Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Le manoir de nulle part
Le manoir de nulle part
Le manoir de nulle part
Livre électronique384 pages5 heures

Le manoir de nulle part

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Vous croyez avoir vécu une journée pénible au bureau ? Le 15 septembre 2021, en l’espace de cinq heures, Billy Side a vécu l’horreur. Cet ingénieur en aéronautique du Manitoba a tout perdu, mais vraiment tout !

De son côté, Omalie Sung, brillante journaliste d’enquête au Vancouver News, fait face à son plus grand défi à vie : rester vivante.

Forcés de s’exiler, comment ces deux personnages vont-ils, chacun de leur côté, échapper à leurs poursuivants ? Existe-t-il un lieu sur Terre où l’on peut échapper à la mafia, à l’injustice et à la méchanceté humaine?

Harry Simpson, maire d’une petite ville canadienne, croit l’avoir trouvé ! Venez découvrir cet endroit de prédilection, mais aussi de malédiction.

Fuir peut sembler être un signe de lâcheté, mais ce livre vous prouvera le contraire.
LangueFrançais
Date de sortie17 avr. 2020
ISBN9782897753412
Le manoir de nulle part

Auteurs associés

Lié à Le manoir de nulle part

Livres électroniques liés

Thriller policier pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Le manoir de nulle part

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Le manoir de nulle part - Réjean Côté

    part

    Prologue

    — Queridos señores, ici le commandant Shaffer, veuillez je vous prie regagner votre siège et bouclez votre ceinture. Nous décollerons dans quelques minutes en direction de Santiago, Chili. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, notre agente de bord Belinda se fera un plaisir de vous satisfaire. Enjoy !

    — Eh, eh, Belinda, yespère que tou va pas me décevoir ! Viens me voir… que dit bien fort en pouffant de rire Canilo, une bière Escudo à la main.

    Conformément aux instructions du pilote, Belinda regagne son siège au-devant de l’appareil et boucle sa ceinture. Assise face aux passagers, son regard porte vers Canilo et affiche son sourire « Mona Lisa » pour ne pas lui déplaire.

    (Pilote)

    — Tour de Téouville, Chili New Life 1313, attend à l’écart piste 03, prêt pour le départ.

    (Tour de contrôle)

    — Chili New Life 1313, autorisé à décoller, piste 03.

    (Pilote)

    — Autorisé à décoller, piste 03, Chili New Life 1313.

    Sous les commandes du pilote, le petit avion d’affaires de la compagnie Flylonger prit son envol. Sous un soleil joyeux, ils quittèrent Teouville pour une envolée qui devait durer quinze heures. En pleine ascension, le co-pilote Bauduin remarque sur son tableau de bord que la circulation du mazout se fait difficilement. Il en avise son pilote et avant même que le commandant puisse lui ordonner quoique ce soit, le moteur a des ratés et l’avion commence à piquer du nez.

    — MAYDAY, MAYDAY, MAYDAY.

    — CHILI NEW LIFE 1313, ON S’ÉCRASE…

    Le petit appareil s’écrasa sur les terres de Maurice Giroux à quelques kilomètres de la Provincial Trunk Hiway 13 au Manitoba. Le contact avec le sol fut terrible.

    L’avion brisé, en feu, les passagers qui arrivaient du ciel y sont retournés… à moins que l’enfer ait été désigné pour certains d’entre eux !

    Reposez en paix :

    Shaffer, pilote de 66 ans

    Bauduin, co-pilote de 32 ans

    Belinda, agente de bord de 28 ans et enceinte de quelques mois

    Et cinq hommes d’affaires chiliens :

    Chapitre 1

    Bien assis dans une chaloupe toute neuve, au milieu d’un petit lac du Manitoba non baptisé à ce jour, deux vieux potes, début quarantaine, taquinent la truite. Billy Side, ingénieur en aéronautique occupe le poste de vice-président aux opérations techniques chez un modeste fabricant de moteurs d’avions nommé Flylonger. Épuisé par toute la tourmente d’un vol d’affaires qui a vu un avion utilisant une de leur nouvelle technologie pour la toute première fois, s’écraser il y a plus de vingt-deux mois déjà, Billy tente de faire le vide en compagnie de son meilleur ami Joe Lacroix lors de cette escapade d’une semaine. Joe possède une entreprise qui fait fureur et se spécialise dans la confection de maisons autonomes et intelligentes. Il est un informaticien hors pair et doué d’une intelligence peu commune, un peu marginal sur les bords. Les deux amis ont fait connaissance lors de leurs études à la prestigieuse Université des Sciences et technologies du Futur située à Teouville au Manitoba. Ils ont été co-chambreurs pendant leurs études. À leur première rencontre, Joe avait défini les conditions de bonne entente dans la chambre. Tout y était soigneusement minuté; heure de fermeture complète des lumières de la chambre, heure maximum pour entrer dans la chambre, heure pour se lever, propreté extrême… et la réaction de Billy fut:

    — « Wo man », je suis parti de chez mes parents parce que ma mère était exactement comme toi « faque », prends de bonnes respirations et fait pas chier!

    Joe, devant la réplique cinglante de Billy, s’était tourné vers son ordinateur et prit sa tête à deux mains ! Ce fut la seule empoignade entre les deux étudiants. Billy fit tout de même très attention à ces recommandations et les jours, les semaines et les années s’étaient bien déroulés. Une belle complicité sur tous les plans s’était développée au fil des ans sans jalousie, sans envie autant sur le plan professionnel que personnel. Joe, d’apparence moyenne, n’a jamais trouvé l’âme sœur. Du temps où ils étaient colocs à l’université, Billy ne pouvait jamais, évidemment, recevoir de fille dans la chambre car Joe y était tout le temps. Joe ne sortait jamais et il était très difficile d’approche pour les autres. Les seules fois où il sortait, c’était avec Billy et à la seule condition que ce dernier soit tout près. Les camarades d’université les appelaient affectueusement les jumeaux ! Ils avaient à peu près la même taille, 1 m 75, poids semblable à 80 kilos, cheveux bruns. Joe a les yeux bruns et Billy les yeux verts. Ce dernier était plus athlétique mais Joe jouissait d’une intelligence supérieure à tous !

    À force de fréquenter d’autres camarades qui étudiaient dans d’autres sphères, une copine de l’époque avait soulevé le fait que Joe devait être atteint du spectre de l’autisme. Billy n’avait jamais discuté de cela avec Joe. Il l’aimait comme il était et ne pouvait imaginer qu’il soit autrement. Il en a pris soin comme s’il s’agissait de son jeune frère même s’il n’avait qu’un an de moins que lui. Joe s’était plutôt investi dans le travail et force est d’admettre qu’il avait très bien réussi : loft de luxe au centre-ville, véhicule utilitaire sport de l’année et un compte de banque qui ferait pleurer Crésus. Depuis plusieurs années, il faisait des recherches afin de pouvoir ériger de petites maisons totalement autonomes peu importe où sur terre. Le soleil et le vent comme sources d’énergie, et le tour est joué ! Le plus grand défi auquel il avait fait face était bien entendu l’approvisionnement en eau à l’intérieur de la maison ainsi que le système d’évacuation des eaux usées. Il y avait travaillé extrêmement fort et depuis deux ans, il peaufinait son art et pouvait maintenant voir le résultat de ses recherches dans la petite maison qu’il avait fait construire au beau milieu de nulle part. Ce nulle part était situé à plus de deux heures de route de leur ville : Teouville. Pour s’y rendre, il fallait environ deux heures de voiture, quarante minutes de bateau et, une fois accosté, une marche d’environ trente minutes dans le bois ! Teouville était autrefois connu sous le nom de Portage La Prairie. Cette municipalité connue un boom financier incroyable et une augmentation de population suite à plusieurs investissements au niveau des technologies supérieures, que ce soit en informatique ou encore en ingénierie spatiale. Le Manitoba a misé sur le fait que cette province est située au centre du Canada et elle a gagné son pari! En avion comme sur terre, le temps pour se rendre d’un océan à l’autre est sensiblement le même !

    La petite maison avait été construite dans une clairière afin d’y recevoir un maximum de soleil et d’y emmagasiner le plus d’énergie possible par le biais des panneaux solaires sur le toit. Panneaux solaires ainsi que des dizaines de mini-éoliennes disposées sur le toit et même à la cime de plusieurs arbres travaillaient pour fournir un peu de lumière, de chaleur et du courant pour le frigo. Évidemment, pour les froides journées, un poêle à bois ainsi qu’un foyer avaient été installés. Tous les matériaux étaient de la meilleure qualité qui soit, Joe avouant même que ce modeste chalet quatre saisons lui avait coûté la jolie somme de 500 000 $. Les meilleurs matériaux, la main-d’œuvre, le transport des ouvriers et des matériaux par hélicoptère ainsi que l’achat du terrain d’une superficie de 3 000 hectares y compris deux lacs et quelques ruisseaux. N’aimant pas les dettes, Joe avait tout payé comptant. Seules les taxes sur le terrain et le bâtiment étaient à payer annuellement. Avec tout le gibier et les poissons aux alentours et un grand jardin tout près, on pouvait s’y nourrir sans problème. 

    Billy aimait bien passer du temps avec son chum. Que ce soit pour les sports à la télé ou une partie de golf ou encore du ski en montagne, ils se sentaient bien ensemble, ils ne se jugeaient pas, ils étaient francs et n’avaient pas de secret l’un envers l’autre. De plus, avec le temps et la pratique, on ne s’ennuyait jamais avec Joe qui avait appris à faire des farces et à les rire !

    Orgueilleux comme pas un, Joe ne voulait pas inviter son grand chum avant de s’assurer que tout soit parfait. Il avait donc invité son ami à visiter son « manoir » ! Par pure politesse, il avait également invité l’épouse de Billy, Natacha, mais celle-ci avait vite décliné l’offre, prétextant que les bibittes dans le bois, ce n’était pas pour elle ! Les deux compagnons n’avaient pas insisté davantage, car de toute façon, ce serait bien plus plaisant entre gars ! Le chalet ne pouvant pas accommoder plusieurs personnes et Joe n’ayant que très peu d’amis et pas de famille, pendre la crémaillère se ferait à deux et Billy sera le premier invité reçu dans son manoir ! Comme repas, bien sûr, ce sera du poisson fraichement pêché dans un des deux lacs, dont le plus près était situé à environ dix minutes de marche.

    ***

    Le jour du départ, Billy avait été chercher Joe à son loft et les deux étaient partis en direction de Rivière-Santé, charmante petite municipalité d’environ 5 000 personnes. Arrivés à Rivière-Santé, ils s’étaient rendus à la marina. De là, Joe avait déjà réservé les services d’un transport maritime pour les emmener près du chalet.

    — Et voilà, c’est un départ… c’est comme partir à l’aventure, dit Billy à Joe lui qui avait vécu sur le béton toute sa vie et qui n’avait même jamais fait de camping.

    Joe esquissa un petit sourire en répliquant :

    — On va voir si t’es en bonne condition physique, cher ami !

    Oups, que se dit Billy, mais orgueilleux comme pas un lui répondit : 

    — Fais-toi en pas mon « pit », tout en camouflant une petite crainte tout de même, car il ne se souvenait pas d’avoir fait de marche en forêt avec un aussi gros sac à dos ! De toute façon, cette petite excursion arrive à point, car je suis à bout de nerfs depuis quelque temps qu’il lui dit.

    Après la spectaculaire randonnée fluviale sur la Rivière-Santé, ce fut l’heure d’accoster. Joe donna donc la date et l’heure de retour au « capitaine Pedro ».

    — Retour dans sept jours exactement !

    Chacun muni d’un très gros sac à dos, les voilà en route vers « le manoir ». Joe avait un bon rythme de marche. Après quinze minutes, Billy était fatigué et à bout de souffle, mais n’en dit rien, il ne fallait quand même pas casser le « party » ! Au bout d’une trentaine de minutes de marche en forêt et sur un sentier parfois escarpé, ils étaient enfin arrivés ! Il était temps pour Billy ! Il fut surpris par le look de ce « manoir » tel que baptisé par Joe, qui avait des allures d’une maison en pain d’épices ! Toutes les surfaces étaient de couleur brune et le toit vert, comme pour passer inaperçu, pour se confondre à la forêt environnante. C’est voulu, que disait Joe ! Il ne faudrait quand même pas se faire déranger quand on cherche à s’isoler du reste du monde ! C’était bien logique ! En entrant, on remarquait qu’il n’y avait qu’une seule pièce, aucune séparation sauf pour le ¨petit coin¨ fermé et isolé par des paravents de bambou ! Au centre, un poêle à bois, le coin cuisine se trouvant derrière le poêle à bois. À l’extrémité droite du bâtiment, le coin salle à manger et salon avec un foyer conventionnel, pour l’ambiance et la détente. Du côté gauche, la chambre, le bain et le coin toilette. Bref, la maison était conçue de façon à ce que l’air ambiant soit confortable, peu importe où l’on se trouvait ! La fenestration consistait en deux grandes fenêtres en façade, une petite fenêtre de chaque côté du bâtiment et finalement, une petite fenêtre du côté cuisine. Des battants couvraient ces fenêtres et se barraient de l’intérieur. On ne sait jamais, selon les dires de Joe ! En plus, une trappe avait été installée dans le plancher permettant de sortir de la maison par en dessous pour des réparations sous celle-ci. Une fois la visite du proprio terminée et leurs vêtements rangés dans les tiroirs de l’unique commode, Joe et Billy sortirent récupérer deux lignes à pêche dans un petit cabanon. Voilà donc nos deux « boy-scouts » en route vers le lac le plus près. Situé à dix minutes de marche, un beau petit lac ainsi qu’une belle chaloupe les attendait afin qu’ils puissent lancer leurs lignes.

    Après avoir pêché six belles truites, ils étaient de retour au bâtiment. Pendant qu’ils apprêtèrent leurs prises, ils firent bouillir des légumes du jardin tout en sirotant un bon vin rouge. Comme susmentionnée, l’invitation de Joe tombait à point, car l’entreprise où Billy travaillait était présentement en attente d’un rapport du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) qui pouvait entacher leur dossier et éventuellement les obliger à fermer boutique. Billy venait d’être nommé vice-président des opérations techniques lorsque ledit avion s’était écrasé tout juste après son décollage. Un dossier technologique dont Billy venait d’hériter et qu’il devait rapidement terminer sous peine de sanctions financières importantes. Une nouvelle technologie développée par l’équipe de Billy qui consistait à réduire la consommation de mazout du tiers. Malheureusement, le premier vol avait été un échec et l’écrasement de l’appareil n’avait épargné aucune des huit personnes à bord. Il y avait plus de vingt-deux mois, l’avion avait quitté Teouville, deuxième ville en importance de la province, à destination de Santiago au Chili. Quelques minutes après le décollage, elle s’était écrasée tuant cinq hommes d’affaires, tous des Chiliens d’origine, ainsi que trois membres du personnel de la compagnie d’aviation. Le résultat de l’enquête du BST sera divulgué dans les prochaines semaines. Cette longue attente perturbait et affectait la santé de Billy considérablement. Il avait maigri, avait des tics et bien qu’il soit affecté par cet accident, sa douleur n’égalerait jamais celle des gens qui avaient perdu leurs proches.

    Mais bon, à cet instant, Billy veut se concentrer sur l’ouverture officielle de ce beau manoir autonome et laisser le reste de côté sauf que le seigneur du domaine ne semblait pas avoir le cœur à la fête…

    — Ta maison est géniale, Joe, je te félicite, une autre idée grandiose et remplie de succès. À ta santé, cher ami !

    — Merci Billy, j’apprécie énormément que tu sois ici présent afin de souligner l’aboutissement de mes travaux et recherches des dernières années. Santé !

    De choses et d’autres, ils se remémorèrent leurs années à l’université et tout le chemin parcouru et, bien entendu, Joe taquinait Billy à propos de toutes les blondes qu’il lui avait présentées au cours de leurs études universitaires avant que Billy ne prenne épouse. Pour la première fois, Billy fut surpris d’entendre Joe parler de vieux souvenirs surtout ceux où il avait l’air un peu coincé, mais autant en profiter, car c’était vraiment hilarant. Par moment, Joe semblait préoccupé et pas d’humeur à faire la fête.

    — Joe, dis-moi, t’as l’air d’un gars dont l’être aimé a fait changer les serrures de la maison et qui a mis son linge dans des sacs verts sur le balcon. « Come on man » !

    Joe insista sur le fait que tout allait bien qu’il était seulement fatigué, qu’il avait mal à la tête sûrement causée par le vin de piètre qualité qu’avait apporté Billy, en blaguant bien sûr !

    Les jours de la semaine furent passés à fendre du bois, à pêcher, à prendre des marches en forêt et Billy fut initié au tir à l’arbalète. Les seules autres priorités furent de trouver de quoi serait composé leur souper et avec quels vins ils allaient se saouler ! Joe avait effectivement un cellier qui devait bien contenir une centaine de bouteilles. Comme il n’y avait pas d’épicerie proche, la première pensée en se levant le matin était de prévoir et planifier leurs repas de la journée. En mode survie constamment, Joe expliqua à Billy en détail comment fonctionnaient les divers éléments de la maison comme le ramonage des foyers, la toilette, l’approvisionnement en eau et les trucs qu’il fallait surveiller comme les différents contrôles pour les panneaux solaires, les éoliennes, et lorsqu’il fut rendu à la trappe dans le plancher, Billy coupa net à la visite du manoir en lui disant :

    — Pourquoi me dis-tu tout ça ? Penses-tu vraiment que je vais te louer ton manoir pour y emmener Natacha dans mes vacances d’été l’an prochain ?

    Habitué aux aspects techniques, Billy devenait un peu las devant tant de détails alors qu’il voulait mettre son cerveau à « off » pour cette semaine de congé. Joe finit tout de même par dire que selon ses calculs, il faudrait plus de quatre-vingts cordes de bois pour affronter les temps froids de la fin d’automne jusqu’au milieu du printemps. En blaguant, Billy dit :

    — Bien merci mon Joe de toutes ces précisions et tout ce blablabla mais pour ce qui est de la cave, on repassera !

    Au bout de ces sept jours à tuer le temps dans un environnement paisible, à voir Joe ouvrir sa bouteille de pilules pour soulager ses maux de tête, l’heure du départ était arrivée.  Pedro les attendait sur son yacht afin de les ramener à Rivière-Santé. Fin d’une merveilleuse semaine !

    Chapitre 2

    Gros titre à la Une du Vancouver News : « La mafia chinoise ridiculisée et déculottée par notre journaliste Omalie Sung ». En effet…

    Omalie Sung, jolie journaliste à la pige, fin trentaine, d’origine chinoise et travaillant principalement au journal Vancouver News depuis quelques années vient de recevoir des mains du maire, les clefs de la ville. Suite à ses reportages sur l’augmentation de la criminalité dans cette belle ville canadienne, les têtes dirigeantes de la mafia asiatique furent arrêtées. Comme il y a une forte communauté asiatique dans cette ville, Omalie était la candidate parfaite pour s’insérer dans la communauté et y passer beaucoup de temps sans se faire remarquer. Étant journaliste à la pige pour ce journal, on ne la connaissait que de nom. Ne pouvant mettre un visage sur son nom, elle a pu ainsi se dissimuler un peu partout dans le Chinatown sans se faire remarquer. Lorsque son reportage fut terminé et diffusé à plus de 500 000 exemplaires, des dizaines de menaces de mort anonyme ont commencé à se manifester à son endroit. Elle avait même peur de se rendre au bureau pour assister aux réunions de groupe. Les menaces étaient tellement sérieuses que le directeur du journal lui a fortement suggéré de quitter la ville. Il lui dit :

    — Tu sais, Tsé-Toung (c’est comme ça qu’il l’a surnommée se trouvant très drôle), quand je t’ai donné ce mandat, je ne croyais jamais que ça irait aussi loin. Je tiens beaucoup à toi comme si tu étais ma fille. J’ai donc demandé au sergent Lopez de venir nous rencontrer afin de voir quelle protection la police locale pouvait t’offrir.

    — Omalie, la police tient à vous remercier sincèrement de toutes ces révélations. Grâce à vous, on a pu traquer et emprisonner plusieurs têtes dirigeantes liées à la prostitution et au commerce de la drogue qui hantaient la ville. Un nettoyage qui n’aurait pas pu être possible sans votre aide, mais vous vivez un problème majeur de sécurité en ce moment et le plus que nous pouvons faire, c’est de vous affecter une protection 24 sur 24 pour les trente jours à venir. Durant les trente prochains jours, vous devrez prendre une grande décision pour votre sécurité: rester ici et risquer de finir au fond du fleuve Fraser dans un proche avenir, recourir à la chirurgie pour que nous puissions changer votre visage et votre identité ou alors vous aider à trouver un coin où vous pourrez jouir de la vie et vivre de façon normale sans craindre pour votre vie !

    Omalie lui demanda:

    — Mais où peut-on vivre une vie normale après avoir reçu autant de menaces de mort ?

    — Écoutez, vous n’aimerez peut-être pas mon idée, mais elle très sérieuse pour moi. Aimez-vous la plage, la chaleur…

    — Stop ! Dites-moi, où voulez-vous m’envoyer ?

    — Au Mexique !

    Chapitre 3

    De retour du Manoir de Joe depuis déjà six semaines, c’est aujourd’hui que le rapport du BST allait être divulgué au grand public. Billy se dirigea donc vers son bureau afin d’y rejoindre le président de Flylonger Barry Trump et leur avocat qui les représentait dans tous leurs dossiers juridiques. Les membres de Flylonger embarquèrent dans la limousine de la compagnie, en route vers le destin de toute l’entreprise ainsi que de celui de Billy ! S’il s’avérait que la nouvelle technologie que l’équipe de Billy avait élaborée soit impliquée directement dans l’écrasement d’avion, il risquait fort de perdre son emploi. L’entreprise, quant à elle, risquait de subir un tort irréparable pouvant même les obliger à fermer boutique. C’est ce que croyait Billy à ce moment-ci. Arrivés à l’hôtel Teouville, ils entrèrent dans une salle bondée de parents des victimes, de citoyens curieux et de nombreux journalistes. Billy n’osait regarder personne en face. Des places avec tables en avant de la salle étaient réservées pour le groupe de la compagnie Flylonger. Une fois assis, Billy tremblait comme s’il était nu à l’extérieur par une température d’hiver à -20 degrés Celsius.

    Deux représentantes du BST étaient assises devant et attendaient que 14 h sonne. Dans un interminable préambule indiquant le nom des personnes décédées, date, heure, lieu du départ et lieu d’écrasement, météo, vent, expérience du pilote, échanges entre le pilote et la tour de contrôle, etc., l’une des dames déclara finalement :

    — Il appert que la défaillance du moteur qui a causé l’écrasement de l’avion proviendrait de la pièce no trw254125zx8. Quoiqu’approuvée il y a déjà deux ans par Transport Canada, cette pièce a fait défaut. Selon nos rapports, il s’agirait fort probablement d’un vice de fabrication. La pièce défectueuse a fait en sorte que…

    Après avoir entendu le rapport du BST, les gens présents dans la salle se mirent à murmurer et à échanger entre eux. À la période de questions, un journaliste demanda aux représentantes si des poursuites seraient intentées contre la cie Flylonger. La dame lui répondit avec justesse que le BST ne faisait jamais de poursuites. Il appartiendrait au coroner impliqué dans ce dossier de prendre le rapport détaillé et de le faire cheminer, tel que prévu par la loi. Billy Side, Barry Trump et leur avocat se levèrent afin de quitter la salle. Sous une vague d’insultes, ils furent bousculés, on leur cracha dessus et on leur lança même des objets. Quelle descente aux enfers ! De gens prospères et respectés dans la communauté, ils étaient maintenant méprisés et ne voyaient plus l’avenir du même œil. Les journalistes voulaient tous les interviewer et se firent vraiment insistants. L’un d’eux s’était même permis cette question :

    — Croyez-vous qu’il s’agisse d’un acte criminel ?

    Et un autre d’ajouter :

    — Est-ce que ce rapport risque d’entacher la réputation de la compagnie au point de mettre un terme à l’emploi de vos 250 employés ?

    Le résultat du rapport avait complètement assommé Billy. Il s’y en attendait un peu, mais quand ça arrive, ça fait mal. Ça fait mal de se savoir en partie responsable d’une si grande tragédie. Il ne les avait pas tués délibérément, mais il en était la cause selon les experts intervenus dans ce dossier ! Et pourtant, comment expliquer cet échec après avoir obtenu tous les résultats concluants des nombreux tests effectués auparavant ? Tout le long du retour vers l’entreprise, le président n’avait rien dit, pas même regardé Billy. Arrivés au bureau, il lui ordonna d’attendre à l’entrée. Après environ cinquante minutes interminables, deux gardiens de sécurité arrivèrent avec chacun une boîte dans les mains. Les effets personnels de Billy. Dans l’une des boîtes, une lettre lui était adressée. Son congédiement. Fin de sa carrière ! Qui engagerait un minable comme lui ! Sur ordre du président, la limousine  le ramenerait chez lui, car dès maintenant, il n’avait plus droit à la voiture de compagnie.

    En arrivant chez lui, il retrouva un condo vide de toute vie. Sa femme n’y était pas. Il aurait bien aimé avoir un peu de réconfort, mais voilà, c’était trop demander. Un couteau avait été laissé sur la table avec une lettre. Mais qu’est-ce que le couteau pouvait bien faire là ? Était-ce volontaire de sa part ? Et cette lettre, que contenait-elle ?

    Billy, je t’ai suivi à Teouville croyant que j’y aurais une belle vie. Elle ne fut pas si mal jusqu’à tout dernièrement. Ce cauchemar que nous vivons depuis presque deux ans risque de prendre des allures encore pires que ce que nous avons vécu. Il y aura sûrement un procès, ce qui va faire de notre vie un long, très long cauchemar. Je ne pourrai pas supporter le regard haineux des gens envers nous. Faut croire que mon amour pour toi n’est pas assez fort pour traverser cette tempête, car je crois bien que tes problèmes sont loin d’être terminés. J’avais déjà fait mes valises ce matin après ton départ et j’attendais le rapport du BST avant de partir ou non. J’ai décidé de te quitter. Je n’ai plus rien dans le condo. Tout ce qui reste est à toi. Bonne chance.

    Nat

    PS N’essaie pas de me retrouver. Tu recevras une demande de divorce dans les prochains jours. S’il te plait, essaie de me comprendre et signe les papiers sans faire de problème. Je crois que tu n’as pas besoin de subir un autre procès.

    Billy jeta la lettre au bout de ses bras et saisit le couteau… pour le mettre dans le tiroir. Non, il n’était pas déprimé au point de passer à l’acte. Il était peut-être trop lâche pour le faire, ou peut-être, au contraire, assez fort pour ne pas le faire ! Il avait choisi la vie malgré tout.

    ***

    Pendant ce temps, à l’aéroport international de Vancouver, en attendant le départ de son vol, Omalie vit le reportage d’un journaliste sur l’un des écrans de télé et se dit espérer que son avion n’utilise pas l’une des technologies de cette compagnie à la gomme!

    Chapitre 4

    Omalie arriva saine et sauve à l’aéroport Benito Juarez International de Mexico où attendait un sympathique Mexicain montrant du haut de ses bras une pancarte « Tsé-Toung ». Ben voyons donc, qu’elle se dit, même ici ! Finalement, ce n’était pas bête, en y pensant bien, elle se dit qu’elle devrait donc signer dorénavant ses articles sous ce pseudonyme. Cela lui permettrait de rester anonyme dans un certain sens. Elle avait bien hâte de rencontrer son nouveau patron et de voir quel serait son rôle dans cette énorme ville. Elle se sentait d’attaque pour de grands reportages !

    Chapitre 5

    Billy reçut un appel de son ami Joe.

    — Ah, une chance qu’il me reste un ami sur cette foutue terre. Joe lui demandait d’aller lui rendre visite… en pleine journée ce qui était assez rare !

    — Tu veux que je passe à ton bureau vers quelle heure ?

    — Non, viens me voir à l’hôpital, je suis dans la chambre 242.

    — Quoi ? Qu’est-ce que tu me racontes là ?

    — Viens, mon ami, j’ai besoin de te voir.

    Billy ramassa ses affaires et, par réflexe, vint pour prendre ses clefs d’auto sur le comptoir, mais elles n’y étaient plus !

    — Misère, je n’ai plus d’auto !

    En fouillant sur son cellulaire, il trouva le numéro de téléphone d’une compagnie de taxi qu’il appela. Il arriva à l’hôpital et alla au comptoir d’accueil. Il demanda dans quelle direction se trouvait la chambre 242.

    — La chambre 242, lui dit un gros et grand gaillard, est dans le pavillon des soins palliatifs. Au bout de ce corridor, prenez l’ascenseur. Aux soins palliatifs ! Voyons, ça ne se peut pas, pas lui aussi ! Il n’a pas le droit de me quitter, pas maintenant, au moment où j’ai le plus besoin de mon ami. Qu’est-ce que je dis là ? C’est donc bien égoïste cette pensée-là. C’est lui qui a besoin de mon support en ce moment. « Come on man », ramasse-toi et va supporter ton ami. Mais ça doit être une erreur, ce n’est sûrement pas lui qui est malade, voyons ! Billy arriva au deuxième étage et se dirigea vers la chambre 242 tout tremblant et inquiet d’entendre l’impensable. Il entra, Joe était là, dans son lit et il souriait faiblement.

    — Fuck man, qu’est-ce que tu fais là ?

    — Assis-toi et écoute sans m’interrompre, lui dit Joe faiblement. Il y a un peu plus de trois mois, j’avais des

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1