Échec et Mat Conjugal
Par L. A. Witt
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À propos de ce livre électronique
Épousez-moi. Durée : 1 an. Paiement : 1.2 million $.
Hayden Somerset est convaincu que cette petite annonce est une blague, toutefois il y répond, parce que… allô quoi ! 1.2 million de dollars ! Il est fauché, vit dans un minuscule appartement avec deux colocataires et est épuisé de devoir prier que sa vieille voiture survive une semaine de plus. La flambée de son loyer et les remboursements écrasants de son prêt étudiant n'aident pas non plus. À ce stade, Hayden ferait n'importe quoi pour du cash.
La petite annonce n'est pas une blague. Jesse Ambrose est on ne peut plus sérieux. Son père, charismatique patriarche d'une puissante dynastie hollywoodienne, a des vues sur la politique et compte sur les libéraux et les progressistes de Californie pour l'élire. Mais Jesse sait ce en quoi croit son père lorsque les caméras et les électeurs ne sont pas dans les parages. À l'approche des élections, Jesse fera tout pour lui forcer la main et montrer au public qui est réellement Isaac Ambrose.
Tout, y compris épouser un inconnu, afin que son père tienne sa promesse de le renier s'il se marie à un homme.
Il ne lui reste plus qu'à attendre que son père morde à l'hameçon… et essayer de ne pas tomber accidentellement amoureux de son faux mari.
L. A. Witt
L.A. Witt is the author of Back Piece. She is a M/M romance writer who has finally been released from the purgatorial corn maze of Omaha, Nebraska, and now spends her time on the southwestern coast of Spain. In between wondering how she didn’t lose her mind in Omaha, she explores the country with her husband, several clairvoyant hamsters, and an ever-growing herd of rabid plot bunnies.
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Aperçu du livre
Échec et Mat Conjugal - L. A. Witt
Chapitre 1
Hayden
— Celui qui a rédigé cette petite annonce est soit un tueur en série, soit quelqu’un qui tourne des pornos, déclara Luis sans détourner les yeux de la télé.
Mon autre colocataire, Ashton, ricana.
— Ça, ou c’est un tueur en série qui tourne des pornos.
J’éclatai de rire et levai les yeux au ciel.
— En quoi diffère-t-elle de toute autre annonce ? C’est Hollywood, bébé.
Luis fronça les sourcils.
— Je suis sérieux. Ce n’est pas une annonce banale. Pas même pour cette ville. C’est carrément étrange.
— Oui, ça l’est.
Je scrutai l’écran de mon ordinateur portable et l’annonce que j’avais lue d’une voix incrédule à mes colocataires.
— Je suis curieux, je ne vais pas mentir.
Luis secoua la tête, les sourcils toujours froncés.
— Je serais curieux aussi, dit Ashton. Comment se fait-il que personne ne m’ait jamais offert d’être mon papa gâteau ?
— Parce que tu es hétéro, crétin, répondit Luis en riant. Il te faut une maman gâteau.
— Hé, je suis le plus fauché d’entre nous. Je ne ferais aucune distinction si quelqu’un offrait de payer mes factures, plaisanta Ashton, affalé sur le vieux canapé à côté de moi, en se tordant le cou pour jeter un œil à mon écran. Est-ce qu’il est exigé que la personne soit gay ? Ou est-ce qu’un hétéro…
— Oh non, rétorquai-je en faisant pivoter mon ordinateur en lui lançant un regard noir. J’ai dit prem’s.
— Mais…
Ashton bouda, puis soupira.
— Très bien.
— C’est ce que je pensais.
Luis cligna des yeux.
— Hayden, s’il te plaît, dis-moi que tu ne vas pas y répondre.
— Non, je ne vais pas y répondre, me moquai-je en commençant à taper. J’y réponds tout de suite.
Il secoua la tête et reporta son attention sur la télé que nous ignorions tous.
— Amuse-toi bien avec ton tueur en série amateur de films porno.
Je ricanai, mais ne répliquai rien.
Dans l’e-mail, j’écrivis :
Bonjour, j’ai vu votre petite annonce et je serais intéressé. Pouvez-vous me contacter pour me donner plus de détails ?
C’était un e-mail somme toute assez inoffensif. La même réponse générique que j’avais tapée à chaque annonce que j’avais trouvée, mais, cette fois, alors que j’appuyais sur « envoyer », je ressentis une étrange impression dans mes tripes. À la fois due à la curiosité, l’amusement et… la frousse ? Comme si la personne à l’autre extrémité pouvait me répondre et que quelque chose pouvait en découler, autre qu’une crise de fou rire parce que quelqu’un était tombé dans le panneau. Toutefois, je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus.
L’e-mail était envoyé, je n’avais plus qu’à attendre.
Je refermai mon application de messagerie, mais l’onglet qui affichait l’annonce était toujours ouvert et je ne résistai pas à l’envie de la lire une nouvelle fois.
Épousez-moi. Durée : un an. Paiement : 1.2 million $.
Je suis un homme à la recherche d’un mari temporaire. 100,000 $/mois. Cohabitation, mariage légal et accord de non-divulgation exigés. Le sexe ne l’est pas. Contactez-moi pour plus d’informations.
OK, je pouvais vraiment comprendre pourquoi Luis trouvait ça étrange, mais, je veux dire, 1.2 million c’était 1.2 million. Cela nous permettrait de payer nos trois prêts étudiants et nous laisserait suffisamment d’argent pour… je ne sais pas, un voyage chez In-N-Out pour manger un hamburger.
C’était probablement une plaisanterie. Ou une escroquerie. Je n’avais aucun doute que je venais de m’inscrire pour un millier de spams. Ça, ou une équipe de hackers étaient en ce moment même, pendant que je restais assis là, en train de siphonner mes finances et me saigner à blanc. La bonne blague ! J’espérais qu’ils aimaient le In-N-Out, parce que c’était tout ce qu’ils allaient pouvoir se payer avec mes tonnes de richesses.
Ugh, je détestais être aussi fauché. Pourquoi avais-je laissé quelqu’un me convaincre d’aller à l’université ? Ah oui, parce que sans diplôme universitaire, j’aurais passé le reste de ma pathétique vie fauché, à vivre avec deux colocataires dans un minuscule appartement dans un quartier pourri. Attendez…
Bon, au moins notre trou à rats avait cinq diplômes accrochés au mur – nos trois baccalauréats, le master en Administration des Affaires de Luis et mon master en Arts du Théâtre, qui n’avait pas du tout été une perte d’argent et de temps. Encore quelques mois, et nous pourrions ajouter le master d’Ashton au mur de la honte. Ensuite, nous pourrions célébrer cela en ajoutant de l’assaisonnement à nos nouilles ramens et en les accompagnant d’un quelconque soda bon marché qui serait en vente cette semaine-là.
Alors oui, pour être franc, l’annonce du tueur en série amateur de porno n’était pas aussi attrayante qu’on pourrait le penser.
Mais tant qu’il n’y avait pas de clown impliqué… J’étais désespéré, mais un homme avait des standards.
Nous étions au beau milieu d’un épisode de The Big Bang Theory – mon Dieu, il n’y avait rien à la télé, aujourd’hui ! – quand une notification annonça l’arrivée d’un e-mail. Je bondis comme si j'avais été frappé et envoyai la même prière que je faisais toujours lorsque je recevais un message : s’il vous plaît, faites que Carmen me contacte pour une autre audition. Ce puits était désespérément vide dernièrement, mais l’espoir était éternel.
Dès que j’ouvris la fenêtre de messagerie, mes dents claquèrent si fort que je faillis me mordre la langue. L’e-mail ne venait pas de Carmen.
Expéditeur : utilisateur_invite
Objet : Épousez-moi pendant un an.
Je dus réprimer mon enthousiasme à l’idée d’annoncer à mes colocataires que le mystérieux papa gâteau avait répondu. Mieux valait voir ce qu’il avait réellement répondu avant de me ridiculiser.
Retenant mon souffle, j’ouvris l’e-mail.
Merci d’avoir répondu. Êtes-vous sérieusement intéressé ?
Je déglutis, puis tapai ma réponse :
J’ai besoin de détails, mais oui.
Si je n’avais pas été curieux avant, maintenant je l’étais. S’il me demandait mes coordonnées bancaires, je le bloquerais immédiatement, toutefois, jusque-là, il n’avait pas précisé être un prince nigérian. Ce qui n’était pas nécessairement prometteur, mais assurément intrigant.
Une réponse arriva quelques secondes plus tard :
Seriez-vous prêt à me rencontrer ? Je préférerais ne pas discuter de cela par e-mail.
L’idée du tueur en série amateur de porno devenait de plus en plus plausible. D’un autre côté, si j’allais « me marier » à cet homme pendant un an, ça ne ferait sûrement pas de mal de le voir en personne et de découvrir s’il ne ressemblait pas à…
Un tueur en série amateur de porno ?
Je me raclai la gorge.
— Hé, vous vous souvenez du papa gâteau ?
Mes deux colocataires tournèrent la tête vers moi. Je désignai mon ordinateur.
— Il a répondu. Il veut me rencontrer pour discuter des détails.
Luis feignit de se poignarder et fredonna la musique de Psychose. Ashton se pencha et jeta un œil à l’écran.
— T’a-t-il donné plus d’infos ?
— Non, il a seulement précisé qu’il ne voulait pas en parler par e-mail.
Au même instant, mon prince nigérian tueur en série amateur de porno répondit. Le message comprenait le nom d’un restaurant, l’adresse et une heure.
Dites à l’hôtesse que vous avez rendez-vous avec James.
Je cherchai rapidement sur Google le restaurant, qui s’avéra être un lieu extrêmement coûteux sur West Hollywood.
— Putain de merde ! Je ne pourrais même pas m’offrir un verre d’eau du robinet dans cet endroit.
Ashton siffla.
— Sans blague ! Tu vas y aller, alors ?
Une partie de moi se dit que la réponse la plus intelligente serait « euh, non », suivie de la suppression du mail, de la fermeture de mon ordinateur portable et de ne plus jamais en reparler. Toutefois, bizarrement, chaque pas qui me rapprochait du terrier du lapin blanc me rendait de plus en plus curieux. Qui était cet homme ? Quel était ce deal ? Et qui avait besoin d’engager un mari – un vrai mari légal ? Était-ce l’une de ces comédies romantiques où il devait se marier pour figurer dans le testament de papa ?
— Je crois que je vais y aller, oui.
Luis soupira.
— Mec. Si ce gars est suffisamment riche pour payer quelqu’un un million de dollars pour l’épouser, est-ce que ça ne sous-entend pas qu’il y a une raison pour laquelle personne n’a voulu l’épouser gratuitement ?
— La ferme, siffla Ashton. Hayden est sur le point de devenir riche.
— Ou assassiné.
— Je ne vais pas me faire assassiner.
Toutefois, alors que je posais les doigts sur les touches, je jetai un regard à mes colocataires.
— Mais… euh… est-ce que l’un d’entre vous pourrait rester à proximité ? Juste au cas où il se révélerait être Ça, le clown star du porno ?
Oh seigneur, il n’y aurait pas vraiment de clowns, n’est-ce pas ?
Luis secoua la tête.
— Aucun moyen. Je ne participerai pas à ça.
Ashton leva les yeux au ciel.
— Je vais venir. Ma voiture te sortira de là sans tomber en panne.
Il… n’avait pas tort. Mon tas de ferraille poussif était à un doigt de monter dans le grand paradis des parkings, alors que la vieille Honda d’Ashton roulait toujours. Sérieusement, cette voiture était immortelle.
— D’accord. Merci. Je verrai si je peux piquer un bout de pain ou quelque chose comme ça.
— Oh mon Dieu ! Oh, s’il te plaît, gémit Ashton.
Je pouffai de rire et reportai mon attention sur mon écran. Avec un peu d’appréhension et beaucoup de curiosité, et peut-être un chouïa d’excitation, je répondis :
On se voit à 20h.
— J’ai rendez-vous avec James.
Je me sentis stupide en prononçant ces mots devant l’hôtesse tirée à quatre épingles de la réception. Cela me rappelait l’une de ces publicités à la radio où ils proclamaient que vous étiez supposé « leur dire que Bob vous avait envoyé » et que personne ne le faisait, parce que même aussi fauché que je l’étais, un dollar de moins ne valait pas le moment d’humiliation.
L’hôtesse ne cilla même pas, cependant.
— Il vous attend dans la section VIP. C’est par ici.
La section VIP ? Waouh !
Comme si cet endroit ne dépassait pas de loin mon budget. Les lumières étaient tamisées, et tout ce qui aurait dû être en papier dans le genre de restaurant qui aurait été susceptible de m’engager – oui, c’est vrai – était en lin, chaque surface qui aurait dû être maculée de traces de doigts et de graisse était en marbre impeccablement poli, plaqué or et d’autres pierres ou métal brillant que mon cul de demeuré était incapable d’identifier. Il y avait un bar dont seule l’étagère du haut semblait servir et, entre celui-ci et la cheminée, se trouvait un véritable quatuor à cordes en smoking qui jouait de la musique de chambre.
Tandis que je suivais l’hôtesse au milieu de toute cette classe et ce style, je jetai un regard conscient à ma chemise et mon pantalon, vérifiant rapidement mes cheveux dans l’une des nombreuses surfaces étincelantes. Ai-je l’air suffisamment convenable pour un endroit estampillé VIP ? Aurais-je dû porter autre chose ? Est-ce que je vaux un million de dollars ? Parce que je suis ici pour convaincre un homme que je vaux un million de dollars.
Oh, chéri, s’émut une voix dans ma tête. Tu ressembles à douze billets d’un dollar froissés.
Génial. Voilà qui s’apparentait à n’importe quelle audition ou entretien que j’avais passé – foutu avant que je franchisse le pas de la porte.
Il était encore temps de filer d’ici, non ? Ce n’était pas comme si quelqu’un me connaissait ou…
L’hôtesse ouvrit une porte décorée des lettres VIP en or et me fit signe d’entrer.
— C’est par ici. Un serveur va arriver pour prendre votre commande de boissons.
— Oh. Euh…
Je me raclai la gorge.
— Merci.
Elle referma la porte, et j’avançai dans le salon VIP. Il n’y avait qu’une seule autre personne, et James était… oh mon Dieu ! James n’était pas absolument pas ce que j’avais envisagé.
Entre le moment où j’avais lu l’annonce et celui où j’étais entré dans cette pièce, je m’étais brossé un tableau mental qui impliquait un homme aux cheveux grisonnants (en supposant qu’il lui en restait), des dents pourries (en supposant qu’il lui en restait), une peau fripée et un regard lubrique. Ce n’était pas techniquement juste, toutefois il était difficile d’ignorer les remarques de Luis sur le genre d’homme plein aux as et qui, pourtant, devait s’acheter un époux. Mon imagination n’avait pas tardé à créer un James avec des liens avec la mafia, une haleine de dragon et des champignons entre les orteils. Le chapeau de clown était resté une option.
Donc je n’étais absolument pas préparé à me retrouver face à cet homme magnifique qui me regardait.
Assis dans un petit box, adossé à la banquette en cuir, un verre à moitié vide à la main, il était grand et semblait tout droit sorti de la couverture d’un magazine de mode. Ses cheveux châtains et son teint clair faisaient ressortir le bleu étonnant de ses yeux, et l’ombre d’une barbe encadrait des lèvres charnues. Ses traits affichaient une expression neutre – il m’observait attentivement, néanmoins je n’aurais pu dire à quoi il pensait.
Il était vêtu d'une chemise grise, à peine plus chic que celle couleur canneberge que je portais. Ce qui amoindrit mon inquiétude d’être mal habillé, du moins, jusqu’à ce que je remarque la Rolex bicolore qui dépassait de sa manche. Je n’étais pas connaisseur en matière de montres, mais le coach de mon frère lui en avait acheté une quand il s’était qualifié pour la première fois aux jeux Olympiques, et je sus d’un seul coup d’œil qu’il s’agissait d’un bijou à plus de dix mille dollars. Au temps pour l’idée de ne pas me sentir mal habillé.
James se racla la gorge, et je me rendis compte, carrément mortifié, que j’étais resté planté là à le fixer. Lorsqu’il se leva, à la même vitesse que l’accélération de mon rythme cardiaque, et me tendit la main, j’oubliai presque quoi en faire.
— Vous devez être Hayden.
Je déglutis et, Dieu merci, me rappelai comment lui serrer la main.
— Oui. Je suppose que vous êtes James.
Sa façade neutre se brisa, et je fus à nouveau surpris, cette fois par son doux rire qui sembla… timide ? Vraiment ?
— James n’est pas mon vrai prénom. C’est juste un…
Il désigna la porte.
— Un nom de code ?
— En quelque sorte, oui.
Il croisa mon regard, son sourire s’attardant sur ses lèvres.
— Je m’appelle Jesse.
— Oh. D’accord.
Nos yeux se verrouillèrent un instant, puis Jesse fit un geste de la main en direction de la table.
— Asseyez-vous. Nous pourrions commander à boire et discuter…
— Je ne suis pas sûr de pouvoir m’offrir plus qu’un verre d’eau dans ce genre d’endroit, rétorquai-je en examinant les lieux. Et même pas de l’eau de source.
Son sourire se réchauffa.
— Je vous l’offre.
— Vous êtes… sûr ?
— Vous avez répondu à ma petite annonce ridiculement cryptique et passé l’épreuve des e-mails qui devaient paraître effrayants. Après tout ce mystère digne d’un roman de cape et d’épée, le moins que je puisse faire est de vous payer le repas.
Je clignai des yeux.
— Oh. D’accord. Bien sûr.
Mon estomac gronda, et je me surpris à espérer que le bruit n’ait pas été suffisamment fort pour qu’il l’entende. Après des mois à manger ce qui me tombait sous la main, étais-je sur le point de dîner dans un tel endroit ?
Eh bien, bon sang ! Amenez le prince nigérian, clown tueur en série et amateur de porno.
Chapitre 2
Jesse
J’avais posté cette annonce, car je ne savais pas comment trouver un homme qui accepterait cet arrangement, mais je n’avais pas eu grand espoir d’obtenir une réponse. Il était vrai qu’à Los Angeles – pays des rêves et des désillusions – les gens feraient beaucoup de choses pour de l’argent. Agitez-leur un montant à six chiffres devant le visage et la plupart des réserves s’évanouissaient. Mettez-en sept et… eh bien, c’était la seule explication à laquelle j’avais pensé pour justifier le fait que certains acteurs acceptaient certains rôles.
Donc je supposais que je n’aurais pas dû être surpris que quelqu’un réponde, seulement je ne m’étais pas attendu à… lui.
Tandis qu’Hayden s’installait face à moi dans le box, je volai un instant pour l’observer. Il devait être acteur ou mannequin. Personne dans cette ville n’était aussi beau sans être passé devant une caméra. Peut-être était-il en difficulté – après tout, il envisageait ma proposition – cependant, j’imaginais que sa traversée du désert ne serait pas longue. À moins qu’il soit un mauvais acteur. Mais alors…
Je me ressaisis et reportai mon attention sur le menu que j’avais déjà lu une dizaine de fois. Je serais bien incapable de jouer la comédie, mais l’idée de prétendre être l’autre moitié de cet homme n’était pas ce que j’appellerais décourageante. Il était… Oh mon Dieu ! Il était splendide. Il possédait un visage qui n’aurait jamais besoin de mon aide professionnelle pour paraître à son avantage devant la caméra. Du blush serait excessif sur des pommettes si hautes. Du mascara serait superflu sur des cils aussi longs. Il avait cette peau dorée qui n’était ni brûlée ni endommagée par le soleil et qui serait certainement parfaite devant l’objectif, sans aucune aide de ma part. Ses sourcils étaient parfaitement dessinés, j’aurais pu fixer ses lèvres toute la nuit, et ses cheveux étaient méticuleusement coiffés – je pouvais penser à une dizaine de directeurs de casting qui, après un seul regard, le feraient tourner jusqu’à ses quatre-vingt-dix ans.
Faire semblant d’être marié avec lui pendant un an ? Oui, je pouvais le faire.
Cependant, il nous fallait d’abord régler certains détails. Aussi folle que puisse paraître ma proposition en surface, elle était sérieuse pour moi, je n’allais donc pas prendre de risques. Aussi, dès que la serveuse fut venue et repartie avec nos commandes, je récupérai la chemise cartonnée posée à côté de moi sur la banquette.
— OK, avant d’aller plus loin, je dois vous faire signer un accord de confidentialité.
Hayden haussa les sourcils.
— Hum, d’accord.
Je glissai le document sur la table.
— J’ai besoin de savoir que tout ce qui se dira restera entre nous. Il y a beaucoup trop en jeu pour que je prenne quoi que ce soit pour acquis.
Ses yeux s’écarquillèrent, et il recula légèrement. Je pouvais quasiment entendre les réflexions rebondir dans son crâne.
— Cela ne vous engage à rien, précisai-je. Je veux juste m’assurer que ce que nous dirons ne quittera pas cette pièce.
Hayden examina le dossier un instant. Puis il l’ouvrit, et le silence régna entre nous tandis qu’il le lisait. Voilà un homme intelligent – il ne signait pas un document sans l’avoir lu. Pas même avec un million de dollars sur la table.
— Avez-vous un stylo ? demanda-t-il quand il eut fini.
Je lui en tendis un, et il griffonna son nom en bas de page. Je rangeai document et stylo, puis levai les yeux vers lui.
— Très bien. Puisque c’est réglé, nous devrions commencer avec un aperçu de ce que je fais.
Hayden hocha la tête.
— D’accord.
Je pris une gorgée de mon thé glacé, puis croisai les mains sur la table avant de prendre une profonde inspiration. Personne n’était encore allé jusque-là. Quelques touches par e-mail, mais Hayden était le premier à accepter de me rencontrer en personne et le premier à signer l’accord de confidentialité. Il serait le premier à entendre cette histoire, et je fus tout à coup terrifié à l’idée de ce que ça pourrait représenter pour une personne réelle.
Rien de mieux que le présent pour le découvrir.
— Connaissez-vous Isaac Ambrose ?
Hayden se crispa.
— Même ceux qui vivent dans une grotte connaissent Isaac Ambrose.
C’était la pure vérité.
Je gigotai, fixant mes mains jointes.
— Eh bien, c’est mon père.
Hayden émit un son à la limite de l’étouffement et, lorsque nos regards se croisèrent, il me dévisageait comme si je venais de lui annoncer que j’avais couché avec le Pape.
— Vous êtes… vous êtes le fils d’Isaac Ambrose ?
— L’un de ses fils qui ne soit pas une célébrité de premier plan, ce qui explique probablement pourquoi vous n’avez pas entendu parler de moi.
Hayden déglutit, mais ne répondit rien. Maintenant que j’y pensais, il était tout à fait possible qu’il ait entendu parler de moi. Mon père me citait occasionnellement dans des interviews et mon nom se glissait parfois dans l’un de ces articles longs de plusieurs pages à son sujet dans Vogue, Vanity Fair et People. Ce qui était plutôt ironique, étant donné que j’étais le seul de ses cinq enfants à avoir été nommé pour un Oscar et un Emmy, mais pour mon père, les catégories coiffure et maquillage ne comptaient pas. Il n’allait certainement pas s’enorgueillir que son fils soit nommé dans ces catégories.
Me raclant à nouveau la gorge, je m’adossai à la banquette.
— La version condensée est que mon père envisage de se présenter au poste de gouverneur l’année prochaine. Avec un programme progressiste libéral.
— Et alors ? demanda Hayden en dessinant du pouce le rebord du napperon en cuir. Il souhaite que son fils gay soit heureux en ménage pour mettre en avant son image de « bon père de famille » ?
— Non, ricanai-je. Si j’épouse un homme, il me renie.
Hayden se figea.
— Vous pouvez répéter ?
— Il se présente comme un progressiste, favorable à l’égalité libérale, parce que, voyons les choses en face, c’est ce que veulent les électeurs de la Californie, de nos jours.
— Je suppose, oui. Cependant, j’ai toujours pensé qu’il était plutôt conservateur.
— Il l’est. Il est très conservateur. La plupart des Républicains le voient comme un membre de l’élite libérale hollywoodienne, et il a réussi à s’aliéner les autres en étant résolument pro-choix. Il ne les intéresse pas.
Hayden laissa échapper un rire ironique et leva les yeux au ciel.
— Donc il se dépeint avec soin comme quelqu’un que les électeurs libéraux soutiendront, mais seulement sous les projecteurs ?
Je secouai la tête.
— Plusieurs journalistes ont tenté de montrer qui il était réellement, mais, franchement, il reste peu de médias disposés à l’affronter, à moins d’avoir des preuves irréfutables pour corroborer leurs propos.
Hayden haussa les sourcils.
— J’ai le sentiment que ça répond à ma question quant à la raison pour laquelle vous n’avez tout simplement pas fait de révélations au lieu de… euh…
— J’ai essayé. Croyez-moi. Et certains rivaux de l’industrie ou membres de la famille éloignés ont essayé dans le passé, mais ça leur a toujours explosé au visage. La moitié du temps, ils ne s’en sortent pas trop mal et l’autre moitié, mon père les traîne dans la boue et se concocte une défense à l’épreuve des balles, qui finit par les faire passer pour cent fois pires que lui.
Je secouai la tête en soupirant.
— Ce serait beaucoup plus facile, croyez-moi, mais personne ne m’écouterait.
— Merde.
— Oui, hein ?
Je me frottai le front. Parler de cela m’épuisait.
— Cela n’aide pas qu’il fasse beaucoup d’efforts pour ressembler au libéral qu’il prétend être. Il organise sans cesse des collectes de fonds à la con pour tout ce qui va de la recherche contre le sida à la malnutrition infantile.
Hayden se trémoussa, m’observant prudemment.
— Il… ne canalise pas cet argent dans autre chose, n’est-ce pas ?
— Non, non, répondis-je en secouant la tête. Mais il utilise très discrètement sa fortune personnelle dans des domaines comme l’interdiction aux homosexuels d’adopter des enfants. Il assure devant chaque caméra qu’il trouve qu’il soutient l’égalité du mariage pour tous, mais je sais pertinemment qu’il investit des dizaines de milliers de dollars dans des campagnes pour l’interdire.
— Les donations politiques ne sont-elles pas publiques ?
— Elles sont supposées l’être, toutefois si les fonds transitent par des sociétés-écrans et des canaux anonymes, les tracer devient impossible.
Hayden siffla.
— Waouh ! Je ne devrais pas être surpris qu’un homme aussi puissant soit corrompu, mais…
— Tout le monde est corrompu à Hollywood, grommelai-je. Surtout ceux qui se lancent en politique.
— À qui le dites-vous.
Il prit une gorgée de sa boisson et la fit rouler dans sa bouche un court instant.
— Sait-il que vous êtes gay ?
— Oui. Et…
J’hésitai, me demandant si je devais raconter toute l’histoire à Hayden maintenant ou plus tard. Je décidai qu’il méritait au moins de connaître les passages pertinents et me fis une note mentale de me verser un verre d’alcool fort quand je rentrerais à la maison. Je me redressai et croisai les bras sur la table.
— J’ai révélé mon homosexualité à ma famille quand j’avais quinze ans. Mon père était prêt à me couper les vivres et à me jeter dehors ce jour-là.
— À quinze ans ? bredouilla Hayden.
— Oui. Ma mère est intervenue, Dieu merci. Elle l’a convaincu que me rejeter de cette façon nuirait sérieusement à sa réputation. Ce qui… je veux dire, ça fait presque vingt ans, alors il aurait pu s’en sortir, mais ma mère avait compris que la société était en train de changer. Même s’il s’en sortait à ce moment-là, ça reviendrait lui mordre le cul plus tard.
— Donc il vous garde dans la famille, car il veut protéger sa réputation ?
Je haussai une épaule.
— Hollywood.
Hayden hocha la tête et laissa échapper un grognement de compréhension. Incroyable à quel point un seul mot pouvait tout expliquer à quiconque avait passé du temps dans cette ville et son industrie faussement brillante.
— Quoi qu’il en soit, le résultat est qu’ils sont arrivés à un arrangement. Je pouvais rester à la maison et sortir discrètement avec des hommes, mais il me renierait si j’en épousais un.
Hayden haussa les sourcils, confus.
— C’était… soupirai-je en agitant la main. Mon père a besoin d’avoir le dernier mot afin d’être toujours en contrôle – afin de toujours gagner – et ma mère imaginait que je ne serais jamais en mesure de me marier un jour, donc elle a accepté.
Mes épaules s’affaissèrent, la fatigue se faisant sentir après avoir mentalement revécu cette infernale semaine de négociations tendues entre mes parents.
— Nous supposions tous que c’était réglé, vous voyez ? Puis le Canada a légalisé le mariage homosexuel, et il s’avère qu’à cette époque, j’avais une relation sérieuse avec un homme. Ma mère m’a pris à part et m’a dit de ne même pas y penser. Elle a dit que si je voulais m’enfuir pour me marier, très bien, mais qu’il ne fallait pas que j’en parle à mon père, que je ne me balade pas avec une alliance en sa présence, que je ne change pas de nom…
— Elle le pensait sérieux. Elle croyait qu’il sauterait sur l’occasion pour vous jeter dehors, même toutes ces années plus tard.
Je hochai lentement la tête et ravalai la bile dans ma gorge.
— Elle savait qu’il l’était, et il me l’a confirmé. Le jour où l’égalité des mariages a été votée dans cet État, il m’a assuré que ce qui était en vigueur lorsque j’avais quinze ans tenait toujours. Si j’épousais un homme, il me renierait et me déshériterait. C’est la seule façon pour lui d’avoir l’impression de maîtriser la situation. C’est un homme habitué à obtenir ce qu’il veut, peu importe comment, il a une tolérance zéro pour la défiance. En particulier de la part de ses propres enfants. Honnêtement, sa ligne de défense aurait pu être n’importe quoi, pourvu qu’il puisse s’en servir pour me contrôler. Ma mère a suggéré le mariage, il a accepté.
Hayden entrouvrit la bouche. Il me dévisagea un instant, puis s’humecta les lèvres et prit une inspiration, comme sur le point de parler, mais, avant qu’il le puisse, son téléphone sonna.
— Merde. Excusez-moi une seconde.
Il le sortit de sa poche et, tout en tapant, ajouta :
— Mon ami m’attend dehors au cas où vous vous seriez révélé louche.
Touché.
— Sans vouloir vous offenser.
— Il n’y a pas de mal.
J’aimais sa prudence. Il avait lu le contrat de confidentialité au lieu de le signer aveuglément et il avait un plan de secours, car il ne connaissait rien de moi avant de venir. C’était encourageant – c’était un homme qui prendrait la situation au sérieux et s’impliquerait en gardant les yeux ouverts.
— OK. Désolé, s’excusa-t-il en rangeant son téléphone. Il fallait que je lui donne des nouvelles, afin qu’il ne pense pas que vous étiez en train de me découper en morceaux dans une allée sombre.
J’éclatai de rire. J’aurais pu faire une blague du genre « pas dans cette partie de la ville » ou « nous n’avons même pas encore dîné », mais cela ne me semblait pas approprié. Hayden avait tous les droits de se méfier de moi et de mes intentions, alors je gardai mes boutades pour moi.
— Bon, reprit Hayden en croisant les mains sur la table, imitant ma posture. Vous êtes en train de me dire que vous voulez contracter un faux mariage, afin que votre père vous déshérite ?
— Oui. Si la Californie décide qu’elle veut d’un homme qui a déshérité son fils pour gouverneur, alors…
Je haussai les épaules.
— Je ne pourrai plus y faire grand-chose. Mais ils doivent savoir qui il est réellement avant de voter.
— Seigneur ! Mais pourquoi le contrat sera-t-il pour une année ? Ne serait-il pas suffisant de lui montrer le certificat de mariage ? Ou même de lui apprendre que vous êtes engagé ?
— J’aimerais bien.
Je pris une grande gorgée de ma boisson. Non pas que ça aide.
— Il est plus intelligent que ça. Et… euh…
Je baissai la tête.
— Il sera suspicieux, parce que c’est quelque chose qui me ressemble.
— Ce qui veut dire ?
— Ce qui veut dire que j’ai déjà essayé de révéler qu’il était un homophobe.
J’examinai mes ongles qui tapaient sur la table avant de finalement lever les yeux vers lui.
— J’ai essayé de le forcer à dire quelque chose d’incriminant devant des gens. J’ai encouragé un journaliste que je connaissais à lui poser certaines questions. Je me suis comporté d’une certaine manière devant des gens importants, espérant susciter une réaction. Ce genre de choses.
Hayden passa son doigt sur le rebord de son verre.
— Donc il sait que vous en seriez capable.
— Exactement. Ce qui est la raison pour laquelle le jeu devra se jouer sur le long terme. Mon père se méfiera de tout geste qui impliquera ma sexualité et qui pourrait être interprété comme une tentative de provocation. Si je le préviens que j’envisage d’épouser un homme, au début, il le prendra comme un acte de rébellion. Pour le pousser hors de lui. Il résistera jusqu’à ce qu’il soit persuadé que c’est réel. Alors il faut que ce soit réel suffisamment longtemps pour le convaincre. Quand il le sera, il ne pourra plus en rire ou ignorer mon défi et il agira. En aucun cas, il ne me laissera « gagner ».
— Je n’arrive pas à décider si ça ressemble plus à un duel de regards ou à celui qui se dégonflera le premier.
— Un peu des deux, répondis-je en riant.
Il croisa les bras sur la table et garda les yeux baissés un moment.
— OK, alors disons que, cette fois, il vous prend au sérieux et qu’il vous déshérite. Il ne sera pas obligé de… je ne sais pas, le mettre par écrit, n’est-ce pas ?
— Non, c’est vrai. Mais je le connais. Il ne supporte pas quand quelqu’un – en particulier un sous-fifre ou l’un de ses enfants – le défie et il s’assurera que je sache pourquoi il me coupe les vivres. Il ne le mettra pas par écrit, mais il me le dira en face.
— Et vous l’enregistrerez, c’est ça ?
— Vous pouvez y compter.
Hayden fit tambouriner ses doigts sur la table.
— Vous avez déjà tenté de l’enregistrer ? De le faire dire… quelque chose ? Ce devrait être plus facile que de se marier.
— Oui, j’ai essayé, soupirai-je.
