benjamin se précipite pour embrasser sa grand-mère, la jeune femme remarque aussitôt l’air soucieux de sa mère.

    — Ça ne va pas ? demande-t-elle, en débarrassant l’enfant de son manteau.

    Isabelle ne répond pas. Elle embrasse le garçon, lui propose une part de gâteau et un verre de jus de pomme. Benjamin s’installe à table pour prendre son goûter. Alors, Sophie s’empare du courrier que sa mère n’a pas

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