À propos de ce livre électronique
Lié à Marathon
Livres électroniques liés
Œuvres de Virgile (L'Intégrale): Bucoliques, Géorgiques, L'Énéide, Biographie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Métamorphoses: Œuvre antique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTimon d'athènes. Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Iliade Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAreiveina Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÀ rebours Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa princesse de Babylone Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationActé Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCours Familier de Littérature (Volume 5) Un Entretien par Mois Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Iliade Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLara Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Tentation de Saint Antoine Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHérodias Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJulius Zèbre rencontre avec les romains Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Affaire Caïus d'Henry Winterfeld (Fiche de lecture): Analyse complète de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationArès et la lance de la peur Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'iliade et l'odyssée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOeuvres complètes d'Homère Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOeuvres complètes: Poésie, Prose et Pensée Sombre d'un Génie Littéraire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSalammbô: Gustave Flaubert Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJules César Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe voyage du centurion Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'enfer (2 of 2) La Divine Comédie - Traduit par Rivarol Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Vision du Jugement Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTragédies Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSardanapale: Tragédie en cinq actes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPoèmes: Recueil de poèmes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Enéide Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Fiction générale pour vous
Contes pour enfants, Édition bilingue Français & Anglais Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationProverbes et citations : il y en aura pour tout le monde ! Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Manikanetish Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5L'étranger Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Le Comte de Monte-Cristo Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Maupassant: Nouvelles et contes complètes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoires de sexe interracial: Histoires érotiques réservées aux adultes non-censurées français novelle èrotique Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Jeux de Mots par Définition: À la Source des Croisés Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Odyssée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMes plaisirs entre femmes: Lesbiennes sensuelles Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Les Mille et une nuits - Tome premier Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEmile Zola: Oeuvres complètes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNouvelles érotiques: Confidences intimes: Histoires érotiques réservées aux adultes non-censurées français histoires de sexe Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Procès Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDictionnaire des proverbes Ekañ: Roman Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Treize nouvelles vaudou Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Dragons !: Petite introduction à la draconologie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes impatientes de Djaïli Amadou Amal (Analyse de l'œuvre): Résumé complet et analyse détaillée de l'oeuvre Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5La Littérature artistique. Manuel des sources de l'histoire de l'art moderne de Julius von Schlosser: Les Fiches de Lecture d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAnges Gaiens, livre 1: La Toile de l'Eveil Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHumblement, ces mains qui vous soignent Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Contes et légendes suisses Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Carnets du sous-sol Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Gouverneurs de la rosée Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5La perverse: histoire lesbienne Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTout le bleu du ciel de Mélissa da Costa (Analyse de l'œuvre): Résumé complet et analyse détaillée de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMasi Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationContes pour enfants, bilingue Français & Allemand Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Catégories liées
Avis sur Marathon
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Marathon - Charles Sarmatth
Marathon !
Charles Sarmatth
Marathon !
Ou l’hommage
aux
Grands
Hommes
LES ÉDITIONS DU NET
70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux
Merci à Homère d’abord, puis à Pierre, Raymond, Michel, Alain, Frédéric, François-René, Jean, Francis, Guy, Jean & à tous les autres que j’ai oubliés.
Qu’ils m’excusent…
A Chti ; aux monstres…
© Les Éditions du Net, 2012
ISBN : 978-2-312-00679-6
Avant-Propos
Cher vous tous,
J’ai remarqué que, dès que nous parlons de la Grèce antique, tout le mode se raidit, se statufie, se Victoire-de-Samothracise, se Vénus-de-Miloïse ; à croire que le sujet ne peut-être que sérieux & prisonnier des musées.
Mes élèves le pensent aussi, davantage même pour n’avoir jamais pénétré (sinon sous la menace parentale de représailles, par accident ou par gros temps) au Louvre ou au British Museum. Heureusement, le Septième Art, américain principalement si imparfait historiquement soit-il, leur permet de mettre des images sur des mots, sur des textes, sur des œuvres.
Toutefois, ne cédons pas au mirage du grand écran : il est maintenant très difficile, sinon impossible, de penser comme les Grecs pensaient tant ils sont momifiés dans l’idée que les Modernes ont d’eux, idée qui s’appuie essentiellement sur les chefs d’oeuvre que l’Histoire nous a transmis : le Parthénon, la sculpture, la philosophie, le théâtre, pour ne citer que ces exemples.
Nom de Zeus ! Il est temps de dépiédestaliser l’homo-grecicus ! Il est comme l’homo-americanus, l’homo-europeanus, l’homo-africanus, l’homo-asiaticus ! Il est un homo sapiens, un sapiens-sapiens même ! Pourquoi serait-il différent de nous ? Nous sommes comme lui, il est comme nous !
Il croit aux dieux comme nous nous croyons en la conquête spatiale, il ne peut se passer d’huile d’olive comme nous d’internet, il aime l’argent, le sexe, le pouvoir, la bonne chair, le bon vin, ne rien faire, comme nous ! Il désire vivre vieux, aspire au bonheur & fuit le malheur, comme nous ! Il ment, triche, dissimule, a des accès de vérité, de courage, de bêtise, d’enthousiasme, de folie, comme nous ! Il est naïf, malin, sceptique, râleur, comme nous ! Il est individualiste, incontrôlable, imprévisible, comme nous ! Il alterne entre l’arrogance & la séduction, comme nous ! Il lui arrive d’écorcher sa belle langue & dit des grossièretés, comme nous !
Le Grec de l’Antiquité n’est pas fait du marbre de ses statues, ni n’est aussi équilibré que le sont ses temples, ni n’est aussi raide que ses colonnes, ni aussi philosophe que Socrate, ni aussi homosexuel qu’Alexandre le Grand ; il n’est qu’un homme, rien de plus, rien de moins.
Traitons-le donc comme un homme & non comme un dieu.
En bref : marrons-nous avec lui
Prologue
Charles Sarmatth présente ici les résultats de ses lectures, afin que le temps n’abolisse pas les travaux des hommes & que les grands exploits accomplis soit par les Grecs, soit par les Barbares, ne tombent pas dans l’oubli…
Introduction
Je m’exprimais moi-même pour moi- même. Ce n’était pas un art, c’était un soulagement de cœur (…).
Les Méditations, Lamartine.
Ce qu’il faut à l’artiste & au poète, c’est l’émotion. Quand j’éprouve, en faisant des vers, un certain battement de mon cœur que je connais, je suis sûr que mon vers est de la meilleure qualité que je puisse pondre.
Musset.
PARTIE img1.png
Jeux de dupes
« Il est d’une importance suprême dans la guerre d’attaquer la stratégie de l’ennemi. »
« Les grands généraux en viennent à bout (…)
en faisant avorter tous ses projets, semant la discorde parmi ses partisans, en les tenant toujours
en haleine… »
Sun Tzu, l’Art de la Guerre.
Livre img2.png
Champ de fenouil
{1}
Le treize septembre de l’an 490 avant Jésus-Christ, au petit matin, les sentinelles grecques en poste sur la plaine de Marathon signalent la flotte venant de Perse.
Et quelle flotte ! Il y a tant de mâts, de voiles et de coques que l’Armada perse cache la flotte aux regards des Grecs liquéfiés de trouille.
– On va enfin se dérouiller ! s’enthousiasme une sentinelle.
– Et dérouiller ! relativise une seconde.
– T’y vas ou j’y vais ? s’agite le jeune.
– Où ? renâcle le vieux.
– Prévenir Miltiade bien sûr ! saute la Sauterelle. Lui annoncer la bonne nouvelle ?
– Bonne nouvelle ?
– Oui ! Bonne ! Mais c’est vrai : tu veux bien ? trépigne l’excité.
Le statique tique puis opine : il le regarde filer à la Grec, c’est-à-dire à fond de train, se disant in petto :
– Encore un qui croit qu’il sera honoré pour avoir le premier annoncé l’arrivée des Perses ; tout ce qu’il gagnera, c’est de se coltiner les officiels & les curieux qu’il se sentira obliger de conduire, comme si les Pontifes étaient incapables de se ramener ici tout seuls. En attendant, finie la tranquillité, désillusionne-t-il. Ça en jette quand même ! reconnaît-il en mirant les navires barbares.
Les bateaux sont de tailles diverses : les uns sont courts, la poupe & la proue étroites avec des flancs larges pour mieux supporter les vagues, les autres sont à fond plat pour pouvoir s’échouer sans dommage ; la plupart possèdent des avirons de gouverne à l’avant & à l’arrière pour accoster par la proue ou la poupe ; beaucoup sont munis de ponts sur lesquels s’agglutinent et se ratatinent des milliers d’hommes lassés de leur croisière de deux semaines dans les Cyclades.
Perdu dans sa contemplation, il ne voit pas le temps filer.
– Les voilà donc ! Il était temps ! tonne un honnête homme.
Notre statique sursaute : il pivote & voit le troupeau tant attendu avec, comme prévu, leur chien de berger tout excité en tête. Devant lui, le stratège Miltiade : cent kilos de muscle pour un mètre soixante-dix au garrot, des bras comme des cuisses, des mains comme des pieds ; ajoutez à cela la panoplie complète du lutteur : pif empafé & bifurqué, œil droit poché (comme un œuf), oreille gauche en chou-fleur & la droite en fleur de chou, cou de taureau ; ce physique de Minotaure contraste cependant avec un regard malicieux & un sourire franc, direct & édenté.
Content, notre protagoniste (on le devine car il arrive tréteau sur scène) abat sa paluche monumentale, monstrueuse, animale sur l’épaule de son camarade :
– Bien joué Callimaque ! Maintenant qu’ils sont là, tu peux m’dire comment t’as deviné qu’ils se pointeraient ici ?
– Elémentaire mon cher Miltiade, s’ébranle l’autre après avoir branlé sur ses bases : la prime raison est que le pilote de cette flotte n’est pas perse mais grec ; le deuxième, c’est qu’en plus d’être grec, il est athénien ; l’antépénultième (j’ai fait du grec…), c’est qu’en plus d’être athénien, c’est Hippias en personne ; l’oxytone (… des années de grec…), c’est que la terre de Marathon sur laquelle aujourd’hui nous campons appartenait à sa famille avant qu’il ne décampe il y a vingt piges.
– Par Zeus ! Hippias ! J’ai beau le savoir, je n’arrive pas à y croire : il a quand même soixante-dix ans !
– Et alors ?
– Oui c’est vrai : quand on est con, on est con. Mais cette tonne, cette outre m’étonne & m’outre. Pour qui se prend-il ? Si on l’a viré il y a deux décennies, ce n’est pas pour le voir sur cette rive aujourd’hui ! s’irrite par strate le stratège.
– Tu sais mieux que quiconque qu’Hippias n’a jamais fait dans le subtil mais toujours dans le nostalgique ! Faut toujours qu’il prenne l’Histoire à témoin…
– Parce que l’Histoire est un témoin de moralité ?
– Il n’empêche : il est là maintenant. Que fait-on ?
Callimaque est un grand zig avec une cicatrice qui zigzague sous ses zygomatiques droits ; ce n’est pas un bélître car il a un bel âtre dans le regard, & si en temps de paix il préfère le bellis (le nom savant de la pâquerette, ça en jette hein ?) au bellicisme, il se montre belliqueux lorsqu’Hippias belote & rebelote ; bien proportionné, c’est un brave type bénin mais pas béni-oui-oui ni benêt & encore moins béotien.
Mais revenons à Miltiade : il comprend le choix de Marathon, outre les raisons évoquées ci-dessus : à deux jours de marche d’Athènes, soit environ quarante kilomètres, la plaine offre un dénivelé nivelé permettant aux cavaliers de cavaler de façon cavalière, aux fantassins de fantasmer à fantaisie & aux Perses de percer jusqu’à la capitale de l’Attique ; de plus, deux marais closent la plage & grèvent ainsi toute idée de fuite, sinon par la mer ou par le sommet de la plaine ; enfin, une colline accidentée au nord & un bois divinisé au sud dissimulent idéalement aux curieux la zone du débarquement.
– Si ce fils de tyran veut à nouveau nous tyranniser par ses fils, comme son père, s’il veut rempiler face à nous, on va le débiter & le ratiboiser en lui montrant de quel bois on s’chauffe, ponctue-t-il chaque mot en écrasant ses pattes d’ours l’une contre l’autre.
– Et concrètement ? ne lâche pas le morceau Callimaque.
– J’ai ma petite idée vieille carne, j’ai ma petite idée, répète-t-il dans un clin d’œil. En attendant, je vais réunir les autres stratèges pour les convaincre.
– Et comment comptes-tu y parvenir ?
– Avec mon charme légendaire & mon sourire carnassier, sourit-il d’aucune de ses dents.
– Ouais… Moi je miserais sur d’autres choses : la politesse, la persuasion, la tempérance…
– Je garde ça en plan B, C & D. D’ailleurs, Môssieur Donneur de leçons, pourquoi tu te radinerais pas avec moi ?
– Parce que je suis radin de mon temps. Au secours : bavasser, bavarder, blablater pour finir par vous pugner, empoigner avant de voter puis vous féliciter entre vainqueurs, non merci ! Mais tu sais où me trouver s’il faut : pour l’instant, je m’économise. Amuse-toi bien ! s’éloigne-t-il tout sourire.
– Lâcheur !
En même temps que les deux hommes dialoguent, tous les autres moutons bêlent (des champs), allant du « Ah » ahané, au « Oh » ohoté en passant par le « La vache » meuglé. Après l’éblouissement, l’ébahissement & l’abattement, chacun pronostique le nombre de bateaux, d’hommes, de chevaux, jusqu’au moment où Miltiade ordonne de décamper pour déplacer le camp non loin du bois dédié à Hercule, bois évoqué plus haut.
En somme, il leur demande d’arrêter de panurger.
– Vous ! se tourne-t-il sans sommation vers les deux sentinelles.
– Nous ? Mais on n’a rien fait ! chouine le plus vieux.
– Nuance : vous ne faites rien ; restez ici & prévenez-moi dès que le premier Perse débarque !
– Pourquoi ? Vous voulez son nom ?
Miltiade apprécie l’ironie :
– Pourquoi pas. En attendant, faites ce que je vous dis, reprend-il cette fois avec autorité.
– Pourquoi ? réitère le vieux.
– Parce que !
– Ah d’accord, si c’est pour cette raison, je veux bien : j’aime qu’on m’explique les choses, lui virgule-t-il un coup d’œil sombre.
– Maintenant que c’est clair, soyez vigilants, embrasse-t-il & embarrasse-t-il du regard les deux factionnaires.
– Nous sommes à fond, veut faire bonne constance (comme dirait de Bonnacieux) le coureur de demi-fond.
– Pareil que le jeune, vire au jaune le vieux en regardant le jeune veiller.
Livre img3.png
Les Perses
{2}
Mais abandonnons ces trois Hellènes & les garçons qui les entourent pour nous plonger dans la flotte si mirée, admirée par les pronostiqueurs qui étaient agnostiques avant qu’ils n’accoustiquent que ce mirage était admirable par leurs mirettes.
Les Erétriens rebelles, & maintenant captifs, ont été laissés dans l’île appelée Aigilia{3} ; les autres Grecs de la côte ouest de la Perse n’ont pas eu cette « chance » : ils sont ou morts… ou morts.
Mais ne nous dispersons pas & revenons à nos Perses : à présent les mille navires cinglent singulièrement vers la grève se dégrever de leur chargement.
A la proue du vaisseau-amiral, trois hommes : le Généralissime Datis appelé « Le Lion » par ses hommes, le Général en second Artaphernès appelé « l’Abruti » par ce même Généralissime & leur pilote l’ex-dictateur d’Athènes Hippias, appelé « Le Tyran » par les Perses &… autrement par les Grecs.
Donc, le Lion, l’Abruti & le Tyran binoclent ébahis, béats & bouche-bée la baie tant elle est belle. D’ailleurs, nul n’aurait été surpris si Vénus fût venue à botticelliser des ondées écumeuses tant le panorama est divin à contempler.
– Je vous l’avais dit que c’était parfait ! clame le vieillard.
– L’arrogance grecque n’a d’égale que l’invincibilité perse, maugrée Artaphernès, aussi ravi d’avoir cet individu à bord qu’un jardinier des taupes sous ses topinambours ou des fourmis par millier dans ses semis.
– Mais il y a de quoi non ? Comme dit un érudit amoureux de mon pays{4} : « le pays que vous voyez est admirable, car il a été créé par les Olympiens ; sous un ciel pur, une mer traditionnellement calme découpe des baies & des golfes dans la charpente montagneuse de la Grèce. Ici, les monts partout couronnés de forêts giboyeuses protègent des regards ennemis, tels des trésors, les vallées fertiles. Le sol & le climat y sont bénis des Dieux & favorisent la vigueur du corps & de l’esprit : l’homme n’y est pas énervé par une nature inutilement riche, ni épuisé par des intempéries excessives : c’est le théâtre rêvé pour le jeu d’une activité intelligente & artistique bien réglée. L’homme grec y est protégé, loin des malheurs, sans travailler durement, sans souffrir des tristes maladies qui font qu’il meure prématurément. »
Hippias est un vieux politicien gros & gras ; carnivore, il engloutit la bonne chair & déguste les jeunes chairs, masculines & adolescentes ; ivrogne (il faut le boire pour le croire), il affectionne le vin pur : ce bonhomme est tout bonnement une bonbonne.
Chez lui tout est laid : sa peau est si flasque qu’elle fuit ; son menton molletonné (épaisseur triple) s’avachit sur sa poitrine, qui elle-même se vautre sur son ventre, qui lui-même gît sur ses genoux ; dix saucisses en guise de doigts que des bagues clinquantes boudinisent achèvent ses jambonneaux énormes ; sa peau totalement épilée, pile & face & pile-poil, un maquillage propre à effrayer un clown & un abus de parfums propre à tuer une truie parviennent – fait remarquable pour être ici signalé – à faire dégager les gars de la Marine qui pourtant ont le regard & les narines éprouvés. Mais le libidineux cétacé a des ressources & ses rotondités dissimulent un esprit vif, intelligent & retors, de quoi dissuader les jeunes loups de mordre le Tas & les inciter à faire le tour (si c’est possible) du Gastéropode avant de lui sucer les sucs gastriques.
En gros (& en large), cet Hellène empoté n’est qu’une avalanche de graisse sudoripare qui repart en Grèce pour avaler par l’Est ces sabots d’Hellènes (Oh ! Un chiasme !).
– Voilà qu’il nous fait de la littérature ! le rature le général en second. « C’est la théâtre rêvé pour le jeu d’une activité intelligente & artistique bien réglée » : en te regardant, j’en doute.
– Ta jeunesse t’empêche de voir le talent où il se trouve, le tacle l’ex-dictateur.
– Et ta sénilité de voir où il ne se trouve plus, le triture le Perse.
– Tu t’estimes donc beaucoup ?
– Très peu quand je me considère ; beaucoup quand je me compare…
– Cela suffit, commandanture Datis avec fureur.
(A ce moment précis, quelque chose vous gêne chère/cher lectrice/lecteur (galanterie oblige !) : c’est le tutoiement, n’est-ce pas ? A l’époque, le vouvoiement par politesse n’existe pas encore : il n’apparaîtra qu’au premier siècle avant Jésus Christ dans la correspondance de Cicéron, & encore très rarement. Intéressant n’est-ce pas ? De quoi briller en société assurément…).
Mais revenons à notre récit :
Le Généralissime naturellement en impose, avec son mètre quatre-vingt-seize & ses longs cheveux blancs soigneusement coiffés. A la mode perse, sa mâchoire carrée & volontaire est couverte d’une barbe fleurie & frisée ; son regard froid impressionne & emprisonne comme un sphinx ; enfin, quarante années sur soixante-cinq à hécatomber tout ce qui sortait de terre de bipèdes mâles font de lui un homme efficace &, pour certains, arrogant.
– Maintenant que nous sommes là & que les navires approchent de la grève, je t’écoute.
– Mes partisans m’ont informé, gigote ses gigots de doigt le Zigoto, que Miltiade nous attend derrière la passe au sommet de la baie, & ce depuis deux jours. En ce moment, des sentinelles qui chantent nous épient (La pie qui chante… Oui je sais mais j’adore leur michoko.).
– Comment connaissait-il le lieu de notre débarquement ? sursaute, tressaute, tressaille, frémit, blêmit, pâlit Artaphernès.
– Que crois-tu ? Que mille navires passeraient inaperçus sur une mer parsemée d’îlots habités par des Grecs qui nous haïssent ? Où veux-tu débarquer ? En Macédoine ? raille Hippias.
– Ce n’est pas ce que je voulais dire, déraille Artaphernès. Tu déformes mes dires… Tu joues avec mes mots… s’enraye-t-il.
– Je joue sur les mots ? Non général en second, ce ne sont des jeux de mots comme seul Orphée aux Enfers.
Artaphernès semble être un grand niais de vingt-cinq ans qui sait tout mais ne comprend rien ; on prête d’ailleurs à Datis la parole suivante : « pour me succéder, dans l’ordre je vois mon fils, ma femme, mon cheval, mon chien, Artaphernès ».
De quoi l’habiller pour tous les hivers de sa longue vie. Gardons-nous cependant de nous fier à sa jeunesse trop vite…
– Dès que tu parles, nous entrons dans le vide du sujet. Sérieusement, se tourne Hippias vers Datis, sans vouloir te commander aucunement, je te suggère de débarquer d’abord la cavalerie.
– Parce que ?
– Parce que, conte la Bécasse, d’une part les Athéniens sont sur leur sol & d’autre part s’ils ne vainquent pas, leur cité sera prise & leurs proches tués ou réduits en esclavage : cela va les rendre plus dangereux que de coutume. Or, pour annihiler des soldats qui n’ont rien à perdre, pour détruire leur fougue & donc leur impétuosité, nous devons leur opposer la seule arme qu’ils redoutent, c’est-à-dire la cavalerie, & tu dois la déployer avant qu’ils construisent une redoute imprenable.
– Combien de temps pour bâtir cette fortification ? doute Datis.
– Pour une redoute ? Vingt-quatre heures chrono, pas plus.
– Tu es redoutable !
– Sans nul doute.
– Pourquoi la cavalerie ?
– D’une part, glougloute le Glouton, les chevaux sont plus rapides & plus mobiles que le front grec compact, ce qui leur permettra de le contourner aisément ; d’autre part, leur charge est impressionnante, si bien que les hoplites préféreront rompre la ligne plutôt que de les affronter ; à tes hommes ensuite de s’engouffrer dans les brèches pour battre en brèche les Athéniens & embrocher les fuyards.
– Généralissime ?
Les deux hommes se tournent vers Artaphernès :
– La charge des cavaliers sera embarrassée par le trop grand nombre d’hommes sur la plaine. En plus, si j’étais le stratège grec, j’attaquerais d’abord la cavalerie pour t’obliger à la retirer de la plaine. Celle-ci dégagée de ce que je crains le plus, je pourrais assaillir tes fantassins.
– Peuh ! le coupe l’Adipeux.
– Pas faux ; mais la cavalerie n’interviendra pas. Pour ce qui est de ta deuxième remarque…
Le Cachalot prend l’eau :
– Généralissime ? Tu n’envisages pas de faire charger la cavalerie ?
– Non : elle n’est là que pour dissuader les hoplites d’attaquer, le temps à nos forces de débarquer ; ceci fait, elle rembarquera, laissant le champ libre à l’infanterie.
– Je me permets d’insister…
–… je ne te le permets pas. Ce débarquement a pour but de vider Athènes d’une partie de ses défenseurs, pour ensuite attaquer la cité, avec justement la cavalerie : je ne risquerai donc pas le fer de lance de mon armée pour une simple escarmouche.
– Mais s’ils craignent à ce point les chevaux, pourquoi ne les attaqueraient-ils pas justement pour nous obliger à les rembarquer ? recharge Artaphernès.
– Cela est impossible, décharge Hippias.
– Et pourquoi ? C’est logique !
– Ils préféreront attaquer nos hommes pour en avoir moins à affronter le Jour-J. De plus, les chevaux… Non : ils les craignent trop pour oser les affronter, même dans leur enclos. Crois-moi !
Artaphernès, voyant qu’il ne peut faire se faire entendre, rallie malgré lui le camp des optimistes ; il oint et huile à la fois (de morue) son supérieur :
– Je vois : l’efficacité des cavaliers est avant tout psychologique ; il faut qu’ils soient vus : c’est génial Généralissime ! renarde-t-il le corbeau.
– C’est assez, se bat l’aisne le chef.
– Combien sont-ils en face ? se paonise maintenant le général en second devant la Baudruche dégonflée.
– Entre dix & onze mille Athéniens & Platéens, boude le Boudiné.
– Et les Lacédémoniens ? Car je suppose que les Athéniens n’oseront pas se présenter seuls face à moi ? demande Datis.
– Certes, récalcitre le Chattemite échaudé.
– C’est-à-dire « certes » ?
– Si je ne suis pas un grand stratège & encore moins un illustre militaire, ondule & ondoie l’Onctueux, je suis le meilleur politique ici-bas…
–… tu veux dire que tu parlementes, parles-&-mentes & bonimentes ? C’est cela ? le charge Artaphernès.
– Tout comme toi en tant que neveu du Roi & ex-gouverneur de Sardes, le tire Hippias.
– Viendront-ils ou non ? coupe Datis.
– Non. Philippidès, un messager athénien doit être sur le chemin du retour de Sparte maintenant pour annoncer à Miltiade leur refus. Heureusement, on peut toujours compter sur les Spartiates pour arriver trop tard, fait-il dans le sarcasme.
– Je croyais les Athéniens & les Lacédémoniens alliés.
– « Alliés » non, « solidaires » oui ; leur refus est temporaire : dans quatre jours ils sont là.
– Pourquoi ce délai ?
– Les Spartiates ont une tradition qui leur interdit de partir en guerre tant que la lune n’est pas pleine, & elle ne le sera que demain soir. Après, le temps d’arriver ici, cela fait quatre jours grosso-modo, dit le Gros.
– Et tu sais tout cela comment ? admire le Généralissime.
– J’ai mes sources…
– Que le débarquement commence dans ce cas : nous avons trois jours pour attaquer ces athlétiques Athéniens & aplatir ces Platéens.
– Y a-t-il autre chose que je puisse faire pour toi ? le lèche Hippias.
– Oui, pars, le sèche Datis. Artaphernès, une seconde ! retient-il son second.
La Tonne s’étonne de n’être pas retenu lui aussi mais, à la vue visage révulsé du Généralissime, il se satisfait de ne pas rester.
Une fois seuls, Datis massacre :
– Tu es un niais : bon à rien & mauvais en tout ! Tu es suffisant & insuffisant, pour reprendre les propos d’un grand homme. Et tu me fatigues : aussi, soit tu changes tout de suite, soit je te réexpédie sur une barque retrouver ton oncle chéri. Des hommes courageux vont mourir ici parce que je leur en donnerai l’ordre, & si tu dois y passer, tu y passeras, neveu de l’Autre ou pas. Il ne m’intéresse pas de savoir pourquoi tu as décidé d’abandonner tes mignons & tes courtisans, mais ce que je sais, c’est que tu es là : tu vas faire ton boulot & tu as du pain sur la planche ! Autre chose, Hippias connaît mieux que nous ce pays : nous avons donc besoin de lui ; si tu es fortiche à la cour, si tu es un as en Sardes, ici tu ne vaux rien question art de la guerre : en terrain inconnu, tu dois t’allier aux ploucs locaux si tu veux au mieux qu’ils te filent un coup de main, au pire qu’ils ne te mettent pas dehors à coup de pied. Or, notre laissez-passer pour la Grèce, c’est Hippias ! Cet Hippias que tu n’encadres pas (comment ferait-il d’ailleurs ?), je te conseille de ne pas t’y frotter : c’est un homme dangereux, plus dangereux que tous tes congénères & tes cons dégénérés à qui tu tripotes l’ego pour t’en faire aimer. Tiens-toi le pour dit ! Tu peux disposer !
Les mâchoires serrées, le penaud Artaphernès fait de la peine. Il s’arrache enfin de sa place & du pont pour regagner son vaisseau afin de transmettre les ordres.
Arrivé à l’endroit du bastingage où il doit prendre sa chaloupe, il rejoint le Taxidermiste qui lui aussi attend son taxi.
– Nous aurions pu être amis… le tatane le vieil Embôté.
–…
