Ce que la Danse m'a dit ...
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À propos de ce livre électronique
Jean-François Vazelle
Jean-François Vazelle, licencié es sciences économiques-Paris Assas, Diplomé du Centre d'Etudes Supérieur de Banque à Sciences Politiques-Paris et licencié en histoire de l'Art à Paris-Vincennes, est un spectateur passionné de danse depuis 1966, lorsqu'il rencontre l'univers de Maurice Béjart. Sans renoncer à ses fonctions de cadre dirigeant dans les secteur bancaire, juridique et artistique, il ne cessera de s'intéresser à l'art chorégraphique et d'y jouer les rôles les plus divers. Directeur artistique de la Fondation pour l'Enfance de madame Giscard d'Estaing, pendant dix ans, il organise et met en scène les Nuits de l'Enfance à l'Opéra Royal du château de Versailles. Précurseur à cette époque, il « ose » y faire rencontrer étoiles de l'Opéra de Paris et danseurs hip-hop. Le ministère de la Culture le nommera administrateur du CNDC à Angers. Par ailleurs et pendant plus de dix ans, il travaillera auprès de Manuel Legris en qualité de conseil-administrateur. En 2012, il écrit Cléopâtre-Ida Rubinstein pour Patrick De Bana, qui sera créé en juin 2013 au Théâtre des Champs-Élysées à Paris. Leur collaboration se poursuivra avec Apollon, crée le 14 avril 2013 à Tokyo, le Sacre du Printemps pour l'Opéra de Novossibirsk - 4 fois nominé aux prestigieux Golden Mask Awards de Moscou -, Farewell Waltz pour les étoiles, Isabelle Guérin et Manuel Legris au Grand Théâtre de Shanghaï, Echoes of Eternity pour le Shanghaï Ballet crée en juillet 2015 et enfin, Rain Before it Falls pour Zvetlana Zakharova créée le 12 mai 2016 sur la scène du Bolchoï de Moscou. La consécration lui sera offerte par Manuel Legris, alors directeur du Ballet de l'Opéra de Vienne avec le livret du Corsaire. Création au Wiener StaatsBallett le 20 mars 2016, reprise à L'Opéra National de Lituanie le 27 avril 2018 et à l'Opéra National Narodowa de Varsovie le 17 septembre 2020. Ils collaboreront à nouveau avec Sylvia créée au Staatsoper de Vienne le 10 novembre 2018 et reprise à La Scala de Milan le 17 décembre 2019
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Aperçu du livre
Ce que la Danse m'a dit ... - Jean-François Vazelle
TABLE
EXERGUE
AU COMMENCEMENT...
MAURICE BEJART
IX o SYMPHONIE-ODE À LA JOIE SCHILLER Béjart, Maurice
1789 ...ET NOUS Béjart, Maurice
ADAGIETTO Béjart, Maurice
AMOR DI POETA/DIECHTERLIEBE Béjart, Maurice
AREPO Béjart, Maurice
BAISER DE LA FÉE (LE) Béjart, Maurice
BEJART FETE MAURICE Béjart, Maurice
BHAKTI Béjart, Maurice
BOLERO Béjart, Maurice
CASSE- NOISETTE Béjart, Maurice
CE QUE L'AMOUR ME DIT Béjart, Maurice
CE QUE LA MORT ME DIT Béjart, Maurice
CHANT DU COMPAGNON ERRANT (LE) Béjart, Maurice
CHANTS DAMOUR ET DE GUERRE Béjart, Maurice
CINQ PRÉLUDES POUR VIOLONCELLE Béjart, Maurice
CONCOURS (LE) Béjart, Maurice
CRUCIFIXITION (LA) Béjart, Maurice
DIBOUK Béjart, Maurice
DIONYSOS Béjart, Maurice
ÉLÉGIE POUR ELLE, L.., AILE ! Béjart, Maurice
EROS- THANATOS Béjart, Maurice
FARAH Béjart, Maurice
FLÛTE ENCHANTÉE (LA) Béjart, Maurice
FLÛTE ENCHANTEE (LA) Pernette, Nathalie
GAITÉ PARISIENNE Béjart, Maurice
HAMLET Béjart, Maurice
ISADORA Béjart, Maurice
JÉRUSALEM, CITÉ DE LA PAIX Béjart, Maurice
LIFE Béjart, Maurice
M Béjart, Maurice
MEPHISTO- VALSE Béjart, Maurice
M ÊRE TERESA Béjart, Maurice
MESSE POUR LE TEMPS FUTUR Béjart, Maurice
MOLIÈRE IMAGINAIRE (LE) Béjart, Maurice
MOUVEMENT- RYTHME-ÉTUDE Béjart, Maurice
NIJINSKY, CLOWN DE DIEU Béjart, Maurice
NOCES Béjart, Maurice
NOMOS ALPHA Béjart, Maurice
NOTRE FAUST Béjart, Maurice
OISEAU DE FEU (L') Béjart, Maurice
OISEAU DE FEU (L') Fokine, Mikhaïl
OISEAU DE FEU (L') Rahn, Michel
PETROUCHKA Béjart, Maurice
PHRASES DE QUATUOR Béjart, Maurice
PIANO BAR Béjart, Maurice
PLI SELON PLI Béjart, Maurice
PRÉLUDE À L'APRÈS-MIDI D'UN FAUNE Béjart, Maurice
PRESBYTÈRE NA RIEN PERDU DE SON CHARME NI LE JARDIN DE SON ÉCLAT (LE ) Béjart, Maurice
RING UM DEN RING Béjart, Maurice
ROMEO ET JULIETTE Béjart, Maurice
SACRE DU PRINTEMPS (LE) Béjart, Maurice
SEPT DANSES GRECQUES Béjart, Maurice
SERAIT- CE LA MORT ? Béjart, Maurice
SERAPHITA Béjart, Maurice
SONATE Béjart, Maurice
SONATE À TROIS Béjart, Maurice
SQUEAKY DOOR Béjart, Maurice
SYMPHONIE POUR UN HOMME SEUL Béjart, Maurice
TROIS ÉTUDES POUR ALEXANDRE Béjart, Maurice
VARIATIONS DON GIOVANNI
Béjart, Maurice
VOYAGE NOCTURNE (LE ) Béjart, Maurice
WEBERN OPUS V Béjart, Maurice
WIEN, WIEN, NUR DU ALLEIN Béjart, Maurice
LES CLASSIQUES ou assimilés...
AMOUR POUR AMOUR Boccadoro, Vera
BAL DES CADETS (LE) Lichine, David
BAYADÊRE (LA) Noureev, Rudolf
BAYADÊRE (LA) Petipa, Marius
BAYADÊRE (LA) Tchaboukiani, Vakhtang
BELLE AU BOIS DORMANT (LA) A lonso, Aicia
BELLE AU BOIS DORMANT (LA) Hightower, Rosella
BELLE AU BOIS DORMANT (LA) Mossena, Béatrice
BELLE AU BOIS DORMANT (LA) Noureev, Rudolf
BELLE AU BOIS DORMANT (LA) Petipa, Marius
BELLE AU BOIS DORMANT (LA) Petit, Roland
BELLE... AU BOIS DORMANT (LA) Delente, Maryse
BOUTIQUE FANTASQUE (LA) Massine, Leonide
CARNAVAL À VENISE (LE) Kranocheieva, Nadiejd
CASSE- NOISETTE Labis, Attilio
CASSE-NOISETTE Neumeier, John
CASSE-NOISETTE Noureev, Rudolf
CASSE-NOISETTE Petipa, Marius
CASSE-NOISETTE Rayne, Michel
CASSE-NOISETTE extrait sous le nom de TREPAK Grigorovitch, Iouri
CENDRILLON Noureev, Rudolf
A CINDERELLA STORY Neumeier, John
CHOPINIANA Cameron, Mathew
CHOPINIANA Fokine, Mikhail
CHOPINIANA Vaganova, Agripina
CHOPINIANA - SYLPHIDES (LES) Fokine, Mikhail
CHOPINIANA - SYLPHIDES (LES) Vaganova, Agripina
COPPELIA Descombey, Michel
COPPELIA Lacotte, Pierre
COPPÉLIA Bart, Patrice
COPPÉLIA Jude, Charles
COPPÉLIA Saint- Léon, Arthur
COPPELIA Petit, Roland
CORSAIRE (LE) Mazilier, Joseph
CORSAIRE (LE) Perrot, Jules
CORSAIRE (LE) Petipa, Marius
CORSAIRE (LE) Rona, Viktor
CORSAIRE (LE) Terrell, Betteane
CORSAIRE (LE) Legris, Manuel
CRACOVIENNE (LA) Mazilier, Joseph
DANSES POLOVTSIENNES Fokine, Mikhail
DANSES POLOVTSIENNES Grjebina, Irina
DEUX PIGEONS (LES) Aveline, Abert
DIABLE À QUATRE (LE) Canova, Gilbert
DIABLE BOITEUX (LE) Miskovitch, Milorad
DIANE ET ACTEON Vaganova, Agripina
DON QUICHOTTE Goleizovski, Kasian
DON QUICHOTTE Gorski, Aexandre
DON QUICHOTTE Neumeier, John
DON QUICHOTTE Noureev, Rudolf
DON QUICHOTTE Petipa, Marius
DON QUICHOTTE Sakharov, Aexandre
DON QUICHOTTE Tomasson, Helgi
CORSAIRE (LE) -PIRATE DES MERS (LE) Medvedev, Vassili
ÉCUYÈRE (L') Petipa, Marius
ESMERALDA Perrot, Jules
ESMERALDA Gorski, Aexandre
ESMERALDA Agripina Vaganova
ESMERALDA Canova, Gilbert
ESMERALDA Lacotte, Pierre
ESMERALDA Petipa, Marius
FAVORITE (LA) Lacotte, Pierre
F ÊTE DES FLEURS À GENZANO (LA) Bournonville, August
FILLE DU PHARAON (LA) Petipa, Marius
FILLE DU PHARAON (LA) Lacotte, Pierre
FILLE MAL GARDÉE (LA) A lonso, Aicia
FILLE MAL GARDÉE (LA) Bronislava Nijinska
FILLE MAL GARDÉE (LA) Dauberval, Jean
FILLE MAL GARDÉE (LA) Dimitri Romanoff
FILLE MAL GARDÉE (LA) Gsovsky, Aexander
FILLE MAL GARDÉE (LA) Gravier, Jean-Paul
FILLE MAL GARDÉE (LA) Petipa, Marius
FILLE MAL GARDÉE (LA) Ashton, Frederick
FILLE MAL GARDÉE (LA) Spoerli, Heinz
FLAMMES DE PARIS Vainonen, Vassili
GISELLE A lonso, Aicia
GISELLE Bart, Patrice
GISELLE Baryshnikov, Mikhail
GISELLE Coralli, Jean
GISELLE Ek, Mats
GISELLE Franklin, Frederic
GISELLE Guillem, Sylvie
GISELLE Lacotte, Pierre
GISELLE Perrot, Jules
GISELLE Petipa, Marius
GISELLE Polyakov, Evgueni
GISELLE Richard, Francine
GISELLE Fabre, Jacques
GISELLE Sergueyev, Nicolai
GISELLE Skeaping, Mary
GISELLE Slonimski, Iouri
GRAND DÉFILÉ DU BALLET DE L'OPÉRA Staats, Léo
GRAND DÉFILÉ DU BALLET DE L'OPÉRA Aveline, Albert
GRAND DÉFILÉ DU BALLET DE L'OPÉRA Lifar, Serge
GRAND DÉFILÉ DU BALLET DE L'OPÉRA Sarelli, Jean
GRAND PAS CLASSIQUE Gsovsky, Victor
GRAND PAS CLASSIQUE Kovtoun, Valeri
GUILLAUME TELL Pas-de-Deux Acte III Bournonville, August
KONSERVATORIET Bournonville, August
ILLUSIONEN - WIE SCHWANENSEE Neumeier, John
LAC DE CYGNES (LE) Cerullo, Willy
LAC DE CYGNES (LE) Gsovsky, Alexander
LAC DE CYGNES (LE) Grigorovitch, Iouri
LAC DE CYGNES (LE) Ivanov, Lev
LAC DE CYGNES (LE) Reisinger, Julius
LAC DE CYGNES (LE) Petipa, Marius
LAC DE CYGNES (LE) Sergueev, Constantin
LAC DE CYGNES (LE) Terrell, Betteane
LAC DE CYGNES (LE) Van Dick, Peter
LAC DE CYGNES (LE) Neumeier, John
LAC DE CYGNES (LE) Bourmeister, Vladimir
LAC DE CYGNES (LE) Noureev, Rudolf
LAC DE CYGNES (LE) Ek, Mats
SWAN LAKE Bourne, Matthew
LAURENCIA - Pas de 6 - Acte II Tchaboukiani, Vakhtang
LÉGENDE POPULAIRE Bournonville, August
MILLIONS D'ARLEQUIN (LES) Petipa, Marius
MORT DU CYGNE (LA) Fokine, Mikhaïl
MORT DU CYGNE (LA) Terrell, Betteane
NAPOLI Bournonville, August
ONDINE Perrot, Jules
PAPILLON (LE) Lacotte, Pierre
PAPILLON (LE) Taglioni, Marie
PAQUITA Mazilier, Joseph
PAQUITA Foucher, Paul
PAQUITA Canova, Gilbert
PAQUITA Lacotte, Pierre
PAQUITA Petipa, Marius
PAQUITA Vinogradov, Oleg
PAS DE QUATRE Alonso, Alicia
PAS DE QUATRE Dolin, Anton
PETROUCHKA Fokine, Mikhail
PETROUCHKA Golovine, Serge
PETROUCHKA VARIATIONS Neumeier, John
PETROUCHKA Béjart, Maurice
RAYMONDA Petipa, Marius
RAYMONDA Ree, Larry
RAYMONDA Westmoreland, Terry
RAYMONDA Noureev, Rudolf
SHEHERAZADE Fokine, Mikhail
SHEHERAZADE Skibine, George
SPECTRE DE LA ROSE (LE) Fokine, Mikhail
SPECTRE DE LA ROSE (LE) Béjart, Maurice
SUITE DE DANSES Clustine, Ivan
SUITE DE DANSES-VALSE BRILLANTE Aveline, Albert
SYLPHIDE (LA) Bournonville, August
SYLPHIDE (LA) Von Rosen, Elsa Marianna
SYLPHIDE (LA) Lacotte, Pierre
SYLVIA Mérante, Louis
SYLVIA Darsonval, Lycette
SYLVIA Neumeier, John
SYLVIA Ashton, Frederick
SYLVIA Legris, Manuel
SYLVIA Morris, Mark
SYMPHONIE CLASSIQUE Lavrovski, Leonid
TALISMAN (LE) Petipa, Marius
TRAIN BLEU (LE) Nijinska, Bronislava
TRICORNE (LE) Massine, Leonide
TRIO Lavrovski, Leonid
VANTANA (LA) Bournonville, August
VIVANDIÈRE (LA) Lacotte, Pierre
VIVANDIÈRE (LA) Saint- Léon, Arthur
LES GRANDS NEO CLASSIQUES
5 TANGOS Van Manen, Hans
A MILLION KISSES TO MY SKIN Dawson, David
ADAGIETTO Araïz, Oscar
À DEUX VOIX Eifman, Boris
ADAGIO Eifman, Boris
ADAGIO HAMMERKLAVIER Van Manen, Hans
AGON Balanchine, George
AIR! Scholtz, Uwe
ALLEGRO BRILLANTE Balanchine, George
ALLES WALZER Renato Zanella
ALQUIBLA Yanowsky, Anatol
AMOURS DE FRANZ (LES) Petit, Roland
AM RANDE DER NACHT d'At, Bertrand
AMSTERDAM Van Cauwenbergh, Ben
ANGE BLEU (L') Petit, Roland
ANGEL Zanella, Renato
ANNA KARENINE Eifman, Boris
APOLLON MUSAGÈTE Balanchine, George
APOLLON De Bana, Patrick
APPARTEMENT (L') Ek, Mats
ARCIMBOLDO 2000 Kilian, Jiri
ARLESIENNE (L') Petit, Roland
ASSEMBLÉS Fokine, Mikhaïl
ASSEMBLÉS Guizerix, Jean
AUBADE Lifar, Serge
AUS HOLBERGS ZEITEN Cranko, John
BALLET D'ISOLINE Tomasson, Helgi
BALLO (UN) Kilian, Jiri
BALLO DELLA REGINA Balanchine, George
BARBER ADAGIO Vinogradov, Oleg
BARQUE SUR L'OCÉAN Petit, Roland
BELLA FIGURA Kilian, Jiri
BLACK CAKE-Duo Van Manen, Hans
BOLERO Giuliano, Juan
BOURGEOIS (LES) Van Cauwenbergh, Ben
BRAHMS- SCHONBERG QUARTET Balanchine, George
BROUILLARDS Cranko, John
CAGE (THE) Robbins, Jerome
CANCION PARA LA EXTRENA FLOR Mendez, Alonso
CANTO VITAL Plisetski, Azari
CAPRICCIO - RUBIES Balanchine, George
CARMEN Petit, Roland
CARMEN- SUITE Alonso, Alberto
CARMEN Massilo, Dada
CHACONNE Balanchine, George
CHACONNE FOR PIANO AND TWO DANCERS Tomasson, Helgi
CHANT DE LA TERRE (LE) MacMillan, Kenneth
CHARLOT DANSE AVEC NOUS Petit, Roland
CHAUVE- SOURIS (LA) Petit, Roland
CHEEK TO CHEEK Petit, Roland
CLAVIGO Petit, Roland
CLEOPATRA - IDA RUBINSTEIN De Bana, Patrick
CONCERT (THE) Robbins, Jerome
CONCERTINO Robbins, Jerome
CONCERTO MacMillan, Kenneth
CONCERTO Skibine, George
CONCERTO BAROCCO Balanchine, George
CONFESSIONAL Gore, Walter
CONTINUO Tudor, Antony
CONTRASTES Jacobson, Leonid
CORTÈGE DE NOCE Jacobson, Leonid
CREATURES De Bana, Patrick
DAME AUX CAMÉLIAS (LA) Neumeier, John
DAME DE PIQUE (LA) Petit, Roland
DANCES AT GATHERING Robbins, Jerome
DAPHNIS ET CHLOÉ Skibine, George
DARK ELEGIES Tudor, Antony
DAS LIED VON DER ERDE MacMillan, Kenneth
DEBUSSY POUR SEPT DANSEURS Petit, Roland
DÉSIR Neumeier, John
DESSINS POUR SIX Taras, John
DIABLE AMOUREUX (LE) Petit, Roland
DIGITAL LOVE De Bana, Patrick
DIVERTIMENTO N°15 Balanchine, George
DIVERTIMENTO FROM « LE BAISER DE LA FEE » Balanchine, George
DONIZETTI - PAS DE DEUX Legris, Manuel
DONIZETTI VARIATIONS Balanchine, George
DOUBLE QUATUOR Macdonald, Brian
DOUX MENSONGES Kilian, Jiri
DREAMS OF JAPAN - solo THE CRANE Ratmansky, Alexei
DUKE ELLINGTON Petit, Roland
DUO CONCERTANT Balanchine, George
ECHO Wainrot, Mauricio
EN SOL Robbins, Jerome
ENVOL D'ICARE (L‘) Malandain, Thierry
ESTRO ARMONICO (L') Cranko, John
ÉTUDES Lander, Harald
EVENTIDE Pickett, Helen
EXTASE Petit, Roland
FAÇADE Ashton, Frederick
FACTUM De Bana, Patrick
FANCY FREE (Les trois variations) Robbins, Jerome
FANTÔME DE L'OPÉRA (LE) Petit, Roland
FAREWELL WALTZ (THE) De Bana, Patrick
FAUST (BALLET DE) Balanchine, George
F ÊTE DES ROSES (LA) d'At, Bertrand
FILS PRODIGUE (LE) Balanchine, George
FIVE BRAHMS WALZES IN THE MANNER OF ISADORA DUNCAN Ashton, Frederick
FLACON (LE) Petit, Roland
FONTAINE DE BAKHTCHISSARAI (LA)-DANSE TARTARE Zakharov, Rostislav
FORAINS (LES) Petit, Roland
FOUR SCHUMAN PIECES Van Manen, Hans
FOUR SEASONS (THE) Robbins, Jerome
FRANCESCA DA RIMINI Possokhov, Yuri
GISELLE ET WILLY Belarbi, Kader
GLASS PIECES Robbins, Jerome
GOLDBERG VARIATIONS (THE) Robbins, Jerome
GOPAK Zakharov, Rostislav
HISTOIRE DE MANON (L') MacMillan, Kenneth
HISTOIRE SANS PAROLE Ullate, Victor
ICARE Lifar, Serge
ICARE Vassiliev, Vladimir
ICARE Brumachon, Claude
IDEAL Van Dick, Peter
IL FAUT QU'UNE PORTE... Kilian, Jiri
IN THE NIGHT Robbins, Jerome
INITIALEN R.B.M.E. Cranko, John
ISTAR Lifar, Serge
IVAN LE TERRIBLE Grigorovitch, Iouri
JALEOS Ullate, Victor
JARDIN AUX LILAS Tudor, Antony
JEU DE CARTES Charrat, Janine
JEUNE FILLE ET LA MORT (LA) Montagnon, Patrice
JEUNE HOMME ET LA MORT (LE) Petit, Roland
JEWELS Balanchine, George
KAMMERMUSIK N°2 Balanchine, George
LABYRINTH OF SOLITUDE (THE) De Bana, Patrick
LE CAS HAMLET
Neumeier, John
LE LOUP Petit, Roland
LÉGENDE DE JOSEPH (LA) Neumeier, John
LENTO, A TEMPO E APPASSIONATO Nebrada, Vicente
LIBERTANGO Wain rot, Mauricio
LYRIC SUITE Corner, Michael
MA PAVLOVA Petit, Roland
MAGNIFICAT Neumeier, John
MAHLER Neumeier, John
MAHLERS LIEDER Araïz, Oscar
MAISON DE BERNARDA (LA) Ek, Mats
MANDARIN MARVEILLEUX (LE) Sparemblek, Milko
MANDARIN MERVEILLEUX (LE) Béjart, Maurice
MANFRED Noureev, Rudolf
MARGUERITE ET ARMAND Ashton, Frederick
MARIA MARIA Araïz, Oscar
MARIE- ANTOINETTE De Bana, Patrick
MAYERLING MacMillan, Kenneth
MEADOW OF PROVERBS David Bintley
MÉGÈRE APPRIVOISÉE (LA) Cranko, John
MIRAGES (LES) Lifar, Serge
MOMENT SHARED van Dantzig, Rudi
MOMENTUM PRO GESUALDO Balanchine, George
MOUVANCES Petit, Roland
MOUVEMENTS POUR PIANO ET ORCHESTRE Balanchine, George
MUNECOS Mendez, Alonso
NANA Petit, Roland
NARCISSE Goleizovski, Kassian
NO MAN'S LAND van Dantzig, Rudi
NOCES (LES) Nijinska, Bronislava
NOCES Béjart, Maurice
NOCES (LES) Lubovitch, Lar
NOS VALSES Nebrada, Vicente
NOTRE- DAME DE PARIS Petit, Roland
NOVEMBER STEPS Kilian, Jiri
NUAGES Kilian, Jiri
NUIT TRANSFIGURÉE (LA) Petit, Roland
ON THE NATURE OF DAYLIGHT Dawson, David
ONEGUINE Cranko, John
OPUS 1 Cranko, John
OPUS 19/THE DREAMER Balanchine, George
OTHER DANCES Robbins, Jerome
PALAIS DE CRISTAL (LE) Balanchine, George
PAS DE DIEUX Kelly, Gene
PASO A TRES Mendez, Alonso
PASSACAILLE Petit, Roland
PAVANE Balanchine, George
PEER GYNT Neumeier, John
PERCUSSIONS POUR SIX Nebrada, Vicente
PERI (LA) Skibine, George
PÉRI (LA) Mendez, Alonso
PETITE MORT Kilian, Jiri
PH ÉDRE Lifar, Serge
PINK FLOYD BALLET Petit, Roland
POINTLESS PASTURES Ek, Mats
PRÉLUDE À L'APRÈS-MIDI D'UN FAUNE Béjart, Maurice
PRÉLUDE À L'APRÈS-MIDI D'UN FAUNE Lifar, Serge
PRÉLUDE À L’ÀPRÊS-MIDI D’UN FAUNE Nijinski, Vaslav
AFTERNOON OF A FAUN Robbins, Jerome
PRISM Tomasson, Helgi
PROUST OU LES INTERMITTENCES DU COEUR Petit, Roland
QUARANTIEME SYMPHONIE DE MOZART EN SOL MINEUR Vassiliev, Vladimir
QUARTET EN FA Petit, Roland
QUATRE TEMPÉRAMENTS (LES) Balanchine, George
QUATRIEME SYMPHONIE Neumeier, John
RAGTIME Petit, Roland
RAIN BEFORE IT FALLS... (THE) De Bana, Patrick
RAMIFICATIONS van Dantzig, Rudi
RARA AVIS Mendez, Alonso
RENDEZ- VOUS (LE) Petit, Roland
REQUIEM MacMillan, Kenneth
RETURN TO A STRANGE LAND Kilian, Jiri
R EVERSIBILITÉ (LA) Lifar, Serge
REVIZOR (LE) Vinogradov, Oleg
RHAPSODY Ashton, Frederick
ROMEO ET JULIETTE Lavrovski, Leonid
ROMÉO ET JULIETTE Frantz, Patrick
ROMÉO ET JULIETTE Grigorovitch, Iouri
ROMÉO ET JULIETTE Skibine, George
ROMÉO ET JULIETTE van Dantzig, Rudi
ROMÉO ET JULIETTE Vinogradov, Oleg
ROMÉO ET JULIETTE MacMillan, Kenneth
ROMEO ET JULIETTE Béjart, Maurice
ROMEO ET JULIETTE Noureev, Rudolf
ROMÉO ET JULIETTE Preljocaj, Angelin
ROMÉO ET JULIETTE Ek, Mats
SACRE DU PRINTEMPS (LE) Nijinski, Vaslav
SACRE DU PINTEMPS (LE) Béjart, Maurice
SACRE DU PRINTEMPS (LE) Neumeier, John
SACRE DU PRINTEMPS (LE) Bausch, Pina
SACRE DU PRINTEMPS (LE) Russillo, Joseph
SACRE DU PRINTEMPS (LE) Maalem, Heddy
SACRE DU PRINTEMPS (LE) Preljocaj, Angelin
SACRE DU PRINTEMPS - RITE OF SPRING De Bana, Patrick
SALADE Cranko, John
SCARAMOUCHE Martinez, José
SCARAMOUCHE Martinez, José
SEPTENTRION Petit, Roland
SERENADE Balanchine, George
SHADOW Nebrada, Vicente
SHADOWPLAY Tudor, Antony
SINFONIETA Kilian, Jiri
SIX DANSES Petit, Roland
SOIRÉES MUSICALES Taras, John
SOMNAMBULE (LA) Balanchine, George
SOMNAMBULE (LA) Taras, John
SONATINE Balanchine, George
SONGE DUNE NUIT D'ÉTÉ (LE) Neumeier, John
SPARTACUS Labis, Filiation
SPARTACUS Jacobson, Leonid
SPARTACUS Grigorovitch, Iouri
SPARTACUS Canova, Gilbert
SPRING AND FALLS Neumeier, John
STARS AND STRIPES Balanchine, George
STEADFAST TIN SOLDIER (THE) Balanchine, George
STEPPING STONES Kilian, Jiri
SUITE EN BLANC Lifar, Serge
SUITE OF DANCES (A) Robbins, Jerome
SYMPHONIE DES PSAUMES Kilian, Jiri
SYMPHONIE DES PSAUMES Van Hoecke, Micha
SYMPHONIE DES PSAUMES Wainrot, Mauricio
SYMPHONIE EN D Kilian, Jiri
SYMPHONIE EN TROIS MOUVEMENTS Balanchine, George
SYMPHONIE FANTASTIQUE (LA) Petit, Roland
SYMPHONIE INACHEVÉE Van Dick, Peter
TAM TI DELAM Macdonald, Brian
TANGO Petit, Roland
TARASS BOULBA Zakharov, Rostislav
TARDE EN LA SIESTA Mendez, Alonso
TARENTELLA Balanchine, George
TCHAÏKOVSKI- PAS DE DEUX Balanchine, George
TCHAIKOVSKI, CONCERTO POUR PIANO N°2 Balanchine, George
TCHA ÏKOVSKY SUITE N°3 Balanchine, George
TEMP ÉTE (LA) Noureev, Rudolf
TENTH SYMPHONIE MAHLER - ADAGIO Neumeier, John
THÈME ET VARIATION Balanchine, George
THÈME ET VARIATION Petit, Roland
THREE DANCES TO JAPANESE MUSIC Carter, Jack
TOMBEAU DE COUPERIN (LE) Balanchine, George
TRAS EL ESPEJO Ullate, Victor
TRAUMA Neumeier, John
TROIS MOUSQUETAIRES (LES) Prokovsky, André
TROIS PRÉLUDES Stevenson, Ben
TWILIGHT Van Manen, Hans
TZIGANE Balanchine, George
UNE SORTE DE... Ek, Mats
VALSE (LA) Balanchine, George
VARIATION Petit, Roland
VARIATIONS Verdy, Violette
VARIATIONS CHROMATIQUES Petit, Roland
VARIATIONS POUR QUATRE Dolin, Anton
VASLAW Neumeier, John
VERDI VARIATIONS Prokovsky, André
VERS UN PAYS SAGE Maillot, Jean-Christophe
VIOLIN CONCERTO Balanchine, George
WASHINGTON SQUARE Noureev, Rudolf
WENDUNGEN Neumeier, John
WESTERN SYMPHONY Balanchine, George
WHO CARES ? Balanchine, George
WINDSPIELE De Bana, Patrick
WINTER DREAMS MacMillan, Kenneth
WUTHERING HEIGHTS Belarbi, Kader
« La danse n’a plus rien à raconter : elle a beaucoup à dire ! »
Maurice Béjart
« Voyez la musique et écoutez la danse »
George Balanchine
« Je ne pourrais croire qu'à un Dieu qui saurait danser.
... Ainsi parlait Zarathoustra.
Maintenant je suis léger, maintenant je vole,
maintenant je me vois au-dessous de moi,
maintenant un dieu danse en moi. »
Friedrich Wilhelm Nietzsche
« Les grands danseurs ne sont pas grands à cause de leur technique,
ils sont grands à cause de leur passion. »
Martha Graham
« Ephémère, immortelle, versatile, la danse est le seul art
qui, ne laissant aucun déchet sur la terre,
hante certaines mémoires de souvenirs merveilleux. »
Jean Babilée
« Le destin est un danseur étoile qui fait des entrechats sur la pointe des si.. »
Anne Bragance
Au commencement...
55 ans plus tard, quelques 2650 spectacles de danse... et l'envie de réunir le meilleur, les plus grandes émotions, les plus beaux souvenirs, ces incroyables rencontres.
Que reste-t-il après toutes ces années ?
Peut-être, un carnet de route abécédaire témoin partial de son temps qui viserait à partager une « certaine idée de la danse ». D'une Danse expressive, dont la technique, si elle se doit d'être parfaite, n'aurait d'autre visée que de servir l'émotion. Point de robots dansants, point de performance gratuite, mais le vocabulaire d'un langage artistique et généreux.
Par où commencer ? A l'évidence par la soirée fondatrice de ma passion, celle-là même qui, je m'en rend compte aujourd'hui, à défaut d'avoir changé ma vie en a largement - très largement - infléchi le cours.
Reprenons donc et revenons quelques années en arrière...
J'ai 17 ans alors, et avec un camarade de classe - il s'appelait Patrick Daigremont - nous voulions nous offrir notre premier concert.
Cette « Neuvième » était annoncée dans la presse comme un événement important, d'autant qu'elle serait jouée dans un lieu, jusqu'alors réservé à la boxe : Le Palais des Sports de Paris !
Je ne sais plus lequel de nous deux prit les places, mais a contrario, ce dont je me souviens très bien, c'est l'énorme affichage qui barrait tout le fronton du Palais :
« IXe SYMPHONIE DE BEETHOVEN - MAURICE BEJART »
Je pensais, pour que son nom soit inscrit en si gros caractères : « ce Maurice Béjart doit être un fameux chef d'orchestre » !!! Nous étions le 6 juin 1966.
Et là, c'est le choc ! Un orchestre, des choeurs et des danseurs !!!
Cette soirée est gravée à tout jamais dans ma mémoire. Jamais spectacle ne m'avait aussi fortement impressionné, bouleversé...
Par delà cette soirée « initiatique », je réalise également ce que Maurice Béjart représente pour les gens de ma génération. Chacun s'accorde à lui donner une dimension philosophique et, de fait, plus que par ses écrits, son regard sur le XXème siècle, ses espoirs, son pessimisme c'est dans ses chorégraphies qu'il faut les ressentir et les partager.
A partir de soir-là, je voulus en savoir plus, beaucoup plus, sans mesurer encore le chemin incroyable que cette soirée allait générer !
Ainsi donc, à tous égards, il me semble nécessaire de commencer ce chemin tel que je l'ai vécu : par l'évocation de Maurice Béjart.
Maurice Béjart.
Maurice Jean Berger est le fils du philosophe Gaston Berger. Sa mère meurt lorsqu'il a sept ans. Il prend alors des cours de danse sur les conseils d'un médecin pour se fortifier et rêve de devenir torero. Il fait parallèlement ses études secondaires et universitaires et obtient une licence de philosophie.
Après avoir assisté à un récital de Serge Lifar, Maurice Béjart décide de se consacrer entièrement à la danse.
Il entre à quatorze ans à l'Opéra de Marseille puis part en 1946 à l'Opéra de Paris où il suit les cours de Lioubov Egorova, de Rose Sarkissian, et de Léo Staats. Il se forme également auprès des danseuses Janine Charrat et Yvette Chauviré, puis avec Roland Petit à partir de 1948.
En hommage à Molière, il prend comme pseudonyme celui de l'épouse de ce dernier, Armande Béjart. En 1951, il collabore avec Birgit Cullberg et crée son premier ballet à Stockholm, L’Inconnu, pour sa compagnie les Ballets de l'Etoile , puis règle L'Oiseau de feu. En 1955, il crée Symphonie pour un homme seul sur une musique de Pierre Henry et Pierre Schaeffer, qui lui vaut les honneurs de la presse et du public.
En 1959, n'obtenant pas l'aide de l'État français, Maurice Béjart quitte la France pour la Belgique où il travaillera durant vingt-sept ans. À la demande de Maurice Huisman, alors directeur du Théâtre Royal de la Monnaie, il crée en 1959 à Bruxelles sa plus célèbre chorégraphie, Le Sacre du printemps. Le contrat temporaire qui lie Béjart à La Monnaie va se transformer en un contrat de plusieurs années et entraîner la naissance du Ballet du XXème Siècle en 1960. Maurice Béjart va parcourir le monde entier avec celui-ci et initier un vaste public de néophytes à la danse « moderne ».
L'année même de la création de la compagnie, Béjart monte, avec la danseuse Duska Sifnios, le Boléro de Maurice Ravel qui devient une de ses chorégraphies emblématiques. Après Tania Bari, Suzanne Farrell, Louba Dobrievic, Anouchka Babkine, Angèle Albrecht et Shonach Mirk, Jorge Donn reprendra le rôle, à partir de ce moment, le Boléro sera indifféremment dansé par un homme ou par une femme.
En 1967, le Festival d'Avignon s'ouvre à la danse et invite Maurice Béjart et son Ballet du XXème Siècle à se produire dans la cour d'honneur du Palais des Papes. Béjart et sa troupe présentent une pièce majeure de son répertoire : Messe pour le temps présent, sur une musique composée par Pierre Henry et Michel Colombier. La pièce est rejouée l'année suivante à Avignon et connaît un énorme succès.
En 1970, il fonde l'École Mudra à Bruxelles sous la direction artistique de Micha van Hoecke. Cet enseignement formera de nombreux danseurs et chorégraphes qui participeront activement à l'essor de la danse contemporaine en Europe. On peut citer, par exemple, Maguy Marin ou Anne Teresa De Keersmaeker. En 1977, il ouvre l'école Mudra-Afrique à Dakar, honorant ainsi la mémoire de son arrière-grand-mère sénégalaise Fatou Diagne, grand-mère du philosophe métis Gaston Berger, né à Saint-Louis-du-Sénégal.
Durant des années 1970, Maurice Béjart découvre la Perse et la richesse originale de sa culture. Ses créations vont dès lors être présentées au Festival des arts de Shiraz - Persépolis et bénéficier du soutien de la chahbanou Farah Pahlavi. De cette relation avec l'impératrice d'Iran naissent deux créations : Golestan, une commande du Festival créée en 1973, et Farah, créée en 1976 a Bruxelles. Toutes les deux sont basées sur la musique traditionnelle iranienne. Golestan (« La roseraie »), s'inspire du chef-d'œuvre de Saadi, tandis que le second est un hommage à la chahbanou Pour la circonstance, Maurice Béjart travaille avec des musiciens iraniens du Centre de préservation et de propagation de musique iranienne, établi par la télévision nationale iranienne.
Influencé par son expérience iranienne, il se rapproche de l'islam chiite à la suite de sa rencontre avec Ostad Elahi et se « convertit » à cette religion en 1977 (il déclarera pourtant en 2006 : « Se convertir est un verbe qui ne me convient pas »). Maurice Béjart reconnaît que cette expérience a joué un rôle déterminant dans sa carrière, tant d'un point de vue artistique que spirituel.
En 1987, au terme d'un conflit ouvert avec le directeur de La Monnaie Gerard Mortier, Béjart, en pleine tournée à Leningrad, décide de quitter Bruxelles. Comme la Fondation Philip Morris lui propose de venir s'installer en Suisse, à Lausanne, Béjart dissout le Ballet du XXème Siècle et fonde six semaines plus tard une nouvelle compagnie, le Béjart Ballet Lausanne.
Un an après le départ de Maurice Béjart et la disparition du Ballet du XXème Siècle, l'École Mudra ferme aussi ses portes. Mais en 1992, l'industriel Philippe Braunschweig (fondateur du prix de Lausanne) et la Fondation Philip-Morris permettent à Béjart de réouvrir à Lausanne l'École-atelier Rudra, qui dispense depuis cette date une formation complète de danseur. Elle est une des écoles les plus prestigieuses dans le milieu de la danse classique et contemporaine.
Avant sa mort, Maurice Béjart a créé la Fondation Maurice Béjart, qu'il a instituée héritière par testament de tous ses biens et en particulier des droits d'auteur sur ses œuvres (chorégraphie, livres, etc.).
Malade depuis plusieurs années, en novembre 2007, il est hospitalisé à l'hôpital universitaire de Lausanne, pour des affections cardiaques et rénales. Malgré tout, il suit les répétitions de son dernier spectacle Le tour du monde en 80 minutes, spectacle dont il ne verra pas la première. Il meurt dans la nuit du 22 novembre 2007, entouré de ses danseurs. Incinéré, ses cendres seront dispersées à sa demande sur les plages d'Ostende en Belgique, son pays d'adoption.
Œuvres principales
1955 : Symphonie pour un homme seul (Paris)
1957 Sonate à trois (Essen)
1958 Orphée (Liège)
1959 Le Sacre du printemps (Bruxelles)
1960 Boléro (Bruxelles)
1961 Les Quatre Fils Aymon (Bruxelles)
1964 IXe Symphonie (Bruxelles)
1966 Roméo et Juliette (Bruxelles)
1967 Messe pour le temps présent (Avignon)
1968 Bhakti (Avignon)
1971 Chant du compagnon errant (Bruxelles)
1972 Nijinsky, clown de Dieu (Bruxelles)
1975 Pli selon pli (Bruxelles)
1976 Héliogabale (Iran)
1976 Isadora (Opéra de Monte-Carlo)
1976 Le Molière imaginaire(Paris)
1975 Notre Faust (Bruxelles)
1977 Petrouchka (Bruxelles)
1980 Eros Thanatos (Athènes)
1982 Wien, Wien, nur du allein (Bruxelles)
1983 Messe pour le temps futur (Bruxelles)
1985 Le Concours (Paris)
1986 Arepo (Opéra de Paris)
1987 Souvenir de Leningrad (Lausanne)
1988 Piaf (Tokyo)
1989 1789... et nous (Paris)
1990 Ring um den Ring (Berlin)
1990 Pyramide (Le Caire)
1991 La Mort subite (Recklinghausen, Allemagne)
1991 Tod in Wien (Vienne)
1992 La Nuit (Lausanne)
1993 Mr C... (Tokyo)
1995 À propos de Shéhérazade (Berlin)
1997 Le Presbytère... (Bruxelles)
1999 La Route de la soie (Lausanne)
2000 Enfant-roi (Versailles)
2001 Lumière (Lyon)
2001 Tangos (Gênes)
2001 Manos (Lausanne)
2002 Mère Teresa et les enfants du monde
2003 Ciao Federico, en hommage à Fellini
2005 L’Amour - La Danse
2006 Zarathoustra
2007 Le Tour du monde en 80 minutes
IXème SYMPHONIE - ODE A LA JOIE - Musique Ludwig van Beethoven - Creation au Cirque Royal de Bruxelles le 27 Octobre 1964
« Cette transposition chorégraphique de l’œuvre de Beethoven n’a d’autre idée, d’autre but, d’autre argument que la musique qui la supporte, la nourrit, et en est la seule raison d’être. La danse, ici, ne fait que suivre le lent cheminement du compositeur qui va de l’angoisse à la joie, des ténèbres vers la clarté. Il ne s’agit pas d’un ballet, au sens généralement adopté du terme, plaqué sur une partition qui est un des sommets de la musique, mais d’une participation humaine profonde à une œuvre qui appartient à l’humanité entière et qui est ici non seulement jouée et chantée, mais dansée, tout comme l’était la tragédie grecque ou toutes les manifestations religieuses primitives et collectives. »
Maurice Béjart
Prologue à la IXème symphonie.
Les pensées des Nietzsche sont dites dans la langue originale. En voici la traduction française :
« Ce n'est pas seulement l'alliance de l’homme avec l'homme qui est scellée de nouveau sous le charme de l'enchantement dionysien : la nature, aliénée, ennemie ou asservie célèbre elle aussi sa réconciliation avec son enfant prodigue, l'homme. Spontanément, la terre offre ses dons, et les fauves des rochers et du désert s’approchent pacifiques. Le char de Dionysos disparaît sous les fleurs et les couronnes : des panthères et des tigres s’avancent sous son joug.
Élevez vos cœurs, mes frères, haut, plus haut ! Et n’oubliez pas les jambes. Levez aussi les jambes.
C’est par des chants et des danses que l’homme se manifeste comme membres d’une collectivité qui le dépasse.
Il a désappris de marcher et de parler. Il est sur le point de s'envoler dans les airs en dansant.
Joie, danse à présent de dos en dos,
Au dos des vagues, des vagues malignes -
il est sauvé qui sait danses nouvelles !
Dansons en mille guises,
Que notre art, on le dise libre,
et gai notre savoir !
Joie arrachons à chaque fleur
Sa fleur pour notre gloire
Puis deux feuilles encore pour faire notre couronne !
Dansons comme les troubadours
Entre les saints et les catins,
Entre le monde et Dieu, notre danse !
Que l'on métamorphose en tableau, le triomphal « Hymne à la Joie » de Beethoven, et, donnant libre cours à son imagination que l'on contemple les millions d'êtres prosternés dans la poussière ; à ce moment l’ivresse dionysienne est toute proche. Alors l'esclave est libre, alors se brisent toutes les barrières rigides et hostiles que la misère, l'arbitraire ou « la mode insolente » ont établi entre les hommes. Maintenant par l'évangile de l'harmonie universelle, chacun se sent avec son prochain, non seulement réuni, réconcilié, fondu, mais encore identique en soi, comme si s'était déchiré le voile de Maïa, et comme s'il n’en flottait plus que des lambeaux devant le mystérieux UN-primordial. »
F. Nietzsche
Premier mouvement.
L'homme dort replier au creux de la terre, comme il était dans le ventre de sa mère.
Et c'est l'angoisse de la naissance, l'angoisse quotidienne du réveil. Le Cri !
Mais chez Beethoven, l'angoisse se complait-elle jamais en elle-même ? Le désespoir lui est une chose inconnue. L'homme qui se réveille est très vite conscient de sa force, de sa mission, et le cri devient un appel au combat. C'est au cœur de cette lutte immense et éternelle de l'homme contre l'univers, et de l'homme contre lui-même, que la joie éclate déjà...
Joie, profonde et parfois presque douloureuse, joie de l'effort, joie de la lutte, joie de la force, joie de l'action.
Deuxième mouvement.
Ce mouvement éclate comme un appel, et se développe dans un rythme implacable, obstiné. Joie toute physique, animale, instinctive, joie du sang, de la jeunesse, ivresse musculaire, liberté !
L'homme conscient de chaque parcelle de son corps, se jette passionnément dans la Danse.
De même que Beethoven a construit ce Scherzo comme une grande danse villageoise, mais transposée et développée selon les normes d'une construction musicale rigoureuse, la chorégraphie tend ici à unir deux styles de danse qui apparaissent à certains comme opposés mais sont au fond complémentaires puisque l'un découle de l'autre : la danse classique et la danse folklorique. Les mains se joignent, les bras s'arrondissent, la chorégraphie déroule ses rondes et ses figures communes à tous les folklores du monde tandis que les lignes classiques élaborées se fondent dans le mouvement populaire d'une danse qui n'a d'autre but que d'être elle-même et de découvrir la Joie dans son essence.
Troisième mouvement.
L'ivresse de la danse vient l'emporter bien loin de la ronde bondissante. Et dans le calme et le silence, c'est la pure cantilène de l'amour qui s'élève soudain.
Amour profond et paisible, qui redécouvre la tendresse, l'émotion, la pureté de l'extrême jeunesse, à travers la douceur et la simplicité des variations subtiles d'une mélodie. Et la musique s'enroule autour de la Joie sereine de ces couples qui se découvrent émerveillés par-delà les frontières factices des continents et des races humaines.
Quatrième mouvement.
« Danse mon cœur, danse de joie aujourd'hui.
« Folles de joie la vie et la mort dansent.
« Les mots et l'océan et la terre dansent.
« Au milieu d’éclats de rire le sanglots, l'Humanité danse. » (Kabir)
Mais la joie dépasse l'homme et s'empare du Cosmos tout entier.
A la mélodie des sphères se joint le rythme des planètes, tandis qu'à la multiplicité se substitue l'UNITE.
« Joie, divine étincelle,
« Fille aimable de l'Élysée,
« Nous entrons enivrés de tes feux,
« Céleste Génie dans ton sanctuaire.
« Tes charmes réunissent
« Ce qu’à séparé le rigoureux usage ;
« Tous les hommes deviennent frères
« Là où s’arrête ton doux vol. » (Schiller)
Je me souviens...
... Et pourtant, ce soir-là, je ne mesurais pas ce que j'étais entrain de voir. Notamment la qualité des danseurs dont j'ignorais tout. Certains étaient très jeunes, mais il allaient marquer de leurs empreintes les dix ou quinze années suivantes ; certains comme interprètes, d'autres en qualité de chorégraphe.
Je découvrais des noms qui résonnent encore aujourd'hui : Vittorio Biagi, Jörg Lanner, Jorge Donn, Patrick Belda, Victor Ullate, Lise Pinet, Mathé Souverbie, Duska Sifnios, Paolo Bortoluzzi, Robert Denvers, Tania Bari, Hitomi Asakawa, Germinal Casado, Lothar Höfgen, Dani Kudo, Norio Yoshida...
Ainsi donc, le mouvement pouvait être générateur de sentiments, d'émotions fortes ?? Je ne connaissais alors que l'expression corporelle du sportif, à des années lumières de ce langage pourtant si particulièrement universel.
Spectacle.
3 juin 1966 - Palais des sports de Paris - Ballets du XXème. Siècle
1789... ET NOUS - Musiques Hugues Le Bars/Ludwigvan Beethoven/Musiques traditionnelles de l'Inde et du Japon Création au Grand Palais, Paris, le 2 mai 1989pour le Bicentenaire de la révolution française.
Synopsis.
1789 est certainement une grande date dans l'histoire de l'humanité, cette même humanité qui a besoin d'anniversaires et de fêtes pour affirmer son existence dans une continuité culturelle.
Cependant, toute vision du passé qui ne serait que rétrospective est stérile et vide de signification. La prospective est non seulement prévoir l’avenir, mais combattre pour le construire.
Le tiers-État en 1789 a affirmé son égalité avec les autres ordres et démoli les barrières artificielles qui séparent les hommes.
Le tiers-monde en 1989 a son mot à dire et lutter pour l’égalité des races et des peuples de notre planète est une nécessité puisque, encore de nos jours plus de la moitié de l’humanité souffre d'injustices sociales, raciales et économiques.
1789 a établi Les Droits de l'Homme.
1989 devrait songer aux devoirs de l'homme. Le premier devoir étant bien entendu de faire respecter ces « droits » dans tant de pays où ils sont non seulement violés mais méconnus.
Devoir envers la terre, la nature de laquelle nous sommes une partie et non le maître tyrannique qui pille les forêts, les océans, l’atmosphère, sans souci des conséquences tragiques et parfois irréversibles de cette destruction de NOTRE milieu naturel.
1789 que cette date soit donc un ballet lucide sur les devoirs de notre génération et non satisfait d'un passé ronronnant ; lucide mais aussi optimiste sur la force de l'être humain source de clarté, de joie et de dynamisme.
1789 le passé, - le thème de départ - est basé sur quatre motifs musicaux extraits de quatre symphonies de Beethoven : la première, la septième, la huitième et la neuvième.
Le titan de la musique européenne nous donne la symbolique du numérique de cette année de mutations sociales.
1989 - Des musiciens venus des quatre coins du monde prennent la relève et à l'Europe se superposent les autres races pour former cette union harmonieuse qui la compréhension de l’autre et non sa destruction.
Enfin une partition moderne, musique originale de Hugues Le Bars évoque notre époque, ses joies et ces problèmes.
Maurice Béjart.
Je me souviens...
Une fois encore, ce ballet est une illustration de ce qui fait à mes yeux, le caractère unique de Maurice Béjart. Avec ses mots - La Danse -, ce citoyen du Monde nous interpelle, nous donne à réfléchir. Une fois le rideau tombé, par delà le bonheur d'avoir assisté à un beau spectacle, Il nous laisse face à nous-mêmes avec cette prise de conscience de la relation à l'autre dans le monde tel qu'il est, et finalement, tel que nous le faisons.
Au croisement de l'histoire, Béjart s'interroge sur le sens même d'une «révolution», celle de 1789 bien entendu, mais aussi celles qui restent à faire : rapports entre population nantie et peuples moins privilégiés, attention plus particulière que devrait porter l'homme d'aujourd'hui à la protection de l'environnement.
Car il y a dans cette production une dimension écologique, nouvelle préoccupation dans le dictionnaire thématique du chorégraphe. En cette fin de siècle toute proche, qu'adviendra-t-il de l'être humain et de la nature ? L'arbre de la liberté fut planté en 1789. Les forêts subsisteront-elles lorsque nous ouvrirons la porte du prochain millénaire ? Le final du spectacle apporte une inquiétante réponse, celle du Radeau de la Méduse, vision d'un monde en dérive.
C'est dans un incessant fourmillement d'images que Maurice Béjart traduit son propos : rencontre des races qui peuplent la planète, intervention des quatre éléments, peuples en marche vers un hypothétique destin, quelques tableaux évoquant l'un ou l'autre événement relatif à la fondation de la République. En dépit de cette problématique, chez Béjart fort heureusement, le message ne l'emporte jamais sur la dimension artistique de la chorégraphie : de la danse avant toute chose, et pour cela, d'excellents danseurs.
On danse beaucoup dans 1789, et l'on danse à merveille.
Dans l'espace intime du Cirque Royal (en 1989 je réside à Bruxelles), la danse l'emporte irrémédiablement sur l'anecdote qui ne fait plus que souligner l'impact de la chorégraphie.
Une grande fresque colorée se transforme ainsi en ballet : il porte la signature d'un immense chorégraphe.
Qui au monde détient à ce point le génie des ensembles ? Ceux que Béjart a imaginé sur les mouvements de symphonies de Beethoven sont d'une inventivité éblouissante. Les soli de Xavier Ferla, de Jean-Charles Gil, de Gil Roman, de Michel Gascard, de Martyn Fleming, de Jania Batista, de Sacha Stepkin et de Grazia Galante traduisent les élans d'une chorégraphie qui conjugue sens musical et beauté de l'expression. De plus, dans un mouvement quasi ininterrompu, ensembles, solos, de sublimes pas de deux - en est même un qui rappelle discrètement celui de Tania Bari et de Jorge Lefebre dans la IXème, pas de trois et pas de quatre se succèdent à un rythme qui défie toute concurrence.
Et c'est vraiment là ma plus grande satisfaction : n'est-ce pas ce que l'on attend d'un chorégraphe ? Qu'il nous bouleverse par son sens créatif auquel il soumet le potentiel émotionnel de danseurs qui savent ce que danser peut être, et chez lesquels on ressent immanquablement une discipline chorégraphique exigeante et rigoureuse.
Spectacle.
7 novembre 1989 - CIRQUE ROYAL-BRUXELLES - Béjart-Ballet Lausanne
Xavier Ferla : Bim//Michel Dussarat : Volange//Sacha Stepkin - Calicot//Patrick Happy De Bana : Le clergé//Maurice Courchay : La noblesse//Gil Roman : Le tiers État qui devient l'Homme moderne//Bertrand d'At : Louis XVI//Lucy Nightingale : Marie-Antoinette//Grazia Galante : La Révolution//Olivier Perriguey : Robespierre//Hervé Palito : Un sans-culotte//Shantala Shivalingappa :
Une jeune fille indienne//Jania Batista : L'air//Jean-Charles Gil : La terre//Michel Gascard : L’eau//Martyn Fleming : Le feu//Loipa Araujo : La révolutionnaire//Ramon Flowers : Le noir au masque blanc//Eiji Mihara : L'asiatique déguisé en nègre.
ADAGIETTO - Musique Gustav Mahler - (extraits de la Cinquième Symphonie) - Création (Jorge Donn)
Création Théâtre Royal de la Monnaie, Bruxelles, 19 juin 1981
Argument.
« La musique de Mahler chante la solitude, l’immensité du vide et la douleur d’exister... mais au fond de cette angoisse existentielle, à travers cette mélodie déchirante, une lumière surgit et nous guide vers la vraie vie, l’amour des autres et la joie de la nature.
Le pessimisme apparent de Mahler nous tend la main et au fond de cette main, une fleur vient à l’existence, promesse de futur. »
Maurice Béjart
Spectacle.
9 décembre 2008 - OPÉRA DE PARIS-BASTILLE - Gil Roman
AMOR DI POET A / DIECHTERLIEBE - Musiques Maurice Schumann et Nino Rota
Création Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, 4 décembre 1978
« La vie du poète, comme la vie de tout artiste est un mélange de rigueur, de discipline et de travail d'une part, et des fantasmes les plus fous d’autre part. Domestiquer l’inspiration a toujours été le problème majeur de la créativité mais la domestiquer c’est se couper de cette source vive de poésie que sont la fantaisie, l’humour, l’érotisme et le rêve.
Le véritable amour du poète ce sont les mots, les images verbales, les sonorités.
Si ce poète s'exprime par la danse c’est l’ivresse du mouvement, le rythme de la volupté des corps : La vie.
Schuman, poète dramatique par excellence, nostalgique, tendre et secret ; Nino Rota, l'inséparable complice de Fellini, le grand poète de notre époque, s'unissent pour nous livrer ces confidences où le rire et les larmes se marient comme le passé et le présent, pour retrouver la source même de la fantaisie. »
Maurice Béjart
« Au lieu de raconter l’argument du ballet, décrivons les personnages qui gravitent autour du couple central :
l’Auteur et le Héros de l'histoire.
LES AMIS
Tout d'abord LES MUSES traditionnelles, tendre inspiration féminine, poésie classique.
UN CHAT : L’ami des poètes, magique et fantaisiste. Enfin et surtout l'image immortelle de la Bien-Aimée.
ELLE : Présente et inaccessible, tendre et lointaine, éternelle enfant. Mais il ne faut pas épouser la Dame de ses pensées, « Le Mariage » comme disait Molière « change bien les gens ».
L'amour vit dans l'instant et non dans le temps car l'instant est l’éternité.
L'EPOUSE n'est que la caricature de « ELLE ».
LES FORCES DE LA MORT
Étrange le trio :
L'HOMME EN NOIR : Cruel meneur de jeu, impitoyable directeur du cirque de l'angoisse et de la dérision.
LA FEMME EN BLANC : Déguisements, métamorphoses, travestis : les méandres du jeu où notre héros s'égare.
LE MOTARD : La mort mécanisée. Mais ces forces sont inversibles. Dans la présence de la Mort le POETE trouve aussi son inspiration la plus grande. L’HOMME EN NOIR est la fantaisie du spectacle. LA FEMME EN BLANC peut être maternelle à l'image de KALI, cette déesse Hindoue qui est la Mort mais aussi la Mère toute-puissante et compatissante.
Le MOTARD (Angel) est une des grandes images de la poésie moderne de la liberté, de l'évasion. La moto est un autre PEGASE.
Les personnages mythologiques
Pégase : Le cheval ailé : symbole de la poésie antique
Dionysos : « Enivrez vous disait » disait Baudelaire, et Nietzsche nous parle de « l'ivresse dionysiaque toute proche », source véritable du théâtre poétique.
Zarathoustra : Le prophète, le voyant, destructeur des valeurs anciennes. Zarathoustra : le DANSEUR suivi de ces deux animaux familiers : l'aigle et le serpent.
La poésie du dérisoire
Le cirque : Ses clowns, ses acrobates, ses Pierrots, ses masques et, au milieu, la vieille vedette d'un music-hall passé : GEORGE SAND « l'anti-poête » disait Baudelaire. La dévoreuse de poètes !
LE POETE est un peu tous les poètes romantiques : NOVALIS - SHELLEY - HÖLDERLIN - HEINE - NIETZSCHE - RIMBAUD - et, plus près de nous, un grand poète, FELLINI, mais au fur et à mesure de la conception de l'œuvre, un ami s'est assis à la table travail : BAUDELAIRE et sa voix se mêle à celle des musiques de SCHUMANN et de NINO ROTA.
Malgré l'apparence baroque de la mise en scène, la chorégraphie est conçue avec une grande rigueur mathématique.
A partir d'un matériau de base simple, une succession de variations, de canons et de fugues développe une ligne chorégraphique selon les principes des grandes suites symphoniques du XVIIIe siècle. »
Maurice Béjart
Je me souviens...
Une soirée pleine de « poésie »... Ce pourrait être une évidence au regard du titre et pourtant il ne suffit pas d'un titre pour imposer un climat. La musique de Rota y est sans doute pour beaucoup, mais le travail de Béjart-dramaturge plus encore. Quel justesse dans les choix, dans les scènes, dans les ambiances, dans ces moments comme suspendus. Et puis... les DANSEURS ! Cette génération (voir la distribution) est, et restera LE Ballet du XXème siècle. Tous seraient à citer tant ils brillent par la qualité de leur danse, mais plus encore, sans doute, par la sensibilité, la précision et la justesse de leur jeu d'acteur. Jorge Donn, le poète, Shonach Mirk, Martine Detournay, Katalin Csarnoy, les superbes muses, l'irrésistible Andrzej Ziemski qui campe une hallucinante « dame en blanc » ou encore Bertrand Pie plus chat que chat lui-même et son duo inoubliable de rouerie et de tendresse avec Donn... et tous les autres !
Spectacles.
8 février 1979 - PALAIS DES SPORTS-PARIS - Ballet du XXéme Siècle
11 février 1979 - PALAIS DES SPORTS-PARIS - Ballet du XXéme Siècle
Jorge Donn - Le Poète//Shonach Mirk, Martine Detournay, Katalin Csarnoy - Trois muses//Andrzej Ziemski - La dame en blanc//Jan Nuyts - L’homme en noir//Christian Dedeene - Pégase//Bertrand Pie - Le chat//Yann Le Gac - Angel (Le motard)//John Bean, Olivier Perriguey - Deux rugbymen//Gérard Wilk - Un rugbyman-L’aigle//Catherine Verneuil - Georges Sand//Rita Poelvoorde - Elle-La jeune fille//Angèle Albrecht - Elle-L’épouse//Robert Secondi - Footit//Jean-Michel Bouvron - Chocolat//Jean-Marie Limon - Dionysos // Michel Gascard - Le jeune homme//Patrice Touron - Zarathoustra//Serge Campardon - Le serpent.
AREPO- Musiques Charles Gounod/Uugues Le Bars - Création Opéra de Paris-Garnier, 24 mars 1986
Le ballet.
Arepo (opéra à l'envers) est un hommage au ballet de l'Opéra de Paris, dans sa tradition et sa modernité : vision tendre et ironique, née des souvenirs d'un enfant qui découvre le spectacle à travers une représentation (« à la fois sublime et cauchemardesque ») du Faust de Gounod œuvre lyrique qui - dans les années 40/50 ne quittait pratiquement pas l'affiche. Le divertissement chorégraphique (« La nuit de Walpurgis ») en constituait le morceau de choix, avec son cortège de femmes fatales et de courtisanes venant - à l'appel de Méphisto - séduire Faust et le détourner de Marguerite, pauvre fille-mère abandonnée et à jamais maudite par les siens.
Après la mise en scène de La Damnation de Faust (Berlioz) à l'Opéra 1964, et Notre Faust au Ballet du XXème siècle en 1975, Maurice Béjart se penche - pour la troisième fois - sur la mythologie de Faust. Non sans humour.
Carnet de notes.
« ---19ans, je « monte » à Paris, comme on dit chez nous à Marseille, pour y découvrir le grand Opéra. Premier spectacle (entr'aperçu au fond d'une quatrième loge de côté), Faust Gounod et son célèbre ballet classico - érotico - bourgeois.
Et pour moi comme pour autant d’autres à l'époque, l'opéra c'est le ballet de Faust !
Le mythe de Faust découvert enfant au théâtre de marionnettes, puis à travers l’alchimie de Goethe dans la bibliothèque paternelle, au concert dans la sublime partition de Berlioz
« Gloire immortel de nos aïeux »...
Nos aïeux flottent comme des ombres dans les ors poussiéreux du « foyer » de la danse où les ballerines cueillent les diamants à la pointe de leurs chansons.
Le Temps passe - Le rideau se lève, les danseuses sont de jeunes sportives aux muscles longs et les danseurs devenus idoles des foules, sont comme des ténors d’antan, cosmonaute d'une musique nouvelle, surgie au coin du magnétophone.
Faust alchimie Même dans un sourire, un clin d'œil, un gag, se souvenir des mathématiques. Squelette invisible de l'œuvre, l’opération numérique cachée sous les fleurs donne la rigueur et la tenue à un ballet qui pourrait sembler facile.
Difficulté des œuvres faciles.
Faust- alchimie
Se souvenir de la formule du carré magique.
SATOR - AREPO - TENET - OPERA - ROTAS
Cinq danseurs interchangeables visent - à tour - de rôle les trois personnages de Faust, Méphisto et Marguerite.
Inversion des genres, des styles, des sexes, des mondes. Ambiguïté des situations où le bien et le mal se mélangent comme le déclare le malin de Goethe : « Je suis une partie de cette force qui parfois veux le mal et souvent fait le bien ! »
L'opéra se retourne comme un gant, l’envers vaut l’endroit, et le temps existe pas.
Maurice Béjart.
Je me souviens...
Difficile, pour qui était présent à l'Opéra ce 24 mars 1986, de ne pas s'en souvenir. Soirée événement à plus d'un titre. Tout d'abord, et sauf erreur de ma part, il s’agit de la première création de Béjart pour le Ballet de l'Opéra.
Depuis quelques temps, la rumeur circulait, se faisant l'écho de la distribution choisie par Béjart qui ne ferait pas la part belle aux « étoiles en place ». De fait, il fut facile de constater que le chorégraphe avait puisé ses ressources parmi les plus jeunes danseurs du ballet, dont la plupart était inconnue en dehors du cercle des familiers. Ainsi, hormis Monique Loudières, étoile déjà consacrée depuis 4 ans, et Sylvie Guillem qui avait crée la sensation, la saison précédente, en étant nommée étoile à 19 ans par Rudolf Noureev ; tous les autres appartenaient à la classe des « Sujets » !
Certes, le Maître Béjart ne jouait pas « dans sa cour », il ne disposait pas de ses « instruments habituels » ; cependant, les qualités techniques des unes et des autres, l'enthousiasme de cette génération nouvelle et la détermination de chacun à prouver que, s'il n'était pas - encore - un soliste reconnu, il en avait toutes les qualités. Tout cela assura le résultat...
Même si AREPO n'est pas forcément à la hauteur d'autres créations de Béjart.
Il n'en demeure pas moins que la salle fit un triomphe à ces danseurs. Car, si elle connaissait les deux étoiles précitées, avec toute l'aura de Monique Loudières, et l'incroyable adéquation Guillem - Béjart ; elle découvrait plus particulièrement deux jeunes gens exceptionnels : Manuel Legris et Eric Vu An.
Tout aurait pu s'arrêter là... Mais non, il fallait que cette « Première » demeurât dans l'histoire de la Maison. Et de quelle façon ! Notre Béjart, généreusement enthousiaste ne décidait pas moins que de nommer sur scène Legris et Vu An, danseurs étoiles. Public en délire, danseurs comblés, encore que, à y bien regarder, Manuel Legris semblait ne pas comprendre très bien ce qui se passait... Le Tsar - Noureev était alors le directeur du Ballet - fulminait en coulisse... Et dès le lendemain, annonçait ces nominations milles et non avenues.
Spectacle.
24 mars 1986 - Opéra de Paris-Garnier - Ballet de l’Opéra
Élisabeth Cooper - Arrangements, piano et Marguerite//Aleth Francillon - Il se prend pour Faust//Éric Vu An - Il se croit le diable/AREPO//Marie-Claude Pietragalla - La prima ballerina//Sylvie Guillem - SATOR//Monique Loudières - TENET//Manuel Legris - OPERA//Élisabeth Maurin - ROTAS
BAISER DE LA FEE (LA) – Musique Igor Stravinsky (sur le thème de Piotr Ilitch Tchaïkovski)
Création au Palais des Sports, Gond, le 27 septembre 1985
« Un jeune homme est marqué par le destin dès naissance. Le baiser que la fée lui a donné, transformera son existence. L'amitié, l'amour ne sont pas pour lui. Il ne pourra plus vivre comme le reste des humains : caché sous un masque anonyme. Un destin exceptionnel lui est promis par cette fée, cette muse qui le coupe du monde quotidien pour le projeter dans un rêve où son génie s'accomplit.
Le plus grand compositeur pour la danse du XXème siècle : Igor Stravinsky, en rendant hommage au plus grand compositeur de ballet du XIXe siècle : Pierre Tchaïkovski, a créé à la fois un portrait de ce dernier, génial dans sa musique mais douloureusement atteint dans sa vie et une partition où se retrouvent le dynamisme de l'auteur du « Sacre du Printemps » et le lyrisme romantique du créateur du « Lac des Cygnes ».
Maurice Béjart.
« Une fée marque de son baiser mystérieux jeune homme. »
Je dédie ce ballet à la mémoire de Pierre Tchaïkovski en apparentant sa muse à cette fée et c'est en cela qu’il devient une allégorie. Cette muse l'a également marqué de son baiser fatal dont la mystérieuse empreinte se fait ressentir sur toute l’œuvre du grand artiste.
Le vague et l'imprécis de mes indications donneront au metteur en scène la liberté nécessaire pour la construction d'un spectacle chorégraphique émanant directement du caractère et du style de la musique.
Igor Stravinsky
Je me souviens...
Je n'ai pas pris de note en son temps... Je n'ai de souvenir que le rôle « sur mesure » écrit pour Eric Vu An, ces variations insensées de prouesses et de précision.
Spectacle.
8 mars 1986 - PALAIS DES CONGRÈS-PARIS - Ballet du XXème Siècle
Éric Vu An - Le jeune homme//Katarzyna Gdaniec - La fée//Kyra Kharkevitch - La mère//Philippe Lizon, Gilles Schamber, Marco Berriel, Serge Campardon, Rouben Bach, Pascal Sani - Six garçons//Gil Roman - Un garçon
BEJART FETE MAURICE - Musique diverses - Chorégraphies Maurice Béjart - Création 16 décembre 2016 Théâtre de Beaulieu, Lausanne
Pour composer Béjart fête Maurice, Gil Roman a sélectionné, dans le répertoire béjartien, une série de pas de deux qu'il a entrelacés et qui seront encadrés par deux extraits de ballets plus amples. Certains de ces duos sont mythiques. D'autres, presque oubliés, méritent d'être remis en lumière.
« Maurice était un roi pour organiser des fêtes, il aimait cela.
Pour lui, chaque spectacle devait être une célébration ! »
Gil Roman
Je me souviens...
Désolé, la fête est ratée. Le soirée commence par T'M et Variations (voir article) et se poursuit par ce choix de Gil Roman qui vaut ce qu'il vaut. Pourquoi ceux-là plutôt que d'autres, pourquoi pas, là n'est pas le sujet. Deux écueils de taille : d'une part, sortis de leur contexte - dont on sait ce que cela veut dire chez Béjart -, cela a-t-il un sens ? D'autre part, comment passer derrière des Donn, Touron, Gascard, Mirk, Csarnoy, Albrecht... et j'en passe, lorsqu'on se situe dans le bon niveau moyen et que l'on n'a ni le physique, ni la personnalité. Ne vaudrait-il pas mieux se taire quand on ne peut plus parler ? Je passe sous silence la fin du spectacle, Boléro... Le pire.
Spectacle.
26 février 2020 - PALAIS DES CONGRES-PARIS - Béjart-Ballet Lausanne
1ère Symphonie : Marie Ohashi, Connor Barlow, Svetlana Siplatova, Hideo Kishimoto, Kwinten Guilliams, Héliogabale : Alanna Archibald, Antoine Le Moal, Carme Andres, Federico Matetich
Im Chambre Séparée : Elisabet Ros et Julien Favreau
Und so weiter : Masayoshi Onuki
Dibouk : Jasmine Cammarota et Vito Pansini
Rossiniana : Kwinten Guilliams et Leroy Mokgatle
BHAKTI - Musique traditionnelle indienne - Création au Festival d’Avignon, 26 juillet 1968 - Rôles à la création : Maïna Gielgud, Germinal Casado
Par l'amour, l’adorateur s’identifie avec la divinité et revit chaque fois la légende de son Dieu, qui n’est lui-même qu’un des visages de la réalité et sans nom.
Rama, incarnation de Vishnou.
Ses amours avec Sita, symbole de pureté, sont contées par le célèbre poème Ramayana, épopée indoue qui sert de base à toute interprétation théâtrale ou chorégraphie classique.
Krishna, autre incarnation de Vishnou.
Dieu de la jeunesse et de la beauté, divin joueur de flûte, dont les amours avec les bergères (bouvières) et la belle Radha sont chantés dans la Gita Govinda. Il est aussi l’instructeur par excellence, et c’est lui qui parle dans la Bhagavad Gita, l’un des livres les plus importants de l’humanité.
Shiva, troisième Dieu de la Trinité Hindou (Brahma, Vishnou, Shiva) Dieu de la destruction, qui est surtout la destruction de l’illusion, de la personnalité. Dieu de la danse. Son épouse Shatki n’est autre que son énergie vitale qui émane de lui et retourne en lui, immobile et pourtant éternellement en mouvement.
Je me souviens...
Il faut « entrer » dans ce ballet, et alors on est saisi par l'invention chorégraphique qui s'épanouit en d'incessantes trouvailles, toutes beautés, raffinement et poésie. Erotisme très pur - tel le moment de l'accouplement de Rama et Sita, lentement élevés du sol par leurs fidèles. Evidemment la virtuosité des interprètes, rompus à tous les styles, dansant de tout leur corps : je veux parler de Jean-Marie Didière et de Marie-Claude Pietragalla dans un extrait (hélas) mais d'une qualité rare.
Spectacles.
9 juin 1982 - PALAIS DES CONGRÈS-PARIS - Ballet du Théâtre Kirov
Pas-de-deux du troisième tableau : Natalia Bolchakova et Vadim Gouliaev
25 novembre 1996 - OPÉRA ROYAL VERSAILLES - IVème Nuit Internationale de l'Enfance¹
Carole Arbo et Wilfried Romoli
31 mars 1981 - THÉÂTRE DE LA VILLE-PARIS - Ballet de l'Opéra de Paris
Jean-Marie Didière et Marie-Claude Pietragalla
BOLERO - Musique Maurice Ravel - Création au Théâtre Royal de la Monnaie, Bruxelles, le 10 janvier 1961
Rôle à la création : Duska Sifnios, repris pour la première fois par un homme : Jorge Donn en 1979
« Mon Boléro », disait Ravel, « devrait porter en exergue : Enfoncez-vous bien cela dans la tête ! ».
Plus sérieusement, il expliqua :
« En 1928, sur la demande de Mme Rubinstein (Ida Rubinstein, célèbre danseuse et actrice russe)², j'ai composé un boléro pour orchestre. C'est une danse d'un mouvement très modéré et constamment uniforme, tant par la mélodie que par l'harmonie et le rythme, ce dernier marqué sans cesse par le tambour. Le seul élément de diversité y est apporté par le crescendo orchestral. »
Maurice Béjart précise en ces termes sa conception de l’œuvre de Ravel : « « Musique trop connue et pourtant toujours nouvelle grâce à sa simplicité. Une mélodie (d'origine orientale et non espagnole) s'enroule inlassablement sur elle-même. Symbole féminin, souple et chaud, d’une inévitable unicité. Un rythme mâle, qui tout en restant le même, va en augmentant de volume et d'intensité, dévorant l’espace sonore et engloutissant à la fin la mélodie.
L'idée de faire danser le BOLERO par un un garçon et un groupe de fille n'est pas une boutade ni un gag publicitaire mais une expérience chorégraphique qui n'a encore jamais été tentée à ce jour, à savoir : dans un ballet du répertoire, inverser les sexes sans pour autant changer un seul mouvement de la chorégraphie existante.
A une époque où les différences entre les hommes et les femmes tant dans la vie quotidienne que sociale, s'estompent, il nous a paru intéressant que la danse soit à l'avant-garde cette réalité. »
Ou encore :
«L'implacable affrontement, monotone et génial, entre une mélodie qui semble s’enrouler sur elle-même, comme le serpent originel, et un rythme immuable, n’est-il pas l'image de cette lutte cosmique entre l’élément féminin ondoyant et lunaire et le principe masculin, dont les rites sacrés ou populaires dont les fêtes et les danses sont toujours plus ou moins image ? »
« Le Boléro, ça a l'air très facile, et c’est très difficile. De la part de Ravel, c'était une gageure, avec un thème sur 18 minutes, c’est quand même un tour de force. Si on fait beaucoup d’actions sur ce Boléro, ça ne marche pas. Si on fait trop d'actions, c’est la barbe. Il faut arriver à trouver quelque chose qui ne soit pas une répétition et en même temps quelque chose qui soit ce que Ravel a voulu. »
Je me souviens...
Sans vouloir décrire davantage ce ballet évident par lui-même, il me semble que Maurice Béjart, dans un style très différent, rejoint l’esprit du Sacre du Printemps, en ce sens qu’à l’inverse de la plupart de ceux qui ont illustré « chorégraphiquement » le Boléro avant lui, il répudie toutes les facilités du pittoresque extérieur pour exprimer uniquement - mais avec quelle force ! - l’essentiel.
Maurice Béjart confie le rôle central - la Mélodie - tantôt à une danseuse, tantôt à un danseur. Le Rythme est interprété par un groupe de danseurs - j'aurai vu une fois un groupe de danseuses -.
Depuis 1980 et le film de Lelouch Les Uns et les Autres, le Boléro doit être le ballet le plus connu du grand public. En effet, le final se déroule au Trocadéro, un Gala pour l'UNICEF et La Croix Rouge réunit tous les acteurs et Donn y danse le Boléro. Si les images sont magnifiques, c'est tout de même Ravel qu'on assassine !- « On » étant la calamiteuse adaptation de Michel Legrand et Francis Lai - qui n'ont rien trouvé de mieux que d'y ajouté la (pauvre) voix de Géraldine Chaplin.
En ce qui me concerne, j'ai découvert le Boléro dans sa version féminine en 1970. La seule qui sera donnée jusqu'à la reprise par Jorge Donn en 1979, date à laquelle je le découvrirai avec des filles autour de la table.
J'en retiens évidemment Claude Bessy, d'une beauté et d'une sensualité hors norme, mais également Nicole Chouret. Je vis peu danser cette artiste, mais à chaque fois, c'était un choc. Je ne crois pas qu'elle n'ait jamais été « Etoile » et pourtant, elle était à mes yeux, l'une des danseuses, les plus intéressantes, les plus douées de sa génération. Bien évidemment « La » Plissetskaïa ! Curieuse, inattendue où, au cours d'un spectacle à la Cour Carrée du Louvre (13 juin 1977), victime probablement de trous de mémoire, elle nous offrit un Boléro très personnel « d’après Béjart » !
Et puis, vint Jorge Donn... Avec Donn et l'irruption du mâle, le ballet change de sens sans qu'un seul mouvement ne soit modifié. Pour son créateur, ces 40 filles deviennent des bacchantes sacrifiant au culte de Dionysos.
Je crois résumer sa prestation ainsi : charismatique et magnétique !
Après lui, il sera très difficile de retrouver un Boléro d'une telle intensité. Avec des ballets aussi forts, les chorégraphes ou leurs ayant droits devraient être très vigilants... On peut ainsi voir « des » boléros mais pas
« Le » Boléro.
Cependant, Jean-Pierre Franchetti sut marquer cette prise de rôle tel un chef de guerre à l'insolente beauté.
Après cela, je ne vis plus qu'en vidéo trois interprètes de référence : la hiératique Sylvie Guillem, Nicolas Le Riche tout en puissance et en musicalité, et pour une nouvelle génération Mathias Heymann qui s'inscrivit dans la ligne droite des précédents.
Spectacles.
25 octobre 1970 - PALAIS DES SPORTS/ OPERA DE PARIS : Claude Bessy
31 janvier 1975 - PALAIS DES SPORTS/ OPERA DE PARIS : Nicole Chouret
6 février 1975 - PALAIS DES SPORTS/ OPERA DE PARIS : Josyane Consoli
30 janvier 1976 - OPERA DE PARIS : Maïa Plissetskaïa
13 juin 1977 - COUR CARRÉE DU LOUVRE-PARIS : Maïa Plissetskaïa
20 janvier 1979 - PALAIS DES SPORTS-PARIS - Ballet du XXème siècle : Jorge Donn (Version Filles autour de la table)
25 juin 1979 - OPÉRA DE PARIS : Jean-Pierre Franchetti
18 septembre 1979 - OPÉRA DE PARIS : Charles Jude
20 septembre 1979 - OPÉRA DE PARIS : Patrick Dupond
13 février 2009 - OPÉRA DE PARIS : José Martinez
26 février 2020 - PALAIS DES CONGRES-PARIS - Béjart-Ballet Lausanne : Elisabet Ros
CASSE-NOISETTE - Musique : Tchaïkovski composition originale de Joseph Moutet - Accordéon: Yvette Homer - Création : Théâtre Regio, Turin / Béjart Ballet Lausanne, 4 octobre 1998
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CE QUE L'AMOUR ME DIT - Musique Gustav Mahler
Création 24 décembre 1974, Ballet du XXème Siècle, Opéra de Monte-Carlo
Le ballet utilise les trois derniers mouvements de la Troisième symphonie de Mahler. Le quatrième : Ce que l’homme me raconte, est chanté sur un poème extrait de Zarathoustra. Le cinquième : Ce que les anges me racontent, est une chanson enfantine puisée dans Knaben Wunderhorn, recueil poétique d'où Mahler a tiré une inspiration constante. Enfin, le dernier mouvement, le grand Adagio qui couronne la symphonie, a été nommé par le compositeur : Ce que l’amour me dit. Coïncidence à peu près à la même époque, Richard Strauss composait son poème symphonique Also sprach Zarathustra.
Spectacles.
3 avril 1980 - THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES-PARIS - Ballet du XXéme Siècle
Jorge Donn, Shonach Mirk, Patrice Touron, Andrzej Ziemski, Waldemar Wolk, Gérard Wilk, Philippe Lizon, Olivier Perriguey,
Michel Gascard, Jean-Marie Limon, Tom Crocker, Patrick Tridon, Jean-Michel Bouvron, Katalin Csarnoy, Kyra Kharkevitch, Marin Boeriu, Rita Poelvoorde
30 mars 1985 (matinée) - T.M.P.-THÉÂTRE DU CHATELET-PARIS - Ballet du XXème Siècle
30 mars 1985 (soirée) - T.M.P.-THÉÂTRE DU CHATELET-PARIS - Ballet du XXème Siècle
Luciana Savignano, Jorge Donn, Kyra Kharkevitch, Philippe Lizon, José Katxua, Sandi Gorostid, Katarzyna Gdaniec, Yann Le Gac, Gil Roman, Dominique Genevois, Jean-Baptiste de Bello, Pascal Sani, Cecilia Mones-Ruiz, Ronald Perry
20 janvier 1976 - PALAIS DES CONGRÈS-PARIS
(Extraits) : Jorge Donn, Luciana Savignano
CE QUE LA MORT ME DIT - Musique Gustav Mahler « Ruckert - Lieder - Des Knaben Wunderhom
Création Théâtre Royal de la Monnaie, Bruxelles, 19 décembre 1978
« Ce poème, extrait des Rückert - Lieder, qui est aussi le premier chant du ballet, peut servir d'argument pour dépeindre la solitude du poète qui se voit déjà mort au monde. »
Maurice Béjart
Je suis devenu étranger à ce monde
Qui m’a fait jadis gaspiller tant d'heures ;
Il n'a plus entendu parler de moi depuis si longtemps
Qu'il peut, il est vrai, me croire mort à présent.
Peu m'importe, après tout,
Qu'il me croit disparu.
Je ne puis même pas le contredire
Car il est vrai que je suis mort au monde.
J'ai renoncé à cette vaine agitation
Et vis en paix en un lieu tranquille.
Je reste seul dans mon paradis,
Dans mon amour, dans mes chants.
Friedrich Rückert
Spectacles.
3 avril 1980 - THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES-PARIS - Ballet du XXéme Siècle
Jorge