À feu et à sang
Par Dan Scott
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Aperçu du livre
À feu et à sang - Dan Scott
ans.
LES PERSONNAGES PRINCIPAUX
Lucius, un garçon romain
Quintus, son frère aîné
Aquila, leur père
Ravilla, leur oncle
Caecilia, leur mère
Valeria, leur sœur
Isidora, l’amie de Lucius, une esclave égyptienne
Crassus, un laniste (entraîneur de gladiateurs)
Valens, l’éditor (commanditaire) des jeux de Pompéi
Atia, une prophétesse
Eprius, un jeune patricien (noble) de Pompéi
ROME, EN L’AN 79
L’HISTOIRE JUSQU’À PRÉSENT…
Jusqu’à l’âge de treize ans, Lucius Valerius Aquila avait vécu une vie heureuse et aisée en tant que fils cadet d’une riche famille romaine. Son père, Quintus Valerius Aquila, était alors un sénateur respecté, et ils vivaient dans une luxueuse villa de Rome.
Un jour du début juillet de l’an 79, tout avait changé. C’est ce jour où le père de Lucius avait disparu, juste à temps pour éviter d’être arrêté pour trahison. Lucius n’oublierait jamais la vision des soldats entrant dans leur maison et fouillant leurs biens personnels. Les soldats avaient déclaré qu’Aquila était le Spectre — un impitoyable délateur dont les rapports sur les conversations privées avaient mené à la mort de plusieurs personnes sous le règne du précédent empereur, Vespasien. Aujourd’hui, le nouvel empereur, Titus, était résolu à mettre un terme à ces pratiques de délation. Aquila avait toujours détesté les informateurs, et Lucius était convaincu de son innocence. Mais tout le monde, même sa famille, semblait certain que son père était le Spectre.
Une fois Aquila parti, ainsi que tout son argent, Lucius et sa famille avaient dû faire face à la perte soudaine de leur maison, de leur richesse et de leur statut. L’oncle de Lucius, Gaius Valerius Ravilla, était devenu leur protecteur. Il avait vendu leur belle villa, leurs esclaves et presque tout ce qu’ils possédaient, et il avait installé la famille dans un taudis au-dessus d’un commerce de restauration rapide malodorant dans un quartier mal famé de Rome nommé Suburre. Dans ce nouvel environnement, la mère de Lucius, Caecilia était rapidement devenue la triste ombre d’elle-même, et sa petite sœur, Valeria, encore plus frustrée et irritable. Mais son frère aîné, Quintus Valerius Felix (Quin, pour sa famille), avait causé la plus grande surprise en annonçant son intention de soutenir sa famille en devenant gladiateur. Cela signifiait qu’il renoncerait à sa citoyenneté et qu’il prendrait le statut d’esclave. Toutefois, Quin, qui adorait la gloire et le courage des guerriers de l’arène, était réjoui par cette perspective. Il avait persuadé leur oncle Ravilla de lui donner sa chance dans son école de gladiateurs.
Lucius, comme Aquila, avait toujours détesté les jeux. Il avait désespérément peur que Quin soit tué. Alors, dans l’espoir de tenir son frère à l’œil, il s’était fait embaucher à l’école des gladiateurs pour nettoyer les chambres des gladiateurs et faire des courses pour le laniste de l’école, Crassus. Le travail était à la fois exténuant et monotone. Sa seule consolation était son amitié complice avec une petite esclave égyptienne du nom d’Isidora, qui travaillait également à l’école.
Quin adorait sa nouvelle vie au sein de la familia (la troupe) de l’école des gladiateurs et faisait de rapides progrès à l’entraînement. Lucius trouvait difficile de partager l’exaltation de Quin. Il s’ennuyait immensément de son père et désirait que leur vie reprenne son cours normal. Un jour, à sa grande surprise et à sa grande joie, il avait reçu un message secret et mystérieux écrit de la main de son père. Peu après, Rufus, un nouveau combattant à l’école, s’était révélé être l’esclave personnel d’Aquila. Il avait dit à Lucius que son père avait été forcé de se cacher à cause des allégations faites contre lui. Aquila savait où trouver la preuve de son innocence et avait besoin de Lucius pour la récupérer, car il ne pouvait pas risquer de revenir lui-même à Rome. Rufus avait promis d’amener Lucius voir son père dès le lendemain, après le combat.
Malheureusement, Ravilla écoutait aux portes. Comme Lucius l’avait découvert rapidement, Ravilla détestait son frère, Aquila, et il se réjouissait du fait qu’il avait été poussé à l’exil. La dernière chose qu’il voulait était que Lucius trouve la preuve de son innocence. Ravilla, qui avait reconnu avoir illégalement arrangé des combats pour gagner des paris, avait ordonné à Rufus de perdre ce combat, en échange de quoi il lui laisserait la vie sauve. Le jour suivant, Rufus avait perdu son combat dans l’arène, comme prévu, mais Ravilla avait incliné son pouce — le signe de la mort. Lucius avait alors été obligé d’observer le spectacle du gladiateur victorieux achevant Rufus, le seul homme qui savait où se trouvait son père.
PROLOGUE
PREMIER SANG
ROME
10 AOÛT DE L’AN 79
L es jeux donnés par Gaius Valerius Ravilla », lut Lucius à voix haute. « Quarante gladiateurs se battront. De l’eau parfumée sera dispersée. »
Ses doigts glissèrent sur le nom de son frère, et il continua de lire :
— « Quintus, rétiaire, tiro, se battra contre Burbo, sécutor¹. A remporté dix combats. »
— Tu l’as lu au moins vingt fois, dit Isidora qui perdait patience. Tu ne pourras pas changer les mots simplement en les lisant, tu sais.
Lucius remit le programme dans son sac et se frotta les yeux. Il n’avait pas beaucoup dormi.
— Il devrait se battre contre un autre tiro, et pas contre un vétéran² qui a déjà dix palmes, dit-il.
— Ça montre combien il est talentueux, s’ils ont choisi de lui faire affronter quelqu’un comme ça, dit Isidora. Grâce à toi, il a de bonnes chances… Maintenant, le reste dépend de lui.
Lucius savait qu’elle avait raison, mais c’était plus facile à dire qu’à faire.
Ils s’étaient de nouveau entassés dans le couloir brûlant entre les cages, cette fois avec la permission de regarder quelques combats avant de retourner à l’école. Il était évident à l’aspect de l’arène qu’il venait d’y avoir des combats sanglants et que le désir de mort de la foule ne faisait que grandir. L’air était rendu nauséabond par tout ce sang et cette sueur.
Lucius jeta un regard à l’empereur Titus qui se penchait en arrière et riait avec Ravilla de l’autre côté de l’arène. Il se demanda si Titus savait que l’un des gladiateurs qu’il s’apprêtait à regarder était le neveu du commanditaire.
Quin et son adversaire, Burbo, étaient déjà dans l’arène et faisaient des exercices d’échauffement. Burbo avait quelques partisans qui scandaient son nom, mais la foule aimait les défavorisés, et il y avait autant de gens qui criaient le nom de Quin et lui souhaitaient bonne chance.
Il y eut un silence lorsque les musiciens signalèrent le début du combat, puis un sentiment d’anticipation lorsque Quin fit des feintes avec son filet et tourna autour du sécutor lourdement armé. Burbo leva son épée, et Quin frappa sa jambe avec son trident. Burbo le fit dévier avec son bouclier et bondit vers Quin, qui fit un saut en arrière. Il y eut un rugissement d’approbation dans la foule — c’était un bon début.
En tournant, Quin secouait malicieusement son filet sur le sable pour railler son opposant. Burbo fonça sur lui, mais il fit un bond de côté et lança le filet en sautant. Le sécutor évita le filet et fonça de nouveau sur Quin, mais ce dernier courait plus vite que tous les gens que connaissait Lucius.
Il poussa un soupir de soulagement temporaire alors que le sécutor lourdement armé poursuivait son frère dans l’arène. Burbo n’avait aucune chance de l’attraper. Quin avait l’avantage de sa grande rapidité et de sa légèreté — Burbo se fatiguerait plus vite.
Au bout de quelques minutes, Quin s’approcha de Burbo, demeurant à une distance de trident. Il se mit à tourner de plus en plus rapidement, amenant Burbo à tourner sur lui-même pour mieux l’avoir à l’œil.
— Il essaie de l’étourdir, dit Lucius en serrant les poings. Allez, Quin, plus vite !
Comme si elle l’avait entendu, la foule se mit à scander elle aussi :
— Plus vite ! Plus vite !
Quin lança son filet et s’avança brusquement avec son trident. On vit toute l’expérience de Burbo lorsqu’il les évita tous les deux et cingla le dos de Quin d’un coup de glaive³. Quin se cambra rapidement pour l’éviter, mais pas assez vite. Le glaive traça une longue coupure superficielle sur son dos, et le sang rouge vif coula en un filet. La foule hurla de plaisir.
— La première saignée à Burbo, crièrent les spectateurs. Allez, Burbo !
Lucius sut en voyant le menton de son frère se lever que Quin était agacé d’avoir été le premier à verser du sang.
— Calme-toi, murmura-t-il. Garde ta concentration.
Quin frappa de son trident la jambe de Burbo si vite et si durement que le sécutor s’écrasa violemment au sol. La foule explosa, mais quelques secondes plus tard, Burbo était déjà de retour sur pieds — les cnémides sur ses jambes l’avaient protégé.
Il piétina le filet qui s’étendait sur le sable, puis il le taillada avec son glaive. Quin tira le filet de sous le pied de Burbo et l’envoya au sol, mais il roula sur le côté et se leva de nouveau en se précipitant sur Quin.
Le combat s’étendit à toute la largeur de l’arène, ce qui donna la chance à tout le monde de voir les gladiateurs de près. Lorsqu’ils s’approchèrent du couloir où Lucius était accroupi, il vit qu’ils étaient tous les deux en sueur et qu’ils saignaient abondamment, mais qu’aucun des deux n’était sérieusement blessé. Cela pourrait durer longtemps. Lucius sentit le froid glisser sous sa peau, malgré la chaleur étouffante.
Quin ramena Burbo au centre de l’arène en lançant le filet de temps en temps, ne lâchant jamais le morceau et forçant le sécutor à sauter par-dessus comme un enfant qui sautait à la corde. La foule eut un rire moqueur.
— Danse, poursuivant, danse ! crièrent les gens de la foule.
Burbo se fatiguait. Le poids de son armure le ralentissait graduellement, et les spectateurs criaient davantage, sentant sa faiblesse :
— Tu l’as, maintenant, Quin !
— Ne le laisse pas se reposer !
— Laisse-le te poursuivre encore !
— Fonce-lui dessus !
Ils étaient si bruyants que leurs cris d’encouragement résonnaient dans la tête de Lucius. Burbo semblait les avoir entendus lui aussi, car il fonça soudainement, son glaive levé, et débarrassa Quin du trident qu’il tenait à la main. Burbo lui donna un coup de pied qui l’envoya voler à l’autre bout de l’arène. Quin se tourna pour courir après, mais avant qu’il ait le temps de bouger, Burbo l’attrapa par la tunique et le tira vers lui. Lucius cria à la vue de la lame du glaive qui sortit en un éclair, mais Quin était prêt. Il lança son filet sur la tête de Burbo et tira violemment. Burbo trébucha et s’écrasa au sol.
Quin retira son filet tandis que Burbo se levait avec difficulté, puis il le lança de nouveau sur ses jambes. Cette fois, le saut du sécutor fut trop lent. Le filet s’enroula autour de ses jambes, ce qui le fit encore tomber.
Plus rapide que l’éclair, Quin se précipita pour ramasser son trident et s’en servit pour pousser l’épée des mains de Burbo. Ce dernier se jeta sur elle, mais ses jambes étaient toujours emmêlées. Quin se dressa au-dessus de lui et pointa les dents de son trident sur sa gorge.
La poitrine de Burbo tanguait alors qu’il cherchait de l’air et levait l’index de la main gauche.
— Il demande grâce ! cria Lucius.
— Quin a gagné ! hurla Isidora en sautant sur ses pieds. Oui !
Quin libéra Burbo de son filet, et le jeune sécutor s’agenouilla.
— Tue-le ! hurla la foule. Tue-le !
— Épargne-le, dit Lucius en regardant son frère.
Isidora mit sa main sur son épaule.
— Aujourd’hui, c’est la décision de l’empereur, dit-il.
Je vous en prie, ne lui demandez pas de tuer, pensa Lucius. Ne lui faites pas faire ça. Pas aujourd’hui.
Titus donna rapidement son verdict. Il se leva et tint sa paume avec le pouce couvert. Les os de Lucius semblèrent se transformer en compote.
— Gracié, dit Isidora. Il a dû penser qu’ils se sont tous les deux bien battus.
— Les dieux soient loués, dit Lucius.
Il regarda son oncle, qu’il pouvait apercevoir derrière le trône de Titus. Ravilla savait-il que Lucius le regardait ? Il espérait que oui. Il eut un soudain sentiment de bien-être et de confiance. Tout semblait possible.
— Ravilla s’en est tiré, cette fois, mais un jour, je dévoilerai le traître qu’il est. D’abord, je dois trouver mon père et l’innocenter.
Isidora ne répliqua pas. Elle semblait perdue dans ses pensées. Quin courait autour de l’arène avec sa première palme de victoire et saluait la foule. Cette dernière criait son nom, et il parut porté par une énergie nouvelle. Titus était debout, et il tenait une assiette de métal contenant une pile de pièces.
— Lucius, allons-y, dit Isidora en tirant sur sa tunique.
— Dans une minute, répliqua-t-il. Je veux voir Quin recevoir son prix.
— Non, écoute. J’ai pensé à quelque chose, dit-elle.
— Ça peut attendre une minute !
— Tu te souviens de la tablette de cire que tu as trouvée dans le bureau souterrain ? continua-t-elle comme s’il n’avait rien dit. Nous n’y comprenions rien, parce que nous ne savions pas de quoi il s’agissait, mais maintenant, nous le savons. Je crois que nous devrions y retourner et la prendre !
— Nous ne pouvons pas la prendre comme ça ! dit Lucius.
— Pourquoi pas ? demanda-t-elle. Ne viens-tu pas juste de dire que tu voulais exposer sa tricherie ? C’est la preuve qu’il te faut.
— Je ne pensais pas que tu écoutais vraiment, dit Lucius en souriant sans s’en