Envoyé spécial (Mayotte)
Impossible de « barger ». À savoir de passer de la petite île à la grande île qui forment l’archipel de Mayotte. Un aréopage de femmes bloque la cale Issoufali, ce point de départ de Petite-Terre pour Grande-Terre. « Nous, les Forces vives, avons décidé à l’issue de la réunion d’hier de casser tous les axes stratégiques de l’archipel », entend-on dans le groupe d’activistes.
Comme au port de Dzaoudzi, une commune de Pamandzi, une quinzaine de points de blocage paralysent Mayotte. Protégée du soleil estival, déclare-t-elle, avant de reprendre à la manière d’un slogan : Et de maudire l’inaction de l’État. Ou son inefficacité. interroge une des camarades de Koura. Tandis qu’une radio passe en boucle des poèmes chantés rendant hommage au prophète Mahomet, plusieurs Mahoraises s’acquittent de leur mission : aucun usager, si ce n’est à de rares exceptions, ne peut atteindre la barge. Sous un barnum blanc dressé pour l’occasion, une femme plus âgée lit le Coran., nous précise Gearmo, un entrepreneur d’une quarantaine d’années qui soutient le blocage. Dans les années 1970, des femmes, héritières de la société matrilinéaire, rendent la vie impossible aux autorités comoriennes. Le moindre officiel est pris d’assaut par celles que l’on surnommera bientôt les « chatouilleuses ». Sous l’autorité de Zéna M’Déré, elles permettront l’ancrage de Mayotte à la France., raconte notre interlocuteur.