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Arthur Quinn et la gardienne des enfers: Arthur Quinn et la gardienne des enfers
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Arthur Quinn et la gardienne des enfers: Arthur Quinn et la gardienne des enfers
Livre électronique327 pages4 heures

Arthur Quinn et la gardienne des enfers: Arthur Quinn et la gardienne des enfers

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À propos de ce livre électronique

Arthur Quinn a vaincu le Serpent-Monde, il s’est retrouvé face à face avec le Loup Fenrir, et, voilà qu’à présent, il est confronté à l’enfant le plus puissant de Loki, la Gardienne des Enfers. Avec ses amis Ash, Ellie et Ex, Arthur entreprend de mettre fin à une nouvelle menace. Mais Loki a plus d’un tour dans son sac, un tour qui change tout.
Arthur doit affronter Loki dans une confrontation ultime, mais, face à un terrible secret et à des ennemis omniprésents, Arthur parviendra-t-il à trouver le courage nécessaire pour vaincre le dieu une fois pour toutes, ou Loki finira-t-il par gagner?
LangueFrançais
Date de sortie6 mai 2014
ISBN9782897337445
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    Aperçu du livre

    Arthur Quinn et la gardienne des enfers - Alan Early

    Éloges pour les livres de la série Arthur Quinn

    « Une création brillante… Un livre haletant et palpitant. »

    — Eoin Colfer, auteur d’Artemis Fowl

    « Un mélange intelligent entre le fantastique et la vie de tous les jours. C’est comme Harry Potter, à la sauce dublinoise. »

    — Irish Examiner

    « Une aventure absolument incroyable. »

    — Sunday Business Post

    « Un captivant suspense surnaturel. »

    — Sunday Independent

    « Un mythe scandinave, une histoire irlandaise et un Dublin contemporain qui se marient à merveille. »

    — The Irish Times

    « Un monde mystique où des personnages mythiques prennent vie, où le temps s’arrête, où l’inimaginable arrive, et où l’excitation est à pleine puissance du début à la fin. »

    — VOYA, Voices of Youth Advocates

    « Un suspense débordant de mystère et d’action. »

    — School Librarian Journal

    « C’est comme une chevauchée sur le dos du Loup Fenrir lui-même, endiablée à en couper le souffle […] parfaite pour quiconque aime Les Vengeurs. »

    — Alexander Gordon Smith, Inis Magazine

    « Une aventure fantastique et captivante que vous apprécierez tout au long. Vivement le troisième tome ! »

    — Mary Esther Judy, The Bookbag

    Copyright © 2013 Alan Early

    Titre original anglais : Arthur Quinn and Hell’s Keeper

    Copyright © 2014 Éditions AdA Inc. pour la traduction française

    Cette publication est publiée en accord avec Mercier Press, Unit 3B, Oak House, Bessboro Rd., Blackrock, Cork, Ireland.

    Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.

    Éditeur : François Doucet

    Traduction : Sophie Beaume

    Révision linguistique : Daniel Picard

    Correction d’épreuves : Nancy Coulombe, Carine Paradis

    Conception de la couverture : Matthieu Fortin

    Photo de la couverture : © Mercier Press

    Mise en pages : Sébastien Michaud

    ISBN papier 978-2-89733-742-1

    ISBN PDF numérique 978-2-89733-743-8

    ISBN ePub 978-2-89733-744-5

    Première impression : 2014

    Dépôt légal : 2014

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque Nationale du Canada

    Éditions AdA Inc.

    1385, boul. Lionel-Boulet

    Varennes, Québec, Canada, J3X 1P7

    Téléphone : 450-929-0296

    Télécopieur : 450-929-0220

    www.ada-inc.com

    info@ada-inc.com

    Diffusion

    Canada : Éditions AdA Inc.

    France : D.G. Diffusion

    Z.I. des Bogues

    31750 Escalquens — France

    Téléphone : 05.61.00.09.99

    Suisse : Transat — 23.42.77.40

    Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

    Imprimé au Canada

    Participation de la SODEC.

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.

    Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Early, Alan

    [Arthur Quinn and Hell’s keeper. Français]

    Arthur Quinn et la gardienne des enfers

    (Les Chroniques du mensonge ; 3)

    Traduction de : Arthur Quinn and Hell’s keeper.

    Pour les jeunes de 13 ans et plus.

    ISBN 978-2-89733-742-1

    I. Beaume, Sophie, 1968- . II. Titre. III. Titre : Arthur Quinn and Hell’s keeper. Français. IV. Collection : Early, Alan. Chroniques du mensonge ; 3.

    PZ23.E27Arb 2014 j823’.92 C2014-940567-7

    Conversion au format ePub par:

    www.laburbain.com

    À Paul, Dee, Lou, Ruairí et Tag pour vos noms et bien plus encore.

    PROLOGUE

    Neil Conifrey ressentit une vague de soulagement quand il vit la sortie de la route principale droit devant. Le voyage avait été long depuis Dublin, et l’extrême lenteur de l’heure de pointe du vendredi n’avait fait que le rendre plus long. Kurt et Susanna s’étaient querellés à l’arrière pendant la majorité du trajet qui avait duré plus de deux heures, tandis que Joanna — la femme de Neil — était restée réso­lument silencieuse sur le siège du passager, se massant le crâne pour combattre une migraine particulièrement douloureuse. À présent, alors qu’ils approchaient de la sortie, les disputes s’interrompirent enfin. Neil jeta un œil dans le rétroviseur en direction des deux enfants. Kurt avait 16 ans et il avait assurément hérité des gènes du côté de la famille de Joanna. Avec sa fossette au menton et ses yeux légèrement globuleux, il était le portrait craché du frère aîné de Joanna. Il partageait même la barbe naissante et foncée de son oncle. Quant à Susanna, 10 ans, elle ressemblait à Neil avec sa tignasse de cheveux bruns et raides et sa mauvaise vue.

    Il se concentra de nouveau sur sa conduite alors qu’il remontait l’allée vers la maison de vacances. Malgré l’hiver rigoureux dont ils venaient tout juste de sortir, le chemin de gravier était déjà envahi de ronces et de buissons. Habituellement, il n’avait pas à couper la végétation avant leur visite annuelle lors des vacances de mai, mais, à la voir, il devrait s’en occuper cette fin de semaine.

    Le mauvais temps les avait forcés à rester à Dublin pour Noël. Normalement, ils étaient heureux de quitter la ville pour rendre visite aux parents de Joanna dans le comté de Leitrim, mais la neige et la glace avaient contrecarré leurs plans. Voilà que maintenant — pour la célébration de l’anniversaire de Joanna —, Neil conduisait la famille à leur maison de vacances à quelques kilomètres de Mullingar. Cette pause était selon lui largement nécessaire pour contrer le tourbillon d’activité de la ville. Cependant, à en juger par la manière dont cela commençait, il constatait qu’il aurait mieux fait de rester à Dublin.

    La maison elle-même était isolée au bout de l’allée, surplombant un petit coteau. C’était un bungalow compact, peint d’un jaune vif et au style net, moderne. Le soleil s’était levé depuis quelques heures et, alors que Neil garait la voiture, il fut surpris de voir la lumière filtrer d’une des fenêtres.

    — Quelqu’un a-t-il laissé une lumière la dernière fois qu’on est venus ? demanda-t-il, tirant le frein à main.

    — Non, répondit Kurt d’un ton maussade en regardant par sa vitre.

    — Ni moi, dit Susanna. Je le jure.

    Neil se tourna vers Joanna en haussant un sourcil, perplexe.

    — Ne me regarde pas comme ça, l’avertit-elle. C’est probablement toi qui l’as laissée allumée. Tu le fais toujours à la maison.

    Il détacha sa ceinture, peu disposé à admettre qu’elle avait fort probablement raison. Il avait l’habitude d’oublier d’éteindre les lumières de la maison le soir ou chaque fois qu’il sortait.

    Ils sortirent bruyamment de la voiture. Joanna se pencha contre le capot, inhalant l’air frais à pleins poumons, heureuse de s’extirper du confinement du véhicule. Elle tenait un sac d’épicerie de base qu’ils avaient faite dans une station-service en route. Susanna se précipita pour inspecter le pommier qu’ils avaient planté le printemps dernier. Tandis que Neil sortait avec effort leur unique valise du coffre de la voiture, Kurt agitait son téléphone cellulaire dans les airs, essayant de capter un réseau.

    — Je n’ai pas de réseau, se plaignit-il. Papa, il n’y a pas de réseau.

    — Bien sûr qu’il n’y en a pas, dit Neil, posant la valise à roulettes vers la porte d’entrée. Il n’y en avait pas quand on est venus l’année dernière ni l’été d’avant, ni le printemps d’avant. Et il n’y en aura aucun si nous venons ici en mai. Mais n’est-ce pas merveilleux de se trouver loin des pièges de la société moderne pendant quelques jours ?

    Kurt choisit de ne pas répondre, soupira et, fâché, enfonça le téléphone dans sa poche. Neil se sourit à lui-même, sortit les clés de la maison de sa poche et essaya de trouver la bonne avant que son fils ne puisse formuler une autre plainte. Même après être venu ici pendant toutes ces années, il ne parvenait pas encore à comprendre le système de clés des anciens propriétaires.

    — Aucune pomme, dit tristement Susanna en revenant du petit jardin de l’entrée.

    — Elles auront poussé pour cet automne, Suzie, dit sa mère. Ne t’inquiète pas. Dès que ton père ouvrira la porte, nous nous préparerons un délicieux chocolat chaud. Qu’en penses-tu ?

    Comme par enchantement, Neil réussit à faire tourner la bonne clé dans la serrure avec un clic.

    — Tout le monde à bord ! s’exclama-t-il en entrant.

    C’était une vieille plaisanterie qu’il avait formulée un nombre incalculable de fois auparavant et qui leur faisait tous rouler des yeux à présent.

    Étant donné que la maison avait passé plusieurs mois inhabitée, Neil s’était attendu à ce qu’il fasse presque un froid glacial à l’intérieur, mais il fut étonné de trouver qu’elle était en fait plutôt chaude. Alors qu’il déposait la valise, la famille s’entassa devant lui dans la cuisine — là où il avait manifestement laissé la lumière allumée lors de leur dernière visite. Personne d’autre parmi eux ne sembla remarquer la chaleur dans la maison ou, s’ils le firent, ils ne trouvèrent pas cela étrange. Il regarda par la porte tandis que Joanna allumait la cuisinière et que ses enfants fouillaient dans le placard à la recherche de réserves. Il avança lentement vers eux, tendant l’oreille en cas de… Eh bien, il ne savait pas en cas de quoi. Il ne voulait pas y penser en fait. Le dos de sa main sentit un radiateur quand il passa ; il était chaud au toucher.

    — Des guimauves ? demandait Joanna alors qu’elle ajoutait des cuillérées de chocolat en poudre dans une casserole de lait frémissant.

    — Juste quelques-unes, répondit Kurt en sortant un sac presque vide de guimauves.

    — On en ajoutera sur la liste d’épicerie pour demain.

    — Joanna, dit Neil.

    — Humm ?

    Elle ne se tourna pas, continuant simplement à remuer le chocolat.

    — Quoi ? demanda-t-elle avec irritation en pivotant vers lui.

    — C’est toi qui l’as mis là ?

    Il montra du doigt la table du petit déjeuner. Le calendrier mural y avait été posé, ouvert au mois de février. Les trois premiers jours du mois avaient été rayés — jusqu’à aujourd’hui. Un X grossier couleur rouille cochait chaque jour. On aurait dit qu’il avait été griffonné avec un doigt trempé dans de l’encre. Ou…

    — C’est du sang ? bredouilla Kurt en fixant le calendrier.

    — Bonjour à tous ! dit une voix derrière eux.

    Neil pivota et se retrouva en face d’un homme de grande taille. Il avait des cheveux blond platine, coupés très courts. Sa barbe était taillée selon ce qu’il avait souvent entendu qualifier Joanna de « barbe de trois jours branchée ». Ses yeux étaient d’un bleu incroyablement pâle et ils passaient fur­tivement d’un membre de la famille Conifrey à l’autre. Il portait des pantalons à rayures, un gilet assorti, une chemise et une cravate. Nul signe du blazer qui aurait pu compléter l’ensemble trois pièces. Par-dessus, il portait un tablier rose à fanfreluches avec un « Embrassez le cuisinier », griffonné en travers avec des caractères de style bande dessinée, et un imprimé de poitrine musclée et nue dessous. Il leur souriait, dévoilant une rangée de dents blanches parfaites.

    — Est-ce du chocolat chaud ? demanda-t-il en claquant la porte derrière lui. J’adore le chocolat chaud.

    — Qu… qui êtes-vous ?

    Sans prévenir, l’homme avança. Il posa fermement une main sur la poitrine de Neil et le poussa. Joanna cria tandis que Neil volait dans les airs avant de s’écraser contre les armoires de cuisine et de s’allonger sur le sol.

    — Qui je suis ? gloussa l’homme blond d’une voix stridente. Je suis Loki, le Père du Mensonge, dit-il tout en avançant nonchalamment plus loin dans la cuisine. Et nous allons tous avoir beaucoup de plaisir ensemble !

    PREMIÈRE PARTIE

    CHAPITRE 1

    — On devrait aller au cinéma demain.

    — On y présente quelque chose de bon ?

    — Il y a ce nouveau film avec un gangster qui arrive dans une petite ville. Ça doit être assez bien.

    — Pouah, non. Pourquoi pas le nouveau de la série « Lune bleue ». Il y a des vampires.

    — Et aussi une histoire d’amour. Et le gars, c’est Robert Mattinson. Alors, non, merci !

    — On peut décider une fois sur place. Je demanderai à ma mère de nous conduire dans Tralee. Ça te va, Arthur ?

    Arthur Quinn était dans un autre monde, à donner un coup de pied sur une cannette de coca vide devant lui tandis qu’il marchait nonchalamment sur le trottoir en repartant de l’école. Il aurait dû être aussi emballé que ses amis devant la fin de semaine qui arrivait, mais il ne pouvait tout simplement pas ressentir cette « émotion du vendredi ». Ses cheveux bruns, naturellement ébouriffés, commençaient à redevenir indisciplinés après une coupe très courte voici à peine un mois. Des taches de rousseur parsemaient son nez et ses pommettes saillantes. Son œil droit était d’un bleu profond, ponctué de petites taches vert pomme, alors que son œil gauche était couvert d’un cache-œil en cuir noir. Il était en permanence injecté de sang à présent, et l’iris autrefois bleu était devenu d’un vilain cramoisi. Une ligne de cicatrice dépassait de chaque côté du cache-œil, trace de l’endroit où un morceau de roche, en provenance d’une tour qui avait explosé, lui avait ôté la vue. La cannette tomba du trottoir et roula dans le caniveau.

    — Arthur ?

    — Humm ?

    Il ramassa la cannette dans la rue et la jeta dans une poubelle à proximité, puis se tourna vers ses amis. Paul, Louise et Dave le fixaient tous, perplexes.

    — Désolé, tu as dit quelque chose ?

    — Je t’ai demandé si tu voulais aller au cinéma demain, répéta Paul, contrarié.

    Il était grand et longiligne, en plein dans sa première poussée de croissance de l’adolescence. En tant que plus âgé du groupe, il venait juste d’avoir 13 ans quelques semaines plus tôt, tandis qu’Arthur n’était pas dans le coin pour se joindre à la fête. Il vivait encore à Dublin à ce moment-là. En octobre dernier, le père d’Arthur, Joe, s’était vu offrir un emploi dans la capitale dans le cadre de l’excavation nécessaire à la construction imminente des rames de métro de Dublin. Comme le travail avait été reporté à une date indéterminée il y a un mois, Joe avait décidé de rentrer dans le Kerry. Ils étaient revenus dans le village tranquille de Farranfore il y a près d’une semaine, mais Arthur s’ennuyait déjà de ses amis de Dublin. Ce n’était pas qu’il n’aimait pas Paul, Louise ou Dave. Au contraire, il estimait encore grandement leur amitié. Mais ses amis de Dublin et lui avaient traversé tant de choses ensemble en si peu de temps. Ils étaient les seuls à pouvoir comprendre comment il se sentait à présent et les craintes qu’il éprouvait.

    — Oh. Euh… Non, merci.

    — Allez, Arthur ! Ça va être agréable ! insista Louise.

    Elle était presque aussi grande que Paul, avait des cheveux noirs et une peau mate, résultat des gènes de sa mère italienne.

    — La semaine a été longue, et je veux juste me reposer, mentit Arthur.

    Même si la semaine avait été longue, il ne ressentait pas le besoin de se reposer. Il l’avait assez fait à l’hôpital après l’explosion. C’était lui qui l’avait provoquée il y a trois semaines pour arrêter le dernier plan du dieu farceur maléfique Loki. Arthur avait dû s’y résoudre et il croyait encore que perdre la vue d’un œil était un meilleur choix que ce que le dieu avait eu en tête pour lui. Loki avait essayé de transformer tous les habitants d’Irlande en loups, une armée imparable qui l’aiderait à conquérir le monde.

    Voici un millénaire, le dieu farceur avait créé trois terribles enfants dans le but ultime de détruire le monde. Les autres dieux furent rendus furieux par ses actions et l’attachèrent sous Dublin pour l’éternité, se débarrassant de ses enfants de différentes manières. Toutefois, quand la construction du métro avait commencé, Loki s’était libéré et avait entrepris de trouver et libérer sa diabolique progéniture. Arthur — avec l’aide de ses amis et d’une armée de Vikings morts qui avaient été cachés sous terre pour le surveiller — avait réussi à vaincre et tuer le premier enfant, le Serpent-Monde. Puis, Loki était parvenu à trouver son deuxième enfant — un loup-homme nommé Fenrir. Fenrir était censé avoir créé une armée de loups pour Loki afin d’asservir l’humanité, mais, après avoir passé plus de 1 000 ans à vivre dans ce monde, il en était venu à respecter — même à aimer — la race humaine. Il avait désobéi aux ordres du Père du Mensonge et était allé aussi loin que cacher le troisième enfant de Loki au cas où le dieu reviendrait. Seul Fenrir savait où se trouvait la fille de Loki, la Gardienne des Enfers, comme elle avait été surnommée.

    Mais, après l’explosion de la tour, Fenrir avait disparu…

    La seule chose qu’Arthur voulait faire cette fin de semaine, c’était de clavarder avec ses amis de Dublin. Il attendait avec grande impatience de savoir s’ils étaient parvenus à retrouver Fenrir avec le GPS d’Ash depuis qu’il les avait quittés dimanche dernier.

    — Ne t’inquiète pas, Fol Œil Maugrey¹, dit Dave. On n’ira pas voir un film en 3D !

    Il montra du doigt le cache-œil d’Arthur et éclata de rire. Malgré la douleur diffuse qu’il ressentait encore à cet endroit, Arthur ne put s’empêcher de s’esclaffer à son tour. Dave était petit pour son âge. En fait, même s’il avait eu neuf ans, il aurait encore été petit pour son âge. Il était rondelet, se mouvait lentement et avait des cheveux gras. Autrement dit, il constituait la parfaite tête de Turc. La seule chose qui le sauvait — et la seule chose qui le protégeait des moqueries —, c’étaient ses petites phrases pleines d’esprit pour lesquelles il était réputé.

    Un klaxon retentit. Arthur regarda autour de lui et vit son père derrière le volant, qui lui faisait signe.

    — On se revoit lundi, leur lança Arthur tandis qu’il courait vers la voiture.

    Il était secrètement ravi que son père soit apparu de la sorte. Cela signifiait qu’il n’aurait pas à répondre au pied levé à davantage de questions sur la raison pour laquelle il ne voulait pas aller au cinéma. Il se doutait que ses anciens amis ne seraient pas très séduits par le fait qu’il les abandonne au profit de ses nouveaux amis de Dublin. S’attachant seul sur le siège passager, il salua Joe.

    — Bonne journée à l’école ? s’enquit Joe tandis qu’ils traversaient la petite ville tranquille.

    Ses cheveux commençaient à se clairsemer, et ses tempes grisonnaient, mais, outre cela et des cernes qui apparaissaient parfois sous ses yeux, il ne montrait aucun signe de vieillissement. Dès qu’il avait quitté son emploi à Dublin, il avait eu la chance de retrouver son ancien emploi en tant qu’ingénieur consultant indépendant. Le travail n’était pas aussi régulier que dans la capitale, ce qui signifiait qu’il passait beaucoup plus de temps à faire des courses et à traîner avec Arthur.

    La mère d’Arthur avait toujours aimé la liberté que le travail offrait à Joe. Cela signifiait qu’ils pouvaient organiser des fins de semaine à l’extérieur dans des délais très courts ou qu’elle pouvait compter sur lui pour ramener Arthur de l’école. Mais il y a moins d’un an, elle tomba soudaine-ment malade. Son état se détériora très rapidement, et elle devint plus faible chaque jour. Arthur s’ennuyait encore d’elle et pensait à elle constamment. Il tendit le bras vers le ruban doré attaché autour de son poignet droit. Il avait appartenu à sa mère, et elle le portait toujours, si bien que, lorsqu’elle mourut, il l’avait mis pour se souvenir d’elle en permanence.

    Ils traversèrent le village serein et arrivèrent en campagne. C’était un jour de février couvert. Il faisait doux et sec pour ce moment de l’année. Alors qu’ils attendaient à une intersection qu’un tracteur tourne, Arthur fixa avec fascination un rouge-gorge près du fossé dans la route. Il picorait un bout de sandwich que quelqu’un — probablement un agriculteur — avait jeté plus tôt. C’est alors qu’une corneille descendit en piqué de nulle part. Elle s’empara de la croûte dans son bec puissant et s’envola dans les airs, laissant le rouge-gorge affamé. Joe s’éloigna avant qu’Arthur ait la chance de lancer par la fenêtre quelques restes de son déjeuner.

    Leur maison était un vaste bâtiment de deux étages recouvert d’un parement en grès. Chacune des quatre pièces à l’avant avait une fenêtre en saillie. Il y avait une vaste pelouse — toujours impeccablement tondue et avec une rocaille invitante dans un coin — et un long champ négligé à l’arrière. Joe tenait toujours à mettre des animaux pour entretenir le pré — quelques chèvres ou moutons, avait-il l’habitude de dire —, mais il ne s’en était jamais occupé.

    Il se gara et ouvrit la porte d’entrée. Arthur laissa tomber son sac d’école sur le parquet et monta précipitamment à l’étage.

    — Dîner dans une heure ! lui cria Joe alors qu’il entrait dans sa chambre et s’allongeait sur son lit.

    Il soupira et regarda la pièce, pensant à Ash et aux autres à Dublin.

    C’est chez moi, c’est chez moi, se répétait-il. Mais alors, pourquoi ne le ressentait-il pas ?

    * * *

    En un temps ancien, antérieur à l’histoire écrite, à Àsgard, le royaume des dieux, le grand arc-en-ciel Bifrost forme un pont entre les mondes. Sept couleurs scintillent et ondulent sur la structure magique. Elle change de position — se déplaçant vers l’endroit où un dieu doit utiliser le pont — et repart de n’importe quel point à Àsgard à un autre point à Midgard, le monde des hommes.

    Le soleil est à son point culminant dans le ciel azur dégagé. Il est midi et, bien qu’il fasse chaud, Loki se sent bien dans sa lourde tunique brune. Telle est la magie de l’endroit. Bifrost s’élève devant lui, puis descend sur un coteau et dans Midgard. Il s’assoit sur un rocher pour regarder les couleurs changeantes et se reposer avant son voyage. Un petit festin est déposé devant lui sur le terrain rocailleux. Il se compose de sept sortes de fromage, de neuf vins en provenance des neuf mondes et d’une quantité incalculable de viandes, d’hydromel, de pain, de pâtés et de desserts. Il se remplit à présent la panse d’une patte de cygne, en savourant le goût riche tandis que les sucs de la viande descendent le long de son menton barbu. Il sourit d’un air suffisant tandis qu’il mâche, pensant à tout ce qu’il a accompli en si peu de temps.

    Voici deux jours, les dieux l’avaient humilié. Ils avaient ri tandis qu’une vilaine géante l’insultait, cousant sa bouche pour le faire taire. Il était sorti en trombe de la grande salle à manger d’Odin, Père de Tout, jurant de se venger d’eux tous. Le lendemain matin, il s’était levé et avait créé le Serpent-Monde, l’envoyant dans le monde de l’homme pour y faire des ravages. Ensuite, il avait transformé une bête blessée et pitoyable en Loup Fenrir — un loup qui pouvait se transformer en homme — et l’avait chargé de créer une armée d’hommes avec des pouvoirs similaires, qu’il pourrait alors commander. Et à présent, enfin, il allait créer son troisième — et plus puissant — enfant.

    Il ingurgite un peu d’hydromel, puis jette la corne à présent vide. Elle éclate en deux morceaux, et des gouttelettes dorées et sirupeuses se déversent. Il se lève, étire son dos et son cou dans un craquement, puis se tourne vers Bifrost. Soudain, il se met à courir, plus vite que les jambes de tout homme pourraient le porter. Il remonte le pont et, même s’il ne semble être rien de plus qu’un arc-en-ciel translucide, il offre un appui solide.

    Alors qu’il atteint le sommet de Bifrost, il bondit dans les airs, atterrissant violemment sur les fesses. Puis, il se laisse glisser de l’autre côté du pont, les bras joyeusement écartés et criant « Yééé ! ». À mesure qu’il descend, le ciel devient de plus en plus sombre, jusqu’à ce que ses pieds touchent Midgard. Il fait nuit dans cette partie du monde des hommes, et le village dans lequel il vient d’arriver est totalement silencieux. Tout le monde dort ici, ce dont Loki est reconnaissant. Si quelqu’un avait été réveillé et avait vu l’arc-en-ciel en plein milieu de la nuit, les habitants auraient levé leurs armes contre lui. Et, même s’il avait facilement pu y faire face, il ne voulait pas de ce désagrément.  

    Le village se nomme Roskilde, et bon nombre de fidèles des dieux y résident. Quel endroit approprié à voler à Odin, se met à penser Loki alors qu’il marche entre les cabanes de petite taille. Elles sont construites en bois avec des toits en paille et en terre. Un petit trou a été inséré au centre de chaque toit pour permettre à la fumée du feu de la cuisine à l’intérieur de s’échapper. Ses bruits de pas ne font aucun grincement sur les brindilles et les cailloux, et, outre quelques forts ronflements en provenance de certaines huttes, le léger clapotis de la rivière à proximité est le seul bruit audible en plus de quelques chaloupes se heurtant délicatement au quai en bois.

    Il se tient immobile au centre du village,

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