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Les propriétaires versaillais sous Louis XIV et sous Louis XV
Les propriétaires versaillais sous Louis XIV et sous Louis XV
Les propriétaires versaillais sous Louis XIV et sous Louis XV
Livre électronique78 pages1 heure

Les propriétaires versaillais sous Louis XIV et sous Louis XV

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À propos de ce livre électronique

Qui pourrait penser aujourd'hui que la ville de Versailles, fauchée un jour en plein essor, a bien failli disparaître ? La propriété à Versailles n'était pas une sinécure sous l'ancien régime. L'auteur nous décrit les aléas d'un ordre précaire, né du caprice d'un roi et maintenu uniquement par les volontés changeantes de ses successeurs. Une étude très documentée et passionnante. (Édition annotée)
LangueFrançais
Date de sortie22 déc. 2022
ISBN9782383710721
Les propriétaires versaillais sous Louis XIV et sous Louis XV
Auteur

Paul Fromageot

Paul Fromageot. Paris, 12 août 1837 - Paris, 8 mars 1914. Après des études de Droit, Paul Hector Fromageot fut inscrit au barreau de Paris en 1858, et nommé finalement au Conseil de l'Ordre des avocats en 1889. Mais parallèlement à son activité d'avocat, il suivit également le chemin de sa passion pour l'histoire. Très ancré dans sa famille et son territoire, il sut faire passer cet intérêt au filtre d'un travail minutieux. Ses travaux sur Versailles, où sa famille s'était installée alors qu'il était encore enfant, ont fait date. Il fut membre de nombreuses sociétés savantes, dont l'Académie de Versailles, et un collaborateur régulier de la Revue de l'Histoire de Versailles.

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    Aperçu du livre

    Les propriétaires versaillais sous Louis XIV et sous Louis XV - Paul Fromageot

    Sous Louis XIV

    Le 5 juillet 1561, Martial de Loménie, secrétaire des finances et greffier du Conseil, avait acheté de Philippe Colas, moyennant 1500 livres de rente annuelle et perpétuelle, la seigneurie de Versailles, comprenant « chastel, maisons franches, étables, magasins, colombiers et autres édifices, cours, jardins, moulins à vent, trois arpents de bois, quatre étangs », et les terres en dépendant, consistant en « vingt-quatre arpents de terres labourables », « vingt-deux arpents de bois taillis » et « trente arpents de prés ».1

    Soixante ans plus tard, Louis XIII, prenant grand plaisir à chasser aux environs de Versailles, avait acquis successivement en 1624, 1627, 1631, diverses parties de bois et de terres autour du village. Puis, le 8 avril 1632, il s’était décidé à acheter de M. de Gondy, archevêque de Paris, la seigneurie même de Versailles avec le fief de la Grange-Lessart, moyennant la somme ronde de 66.000 livres.2

    En cette même année 1632, Louis XIII avait encore acquis plusieurs pièces de terre et bâtiments pour la construction et l’installation de son chenil.3 Enfin, peu à peu, tout le vieux village et ses dépendances étaient devenus la propriété personnelle du Roi.

    En 1643, à la mort de son père, Louis XIV se trouvait donc déjà possesseur d’un domaine important qui englobait, avec plusieurs petits fiefs des environs, tous les terrains situés autour du château royal nouvellement construit.

    Il n’y a plus à raconter les agrandissements et les transformations successives du Château et du Parc. Un éminent historien, qui sait allier le charme du style à la plus sérieuse érudition, a merveilleusement expliqué ce qui n’avait été qu’indiqué avant lui sur ce sujet.4

    Mais à côté et au-dessous de sa royale demeure, Louis XIV voulut voir s’élever une ville. Étant propriétaire du sol, il put faire dresser à sa guise le plan général de sa ville, et déterminer selon son bon plaisir, par des concessions gracieuses, les conditions moyennant lesquelles il octroyait la faveur de disposer de son terrain pour y construire. C’est ainsi que fut créée la ville de Versailles.

    Il en est résulté pour les propriétaires versaillais des vicissitudes singulières. Tantôt ils ont joui de privilèges exceptionnels, tantôt ils ont subi les rigueurs de règlements arbitraires, et, jusqu’à la Révolution, ils ont restés exposés aux risques d’un changement de volonté du roi. Cet état particulier de la propriété privée et ces péripéties inattendues peuvent faire l’objet d’un chapitre à ajouter à l’histoire de Versailles.

    I

    En 1663, on rencontre une première ordonnance royale rendue en faveur des habitants du village de Versailles. Louis XIV s’était ému de la situation bizarre qui leur était faite, d’être enfermés dans son parc et fort gênés pour leurs communications avec le dehors. En vue de les indemniser, il les exempta de la taille et de toutes autres contributions, en leur imposant seulement en échange « de faire par corvées les foins du parc, de remplir les glacières, nettoyer les cours du château, et se trouver aux chasses du parc quand ils seraient mandés ». C’étaient là des prestations en nature qui n’étaient pas trop pénibles pour des villageois.

    Mais bientôt une nouvelle population affluait à Versailles. Des courtisans, des artistes, des industriels de tous genres, attirés par la présence du Roi et les travaux du Château, prenaient domicile au village. Ils sollicitèrent la transformation des corvées en une contribution fixe en argent. Louis XIV accéda à leur requête, et, par un arrêt du Conseil d’État du 8 novembre 1666, les habitants de Versailles furent déchargés pour le passé comme pour l’avenir de tous impôts, taille, taillon et autres, moyennant le payement d’une somme annuelle de 600 livres à répartir entre eux.

    Cette taxation était modique elle devait ne pas tarder à devenir tout à fait minime lorsque la population de Versailles atteindrait et dépasserait les chiffres de 10.000 et 20.000 âmes, puis, sous Louis XV et Louis XVI, celui de 50.000 âmes.

    De 1666 à 1670, malgré quelques hôtels récemment édifiés autour du Château, Versailles n’était encore qu’un gros village fort encombré, augmenté d’un énorme campement d’ouvriers et de nombreuses baraques où se logeaient les petits commerçants de toute espèce. La future rue des Réservoirs ressemblait, d’après une gravure de Silvestre, à un chantier de construction.

    En 1671, les gros travaux du Château étaient presque terminés, les abords en étaient à peu près déblayés, et l’entourage en paraissait sans doute un peu nu, surtout du côté opposé à l’ancien village. C’est alors que Louis XIV désira créer une véritable ville composée de maisons bien alignées sur de grandes voies symétriques, dont l’aspect compléterait l’ensemble majestueux du Château.

    Il écrivit à cet effet, de Dunkerque, le 22 mai 1671, la lettre suivante adressée à Colbert :

    « Sa Majesté ayant en particulière recommandation le bourg de Versailles, souhaitant de le rendre le plus florissant et fréquenté qu’il se pourra, Elle a résolu de faire don des places à toutes personnes qui voudront bastir depuis la Pompe dudit Versailles jusqu’à la ferme de Clagny, avec exemption du logement par craye èsdits bâtimens, pendant dix années qui auront cours du jour qu’ils seront achevés, à la charge de payer au domaine dudit Versailles, pour chacune desdites places, à proportion de 5 sols de cens pour arpent, payables chacun au jour de Saint-Michel, pour desdites places et bâtimens jouir par chacun des particuliers auxquels icelles places seront délivrées en pleine propriété comme à ceux appartenant, à la charge de par eux, leurs hoirs et ayans-cause entretenir les bâtimens en l’état et de même symétrie qu’ils seront bastis et édifiés. La délivrance desquelles, avec mesure, tenans et aboutissans, sera faite par le surintendant des bâtimens.5 »

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