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Le magasin de Noël
Le magasin de Noël
Le magasin de Noël
Livre électronique482 pages7 heures

Le magasin de Noël

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À propos de ce livre électronique

Découvrez trois nouvelles enchanteresses...

Le magasin de Noël
Fils du propriétaire d'une immense chaîne de magasins de Noël, Hwang Seohyeok est un grand amoureux des fêtes, passion qu'il partage avec son petit frère Seojun. Or quand, une semaine avant Noël, il apprend que son père a revendu l'oeuvre de sa vie à un concurrent, le jeune homme s'inquiète, plus encore quand il rencontre Shin Ilnam, supposé devenir avec lui le co-manager du magasin de Séoul. L'un est fasciné par la magie apportée par Noël, l'autre par les bénéfices que cette fête engendre. Ils vont devoir pourtant apprendre à travailler ensemble, et pourquoi pas à se connaître.

L'hôtel de Noël
Chauffeur de la famille Hwang depuis quelques années, Euijin est traité comme un membre de la famille, respecté par Seohyeok en Seojun, les propriétaires du magasin qu'Ilnam les aide à gérer. Il accepte donc volontiers de reconduire à Daegu Lee Yeojun, investisseur richissime venu passer une journée au magasin pour en découvrir le fonctionnement une semaine avant Noël. Or, il ne s'attendait pas à tomber sur un garçon si méprisant... et il s'attendait encore moins à tomber en panne au beau milieu des montagnes, désormais piégé avec Yeojun dans un hôtel isolé.

Le voleur de Noël
Alors que Noël approche et que l'effervescence règne au magasin de Noël, Ilnam et Seohyeok sont confrontés à une difficulté de poids : des vols sont commis de façon récurrente depuis plusieurs semaines, et pas des vols sur des marchandises en vente, mais sur des montres et bracelets qui appartiennent aux clients ! Les gérants ne comptent pas se laisser faire, d'autant plus que cette semaine commencent les festivités organisées par Seojun, et elles doivent être parfaites.
LangueFrançais
Date de sortie29 déc. 2023
ISBN9782322511839
Le magasin de Noël
Auteur

Manon Lilaas

Auteure de vingt-cinq ans, sur Wattpad depuis déjà plusieurs années sous le pseudonyme de Lilaas93, Manon a eu la chance d'être soutenue dans ses projets par des abonnés toujours plus nombreux. Leur bienveillance la pousse aujourd'hui à publier ce recueil de contes. Elle les en remercie sincèrement.

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    Aperçu du livre

    Le magasin de Noël - Manon Lilaas

    À tous ceux qui ont lu ces histoires

    et les ont appréciées.

    À ceux qui m’ont aidée à les faire vivre trois années de suite,

    chapitre après chapitre, sept jours avant Noël.

    Et à l’une des plus merveilleuses personnes que je connaisse,

    celle sans qui Noël n’aurait pas la même signification,

    ma petite sœur et illustratrice, Alyssa.

    Table des matières

    Avant-propos

    Le magasin de Noël

    Prologue

    J-7 avant Noël

    J-6 avant Noël

    J-5 avant Noël

    J-4 avant Noël

    J-3 avant Noël

    J-2 avant Noël

    Veille de Noël

    Noël

    Épilogue

    L’hôtel de Noël

    J-7 avant Noël

    J-6 avant Noël

    J-5 avant Noël

    J-4 avant Noël

    J-3 avant Noël

    J-2 avant Noël

    Veille de Noël

    Noël

    Épilogue

    Le voleur de Noël

    J-7 avant Noël

    J-6 avant Noël

    J-5 avant Noël

    J-4 avant Noël

    J-3 avant Noël

    J-2 avant Noël

    Veille de Noël

    Noël

    Épilogue

    Avant-propos

    Merci tout d’abord pour l’intérêt que vous portez à ces histoires. J’espère sincèrement qu’elles vous plairont et vous feront rêver.

    Ce livre est un recueil de trois nouvelles, je les ai autoéditées dans l’espoir de pouvoir en proposer à mes abonnés Wattpad une version papier. Ces textes ont été corrigés par mes soins, relus à plusieurs reprises, pour autant je ne suis pas infaillible, et il reste probablement de petites erreurs d’inattention.

    Je m’en excuse sincèrement, j’espère qu’elles ne gêneront pas trop la lecture.

    Note : puisque l’histoire se déroule en Corée du Sud, les prix sont donnés en wons. Le prix en euros est donné en note quand il s’agit d’un montant précis. Pour le reste, gardez en mémoire que 1 euro équivaut à environ 1400 wons.

    Le magasin de Noël

    Prologue

    « Seohyeok, viens un peu ici, mon chéri! »

    Le garçonnet accourut aussitôt, sorti d’un des rayons de la petite boutique. Il bondit dans les bras de son grand-père qui le serra tendrement contre lui puis l’assit sur ses genoux, lui-même installé sur une chaise derrière le comptoir.

    Devant eux, seize familles attendaient avec un large sourire aux lèvres, et les enfants paraissaient excités comme si le père Noël se tenait face à eux. C’était un peu le cas, dans un sens.

    « Tu veux bien faire le tirage au sort? »

    Le garçon, âgé d’une dizaine d’années, acquiesça sans hésiter et se tourna vers un bocal au fond duquel avaient été déposés seize papiers numérotés. Il en prit un en fermant les yeux puis en annonça le chiffre. Dans la petite assistance, une fillette poussa un cri de joie et tendit un flocon de plastique qui arborait le numéro tiré.

    « Bravo! s’exclama avec entrain le vieil homme. Alors, dis-moi : avec quel cadeau est-ce que tu voudrais repartir?

    — Euh…

    — Tu as une semaine pour te décider, si tu n’es pas sûre de toi.

    — Je veux la poupée, là!

    — Oh, la jolie poupée aux cheveux bouclés, c’est bien ça?

    — Oui, je la veux!

    — Pas de problème. Seojun-ah¹, tu veux bien t’en occuper?

    — J’y vais! » lança d’une voix fluette un chérubin jusque-là en retrait.

    Seojun se hâta de récupérer l’article et de l’emballer. Du haut de ses six ans, l’habitude lui permettait déjà de former aisément un paquet à l’aide d’un peu de papier et de scotch. Il façonna un magnifique cadeau qu’il tendit ensuite à l’autre fillette, qui le remercia dans ce qui ressemblait en vérité plutôt à un cri de joie.

    Les clients se dispersèrent et les deux petits garçons se retrouvèrent seuls avec leur grand-père dans une boutique où erraient encore quelques personnes. On venait dans le magasin tant pour les articles que pour l’ambiance qui y régnait.

    « Papa, comment vont les enfants? »

    Le vieil homme se retourna vers un autre, plus jeune, qui lui offrit un large sourire en le voyant auprès des deux petits. Ces derniers se jetèrent dans les bras de leur père en lui racontant leur journée de manière confuse.

    « Vous me direz tout ça quand on rentrera. Filez à la voiture, il faut que je discute avec votre papi. »

    Ils obéirent en se chamaillant entre deux éclats de rire.

    ~~~

    Des années plus tard…

    Seohyeok remercia sa cliente avec son habituel sourire – que certains prétendaient « charmeur ». La demoiselle, âgée d’une vingtaine d’années, rougit et s’inclina avant de repartir avec son paquet sans tarder. Le jeune homme, alors, retourna à ses tâches : il laissa sa caisse pour s’adonner à un peu de rangement dans les allées de l’immense magasin. Sa préférée? Celle des jouets, bien sûr : c’était là que venaient les enfants, clients de qui les yeux brillaient le plus vivement. Il adorait déceler dans les regards de telles étincelles de bonheur.

    Seohyeok passa sa journée à vendre, encaisser, et emballer des articles en tous genres.

    Jamais il ne se lasserait de cette ambiance féérique.

    Il neigeait à gros flocons lorsqu’il quitta l’enseigne, une fois les portes du bâtiment closes. Il ne trouva pas même le temps de tirer de son sac un parapluie que déjà une limousine s’arrêtait devant lui. Une des vitres teintées se baissa, dévoilant un garçon au large sourire rectangulaire. Son visage arborait des traits aussi harmonieux que ceux de Seohyeok, bien que ce dernier pouvait se vanter de posséder des lèvres plus épaisses.

    « Salut, hyung²! lança le nouvel arrivant. Tu montes? Papa nous a envoyé Euijin pour nous ramener. On risquerait de se cailler, sinon.

    — C’est gentil, mais je préfère marcher.

    — T’en as pour au moins une demi-heure.

    — Je sais.

    — Faudra vraiment que tu m’expliques un jour ce que tu trouves de si génial dans le fait de marcher dans la neige. J’en ai froid pour toi.

    — Suffit d’avoir les bonnes chaussures, Jun, répondit-il avec malice. Allez, on se retrouve à la maison. À toute!

    — Ouaip, à toute! »

    La vitre se referma, mais le véhicule ne redémarra pas immédiatement : avant ça, la portière avant s’ouvrit. Euijin, chauffeur de la famille et également meilleur ami des deux frères, en sortit le buste et la main. Il adressa à Seohyeok un signe jovial accompagné d’un « bonne soirée! » hélé avec enthousiasme.

    La limousine partie, le jeune homme se mit en marche, ravi de cette neige qui insufflait à Séoul une ambiance propice aux fêtes de fin d’année.

    Il en ignorait la raison, mais il lui semblait que cette fois-ci, il les savourerait plus que jamais.


    ¹ Particule coréenne qui marque l’affection.

    ² Terme coréen utilisé par un garçon pour désigner un garçon plus âgé que lui de qui il se sent proche (un frère, un ami, etc).

    J-7 avant Noël

    Lorsqu’il ouvrit les yeux, Seohyeok se sentit comme un enfant : il ne restait plus que sept jours avant Noël!

    Son expression prit tout à coup un pli paniqué. Oh non, sept jours! Ce qui signifiait que…

    « Hyung! »

    Seohyeok esquiva tout juste son cadet qui, entré comme une furie dans sa chambre, venait de bondir sur son lit. L’aîné roula avec agilité et gloussa quand son petit frère leva vers lui un visage dépité.

    « Ça, c’était pas cool, lui reprocha-t-il. Je veux mon câlin!

    — Je laisse mon tour à ton copain.

    — Je comptais bien lui en faire un, à lui aussi. Mais comment tu veux que je commence cette journée correctement si toi tu me fais pas mon câlin?

    — C’est pas un câlin que t’essaies de me faire, Jun, mais un plaquage. Ça fait quinze ans que tu n’as plus six ans, tu te rends compte?

    — Et alors?

    — T’es lourd.

    — Et alors?

    — Tss, allez, idiot, viens là, mais en douceur, cette fois.

    — Oui! »

    Ravi, Seojun se jeta dans les bras ouverts de son aîné qui le serra contre lui : chaque année, une semaine avant Noël, pour célébrer le début de cette magnifique période, ils s’étreignaient. Le jeune homme tenait beaucoup à ce rituel, très affectueux vis-à-vis de son grand frère qu’il idolâtrait.

    D’une certaine manière, Seohyeok se désolait de songer que cet attachement qu’il éprouvait pour lui était sans doute causé par l’absence de leurs parents qu’ils avaient peu connus. Ils s’étaient soutenus dans les épreuves et s’étaient construits sans eux, seulement avec leur grand-père qui avait servi de substitut. Par chance, grâce à lui, leur enfance s’était déroulée de manière heureuse, ils avaient su s’épanouir pour devenir de jeunes hommes travailleurs et passionnés.

    Seohyeok tapota avec tendresse le dos de Seojun et s’écarta de lui qui le relâcha. Un regard fut échangé, les deux frères se séparèrent. Ils discutèrent en prenant leur petit déjeuner au salon, où se trouvaient déjà leur père et leur grand-père, tous deux attablés devant le journal télévisé.

    Dans la famille, chacun se ressemblait : des visages fins, délicatement sculptés, des yeux en amande d’un marron profond, un sourire à se damner et un corps élancé. La bonté marquait leurs traits – ce n’était pas pour rien que le magasin de Séoul attirait une clientèle globalement plus féminine que les autres.

    En effet, d’une petite boutique perdue en banlieue de Daegu, le grand-père des deux garçons était passé à une monstrueuse chaîne de magasins qui rapportaient chaque année une véritable fortune aux Hwang. En dépit de cette impressionnante montée en gamme, les lieux conservaient cet esprit de Noël qui les rendait si prisés au moment des fêtes. La famille avait vu son quotidien changer du tout au tout, pourtant chacun gardait au fond de son cœur cette humilité et cette générosité qui faisaient d’eux des personnalités très appréciées dans le monde des affaires.

    Comme chaque jour dès qu’il en avait l’occasion, Seohyeok se rendit au travail à pied : d’après son contrat, il était manager du magasin – co-manager avec son grand-père, en vérité –, mais il passait son temps à accueillir, conseiller et encaisser les clients. Lui, ce qu’il préférait, c’était le terrain : rester auprès des marchandises et des acheteurs. Il possédait un sens du contact inné, depuis toujours il aimait déambuler dans les rayons et trouver à chacun l’article idéal.

    Il ne s’y connaissait pas juste en jouets, il se révélait spécialisé dans tout ce qui touchait à Noël : nourriture, vêtements, babioles, décorations, livres, etc. Rien ne lui était étranger. Ses compétences l’avaient hissé au rang de meilleur vendeur du magasin… même s’il n’était pas considéré comme vendeur. Il changeait souvent de casquette et contrôlait l’ensemble du personnel avec un talent que tous lui reconnaissaient. Seohyeok était né pour ce travail.

    Seojun quant à lui, tout aussi talentueux, s’était tourné vers un domaine bien précis : l’animation. C’était en effet lui qui gérait toutes les activités, qu’il s’agisse de la simple venue du père Noël ou bien d’un concours dans tout le pays avec de nombreux partenaires privés et publics. Les animations qui donnaient son âme au magasin dans lequel il exerçait restaient néanmoins ses favorites. Il s’investissait corps et âme pour ravir petits et grands, ses initiatives toujours couronnées de succès. Il demeurait un des salariés les plus appréciés par ses collègues, tant pour son dévouement que pour sa gentillesse. Seohyeok lui-même l’admirait et espérait lui ressembler.

    En arrivant au magasin, le jeune homme sentit un sourire étirer ses lèvres lorsque son regard se posa sur un employé en train de distribuer des flocons de plastique ornés d’un nombre. Si jadis leur grand-père s’en chargeait, aujourd’hui la tâche d’organiser la loterie de Noël incombait à Seojun, qui en éprouvait une fierté qu’il ne savait pas cacher. Ce n’était non plus un mais dix numéros qui étaient tirés, afin de ravir dix clients à l’approche de cette fête si spéciale à leurs yeux autant qu’à leur cœur.

    Le tirage au sort se déroulerait à quatre heures de l’après-midi. Seojun terminait les derniers préparatifs, soutenu par plusieurs employés. Seohyeok quant à lui avait prévu de s’occuper du rayon des articles de luxe : son grand-père lui avait demandé d’aller s’assurer que les nouveaux produits étaient correctement mis en avant, de même que les offres promotionnelles. Il avait pour mission de vérifier que l’agencement permettrait une optimisation des ventes.

    Son aïeul pourtant savait à quel point Seohyeok méprisait cette partie de son travail : ce qui l’intéressait le plus, c’était la gestion des allées qu’il considérait comme les plus magiques. Or, son grand-père lui imposait de plus en plus souvent des tâches axées sur les bénéfices du magasin – aucun des deux n’aimait ces obligations, mais jusque-là le vieil homme s’en chargeait, si bien que Seohyeok s’inquiétait qu’il lui délègue cette responsabilité.

    Le jeune homme, malgré ses réticences, était doué pour cerner ce qui fonctionnerait. Pour autant, il s’en moquait. Son intérêt résidait dans le bonheur de chacun. Jadis, dans leur petit commerce, les chiffres n’avaient jamais importé.

    Le rayon des produits de luxe était majestueux, à l’image des articles en vente. Venir ici avait tendance à mettre Seohyeok mal à l’aise : il ne se sentait pas dans son élément. Cependant, il s’acquitta de sa tâche avec sérieux. Il déplaçait des parfums quand on l’interpela.

    « Excusez-moi, est-ce que vous pourriez m’aider, s’il vous plaît? »

    Il se retourna aussitôt et, en s’inclinant, indiqua avec politesse à son client qu’il se tenait à sa disposition. En relevant la tête, il découvrit avec étonnement un garçon sans doute à peine plus vieux que lui, affublé de chaussures chics de cuir véritable, d’un pantalon qui semblait avoir coûté aussi cher qu’elles, et d’un long manteau élégant dont le vendeur n’osait pas estimer le prix. Son visage affichait un air affable, accentué par un sourire poli et des yeux qui brillaient d’un éclat de bienveillance.

    « Je cherche à faire un cadeau à mon père, indiqua-t-il. Je sais qu’il aime beaucoup les vêtements et les accessoires, mais je ne sais pas exactement ce qui pourrait lui plaire.

    — Nous allons regarder ça, proposa Seohyeok, suivez-moi. »

    Il passa devant, arriva au rayon des habits, et s’enquit auprès de son client des goûts de son père, de ce qu’il portait à l’accoutumée.

    « J’ai rarement l’occasion de le voir sans son costard cravate, rit le jeune homme, alors je ne saurais pas vous répondre.

    — Et pour ce qui est des accessoires? Est-ce que vous pensez qu’il pourrait aimer recevoir une nouvelle montre, ou bien un bijou qui saurait demeurer discret?

    — Eh bien… j’imagine que oui, il a une belle collection de montres, une de plus ne lui serait pas particulièrement utile, mais ça pourrait lui faire plaisir.

    — Venez, nous avons reçu des modèles très récemment dont je doute que votre père les ait déjà acquis. »

    Son interlocuteur acquiesça, ravi. Seohyeok se vantait parfois avec humour de posséder un don pour deviner ce que chacun souhaitait pour Noël. C’était faux, bien entendu, même s’il visait presque toujours juste. Il continuait de se pavaner pour le simple plaisir de voir ensuite son petit frère bouder.

    Les deux garçons passèrent de longues minutes à choisir. Enfin, Seohyeok trouva l’article parfait : une montre à plusieurs millions de wons³. Le client tira de son portefeuille une carte de crédit qui prouvait son appartenance à la haute société, et il paya sans même s’inquiéter du prix.

    « Je suis sûr que votre père appréciera, sourit Seohyeok en tendant le sac.

    — J’en suis certain. De toute façon, l’important, c’est le geste. Tant qu’il y a des cadeaux, tout le monde est heureux.

    — Noël, c’est bien plus que ça, rit l’employé avec légèreté. C’est tout un esprit, pas seulement des cadeaux.

    — Vous trouvez? tiqua son client avec une mine assurée.

    — Oui, enfin… »

    Seohyeok se sentit déstabilisé et songea qu’il n’aurait pas dû aborder le sujet.

    « Je m’excuse, se reprit-il donc de peur de le froisser, ce n’était pas très délicat de ma part.

    — Non, non, ne vous excusez surtout pas. Je trouve que votre point de vue est beau. Un peu naïf, mais beau.

    — Naïf? Comment ça?

    — Vous m’accorderez que Noël est devenu une fête profondément matérialiste.

    — Pour vous peut-être, répliqua avec prudence Seohyeok d’une voix qui demeurait douce, mais pour beaucoup, ça va bien au-delà de ça.

    — Vraiment?

    — Oui : les enfants qui viennent ici…

    — Seraient atrocement déçus s’ils ne recevaient aucun cadeau, le coupa son client.

    — Certes, mais parce qu’ils croiraient que le père Noël veut les punir. Et qu’y a-t-il de plus beau et magique que de telles convictions? En grandissant, ils ne croiront peut-être plus au père Noël, mais leur cœur demeurera habité par les valeurs que ces fêtent incarnent à leurs yeux.

    — Quel beau discours. Je suis curieux de savoir si vous penseriez toujours ça si vous aviez les moyens d’obtenir n’importe quoi n’importe quand, et pas seulement une fois dans l’année.

    — Croyez-moi, rétorqua Seohyeok, je pense que mon avis ne changerait pas si je devenais riche.

    — C’est peut-être vous avancer que de prétendre ça.

    — Si vous le dites… »

    L’employé haussa les épaules d’une manière désinvolte et s’en alla, laissant coi son client qui, s’il lui avait trouvé d’abord l’air sympathique, lui apparaissait désormais comme le dernier des imbéciles. Un privilégié méprisant, sûrement de ceux qui considéraient leurs salariés comme des moins que rien. Pourquoi l’argent mènerait-il nécessairement à devenir une espèce de crétin matérialiste?

    S’il existait bien une chose que Seohyeok détestait, c’était qu’on juge autrui en fonction de critères qui ignoraient le fond de leur cœur : le physique, la condition sociale, les résultats scolaires.

    Ça l’insupportait.

    « Toi, t’as pas passé une bonne matinée, constata Minhyuk avec un air malicieux. Il s’est passé quoi? »

    Seohyeok poussa un soupir de dépit. Il se savait transparent, mais là ça frisait le ridicule. On lisait en lui comme dans un livre ouvert.

    Assis tous les deux à la cafétéria des employés, les garçons avaient chacun pris un plateau et attendaient, avec leur repas devant eux, l’arrivée de Seojun – éternel retardataire. Seohyeok était étalé sur sa chaise, et si Minhyuk l’avait un instant cru malade, il avait vite remarqué sa moue agacée.

    « Laisse-moi deviner, réfléchit son ami. Est-ce que… un client a cassé une boule à neige?

    — Je m’énerverais jamais pour ça, répliqua Seohyeok dans un haussement d’épaules.

    — Un article de Noël très prisé est en rupture de stock?

    — Non plus.

    — Euh…

    — Un client m’a bien fait comprendre que les riches étaient des personnes matérialistes qui ignoraient tout de l’esprit de Noël.

    — Sérieux? Tu le connaissais?

    — Non, et il ne savait pas qui j’étais. Mais ça me fout les boules d’entendre des conneries pareilles encore aujourd’hui... surtout que c’était un sale type prétentieux reparti avec une Rolex pour son père. J’avais l’impression que puisque monsieur était friqué, il pensait pouvoir se permettre de me prendre de haut. Mais merde, peu importe ma fortune, j’ai quand même le droit d’aimer Noël, non?

    — Du calme, ricana Minhyuk, mange un sucre d’orge, ça te fera du bien. Arrête de penser à ce type, c’est un con et puis c’est tout.

    — Ça je sais, mais… ça m’énerve.

    — Je peux comprendre.

    — Je crois que… je sais pas, j’aime pas ce que ma famille est devenue. Enfin… pas exactement. Juste… j’aime pas qu’on nous colle une étiquette, et celle de « riche », c’est pas un cadeau. Les gens pensent qu’on est forcément pédants, radins, qu’on regarde le fric plus qu’autre chose. Je crois que plus le temps passe, plus ça me rend susceptible. Parfois, je voudrais juste retrouver une condition banale, ou simplement un peu aisée. J’aime pas être considéré comme le petit fils de mon grand-père. J’ai l’impression de grandir dans son ombre, ombre qu’il me faudra reprendre quand lui-même s’en ira. Mais j’en ai pas envie.

    — Comment ça? releva Minhyuk qui jusque-là n’écoutait que d’une oreille.

    — Je suis pas juste Hwang Seohyeok, j’ai l’impression que si mon grand-père existait pas, j’aurais pas d’identité. Je dépends de lui.

    — Non, je veux dire… t’as dit que tu voulais pas prendre sa place s’il devait s’en aller?

    — Ouais, acquiesça Seohyeok dans un nouveau soupir. Moi j’aime être avec les clients, les jouets, la magie. La paperasse, les représentants, les contrats, les comptes… ça m’intéresse absolument pas. Même mon grand-père, ça le gonfle.

    — T’auras qu’à embaucher quelqu’un à qui ça plaît.

    — Je verrai bien, je…

    — Hello, les gars! »

    Interrompus par une voix familière, les deux garçons firent volte-face en même temps pour découvrir, à l’entrée de la cafétéria, Seojun qui venait de remplir son plateau de mets appétissants. Il se hâta de rejoindre ses proches et posa son déjeuner sur la table avant de se planter devant Minhyuk pour lui réclamer un baiser. Son copain s’était redressé et appuya sur ses lèvres un bisou discret qui ravit Seojun. Chacun s’assit à sa place, et les discussions dérivèrent sur quelque chose de plus léger : la façon dont le couple comptait passer les fêtes.

    Seojun et Minhyuk s’étaient connus au magasin de Noël. Seojun était encore enfant, et Minhyuk, du même âge que lui, venait chaque semaine avec ses parents. Les deux familles étaient devenues amies, les deux petits avaient grandi et étaient devenus amants. Il leur avait fallu plusieurs années avant de s’avouer les sentiments qui les dévoraient, et dès lors qu’ils avaient appris que leur amour était réciproque, ils n’avaient plus songé un seul instant aux regards extérieurs. Rien ne comptait plus pour eux, ce qu’ils ressentaient l’un pour l’autre avait comme créé des œillères qui les empêchaient d’accorder la moindre attention à ce qui les entourait.

    De toute manière, leurs proches approuvaient leur relation, quant aux employés du magasin – où Minhyuk travaillait rayon musique –, ils les appréciaient tant qu’ils ne pouvaient décemment pas les mépriser pour quelque chose de si futile qu’une simple orientation sexuelle.

    Et qu’est-ce qu’ils étaient heureux, depuis ces trois années qu’ils formaient un couple.

    Parce qu’il restait aux jeunes gens une bonne demi-heure avant de reprendre le travail, Seohyeok, Seojun et Minhyuk se trouvaient désormais en salle de repos. Le couple était enfoncé sur un même siège, Seojun sur les genoux de Minhyuk qui avait enroulé les bras autour de sa taille. Avec leurs cheveux bruns courts, raides pour Minhyuk, bouclés pour Seojun, et leurs habits qu’ils avaient pris l’habitude d’accorder, les deux garçons ne cachaient pas leur relation. Installés dans un coin de la large pièce, ils s’étaient enfermés dans leur bulle, et le fauteuil, ils l’avaient retourné face au mur. Ainsi, ils pouvaient s’échanger de petits baisers et de tendres câlins sans être gênés et sans déranger quiconque.

    « Seojun-ah, t’endors pas, le rabroua gentiment son compagnon en remarquant ses paupières closes.

    — Laisse-moi roupiller si j’en ai envie…

    — On reprend bientôt.

    — Raison de plus pour me laisser dormir tant que je le peux encore.

    — Hyung, dis à ton frère de…

    — Laisse-le dormir, Minhyuk-ah, si t’es pas gentil avec lui t’auras pas de cadeaux. En plus, t’adores quand il s’endort dans tes bras.

    — Pas quand je suis sur mes jeux. »

    Le portable entre les mains, Minhyuk peinait à discerner son écran et râlait depuis plusieurs minutes déjà. Mais ça, Seohyeok s’en moquait : lui, tout ce qu’il voyait, c’était que son petit frère désirait dormir contre son amoureux, et il trouvait ça adorable.

    D’une certaine manière, il les enviait. Il n’avait jamais connu ça. Seohyeok se montrait beaucoup trop timide, une fois sorti du cadre de travail – eh oui, même si ça pouvait étonner de la part d’un vendeur. De fait, il peinait à rencontrer d’autres personnes, d’autant plus qu’il consacrait tout son temps au magasin de Séoul, si bien qu’il n’imaginait pas dégager ne serait-ce que quelques minutes pour s’occuper de son cœur.

    Pourtant, plus les années passaient, plus il regardait avec envie le couple formé par son frère et leur ami. Lui aussi aimerait quelqu’un à serrer dans ses bras, quelqu’un qui le serrerait dans les siens. Homme ou femme, peu importait, tant que les sentiments étaient au rendez-vous. Parfois, il se sentait sincèrement seul…

    Leur pause terminée, les trois jeunes gens quittèrent la salle. Seojun, malgré sa petite mine, reprit son travail : il préparait les ateliers proposés dans les jours à venir aux enfants et assurait la coordination des différentes équipes grâce auxquelles le tirage au sort de l’après-midi se déroulerait sans problèmes.

    Seohyeok quant à lui s’attela à son activité favorite : conseiller ses fidèles clients, dont il reconnaissait certains parce qu’ils venaient ici depuis toujours. Le temps, donc, fila, et bien vite advint le moment du tirage au sort tant attendu par les deux frères.

    Seohyeok se dirigea vers le rez-de-chaussée du magasin, où un large espace était dédié à toutes les animations organisées. Une scène démontable avait été construite pour l’occasion, sur laquelle trônait un socle surmonté d’un globe de verre rempli de flocons numérotés. Il y en avait beaucoup plus qu’à l’époque, et chaque année le nombre s’accroissait, ce qui émerveillait Seohyeok.

    Petits et grands y participaient, et de très beaux souvenirs ornaient le cœur de Seohyeok, liés à cet évènement : deux ans plus tôt, un homme d’apparence modeste avait été tiré parmi les gagnants, il était reparti avec un jouet extrêmement populaire. Quelques jours plus tard, il était revenu et avait remercié chaleureusement le jeune co-manager, car il avait pu offrir à sa petite sœur le Noël dont elle rêvait : parce que leurs parents étaient morts quelques années auparavant, il avait fallu à cet étudiant se charger aussi bien de ses propres frais que de ceux engendrés par sa petite sœur. Il l’avait prise sous son aile, conscient qu’elle serait dévastée d’être envoyée en famille d’accueil après la tragédie qu’ils avaient connue. Ainsi, pour la première fois depuis cet évènement, il lui avait apporté pour Noël le jouet qu’elle espérait depuis trois ans.

    Ce récit lui mettait du baume au cœur : le tirage au sort, en cette période, lui donnait la sensation de pouvoir changer des vies.

    Apprêté comme pour une soirée de gala, Seojun attira sur lui toute l’attention lorsqu’il monta sur scène. Une foule importante s’était massée pour assister à cet évènement incontournable du magasin. Le jeune homme salua les clients en s’inclinant poliment, après quoi il leva la main, un large sourire au visage devant les applaudissements qui s’élevaient, pareils à un brouhaha qui lui réchauffait le cœur.

    « Mesdames et messieurs, clama-t-il dans son micro, je suis fier de vous voir si nombreux pour notre tirage au sort annuel. Tous ici nous avons travaillé afin de faire en sorte que ce moment puisse réjouir le plus grand nombre. Pour commencer, je tenais donc à vous remercier de votre présence et de votre enthousiasme, que j’ai le bonheur de partager depuis des années.

    « Sachez ensuite que les deux jolies demoiselles habillées en lutin, qui slaloment entre vous, sont chargées de bonbons qu’elles vont distribuer à tous ceux qui en désirent, petits et grands : il n’y a pas d’âge pour s’offrir une petite douceur.

    « Enfin et parce que je sais que vous êtes tous impatients, j’aurais besoin d’une main innocente pour piocher les flocons vainqueurs dans le bocal, afin que rien ne soit susceptible de remettre en question l’honnêteté de notre grand jeu de Noël. Qui voudrait avoir cet honneur? »

    Chaque année en effet, c’était un enfant que Seojun invitait sur scène pour choisir dix flocons au hasard. Il les trouvait adorables et ne se lassait pas de les entendre annoncer les numéros de leur voix fluette.

    Le jeune homme, donc, se plaça au bord de l'estrade, où déjà plein de petits levaient les mains avec excitation. Il parcourut l’assistance des yeux un instant avant qu’une frimousse n’attire son regard. Elle levait le bras à s’en décrocher l’épaule, si bien qu’elle s’aidait de sa main libre pour maintenir l’autre en l’air. Sur son visage se peignaient à la fois l’espoir et l’impatience dans une moue attendrissante qui le toucha.

    Seojun approcha, les prunelles fixées sur la fillette.

    « Coucou, princesse, sourit-il en s’accroupissant afin de paraître moins impressionnant. Comment tu t’appelles? »

    Il lui tendit le micro.

    « Aecha, se présenta l’enfant.

    — Enchanté. Et tu as quel âge?

    — J’ai eu six ans cette année.

    — Oh, t’es grande, ça tombe bien : je vais avoir besoin de ton aide. Tu veux bien tirer les dix flocons pour moi?

    — Oui! Oui!

    — Vous permettez que je vous l’emprunte? » s’enquit Seojun d’un ton amusé en jetant un regard au père.

    Attendri par le visage émerveillé et le bonheur de sa fille, l’homme acquiesça sans hésiter et lui lâcha l’épaule. La jeune Aecha attrapa aussitôt entre ses petits doigts la main de Seojun qui traversa la scène avec elle, jusqu’au socle. Il prit l’enfant dans ses bras et se positionna face à la foule.

    « Princesse, je vais te laisser le micro à partir de maintenant. Ta mission, ça va être de bien mélanger les flocons, puis d’en piocher dix. Tu peux mélanger entre chaque tirage, si tu veux. C’est toi qui décides. Et tu annonceras chaque nombre dans le micro, ça marche?

    — Oui! »

    Déjà la fillette se penchait pour plonger la main dans le bocal. Elle remua de longues secondes durant, et tira un premier numéro, celui d’un petit garçon. Les flocons se succédèrent, et chaque fois que l’un d’eux était dévoilé, un bras dans l’audience se dressait tandis que s’élevait un cri de bonheur.

    C’était de ça que Seojun nourrissait la passion qu’il entretenait pour Noël : ces sourires, ces expressions qui trahissaient une joie débordante… quel plaisir!

    « Le neuf cent douze! » annonça-t-elle enfin.

    Par réflexe, chacun promena son regard autour de lui, de manière circulaire, pour chercher la main levée… or aucune main ne l’était. Seohyeok fit la moue : il arrivait chaque année qu’un ou plusieurs gagnants n’assistent pas au tirage. Ça n’avait cependant aucune importance, puisqu'ils disposaient d’une semaine pour se manifester à l’accueil du magasin et réclamer leur cadeau.

    « Et moi qui avais cru que tous nos chanceux seraient dans l’assistance, pour une fois, rit Seojun en reposant sa petite collaboratrice sur la scène. Merci encore, princesse, tu peux retourner vers ton papa. Oh, et n’oublie pas d’aller vers les deux lutins : puisque tu as tiré tous ces numéros, elles te donneront une petite récompense. »

    Il s’agissait d’un sachet entier de sucres d’orges et de chocolats de Noël.

    « Je vous remercie tous pour votre présence ici, dans le magasin de mon enfance, celui dans lequel je compte bien faire vivre encore longtemps la magie des fêtes, conclut-il. Le magasin de Noël vous souhaite une bonne soirée et une heureuse fin d’année. Puissent tous vos rêves se réaliser, à bientôt! »

    Seojun quitta la scène sous les ovations de l’assistance. Il adressa un rapide signe à son frère, qui le rejoignit quelques instants plus tard à son bureau.

    « Et un tirage de plus de terminé, soupira Seojun en finissant de ranger des documents. C’est dingue de voir autant de monde alors qu’à l’origine il y avait quoi… dix personnes à tout casser?

    — Ouais, moi aussi je trouve ça merveilleux. Y avait plus d’étoiles dans les yeux de cette gamine que dans le ciel. C’était incroyable! »

    Son cadet lui offrit un regard rempli de reconnaissance. Il ressentait une immense fierté, et se faire ainsi complimenter le ravissait d’autant plus. Seohyeok le quitta pour retourner à ses activités, et ce fut de cette manière que s’acheva leur journée au magasin. À l’approche de Noël, les deux garçons avaient développé l’habitude de travailler chaque jour de longues heures : ils chérissaient tant leur métier que les heures défilaient sans qu’ils s’en rendent compte, si bien qu’ils ne voyaient aucun problème dans le fait de s’ajouter une montagne d’heures supplémentaires en fin d’année.

    « Minhyuk vient ce soir? s’enquit Seohyeok en grimpant dans la limousine avec Seojun.

    — Non, son frère et lui avaient prévu une soirée films. Mais demain, oui, il sera là.

    — Pas trop fatigué?

    — Si… mais j’ai quand même la pêche! »

    Il lui adressa un regard ravi que son aîné lui rendit, enchanté de le savoir aussi épanoui. Ils discutèrent durant le trajet, observant avec émerveillement le vent qui hurlait et la neige qui chutait abondamment. Leur chauffeur ne râla pas longtemps, car à peine se fut-il plaint une première fois que déjà ses deux passagers se chargèrent de lui redonner le sourire. Parler avec lui demeurait le meilleur moyen de le divertir lors de soirées comme celles-ci où les conditions météorologiques difficiles bloquaient la circulation.

    En rentrant, les jeunes gens s’installèrent au salon avec Euijin, à qui Seohyeok alla préparer une tisane bien chaude. Les trois étaient occupés à discuter devant un plateau de petits biscuits quand un vieil homme fit son entrée. Il arborait une expression qui témoignait à elle seule de sa bonté, et son visage débonnaire inspirait confiance à quiconque croisait sa route. Dès qu’ils le virent, les deux frères se redressèrent pour s’incliner.

    Leur grand-père se joignit à eux pour les questionner sur leur journée. Chacun raconta quelques anecdotes, toutefois, lorsqu’Euijin leur souhaita une bonne soirée et s’éclipsa, le vieil homme poussa un soupir de dépit.

    « Les garçons, il faut qu’on parle, indiqua-t-il.

    — Comment ça? s’inquiéta Seohyeok. Tu vas bien, hein?

    — L’âge me rattrape, mais tout va bien, oui.

    — Qu’est-ce que tu veux dire? »

    Les frères échangèrent un regard soucieux que leur aïeul surprit. Il tint d’abord à les rassurer, après quoi il poursuivit.

    « J’ai quelque chose d’important à vous annoncer : je compte prendre ma retraite dans les semaines à venir. Je suis fatigué, je n’arrive plus à assumer des journées entières de travail, et les papiers m’ennuient profondément, ce n’est plus fait pour moi.

    — Et… qu’est-ce qui va se passer pour les magasins? demanda Seojun.

    — J’ai… j’ai beaucoup réfléchi à cette question, admit-il en baissant les yeux dans un nouveau soupir. Pour tout vous dire, j’y songe depuis des mois. En fait, je voulais faire de Seohyeok le président de la chaîne, mais… je sais bien que ce n’est pas ce que tu veux, n’est-ce pas?

    — Effectivement, reconnut le concerné.

    — Ces missions que je t’ai confiées ces dernières semaines me servaient à estimer ta capacité à prendre ma place : tu t’en es brillamment sorti, en revanche j’ai compris que ça ne te plaisait pas, que tu n’y prenais aucun plaisir. Il est pour moi hors de question d’imposer à mon petit-fils une responsabilité qu’il serait écœuré d’assumer. Je ne souhaite pas que tu subisses ton travail, j’aime te voir t’y épanouir.

    « Il y avait cependant cette chaîne de magasins de jouets qui me faisait des propositions de rachat depuis plusieurs années… j’ai fini par accepter le mois dernier.

    — Pardon! »

    Outré, Seojun venait de se redresser dans un mouvement si vif qu’il faillit renverser le plateau devant eux. Son visage exprimait toutes ses craintes quant à l’avenir de ce magasin qu’il chérissait tant.

    « Calme-toi, Seojun-ah, le rabroua gentiment son grand-père, tu n’as rien à craindre. J’ai négocié tout ce qui pouvait l’être : aucun employé ne sera renvoyé sans l’accord de Seohyeok, qui sera consulté pour les décisions les plus importantes. Lui et toi êtes également assurés d’un travail à vie dans le magasin, dont vous possédez de très nombreuses actions. Nos collaborateurs savent ce que vous incarnez pour nos clients : vous ne pouvez pas partir sans amener avec vous l’âme de l’entreprise de Séoul, vous y resterez tant que vous le souhaiterez.

    « Seojun, tu seras chef de l’équipe en charge de l’événementiel. Ça ne changera rien à ton quotidien. Seohyeok, tu seras manager du magasin. Je sais, cependant, que la paperasse t’ennuie, et nous avons trouvé un terrain d’entente : tu seras assisté par un co-manager qui s’occupera avec toi du magasin. Toi, tu t’occuperas des rayons, de l’organisation du personnel – bref, de ce que tu aimes –, et ton associé gèrera pour sa part le côté administratif.

    — T’as réussi à négocier tout ça? lâcha Seojun d’un ton admiratif.

    — J’ai accepté leur offre sans discuter : l’argent n’est pas ma priorité, je vis bien assez confortablement. Tout ce que je souhaite, à une semaine de Noël, c’est m’assurer que mes petits-enfants seront heureux, et que je ne pars pas en laissant à mes employés un goût amer.

    — Merci! se réjouit

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