La maladie: Prix du Roman Clé 2015
Par Emilio Sciarrino
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À propos de ce livre électronique
Le lieu : un petit appartement d’étudiant, çà et là, quelques meubles. Un lit. Un homme allongé et le narrateur, son compagnon qui le veille et l’accompagne. La maladie est un huis clos. Le narrateur nous invite à y assister. La maladie s’est emparée d’un corps. Dans cette chambre coexistent aujourd’hui la vie et la mort.
Au début, ce n’est presque rien, pas de signes importants, simplement une petite fatigue qui s’installe. Puis ça se manifeste, la maladie s’exprime à travers le corps, prend forme humaine, la forme d’un corps qui se détériore, au gré de sa fulgurance. Le lecteur devient caméra. Nous suivons cet homme qui souffre, cette gravité.
La maladie est un texte sur l’amour et sur le couple. Il nous interroge sur ce que nous ferions nous dans pareil cas, car la maladie n’est pas seulement l’affaire des autres. Elle ne prévient pas. Son évolution est imprévisible. La maladie qui ronge l’être aimé met en danger, casse une routine, remet en question des choix, des sentiments, le quotidien, son organisation, la vie.
La maladie aborde le sujet de la condition de l’homosexuel qui fait encore l’objet d’un jugement négatif, avec pour toile de fond le mariage pour tous qui a récemment secoué la France et démontré l’existence d’une armée d’obscurantistes qui contaminent la société.
La maladie est un tableau. Ce roman est une invitation à la réflexion.
EXTRAIT
La maladie commença lentement. Ce fut d’abord son corps qui refusa de se prêter à ses volontés et insinua une résistance sourde à ses efforts. Quand il découvrit peu à peu qu’il ne pouvait continuer à se nourrir comme il l’avait fait jusqu’alors, sans ordre ni raison, et qu’il ne pouvait plus passer des nuits blanches, sans sommeil ni repos, il ne s’inquiéta pas. Cela fut brutal ; il n’y eut aucun autre signe avant-coureur du moment où la maladie se déclara. En même temps que cette maladie sans nom, la tranquillité du sommeil vint à lui manquer et à être agitée de rêves insupportables. Ses pensées, d’intègres qu’elles lui paraissaient, se trouvèrent doublées et gâtées par d’autres, sournoises, bien plus visqueuses et inquiétantes.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
- « La maladie est un roman magnifique qui réussit le défi de s’ancrer dans une réalité et un contexte tout en touchant à l’universel. Il y est surtout question d’amour, le pur, le sincère, le véritable, et de ce que l’on est prêt à faire pour la personne aimée. » (Aurélie Janssens, Librairie Page et Plume, Limoges)
- « La maladie est un roman très beau. Même si le sujet est précis, il confine à l’universel. L’écriture est juste, sobre et poétique en même temps. » (David Goulois, Cultura de Chambray-lès-Tours)
- « Ce texte m’a bouleversée. Une écriture pudique mais puissante, des ellipses qui ajoutent à la délicatesse et du coup au drame, et enfin un dénouement inattendu, complexe, désarmant. Bref un roman d’une sensibilité éblouissante, très équilibré, émotionnellement fort et subtil dans le traitement. » (Anne Mathurin, Librairie Le Terrier, Paris)
- « Un premier roman déroutant qui nous parle de la maladie, douleur universelle... Lecture intense et intimiste, ce livre me hante encore... » (Caroline Le Gal, Librairie Monet, Montréal)
A PROPOS DE L’AUTEUR
Emilio Sciarrino est né en 1988 à Palerme. Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Paris, il est doctorant à la Sorbonne Nouvelle où il a donné des cours de littérature italienne et de traduction.
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Aperçu du livre
La maladie - Emilio Sciarrino
I
La maladie commença lentement. Ce fut d’abord son corps qui refusa de se prêter à ses volontés et insinua une résistance sourde à ses efforts. Quand il découvrit peu à peu qu’il ne pouvait continuer à se nourrir comme il l’avait fait jusqu’alors, sans ordre ni raison, et qu’il ne pouvait plus passer de nuits blanches sans sommeil ni repos, il ne s’inquiéta pas.
Cela fut brutal ; il n’y eut aucun autre signe avant-coureur. Dans cette maladie encore sans nom, la tranquillité du sommeil fut agitée de rêves insupportables. Ses pensées, qui lui semblaient jusqu’alors limpides, se trouvèrent doublées et gâtées par d’autres, bien plus sournoises, visqueuses et inquiétantes.
Il faudrait que je mette un nom précis sur son visage. Mais cela nuirait à la généralité de mon propos. C’est pourquoi je me contenterai de l’appeler IL et d’éviter le poids d’un nom complet ou la suggestion d’une lettre purement fortuite. Si j’avais livré son nom entier, j’aurais prétendu énoncer une réalité bien déterminée : mais n’est-ce pas là une illusion, peut-être la première, contre laquelle il faut s’ériger ? Si j’avais suivi les lettres de son nom, placées en un ordre intelligible, j’aurais déjà accepté un certain sens des événements.
Il somnolait, la tête penchée vers moi. Ses cheveux étaient ébouriffés. Son visage, dont l’ovale me semblait devenu un peu plus aigu depuis quelque temps, transmettait un sentiment de calme serein. Rien en son expression n’annonçait qu’il ne pourrait bientôt plus se déplacer, plus voyager – car sa condition physique l’empêcherait désormais de sortir de sa chambre.
Je pris sa main et la serrai ; il répondit à mon appel, doucement, de telle sorte qu’il était impossible de savoir s’il s’agissait d’une réaction involontaire ou s’il était encore conscient. Peut-être à travers les brouillards de sa somnolence percevait-il tout de même l’appel sourd de ma main tenant la sienne. Dans la douceur habituelle, adorée, de sa main, ce qui me terrorisait était de percevoir que son corps n’accusait aucunement le mal qui le tenait, et qu’il n’en portait nulle trace tangible. Pas encore. Bientôt, il maigrirait à faire peur. Bientôt, son corps ne le soutiendrait plus et il serait cloué au lit pendant des mois, agité nuit et jour par des spasmes qui lui arracheraient des cris de douleur qu’il camouflerait en gémissements.
Parfois, quand il parlait, un léger déphasage l’empêchait de conclure la phrase qu’il avait commencée. La phrase restait alors suspendue comme un oiseau empaillé, aux ailes rigides et déployées, soutenu par un fil de fer. Je savais qu’il cachait son angoisse, qu’elle ressurgissait là sous la forme d’un symptôme phonétique. Mais pendant toute la durée de sa maladie, il ne bégaya pas une seule fois. Les mots ne lui firent jamais défaut. Il me parla jour après jour, posément, les yeux rivés sur les feuilles des arbres qu’il apercevait par la fenêtre et qui étaient devenues son seul paysage.
II
Il est des moments particuliers dans la transition entre deux saisons où le temps semble procéder à l’envers : ainsi, en automne, le ciel, au lieu de virer vers le gris blanc inexpressif de l’hiver, se teinte trompeusement d’un bleu d’été. Le matin brumeux annonce la pluie, puis laisse place à un ciel clair, déchiré par la grêle, nappé par des bancs de nuages pâles. Le soir apporte de nouveau une douceur surprenante, et c’est la nuit, comme un goût d’hiver déjà.
J’observais les changements de la saison depuis la fenêtre de l’appartement de Gentilly où je venais d’emménager et j’ignorais que la vue sur l’église Saint-Saturnin, sur les arbres qui la flanquent et sur le parking à côté deviendrait son seul paysage.
La maladie arriva de manière sinueuse et imprécise sous la forme d’une grande lassitude et d’un épuisement paralysant contre lequel il n’arrivait pas à lutter. Quand celui-ci se fut installé de manière durable, on commença à soupçonner la présence d’autre chose qu’une fatigue tenace.
La maladie, pense-t-on généralement, n’arrive qu’aux autres. Tout comme la mort. Nous en connaissons l’aspect inéluctable ; elle ne concerne notre existence que comme une généralité abstraite. La mort des autres peut nous toucher ; elle leur appartient ; le plus souvent, celle-ci nous est apportée de loin par des nouvelles journalistiques, délestée de son poids réel. Dans la ronde des préoccupations quotidiennes, où tout nous ramène au présent, elle fait figure d’horizon invisible.
Je l’ai rencontré à Pise. Arrivé à Paris, il est étranger. Il admire la ville ; il en a peur. C’est dans la langue française qu’il se sent le plus perdu. Il est plein de doutes : ses premiers mails, ses premiers textes pour l’université sont douloureux. Bientôt, il entre dans l’eau tiède, coulante du français ; il ne veut plus me parler qu’en cette langue. Je repense aux erreurs phonétiques que
