Pirates ! 2 Arthémise De Lomvast
Par Luc Dragoni
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À propos de ce livre électronique
Par une matinée brumeuse du début de l'été 1720, la « Brigantine », splendide vaisseau qui porte le même nom que la femme qui le commande, navigue paresseusement dans le Sud de la Mer Méditerranée ; mais la jeune Capitaine s'ennuie autant qu'elle se morfond.
Peu avant d'attaquer une misérable Goélette qui croise dans les parages, cette impitoyable Pirate se remémore le temps passé et se souvient de la jeune fille qu'elle était, la jeune fille qui traversa le grand océan et vécut dans le chaud climat des Indes Occidentales, la jeune fille indépendante et curieuse de tout, la jeune fille à qui rien de mal ne pouvait jamais arriver …
« L'aube se lève et éclaire de ses feux ocres et orangés la petite île à la forme allongée, qui semble posée sur la surface de l'eau, isolée mais en même temps voisine de la grande terre aperçue la veille, lors du dernier jour de cette traversée.
Le très long voyage vient de se terminer. Pour cette famille de colons, dont le nouveau lieu de vie se situera ici même, de l'autre côté du grand Océan et à l'extrémité des Indes Occidentales, le royaume de France et cette froide province du Nord, berceau de leur lignée, ne sont plus désormais qu'un vague souvenir. »
Luc Dragoni
Passionate about naval subjects, I wrote this novel about piracy, whose action takes place first in the Canary Islands and then in the West Indies. The story is mainly composed of two heroines, who sometimes will be opposed to each other and will eventually become friends and accomplices. Enjoy reading ^^
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Aperçu du livre
Pirates ! 2 Arthémise De Lomvast - Luc Dragoni
ISBN : 979-8227908933
Droits d'auteur enregistrés,
CopyrightDepot.com sous le numéro 00055146-2
Copyright © 2024, Luc Dragoni
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LucD.auteur@hotmail.com
Chapitre I – Océan
Lassitude
Une nouvelle vie
Les sept îles en or
La fille du vent
Mers du Sud
Chapitre II – Tabago
Nouvelle Grenade
Turquoise
Mélancolie
La Grand Case
Les esclaves
Chapitre III – Rhum
Le code noir
Une découverte
Les Pirates
Le châtiment
Féroce
Chapitre I – Océan
Lassitude
Sur le grand bureau en bois sombre et verni, l’araignée rousse semble dormir. Une légère houle, pacifique et amicale, fait doucement osciller la cabine du Capitaine. A l’extérieur la brise est faible et de nombreux bancs de brume entourent le navire. C’est l’ennui à bord et l’équipage somnole car la « Brigantine », bien que toutes voiles dehors, n’avance presque pas ; en effet, le loch vient de mesurer à peine trois nœuds !
Il n’y a vraiment rien à faire. L’ensemble du bateau a été brossé et nettoyé de fond en comble, les voiles et les cordages ont été vérifiés et entretenus, seules quelques réparations restent à faire suite aux dommages subis par la dernière tempête, et les canons, toujours en parfait état de marche, sont prêts à faire feu si cela s’avérait nécessaire ; leurs fûts de métal gris et brillant apparaissent à travers les sabords restés ouverts au cas où quelque navire marchand viendrait à croiser dans les parages. Mais aujourd’hui et ce depuis plusieurs jours, il n’y a rien à se mettre sous la dent !
— Maudite mer Méditerranée ! Se dit-elle à voix basse, et puis elle se met à penser...
Ici les vaisseaux de commerce ne transportent pas de richesses aussi somptueuses et imposantes qu’au nouveau monde. Ce sont toujours les mêmes chargements : ravitaillements de base, nourriture, eau ; si ce que contiennent leurs barriques peut être qualifié de nourriture et d’eau ! Quant au vin, certes il coule à flots mais il est souvent acre et piquant, tout juste bon pour le gosier de tous ces soulards ! Celui qui se laisserait boire, le meilleur d’entre eux, est expédié vers les colonies des Indes occidentales et le Rhum, ce bon vieux Rhum extrait de nos précieuses cannes à sucre, ne se trouve que très rarement dans ces régions et en plus il est particulièrement coûteux !
Pour son équipage elle n’est pas à court de vivres, bien au contraire. Mais depuis le temps, en compagnie de tous ces hommes, elle avait pris l’habitude d’offrir et de consommer quelques rations de ce doux breuvage des tropiques. Cela lui avait toujours donné du cœur à l’ouvrage et de la gaité au cœur !
Bien qu’elle soit encore une très jeune femme, elle se souvient avec un certain regret de ces quelques beuveries amicales et cela lui rappelle continuellement le temps passé de son adolescence et de ses débuts, souvent difficiles, dans cette nouvelle vie de pirate. C’était une époque très dure mais quelquefois heureuse et insouciante ; en effet, malgré le drame qu’elle avait connu, elle vivait un âge pendant lequel elle se sentait toujours fraîche, joyeuse et surtout invincible.
Mais à présent elle s’ennuie, elle est mélancolique et contrariée. Les arraisonnements trop peu nombreux qu’ils ont réalisés dans cette mer n’ont rapporté à ses yeux que des marchandises encombrantes, sans valeur et difficiles à stocker ou à négocier. En outre, ici tous les bateaux transportent des cargaisons similaires : ballots de laine et de tissu, tonneaux de vin ou d’huile. Seules la soie, les étoffes et les épices méritent qu’elle se donne la peine de lancer la chasse...
Assurément cette mer Méditerranée est aussi un espace peu sûr pour un navire pirate aussi solitaire que le sien ! Les petites îles inconnues offrant un mouillage accueillant et secret ne sont pas fréquentes dans ces contrées, et les armadas royales se déplacent partout ; elles paradent avec arrogance et exhibent leur toute puissance. Quant aux flottes barbaresques, elles comptent toujours plusieurs vaisseaux et son navire pirate ne pourrait sûrement pas lutter contre eux, au mieux réussirait-il à s’enfuir !
La jeune femme ne peut également s’empêcher de penser à cette terrible maladie dont personne n’ose prononcer le nom, mais qui dorénavant se rencontre à bord de certains navires et jusqu’au plus profond de leurs cargaisons ; cette atroce épidémie qui parvient peu à peu à décimer une cité toute entière...
— Ah les côtes méditerranéennes ! Rivages maudits et impurs !
Sur le bureau du Capitaine, dorénavant son propre bureau, la jeune femme, que tout le monde nomme désormais comme son bateau la « Brigantine », a tout de suite vu que la grosse araignée rousse s’était lentement déplacée...
— Toi aussi ma belle tu ne sais plus quoi faire ni comment occuper ton temps... Les gras insectes qui peuplent nos îles tropicales, ceux que tu chasses sans pitié, ne font pas légion ici ! Où sont donc nos chaudes journées, notre air doux et humide et notre abondante végétation ?
A voix basse, elle parle à son animal comme si elle parlait à une personne et par moments leurs regards se croisent ; ainsi, de façon nonchalante la jeune femme a posé ses yeux d’un vert émeraude sur les nombreuses petites prunelles noires et vides de toute expression de sa compagne velue. Elle a aussi avancé sa longue main tout près de la bête et à présent elle tapote faiblement le bois de la table avec le bout de ses doigts abimés. L’araignée semble avoir compris ce que désire sa supposée maîtresse, car peu à peu elle monte précautionneusement sur le dos de sa main et poursuit en grimpant le long de son bras, palpant sans cesse et délicatement la peau et ensuite la manchette de son vêtement noir, pour finir agrippée à son épaule.
— C’est bien ma toute belle ! Chuchote la Brigantine...
— Au moins cette fois-ci tu n’as pas eu peur et tu n’as pas lancé tes poils qui font souffrir, tes poils de malheur ! Tu sais, maintenant tu as de la chance car tu peux te promener à ta guise. Quand le « Dragon » était encore le Commandant de ce navire, il ne voulait pas te voir traîner sur son bureau et il me répétait toujours de sa voix calme et grave : « écoute Demoiselle, ton animal sauvage tu le gardes sur toi sinon un jour ou l’autre je l’arroserai de Rhum et je le ferai brûler ! »
La bête a de nouveau cessé de bouger, elle semble amorphe et sans vie avec ses longues pattes repliées contre son corps ; sans doute veut-elle se réchauffer un peu car pour elle dans ces contrées, même au début de l’été, il fait plutôt froid...
La jeune femme soupire en songeant qu’il leur faudrait une petite escarmouche, cela leur dégourdirait les jambes et ils pourraient bien s’amuser à faire peur à tous ces Capitaines orgueilleux accompagnés de leurs stupides marins qui dans ces soi-disant lieux civilisés n’ont jamais su regarder plus loin que le bout de leur nez ou au mieux l’extrémité de leur navire ! Elle se demande aussi comment elle a pu faire pour se retrouver dès lors à proximité du royaume de France, sa terre natale, auprès duquel elle se sent néanmoins comme une étrangère... Certes, c’est bien elle qui a accepté la dernière proposition du Dragon. Ce Capitaine avisé avait préféré momentanément raccrocher les armes et se faire oublier, en devenant le propriétaire d’une distillerie de Rhum ainsi que d’une taverne. Pourtant il n’était pas si vieux ! Depuis quelques années, il lui avait confié de temps à autre son Brigantin parfaitement armé pour la course ainsi que son équipage, ou plutôt leur équipage, car cela faisait bientôt sept ans qu’elle vivait avec eux. Néanmoins, cette fois-ci il n’était plus question de naviguer dans ces mers chaudes et à proximité de leurs petites îles favorites ; il s’agissait d’effectuer un très long voyage...
En outre, l’allié et complice occasionnel du Dragon, occupant quelquefois la fonction de Second ou de Maître d’équipage, celui qui était appelé avec respect et crainte « Maître » ou bien « L’Œil de Satan », avait payé un bon prix pour être rapatrié en compagnie de trois de ses hommes vers la grande province située dans le Sud du royaume de France. A l’instar du Capitaine, ce dernier avait voulu abandonner cette vie de pérégrinations et de brigandages, mais quant à lui définitivement, car il n’était plus très jeune et sa santé lui faisait parfois défaut ; il devait même quelquefois s’aider d’une canne afin de se déplacer. Il espérait sans doute trouver sur place quelque emploi de conseiller, de négociateur ou peut-être même de précepteur...
Ainsi, la traversée du grand océan et l’arrivée non loin de l’imposante cité Phocéenne, dont tout le monde parle désormais avec effroi, fut la première navigation au long cours depuis les Indes Occidentales dont la Brigantine dut s’acquitter ; lors de ce dernier mouillage à proximité des côtes de Provence, et selon les ordres qu’elle avait reçus, elle débarqua donc ces quatre hommes.
Bien sûr, ce Maître irremplaçable l’a beaucoup aidée lors de cette première navigation car il est savant et habile en toute chose mais pour le voyage retour, bien qu’étant assistée par un équipage entièrement dévoué à sa cause, elle sera seule puisque dorénavant elle est le nouveau Capitaine de ce magnifique Brigantin et elle ne peut même pas disposer de l’appui d’un Second.
Depuis leur arrivée, elle avait également décidé de prolonger leur séjour en mer Méditerranée afin de découvrir un monde qu’elle ne connaissait pas et bénéficier de pillages qu’elle imaginait alors beaucoup plus fructueux...
— Ah, je me suis bien trompée ! Dit-elle soudain à voix haute.
— Cette société-là ne m’intéresse pas et d’ailleurs les gains de nos brigandages sont médiocres. C’est donc arrêté ! Tantôt l’équipage sera convoqué et la décision de retourner aux Indes Occidentales sera mise aux voix. Mais l’issue de la réunion ne fera aucun doute car évidemment tous voudront repartir !
Et elle poursuit sa tirade, la rage au cœur :
— Et pour laisser un excellent souvenir à ces fiers méditerranéens nous parviendrons bien à couler encore quelques navires avant de nous enfuir par l’étroit passage du rocher de Gibraltar...
Mais elle sait que lorsqu’elle parviendra enfin à cet endroit-là, il faudra procéder comme lors du voyage aller ; elle et ses hommes devront une fois de plus user de malice et tenter d’apparaître comme un paisible navire marchand...
De nouveau, elle s’adresse à son araignée :
— Oui ma belle velue, j’abaisserai ton pavillon, ce même pavillon qui terrifie tous ces sots, et nous hisserons le drapeau de l’un de ces orgueilleux royaumes. Ce sera facile puisque nous les possédons tous ! Il suffira d’élever au moment opportun celui qui conviendra le mieux, afin de croiser tranquillement la route d’autres navires que nous aurons bien identifiés au préalable.
Elle continue en se parlant à elle-même, comme si elle répétait ses ordres en présence de tout l’équipage réuni :
— Pour nous, ce n’est pas compliqué : navire anglais en vue, nous hissons le drapeau anglais ; s’il s’agit d’un navire français, alors nous choisissons le drapeau français, et ainsi de suite !
C’est ainsi que le Dragon, son ancien Capitaine, lui avait appris à ne jamais surestimer ses forces, et de