Vingt-cinq jours avant
Par Didier Mallay
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Didier Mallay, médecin et gériatre de formation, a également été directeur de collections d’ouvrages scientifiques et médicaux par le passé. Cependant, il ressentait le besoin de donner libre cours à sa vision de poète. Au cours des 30 dernières années, il a créé des textes où il mêle des éléments apparemment anodins pour les rendre poétiques. Sa vaste culture littéraire lui permet d’explorer une variété de thèmes en utilisant un langage accessible, empreint de sensibilité, parfois déconcertant, mais toujours profondément humain.
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Avis sur Vingt-cinq jours avant
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Aperçu du livre
Vingt-cinq jours avant - Didier Mallay
Du même auteur
– L'affaire Gambetta, Le Lys Bleu Éditions, 2022 ;
– Neuf voies intérieures, Le Lys Bleu Éditions, 2023 ;
– Sombre monde, Le Lys Bleu Éditions, 2023.
À Chantal pour sa patience et son soutien.
À tous ces patients qui m’ont accordé
d’approcher leur souffrance.
« La mort a toujours tort. »
Il avait, contrairement à beaucoup d’entre nous, la fâcheuse habitude de s’arrêter pour observer ce que l’on pourrait qualifier d’insignifiant. Encore que le terme « insignifiant » soit en ce qui le concerne très inapproprié ; de façon étymologique, il renvoie à des évènements sans signification, ce qui est juste, mais pour lui ce terme avait une valeur moins ordinaire, comme si chaque odeur, senteur, chaque mouvement de l’air ou parfois de l’esprit de ses contemporains venait sonner au portail de son imagination y laissant entrer la poésie, ce qu’il recherchait le plus au monde. Ainsi, tel un collectionneur obstiné, il cumulait dans son panier mental des images si fugaces qu’elles s’évaporaient dans un plaisir sans fin dès que de nouvelles venaient les remplacer. Vous lecteur, allez trouver ce portrait un peu abstrait : laissez-moi vous présenter ce personnage si particulier, lui qui se laissait guider instinctivement sur le « percevoir du monde ». Cet observateur qui disait « Merci » à toutes fragilités que seule l’attention, inhabituelle à la plupart, venait se concrétiser lorsqu’elle se présentait à lui.
Il m’avait demandé avec un éclair de lucidité, et vingt-cinq jours avant de nous quitter, de bien retracer nos conversations, si futiles ou légères fussent-elles. Il m’avait même ouvert ses cahiers de notes pour cela. En me proposant cette tâche, en vous racontant ce que j’estime être la construction d’une œuvre dans une vie en déclin, j’espère ne pas le trahir. De fait, c’est à lui que je dis merci.
Je me nomme Sandra. Je suis infirmière dans une Unité de soins palliatifs. J’ai connu Monsieur M. lors de sa toute dernière hospitalisation dans notre établissement. Il était arrivé avec son fils après être passé par de nombreux services de médecine générale puis d’hématologie. En entrant dans notre unité, avait-il réalisé l’objet d’une telle entreprise, l’avait-il accepté par faiblesse ou par doute, ou voulait-il simplement désarmer ses douleurs, voire récuser les obstacles inintelligibles qui s’intensifiaient devant lui ? Son fils évoqua d’emblée la fatigue généralisée causée par sa leucémie. Je crois aujourd’hui que l’intuition de Monsieur M. l’amenait à discerner son devenir ; il s’était sûrement renseigné sur les possibles symptômes terminaux de sa maladie, elle qui le conduisait dans notre service pour ses vingt-cinq derniers jours.
J-25
L’accueil
Je me souviens de la première fois où je l’ai rencontré. Son fils comme moi-même sentions qu’il était agacé. Monsieur M. piétinait autour du lit peut-être pour justifier qu’il en savait plus que nous sur ce qui lui tombait sur la tête. Une fois posées ses affaires dans le ridicule placard de sa chambre, je lui demandai de prendre un temps, de s’asseoir sur le fauteuil ou sur le lit pour échanger sur sa situation. Accueillir prend du temps, un temps fondamental, essentiel, pour ce premier jour. Je m’informai seulement de ce qui l’avait conduit à venir ici. Je devais savoir ce qu’il savait de sa maladie où il en était de sa réflexion. Il nous répondit (à son fils aussi) qu’il jugeait trop difficile de pouvoir conduire sa vie comme il l’avait fait antérieurement.
— Laissez-moi me présenter : je me nomme Sandra et j’ai juste quelques questions à vous poser pour vous mieux connaître, lui dis-je. Quelle était votre profession ?
— Boucher !
Il compléta sa réponse en précisant qu’il avait souffert pendant ces années de commerce de reprendre la boutique de son père.
— Qu’auriez-vous voulu faire ?
— J’aurais tant aimé écrire : « devenir écrivain », dit-il en regardant son fils avec tendresse, « cela aurait été mon rêve ! ».
J’avais constaté que dans ses affaires, celles de son placard, il y avait de nombreux cahiers. Son regard dû percevoir où allait le mien.
— Je rédige depuis de nombreuses années des feuillets après la fermeture de la grille de la boucherie. Je laisse aux apprentis le soin de nettoyer les étals, remettre les quartiers de viande invendus dans les armoires, ces réfrigérateurs aux lourdes portes de bois, puis laver le sol en y jetant de la sciure pour éviter de glisser.
Lors de ce premier entretien, Monsieur M. ne comprit pas pourquoi son fils me raconta son histoire médicale dans un contexte qui selon lui ne s’y prêtait pas.
— C’est pour mieux vous connaître et réaliser votre projet personnel. Savoir ce qui sera le mieux, le plus adapté pour vous ici, lui dis-je pour le tranquilliser.
Son fils évoqua à part, le nombre de fois où son père l’appelait en détresse, de nuit comme de jour, pour réclamer un supplément d’antalgiques, l’accompagner aux urgences ou encore en situation d’angoisse et lui dire combien l’épreuve qu’il traversait était injuste, inhumaine, mais aussi gigantesque devant tant d’inconnu ; en d’autres termes, une impasse qu’il découvrait jour après jour irrémédiable.
La maladie, la fatigue conséquente, pour être plus précis, lui avait retiré ses moyens. Les actes qui d’ordinaire se font sans réfléchir, qui ne demandent pas de concentration ou d’énergie particulière lui devenaient impossibles, absorbant insidieusement ses forces qui le quittaient comme une mare s’évapore en été. Mettre la table, pire, faire ses courses ou aller à un rendez-vous médical, tout devenait une montagne à franchir. Tout sollicitait un effort surhumain.
Je savais déjà que sa leucémie, qui le remuait, se présentait à lui sous la forme de pertes successives. Outre son caractère bougon du moment, Monsieur M. m’apparut être un patient très attachant. D’abord parce qu’il avait su m’émouvoir en pensant que nous étions pareils ! J’étais infirmière, il se sentait auteur.
— En quoi est-ce le même métier lui demandais-je ?
— L’observation ! Voilà ce qui nous relie ! Vous, vous observez des signes, des symptômes, les besoins de vos malades, moi celui des choses communes ! Et ces choses si simples, je les transcris selon mon ressenti dans ces cahiers. Ouvrant un attaché-case, il me montra alors les deux piles de cahiers consciencieusement rangés. Il prit une première
