Galant, je vous dis merde
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Aperçu du livre
Galant, je vous dis merde - Jacqueline Galant
« GALANT,
JE VOUS DIS
MERDE ! »
Luc PireÉditions Luc Pire [Renaissance SA]
1, avenue du Château Jaco – 1410 Waterloo
www.editionslucpire.be
Coordination éditoriale : Éditions Luc Pire
Couverture : Philippe Dieu (Extra Bold)
Illustration de couverture : © Philip Reynaers (Photo News)
ISBN : 978-2-50705-500-4
Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays.
Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est strictement interdite.
JACQUELINE GALANT
« GALANT,
JE VOUS DIS
MERDE ! »
Mise en récit : Nicolas Roisin
GalantTrouver les mots
Parfois, je me dis que j’ai raté ma vie et que j’aurais pu faire les choses tout autrement. Parfois, au contraire, je pense que, au final, j’ai quand même bien mené ma barque. La petite fille de 9 ans rêvait d’être médecin légiste. La femme que je suis a été bourgmestre, députée fédérale, députée régionale et même ministre. La petite fille de 13 ans s’imaginait qu’un jour, un prince charmant viendrait la chercher pour l’emmener dans un château loin des guerres, qu’il placarderait l’annonce de leur mariage sur toutes les fenêtres du royaume et qu’il lui ferait plein d’enfants. La femme de 42 ans que je suis a vu son nom en grand, c’est vrai, parfois en gras même, souvent accolé à des adjectifs blessants, et c’était dans la presse, pas sur les devantures des maisons. Et ça n’annonçait rien de bon.
Jusqu’à présent, je n’ai aucun regret quant à mon parcours professionnel. Je suis même heureuse de bien des choses que j’ai vécues. J’ai eu la chance de rencontrer des gens intéressants, des gens passionnés. Celle de vivre des expériences inédites, surprenantes. Elles ne l’ont pas toutes été, bien sûr. Quand on a le feu sacré et des responsabilités importantes, les compromis à faire laissent parfois un goût amer. Et puis, il reste à dresser un autre constat. Quand je regarde ma vie en face, je ne peux que mesurer à quel point cette vie de travail a mangé tout ce qui était autour. Moi qui rêvais de discrétion dans le cadre feutré d’un laboratoire, je me suis retrouvée sous les feux de la rampe. Moi qui rêvais d’un homme avec qui partager mes joies et mes peines, je me retrouve souvent seule, passé minuit, à relire dans mon lit une dernière fois les notes pour la réunion du lendemain. Moi qui rêvais d’enfants à embrasser le soir après avoir raconté des histoires de dragons et de sorcières, je me retrouve à sourire aux bêtises de mes nièces et de mes neveux, un week-end de temps en temps, quand je n’ai pas trop de travail.
Les derniers mois de mon mandat ministériel ont été éprouvants. Le stress m’a fait perdre dix kilos. Les mauvaises langues diront que j’avais de la réserve et que j’aurais pu en perdre cinq de plus. J’ai peu dormi, j’ai vécu une pression d’une violence inouïe. J’étais devenue la femme à abattre. Tout était de ma faute. Rien n’était bien fait. J’étais à la fois l’idiote du village, une menteuse, une femme de clan qui protégeait sa sœur et, sur les réseaux sociaux, j’étais juste une « bonne grosse connasse de pute » dont il fallait « se débarrasser au plus vite ». Avec un peu de recul, je me rends compte que j’ai fait des erreurs de jugement. Sur des personnes, sur des dossiers et sur moi-même. Ma communication n’a pas toujours été optimale. J’aurais pu faire les choses autrement. J’ai manqué de clarté, de transparence et aussi de finesse. Nous y reviendrons.
Je pense surtout que ma principale erreur a été de croire que les politiques ont réellement la capacité de changer les choses rapidement et durablement. Que des décisions peuvent être prises et suivies sans générer trop de discussions. Que des idées peuvent émerger et des projets voir le jour pour le bien de la communauté. Mon constat est sans appel : arrivé à un certain niveau de pouvoir, celui-ci nous échappe totalement. L’impuissance dans laquelle on se trouve devant ce qui se passe est terrible. On rêve de faire bouger les lignes, mais on n’y arrive pas. On est saisi dans une sclérose bien installée qui ne se cure plus. Et quand on possède une certaine candeur, on croit naïvement que tout le monde est animé de bonnes intentions.
Quand j’ai été nommée ministre de la Mobilité, j’ai réellement eu envie de faire quelque chose de bien et de réunir mes collaborateurs autour de solutions. Mais j’ai fait face à de la résistance, à des niveaux de décision et de pouvoir que je ne soupçonnais pas. Dans l’administration, au sein des syndicats, sur le terrain et même dans mon propre camp politique, j’ai assisté impuissante à un bal de faux-culs qui vous sourient et, le dos à peine tourné, vous poignardent en prenant soin d’enfoncer le couteau dans les zones vitales, afin d’être sûr que vous ne vous relèverez pas. Arrivé à un certain niveau de pouvoir, on ne maîtrise plus grand-chose. On devient le pompier qui éteint les incendies, le policier qui gère des conflits, l’instituteur qui donne une leçon. Il reste peu de temps pour réfléchir et proposer des choses innovantes. On ne prend plus le temps, il nous échappe totalement et est sans cesse bousculé. Et quand on parvient à prendre de la hauteur pour avoir de la perspective, on est vite confronté à des intérêts personnels, financiers, politiques, partisans… qui empêchent des missions (ne pas décevoir !) et l’atteinte d’objectifs (ne pas bousculer !).
Il y a évidemment eu des erreurs dans mon chef. Mais beaucoup ont trop vite réduit ce qui se passait à de l’incompétence. C’est dur à vivre mais, surtout, c’est tellement loin de la vérité ! Ce livre est donc l’occasion de revenir sur les « affaires Galant » : les chiffres de la SNCB, l’attribution d’un marché au bureau d’avocats Clifford Chance, la sécurité dans les aéroports et le RER. L’occasion également de revenir sur ce que j’ai ressenti au plus profond de moi, l’injustice, l’incertitude, l’impuissance… Et celle d’exprimer certains sentiments sur les rapports qui sous-tendent la politique. Ce monde dans lequel on aime se détester, faisant de certains amis des ennemis d’un jour en fonction des opportunités, et vice-versa. Aujourd’hui, nous sommes entrés de plain-pied dans une forme de politique Pokémon. On va tous dans le même sens sans vraiment regarder où on met les pieds, trop obnubilés par les écrans et le show d’une certaine réalité qu’on pense pouvoir sublimer. On se complaît trop souvent dans ces cercles où l’on va pouvoir flatter son ego et celui des gens qui nous entourent. On est, en fait, à côté des choses.
Aujourd’hui, redevenue bourgmestre et députée, je mesure à quel point l’image qui a été donnée de moi dans les médias a été catastrophique. Certains de mes administrés se demandent même si la Jacqueline qu’ils ont connue petite dans leur belle commune de Jurbise est la même que celle dont ils ont pu lire les mésaventures de ministre dans la presse. Mais je sais qu’au fond d’eux, ils ne sont pas totalement dupes, et certains me le témoignent au quotidien par de petites attentions ou de petites phrases. Il y a une chose dont il ne faut en effet jamais douter. J’ai toujours exercé l’ensemble de mes mandats avec la conviction de faire quelque chose de positif pour les autres. Aucune décision n’a été motivée par l’enrichissement personnel ou par un intérêt égoïste. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour le bien de la collectivité, en ne faisant jamais passer mon bien-être avant celui des autres. Ça ne fait pas de moi quelqu’un de pondéré dans ses propos. Ça n’enlève en rien mon côté bulldozer, qui est un trait de caractère que j’assume pleinement, mais c’est un fait. Malgré tout ce que certains ont pu laisser croire sans jamais apporter aucune preuve, toutes les décisions de ma vie de femme politique ont été prises dans un souci d’honnêteté et d’intérêt général.
Quand je contemple ma vie, quand je regarde ma filleule qui est dans la vingtaine, déjà maman, je me dis que j’aurais dû consacrer plus de temps à construire quelque chose pour moi plutôt qu’à courir pour les autres. Cette obsession du résultat me vient de mon enfance, bercée par un modèle parental et politique compliqué. Elle me vient également de mes études. Des primaires à l’université, j’ai sans cesse ressenti en moi ce besoin de prouver que je pouvais et que je devais y arriver.
Je vais vous faire une confidence : j’ai du mal à aimer. J’ai du mal à faire confiance. J’ai du mal à me donner vraiment. J’ai grandi dans deux mondes (politique et familial) où l’affection manquait et où la trahison et le mensonge étaient communs. Ce qui s’est passé avec les « affaires Galant », la violence à laquelle j’ai fait face, m’a renvoyée à tout cela. À ces moments à l’école où j’étais l’objet de la cruauté des enfants. Moi, « la petite grosse », « la moche », « la fille à papa ». Cette brutalité m’a ramenée à ce fragile équilibre que j’essaye de trouver entre une vie publique et une vie privée. Les quelques mois de silence qui ont suivi ma démission m’ont permis de
