La MODE SAUVERA-T-ELLE CENDRILLON? AUTOUR DE TROIS ROMANS ET D QUELQUES TABLEAUX: Autour de trois romans et de quelques tableaux
Par Esther Trépanier
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À propos de ce livre électronique
Suivant finement la trace de ces accessoires de mode dans les trois romans, Esther Trépanier propose une nouvelle lecture de ceux-ci. Une lecture d’autant plus intéressante qu’on y présente, en contrepoint, des oeuvres d’artistes tels Adrien Hébert, Ghitta Caiserman et Jack Beder, qui illustrent le Montréal des quartiers ouvriers, du port, de la Main, de la montagne et de l’emblématique rue Sainte-Catherine, omniprésent dans l’écriture romanesque.
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Aperçu du livre
La MODE SAUVERA-T-ELLE CENDRILLON? AUTOUR DE TROIS ROMANS ET D QUELQUES TABLEAUX - Esther Trépanier
Esther Trépanier
La mode sauvera-t-elle
Cendrillon?
Autour de trois romans et de quelques tableaux
Les Presses de l’Université de Montréal
Cette collection fait sienne et défend le postulat que tout objet culturel mérite qu’on s’y attarde et y réfléchisse. «La petite culture» donne à lire des études et des essais sur une diversité de phénomènes culturels populaires: musique, chanson, spectacles de tous genres, littérature, arts de la scène et arts visuels y sont abordés sous de multiples approches théoriques. «La petite culture», en somme, nous rappelle que la culture «élitiste» n’est pas la seule digne d’intérêt.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre: La mode sauvera-t-elle Cendrillon? Autour de trois romans et de quelques tableaux / Esther Trépanier.
Nom: Trépanier, Esther, auteur.
Description: Comprend des références bibliographiques.
Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20230057039 | Canadiana (livre numérique) 20230057047 | ISBN 9782760648678 | ISBN 9782760648685 (PDF) | ISBN 9782760648692 (EPUB)
Vedettes-matière: RVM: Mode dans la littérature. | RVM: Mode dans l’art. | RVM: Roman québécois—20e siècle—Histoire et critique. | RVM: Montréal (Québec)—Dans la littérature. | RVM: Montréal (Québec)—Dans l’art. | RVM: Roy, Gabrielle, 1909-1983. Bonheur d’occasion. | RVM: Viau, Roger, 1906-1986. Au milieu, la montagne. | RVM: Choquette, Robert, 1905-1991 Elise Velder.
Classification: LCC PS8197.T74 2023 | CDD C843/.52093564—dc23
Mise en pages: China Marsot-Wood
Dépôt légal: 3e trimestre 2023
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
© Les Presses de l’Université de Montréal, 2023
Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada, le Fonds du livre du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
À Jacques Tremblay pour son amour
et son soutien indéfectible.
Il est depuis plus de trois décennies,
mon prince charmant absolu!
Introduction
Je ne suis pas une spécialiste des théories littéraires, on le jugera aisément à la lecture de cet essai. Historienne de l’art s’étant particulièrement intéressée à l’art moderne dans le Québec de l’entre-deux-guerres, je me suis aussi trouvée, par un hasard dont seule l’UQAM qui conscrit ses professeurs dans d’innombrables tâches administratives a le secret, à occuper durant quelques années le poste de directrice générale d’un de ses jeunes programmes: celui de l’École supérieure de mode. Cette expérience m’a non seulement donné l’occasion de découvrir un monde qui m’était relativement inconnu, mais elle m’a aussi permis de jeter un nouveau regard sur les œuvres d’art, sur ce qu’elles nous apprennent des enjeux sociaux de leur époque à travers les représentations des tenues vestimentaires. Cela a généré l’idée d’un projet d’exposition1, mais a aussi ravivé mon intérêt pour une étude comparative entre littérature et peinture que j’avais esquissée plusieurs années auparavant autour du thème de la ville, et plus particulièrement de la «Montagne» (le mont Royal) à partir d’un tableau d’Adrien Hébert (Trépanier, 1994).
Cet essai me permet en quelque sorte de réunir plusieurs passions, celle pour la période historique de l’entre-deux-guerres, celle pour les artistes (et les écrivains) qui ont intégré l’univers urbain à leur démarche et enfin celle pour les questions relatives à la mode et à l’apparence comme phénomènes de société. J’y examine trois romans québécois dont le récit se déroule principalement dans le Montréal des années 1930: Bonheur d’occasion (1945) de Gabrielle Roy, Au milieu, la montagne (1951) de Roger Viau et Élise Velder (1958) de Robert Choquette. Ils témoignent tous d’une attention particulière aux vêtements non seulement comme élément marquant l’appartenance de classe, mais également comme moyen de matérialiser la volonté d’ascension sociale de certains protagonistes. C’est particulièrement vrai pour les trois héroïnes, Florentine Lacasse, Jacqueline Malo et Élise Velder, qui ont en commun de se lancer à la conquête d’un «prince charmant» pouvant les sortir de la misère. Or, chose assez rare dans l’écriture romanesque québécoise de l’époque, les auteurs insistent sur le recours aux artifices de la beauté – vêtements, maquillage, bijoux – dans la quête de ces Cendrillon modernes. D’où mon interrogation: la mode peut-elle sauver Cendrillon?
Montréal, la ville des quartiers ouvriers de Saint-Henri et d’Hochelaga comme des quartiers bourgeois de Westmount et d’Outremont, de la Main, du port, de la montagne et de l’emblématique rue Sainte-Catherine, constitue par ailleurs la toile de fond de ces récits. Si l’univers urbain comme sujet ne domine pas le champ des arts visuels à l’époque, il n’est pas moins présent et son omniprésence dans la trame de ces trois romans m’offrait la possibilité de présenter, en contrepoint, quelques tableaux qui soit font écho à ces textes littéraires, soit permettent de mesurer l’écart qu’il peut y avoir entre peinture et littérature.
Trois romans donc, trois environnements urbains où la mode prend une part active aux enjeux sociaux qui s’y expriment, et trois auteurs, Gabrielle Roy (1909-1983), Roger Viau (1906-1986) et Robert Choquette (1905-1991). Ils sont d’une même génération, nés entre 1905 et 1909. Ils ont la vingtaine quand commence la crise économique et ont atteint la trentaine quand débute la Seconde Guerre mondiale. Les romans de Roy et de Viau témoignent des effets dévastateurs de la Grande Dépression dans les milieux ouvriers, le premier à la toute fin des années 1930, au moment où la guerre se déclare, et le second de la fin des années 1920 jusqu’au milieu des années 1930. Quant à celui de Choquette, il s’ouvre à l’automne 1937, avec le déménagement de la pension Velder de la rue Labelle2 vers la rue Sherbrooke, à proximité de la rue Saint-Denis. Toutefois, dans ce dernier roman, les personnages ont tous un travail et, de ce fait, ne connaissent pas l’extrême misère décrite dans les deux précédents.
Romans éminemment montréalais au sein d’une tradition littéraire qui laissait peu de place à la métropole contemporaine, la genèse de chacun de ces ouvrages présente des particularités qui les rendent, d’une certaine manière, atypiques dans le parcours de leur auteur.
Gabrielle Roy
Bonheur d’occasion a été largement commenté et analysé, de même que le furent la vie et l’œuvre de son autrice. Je ne reprendrai donc pas ce qui a déjà été brillamment exposé par les spécialistes et me contenterai de rappeler quelques données relatives au contexte de production de l’ouvrage qui nous intéresse.
Gabrielle Roy s’installe à Montréal en 1939, alors que les arts, la culture et les idées sont à l’aube de transformations importantes. Son travail de journaliste à la pige et les rencontres qu’il apporte éclairent certains éléments qui président à la genèse de Bonheur d’occasion.
En 1939 et 1940, Roy publie une trentaine de chroniques dans les pages féminines du journal de Jean-Charles Harvey, Le Jour. Or, George Wilkinson, qui selon toute vraisemblance aura une liaison avec Gabrielle Roy, fait paraître dans ce même journal, entre 1935 et 1939, des articles sur les conditions de vie des ouvriers et des chômeurs, ainsi que sur les mouvements sociaux et politiques progressistes de Terre-Neuve, sa province natale. Wilkinson, pasteur de l’Église unie, mais plus encore leader du comité des chômeurs de Saint-Jean de Terre-Neuve, s’établit à Montréal en 1935. Ben Z. Shek (1989) avance que les articles de Wilkinson dépeignant les logements, les vêtements, les comportements des chômeurs terre-neuviens présentent des similitudes avec certaines descriptions de Bonheur d’occasion. Selon Shek, la critique sociale qui s’exprime dans le roman aurait pu s’inspirer de celle de Wilkinson sur la crise et la guerre (Shek, 1989: 437-452). Une chose est certaine, Roy fréquente alors les milieux progressistes et partage avec eux une certaine vision humaniste.
À l’été 1939, Gabrielle Roy collabore aussi à La Revue moderne où elle publie un certain nombre de nouvelles. Elle y rencontre Henri Girard, alors directeur littéraire de la revue. L’importance et le soutien de ce dernier, notamment au moment de la rédaction de Bonheur d’occasion, ont été soulignés par plusieurs, dont Ben Z. Shek (1989) et François Ricard (Ricard, 2000). Girard fut aussi, dans les années 1930, un critique d’art averti, supporteur de l’art moderne, fustigeant la xénophobie de ses contemporains, défendant, entre autres, les artistes modernes dont les œuvres, se détournant du régionalisme, prendront en compte le monde contemporain. Parmi eux, Adrien Hébert et les artistes de la communauté juive. Girard en appelle à un art vivant, à un réalisme moderne ancré dans son temps (Trépanier, 1998: 67-77). Sans appartenir à la mouvance de gauche, Girard fait partie de cette élite libérale «avancée» qui, à la fin des années 1930, manifeste sa sympathie pour les mouvements antifascistes et progressistes. Selon Ricard, Henri Girard et Edmond Turcotte (le directeur du Canada) comptent parmi les rares francophones à assister, en 1937, à la conférence d’André Malraux en faveur des républicains espagnols (Ricard, 2000: 205).
Cela dit, pour plusieurs, la genèse de la carrière d’écrivaine de Gabrielle Roy résiderait dans les reportages qu’elle publie dans le Bulletin des agriculteurs entre 1941 et 1945 et dans Le Canada