À propos de ce livre électronique
Jnaneshwara – le grand poète et philosophe marathe du XIIIe siècle – a composé cette réécriture de la "Bhagavad Gîta" pour que le texte fondateur de la spiritualité indienne, jusqu'alors réservé aux érudits maîtrisant le sanskrit, puisse être connu et compris par tous ses contemporains dans leur langue maternelle, le marathi. Mais la "Jnaneshwari" va plus loin encore que le texte de Vyasa : elle l'enrichit d'une grande richesse poétique sur la Réalisation du Soi, notamment avec une description unique de l'ascension de la Kundalini. Écoutez ce dialogue en langue marathe, empli de sens et plus profond que l'océan... écrivait Jnaneshwara à propos de son grand œuvre. Sept cents ans plus tard, cette traduction donne la chance à tout lecteur francophone d'apprécier, dans sa langue maternelle, l'un des plus grands chefs-d'œuvre de la littérature spirituelle. La "Jnaneshwari" traite de sujets aussi complexes que la raison du combat pour la Vérité et le Dharma, le vrai sens du renoncement, la présence du Créateur dans la Création, ou la nature de la non-dualité dans notre relation au Divin.
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Aperçu du livre
Jnaneshwari - Jnaneshwara
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JNANESHWARI – Le Dialogue de l’Éternel
© Philippe Gwenaël Verez 2024
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être utilisée ou reproduite de quelque manière que ce soit, de façon imprimée ou électronique, sans autorisation.
Première édition 2024
Illustration page de couverture : The Lord Answering Job Out of the Whirlwind
(Illustrations du Livre de Job, planche 14), cercle de John Linnell d’après William Blake, avec l’autorisation du Yale Center of British Art.
www.gwenaelverez.com
Introduction
Joyau de la littérature, la Jnaneshwari est connue pour être le commentaire le plus élaboré du texte fondateur de la spiritualité indienne, la Bhagavad Gîta. Elle fut rédigée au XIIIe siècle en langue vernaculaire – le marathi, par le jeune saint du nom de Jnaneshwara (1271-1293).
Lorsque je me suis plongé pour la première fois dans sa lecture au travers des diverses traductions anglaises, je m’attendais à retrouver une exégèse, à l’image des célèbres commentaires de Shankara sur les Écritures de l’Inde ancienne comme le Brahmasutra, les Upanishads ou la même Bhagavad Gîta. C’est d’ailleurs ce que suggérait son titre d’origine : Bhavartha Dipika – la Lumière de la Compréhension avant que la postérité ne renomme le texte « Jnaneshwari », en l’honneur du tout jeune poète qui la composa alors qu’il n’avait pas encore vingt ans.
Mais l’œuvre ne montrait aucune explication, analyse ou critique didactique, et n’avait du commentaire que la manière de suivre un texte verset par verset. Car la Jnaneshwari est en fait une nouvelle version poétique en marathi du texte original en sanskrit. Avec ses douze mille vers, quinze fois plus que le texte de Vyasa, la Gîta du jeune prophète marathe est une vaste et magnifique réécriture.
Namdev, le grand poète marathe et ami de l’auteur, qualifiait la Jnaneshwari de Brahmananda-Lahari, l’onde de félicité divine. Il s’agit en effet d’un chef d’œuvre poétique qui élève l’âme du lecteur vers les plus hauts sommets contemplatifs : Je vais dans cet œuvre donner forme au Sans-Forme pour offrir l’expérience de ce qui est au-delà de toute connaissance.
Le saint poète voulait faire connaître à ses contemporains, dans leur langue maternelle, la Bhagavad Gîta, qui n’était accessible qu’aux seuls érudits du sanskrit. Mais Jnaneshwara désirait faire plus pour ce texte : en magnifier la forme et la richesse poétique, en approfondir le sens pour qu’il soit mieux compris et en élargir le champ des connaissances.
Contrairement à la Gîta qui est centrée sur le seul personnage divin de Krishna, Jnaneshwara évoque à plusieurs reprises la dimension féminine du divin sous les différentes dénominations en sanskrit de la Mère Primordiale telles que Adimaya – l’Illusion Primordiale, Prakriti – l’Énergie qui crée la matière originelle, Maha-Prakriti – l’Énergie qui donne vie à la matière, et en marathi, Sat-Gourou Mauli – la Mère, Gourou absolu. À ce titre, Jnaneshwara affirme d’ailleurs : mon Maître est la Mère et je suis son unique enfant digne de recevoir toute sa compassion.
Surtout, dans le sixième chapitre, Jnaneshwara donne une description éblouissante de l’éveil de la Kundalini, l’énergie spirituelle lovée dans le sacrum qui est le reflet de la Mère Primordiale. Une telle évocation de la Kundalini et de la Réalisation du Soi n’existait pas encore dans la littérature.
Certes, quelques auteurs avaient brièvement abordé l’ascension de la Kundalini, notamment Shankara dans Saundarya Lahari ou Gorakhnath dans Goraksasataka ou encore l’auteur de la Kundalini Yoga Upanishad. Mais il s’agissait de textes en sanskrit dont aucun n’avait l’ampleur ou la richesse littéraire et symboliquedu sixième chapitre de la Jnaneshwari.
En composant son œuvre, Jnaneshwara semblait aussi regretter la pauvreté philosophique de son époque : Lorsque j’errais dans la forêt des mots, rien de significatif n’était jamais tombé dans mes oreilles...même s’il affirme par ailleurs qu’aucune connaissance érudite ne remplacera l’expérience vécue de la Réalisation du Soi.
Jnaneshwara amende aussi certains malentendus introduits au cours des siècles de tradition orale dans le texte original de Vyasa. Par exemple, le verset 27 du chapitre V de la Gîta, suggère de concentrer l’attention entre les deux yeux au niveau du chakra de l’Agnya, ce qui est délétère pour toute pratique contemplative. Jnaneshwara apporte un éclairage nouveau en expliquant que c’est l’attention qui s’intériorise au niveau de ce chakra pour ensuite s’élever et s’établir au niveau du septième chakra : l’attention est stable dans le Sahasrara au sommet de la tête, conclut-il.
Shri Mataji Nirmala Devi (1923-2011) considérait la Jnaneshwari comme une œuvre charnière dans l’histoire de la spiritualité, car le texte dévoile au grand jour le secret de toute réalisation spirituelle, à savoir l’ascension de la Kundalini dans la Sushumna jusqu’au Sahasrara. Ainsi la Jnaneshwari révèle-t-elle le mystère de la Bhagavad Gîta, mais aussi celui de toutes les religions, du bouddhisme au jaïnisme et des Évangiles à l’Islam : c’est une œuvre universelle, annonciatrice de l’avènement de Sahaja Yoga, l’Enseignement de Shri Mataji Nirmala Devi.
Première œuvre majeure rédigée en marathi, la Jnaneshwari est toujours considérée, sept siècles après sa rédaction, comme le sommet de la littérature marathe. Sa force spirituelle lui donne une place unique parmi les grandes œuvres littéraires de l’humanité.
Dans les premiers chapitres, Jnaneshwara fait l’éloge de l’action et de l’accomplissement du devoir en lançant un véritable réquisitoire contre les théories du renoncement et de l’ascèse, notamment celles pratiquées par les sadhus en Inde. Pour lui, le détachement vis-à-vis de la matière ne s’opère vraiment qu’une fois que l’on a connu la Réalisation du Soi. Auparavant il ne s’agit que d’hypocrisie et d’artifices contraires à l’accomplissement spirituel : ceux qui pratiquent le Hatha Yoga ont été vaincus par les passions, mais le sage, lui, jouit de tous les plaisirs sans y être impliqué, écrit-il. Le renoncement est intérieur et il s’opère dans la vie simple de l’être réalisé qui agit pour les siens et la société, ce qui est finalement l’essence première de la Bhagavad Gîta.
Jnaneshwara est aussi l’héritier d’une grande filiation spirituelle, celle des Yogis Naths, initiée par Macchindranath et Gorakhnath. C’est leur connaissance, notamment le rôle des trois gunas sur le champ de la conscience, que Jnaneshwara nous invite à découvrir par la voix de Krishna. Jnaneshwara décrit ainsi, tout au long des chapitres, les qualités d’une âme réalisée, sainte et profonde dans sa perception et sa réalisation du Divin.
Les Écritures de l’Inde ancienne ont prophétisé un âge des ténèbres, le Kali Yuga, au cours duquel l’humanité perdrait ses repères moraux et sacrés. Cet âge se termine avec une période de transition et de profonde transformation, le Krita Yuga, qui prépare un bond évolutionnaire. À la fin du Kali Yuga, l’écorce sombre des arbres tombe et les grands arbres du Krita Yuga commencent à apparaître écrit Jnaneshwara.
C’est à partir de ce changement que s’ouvre un âge nouveau porté par des valeurs spirituelles, une ère de Vérité et de Sagesse, le Satya Yuga qui coïncide avec l’Âge du Verseau.
Jnaneshwara est l’un des grands maîtres spirituels (avec notamment William Blake et Khalil Gibran) à avoir annoncé cette ère nouvelle quand il évoque l’avènement de personnes saintes aidant l’humanité à traverser l’océan des illusions, le Samsara, dans la nuit tempétueuse du Kali Yuga.
Avec la richesse de ses images poétiques,[1] la Jnaneshwari offre une vision unique de cette merveilleuse libération rédemptrice qui nous est promise comme individus et plus largement comme humanité.
Gwenaël Verez – Nancy 2024
Préambule
La Bhagavad Gîta fait partie du sixième livre du Mahabharata, le monumental poème épique de l’Inde antique en deux cent mille vers.
La scène se déroule sur le champ de bataille du Kurukshetra au nord de l’Inde dans la plaine du Penjab. Les Pandavas – fils de Pandu et leurs cousins, les Kauravas – fils de Dhritarashtra s’affrontent pour un ultime combat.
À la cour du Royaume d’Hastinapura, les Kauravas sont dévorés depuis leur jeunesse par la haine et la jalousie à l’égard des Pandavas, tant ceux-ci sont aimés du peuple pour leur courage et leur bravoure. Ils ont pourtant grandi ensemble et ont été éduqués par les mêmes précepteurs. À cela s’ajoute que Yudhishthira, l’ainé des Pandavas, est désigné comme l’héritier du trône.
Après son couronnement, les Kauravas vont s’employer par tous les moyens à chasser leurs cousins du royaume jusqu’à incendier leur palais. Les Pandavas préfèrent alors faire croire à leur mort et vivre cachés dans la forêt pour éviter cette folie meurtrière.
Pendant cet exil, Arjuna – le plus célèbre des frères Pandavas – gagne la main, lors d’un concours de tir à l’arc, de la princesse Draupadi du royaume des Panchalas. La nouvelle que les Pandavas sont encore vivants se répand comme une traînée de poudre dans toute la contrée. Les Kauravas leur livrent alors bataille dont ils sortent perdants.
Avec le retour de Yudhishthira au pouvoir, Duryodhana, le frère aîné des Kauravas, tente un dernier complot machiavélique. Il profite de la faiblesse de Yudhishthira pour les jeux d’argent. Celui-ci se laisse entrainer dans une partie de dés truquée. Il y perd successivement toutes ses possessions et son royaume. Pris par la folie du jeu, il en va jusqu’à miser ses propres frères, qui sont paralysés par cet enchainement dramatique au cours duquel leur frère perd tous ses moyens en s’engageant dans des paris toujours plus insensés.
À la toute fin, ayant tout perdu, il ne reste plus à Yudhishthira que de miser en ultime recours Draupadi qu’il finit aussi par perdre.
Duryodhana fait alors entrer Draupadi de force, telle une esclave. Toute l’assistance qui observe la scène reste silencieuse devant cette terrible humiliation qui culmine lorsque l’un des Kauravas saisi le sari de Draupadi pour la dévêtir. La jeune princesse s’en remet alors au Seigneur Krishna pour la sauver.
Krishna surgit soudainement du firmament dans toute sa gloire pour protéger la chasteté de Draupadi en transformant le sari en une étoffe infinie.
Namdev, le poète et ami de Jnaneshwara en résumait ainsi la scène :
Ô Krishna, mon Père
Digne de toutes les louanges,
Tu es descendu des Cieux
Tenant le disque Sudarshana
Et Tu as préservé
L’honneur de Draupadi
Dont le sari était arraché.
Cette fois, les Kauravas ont dépassé la mesure, car s’attaquer à la chasteté d’une femme est la plus grande transgression du Dharma, la Loi éternelle. Il n’existe plus d’autre recours qu’une guerre pour expier ce crime.
Les deux clans vont donc s’affronter pour une cause essentiellement morale : la guerre du Mahabharata vient d’être déclenchée car Draupadi, l’épouse des Pandavas a été offensée dans sa dignité.
Alors que les deux armées se font face, Arjuna, le héros des Pandavas, est accablé de devoir lancer son armée dans la bataille. Pétri de culture védique, il en vient à considérer ce combat comme immoral, car il ne veut pas s’engager dans une lutte qui le conduira à tuer des membres de sa propre famille, des amis de longue date, et son précepteur et gourou Drona, qui s’est lui aussi rangé du côté adverse. Dans son désarroi, il en oublie l’origine du conflit qui tire sa légitimité d’une considération morale bien plus haute.
Perclus de doutes, Arjuna adresse ses interrogations à Shri Krishna, le huitième avatar de Vishnu, qui conduit son char au cœur de la bataille et l’engage à combattre pour sauvegarder le Dharma. Ainsi commence la Bhagavad Gîta, le célèbre dialogue entre Arjuna qui personnifie les doutes existentiels de l’âme humaine et Shri Krishna, l’incarnation de Dieu sur la terre.
Notes sur la traduction
La Jnaneshwari écrite en marathi médiéval – la langue du Maharashtra au XIIIe siècle, a été sélectionnée par l’Unesco pour son programme de traductions des chefs-d’œuvre de la littérature mondiale dans des langues internationales – programme développé entre 1948 et 2005. Une traduction en anglais déjà publiée en 1948 y a été acceptée en 1967, mais cela n’a pas été réalisé pour le français. La France ne bénéficie pas d’un enseignement universitaire pour le marathi, ce qui y réduit le champ et le développement des études marathes, et l’œuvre de Jnaneshwara est largement méconnue des lecteurs francophones, contrairement à celle de son grand prédécesseur Shankara, qui a écrit en sanskrit. Le Haripath a bien fait l’objet d’une publication par Charlotte Vaudeville en 1969, mais son attribution à notre auteur est sujette à caution. Il s’agit d’un texte dans la pure tradition des dévots de Vishnu à Pandharpur qui ne semble pas conserver les traits stylistiques de Jnaneshwara. Il figure rarement dans la liste de ses œuvres. Ma traduction de l’Amritanubhava – l’essence de la félicité, a été publiée en 2020.
La présente traduction a été réalisée à partir des versions anglaises de Kripanananda, de Yardi et de Bhagwat citées dans la bibliographie. La vérification des termes spirituels a pu être faite à partir de l’original en marathi ancien, grâce à la collaboration de mon amie Meera Sous, sans laquelle ce travail n’aurait jamais pu être accompli. Il est à noter qu’il existe plusieurs manuscrits de l’œuvre originale avec de légères différences dans certains versets.
Jnaneshwari, le Dialogue de l’Éternel se concentre sur le dialogue entre Krishna et Arjuna. D’autres passages de l’œuvre de Jnaneshwara qui ne relèvent pas de cette perspective peuvent être retrouvées dans l’anthologie Lumières de l’Esprit. Le texte a été abrégé par l’omission de nombreuses répétitions didactiques au sein de chaque chapitre et tout au long de l’ouvrage. La Jnaneshwari était destinée à être récitée à une population qui, pour une large part, ne savait pas lire. La récurrence des thèmes au travers de nombreuses images permettait à l’auditoire de les réentendre afin de mieux les assimiler. Ces répétitions pourraient sembler redondantes au lecteur d’aujourd’hui, d’où mon parti pris de raccourcir le texte en ne sélectionnant que 2500 versets environ, soit un cinquième de l’œuvre originale. Jnaneshwara le suggérait-t-il lorsqu’il écrivait : J’obéis aux saints. Faites de moi ce que vous voulez. Rejetez ce qui ne vous semble pas indispensable ... ? Pensait-il alors aux yogis des Temps métamodernes[2] qui traduiraient son œuvre ?
Cette première traduction en français ne recherche donc pas l’érudition. Elle vise à transmettre fidèlement le message spirituel et à refléter la beauté des images pour le lecteur francophone. Pour une plus grande fluidité de la lecture, les versets originaux de la Bhagavad Gîta ont été omis eux aussi ce qui est conforme au propos de l’auteur : J’ai composé ce texte de manière à ce qu’il puisse être lu comme un commentaire de la Gîta ou qu’il puisse être apprécié pour lui-même sans la version originale en sanskrit. La trame de la Gîta n’est donc pas toujours reflétée.
Toutes les citations en exergue sont bien entendu extraites de l’œuvre.
Comme souvent dans la tradition spirituelle de l’Inde, Jnaneshwara invoque certaines Déités en début d’ouvrage et aussi en ouverture de quelques chapitres. Quelques invocations ont été sélectionnées et regroupées en début d’ouvrage pour ne pas interrompre le déroulement du dialogue.
Le nom Jnaneshwara signifie en marathi le Seigneur de la Connaissance. Il est orthographié de nombreuses façons selon sa traduction en sanskrit (Gnyaneshwara), en hindi (Dnyaneshwara), ou en marathi (Jnaneshwara). Nous avons retenu Jnaneshwara car il correspond à la langue maternelle de l’auteur. Au Maharashtra, Jnaneshwara est aussi appelé Jnanadeva.
Je tiens à remercier tout particulièrement Jean-Michel Peyrot pour sa collaboration étroite dans la rédaction ainsi que Geneviève Brisou et mon épouse Doris pour leurs relectures.
Invocations
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