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Désenfantée: Témoignage
Désenfantée: Témoignage
Désenfantée: Témoignage
Livre électronique126 pages54 minutes

Désenfantée: Témoignage

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À propos de ce livre électronique

Comment répondre à cette question ?

- Tu as combien d’enfants ?

Si cela en restait là, mais bien sûr viendront aussi celles-ci :

- Ils habitent où ? Qu’est-ce qu’ils font ?

Parfois je dirai 3, parfois je dirai 4 ;
Rarement 5, encore moins 6.

- Marcos nous a quittés…

- Il a eu un accident ?

Il me faudra aller plus loin, ou parfois, voir la conversation et les regards se détourner sur un autre sujet.
Il me faudra parfois accepter le silence qui suit.

Pour témoigner de la violence d’un double deuil d’enfants pour la mère qu’elle est, Pascale Beugnez nous livre un récit comme une incantation qui célèbre, déplore, invoque, circonscrit les évènements se déroulant sur une vingtaine d’années, dans une ronde qui est aussi celle de la vie.
LangueFrançais
Date de sortie11 avr. 2024
ISBN9782312143484
Désenfantée: Témoignage

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    Aperçu du livre

    Désenfantée - Pascale Beugnez

    cover.jpg

    Désenfantée

    Pascale Beugnez

    Désenfantée

    Témoignage

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2024

    ISBN : 978-2-312-14348-4

    A mes enfants et petits-enfants.

    quelques mots d’amour…

    Réalisons la valeur infinie

    et la brièveté de la vie.

    Jack Kornfield

    Tout peut arriver

    D’un instant à l’autre

    Tout peut arriver

    À soi comme à d’autres

    Tout peut arriver

    Et peut repartir

    Tout peut s’écrouler

    Et se rebâtir

    À toute heure du jour

    La haine et l’amour

    Tout peut s’enflammer

    Et se refroidir

    Tout peut se faner

    Et refleurir

    Tout peut basculer

    Du meilleur au pire

    Un mot de travers

    Un acte manqué

    Une tuile, un pavé

    Une rose, un baiser

    Tout peut s’aggraver

    Ou bien s’arranger

    Avec le sourire

    Jacques Higelin

    Le jour même, où je décidai d’écrire l’histoire de mon fils François né vingt et une années plus tôt, on venait m’annoncer le décès de Marcos.

    J’aurais préféré ressentir autre chose que ce qui m’habitait à ce moment-là.

    Être engloutie par le chagrin ou vivre une tristesse sans fond, une tristesse silencieuse.

    Être au bord du gouffre, hurler mon chagrin et sombrer dans la folie…

    Vivre une émotion cohérente, celle qui devrait nous submerger quand on vient de perdre un fils de vingt-deux ans.

    Je n’ai rien ressenti de cet ordre.

    Tout était calme, sec, froid, blanc, silencieux.

    Je n’ai rien éprouvé de comparable suite à la disparition de François, qui nous quitta, lui aussi, un lendemain de Noël.

    François est reparti d’où il venait, le jour qui a suivi sa naissance le 26 décembre 1993.

    Sa mort m’avait laissée comme amputée d’un membre, dans l’inconcevable d’une vie qui m’était arrachée, alors qu’on s’apprêtait à la célébrer.

    Mes larmes avaient coulé, longtemps.

    Ma fille aînée me confiera bien plus tard, que son petit frère n’a jamais eu de réalité.

    Seule ma dépression en fut une. Elle avait envahi ma vie longtemps, la sienne et probablement aussi celle de sa sœur Charlotte.

    Marie est l’aînée des enfants qui composent ma tribu. J’avais vingt ans quand je l’ai mise au monde en 1981, elle est la fille d’Emmanuel.

    Charlotte est notre deuxième enfant, elle est arrivée quatre ans plus tard, en 1985 d’une nouvelle union avec Bruno.

    Ma troisième grossesse a démarré l’année des sept ans de Charlotte, en 1992, mais s’est interrompue au troisième mois.

    Ensuite est né, François, en 1993 notre quatrième enfant biologique.

    À l’autre bout du monde, en 1990, Marcone a vu le jour, deux ans avant Marcos, né le jour du printemps.

    Cette même année 1990,

    La Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales nous accordait un agrément d’adoption.

    Obsessionnelle, je déroule encore et encore, des chiffres, ou des dates dans l’espoir qu’ils s’ordonnent et qu’apparaisse enfin le sens de ces évènements et de cette vie qui est la mienne.

    François est né, vivant, à l’aube, sans voir le jour.

    Une ambulance l’emmena en urgence, dans les services de réanimation néonatale des Hospices Civils de Lyon.

    Il est décédé le lendemain. Ils l’ont autopsié et incinéré sur place.

    Je n’ai pas rencontré ces personnes à qui appartenaient ces mains par lesquelles il était passé. Et ces yeux qui l’avaient observé dans les moindres détails, ne se sont jamais posés sur moi, sa mère, qui avait porté ce bébé, qui l’avait senti bouger et prendre sa place durant les neuf mois de la grossesse.

    Je n’ai pas vu non plus, son papa, effacer toutes les traces d’un présent et d’un avenir dont on avait rêvé avec lui, alors que je tentai d’émerger de ce cauchemar.

    En deux jours, son corps, la vie que j’avais imaginée pour lui, sa vie avec nous, disparaissaient avec tout le mobilier, les vêtements, et les jouets qui l’attendaient !

    img1.jpg

    Marcos s’est défenestré le soir du 26 Décembre 2014.

    Il est mort sur le coup, la gendarmerie m’a prévenue le lendemain matin.

    Mon premier mouvement aurait été de le retrouver, d’aller le chercher pour le ramener à la maison, mais ça n’a pas été possible avant l’autopsie, obligatoire dans ce genre de situation.

    Il n’y avait pas de médecin légiste sur place en cette fin d’année, ils l’ont emmené loin d’ici, à St Etienne je crois, et l’ont rapatrié quatre jours plus tard.

    A son retour, je ne suis pas allée le voir.

    La pensée de son corps fracassé et sans vie s’ést installée. J’avais peur de ne pas le

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