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L’art du mensonge
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Livre électronique235 pages3 heures

L’art du mensonge

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À propos de ce livre électronique

Prise dans un véritable chassé-croisé amoureux, Agnès Watson ne sait plus où donner de la tête. Pourtant, sa principale préoccupation ne se résume pas à ses amants, mais plutôt à ce voleur qui ne cesse de la narguer. Mais quelle n’est pas sa surprise lorsqu’elle se rend compte qu’il ne s’agit pas d’un homme, mais d’un groupe savamment organisé. Tout se complique davantage le jour où les vols sont accompagnés de meurtres plus horribles les uns que les autres. Évoluant entre la mafia russe et les politiciens véreux cherchant à s’emparer d’une institution criminelle tout bonnement inarrêtable, Agnès, Lorenzo et Noah s’embarqueront dans un jeu dangereux où seul le mensonge semble être la porte de sortie.
LangueFrançais
Date de sortie12 févr. 2015
ISBN9782897523497
L’art du mensonge
Auteur

Benjamin Faucon

Né en 1983, Benjamin Faucon vit en Montérégie avec sa femme et ses enfants. Diplômé en histoire de l’art de l’Université Bordeaux Montaigne, il s’est consacré à l’écriture dès la fin de ses études. Ses deux premiers romans ont été publiés en Europe. Il a par la suite opté pour l’autoédition de ses six romans suivants. Après un passage par la littérature jeunesse, il s’est consacré entièrement au genre du roman à suspense. Ce choix fut confirmé en 2013 par la signature d’un contrat avec les Éditions AdA pour la série La théorie des géants.

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    Aperçu du livre

    L’art du mensonge - Benjamin Faucon

    Faucon.

    1

    Florence, Italie

    Assis dans un fauteuil de jardin dans la cour de son palais florentin, Giacomo lisait un parchemin à l’ écriture difficilement lisible dans un calme total, méditant sur chacune des phrases.

    En homme d’affaires avisé, le maître de la Guilde des dix étudiait les différents points de la périlleuse mission qui lui incombait d’accepter en planifiant les moindres détails.

    Souhaitant accentuer la nouvelle vocation de son groupe de voleurs aux gants dorés, il comptait profiter du vol commandé par son partenaire russe tant détesté pour marquer une nouvelle fois le passage de l’un de ses hommes par une cruauté sans nom. Cet étalage de violence trouvait à ce jour son point culminant dans la mission du Prado, dont le souvenir demeurait encore gravé dans la mémoire des Madrilènes. Mais rien ne semblait suffisant pour le Florentin, dont l’ambition démesurée ne pouvait souffrir d’un quelconque signe de faiblesse.

    Giacomo n’aimait pas particulièrement cette façon de procéder, mais il était persuadé qu’elle constituait un passage obligatoire pour atteindre le but ultime qu’il s’était fixé, soit de replacer sa famille, les Gondi, sur l’échiquier européen. Il était habitué de retrouver le nom de ses ancêtres dans les livres d’histoire, mais ceux-ci s’étaient par la suite éloignés de leur terre natale pour finalement frôler la disparition par manque d’héritiers mâles.

    En vouant sa vie à la Guilde, Giacomo ne faisait rien pour aider à leur survie, mais les miracles de la science permettaient de surmonter sans encombre le problème de l’âge. Toutefois, cet aspect n’était que secondaire : sans succès, une progéniture ne lui servait à rien.

    La création des États-nations lui compliquait la tâche, reléguant dans la plupart des pays les familles nobles parmi les obscurs êtres de l’ombre, ceux-ci jouant parfois de leur ancienne notoriété pour tirer de minces ficelles. La perte de leur aura passée n’était plus qu’une question de temps et il lui fallait impérativement agir afin de reprendre la maîtrise de cette situation et de faire replonger l’Italie dans un âge féodal. Le chaos engendré par les perfidies commises par son groupe lui ouvrirait une voie royale pour apparaître tel un sauveur aux yeux de ses contemporains.

    Au son des oiseaux gazouillant dans les arbres, Giacomo effectua une pause dans ses réflexions et contourna une fontaine finement agrémentée de sculptures pour prendre la direction des parterres aménagés avec soin.

    Laissant la brise matinale souffler sur son visage, il tenta d’apprécier le moment. Pourtant, une aigreur sans précédent habitait chacun de ses gestes, hantant ses pas en lui rappelant son incapacité à obtenir ce qu’il souhaitait.

    Chaque mètre carré du refuge urbain formé par la cour arrière de son actuel palais lui rappelait le bâtiment ayant appartenu à sa famille du temps de leur splendeur. Malgré les millions engrangés grâce à la Guilde, Giacomo ne pouvait forcer le propriétaire du palais Gondi à se séparer de son bien. Ayant tout essayé pour tenter de convaincre le vieillard possédant l’imposant édifice, il s’avouait vaincu. Rien ne semblait pouvoir changer cette situation.

    L’idée d’assassiner ce vieil insolent lui avait un temps traversé l’esprit, mais ce plan ne restait encore qu’au stade d’ébauche. Son projet de domination européenne occupait chacun des membres de sa Guilde ; il ne pouvait encore se libérer des demandes du mafieux russe qui se plaisait à lui rappeler sa condition à chaque moment passé en sa compagnie. Mais tout était une question de temps. Un jour viendrait où Sergueï Sheretmeïev ne serait plus qu’un détritus sur son chemin dont il se ferait un plaisir de se débarrasser.

    Il s’arrêta, puis leva les yeux vers le ciel à la recherche d’un quelconque signe pouvant appuyer la décision qu’il s’apprêtait à prendre. Soudain, il vit un petit rapace planer au gré des vents, étendant majestueusement ses ailes pour voler sans le moindre effort malgré une taille qui paraissait, à partir du sol, comme étant minuscule.

    — Soit. Il est temps de tester le jeune, siffla-t-il entre ses dents.

    Jamie Agnew, le dernier voleur recruté par Alistair McAdams avant que celui-ci ne trépasse, n’avait pas encore participé au bain de sang auquel étaient conviés les autres membres des dix. Relégué à de petits contrats sans grande importance, le jeune Écossais prenait son mal en patience, s’accrochant à la promesse que lui avait faite l’ancien maître des dix. Jusque-là, la Guilde semblait l’avoir oublié, le laissant pleurer au chevet de sa grand-mère sans qu’il puisse changer les maigres traitements que l’hôpital pouvait lui offrir.

    * * *

    Giacomo jeta un bref coup d’œil autour de lui avant de se placer devant l’imposante façade de la cathédrale Santa Maria del Fiore. Construit sur près de 150 ans, à cheval sur 3 siècles, l’édifice religieux n’avait rien perdu de sa splendeur. Au contraire, le poids des années lui avait donné ce cachet si particulier aux grands monuments, l’inscrivant à tout jamais dans le paysage architectural de la ville.

    En amateur d’art averti et fin connaisseur, Giacomo ne put s’empêcher de s’enthousiasmer à la vue de la façade reconstruite par Emilio De Fabris¹ en 1887. Bien qu’elle ait été décriée par les tenants de l’histoire qui lui reprochaient de n’être qu’une fade copie de l’originale agrémentée d’une dose d’imagination propre au XIXe siècle, le professeur ne partageait pas cette opinion péjorative. Il aimait cette opulence, cet audacieux mélange de marbres multicolores et de sculptures, lui rappelant la place de premier plan qu’occupait la cité florentine dans l’histoire de la région et même de l’Europe.

    Il se glissa parmi un groupe de touristes et pénétra dans la nef de la cathédrale pour prendre la direction d’un chemin que lui seul connaissait. Pour l’avoir emprunté à maintes reprises en prétextant des recherches personnelles, Giacomo avait découvert cet accès réservé aux employés et menant tout droit au sommet du bâtiment, qui lui offrait par la même occasion la place parfaite pour installer son réseau de communication archaïque, mais ô combien efficace !

    Il gravit d’un pas lent les marches menant à la cou-pole imaginée par l’architecte et peintre italien Filippo Brunelleschi et s’assura de ne pas apparaître plus longtemps que nécessaire au sommet du duomo, ce dôme qui faisait partie intégrante du paysage florentin depuis son érection au XVe siècle.

    Il roula le message destiné à Jamie Agnew et l’attacha à l’aide d’une bague d’acier à la patte d’un des pigeons voyageurs, celui assurant exclusivement la communication avec le numéro neuf de la Guilde.

    Il glissa sa tête par l’ouverture et regarda le campanile, l’élégante tour qui flanquait la façade de la cathédrale et qui offrait aux courageux touristes ayant bravé les 414 marches menant à son sommet le plus beau panorama de la région.

    Le temps d’un soupir, il attendit que les reflets des objectifs des appareils photographiques disparaissent et laissa le pigeon s’envoler. Ce dernier partit immédiatement vers les terres verdoyantes du nord du Royaume-Uni.

    Il regarda le volatile se perdre dans le bleu du ciel pour ne devenir qu’un point à peine perceptible à l’œil nu, et il reprit la direction de l’escalier, confiant en l’avenir. Le chemin inverse ne fut qu’une succession de marches, le son de ses pas résonnant entre les murs de pierre, ressemblant à une lente descente vers les entrailles de la Terre.

    Il apparut dans la nef, un sourire ironique se dessinant sur son visage, encadré par sa barbiche grisonnante.

    Avant même de sortir de la cathédrale, Giacomo sortit une paire de lunettes de soleil de la poche intérieure de sa veste et les mit, quelques secondes avant de pousser les portes menant à l’extérieur, s’attendant à prendre un bain de soleil.

    Il était persuadé que l’astre brillerait d’un reflet rougeâtre, comme s’il était gorgé de sang. Pourtant, cette couleur écarlate serait interprétée tout autrement, à des centaines de kilomètres de là, par celui qui deviendrait sous peu son plus fervent ennemi.

    1. Emilio De Fabris (1808-1883) était un architecte italien qui a voué sa vie à embellir sa ville d’origine.

    2

    Lyon, France

    Profitant du monologue soporifique de Nicolas Valjoux, Noah regarda sa coéquipière à la dérobée.

    Tout aussi savamment coiffée qu’à son habitude, Agnès Watson ne cessait de l’éblouir. De ses cheveux à la perfection de sa peau, en passant par sa silhouette divine, l’artiste se laissait embarquer dans un interminable voyage vers le monde onirique par une simple contemplation de son physique. Celle-ci ne se gênait pas pour jouer avec ses sentiments, alternant entre une attitude tantôt ouverte à son égard, tantôt distante, pour l’attirer davantage dans sa toile, attendant le moment idéal pour se jeter sur sa proie.

    Les deux agents d’Interpol se prêtaient à ce chassé-croisé amoureux sans jamais oser franchir le pas les séparant d’une relation qui leur apparaissait pourtant comme inévitable et viable.

    Au plus profond de Noah, ses tentatives maladroites ne cessaient de lui revenir en mémoire, et l’accueil tout particulier que la jeune femme lui avait réservé n’avait pas suffi à lui insuffler la dose de courage nécessaire pour qu’il se décide à l’inviter à le voir en dehors du cadre du travail.

    Toutefois, cette incapacité à saisir sa chance commençait à peser d’une façon déplaisante sur sa vie quotidienne. Hantant chacune de ses pensées, cette idée rythmait ses journées au point de l’empêcher de se concentrer sérieusement sur une autre tâche.

    Se contenter de l’observer du coin de l’œil ne suffisait plus à son bonheur. Il voulait plus, et ce, dès maintenant !

    C’était sans compter le flot d’éloges insipides que s’adressait le directeur du service, qui ne cessait de vanter son action héroïque pour ramener La Joconde au musée du Louvre. Depuis son retour victorieux, Nicolas Valjoux ne cessait de multiplier ces instants narcissiques.

    Forcé de subir un tel supplice, Noah s’évertuait à camoufler sa morosité, y parvenant tout à fait honorablement, contrairement à Agnès, qui ne se cachait pas pour bâiller devant son supérieur.

    Le climat de travail entre le directeur et sa subordonnée s’était d’ailleurs considérablement détérioré. Certes, l’attitude désobligeante de Nicolas y était pour beaucoup, mais la propension de la Britannique à ne pas digérer sa défaite l’affligeait encore aujourd’hui, lui ôtant toute bonne volonté.

    Le retour de Noah au sein d’Interpol n’avait pas suffi à lui faire oublier son échec dans le dossier du voleur aux gants dorés. Les disparitions d’œuvres doublées d’homicides se multipliaient à travers l’Europe sans qu’elle puisse trouver la moindre piste pouvant mener à une arrestation.

    Dans tous les pays visités par la Guilde, la police se trouvait en état d’alerte. Tout comme l’organisation mondiale, elle demeurait incapable d’entraver les entreprises funestes de ce regroupement de voleurs, dont les actions modifiaient les fondements mêmes du groupe. D’abord confrontés à une simple bande de voleurs, Agnès et son coéquipier se retrouvaient maintenant devant une horde d’assassins faisant preuve d’aptitudes toutes particulières en ce qui avait trait au sadisme.

    * * *

    Agnès dirigea son attention vers son supérieur, puis soupira. Il s’agissait toujours du même discours, aussi prévisible qu’inutile. Elle secoua la tête pour éviter de s’endormir et lança un regard empli de désir vers son coéquipier.

    Noah demeurait toujours le même. Parfaitement habillé et faisant preuve de bonnes manières, l’artiste avait fière allure ; seuls ses cheveux longs et sa barbe blonde de trois jours venaient briser cette allure de vedette de cinéma qui lui allait pourtant comme un gant.

    Elle fixa ses yeux sur son visage, puis descendit lentement vers ses lèvres en sentant une envie frénétique de l’embrasser l’envahir.

    — Mademoiselle Watson ! Si mon exposé ne vous intéresse pas, rien ne vous retient dans cette salle, surtout si vous tenez une piste pour arrêter ces malfaiteurs qui vous glissent entre les mains depuis tant d’années, déclara le directeur de service en posant sur elle un regard accusateur.

    L’attention de l’assistance convergea subitement dans sa direction, accroissant le caractère gênant de la situation. L’envie de lui dire que ses propos étaient tout bonnement nuls lui traversa l’esprit, mais son instinct de survie la força à faire taire la voix intérieure qui mourait d’envie de l’envoyer sur les roses.

    L’agente lui adressa un sourire forcé et tenta de cacher la haine qu’elle éprouvait envers cet homme qui lui donnait de jour en jour plus de raisons de le gifler.

    * * *

    Noah regarda l’ancienne mannequin ravaler sa fierté en se pliant docilement à l’écoute du monologue du directeur qui, dans un élan de fierté calculé, souhaitait « aider » ses employés à clore des dossiers périlleux en les faisant pro-fiter de son incommensurable expérience. Derrière cette façade prétentieuse se cachaient des raisons encore plus détestables.

    Ces derniers temps, Nicolas s’efforçait de multiplier ces réunions à tout moment de la journée, de préférence lorsque le président d’Interpol effectuait une marche dans les corridors, afin de montrer son engouement pour sa tâche et ainsi gagner ses faveurs.

    Finalement, 10 minutes plus tard, la délivrance arriva. Il retint un soupir de soulagement en voyant leur directeur les remercier pour leur attention et passer par la porte de verre.

    Il prit une profonde inspiration et se prépara à agir, à commettre le geste qu’il redoutait tant, mais cette matinée lui semblait le moment opportun. Et puis, de toute façon, il ne pouvait plus continuer de la sorte, il avait les nerfs à vif.

    — Agnès…

    Sa coéquipière le regarda, puis d’un sourire étincelant le figea dans une béatitude frôlant l’attitude pubère d’un collégien perdant ses moyens en face de sa camarade tant désirée.

    — Euh… je…

    Il prit une profonde respiration pour sortir de sa torpeur et inspira brièvement.

    — Écoute, je pensais que nous pourrions…

    Le cellulaire de la jeune femme ne lui permit jamais de terminer son invitation à dîner.

    Quelques secondes plus tard, le sourire radieux avait disparu du visage de la Britannique, remplacé par une moue de dégoût.

    — Nous avons un nouveau meurtre lié à un vol d’œuvre d’art ! s’exclama-t-elle sur un ton frôlant celui d’une personne en dépression.

    Noah s’efforça de cacher sa déception de voir sa chance disparaître et s’accrocha à l’idée de voyager en compagnie de la jeune femme. Ni le lieu ni le moyen n’avaient d’importance à ses yeux.

    Pourtant, un simple passage sur la scène de crime suffirait à lui faire regretter une telle pensée, la barbarie trouvant son paroxysme dans des vols frôlant les mises en scène de tueurs en série.

    3

    Du coin de l’œil, Nicolas regarda s’éloigner ses deux agents. Il poussa un soupir de soulagement en voyant disparaître Agnès Watson de son champ de vision.

    La jeune femme l’exaspérait au plus haut point et elle ne se gênait pas pour exprimer son mécontentement en public, osant le braver devant le président lui-même. Malheu­reusement pour lui, la jeune femme demeurait sa meilleure agente et il ne pouvait la renvoyer sans raison valable ; il devait supporter son comportement douteux au fil des jours sans pouvoir y remédier d’une façon ou d’une autre.

    Il s’agissait du fardeau que lui laissait son père en le forçant à faire son bonhomme de chemin au sein d’Interpol, l’éloignant du monde du vice dans lequel il était habitué de baigner depuis sa plus tendre enfance, si tant est que côtoyer des trafiquants d’armes et de drogues puisse consister en une jeunesse digne de ce nom.

    Il sortit son cellulaire personnel de sa poche de pantalon et composa le numéro de son père

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