Le Livre de Satoshi: Le recueil des écritures du créateur de Bitcoin

Par Phil Champagne et Ludovic Lars

Avez-vous, comme le reste du monde, spéculé sur l'identité réelle de Satoshi Nakamoto, créateur anonyme de Bitcoin ?

Première cryptomonnaie au monde, Bitcoin a été mis en ligne en 2009 et a depuis révolutionné nos concepts de monnaie et d'argent. Soutenu par aucun État ou banque centrale, entièrement électronique, Bitcoin est une monnaie virtuelle basée sur des systèmes cryptographiques avancés.

À l'instar de la monnaie qu'il a créée, l'identité du créateur de Bitcoin, Satoshi Nakamoto, est virtuelle et n'existe qu'en ligne. Le personnage de Nakamoto, qui peut représenter un individu ou un groupe, n'existe que dans les publications en ligne présentant et expliquant le Bitcoin à ses débuts. Voici, rassemblés et publiés professionnellement pour la première fois, les écrits essentiels détaillant la création de Bitcoin :

• les courriels et les messages de Satoshi Nakamoto postés sur des forums en ligne, présentés par ordre chronologique ;

• les bases techniques de Bitcoin présentées en termes simples ;

• le potentiel et les implications économiques de Bitcoin ;

• le livre blanc, l'article fondateur qui a tout déclenché.

Le Livre de Satoshi offre un moyen pratique de parcourir ce que le créateur de Bitcoin a écrit au cours des deux années qui ont constitué sa « vie publique » avant de disparaître d'Internet… du moins, en tant que « Satoshi Nakamoto ». Débutant le 1er novembre 2009 avec la publication de l'article fondateur décrivant le Bitcoin, cette vie publique se termine à peu près au moment où PC World a spéculé sur un lien possible entre Bitcoin et WikiLeaks, le fameux site Web connu pour ses publications de fuites de documents classifiés. Y avait-il un lien ? À vous de juger.

La véritable identité de Nakamoto ne sera peut-être jamais connue. Par conséquent, les écrits reproduits ici sont probablement les seules interventions publiques de Satoshi concernant la création, le fonctionnement et la base théorique de Bitcoin. Vous voulez en savoir plus sur le Bitcoin ? Allez directement à la source – les écrits du créateur lui-même, Satoshi Nakamoto !

• Langue: Français
• Éditeur: Konsensus Network
• Date de sortie: 26 avr. 2023
• ISBN: 9789916697795

Aperçu du livre

Lexique

Adresse Bitcoin : Longue série de caractères alphanumériques à laquelle la chaîne de blocs associera les bitcoins. Il s’agit du résultat du hachage de la clé publique, mis en forme avec certaines métadonnées. Les bitcoins qu’elle contient ne peuvent être transférés vers une autre adresse Bitcoin que par la personne qui possède la clé privée correspondante.

Bloc : Ensemble de données contenant plusieurs transactions en bitcoins que les mineurs tentent de créer.

Bloc de genèse : Le tout premier bloc de la chaîne de blocs.

BTC : Acronyme représentant la monnaie bitcoin.

Chaîne de blocs : La chaîne de blocs de Bitcoin est partagée via un réseau pair à pair entre tous les mineurs et les nœuds (ordinateurs) intéressés. Elle contient tous les blocs depuis la création de Bitcoin, le 3 janvier 2009.

Chiffrement : Processus d’encodage de messages ou d’informations de manière à ce que seules les parties autorisées puissent les lire ou y accéder.

Chiffrement asymétrique : Une méthode de chiffrement faisant intervenir deux clés, une clé privée et une clé publique. Le texte chiffré avec la clé publique doit être déchiffré avec la clé privée, ou vice versa. La clé publique est facilement dérivée de la clé privée, mais l’inverse est pratiquement impossible.

Code de hachage : Le code de hachage est le résultat de longueur fixe d’un algorithme cryptographique ou d’une fonction de hachage. Le code de hachage est l’« empreinte digitale » d’un document, où le document, qui peut être de n’importe quelle longueur, correspond au texte codé par la fonction de hachage.

Cryptographie : Étude des techniques permettant de masquer des informations, d’empêcher leur utilisation non autorisée ou leur modification non détectée.

Cryptographie sur les courbes elliptiques : Cryptographie à clé publique basée sur la structure algébrique des courbes elliptiques sur un nombre fini d’éléments (champs finis). Les courbes elliptiques sont également utilisées dans plusieurs algorithmes de factorisation des nombres entiers qui ont des applications en cryptographie.

Condensé de message : Résultat d’une fonction de hachage cryptographique.

ECDSA : « Elliptic Curve Digital Signature Algorithm », algorithme de signature numérique à clé publique, variante de l’algorithme de signature numérique Digital Signature Algorithm (DSA). ECDSA fait appel à la cryptographie sur les courbes elliptiques.

Frais de transaction : Il s’agit du coût que les utilisateurs de bitcoins paient aux mineurs pour inclure leurs transactions dans la chaîne de blocs.

Hachage cryptographique : Algorithme qui crée une série de nombres de longueur fixe à partir d’une entrée de longueur arbitraire. Le résultat de l’algorithme peut être défini comme étant l’équivalent de l’« empreinte digitale » d’un document.

Logiciel à code source ouvert : Logiciel dont le code source est partagé et libre d’accès afin que tout le monde puisse l’observer, l’analyser ou bien le modifier dans le but de le reproduire ou de l’améliorer.

Mineurs : Initialement appelés nœuds, il s’agit d’appareils dotés d’un matériel spécialisé qui sont en concurrence pour créer le bloc suivant et collecter ainsi les récompenses qui y sont associées. Les récompenses sont constituées de nouveaux bitcoins que le protocole permet aux mineurs de créer, ainsi que de la somme de tous les frais de transaction contenus dans ce bloc.

Nombre aléatoire : Numéro dans un bloc qu’un mineur incrémente jusqu’à ce que lui ou un autre mineur obtienne le condensé du message avec les caractéristiques requises par le protocole Bitcoin pour constituer le « gain » de ce bloc.

Partage de fichiers distribués : Système dans lequel les fichiers sont partagés entre plusieurs ordinateurs qui agissent à la fois comme consommateurs et fournisseurs d’informations.

Portefeuille : Logiciel contenant une liste d’adresses Bitcoin et leurs clés privées correspondantes.

Preuve de travail : Il s’agit d’une sorte de « concours » dans lequel chaque mineur est en compétition. Le premier mineur à obtenir un nombre aléatoire qui génère le condensé du message avec les caractéristiques définies par le protocole Bitcoin gagne.

Protocole : Procédure établie que les mineurs et les clients doivent suivre. Il est dicté par le logiciel libre Bitcoin que tous les mineurs exécutent.

Registre : En comptabilité, il s’agit du principal livre ou fichier informatique permettant d’enregistrer et de totaliser les transactions monétaires par compte. Il comprend un solde initial, des débits, des crédits et un solde final.

Réseau pair à pair : Architecture de réseau décentralisée et distribuée dans laquelle les nœuds individuels (ordinateurs) du réseau agissent à la fois comme fournisseurs et consommateurs de ressources. Cela contraste avec un modèle client-serveur centralisé dans lequel les clients demandent des ressources au serveur.

Satoshi : La plus petite dénomination du bitcoin. Elle équivaut à 10⁸ bitcoins, et il y a donc 100 000 000 satoshis dans 1 bitcoin.

SHA256 : « Secure Hash Algorithm », un type d’algorithme de hachage cryptographique. Il est actuellement utilisé par le logiciel Bitcoin.

Système de numération hexadécimal : Tandis que le système de numération décimal est basé sur 10 chiffres, le système hexadécimal est basé sur 16 chiffres et utilise les symboles 0 à 9 pour représenter les nombres 0 à 9 et les symboles A, B, C, D, E et F (en minuscules ou en majuscules) pour représenter les nombres 10 à 15. Les nombres hexadécimaux sont généralement précédés du préfixe 0x, de sorte que le nombre décimal 15 correspond à 0x0F en hexadécimal, le nombre décimal 16 à 0x10, le nombre 17 à 0x11 et ainsi de suite.

À propos de la photo de couverture

C’est à R.M. Nunes¹ que l’on doit la photo de couverture. Elle a été prise à la Cueva de las Manos (la grotte des mains) dans la province de Santa Cruz en Argentine. La Cueva de las Manos est une série de grottes célèbres pour les diverses peintures de mains humaines qui recouvrent ses murs. Les peintures, dont les plus anciennes datent d’environ 13 000 ans et les plus récentes d’environ 9 000 ans, ont été laissées là par plusieurs générations.

Je l’ai choisie comme image de couverture de ce livre car elle me semble incarner la plupart des concepts sous-jacents à Bitcoin – de nombreux individus participant et coopérant pour atteindre, au fil du temps, un objectif commun, tout en conservant leur propre individualité et leur caractère unique. Bitcoin diffère cependant des peintures rupestres de la Cueva de las Manos par son échelle.

Bien que ces peintures aient été produites par plusieurs générations d’individus pendant plusieurs milliers d’années, le nombre de ces artistes ne peut être comparé aux millions de personnes qui utilisent et continueront à utiliser Bitcoin. De plus, les utilisateurs de Bitcoin sont géographiquement dispersés, collaborant sur un système décentralisé. Enfin, alors que la Cueva de las Manos était l’œuvre d’une ou plusieurs tribus humaines distinctes, Bitcoin, ouvert à l’utilisation et à l’adaptation de tous, transcende les nationalités et a le potentiel de devenir une véritable monnaie mondiale.

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https://stock.adobe.com/ee/contributor/204287572/r-m-nunes↩︎

Remerciements

Je tiens à exprimer ma profonde gratitude aux personnes suivantes pour leur contribution à ce travail :

Dustin Trammell (dustintrammell.com) pour avoir partagé les échanges par courriels qu’il a eus avec Satoshi Nakamoto,

Gavin Andersen, développeur en chef du projet Bitcoin Core, pour sa contribution au projet Bitcoin et pour avoir partagé les échanges par courriels qu’il a eus avec Satoshi Nakamoto,

Jeff Berwick de DollarVigilante.com pour avoir écrit la préface et pour sa défense de la liberté et de l’indépendance.

Pour leur soutien, leur expertise, leurs apports et leurs contributions, je voudrais remercier mon fils Samuel, ma fille Vivianne et mon épouse Marie Gagnon. Enfin, j’aimerais remercier toutes les personnes qui m’ont aidé à réaliser ce livre, en particulier Mary Graybeal, notre éditrice qui a fait un travail formidable et John Reinhardt qui a conçu le superbe design pour ce livre.

Et, enfin, un remerciement sincère à Satoshi Nakamoto. Sans lui, combien de temps aurions-nous dû attendre avant qu’un concept aussi révolutionnaire que Bitcoin soit découvert et partagé ?

À qui s’adresse ce livre ?

Ce livre contient la plupart des écrits de Satoshi Nakamoto, créateur de Bitcoin, publiés dans des courriels et des messages sur des forums pendant un peu plus de deux ans, au cours desquels Bitcoin a été lancé et s’est établi. Toute personne souhaitant s’informer sur Bitcoin et, plus spécifiquement, sur le processus de pensée de son créateur, appréciera ce livre. Son contenu sera facile à lire pour toute personne ayant des notions en logiciels informatiques. Les économistes et les investisseurs sans formation en informatique peuvent également être intéressés par les écrits de Satoshi, certains abordant des concepts économiques. En fonction de leurs connaissances et de leurs centres d’intérêt, d’autres lecteurs ne seront peut-être intéressés que par certains chapitres.

Pour permettre aux lecteurs de tirer le meilleur parti des écrits de Satoshi, nous avons inclus un chapitre intitulé « Comment et pourquoi Bitcoin fonctionne » qui présente les concepts clés de Bitcoin et les principes fondamentaux sur lesquels il repose. Cela devrait aider le lecteur à acquérir une compréhension suffisante pour appréhender la majorité des chapitres qui suivent. Les chapitres sont présentés dans l’ordre chronologique, depuis le premier message dans lequel Satoshi présente l’idée germinale de Bitcoin jusqu’au plus récent, marquant son retrait de la vie publique.

Une partie du contenu de ce livre provient de divers forums Internet : p2pfoundation.ning.com, bitcointalk.org, et l’archive de courriels sur la cryptographie.

Vous pouvez visiter le site Web BookOfSatoshi.com pour accéder facilement aux liens Web URL référencés dans le livre. Ils sont répertoriés par chapitre.

Préface

Bitcoin a tout changé. Son importance en tant qu’évolution de la monnaie et de la banque ne peut être surestimée. Remarquez que je n’utilise pas le mot « révolution » ici, car je considère que Bitcoin est une « évolution » complète de la monnaie anachronique et du système bancaire que l’humanité utilise – et a été forcée d’utiliser par décret gouvernemental – depuis au moins les cent dernières années.

L’un des plus gros problèmes que rencontrent les nouveaux venus dans le monde de Bitcoin est la perception qu’il serait « entouré de mystère ».

Ce n’est pas totalement vrai, comme le montre cet ouvrage important. Bien que l’identité réelle de Satoshi Nakamoto ne sera peut-être jamais connue avec certitude – nonobstant les erreurs des médias grand public, qui ont par exemple affirmé à tort que Dorian Nakamoto était le Satoshi Nakamoto de Bitcoin – ce que nous connaissons, avec des détails historiques très prolifiques, ce sont les fondements et la conception de Bitcoin depuis ses premiers jours.

Des conversations très détaillées ont eu lieu entre les meilleurs experts en cryptographie et de programmation depuis le tout premier jour de l’introduction de Bitcoin... Un jour qui pourrait entrer dans l’histoire et éventuellement être célébré par les générations futures : le 1er novembre 2008.

Alors qu’il annonçait sa création qui allait changer le monde, les premiers mots publiés par Satoshi Nakamoto étaient éloquents dans leur simplicité : « J’ai travaillé sur un nouveau système d’argent liquide électronique qui est entièrement pair à pair, sans tiers de confiance. »

Il a ensuite mis un lien vers un livre blanc qu’il avait rédigé sur le sujet. Le reste, comme on dit, appartient à l’histoire.

Ces discussions, qui ont eu lieu publiquement sur le forum bitcointalk.org, ont duré jusqu’au 12 décembre 2010. Après cela, Satoshi a disparu.

Au sein de la communauté Bitcoin, ces messages sont bien connus, mais une personne lambda aurait besoin de plusieurs heures pour les parcourir et y trouver sens. Dans ce livre, Phil Champagne a passé en revue chaque message afin d’en identifier les plus importants... et a donné le contexte de l’époque du message pour expliquer pourquoi ils sont essentiels. Cela crée une chronologie logique de l’évolution de Bitcoin, directement depuis le clavier de Satoshi Nakamoto, et pourrait être décrite comme l’autobiographie de Bitcoin.

À l’heure où j’écris ces lignes, en mars 2014, nous sommes incapables de connaître l’avenir de Bitcoin. Il pourrait changer radicalement le monde, nous libérant de l’oppression des banques centrales et des gouvernements gargantuesques qui se nourrissent de leur argent gratuit. Ou, il pourrait disparaître dans la fumée et les flammes à cause de n’importe quel événement possible et imaginable.

Mais quoi qu’il arrive, l’impact de Bitcoin, lui, est bel et bien connu. Son concept le plus fondamental a et aura pour effet de changer notre façon de penser sur les contrats, la confiance et les transactions, peu importe ce qui arrive à Bitcoin lui-même. Des milliers d’applications ont déjà été construites à partir de la plateforme, et celles-ci l’ont étendue en dehors du monde des transactions financières.

Phil Champagne a mis dans un format facile à lire la fomentation de l’une des innovations technologiques les plus importantes de notre époque… Une plateforme complètement décentralisée pour effectuer des transactions de paiement sans avoir besoin d’un tiers de confiance. Son importance n’est surpassée que par Internet lui-même en tant qu’évolution des moyens de communication. Le chapitre 2 offre aux lecteurs qui ne connaissent pas Bitcoin une vue d’ensemble de ses fondements technologiques et philosophiques et de son mode de fonctionnement.

Dans plusieurs dizaines d’années, beaucoup regarderont cette innovation avec le même regard que celui que nous portons aujourd’hui sur Internet ou l’imprimerie de Gutenberg comme étant des moments marquants de l’histoire de la civilisation. Et cette collection de messages et correspondances de Satoshi forme une ligne de temps logique et sera l’un des moyens les plus faciles pour les historiens futurs de comprendre comment tout cela a commencé et a évolué.

Jeff Berwick,

Rédacteur en chef, The Dollar Vigilante

http://DollarVigilante.com

Introduction

Nous avons assisté à de nombreuses révolutions technologiques étonnantes au cours de l’histoire de l’humanité. L’imprimerie de Gutenberg a permis de mettre les livres à la portée des masses. Le télégraphe a permis une communication rudimentaire mais rapide sur de grandes distances. Plus récemment, les ordinateurs à usage personnel ont considérablement augmenté la productivité humaine, conduisant à la création d’Internet, les communications numériques, et l’avènement du journalisme citoyen – les photos d’événements majeurs étant presque instantanément mis en ligne sur Twitter et autres réseaux sociaux grâce aux téléphones portables, qui sont de petits ordinateurs à part entière. Jusqu’à très récemment, cependant, le système monétaire n’a pas vu beaucoup d’avancées majeures.

Bitcoin fonctionne via un logiciel dont le plan (code source) est librement disponible afin que chacun puisse le voir et même l’adapter à son propre usage. Il fonctionne actuellement sur plusieurs ordinateurs connectés sur Internet via un protocole de réseau commun défini par ce même logiciel. À l’intérieur de ce logiciel se trouve une monnaie numérique qui n’existe que par le biais de ce logiciel que l’on appelle bitcoin, épelée avec un b minuscule et abrégée en BTC.

Bitcoin, qui est à la fois une monnaie virtuelle et un système de paiement, représente un concept révolutionnaire dont les implications apparaissent rapidement lors d’une première transaction. Pour effectuer un achat en BTC, l’acheteur a seulement besoin de fournir au marchand des informations personnelles ayant un rapport avec l’achat – par exemple, l’adresse de livraison ou l’adresse électronique. Comparez cela avec un achat par carte de crédit, qui nécessite que l’acheteur fournisse des informations personnelles suffisantes pour permettre à un parti tiers, un pirate ou un employé malhonnête d’effectuer des achats frauduleux avec cette carte.

Cependant, l’importance de Bitcoin ne se limite pas à la simplicité du système de paiement. La masse monétaire de Bitcoin est définie par le logiciel et son protocole sous-jacent. Il n’existera jamais plus de 21 millions de bitcoins. Environ 12 millions ont été créés jusqu’à présent, et le dernier bitcoin devrait être créé aux alentours de l’an 2140. Cette masse monétaire très spécifique et limitée a donné lieu à de nombreuses controverses, dont certaines ont davantage à voir avec un manque de compréhension du protocole ou de concepts économiques qu’avec le logiciel lui-même. Bien que 21 millions de BTC peuvent sembler insuffisants pour une population mondiale de 7 milliards de personnes, la monnaie bitcoin est hautement divisible. La plus petite dénomination autorisée par le logiciel actuel est de 0,00000001 BTC (10-8 BTC), qui a été définie comme 1 satoshi, nommée en hommage au créateur présumé du logiciel, Satoshi Nakamoto. Il y a donc 100 millions de satoshis dans un seul bitcoin, et l’offre maximale de 21 millions de BTC est égale à 2,1 billiards de satoshis, soit 2,1 * 10¹⁵ ou 2 100 000 milliards de satoshis.

Bitcoin a été créé par une personne (ou un groupe de personnes) anonyme connue sous le nom de Satoshi Nakamoto. Au moment où Nakamoto a publié son premier message public annonçant son article sur Bitcoin, il n’était qu’un utilisateur anonyme parmi des millions d’autres publiant des messages sur des forums Internet. Son nouveau logiciel était alors encore dans la phase initiale de développement, et Bitcoin n’était qu’une expérience à ses débuts. L’interaction de Satoshi se limitait à des échanges de messages et de courriels pendant une brève période d’un peu plus de deux ans. Depuis lors, nous n’avons plus entendu parler de lui. À peu près au moment de son dernier message, la valeur de Bitcoin explosait, et les médias commençaient à le remarquer. Juste au moment où Bitcoin semblait prêt à décoller et commençait à attirer un intérêt sérieux, Satoshi Nakamoto s’est retiré de l’œil du public.

Quelques années plus tard, Satoshi est devenu une sorte de figure emblématique, et sa retraite n’a fait qu’amplifier le mystère qui l’entoure. Son identité n’est pas pertinente pour le bien-être de Bitcoin, car le code source est ouvert et est, en fait, constamment mis à jour et amélioré au moment même où nous parlons. Cependant, gagner une compréhension de l’état d’esprit de la mystérieuse personne (ou du groupe de personnes) derrière cette merveilleuse nouvelle technologie serait certainement intéressant.

La « vie publique » de Satoshi, qui a duré deux ans et a coïncidé avec le développement et le lancement de Bitcoin, a commencé avec la publication de son article intitulé « Bitcoin : A Peer-to-Peer Electronic Cash System » (« Bitcoin : un système d’argent liquide électronique pair à pair »), qu’il a annoncé le 1er novembre 2008 sur la liste de diffusion cryptographique. À l’époque, ce document pouvait être téléchargé sur le nom de domaine bitcoin.org, qui avait été enregistré quelques mois plus tôt, le 18 août 2008, par l’intermédiaire de anonymousspeech.com. Le 9 novembre 2008, le projet Bitcoin est enregistré sur SourceForge.net et, début 2009, le bloc de genèse a été créé. Pour comprendre le bloc de genèse, imaginez un livre de comptes qui ajoute des nouvelles pages (blocs) quotidiennement et qui contient l’enregistrement de toutes les transactions en bitcoins jamais effectuées. La toute première page de ce livre est appelée le bloc de genèse, qui sera expliqué plus en détail dans le chapitre suivant. Satoshi a incorporé cette citation intéressante dans le bloc de genèse en référence au sauvetage des banques qui se produisait à l’époque :

Les sauvetages bancaires étaient et sont toujours des événements extrêmement malvenus, en particulier pour les libertariens, qui ont caricaturé notre environnement politique et économique avec cette citation : « Privatiser les gains et socialiser les pertes ».

Six jours plus tard, le 9 janvier 2009, Nakamoto a publié le code source de la version 0.01 de Bitcoin sur SourceForge.net. Au moment où j’écris ces lignes (mars 2014), Bitcoin v. 0.8.6 est la dernière version.

Le dernier message de Satoshi a été publié sur le forum bitcointalk.org le 12 décembre 2010. Sa dernière communication connue est un courriel privé envoyé quelques mois plus tard à Gavin Andresen, actuel développeur en chef du projet Bitcoin Core.¹

Vous trouverez ci-dessous un graphique des données publiques des échanges effectués sur bitcoinmarket.com, la première plateforme d’échange de bitcoins, qui n’est plus en activité. Comme on peut le voir, la valeur d’un bitcoin est passée de 10 cents à un dollar américain en très peu de temps. Au moment du dernier message de Satoshi sur le forum, il s’échangeait aux alentours de 25 cents et approchait les 30 cents par bitcoin.

Graphique 1 – Historique du prix de Bitcoin en dollars américains

Graphique 1 – Historique du prix de Bitcoin en dollars américains

Ce livre est une collection de messages et d’écrits publiés sous le nom de Satoshi sur divers forums et dans des échanges de courriels. J’ai choisi d’exclure les messages de nature technique, comme ceux liés au codage, à la compilation de logiciels et au fonctionnement technique détaillé du logiciel Bitcoin. Vous remarquerez que quelques sujets intéressants sont abordés ; l’un d’eux en particulier concerne le problème des généraux byzantins, considéré jusque lors comme insoluble, qui décrit la difficulté de communiquer dans un environnement non fiable. Certains commentaires de Satoshi sont liés à la couverture médiatique qui s’est développée lorsque Bitcoin a commencé à attirer l’attention des médias. L’un de ces événements a eu lieu lorsque PayPal a cessé de traiter les paiements pour WikiLeaks, une organisation journalistique à but non lucratif dédiée à la publication de certaines informations secrètes et classifiées fournies par des sources anonymes. Un article ultérieur publié dans le magazine PC World conjecturait comment WikiLeaks pourrait bénéficier de Bitcoin.

Le message de Satoshi semble indiquer qu’il n’était pas à l’aise avec le fait que Bitcoin reçoive ce genre d’attention et qu’il n’était pas prêt pour une telle relation, du moins pas encore :

On ignore dans quelle mesure cet événement a influencé sa décision de se « retirer » du développement de Bitcoin, mais le moment choisi est pour le moins intéressant, notamment parce que ce message a été écrit seulement dix-neuf heures avant son dernier message sur le forum et l’annonce de la sortie de Bitcoin version 0.3.19.

De nombreux journalistes et chercheurs ont essayé d’identifier qui pourrait être la personne derrière Satoshi Nakamoto. Jusqu’à présent, au moins trois tentatives d’identification ont été faites. Les choix typiques ont été des scientifiques connus dans le domaine de la cryptographie, dont aucun des vrais noms n’est Satoshi Nakamoto. Toutes ont été prouvées fausses, et toutes ont nié être Satoshi Nakamoto. Cependant, très récemment, un journal a prétendu avoir identifié un Californien, un ingénieur dont le nom réel est Dorian Satoshi Nakamoto, comme étant le Satoshi Nakamoto de Bitcoin. Dorian Nakamoto a démenti cette affirmation, et je suis enclin à le croire. D’une part, Dorian Nakamoto ne fait pas preuve de la maîtrise de l’anglais que le Satoshi Nakamoto de Bitcoin a montré à travers ses écrits. Ce qui est le plus pertinent pour ce livre concernant cet épisode est qu’il a apparemment forcé le Satoshi Nakamoto de Bitcoin à rompre son silence et à publier ce message sur le forum de la p2pfoundation le vendredi 7 mars 2014 :

Comme vous le verrez dans le livre, les réponses de Satoshi ont abordé beaucoup des critiques et des questions les plus fréquemment posées à l’égard de Bitcoin, et sont toujours pertinentes. Je soupçonne que, s’il était toujours impliqué dans le développement de Bitcoin et s’il était interviewé, les écrits contenus dans ce livre refléteraient le type de réponses que Satoshi donnerait.

Quoi qu’il arrive finalement à Bitcoin lui-même, le fait que le logiciel a ouvert l’esprit du monde à un nouveau concept est indiscutable. En tant que code source ouvert, il a permis à une myriade d’autres monnaies numériques distribuées d’entrer en scène. Bien que la plupart d’entre elles ne représentent pas d’innovations significatives – se contentant de faire varier le nombre de pièces, la vitesse de confirmation des transactions (appelée création de blocs dans le cas de Bitcoin), ou l’algorithme de chiffrement informatique – quelques nouvelles monnaies qui intègrent de nouvelles caractéristiques ou de nouveaux concepts importants sont en cours de développement. L’une d’entre elles est le « Truthcoin », décrit comme une place de marché de prédiction en bitcoins sans tiers de confiance, décentralisée, à l’abri de la censure, compatible avec les incitations et capable de se mettre à l’échelle. Ethereum (voir ethereum.org) est une autre monnaie numérique qui, selon son créateur, permettra aux utilisateurs d’encoder des types de transactions avancées, des contrats intelligents et des applications décentralisées dans la chaîne de blocs (le registre public de Bitcoin dont la taille augmente quotidiennement). Des penseurs novateurs cherchent à utiliser certains des concepts introduits par le Bitcoin dans un système de vote véritablement ouvert, où les électeurs peuvent confirmer que leurs votes ont