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Faits divers en Cornouaille
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Livre électronique381 pages2 heures

Faits divers en Cornouaille

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À propos de ce livre électronique

"FAITS DIVERS DE TOUT LE XXE SIÈCLE EN PAYS DE CORNOUAILLE,

DE CROZON À QUIMPERLÉ, EN PASSANT PAR LE CAP SIZUN, QUIMPER

ET LE PAYS BIGOUDEN.

Avec ce nouvel opus, Louis Gildas nous fait voyager dans un passé qu’il remonte tranquillement pour venir jusqu’à nous.

Il y a, dans les replis de ce passé, des histoires que l’on ne trouve pas dans les manuels, des vies minuscules que l’Histoire avec un grand H oublie trop souvent.

Et pourtant, ce sont elles qui forment la trame sensible et humaine d’un territoire, qui donnent chair à une époque, qui font battre le cœur d’un peuple, profondément enraciné en son âme.

Dans ce recueil de faits divers survenus en Cornouaille bretonne, du tournant du XXe siècle jusqu’à il y a peu. Louis Gildas redonne voix à ces récits enfouis, parfois tragiques, parfois cocasses, souvent troublants, mais toujours profondément humains. Ronan Corre, avocat au barreau de Brest"

À PROPOS DE L'AUTEUR

Louis Gildas est né il y a déjà joli temps à Lambézellec. L'âge venu, il a contribué à plusieurs titres de la presse quotidienne et à des magazines nationaux comme étrangers. Chroniqueur faits-divers sur les ondes de France Bleu Breizh Izel et de France Bleu Limousin, il a également tenu une même rubrique sur AQUITV en Dordogne, première télévision privée hertzienne de l'Hexagone.
LangueFrançais
ÉditeurPalémon
Date de sortie11 juil. 2025
ISBN9782385273491
Faits divers en Cornouaille

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    Aperçu du livre

    Faits divers en Cornouaille - Louis Gildas

    1907

    Quimperlé

    On expulse toujours…

    « Assurément, pour ne pas perdre une bonne habitude, on expulse toujours ! » titrait, en février, la presse hebdomadaire et bien-pensante du département.

    Elle poursuivait : « Les pauvres gendarmes, instruments irresponsables des vilenies gouvernementales, ont ajouté les expulsions à la liste déjà longue de leurs obligations de service. »

    La semaine précédente à Quimperlé, une centaine de gendarmes, à pied ou à cheval, entreprirent de cerner le couvent des Ursulines. Les sommations faites en présence du sous-préfet, du procureur, du commissaire de police et du liquidateur étant restées sans résultat, les forces de l’ordre furent contraintes d’enfoncer successivement six portes avant d’arriver au chœur de la chapelle réservée aux religieuses.

    Après avoir entendu une protestation de la supérieure, le sous-préfet fit évacuer. Cependant, un accord intervint entre les autorités et les religieuses pour que huit d’entre elles puissent veiller sur les élèves présentes jusqu’à l’arrivée des parents.

    Ne voulant céder qu’à la force, les religieuses obligèrent les gendarmes à leur faire mettre la main sur l’épaule. Cette formalité accomplie, elles sortirent du cloître sans autre résistance. Elles furent ensuite autorisées à se rendre devant le Saint-Sacrement, porté par leur aumônier, jusqu’à l’église Saint-Michel. La procession se déroula entre deux haies de gendarmes. Tout ce remue-ménage avait alerté la population qui criait : « Vive les sœurs ! »

    Après la bénédiction, chacune des soixante-dix religieuses se retira dans sa famille. Elles y séjournèrent jusqu’au moment de leur départ pour Beaconsfield (Angleterre) où elles avaient acheté une propriété.

    Et la presse conclut : « L’indignation est générale parmi la population et l’on s’interroge, à qui le tour maintenant ? »

    Douarnenez

    Marins contre gendarmes

    Le 10 juin avait lieu à Ploaré le pardon annuel de la Sainte-Trinité et, comme souvent, il donna lieu à des débordements.

    Tout commença dans l’après-midi. Les gendarmes Paoli et Faou de la brigade de Douarnenez faisaient une ronde dans le bourg lorsqu’ils apprirent que le nommé Guillaume Gourlaouen menait grand tapage dans les auberges et, plus encore, il venait de briser une bouteille de vin dans un débit de boissons.

    Les deux représentants de la loi se hâtèrent vers l’établissement où régnait un grand tumulte. Après s’être frayé un chemin au milieu de l’assemblée, ils entreprirent de passer les menottes au perturbateur. Jusque-là, tout se passa sans trop d’incidents, Gourlaouen consentit à les suivre, mais, une fois dehors, il refusa d’avancer. Il faut préciser que l’individu (il mesurait 1 m 86) était doué d’une force prodigieuse. En hurlant tant que faire se pouvait, il se laissa donc traîner. La foule qui avait assisté à l’arrestation s’ameuta vite et entoura les gendarmes en vociférant : « Mort aux gendarmes ! »

    Les militaires furent bousculés et frappés, un gendarme eut son képi jeté à terre et piétiné. Ils durent abandonner le captif et dégainer leur arme afin de sortir de ce mauvais pas.

    Des témoins dignes de foi évaluèrent à plus de mille hommes l’escorte qui s’attaqua ainsi aux représentants de la loi.

    Force devant rester à l’autorité, dès le lundi matin, toute la brigade sous les ordres du maréchal des logis Rouxel arrêta Joncour, marin-pêcheur, qui s’était particulièrement distingué la veille.

    Après cela, ils se rendirent au port du Roz Meur pour s’emparer de Gourlaouen qui y avait trouvé refuge, avaient-ils appris. Mais l’affaire n’en resta pas là.

    Furieux, huit cents pêcheurs au moins encerclèrent les gendarmes à la mer et menacèrent de les jeter à la mer. Une poussée formidable vers le bassin eut lieu si bien que les militaires étaient à deux doigts de se retrouver au fond du port.

    Le maréchal des logis donna alors un ordre : « Rassemblement, hauts revolvers ! » Ils purent ainsi préserver leur existence et rentrer à la caserne suivis d’une colonne hostile. Il était certain que si les marins-pêcheurs qui se trouvaient dans la criée avaient réussi à ouvrir la porte arrière, les malheureux gendarmes, pris entre deux feux, eussent infailliblement été jetés à la mer. Mais la clé était restée introuvable. On ne sut ce qu’il advint de cette affaire croquignolesque, apparemment, Gourlaouen ne fut jamais inquiété.

    1908

    Cléden-Cap-Sizun

    Distribution du courrier à l’américaine

    Le facteur de Cléden en prenait un peu trop à son aise avec le service dont il était chargé. Les journaux qu’il devait remettre aux abonnés arrivaient invariablement en retard. Tantôt il les confiait à des enfants de l’école qui, n’ayant que faire des nouvelles du jour, les abandonnaient en chemin, tantôt le facteur les déposait chez des commerçants où ils faisaient poste restante indéfiniment, leurs destinataires n’ayant pas été prévenus.

    Mais des voix s’élevèrent. Des abonnés, dans un courrier à la presse, s’insurgèrent et firent observer à cet honorable fonctionnaire des postes que, dans l’intérêt de tous, de pareilles combinaisons destinées à alléger son service – service à l’américaine selon l’intéressé – ne pouvaient être admissibles qu’avec l’autorisation expresse et poliment sollicitée des personnes intéressées. Et ils poursuivirent : « Service à l’américaine ou pas les journaux, comme les autres correspondances, doivent être remis à domicile en temps normal. »

    Le rédacteur conclut : « Les journaux et le public paient pour cela, ils doivent être servis en conséquence ! »

    Bannalec

    Explication à coups de soupière

    Depuis quelque temps, les époux Piver, du bourg de Bannalec, ne s’accordaient plus très bien. La femme avait même signifié à son époux qu’elle ne voulait plus de lui.

    Un soir, Piver, qui avait bu plus que de raison, voulut parler à sa femme, malade et alitée, mais il en fut empêché par sa belle-sœur, Joséphine Prigent. Furieux, Piver s’emporta, saisit un livre de cuisine sur le buffet et le lança à la tête de la belle-sœur. Elle fut blessée au visage et l’une de ses boucles d’oreilles brisée. Elles valaient tout de même 15 francs. Madame Prigent ne resta pas inactive devant l’agression, elle riposta et lança à la figure de son beau-frère aviné une soupière où trempait le potage du soir.

    Bilan : une boucle d’oreille cassée, une soupière brisée, un œil poché et le visage de Piver entaillé.

    Quimperlé

    Romanichels cambrioleurs

    La « foire des Vieilles », institution quimperloise multiséculaire, se déroulait chaque année à la Mi-Carême. Depuis toujours, elle attirait une foule considérable. On y venait de partout, et même de plus loin. Marchands, badauds, acheteurs de tout et de rien s’y pressaient ainsi que des aigrefins en quête de mauvais coups. Cette année-là, les 25 et 26 mars, elle n’avait pas failli à sa réputation. Des cambrioleurs, que l’on présuma être des Romanichels (ah, ces Romanichels, toujours sur la brèche !), avaient visité la villa « La Chaise à l’Évêque », qui appartenait à un rentier parisien, Monsieur Loth. Selon le constat des gendarmes, après avoir fait sauter les contrevents d’une fenêtre, ils avaient visité toutes les pièces, fracturant meubles et tiroirs avant de faire main basse sur tout ce qui leur semblait avoir de valeur.

    Monsieur Loth était absent, les gendarmes ne purent connaître sur-le-champ le montant du fric-frac.

    Par bonheur, le propriétaire était assuré contre le vol. Les limiers de la gendarmerie se mirent à la recherche des Romanichels qui n’avaient pas attendu leur reste et avaient pris le large depuis un joli temps.

    1909

    Moëlan

    Pardon !

    Les désordres du carnaval prirent à Moëlan une forme particulièrement odieuse en ce 17 février. Vers 19 heures, une demi-douzaine d’énergumènes masqués, comme il se le devait, se réunirent en plein bourg devant la maison du pharmacien. Ils portaient une croix confectionnée par eux. Pour compléter leur acte, ils mirent le feu à la croix.

    Cet acte sacrilège, selon la terminologie du temps, révolta tous les honnêtes chrétiens de Moëlan. D’aucuns invitèrent les fidèles à se prosterner et à demander pardon pour ces malheureux qui n’avaient pas compris l’inqualifiable de leur démonstration blasphématoire.

    Audierne

    Lèse-majesté au bistrot

    Un monsieur d’une trentaine d’années, un peu fort et endimanché de neuf, se présenta à la mi-avril devant le tribunal. « Il était fort embarrassé », soutinrent des chroniqueurs habilités.

    Il se nommait Yves Le Bars, maire d’Audierne. Se croyant atteint dans sa majesté municipale, il vint s’en plaindre devant la justice de son pays.

    Le 23 mai, vers 11 heures et demie du matin, il entra dans un débit avec des amis et se fit servir des apéritifs sur le zinc.

    Dans le même établissement se trouvait, ce jour-là, un marin de Poulgoazec, quelque peu en goguette, Pierre Burel, surnommé « vieux Chinois ».

    Ce personnage, assurément haut en couleur, avait l’habitude de traiter plaisamment et amicalement le monde de « petit Chinois » et parfois même de « bédouin ».

    Il apostropha le maire en lui demandant de lui payer à boire. Celui-ci refusa tout net.

    Burel l’appela alors naturellement « petit Chinois ». En substance, il aurait ajouté :

    — Ce n’est pas parce que tu es maire qu’il faut faire le malin et, d’ailleurs, je t’emmerde.

    Ces familiarités déplurent fortement à l’élu, ce dernier menaça même Burel de poursuites affirmant :

    — Si vous êtes de mon côté, je ne vous dirai rien, sinon vous aurez un procès-verbal.

    Mais le « vieux Chinois » n’était pas du bon côté et fut poursuivi pour outrage au premier magistrat municipal dans l’exercice de ses fonctions.

    L’avocat de Burel s’employa à démontrer que le fait pour un maire de consommer des boissons dans un débit ne revêtait aucun caractère officiel.

    — Monsieur le maire d’Audierne, officier de police judiciaire, n’était pas au café pour prélever des échantillons, pas plus que pour y faire la police, il y était en simple citoyen, sans plus, argumenta-t-il.

    Il n’y eut donc pas outrage à magistrat municipal dans l’exercice de ses fonctions et l’avocat demanda purement et simplement la relaxe de Burel. Le tribunal se rangea à ces conclusions et, considérant qu’il n’était pas prouvé que les prétendus outrages s’adressaient au maire dans l’exercice de ses fonctions, acquitta le père Burel.

    Quant aux épithètes « petit Chinois » et « bédouin », le tribunal jugea encore qu’il était entendu qu’elles ne devaient pas tirer à conséquence… surtout pour un élu du prolétariat !

    Pont-l’Abbé

    L’horloge de la mairie bat la breloque

    On s’alarmait à Pont-l’Abbé, car, depuis plusieurs jours, l’horloge de la mairie battait la breloque !

    Dans les débits et aux lavoirs, on invoquait l’incohérence de certains édiles. Que venaient faire les élus dans une affaire de pendule ? La question restait sans réponse, mais les faits étaient là, et comme on ne le savait pas encore, les faits étaient têtus.

    L’horloge à toute heure du jour et de la nuit sonnait le couvre-feu, parfois c’étaient les quarts d’heure ou les demi-heures au lieu des heures, et vice-versa.

    Cette situation n’était pas sans ennuyer nombre de Pont-l’Abbistes qui réclamaient tout bonnement au conseil municipal d’y apporter un terme.

    Les élus tinrent conseil et décidèrent, après délibération, de prendre langue avec une maison de Quimper qui dut intervenir quelques jours plus tard.

    1910

    Fouesnant

    Les actions nocturnes des renards à deux pattes

    Comme souvent, l’approche des fêtes était fatale aux poulaillers et aux clapiers.

    À la mi-décembre, ceux de Louis Le Pélichaud, douanier à la villa Kerlouzan, reçurent la visite de ce qui semblait être des renards à deux pattes.

    Après avoir nuitamment fracturé la chaîne, fermée à l’aide d’un fort cadenas, qui maintenait la porte, ils firent main basse sur un coq, quatre poules et trois lapins dans la force de l’âge. Leur valeur était estimée par Monsieur Le Pélichaud à 30 francs.

    Des empreintes de sabots furent relevées sur le sol et, pour peu que les Sherlock Holmes de la brigade s’en mêlent, l’arrestation des voleurs ne saurait être qu’imminente.

    Douarnenez

    En wagons à marée !

    Grand émoi à la gare de Douarnenez, au départ du train de 19 h 16 pour Quimper. Au dernier moment et sans que l’on ait pu soupçonner une subite affluence, c’était un lundi, jour d’ordinaire calme. Mais voilà, on ne sut pourquoi un flot considérable de voyageurs – la plupart Quimpérois – prit d’assaut les wagons. En un clin d’œil, ceux-ci, toutes classes confondues, furent bondés. On s’empila alors dans le fourgon, mais lui aussi devint vite

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