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Bonnie Highland Laddie
Bonnie Highland Laddie
Bonnie Highland Laddie
Livre électronique642 pages10 heures

Bonnie Highland Laddie

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À propos de ce livre électronique

Alors que l’on croyait la quiétude revenue sur Clyde Park, les MacClyde sont à nouveau menacés. Egan, la diabolique chef du Grey Watch, aurait-elle survécu alors qu’on la croyait à tout jamais engloutie sous l’océan ? Face au péril, fallait-il rompre la promesse faite aux fantômes de ne plus les solliciter ? Mais, contre toute attente, ce sont eux qui font appel aux jeunes MacClyde... Un incroyable événement vient de mettre leur monde en émoi ! Aurait-il un lien avec le danger qui menace les MacClyde ? Il ne leur faudra pas longtemps à tous pour comprendre que seule l’union peut leur offrir une chance d’en réchapper...

Stéphane BÉGUINOT, né en 1964, est passionné par l’Écosse. Joueur de cornemuse et porteur du kilt, il a choisi de faire découvrir les Highlands en y transportant ses lecteurs tout au long de sa saga de « kilt et épée ». Après le succès du « clan du Grey Watch », le premier opus à l’esprit jeune et insouciant, l’auteur accroit, dans ce second volet, l’intensité dramatique sans renoncer à son style imagé et à ses jeux de mots. Une manière pour lui de confronter son éternel optimisme et sa joie de vivre à la rudesse des événements.

LangueFrançais
Date de sortie14 déc. 2013
ISBN9791092773057
Bonnie Highland Laddie
Auteur

Stéphane Béguinot

Né en 1964, Stéphane BEGUINOT, Informaticien, ancien arbitre de tennis à Roland Garros et toujours débordant d’idées, aime raconter les histoires. Celles du soir, inventées au fil de l’eau, n’ont jamais réussi à endormir ses trois enfants. C’est donc l’œil bien vif qu’ils l’incitèrent un jour à se lancer dans l’écriture pour en faire profiter davantage de monde. Sans le leur dire leur père imagina un trio de jeunes héros présentant les caractéristiques propres de chacun de ses enfants. Ces derniers adoptèrent, sans le savoir, celui créé à leur image...L’auteur a toujours été passionné par l’Ecosse. Porteur du kilt et joueur de cornemuse, il habite l’univers des Hautes Terres. C’est donc tout naturellement qu’il a souhaité le faire découvrir aux lecteurs en leur offrant de partager une histoire d’amour et d’aventures destinée à un très large public. Son style, souvent imagé, stimule l’imagination du lecteur en lui offrant de s’évader et de tourner son propre film et ses savoureuses associations de mots plairont à ceux qui lisent aussi entre les lignes...

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    Aperçu du livre

    Bonnie Highland Laddie - Stéphane Béguinot

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    LES AVENTURES DES MACCLYDE

    Roman

    Bonnie Highland Laddie

    Stéphane BÉGUINOT

    Dépôt légal novembre 2013

    ISBN : 979-10-92773-05-7

    Published by Stéphane Béguinot at Smashwords

    © Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.

    Carmichael Éditions

    21 rue Chantropin

    91530 ST CHÉRON

    http://macclyderoman.free.fr

    DU MÊME AUTEUR

    CHEZ LE MÊME ÉDITEUR

    Les aventures des MacClyde

    1. Clan du Grey Watch

    Le lecteur désireux d’élargir ses connaissances sur l’Écosse ou de découvrir les à-côtés de la saga pourra consulter le site de l’auteur :

    http://macclyderoman.free.fr

    LES AVENTURES DES MACCLYDE

    Roman

    Bonnie Highland Laddie

    Stéphane BÉGUINOT

    Chapitre 1 – La femme aux deux claymores

    Les jeux de Stirburn approchaient.

    Chaque clan peaufinait sa préparation et sa stratégie à huis clos afin d’être fin prêt pour le grand rendez-vous. Mais, pour cette édition, deux clans avaient décidé de se réunir en secret pour s’accorder entre eux… Les jeux allaient-ils être l’objet d’une entente illicite ? Y avait-il de la tricherie dans l’air ?

    Steafan, Archie Skinner et Uilleam représentaient les MacClyde ; Gregor et Angus, les MacYvie. À dire vrai, tout le monde était au courant de cette entrevue « secrète », sauf… Eimhir. S’agissant de statuer sur son cas, tous étaient d’accord sur un point : il était hautement préférable de se passer de la présence de la jeune femme...

    Eimhir avait exigé de participer à l’épreuve du tir à la corde, pour la toute première fois ouverte à ces dames. Pour rien au monde elle n’aurait voulu manquer cet événement. Elle en rêvait ! Elle tressaillait et son sang se glaçait à chaque fois qu’elle s’imaginait concourir. Lors de la précédente édition, reléguée au rang de simple spectatrice et le réalisant, elle avait été saisie d’un immense vague à l’âme et d’un insupportable sentiment d’inutilité. Sa place était dans l’arène. Elle était convaincue d’être une compétitrice née ! Submergée par un trop-plein d’énergie, qu’elle ne cherchait pas à maîtriser, elle trépignait d’impatience et ne tenait plus en place. Elle enchaînait des journées de dur labeur. Après un petit déjeuner carnassier, le seul repas qu’elle s’accordait, elle travaillait sans relâche au haras pour n’en ressortir que tard le soir. Épuisée, elle n’avait plus la force de manger. Fauchée par le sommeil, elle s’effondrait tout habillée sur son lit, privant Angus du traditionnel baiser de la bonne nuit. Mrs MacYvie ne tarissait pas d’éloges, à qui voulait l’entendre, quant à la capacité de travail de sa belle-fille. Mais Gregor, inquiet, conseilla à son fils de demander à son épouse de lever le pied. Pourquoi cet acharnement au labeur ? Pourquoi se tuer à la tâche ? Ils étaient honorés et fiers de l’intégrer dans l’équipe du clan concourant aux jeux et elle n’avait pas à travailler comme un forçat pour en être digne ! C’était entendu, Angus irait lui parler. Eimhir s’endormant sitôt couchée, il ne pouvait pas attendre d’être en tête-à-tête avec elle, dans le lit conjugal, pour s’en ouvrir. Angus se rendit donc à l’écurie un soir où Eimhir avait annoncé qu’il ne fallait pas l’attendre pour dîner. Angus tomba des nues en découvrant toute la vérité…

    Il resta caché le temps d’y croire. Eimhir s’entraînait en cachette dans le haras en laissant croire à tous qu’elle y travaillait ! Utilisant toute la longueur intérieure de l’écurie, elle avait attelé Whitehooves et plusieurs autres chevaux à une longue corde dont elle tenait fermement l’autre extrémité. C’est ainsi que les chevaux, d’un niveau bien supérieur aux clansmen, furent ses premiers adversaires ! Mais, c’étaient les seuls face auxquels elle acceptait l’augure de perdre. Eimhir luttait pied à pied et parvenait encore à résister là où n’importe quel supplicié, condamné à être écartelé, aurait déjà été totalement démembré et son corps expédié aux quatre points cardinaux… Elle invectivait de la voix des partenaires invisibles qu’elle s’inventait. Elle leur insufflait sa hargne et sa fougue combative. Elle récidiva sans compter les reprises. Tantôt s’enroulant en bout de corde, tantôt en la tenant au plus près des chevaux. Elle voulait expérimenter puis s’accoutumer à chacune des positions. Angus, abasourdi, resta interdit. Devait-il se signaler à Eimhir ? Dans le doute, il préféra s’octroyer un délai de réflexion. Il crut battre très prudemment en retraite, mais Eimhir sentit le courant d’air provoqué par le va-et-vient de la porte. Elle se retourna aussitôt. En voyant le battant terminer sa course, elle comprit qu’elle venait d’être espionnée. On l’avait prise sur le fait ! Elle se précipita. Elle reconnut l’ombre d’Angus se retirant à pas de velours. Totalement surpris à revers, Angus bascula vers l’arrière et fut comme happé à l’intérieur de l’écurie. Furieuse d’avoir été épiée à son insu, Eimhir fit montre de toute la puissance qu’elle avait acquise en s’entraînant. D’une irrésistible traction, elle ramena Angus, à couvert, dans la relative intimité d’un des box de l’écurie. Eimhir capta en passant une longe en cuir. Angus ligoté, elle pourrait lui tirer les vers du nez et le faire jurer de tenir sa langue. Personne ne devait savoir ! Mais passé l’effet de surprise, Angus, se ressaisissant, opposa la même résistance que celle que déployait Uilleam du temps où sa sœur se faisait un plaisir de le défier pour assouvir ses pulsions guerrières. Émoussée par la débauche d’efforts déployés face aux chevaux, Eimhir sentait qu’elle ne parviendrait pas à l’emporter sur son espion de mari. Elle l’entraîna alors dans une série de roulades jusque dans un fatras douillet de paille immaculée. Renonçant à la force, elle tenta d’user de tous ses charmes. Angus fit semblant d’y céder. Il se détendit à la première caresse, savoura un premier baiser, s’enivra de son odeur lorsque sa poitrine glissa à dessein sous son nez. C’est lorsqu’Eimhir crut qu’il allait, tous ses sens en émoi, s’abandonner à elle, qu’il contracta toute sa musculature et qu’avec une détente de serpent il l’immobilisa. Furieuse et dépitée devant une telle félonne fourberie, elle l’invectiva :

    — Vous m’avez doublement abusée ! M’espionner ne vous a pas suffi. Il a fallu que vous profitiez lâchement de mes douceurs avant de brutalement m’immobiliser par la force ! Je vous déteste !

    Puis elle se tut. Sa poitrine se gonflait et se vidait au rythme de sa respiration saccadée qui exprimait sa fatigue exacerbée par l’impasse dans laquelle elle se trouvait. Angus était persuadé que sa femme avait abattu toutes ses cartes. Elle était à sa merci. Mais Eimhir ne s’avouait pas vaincue. Après les échecs successifs de la force et des câlins, elle joua sur un autre registre, d’une filouterie toute féminine, destinée à déstabiliser et à culpabiliser Angus pour l’amener là où elle voulait précisément le faire arriver.

    — Je vous écoute Eimhir. Je crois que vous avez des révélations à me faire ! Pourquoi toutes ces cachotteries et cette tentative pour me neutraliser comme si j’étais devenu dangereux à trop en savoir ?

    Eimhir adopta le ton d’une femme désemparée, en proie au doute, mal dans sa peau et victime d’un grand manque d’attention et de compréhension.

    — Je voulais être à la hauteur. Faire honneur à ceux qui me font confiance pour que je lutte à leur côté. J’ai donc essayé de me préparer le plus sérieusement possible avec les moyens dont je disposais. Car si l’on a accepté l’augure de ma participation, personne n’a daigné me proposer de m’entraîner. J’ai l’impression que l’on a simplement voulu me faire plaisir comme on l’aurait fait à une enfant. Vous ne souhaitez que vous enorgueillir de l’aura d’être le premier clan à aligner une femme ! Désespérément seule, j’ai la désagréable impression d’être un simple faire-valoir !

    Angus réalisa qu’il était aussi fautif que tous les autres. Mais sa réputation de vaillante guerrière avait tellement précédé Eimhir, que nul n’avait osé se risquer à lui suggérer de s’entraîner, ne serait-ce que pour acquérir les automatismes nécessaires à la coordination des tireurs ! En vérité, Eimhir, un tantinet individualiste, était finalement flattée de ne pas avoir été sollicitée. Elle ne connaissait qu’une seule et unique tactique : tirer à outrance de toutes ses forces jusqu’à la victoire… Elle profita sans vergogne de l’embarras qu’elle avait suscité chez Angus pour s’ouvrir à lui d’un souhait dont elle n’avait pas encore réussi à faire part à sa belle-famille qu’elle avait terriblement peur de froisser, de trahir…

    *   *   *

    C’est pour tenter d’y répondre que les MacClyde et les MacYvie s’étaient réunis sans le lui dire. Eimhir était restée très attachée à son nom de naissance qu’elle n’avait jamais eu l’opportunité de défendre. Aussi voulait-elle pouvoir représenter les deux clans simultanément ! Après s’être enquis auprès du juge-arbitre en chef, l’inamovible MacRules, de la réglementation en pareil cas, ils s’accordèrent sur la double participation d’Eimhir sous la seule réserve qu’elle s’abstint, pour lui éviter un choix cornélien, de participer à la rencontre qui opposerait les deux clans. Pour se signaler, elle porterait son kilt d’amazone aux couleurs des MacClyde — le tartan Caledonia — et porterait en travers du corps un plaid écharpe au tartan des MacYvie. Son port spécifique, porté long et noué à la taille signalerait à tous que, bien que mariée, elle portait les couleurs de son clan de naissance. Steafan eut un moment peur qu’Eimhir n’ait eu les yeux plus gros que le ventre et ne puisse pas physiquement tenir sur tant de joutes consécutives. Les autres protagonistes n’eurent pas autant d’égards. Sa petite guerrière devrait assumer son choix !

    La première de cordée

    Le soleil indiquait dix heures sur le cadran solaire gravé sur le point culminant de la vaste plaine de Stirburn : un rocher isolé, étrangement échoué au milieu de la prairie. Une bizarrerie de la nature à laquelle la légende apporta une réponse. Benandonner, un géant écossais, avait fait halte, ici, pour ôter un gros bloc de pavé basaltique — un morceau de la chaussée des géants{1} — qui s’était glissé dans son soulier lorsqu’il avait pris appui pour sauter d’Irlande en Écosse. Il l’avait laissé choir à cet emplacement. Dans sa chute, le rocher s’empala à un arbre qui y resta fiché. C’est l’ombre de son tronc, projeté sur les stries du rocher, qui donnait l’heure. Les stries n’étaient autres que les traces de la semelle du soulier gravées dans la roche par le seul poids du géant.

    Steafan emmena Kirstie au cœur du marché de Stirburn dans un lieu dit « Les Halles ». Il y avait repéré un whisky d’une qualité exceptionnelle et tenait à ce que Kirstie le découvre. Uilleam avait émis le souhait d’étoffer ses maigres connaissances en spiritueux. Steafan voulait donc lui faire une surprise. Pour fêter l’anniversaire tout proche de leur fils, ses parents lui feraient cadeau d’un fût de cet excellentissime whisky très certainement appelé à devenir une référence dans le milieu.

    Le stand était tenu par Nick MacSweat, un brave homme au profil caractéristique du highlander : grande taille, large carrure, bonnes pognes. Ses longs cheveux ourlaient un début de calvitie qu’il portait bien, mais que l’on ne découvrait que lorsqu’il ôtait son balmoral pour saluer autrui. Son couvre-chef, qu’il affectionnait, l’aurait protégé du froid et des intempéries si cet homme tranquille et plein d’humour ne prétendait pas : « Ici, si le temps ne vous plait pas… patientez ; il changera dans dix minutes » ou encore « en Écosse, un jour suffit à voir les quatre saisons ». Au marché de Stirburn, il était aisément repérable à son chat noir, Auld Nick{2}. Ce dernier était souvent perché sur l’épaule de son maître d’où il taquinait la plume ornant le balmoral et qui osait le narguer en ondulant au gré du vent. Nick aimait côtoyer les gens et avoir des contacts. Mais il appréciait aussi de rentrer au bercail où vivaient ses vieux parents ainsi qu’une pléthore de chats pour leur tenir compagnie. Nick s’y reposait et s’y ressourçait, car « passé le labeur, il faut savoir se ménager dans la vie », affirmait-il. Très serviable, il se fit un plaisir de renseigner Kirstie. Mais un incident aurait pu faire tourner court leurs affaires lorsqu’Auld Nick, la queue tout ébouriffée et dressée en point d’exclamation, sauta de son perchoir pour se jeter sur Megold venu avec Kirstie qui en avait la garde. S’ensuivit une folle course poursuite qui sema la pagaille dans tout le marché. Bientôt, on ne sut même plus qui poursuivait l’autre. Nick ne broncha pas et tranquillisa ses clients :

    — Je connais mon chat… Il aura bientôt un nouveau compagnon de jeu et les deux deviendront inséparables !

     Tombée sous le charme gouleyant de ce whisky assurément hors-norme, Kirstie n’eut pas une once d’hésitation. L’affaire fut conclue. On passa également une commande pour Green Hills. Offrir un tel whisky à ses invités ne pouvait que traduire l’expression de la sympathie qu’on leur portait. Nick MacSweat sortit de son sporran de quoi écrire. Des notes pense-bête dont il ne se séparait jamais. Il les complétait sans cesse comme si la place y était inépuisable. Les fibres de son éternel double feuillet étaient si usagées que seuls les écrits, par nécessité des lettres à rester reliées entre elles, les préservaient de la décomposition en lambeaux. Les MacClyde n’avaient pas à s’inquiéter. Le fût serait livré dans les temps, avec les précautions demandées pour que le maître de maison restât dans l’ignorance. Quelques bouteilles seraient offertes en sus. Ce qu’il ne pouvait faire à Stirburn où il n’avait pu venir qu’avec quelques fûts réservés à la dégustation. D’ailleurs, Nick était au regret de ne pas pouvoir servir dans les mêmes délais Green Hills. Mais la distillerie qu’il représentait était toute nouvelle et, bien que Stirburn fût la toute première foire à laquelle il participait, leur carnet de commandes était déjà plein. La demande était bien supérieure à l’offre. Il fallait donc que leur petite entreprise à caractère familial s’étoffe afin d’augmenter sa capacité productive. Son propriétaire y travaillait d’arrache-pied, « un vrai passionné » ajouta Nick.

    Le client suivant n’avait pas les moyens de se payer du whisky en numéraire. En échange d’un dram{3} à remplir directement au fût, il sortit une grouse de sa besace. Nick, charitable et généreux, accepta sans sourciller. Ainsi son bivouac du soir était-il approvisionné. Surpris par cette inaccoutumée bienveillance, un autre proposa du lait de brebis. Nick le servit également en prenant le temps d’échanger avec lui alors même que des clients plus fortunés attendaient. Il s’excusa ensuite de les faire patienter encore, le temps de verser le lait dans un bol. De retour, fatigué après sa course poursuite, Auld Nick s’en délecta les babines.

    *   *   *

    L’épreuve du serment des flèches avait donné son verdict et décidé des clans admis à concourir. Uilleam y avait qualifié les MacClyde en fichant sa flèche en plein centre du tronc. Les jeux étaient donc déclarés ouverts par le juge-arbitre.

    Eimhir croisait les doigts. Pour aller jusqu’au bout de son rêve, elle aurait tant voulu commencer par une belle confrontation impliquant son clan de naissance. C’est MacRules qui, devant la tente des officiels, supervisait le tirage au sort de l’ordre de passage des différents duels. Alors qu’un tirage au sort « dirigé » aurait préservé à coup sûr le suspense et l’attrait de la compétition des inepties du tirage au sort « intégral », les gens préféraient s’en remettre au seul hasard, jugé représentatif des aléas de leur vie souvent rude et difficile. C’était sans compter sur MacRules. Capable d’innover, le juge-arbitre en chef allait, une nouvelle fois, devancer son temps. En glissant les épingles de kilt de chaque clan dans un grand sac de toile que l’on présenterait ensuite à une main innocente, la sienne se rendit coupable en exemptant du sac deux des épingles discrètement abandonnées dans son sporran. À chaque tirage, deux épingles étaient prélevées. Elles étaient ensuite accrochées sur le pourtour d’un grand bouclier en bois à la bordure crantée qui constituait la pièce essentielle d’un assemblage de boucliers de différentes tailles, tantôt en contact, tantôt se superposant. Cet astucieux montage, qui faisait penser à une loterie, permutait et redistribuait les épingles, décidant à chaque tour de bouclier de l’enchaînement des duels. Toutefois, le dernier couple d’épingles tiré, placé au centre, serait le premier duel à être aligné dans la compétition. Lorsqu’il ne resta plus que l’emplacement central de vacant, MacRules se saisit du sac. Faisant mine d’y plonger la main, il réussit à donner le change et à extraire les épingles depuis son sporran au nez et à la barbe de tous. Il faut dire que plus personne ne prêtait plus réellement attention, car tous connaissaient les deux derniers clans manquant à l’appel. Ceux-là mêmes qui allaient ouvrir le bal : les MacClyde face aux… MacWin !

    Folle de joie, Eimhir sautillait sur place, retrouvant certains automatismes des pas de la danseuse des Highlands qu’elle avait cessé d’être, malgré des prédispositions indéniables, le jour où l’on avait exigé, de la gamine qu’elle était encore, de discipliner sa chevelure…

    Par le « truchement » du tirage au sort, elle allait être confrontée, pour sa toute première apparition, aux MacWin, valeureux concurrents abonnés aux podiums et à nouveau classés parmi les grands favoris. Un premier duel d’anthologie était offert à son clan de naissance. Mais Archie Skinner, l’inamovible capitaine apprécié de tous, avait très bien préparé son affaire. En l’honneur d’Eimhir, qui serait la première femme dans l’histoire de l’Écosse à s’aligner au tir à la corde, il avait préparé à cet effet la meilleure équipe possible. Steafan très expérimenté en faisait partie ainsi que plusieurs des tireurs qui avaient prouvé leurs excellentes aptitudes en extirpant Black Bear de la fosse aux requins à Darkcliff. Uilleam n’avait pas été retenu. Archie le réservait pour la course à la colline où il était jugé trop précieux. Cette année, les MacClyde étaient ambitieux. Ils pensaient être en mesure de viser la troisième place et de décrocher la claymore de bronze !

    Archie s’y entendait pour faire monter l’ambiance. C’est donc très habilement qu’il consigna Eimhir. Mise au secret dans la tente du clan, elle se faisait désirer. Pour patienter, le public parla d’elle. Chacun ajouta son écot pour avoir le dernier mot au point que la réputation de compétitrice d’Eimhir n’était plus à faire alors même que nul ne l’avait alors encore vue à l’œuvre et qu’elle-même n’avait jamais concouru… Vue du haut de la colline, toute la plaine était en effervescence. Mais, petit à petit, elle fut désertée au profit de la zone réservée à l’épreuve du tir à la corde, rapidement saturée d’un trop-plein de curieux particulièrement enthousiastes. La foule, massée aux abords immédiats du lieu de l’épreuve, était si compacte que les juges durent faire état de toutes leurs prérogatives pour réserver un couloir permettant le passage des compétiteurs. Le moment venu, Archie donna le signal et son équipe s’ébranla à la file indienne. Eimhir, qui ouvrait la route en marchant d’un pas ferme et résolu, fendit la foule. On s’écarta pour la laisser passer. On la découvrit redoutablement belle avec ses cheveux libres et électriques, ses pommettes saillantes, son regard brillant et puissant qui portait droit devant elle. « On dirait une louve ! » s’écria un des spectateurs, partagé entre attirance et crainte en la voyant passer juste devant lui.

    Le plus fort devant, les plus lourds derrière, ainsi Eimhir serait elle placée au milieu des tireurs de son équipe. Juste avant de peser les équipes sur la charrette à bascule, le juge rappela au capitaine des MacWin le nouveau point de règlement. Les MacClyde alignant une femme, il devait en faire de même ou se priver d’un tireur. Les MacWin avaient omis ce détail d’importance. En fait, ils avaient interprété l’ouverture à la gent féminine du Tug o’ War{4} comme un acte de pure galanterie qui suffirait à contenter ces dames sans qu’aucune éprouvât l’envie d’y donner suite… Il était trop tard pour envisager de recruter au pied levé une des femmes de leur clan, toutes parées de leurs plus beaux vêtements nullement adaptés à la compétition. Du reste, on ne s’improvisait pas tireur ! Savoir caler ses talons pour ne pas glisser, pencher son corps pour économiser ses épaules et ses bras, équilibrer son centre de gravité pour ne pas balancer et faire faire des vagues à toute la cordée exigeait un entraînement spécifique. Les MacWin écartèrent donc un des leurs. Ils ne s’en formalisèrent pas outre mesure. L’équipe adverse ne bénéficiait que du maigre avantage d’avoir une femme en plus. Ils en souriaient. Ils pensaient que les MacClyde avaient choisi de l’aligner face à eux, sachant par avance leur cause perdue, puisqu’ils n’avaient jamais battu les MacWin à cette épreuve. Mais, en constatant la douce euphorie qui gagnait son équipe, leur capitaine la réunit en petit cercle. Il avait eu vent de la réputation d’Eimhir ; la femme qui avait cru bon de troquer des hommes par des chevaux pour mieux s’entraîner.

    — Cette fille est une véritable guerrière née. Une battante ! Le bruit court dans toute la foule annonçant qu’elle est même le maillon fort de leur équipe et qu’elle s’est astreinte à un entraînement inédit et terriblement formateur. Restez concentrés et ne les sous-estimez pas !

    Constatant, une fois encore, qu’Eimhir n’était pas passée inaperçue et que sa seule présence avait suffi à perturber les MacWin, Archie changea ses plans à la dernière minute. Eimhir serait la première de cordée. Ainsi l’affichait-il sciemment aux yeux adverses. Son rôle de capitaine consistait à encourager ses tireurs et à coordonner leurs efforts, mais, surtout, à exiger d’eux le meilleur lorsqu’il décèlerait dans le camp adverse un relâchement, un manque de vigilance, de concentration ou d’unité. Il comptait sur la réactivité d’Eimhir, la « louve », pour donner du mordant à toutes leurs attaques. Depuis ce choix tactique de dernière minute, la première place devint celle qu’Eimhir préféra le long de la corde. Elle ne devait plus jamais la quitter et la monopoliser à chacune de ses participations.

    Les tireurs des MacClyde déployaient une énergie sans précédent, luttant pied à pied, pour offrir à Eimhir une victoire pour couronner sa toute première participation. Ils étaient encouragés par la foule. Massée plus près que d’habitude et particulièrement démonstrative, elle avait pris fait et cause pour l’équipe ayant osé aligner la première femme de tous les temps. Les MacWin étaient bien trop expérimentés pour s’en laisser perturber. Pour autant, ils n’avaient pas leur rendement habituel et ne parvenaient pas à trouver leurs marques. La mise à l’écart d’un des leurs n’était pas anodine ; elle changeait tous leurs repères le long de la corde. Un peu plus de concentration leur aurait permis de retrouver leurs sensations et leur cohésion, mais il aurait fallu qu’ils puissent faire fi… d’Eimhir… cette belle guerrière qui galvanisait son équipe et dévoilait les puissants muscles de ses jambes{5}. Ces dernières, joliment façonnées, avaient su rester dans des proportions leur conservant toute leur silhouette féminine. Son adversaire direct ne les quittait pas des yeux et son partenaire de derrière décala instinctivement la tête pour profiter, lui aussi, du spectacle. L’attraction du jour, judicieusement « exposée » à leurs regards, acheva donc de les désunir. Face à la furia des MacClyde, qui luttaient comme si leurs vies étaient en jeu ou comme s’il n’y avait plus d’autres clans à affronter par la suite, les MacWin cédèrent.

    Eimhir disparut, recouverte par tous ses coéquipiers qui s’étaient, ivres de joie, couchés sur elle pour la congratuler. Kirstie était radieuse, la famille heureuse et les amis ravis. Mrs MacYvie hurla de joie sitôt la victoire acquise aux MacClyde. Une exubérance qu’on ne lui connaissait pas. Mais, se ressaisissant aussitôt, elle rabroua Gregor qui avait eu la maladresse de lui faire remarquer que c’était la première fois qu’il la voyait encourager un autre clan que le leur.

    — Ma belle-fille m’a fait changer ! Je me suis bonifiée ! Vous feriez mieux de vous inspirer de moi si vous ne voulez pas rester à la traîne !

    Les MacWin étaient invaincus à cette épreuve depuis les derniers jeux de Stirburn. Toujours aussi fair-play, leur équipe et son capitaine vinrent remercier Eimhir de leur avoir offert une partie aussi mémorable. Le souvenir perdurerait. Ce fut une rencontre épique. Ils ne pouvaient pas souhaiter perdre leur invincibilité dans de meilleures circonstances !

    Uilleam serra Eimhir très fort dans ses bras. Elle venait d’offrir à tous, un moment d’émotion si intense ! Enfin, Angus put approcher son épouse. Il lui rappela le temps, pas si lointain, de la meule de foin où Eimhir dépitée de se sentir inutile avait eu besoin d’un peu de réconfort !

    Tout au long de la compétition, Eimhir gêna considérablement les équipes adverses. Sans femme à aligner, elles durent toutes renoncer à un tireur. Certaines hésitèrent néanmoins, y voyant là le moyen de gagner les encouragements du public. Mais incorporer au pied levé un élément féminin inexpérimenté restait trop risqué. Cette épreuve éminemment tactique exigeait une action très coordonnée. Agir de concert demandait une longue pratique qui ne s’improvisait pas. Il ne suffisait pas d’être tous du même côté de la corde pour être sur la même longueur ! Cependant, le fait d’être réduit à sept contraria la stratégie et le timing de la plupart des équipes ainsi poussées à l’impair. Elles y furent grandement aidées par Eimhir qui, transformée en magnétite humaine, attirait à elle ses adversaires tout en s’opposant à eux. Elle galvanisait également ses coéquipiers tout en suscitant un sentiment de peur. Ils savaient tous qu’il lui resterait suffisamment d’énergie pour les étriper s’ils n’avaient pas été à la hauteur !

    D’ailleurs, sur l’une des confrontations, Angus était placé immédiatement derrière elle. Eimhir le prévint qu’il serait considéré comme traître à son clan si jamais la portion de corde située entre leurs mains respectives ne restait pas parfaitement rectiligne. Elle surveillerait au sol l’ombre portée. Si jamais cette dernière prenait une allure de fer à cheval, Angus se retrouverait sur la corde raide ! Elle s’en assurerait. C’était sa manière à elle de motiver ses troupes. Mais si les bras d’Angus ne faillirent pas, son talon se déroba sur la couche de terre poussiéreuse. Eimhir enraya sa glissade en calant son pied du sien.

    — Bon sang, il faudra donc toujours que je sois auprès de vous ! Que deviendriez-vous sans moi ?

    La victoire bascula encore dans le camp d’Eimhir. Face à cette enragée, il fallut adopter des tactiques plus risquées. C’est ainsi que certaines équipes, sur ordre de leur capitaine, osèrent laisser filer la corde pour s’en ressaisir immédiatement après et tirer de toutes leurs forces pour profiter de la désorganisation adverse. La traction exercée par Eimhir était telle, qu’elle ne pouvait qu’être déstabilisée et chuter lorsqu’on lâchait subitement du lest. Mais, son aptitude à se remettre en selle sans même utiliser ses étriers lui permit de toujours être la première relevée et d’enrayer la perte de terrain. L’adversaire ne reconquérait donc que le terrain perdu pendant le lâcher de corde.

    *   *   *

    Uilleam et Archie Skinner avaient préparé une grosse surprise pour Eimhir. L’aînée des MacClyde, qui ne se doutait de rien, ajustait sa tenue dans la tente du clan lorsqu’Archie la rejoignit.

    — J’aimerais vous présenter ceux qui défendront notre tartan, à vos côtés, au prochain tir à la corde, ou plutôt devrais-je dire… celles.

    Il écarta un pan de la toile de tente et six femmes y pénétrèrent, parmi lesquelles Eimhir reconnut les deux filles qui avaient combattu à ses côtés à Darkcliff durant l’assaut du château. Elles avaient été les premières à se porter volontaires. Eimhir sauta au cou d’Archie en découvrant le cadeau qui lui était fait. Il ne pouvait avoir été pensé et préparé que de longue date. Mais il faudrait se surpasser. Même en l’absence de compétitrices féminines, l’équipe adverse, malgré le handicap supporté, alignerait pas moins de quatre hommes vaillants. Ces derniers n’étaient certainement pas disposés à se laisser battre par des femmes !

    — Je ne vous ai pas encore tout dévoilé… Allan Finnegan sera votre adversaire lors de ce duel…

    — Tant pis pour eux ! Malgré toute l’affection que j’ai pour les hommes de la prairie de Darkcliff, nous ne pourrons pas les épargner…

    — Je crains que cela ne soit pas aussi facile que vous le croyez. Selon vous, que peut-on opposer à une femme de plus redoutable encore qu’un homme défendant la toute-puissance de sa virilité ?

    — Une autre chipie de femme ! s’esclaffa Eimhir en croyant plaisanter.

    — Venez ! Allan nous attend. Il tient à vous présenter personnellement son équipe…

    C’est accompagné du sourire non déguisé de tous les siens qu’Eimhir découvrit son cadeau empoisonné. Ils avaient tous prémédité leur coup ! On lui proposait d’affronter une autre équipe féminine spécialement préparée par Allan. Les femmes étaient appelées à départager leur clan.

    L’idée de composer une équipe féminine était venue à Allan en apprenant la modification des règlements. Connaissant Eimhir, il était sûr qu’elle s’alignerait. Lui opposer des femmes, c’était lui rendre hommage et la remercier des services qu’elle avait rendus à son clan. Il s’en était ouvert à Uilleam et Archie lors d’une discrète entrevue à Stone Harbour. Le benjamin et le capitaine, aussitôt convaincus, s’enthousiasmèrent à l’idée d’une confrontation féminine opposant leurs clans. Il ne restait plus qu’à la préparer à l’insu d’Eimhir.

    On attendait beaucoup de cet engagement très prometteur. On voulait un vrai combat de femmes ! Enfin presque, car MacRules en imposant la présence minimale d’un homme dans les équipes avait eu du flair… Les femmes étaient capables d’évincer la gent masculine, sitôt admises à participer ! C’est donc Archie Skinner, dernier de cordée, qui jouerait le rôle de l’homme dans l’équipe des MacClyde et Allan, lui-même, du côté des Finnegan. Ils allaient avoir, tous deux, des motifs de griefs envers MacRules qui les embarquait là dans une aventure bien périlleuse.

    Eimhir, promue capitaine sur cette confrontation, réunit son équipe pour un conciliabule d’avant bataille. En général, après un bref échange des quelques consignes à partager, Archie relâchait immédiatement ses ouailles. Mais ces demoiselles s’éternisèrent… Archie, pourtant capitaine de longue date, n’en crut pas ses oreilles. La stratégie, qui avait d’abord échappé à certaines d’entre elles, était contestée une fois comprise pour être finalement acceptée par celles-là mêmes qui l’avaient rejetée au moment où l’autre partie s’était faite à l’idée d’en changer… Stupéfaits, Archie et Allan comprirent et vérifièrent le dicton « souvent femmes varient ». Ce fut pour eux une expérience inoubliable et édifiante. Ils en furent marqués à tel point que, tout le reste de leur vie durant, ils raconteraient cet épisode à chacune de leurs réunions entre hommes sans ne jamais lasser personne. Leur histoire était ensuite déformée et complétée au gré des envies masculines de l’enrichir d’anecdotes en prêtant aux femmes tels comportements ou pensées dans le seul but de se convaincre qu’ils appartenaient au bon genre. Un divertissement pour hommes taquins et moqueurs, voire parfois médisants, envers la gent féminine, mais qui montrait clairement que s’ils connaissaient parfaitement les femmes, ils en ignoraient également tout… Restons neutres et découvrons le seul récit de base qu’en firent Archie et Allan :

    « Véritables moulins à paroles, les filles s’étaient muées en de véritables petites pestes en puissance. Leurs adversaires étaient des rivales légitimant l’implacable férocité dont elles devraient faire montre et ne jamais se départir. Ni faiblesse ni pitié était leur devise. Une défaite face aux leurs était interdite et synonyme du sceau de l’infamie. Décidément, c’est entre elles que les femmes sont les plus épouvantables et les moins tendres ! Nous crûmes utile de mettre un terme à leurs papotages stratégiques. Bien mal nous en prit et nous fûmes avisés de nous en tenir à notre rôle : assurer, à l’arrière-garde, le rôle d’homme-ancre en nous enroulant autour de la corde. En nous reléguant en bout de corde, elles nous éloignaient des beautés adverses. Hommes, que nous étions et resterions, nous ne pouvions qu’immanquablement céder au charme trompeur et malin des sirènes adverses. Nous savions déjà qu’en cas de défaite ou de victoire trop lente à se dessiner nous servirions de boucs émissaires. »

    Par galanterie, on exempta les deux équipes de la pesée. Cette confrontation, unique en son genre, attira la grande foule. On dut la retarder afin de suspendre toutes les autres épreuves en cours pour permettre au plus grand nombre d’y assister. Les hommes accaparaient les premiers rangs prétextant qu’il y avait déjà bien assez de femmes au milieu de l’arène.

    À l’instruction « tirez », l’affrontement commença. Celle des deux équipes qui parviendrait à faire franchir la marque centrale au fanion adverse gagnerait. Il suffisait donc de conquérir quatre mètres… Les compétitrices, à l’unisson, étaient figées comme des souches en maintenant la corde le plus bas possible, tout près du sol, pour durcir plus encore la partie… Personne ne voulant finir au bout d’une corde, les retournements furent fréquents. Il suffisait qu’une équipe soit sur la corde raide pour soudain trouver l’énergie pour reconquérir le terrain perdu.

    L’affrontement tenait toutes ses promesses. L’avantage basculait alternativement d’un camp à l’autre. Mais ce qui frappa les spectateurs c’est le niveau sonore très élevé de l’affrontement. C’est là qu’il se démarquait vraiment d’une confrontation n’opposant que des hommes. Des cris stridents s’échappaient continuellement de la bouche des compétitrices comme si elles éprouvaient le besoin de bruiter leurs émotions. Si leurs cris marquaient un effort démesurément violent, trahissaient une peur d’être soudainement happées vers l’avant ou exprimaient des encouragements faits aux leurs, ils parurent à beaucoup d’hommes être parfois poussés sans aucune raison apparente. Tic ou habitude ? Toujours est-il qu’un aveugle aurait pu suivre l’évolution de la partie rien qu’à l’écoute. Cela eut le mérite de permettre, à ceux qui n’avaient pas pu s’approcher, de suivre la compétition à distance. Parfois presque couchées sur le sol, pour mieux résister à la traction adverse, elles étaient malgré cela traînées à terre. La glissade au sol retroussait alors leur kilt dévoilant le début de leurs cuisses… Mais, au grand dam de ces messieurs, le rapport des forces s’inversait toujours à ce moment-là… Jamais ils ne parvinrent à en voir davantage. À croire qu’elles le faisaient exprès ! Certains auraient été prêts à accepter de bonne grâce la défaite de leur camp pour peu que cela permît d’en dévoiler davantage. Mais l’histoire retiendrait autre chose sur ses tablettes : le record de durée allait être battu ! Il fut tel qu’il n’est pas prêt de tomber et tient encore aujourd’hui. Jamais, au plus grand désespoir de MacRules, le déroulement des jeux n’avait accusé autant de retard ! Il avait bien failli déclarer la partie nulle…

    Enfin, les MacClyde arrachèrent la décision. Irrésistiblement emportées par la traction, les femmes du clan des Finnegan furent projetées dans les bras de leurs adversaires. Subitement devenues les meilleures amies du monde, elles ne purent que s’étreindre du beau spectacle qu’elles avaient offert à tous et de l’image qu’elles avaient donnée de la femme. Profitant de l’aubaine, Allan et Archie avaient déjà déserté le champ de jeu. Officiellement pour laisser la vedette à ces dames. Officieusement, le premier pour échapper au châtiment de la défaite et le deuxième pour fuir la vindicte, lui qui serait certainement reconnu coupable d’une trop grande passivité, prolongeant à volonté le combat, pour mieux mirer les autres filles.

    Les juges examinèrent l’état du terrain, ravagé par ces dames. Ils l’estimèrent devenu impropre à la compétition et trop long à remettre en état. On dut décaler l’emplacement de tir. De nos jours, cette plaine qui abrita les plus grands jeux de l’époque a été transformée en champ céréalier. Au milieu, une bande de huit mètres est restée totalement inculte et stérile.

    Le secret des filles MacClyde

    Eimhir était au comble de la joie. Porte-tartan de la condition féminine, elle était la grande héroïne du jour. Un des jeunes enfants, qui avait gagné au jeu de la pomme de pin un bon à convertir en bonbons à retirer chez MacSweet, s’approcha d’elle. Il était suivi de tous les autres enfants. Ils avaient une requête à lui formuler. Ils demandèrent à troquer le bon contre un bisou de la championne. L’énergie transmise par ce dernier ne pouvait qu’assurément faire d’eux de futurs grands compétiteurs. Acceptait-elle de leur rétrocéder une partie de ses pouvoirs ? Eimhir en était émue. Elle leur signifia que la simple présentation du bon suffirait. Eimhir s’exécuta avec tendresse et déposa un bisou bien appuyé sur chacune des joues du garçonnet. L’enfant rougit et éprouva un gros coup de chaleur… C’étaient assurément les pouvoirs qui prenaient possession de son corps. C’est ainsi que le précieux sésame, devenu « bon au porteur », changea fréquemment de mains avant d’être déposé chez MacSweet le confiseur. Ce n’était point là tricher, mais offrir, dans un élan de partage, à chaque enfant le droit d’assurer son avenir de compétiteur. La vieille dame qui veillait au bon déroulement de l’épreuve de la pomme de pin dut toutefois attraper par l’oreille quelques resquilleurs et les expulser de l’aire de jeu. Ils avaient dépassé l’âge limite pour participer, mais tentaient de se fondre au cercle des plus petits dans l’espoir d’extorquer un baiser à la championne.

    Motivée et enthousiaste, Eimhir enchaînait les participations, au nom des deux clans qu’elle représentait, sans paraître faiblir ni s’épuiser. Mais elle avait préjugé de sa capacité de résistance… Vers la fin du concours, elle monta avec son groupe sur la charrette pour la traditionnelle pesée. On crut un moment que cette dernière basculait. Il n’en était rien. Seule Eimhir, prise de malaise, s’était effondrée après s’être évanouie. On se précipita. Steafan et Angus la portèrent vers la tente faisant office d’infirmerie où elle fut allongée sur un lit de camp. Le soigneur des jeux arriva aussitôt. Il demanda aux personnes présentes de sortir afin de pouvoir examiner la demoiselle en toute sérénité. La foule avait encerclé la tente et attendait avec impatience le diagnostic. Eimhir avait-elle cédé à l’épuisement ? Il n’y aurait rien de surprenant à cela tant elle avait donné et payé de sa personne. Enfin, le soigneur émergea de la tente. Il invita le mari à entrer.

    Après un moment d’intimité, en tête-à-tête avec son épouse, Angus sortit. Le visage radieux, il invita ses parents et toute sa belle-famille à entrer sous la tente… Quelques minutes plus tard, Kirstie en ressortit seule et en larmes. C’étaient des larmes de bonheur. Elle ne parvenait pas à cacher sa grande émotion :

    — Ma fille est enceinte !

    Il y a six semaines de cela, Eimhir avait emmené Angus en randonnée équestre non sans arrières-pensées. Parvenue à l’endroit qu’elle souhaitait, en rase campagne au milieu de la bruyère fleurie, elle lança Whitehooves au galop. Elle fit demi-tour et fila vers Angus tel un chevalier qui joute. Prise d’une irrépressible envie de câlins, elle se jeta sur lui et le désarçonna. Elle l’enlaça et l’emporta dans son tourbillon d’amour. Une véritable tornade qui souffla leurs vêtements semés aux quatre vents. Lorsqu’ils furent tous les deux nus, ils fusionnèrent leurs courbes. Un vent doux et rasant emporta le pollen des fleurs qui jalonnaient son passage et en saupoudra les deux corps entrelacés que survolaient des papillons virevoltants. Ils ne faisaient plus qu’un alors même qu’ils étaient à présent trois. Seule ombre au tableau : celle d’un arbre de Rowan, le porte-bonheur d’Eimhir, qui préservait l’intimité du couple de son feuillage déployé en paravent.

    On se précipita vers elle pour partager et s’associer à sa joie. Eimhir se doutait de son état depuis quelques jours seulement. Les premiers signes annonciateurs s’étaient manifestés depuis peu. Elle avait craint qu’en évoquant la chose, on lui interdise de participer à Stirburn ; ce dont elle rêvait. Avec moins de deux mois de grossesse, elle considérait être en mesure de tenir sa place. Mais elle n’avait pas eu tout à fait tort de taire son état. Son entourage, déjà aux petits soins, commençait à lui interdire ceci et lui recommandait la plus grande prudence pour cela. Les jeux étaient terminés. Il lui faudrait arrêter de monter à cheval, faire des siestes, s’alimenter correctement, se faire remplacer dans ses travaux au haras, ne plus rien porter au-dessus des épaules, ce qui excluait d’emblée toute manipulation d’épée… Il lui fallait, à présent, penser à l’enfant qu’elle portait et devenir une grande fille sage et raisonnable ! Eimhir ne pouvait que réagir… C’était pire encore que dans le plus atroce de ses cauchemars : plus de liberté, plus d’aventures… C’est comme si elle était tout en sucre ! Elle ne voulait pas déshonorer les clans qu’elle représentait en les abandonnant alors qu’ils avaient besoin d’elle au tir à la corde. Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’une nuée de mains l’aplatirent sur sa couche l’invitant à ne plus en bouger. Eimhir était néanmoins lucide. Elle aurait seulement voulu aller jusqu’au bout des jeux. Elle demanda alors la faveur de rester seule avec Eithne.

    Eimhir détacha les deux rubans qui tenaient les cheveux de sa sœur. Elle les lui tendit et lui demanda de les utiliser pour attacher chacun de ses poignets au lit de camp. Eithne s’y refusa, mais Eimhir insista : « je veux être tel Ulysse résistant à l’appel des sirènes. » Son honneur serait sauf et elle pourrait ainsi se concentrer sur sa seule grossesse. Jugeant sa demande recevable, Eithne récupéra ses rubans. Elle se pencha vers Eimhir, mais au moment de s’exécuter, elle lui demanda si elle pouvait lui confier un très grand secret. Eimhir serait la toute première à le savoir et ne devrait le dire à personne… Sa curiosité piquée au vif, Eimhir saisit instinctivement les poignets de sa sœur. Eithne ne s’échapperait pas avant d’avoir tout avoué !

    — Dites-moi tout ! Vous vous soulagerez ainsi du poids que représente pour vous ce secret.

    La cadette ne se fit pas prier et confirma le dicton : « les femmes savent garder un secret à condition de le partager à plusieurs ».

    — Je voulais tant danser à Stirburn pour y mesurer les progrès qu’Eoin m’a permis de faire et pour concourir sur la jig de Roy que j’ai, moi aussi, caché mon état à tous… Je suis également enceinte et je dois accoucher au même moment que vous !

    Les deux sœurs s’étreignirent sans fin. Leur complicité était telle, qu’elles avaient toutes les deux pareillement agi sans se concerter… Les petites cachottières, fières d’elles, s’enthousiasmaient à l’idée de vivre simultanément leur première grossesse.

    Deux nœuds plus tard, Eithne sortit toute guillerette de la tente. Une haie de personnes attendait à la sortie. On ne fut pas long à lui demander ce qui la rendait si heureuse… Eithne éluda la question, en répondant qu’ils pouvaient tous se tranquilliser. Sa sœur, désireuse de se reposer, avait renoncé à tenter une sortie. On laissa donc Eimhir tranquille.

    Avant les jeux, la prairie était fauchée. Les coupes, rassemblées en andains, étaient ensuite collectées par un astucieux système de cordages les rassemblant puis les hissant sur une charrette jusqu’à former une meule que l’on acheminait à l’écart. Eithne fila tout droit vers Eoin. Elle le prit en passant et l’emmena à l’écart vers les meules de foin, endroit propice aux amours. Elle lui réclama un gros câlin ; elle en éprouvait une envie folle ! C’est au milieu de cet intense partage de tendresse qu’elle lui annonça la grande nouvelle. Eoin était aux anges. Il aurait une descendance ! À toujours entendre ses parents regretter de ne pas avoir eu d’autres enfants, il avait fini par se demander s’il serait capable d’en avoir un ! Il garda Eithne longtemps serrée dans ses bras. Mais c’était bien une petite MacClyde, elle aussi ! Pas plus sérieuse que sa sœur, elle faisait la même bêtise qu’elle en s’alignant inconsidérément au concours de danse ! Mais elle avait bien fait. Cette nouvelle était si merveilleuse qu’il n’aurait jamais été en état de danser s’il l’avait sue… C’était heureux, car Eoin remportait à nouveau le concours de danse alors qu’Eithne obtenait une superbe cinquième place. Cette dernière, bien méritée, confirmait tous les progrès qu’elle était parvenue à réaliser en compagnie de son professeur de mari. Des résultats très importants pour leur avenir. Non pas pour leur palmarès en soi, mais pour ce qu’ils offraient. Être deux fois vainqueur au concours de danse à Stirburn et avoir formé une fille classée dans les toutes premières représentait une très belle carte de visite. Grâce à elle, toutes les portes des écoles de danse allaient s’ouvrir à Eoin. Il n’aurait que l’embarras du choix pour élire celle où il souhaiterait enseigner. La vente de ses peintures n’apportant que des compléments financiers saisonniers et sa carrière d’acteur tardant à prendre toute sa dimension, c’est d’abord grâce à ses talents de danseur qu’il allait pouvoir garantir un gagne-pain régulier aux siens. C’était plus que bienvenu dans la perspective d’une famille amenée à très prochainement s’agrandir. Restait à savoir quand et comment ils allaient annoncer la bonne nouvelle. Connaissant la complicité unissant les deux sœurs, Eoin ne prit pas ombrage en apprenant qu’il avait été averti après Eimhir. L’aînée des MacClyde était capable de garder un secret, sauf à gaffer… Il ne leur fallait donc pas attendre davantage…

    Une demi-heure plus tard, Kirstie et Mrs MacYvie, futures grands-mères, ne résistèrent pas à l’envie d’aller retrouver Eimhir. Elles la découvrirent profondément endormie et n’osèrent pas la réveiller. Mais lorsqu’elle découvrit qu’Eimhir était attachée, Mrs MacYvie fut scandalisée. Qui avait osé ? Kirstie la rassura. Elle avait reconnu les rubans d’Eithne. Jamais sa fille cadette n’aurait fait cela sans qu’Eimhir ne l’y pousse ! Le sens si particulier qu’Eimhir avait de l’honneur en passait par là… Il fallait donc la laisser ainsi jusqu’à ce qu’elle réclame à être libérée.

    *   *   *

    Uilleam était sous la tente, tout à sa concentration, avant de s’élancer pour la course à la colline. La pression était énorme. Eimhir avait conduit son clan de naissance vers un accessit sur le podium. Jamais, depuis le duel avec Farquhar à Darkcliff, la claymore ne fut si proche d’eux… Il lui suffisait de terminer dans les deux premiers ! La colline était son point fort. Mais, il craignait l’entame et la fin de parcours, tous deux effectués sur du plat autour de la plaine et où l’absence d’obstacle ne le favorisait pas. Il lui faudrait déboucher en bas de la colline avec une confortable avance !

    Eithne vint le rejoindre. Elle voulait démultiplier l’énergie de son frère avant l’épreuve. Elle lui demanda de s’asseoir à l’écart. Elle s’installa à ses côtés et prit sa main qu’elle posa doucement contre son ventre.

    — Cela vous portera bonheur et vous donnera de l’énergie. Moi aussi, je suis enceinte !

    Son frère éclata de joie. Dans sa précipitation à la lui témoigner, il renversa sa sœur et se vautra maladroitement sur elle. Il se redressa promptement. Navré, mais surtout inquiet, il omit de s’excuser tant il était pressé de l’interroger : n’avait-il pas écrasé le bébé ? Eithne reconnaissait bien là son maladroit de frère pas encore tout à fait au courant des choses de ce monde, surtout relativement à la gent féminine ! Tout en riant, elle le rassura sur le devenir de l’enfant qu’elle portait. Cette bonne nouvelle lui donnerait des ailes et décuplerait ses forces. Uilleam était prêt à gravir des montagnes… La corne de brume sonna. Le moment était venu pour Uilleam de le prouver…

    Uilleam, encouragé par tous les siens, résista plus qu’honorablement dans la partie où il était le moins à l’aise : les trois tours de terrain effectués au sprint avant de s’élancer vers la montagne. Seule Mrs MacYvie restait perplexe… Son clan était également en lice pour une place sur le podium et un trop bon résultat d’Uilleam associé à une contre-performance des MacYvie pouvait priver son équipe d’une claymore. Bien que cela fût sa première participation, Uilleam avait été devancé par sa réputation. Tous savaient qu’il serait un redoutable concurrent. C’est à ce titre que les principaux clans, encore en lice pour décrocher une claymore, l’encadrèrent afin de le canaliser dans la masse pour ne pas lui permettre de rallier la colline dans de bonnes conditions. Archie ayant anticipé ce scénario avait demandé aux deux autres compétiteurs du clan dont le point fort était au contraire la partie plate de la course de profiter de leur relative immunité pour se placer en bonne position pour aborder l’ascension. Eux aussi devraient terminer à une bonne place. Condition sine qua non, en sus d’une excellente performance d’Uilleam, pour gagner la claymore de bronze.

    C’est donc seulement en milieu de peloton qu’Uilleam atteignit les premiers lacets de l’ascension. Ses adversaires allaient y découvrir ses immenses talents et son sens du déplacement si souvent travaillés à la chasse et complétés de techniques prises aux fantômes ! Il se défiait des obstacles en avalant des rochers, des arbres couchés, des rideaux de végétation, des pentes glissantes. Ce qui lui permettait d’évoluer constamment à la périphérie du sentier, libre de tous concurrents. Non seulement il les dépassa tous, mais il agrippa ses deux compagnons de clan pour les aider dans leur montée. C’est ainsi qu’il leur assura durant un temps une progression accélérée à moindre effort. À l’approche du sommet, il les laissa livrés à eux-mêmes, mais dans de bonnes conditions pour éviter les goulets d’étranglement et s’extirper de la masse sur tout le long de la descente. Uilleam devait à présent penser à lui. Tous les clans susceptibles de terminer dans les cinq premiers au classement général avaient un ou deux représentants derrière ses talons. Il les sema tous sur le sentier qui s’ouvrait devant lui. Uilleam qui damait le pion aux lapins et aux écureuils de la campagne n’avait nul besoin d’un lièvre. Il déboucha donc seul en tête à l’approche du premier des trois tours de plaine qui lui restait à parcourir. Son apparition déchaîna les MacClyde qui n’épargnèrent pas leurs encouragements. Seules Eithne et Caitrìona, pourtant sœur et épouse ne firent pas acte de soutien… La première saisie par l’émotion se tenait le bas-ventre des deux mains pour se retenir d’une envie devenue subitement irrésistible et que sa grossesse allait aggraver. La seconde, munie de son poignard de fiançailles, était allée réveiller et délivrer Eimhir pour qu’elle assiste à l’arrivée de son frère. Mais rapidement la concurrence apparue derrière Uilleam. Les différents clans s’étaient entendus pour se relayer afin de suivre le rythme infernal imposé dans la descente par Uilleam. Ainsi, limitèrent-ils l’écart et gardèrent-ils le contact. Ils conservaient donc une chance de refaire leur retard sur le plat. Uilleam sentait la menace fondre sur lui. Il ne se retourna pas afin de consacrer toute son énergie à aller de l’avant tel que l’avait fait Eithne en tentant de s’échapper au Glenfjord. Mais, contrairement à sa sœur, ni monstre ni cavalière ne seraient là pour lui permettre d’atteindre l’arrivée sans être rattrapé. Uilleam commençait à payer le surcroît d’efforts consentis pour aider ses coéquipiers qui, redevables, mettaient des bouchées doubles à avaler les obstacles et conserver la très bonne place qui était encore la leur. Sur chacun des versants de la plaine, son avance fondait inexorablement. Jamais son kilt, tenue imposée pour tous les jeux, ne lui avait paru aussi lourd. De tous ses poursuivants, un finit par se détacher et remonter très rapidement sur l’homme de tête, cible de tous. C’était un des compétiteurs du clan des MacYvie… Le dernier tour allait

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