Débordée par l’afflux de migrants, l’île de l’océan Indien est devenue une poudrière. Pour calmer les esprits, Gérald Darmanin a promis la suppression du droit du sol
Malgré les interceptions des policiers, ils continuent de tout tenter pour rejoindre l’eldorado français
Pour eux, ce sera l’expulsion. Les ressortissants étrangers représentent près de la moitié de la population d’un département qui est aussi le plus pauvre de France : les trois quarts des habitants y vivent sous le seuil de pauvreté. Et pourtant, vu du reste des Comores ou de l’Afrique des Grands Lacs, même cette misère paraît enviable : le niveau de vie est huit fois plus élevé à Mayotte que dans les autres îles du même archipel de l’océan Indien. En 2023, la police a arraisonné plus de 660 embarcations qui tentaient de rejoindre le territoire français, avec à leur bord près de 9 000 réfugiés. Sans que pour les Mahorais la situation paraisse s’améliorer.
Jean de Dieu a fui la République démocratique du Congo. « Ici, c’est la même violence. Ils ont des battes de base-ball avec des clous, des cocktails Molotov »
De notre envoyé spécial à Mayotte Nicolas Delesalle
L’air est iodé, moite, parfumé d’odeurs de corail. Il est 22 heures. Dans le ciel, la constellation de la Croix du Sud apparaît. Une petite houle berce l’intercepteur de la police aux frontières (Paf). Il se nomme « Titan ». C’est un semi-rigide de 12 mètres de long équipé de deux moteurs de 300 chevaux. Il attend son heure, immobile, dans le silence de l’océan. Aux commandes, la brigadière-chef Valérie a l’œil rivé sur l’horizon. Avec ses trois hommes d’équipage, cette Réunionnaise de 49 ans