Explorez plus de 1,5 million de livres audio et livres électroniques gratuitement pendant  jours.

À partir de $11.99/mois après l'essai. Annulez à tout moment.

Le Monde des Autres
Le Monde des Autres
Le Monde des Autres
Livre électronique144 pages1 heure

Le Monde des Autres

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Holy est une jeune adolescente de 13 ans. Un soir, alors qu'elle se retrouve seule chez elle, son monde bascule soudainement. Les objets s'évanouissent, les murs se déforment et des silhouettes inquiétantes surgissent. De l'autre côté du miroir, un univers mystérieux l'attend. Que lui arrive-t-il? Une seule certitude demeure: ce n'est pas un jeu. Celui qui se perd de l'autre côté n'a aucune chance de revenir.
LangueFrançais
ÉditeurBoD - Books on Demand
Date de sortie14 avr. 2025
ISBN9782322666775
Le Monde des Autres
Auteur

Nathalie Antien

Nathalie Antien est auteure illustratrice jeunesse. Elle se diversifie dans les publications, écrivant aussi bien des albums éducatifs illustrés pour les jeunes enfants que des romans, recueils de nouvelles et carnets de voyage pour les plus grands. Elle réside dans le sud-ouest de la France.

En savoir plus sur Nathalie Antien

Auteurs associés

Lié à Le Monde des Autres

Livres électroniques liés

Avis sur Le Monde des Autres

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Le Monde des Autres - Nathalie Antien

    Chapitre 1

    Minuit vient de sonner à la vieille pendule poussiéreuse qui orne l'entrée austère de la grande maison. Holy y habite. A ses yeux, elle ressemble davantage à un vaste labyrinthe plutôt qu'à un foyer où on se sent bien. Il faut dire qu'Holy est toute petite. Pas plus haute que trois pommes disent les adultes de son entourage. Mais Holy s'en moque éperdument. Elle se sent grande. D'ailleurs, elle vient d'avoir 13 ans. Au diable les réflexions des autres. Elle s'en fiche. Ils sont méchants, voilà tout. Et elle n'a que faire de tous ces bavardages inutiles. Elle vit bien toute seule. Les amis, elle les compte à peine sur les doigts de la main. Il y a Annie, bien sûr, sa meilleure amie, qui, à la première occasion, lui casse du sucre sur le dos. Elles se confient parfois des sensations, des sentiments profonds mais quand elle y réfléchit, Holy ne se dévoile que rarement. Peut-être ne lui faitelle pas suffisamment confiance ou n'a-t-elle pas vraiment envie de partager ses problèmes avec elle. Holy contemple la pendule. Le balancier oscille lourdement de gauche à droite et la maison s'emplit d'un bruit étrange. Même certaines vitres se mettent à trembler. Elle entend la vitrine de la salle à manger qui vibre, faisant tinter les bibelots en porcelaine de chine préférés de sa mère. Déjà minuit! Pourquoi ne rentrent-ils pas? Il doit se passer quelque chose. Les parents sont sortis depuis trop longtemps déjà, pense-t-elle. Elle n'est pas vraiment inquiète mais ils n'ont guère l’habitude de rentrer si tard.

    La sonnerie du téléphone la surprend tellement qu'elle fait un bond en arrière de telle sorte que son coude heurte le guéridon situé à gauche de l'horloge. Il bascule dans un fracas épouvantable. Holy hésite quelques secondes. Faut-il le ramasser? Et puis tant pis, maman sera sûrement en colère. Elle se rue sur le téléphone qui se trouve dans la cuisine, non loin de l'entrée principale. C'est déjà la quatrième sonnerie et la maison parait grincer d'agacement sous ces hurlements stridents.

    — Allo, qui est à l'appareil ?

    — C'est nous, chérie. Tout va bien.

    Un petit sourire au coin des lèvres, Holy s'empresse de répondre.

    — Pas de problème pour moi non plus.

    Ses parents vont bien. Tant mieux. Un souci de moins à gérer dans sa tête d’adolescente.

    — On ne rentrera pas ce soir. Les Maurins nous invitent à rester. La soirée devrait se prolonger tard dans la nuit. Nous dormirons sur place.

    — Tu n'auras pas peur toute seule? Fermes bien toutes les portes surtout.

    — A demain, ne t'inquiète pas.

    Avec un sursaut d'affection, elle ajouta.

    — Je vous aime tous les deux.

    — Nous aussi, chérie.

    Sa mère raccroche presque aussitôt. Lentement Holy remet le combiné en place. Elle tend l'oreille. Il n'y a que le silence. Les coups retentissants de l'horloge se sont tus.

    Holy ne perçoit plus que le tic-tac incessant. Elle va jusqu'à la fenêtre comme pour s'assurer que rien d'anormal ne se passe dehors. Les arbres oscillent doucement. Leurs branches grises ressemblent à des bras désarticulés dans la nuit noire. On dirait qu'ils tentent d'attraper quelque chose entre leurs griffes. Soudain, elle frissonne. Il ne fait pourtant pas froid dans la pièce. C'est sans doute la mieux chauffée de la maison. Elle sent un courant d'air lui frôler la joue, puis entend un petit bruit qui semble venir de l'étage. Et puis plus rien. Sans doute le plancher qui craque. Il n'y a pas de quoi s'affoler. Elle décide d'aller vérifier les portes et les fenêtres de la demeure. Il y en a plus d'une vingtaine, si ses souvenirs sont bons. Après un tour d'inspection rapide mais méticuleux, elle pousse un soupir, comme si elle voulait se persuader que tout va bien.

    Elle se dirige vers l'escalier qui conduit à l'étage. Il est grand temps de se coucher sinon la journée du lendemain risque d'être plutôt difficile. Les marches glissent sous chacun de ses pas. Elles semblent tellement lisses. Il est vrai que sa mère les nettoie scrupuleusement. Avant d'arriver au premier étage, elle passe devant le grand miroir baroque orné de sculptures grossières représentant des anges ou je ne sais quoi y ressemblant. C'est alors que le même courant d'air glacial lui souffle sur la joue, puis lui enveloppe la nuque. Machinalement, Holy se retourne. Elle a bien cru voir une ombre à peine perceptible se profiler devant la glace poussiéreuse. Son regard va de droite à gauche, sans percevoir quoi que ce soit. Elle se retourne à nouveau.

    Tout est calme. On entend le feuillage des arbres qui s'agite au dehors, le tic-tac de l'horloge mais rien d'inhabituel. Rien n'est venu déranger le calme de la nuit. Et pourtant…

    Elle a cette étrange sensation que quelqu'un la surveille. Son regard se porte à nouveau sur le miroir. Elle plisse légèrement les yeux mais n'y perçoit que son image. Il faudra que maman pense à l'épousseter un de ces quatre! pense-t-elle. Elle hausse les épaules, soupire et continue son ascension jusqu'à sa chambre. Celle-ci se trouve au fond du couloir. On ne peut la manquer. C'est la seule porte colorée de la maison. Le couloir est sombre et dénudé mais le jaune vif de la porte enflamme l'endroit comme une torche vive et lui redonne vie. Elle a tellement insisté pour qu'on lui peigne sa chambre et qu'on la personnalise. Elle ne supportait plus ces grands murs fades où même la lumière du jour n'osait plus se refléter. Bien sûr, ce fut l'occasion de mesquineries à son égard. Tu as vu, elle fait des caprices de bourgeoise. Faut dire qu'elle est jeune disaient les autres. Holy s'était bouchée les oreilles, les avait ignorés d'autant que maintenant, elle avait son univers à elle. Dès à présent, Holy ouvre la porte, tourne l'interrupteur et la lumière jaillit. La luminosité provient de trois ou quatre petites lampes, disposées çà et là au beau milieu des livres, des poupées de collection et d'objets en tout genre.

    Holy fait partie de ces jeunes conservatrices qui ne jettent rien, au grand désarroi de ses parents. Elle respire à fond. Elle aime l'odeur qui se dégage de cette pièce. Il y fait bon rêver, il y fait bon dormir. Holy apprécie sa quiétude. Elle ferme doucement la porte derrière elle, après avoir pris soin d'éteindre les lumières du rez-de-chaussée et de l'escalier. Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid. Elle n'entend plus le vent, elle n'entend plus l'horloge. Elle ne perçoit que le silence, pesant, envahissant, presque insupportable ...

    Voilà qu'elle s'allonge et s'endort presque aussitôt, d'un sommeil lourd qui lui donne la sensation que son corps s'enfonce au creux du matelas. Elle frissonne comme si la fièvre l'enveloppait. A peine a-t-elle eu le temps de savourer cet instant qu'un bruit assourdissant se fait entendre dans la maison et la réveille en sursaut. Machinalement, elle jette un coup d'oeil à son réveil. Il est 1h30 du matin. Elle n'a guère eu de sommeil. Mais qu'est ce qui a pu provoquer un pareil vacarme?

    Holy allume la lampe de chevet et manque de la faire basculer par son geste maladroit.

    Elle repousse les couvertures d'un geste lent et, somnolente, elle se lève pour aller ouvrir la porte. Sa main est déjà sur la poignée quand elle entend à nouveau un grand bruit provenant sans doute du rez-de-chaussée. Sa main tourne la poignée à droite puis à gauche, sans succès. Celle-ci résiste. La porte ne s'ouvre pas.

    Holy s'imagine tout d'abord que le bois a pu gonfler avec 1 'humidité. Même si la peinture est neuve, les boiseries ne sont plus en très bon état. Mais la maison est très bien chauffée et on ne ressent que très rarement de l’humidité sauf quand il pleut pendant des semaines. Pourquoi cette porte reste-t-elle bloquée, alors? Holy se sent gagnée par l'angoisse.

    Et si j'étais prisonnière! pense-t-elle.

    Elle secoue la tête comme pour chasser cette pensée stupide. Elle essaye une nouvelle fois sans plus de succès. De l'autre côté, elle perçoit le vacarme. On dirait que la maison est pleine de monde, comme si quelqu'un donnait une fête.

    Elle voit les flashs de lumières sous la porte. Des ombres se forment et s'évanouissent, laissant penser que quelques invités égarés déambulent dans le couloir. Holy n'a pas vraiment peur car il lui en faut davantage pour être terrifiée. C'est plutôt qu'elle ne sait pas quoi penser. Sans trop savoir pourquoi, elle va jusqu'à la fenêtre. Il fait nuit noire à

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1