Splendeur et radicalité de l’Arizona
L’hiver dans le désert. L’air est glacé comme un gin Martini : piquant, vivifiant, et presque aussi grisant. Mais ce qui retient l’attention, c’est surtout la lumière. Elle a l’intensité crue d’une torche de police braquée sur votre visage. En pleine journée, elle est tout simplement aveuglante, mais à l’approche du soir elle garde son éclat clinique, d’autant que le ciel reste un dôme bleu acier imperturbable. En arrivant à Phoenix, je constate que, comme dans tant de métropoles de l’Amérique moderne, le patrimoine architectural a été dévasté par les lois du mercantilisme. Son centre-ville, autrefois remarquable – riche de bâtiments des années 1920 témoignant de la vitalité du commerce et de l’expansionnisme de l’Ouest américain (comme on peut le voir dans le début magnifique du film Psychosed’Alfred Hitchcock) – a été démantelé. À part quelques exceptions historiques çà et là, ce ne sont plus que des immeubles de bureaux et d’appartements modernes… et toujours cette lumière exceptionnelle.
Devant moi, au pied d’une résidence de luxe, je vois un couple descendre d’un énorme SUV blanc. Ils transportent tous les deux des clubs de golf. Ils doivent avoir un peu moins de 30 ans. Elle est mince, ultra-blonde, impeccablement maquillée. Lui est légèrement enrobé, très brun, un peu plus âgé qu’elle, vêtu d’un pantalon bleu et d’un polo Ralph Lauren rouge. Le romancier en moi décrète qu’il
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