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Un mardi soir...: Quand les reflets prennent vie : un thriller fantastique entre réalité et miroir
Un mardi soir...: Quand les reflets prennent vie : un thriller fantastique entre réalité et miroir
Un mardi soir...: Quand les reflets prennent vie : un thriller fantastique entre réalité et miroir
Livre électronique284 pages3 heures

Un mardi soir...: Quand les reflets prennent vie : un thriller fantastique entre réalité et miroir

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À propos de ce livre électronique

Et si votre reflet décidait de prendre votre place ?

Dans un monde contemporain où la réalité semble bien ancrée, un événement imprévu fait basculer l'équilibre : une éruption solaire a ouvert un passage invisible entre notre monde et celui des reflets. Dès lors, les miroirs deviennent les portails d’une invasion silencieuse : celle des doubles, des reflets qui en ont assez de suivre les mouvements de leurs originaux. Ils veulent vivre, ressentir, agir... et prendre votre place.

Plus les jours passent, plus les reflets traversent les miroirs, parfois en emportant les originaux de l'autre côté. Pire encore : les destins des deux entités sont liés. Si l'un meurt, l'autre aussi.

Dans ce roman haletant, Laurence Prin livre un récit unique où suspense, science et fantastique s’entrelacent pour explorer notre plus étrange alter ego : nous-mêmes. Un premier roman captivant qui réinvente les codes du fantastique moderne.À PROPOS DE L'AUTEUR

Laurence Prin est professeur documentaliste dans le département des Vosges. "Un mardi soir" est son premier roman. L'originalité du scénario détone sur les poncifs du genre dans la littérature de science-fiction. À cela s'ajoutent la fraîcheur et la limpidité du style. Il se lit d'une traite et captive tout du long. Les chapitres s’égrènent et on reste suspendu à la suite, adhérant au scénario qui gagne en force et en plausibilité au fil de la lecture. Pour un premier roman, c'est une réussite ! Retrouvez dès à présent tous les romans, bandes-annonces de la maison d'édition Polar Passion sur Youtube: https://www.youtube.com/@chantalherbe6128
LangueFrançais
ÉditeurPolar Passion
Date de sortie16 mai 2025
ISBN9782487612174
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    Aperçu du livre

    Un mardi soir... - Laurence Prin

    Un mardi soir…

    À mon père, l’apôtre des gentils. Le rire est le propre de Paul.

    Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays. L’auteur ou l’éditeur est seul propriétaire des droits et responsable du contenu de ce livre.

    Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    Dépôt légal décembre 2024

    © Éditions Polar passion

    41 Avenue de Nontron

    24450 Miallet France

    ISBN 978-2-487612-17-4

    Comme tous les mardis soir…

    Le mardi soir, elle avait la maison pour elle toute seule. Les enfants étaient chez leur père jusqu’au lendemain, c’était leur soirée natation, leur moment rien qu’à eux. Et Pete était à son club de tennis. Elle en profitait pour se poser, écouter le silence et observer ce décor si familier et pourtant si étranger, sans l’agitation quotidienne de sa petite tribu. Elle s’imaginait dans une bulle coupée du monde, qui flottait, voyageait à travers l’espace, protégée du tumulte et du brouhaha de la vie.

    Elle se pelotonnait dans le canapé, bien au chaud sous un plaid, avec un bon livre, un verre de vin et de la musique en fond. Le chat arrivait, la regardait en miaulant.

    — Ça y est, ils sont partis ? semblait-il demander.

    Puis, il sautait sur le canapé, commençait sa toilette en ronronnant, s’installait sur ses pieds.

    Ce petit rituel était apaisant. Elle en avait besoin, avant de reprendre le cours de sa vie, qu’elle aimait tant, mais qui demandait beaucoup d’énergie. C’était son moment rien qu’à elle, où elle pouvait être égoïste, faire ce qu’elle voulait, le reste pouvait attendre quelques heures.

    Chaque mardi soir, elle se retirait du monde pour faire une halte. La Terre pouvait tourner sans elle, pendant un petit moment.

    Mais ce mardi soir là n’était pas tout à fait comme les autres. Elle ressentait un léger malaise, comme si elle n’était pas chez elle. Elle n’arrivait pas à se détendre complètement.

    — La fatigue, sans doute, se dit-elle.

    La semaine passée avait été très chargée, et le week-end avait défilé à toute vitesse, entre les courses, la paperasse et un dîner chez des amis qui s’était prolongé tard dans la nuit, ou plutôt jusqu’au petit matin.

    Elle sortit sur la terrasse, sur laquelle donnaient le séjour et la cuisine, pour s’aérer un peu. L’air était encore doux en cette fin d’été. Elle resta un moment, les yeux fermés, le nez au vent, le chat ronronnant dans ses jambes. Puis elle regarda à nouveau la ville qui s’étendait à ses pieds. Cette vue était toujours aussi magique. C’était l’une des raisons qui les avait fait choisir cet appartement. Un gros coup de cœur, dès la première visite, qui s’était confirmé à la suivante. Ils avaient fait une offre sans attendre, de peur qu’un autre acquéreur ne se présente. En fait, ils étaient trois, mais c’était leur dossier qui avait été finalement retenu.

    Elle regarda encore un moment l’agitation de la ville, qui lui parvenait en sourdine. Puis, alors qu’elle se dirigeait vers l’intérieur, elle entendit une voix masculine venant de la terrasse voisine. Elle n’y prêta pas tout de suite attention, mais pourtant un détail l’intrigua, sans réussir à savoir quoi. En tendant un peu l’oreille, elle finit par se rendre compte que l’homme parlait une langue étrangère. Elle eut beau essayer de la reconnaître, elle ne ressemblait à aucune qu’elle avait déjà entendue. Les voisins devaient recevoir des amis venus d’un pays lointain. La chance ! Peut-être les avaient-ils rencontrés lors d’un voyage et ils les avaient invités à venir découvrir - à leur tour - leur pays, leur façon de vivre, leurs traditions, leur gastronomie, etc.

    — Décidément, j’ai vraiment trop d’imagination, soupira-t-elle, en refermant la porte-fenêtre.

    Le malaise était toujours là, diffus, mais persistant. Un détail clochait, mais elle n’arrivait pas à savoir quoi. Quelque chose la dérangeait, elle se sentait comme une intruse, une étrangère chez elle. Elle avait beau regarder autour d’elle, rien n’avait changé, rien n’avait bougé.

    Tout était à sa place.

    Enfin le croyait-elle.

    Le verre de vin à sa gauche, sur la table basse où trônait la magnifique lampe qu’elle avait chinée aux puces, à Londres, un dimanche matin de début de printemps, quand le soleil réchauffe, et qu’un petit courant d’air vient caresser les joues et les cheveux.

    Le verre de vin à gauche… sur la table… à gauche… à côté de la lampe… à gauche…. Comme toujours… À gauche…

    — Mais non ! s’écria-t-elle. Cette table a toujours été à droite du canapé, depuis le jour où on a emménagé ! Je ne suis pas folle quand même !

    Elle était devant la baie vitrée, qui se trouvait ce soir : à sa gauche.

    — Mais que se passe-t-il ?

    Un rêve ? Une perte de mémoire ?

    Elle réfléchit, se dit que la fatigue lui faisait perdre ses repères. Il était impossible que les meubles (et même les murs !) aient bougé.

    — Ça n’existe que dans les dessins animés, quand une fée ou une sorcière agite sa baguette magique, se raisonna-t-elle.

    Elle alla chercher un verre d’eau fraîche dans la cuisine et le but lentement, en essayant de se détendre. Elle s’assit et ferma les yeux, en respirant profondément, pour se calmer et reprendre ses esprits. Tout serait rentré dans l’ordre lorsqu’elle rouvrirait les yeux. Elle devait juste prendre le temps.

    Elle entrouvrit les yeux et regarda avec anxiété tout autour d’elle. La situation ne s’était pas arrangée. Tout était normal, mais différent, tout était à sa place, mais à l’envers. Elle traversa l’appartement, inspecta la cuisine, le couloir, les chambres, la salle de bain. Comme elle s’y attendait, tout en le redoutant, chaque pièce, chaque objet, chaque meuble était à sa place, mais à l’envers.

    Avait-elle, telle une Alice adulte des temps modernes, traversé le miroir ? C’était déjà angoissant quand on le lisait dans une histoire, mais, quand on le vivait, c’était carrément terrifiant !

    — C’est surtout irréel ! pensa-t-elle. Ce n’est pas possible. Les sortilèges et les contes de fées n’existent pas en vrai. Tu devrais le savoir, à ton âge !

    Elle se sentait flotter, dans un autre monde, dans le corps d’une autre personne qui pourtant lui ressemblait, mais à l’envers.

    — Mais que se passe-t-il, à la fin ? s’écria-t-elle, en sentant la panique lui nouer la gorge.

    Prise d’une impulsion, elle ressortit sur la terrasse, où tout était également inversé. Et, encore plus troublant, la rue en bas, les immeubles en face et toute la ville, qu’elle pouvait apercevoir, était inchangée, mais à l’envers. La boulangerie était à gauche, la supérette à droite et elle apercevait les tours du quartier d’affaires à l’est, et non plus à l’ouest.

    Tout paraissait normal et les piétons et les véhicules circulaient comme si de rien n’était, sans avoir l’air surpris de ce changement.

    — Suis-je la seule à me rendre compte de la situation ? Est-ce mon imagination ? Est-ce que je deviens folle ? Ou pire : j’ai un problème au cerveau qui me fait halluciner ? s’inquiéta-t-elle.

    Elle rentra et se dirigea vers l’entrée. Quand elle ouvrit la porte qui donnait sur le palier, évidemment, elle trouva l’ascenseur à droite et l’escalier à gauche, comme s’ils avaient échangé leur place.

    Elle regarda la sonnette à côté de la porte d’en face. Le nom écrit était étrange.

    — On a même changé de voisins ? s’étonna-t-elle. Aussi soudainement ? Comment est-ce possible ? Et sans qu’on s’en aperçoive, en plus !

    Elle se décida à descendre dans la rue, non sans appréhension, comme si quitter l’appartement, son port d’attache, risquait de lui faire perdre tout contact avec son monde, sans espoir de retour.

    — C’est complètement idiot ! tenta-t-elle de se raisonner. Tu dérailles, ma vieille !

    Mais ce sentiment ne la quittait pas.

    Arrivée sur le trottoir, elle tourna la tête à droite, puis à gauche, et reconnut chaque maison, chaque magasin, mais inversés, comme s’ils s’étaient amusés à changer de place pendant qu’elle ne regardait pas, pendant qu’elle était dans son cocon du mardi soir.

    Elle trouvait cela absurde, même impossible ! Et pourtant c’était là, sous ses yeux. Et les passants ne semblaient pas perturbés, tout était normal. Le problème venait d’elle à l’évidence. Elle prendrait rendez-vous chez son médecin le lendemain.

    Elle fit quelques pas dans la rue, puis commença à traverser sur le passage-piétons, quand un coup de klaxon la fit sursauter : elle n’avait pas vu la voiture qui arrivait du mauvais côté. Avant de traverser, elle avait regardé à gauche, comme d’habitude. Mais la voiture roulait du mauvais côté de la rue. Le conducteur lui-même, énervé, était assis à droite du véhicule. Comme en Angleterre ou en Australie !

    — Évidemment, c’est logique dans un monde inversé, songea-telle.

    Elle se réfugia sur le trottoir, fuyant les insultes de l’automobiliste, qu’elle ne comprit pas. Au ton employé, elles ne semblaient pas très sympathiques.

    En repassant, elle découvrit que même les enseignes étaient écrites à l’envers ! Cela ne l’avait pas choquée en passant la première fois. Elle était tellement habituée à les voir. Elle ne les regardait plus vraiment.

    Devant la pizzéria, un jeune homme distribuait des prospectus. Elle prit celui qu’il lui tendait et le regarda. Écrit à l’envers, évidemment. Elle reconnut des chiffres et des pourcentages : des bons de réduction, certainement.

    Arrivée devant son immeuble, elle composa vite le code, afin de fuir ce monde si bizarre. Mais la porte ne s’ouvrit pas. Elle réessaya, en vain. Comment allait-elle faire si le code avait changé ? Qu’allait-elle devenir si elle ne pouvait plus rentrer chez elle ? La panique la gagna. Elle pianotait sur le clavier à toute vitesse, les yeux brouillés de larmes de rage et de désespoir. Décidément, tout allait de travers ! Enfin, à l’envers plutôt.

    — Mais oui ! Bien sûr ! s’écria-t-elle.

    Elle essaya de composer le code dans le sens inverse et la porte s’ouvrit.

    — Quelle tartouille ! se dit-elle. Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt !

    L’expression la fit sourire malgré elle et malgré le stress. Sa sœur et elle l’avaient inventée quand elles étaient enfants, pour pouvoir jurer sans gros mots et échapper ainsi aux foudres des parents.

    En sortant de l’ascenseur, elle regarda à nouveau le nom sur la sonnette des voisins. Il était écrit à l’envers, évidemment ! Voilà pourquoi elle ne l’avait pas reconnu la première fois. Elle fut cependant, en quelque sorte, rassurée de découvrir qu’il s’agissait bien du nom de ses voisins habituels.

    — Quelle expression bizarre voisins habituels, pensa-t-elle. Comme si on avait pu les changer en quelques heures, les faire disparaître et les remplacer par des inconnus.

    Mais elle n’en était plus à cela près, elle se demanda même si cela l’aurait étonnée, dans ce monde si normal en apparence et pourtant si peu familier, si déroutant.

    Elle rentra et referma la porte derrière elle.

    Elle alla se passer de l’eau sur le visage, dans la salle de bains. En relevant la tête, son regard accrocha son reflet dans la glace. C’était bien elle, en apparence en tout cas, car il lui sembla découvrir une lueur bizarre dans le regard, qu’elle ne connaissait pas. Une sensation dérangeante.

    — Tu es vraiment en train de délirer ! se sermonna-t-elle.

    Elle ferma les yeux un moment, puis les rouvrit. Rien n’avait changé. Normal, ceci dit.

    Soudain, elle perçut un mouvement dans la glace, alors qu’elle n’avait pas bougé. Était-ce le chat qui était passé ? Elle regarda autour d’elle, mais elle était seule. Elle se tourna à nouveau vers le miroir et vit son reflet. Celui-ci cligna de l’œil. Elle sursauta :

    — Quoi ? Mais c’est pas possible !

    Elle se dit qu’elle avait dû rêver.

    Elle regarda plus attentivement. Son reflet, ou plutôt son moi qui était en face d’elle, lui fit un signe de la main, puis se pencha vers elle comme pour la toucher ou, pire, l’attraper.

    Elle hurla et se précipita hors de la salle de bains, en claquant la porte derrière elle. Elle courut se réfugier dans le salon. Le chat la regarda, surpris, puis se leva et se dirigea dans le couloir, en direction de la porte de la salle de bains, prudemment, lentement, les oreilles en arrière.

    Elle l’attrapa et le ramena au salon, en fermant la porte du couloir, loin du miroir de la salle de bains : à l’abri.

    Tremblante, elle essaya de réfléchir à la situation, mais celle-ci était tellement impossible. Sa tête devait dérailler. Aucune explication logique ne lui venait à l’esprit. Les objets ne bougeaient pas, et encore moins les murs et les maisons. Les reflets dans les miroirs ne pouvaient pas avoir une vie propre, se mouvoir de façon autonome.

    Elle prit son téléphone et composa le numéro de Pete. Elle n’obtint qu’un message automatique, énoncé par une voix qu’elle ne connaissait pas et qu’elle ne comprit pas. Évidemment, elle avait composé un mauvais numéro. Elle aurait dû le taper à l’envers. Elle essaya, en repensant à cette langue étrange sur le répondeur de l’autre côté de la ligne. Cette situation devenait vraiment très déstabilisante. Mais, à la première sonnerie, elle eut un doute.

    — Que vais-je lui dire ? Que le monde est à l’envers ? Que les gens parlent bizarrement et que, même le reflet dans la glace, a essayé de me toucher ?

    Il ne la prendrait pas au sérieux. Pire, il penserait qu’elle était devenue folle et la ferait interner.

    — Ce que je suis peut-être, d’ailleurs, se dit-elle.

    Elle se rendait compte de l’effet qu’aurait son récit. Enfin, s’il arrivait à la comprendre. Parlait-il également à l’envers, lui aussi ? Comment ferait-elle pour communiquer avec lui dans ce cas ? Ces questions lui paraissaient tellement irréelles, absurdes.

    Elle raccrocha et se blottit sous le plaid. Tremblante et paniquée.

    Son téléphone vibra. Évidemment, c’était Pete qui la rappelait, à en croire le numéro affiché, également à l’envers. Elle n’osa pas décrocher.

    Lorsqu’un bip indiqua un nouveau message, elle interrogea son répondeur et découvrit la voix de Pete. Oui, il s’agissait bien de sa voix, mais elle sonnait bizarrement. La langue qu’il parlait était étrangère. Il parlait à l’envers, comme elle le craignait.

    — Non, c’est impossible ! cria-t-elle, les larmes aux yeux. On me fait une blague, c’est ça ? Mais pourquoi ? C’est pas drôle !

    Puis, elle se ressaisit :

    — Mais non ! C’est irréalisable ! On ne peut pas déplacer les meubles, l’appartement, et encore moins la rue et les immeubles !

    Elle devait rêver et il fallait à tout prix qu’elle se réveille pour faire cesser ce cauchemar.

    Elle se pinça, se leva, alla boire un autre verre d’eau dans la cuisine, sortit respirer l’air frais sur la terrasse, se forçant à retrouver ses esprits et à se réveiller. Mais rien ne se passa. Non, elle ne rêvait pas, cette situation cauchemardesque était bien réelle.

    Elle repensa à son autre elle dans le miroir de la salle de bains et frémit. C’était impossible et effrayant, comme dans ces mauvais films d’horreur, mal joués, mais qui font si peur malgré tout.

    Elle ouvrit la porte du couloir et jeta un œil inquiet en direction de la salle de bains, à l’affût d’un bruit suspect, mais tout était silencieux. Elle savait qu’elle devait y retourner, mais l’idée l’affolait, comme une petite fille qui a peur du monstre caché la nuit dans son placard. Elle tenta de se raisonner et de se persuader qu’elle avait rêvé, que ce qu’elle avait cru voir n’était pas réel. Mais elle n’arrivait pas à s’y résoudre. Pourtant, une partie de l’explication de ce mystère était là, elle le savait au fond d’elle-même. Elle y trouverait certainement des réponses à ses questions.

    Elle tendit encore l’oreille, mais ne perçut aucun bruit en provenance de la salle de bains. Elle fit quelques pas, s’arrêta, prête à renoncer, mais continua. Arrivée devant la porte, elle écouta de nouveau, puis ouvrit tout doucement, en tremblant. Elle jeta un coup d’œil rapide, avant d’entrer, en évitant de regarder dans le miroir. Elle respira profondément et compta jusqu’à trois, avant de lever les yeux vers son reflet. Celui-ci la regardait en souriant, les bras croisés, apparemment inoffensif. Elle lui demanda, en tremblant :

    — Qui ? Qui êtes-vous ?

    Elle se sentait un peu ridicule de s’adresser à un miroir. Si quelqu’un était entré à ce moment-là, il l’aurait prise pour une folle ! Le reflet ne répondit pas, ce qui n'était pas vraiment étonnant. Puis la femme dans le miroir tendit l’index vers elle. Voulait-elle dire qu’elle était elle ?

    Argh ! Cette phrase est absurde ! se dit-elle.

    Elles se regardèrent un long moment dans les yeux (encore une phrase étrange). Elle leva la main, l’autre l’imita. Elle se toucha le nez en louchant et fut pastichée instantanément (à se demander laquelle des deux faisait les gestes en premier).

    Elle se raisonna :

    — Arrête de délirer ! Tout est parfaitement normal. Tu vois bien que ton reflet fait exactement les mêmes gestes que toi. Comme tous les reflets, quoi !

    Puis, l’autre elle reprit son indépendance, croisa à nouveau les bras et la regarda sans bouger.

    — Non ! Ça va pas recommencer ! cria-t-elle.

    La femme dans le miroir prit un air moqueur, sans rien dire.

    — Que se passe-t-il ? Tout ça n’est pas réel !

    L’autre fit de la buée sur la surface et commença à tracer des mots, à l’envers, pour qu’ils soient à l’endroit pour elle :

    — Passée de l’autre côté du miroir.

    Elle écarquilla les yeux :

    — Quoi ?

    — Échangé nos places.

    — Mais c’est totalement impossible !

    — Tout est possible dans le monde reflété.

    — C’est quoi, le monde reflété ? demanda-t-elle, de plus en plus perdue.

    — De l’autre côté du miroir.

    Prenant conscience du caractère absurde de cette conversation, elle cria :

    — Que se passe-t-il ? Pourquoi est-ce que je suis dans ce monde ? Comment arrêter ce cauchemar ?

    Les mots apparurent lentement sur la surface lisse, glaçants :

    — J’en avais assez d’être ton reflet et de faire tout ce que tu décidais.

    À la lecture de ces mots, elle chancela comme si elle avait reçu un coup de poing. Décidément, elle devenait complètement folle ! Cette situation était tout simplement impossible !

    Quand elle releva la tête, son reflet avait disparu du miroir.

    — De mieux en mieux, murmura-t-elle.

    Elle s’approcha et vit sa salle de bains dans le bon sens, comme elle l’avait toujours connue. Puis, elle perçut un mouvement derrière la porte. Son reflet revenait avec le chat dans les bras, très agité, les oreilles en arrière, comme lorsqu’il est mécontent ou méfiant. Quand

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