Qadar

Par Boris Parmeland

Nouvelle inédite de dark fantasy : Morgana, fille unique du meilleur navigateur de la péninsule, brûle de venger la mort de son père. Pour ce faire, elle embarque sur un immense galion affrété pour la traque de "Qadar", le titan des profondeurs ayant fait sombrer son navire.

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Boris PARMELAND, être humain banal, vit parmi plus de 8 milliards de ses congénères sur une petite planète orbitant autour d’une naine jaune quelconque. Près d’Avignon. Auteur à ses heures gagnées, il se dit troublé par les notions de temps, de chance et de destin, autant de thèmes infusant immuablement ses propositions littéraires. Du côté publication, il est l’auteur d’une nouvelle fantastique intitulée « Fortune » (parue dans le recueil Solstice d’été aux éditions Inusitées), d’un récit de science-fiction nommé « Rédemption » (publié dans Géante Rouge HS-2022), ainsi que d’un texte d’anticipation « La toile » (anthologie Réseaux sociaux et numériques dans le futur aux éditions Arkuiris).

• Langue: Français
• Éditeur: Tourments
• Date de sortie: 10 oct. 2024
• ISBN: 9782372243308

Aperçu du livre

Boris Parmeland

QADAR

Collection audio

Éditions des Tourments

L’océan sombre balançait autour de moi. Sous la lueur blafarde de la Lune, les vagues s’agitaient en un sinistre ballet. Face au roulis et au tangage, j’empoignais du regard l’horizon. Les embruns cinglaient mon visage, l’ondulation des flots me ployait et creusait mes entrailles.  Les spasmes se succédaient et des vomissements menaçaient d’accompagner chacune de mes inspirations. Suite à une violente embardée, le maigre contenu de mon estomac s’élança à la conquête de ma gorge. Mes mains fouillèrent le vent salé en quête d’un ancrage. Je parvins à m’agripper au bastingage et me traînai jusqu’au dalot le plus proche où je rendis tripes et boyaux. Prosternée en une dévotion incongrue, j’offrais au dieu des eaux vives jusqu’à ma bile.

J’ai toujours maudit la mer. Elle possédait mon père et ne le relâchait qu’en de rares occasions. Je ne m’habituais jamais à nos adieux. En tant que meilleur capitaine de la péninsule, il était le lien ténu nous reliant à la protection de la Couronne. Un regard lui suffisait à lire les vents et les courants, disait-on, alors je devais me montrer fière et le laisser voguer pour le bien commun. Les matriarches du pensionnat où je grandis s’évertuèrent à m’inculquer les vertus de l’acceptation et du fatalisme. En vain. Quand il regagnait la terre, le monde se peignait de teintes vives. Dans ses bras je vivais plus fort, même si, je le sais à présent, mon image l’écorchait un peu plus à chaque retrouvaille. Il ne me reprocha jamais la mort de sa compagne lorsqu’elle me donna la vie, sa vie. Il me nomma Morgana - l’enfant de la mer - et me répéta à l’envie que j’avais hérité d’elle ses yeux couleur tempête et son sourire enchanteur.

— Matez-moi ce