Dans mon jardin d’herbes folles

Par Edmond Juéry

« Il y a parfois des fleurs
dans ce jardin d’herbes folles
que je garde dans le cœur.
 Elles sont souvent oubliées
et leurs corolles s’étiolent
quand le jour devient nuit.
 Elles ne sont jamais cueillies
et se fanent et puis renaissent
et c’est toute ma richesse. »


À PROPOS DE L'AUTEUR


Edmond Juéry a effectué des études juridiques. Avec une participation active à l’enseignement professionnel et à la formation continue, il contribue à l’écriture de guides pratiques divers. Entre plaisirs, chagrins, regrets et joies, il propose Dans mon jardin d’herbes folles, un recueil de poésie qui présente des instants de vie et des souvenirs nostalgiques d’un passé révolu.

• Langue: Français
• Éditeur: Le Lys Bleu Éditions
• Date de sortie: 27 juil. 2023
• ISBN: 9791037791252

Aperçu du livre

Anniversaire

Je ne tiens pas encore à sonner l’angélus

pour fêter aujourd’hui par une année de plus

c’est mieux que de pleurer pour une année de moins.

Si l’âge et la sagesse enfin se sont rejoints

dans les années tournantes et qui naissent et qui meurent

que chaque anniversaire soit marqué d’une fleur.

***

Assomption

Vous entrez dans la lumière

des forces ascensionnelles.

Votre corps est libéré

et dématérialisé.

Vous oubliez les soucis

de vos espérances vaines

et l’existence nouvelle

est le règne de l’esprit

de la véritable vie.

Vous recréez la matière

en quelques mots élevés

et connaissez le mystère

d’une courte éternité.

***

Au fil de l’eau

Couleurs en demi-teintes,

la rivière enchantée

où ruisselle l’ondée

se chante une complainte.

La source fluide et claire

pousse la ritournelle

en gouttes d’étincelles

de musique légère.

Les chagrins, les ennuis

s’en vont au fil de l’eau

et vident le cerveau

pour un nouvel oubli.

Soudain tout refleurit

dans un cristal de rire

les trop vieux souvenirs

au loin se sont enfuis.

Les arbres de fraîcheur

où les ombres sont douces

font un tapis de mousse

de calme et de bonheur.

***

Berger d’étoiles

Je suis le berger des étoiles

blanchi par les écumes de la mer,

un coureur de dunes

par les nuits sans lune

qui met à la voile

dans des flots amers.

Je rêvais des sommets d’un être en devenir

le verbe haut, de l’allant et la voix affirmée,

sûr de l’avenir

et d’une voie tracée,

recherchant des plaisirs

à combler les désirs.

J’ai abusé des élixirs,

je me suis enivré de mots.

J’ai immobilisé le temps

dépassé l’infini

pataugé dans les marigots

recherché des printemps

récolté les ennuis

farfadet folâtre en folles farandoles

et démesure

j’ai préféré la gaudriole

aux grandes aventures.

Zélateur du zénith sur des routes de vagues

va-nu-pieds véloce et volubile qui divague

je ne suis qu’un passant, marchant désabusé

que l’ombre et le silence ont un peu réveillé.

Rongé jusqu’à la moelle

usé des années de galère

perdu dans une brume

oubliant les rancunes

ravalant mes colères

je suis le berger des étoiles.

***

Bleu

Le fond de l’âme est impossible.

Il est aussi bleu que le vide

qui ronge tout comme un acide

et perce une invisible cible.

Le vide est bleu comme un diamant

dans le froid de sa transparence

comme une fleur de démence

qu’il attire vers un faux-semblant.

Un oiseau vole vers un bonheur

ou tout est bleu de rêverie

comme une onde qui se marie

sur une mer de candeur.

C’est le cristal de l’eau

l’addition du néant

comme un mur béant

ouvert sur un joyau

de la couleur du rêve.

Pensée de l’inconscience

et gerbe de faïence

se brisant sur la grève

et si le regard est plus froid

du réel jusqu’à l’infini,

ne croyez pas que c’est aussi

pour que la vérité s’y noie,

car dans l’alternance des Dieux

qui rythme nos contradictions

derrière le miroir des passions

où tout s’apaise dans les bleus,

les formes sont légères

et les sons cristallins,

les chagrins délétères

Pour de nouveaux matins.

***

Bonheur passé

Le bonheur est petit

sur l’océan fatigue

un flou de souvenirs

un flot d’horizons fous

Si tu savais la vague après la vague

Avec en fleur un ciel d’été

tu sentirais les couleurs du passé

mystère et doux amer

comme un regret silence.

***

Bouquet

Pour toi des fleurs

tout un bouquet d’odeurs

éclatant de couleurs,

ne les rejette pas.

Des fleurs de toutes saisons

des fleurs à foison

et qui ne fanent pas.

Des fleurs de fête

des fleurs des champs.

Je les ai cueillies dans ma tête

en profitant

d’un éternel printemps.

***

Chemins d’hier

Je suis chemin de déshérence

arrosé de mes larmes sèches,

je suis chemin de mes errances

où les ornières se dessèchent,

je suis chemin qui n’arrive jamais

tout à fait

et qui