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Sion ou le globe bleu ?: Faites votre choix, rien ne va plus
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Livre électronique467 pages6 heures

Sion ou le globe bleu ?: Faites votre choix, rien ne va plus

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À propos de ce livre électronique

L’histoire de l’humanité se situe à une époque charnière. La planète bleue montre des signes d’agonie précoce. L’équipe de scientifiques dirigée par Salomon Davidstein a réussi une percée dans le domaine de la fusion de l’hydrogène à froid. Elle a développé un générateur d’énergie verte qui recourt à l’eau lourde comme carburant.
Salomon Davidstein annonce son intention d’offrir gratuitement cette technologie à toutes les nations qui s’engagent fermement à vivre en paix avec tous ses voisins. Dans le cadre de la réalisation de son rêve, il établit un partenariat avec l’ONU. Or, coup de théâtre ! À quelques heures de la clôture de la conférence sur les changements climatiques qui se déroule à la Ville de Québec, Salomon Davidstein disparaît. Dès lors, les espoirs du monde entier sont ébranlés et un compte à rebours est amorcé. Au terme de ce décompte, le jeu des pièces sur l’échiquier à l’échelle planétaire définira le nouvel ordre mondial.
Dans ce livre, intitulé Sion ou le globe bleu ? Faites votre choix, rien ne va plus, le lecteur est transporté au cœur des circonstances peu banales qui ont contraint Joshua Wallace, un officier haut gradé de l’armée canadienne, à devenir l’acteur central de ce drame. Durant l’enquête, la police découvre son portefeuille et celle-ci confirme sa présence sur les lieux du crime. Toutes les preuves recueillies indiquent qu’il serait un agent dormant à la solde du Mossad.
Lamech, un individu qui œuvre derrière le rideau des officines du pouvoir, est celui qui est à la tête du climat de terreur dont l’objectif avoué vise à détruire Israël.
Wallace réussira-t-il à s’extirper des griffes de Lamech ? Parviendra-t-il à s’innocenter des crimes pour lesquels les forces constabulaires cherchent à l’appréhender ? Enfin, saura-t-il tirer Israël du danger imminent auquel l’état hébreu est confronté avant la fin du décompte ?



À PROPOS DE L'AUTEUR


André Laveau est un auteur québécois. Très tôt dans son adolescence, il a développé un intérêt pour les champs de la science, telles que l’astronomie, la physique des particules et les sciences de la vie. Il a rêvé de suivre les pas de Neil Armstrong, d’Edwin Aldrin et de Michael Collins après le succès de la mission Apollo 11. Pour réaliser son rêve, il a décroché des diplômes en génie mécanique « option aérospatiale ».
Son intérêt pour la physique pure et son expérience d’ingénieur d’essais l’ont conduit à écrire une ébauche de la trame narrative de ce qui allait devenir ce roman. Il fit de nombreuses recherches documentaires afin de créer un décor crédible. Il peaufina des personnages dotés d’une grande force de caractère. Le lecteur s’attachera à certains d’entre eux et détestera les autres. Cet ouvrage constitue la première œuvre signée de sa plume.
LangueFrançais
ÉditeurTullinois
Date de sortie4 juin 2022
ISBN9782898091988
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    Aperçu du livre

    Sion ou le globe bleu ? - André Laveau

    AVERTISSEMENT

    Ce roman est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages et les événements sont le fruit de l’imagination de l’auteur et toute ressemblance avec des personnes vivantes ou ayant déjà existé serait pure coïncidence.

    Citation

    « Le faible n’arrive pas à pardonner.

    Le pardon est l’apanage du fort. »

    Mahatma Mohandas Karamchand Gandhi

    Dédicace

    Je dédie ce livre à la mémoire de mon père, Roger, et à celle de mon ami, Eustace Cosmo Shuffler. Je veux aussi honorer leur épouse, soit ma mère, Dolorès, et la conjointe de Eustace, Muriel Magdaline. Enfin, je ne puis passer sous silence la générosité de la princesse de ma jeunesse, Danielle. Je tiens à lui réitérer toute l’expression de mon amour. À eux tous, je dédie cette œuvre littéraire avec un cœur reconnaissant.

    PROLOGUE

    Cher André Laveau,

    J’ai confié ce colis à un ami. Je lui ai donné comme instruction de te le faire parvenir en main propre. Il contient deux manuscrits. La lecture du premier ouvrage te convaincra d’un constat : le passé événementiel nourrit encore le présent du citoyen lambda. Ces pages brossent un tableau impartial du véritable enjeu de la crise dans laquelle est plongé le monde civilisé. Le second décrit le combat coriace d’un homme brisé par le poids de la culpabilité et par l’acharnement du destin contre lui.

    Plusieurs personnes ont entrepris de narrer le récit des péripéties qui sont survenues. Après avoir effectué une recherche minutieuse, j’ai donc décidé de te les exposer depuis le commencement. Je n’ai pas la prétention de tout expliquer, mais je pense détenir, en toute modestie, des informations exclusives qui sont susceptibles de t’offrir une perspective éclairée de la chronologie des faits.

    J’ai constitué un recueil d’articles. Chacun d’eux est fondé sur les rapports de témoins oculaires. Toutefois, les motivations du comploteur prennent leurs racines à une époque où nous ne représentions pas encore un projet pour nos parents biologiques respectifs.

    Au terme de ton enquête indépendante, j’ai l’assurance que tu appuieras la véracité de mon histoire et que nous cosignerons ces articles.

    Ces documents constituent une œuvre inachevée. Lorsque j’ai enfin déposé ma plume, une immense tristesse m’a envahie. Albert Einstein résume bien mon état d’âme actuel : « La tragédie de la vie, c’est ce qui meurt dans l’homme pendant qu’il vit. »

    Bon courage !

    Catherina Powell

    Première Partie

    Chapitre 1

    12 septembre, 6 h 15

    Estuaire du Saint-Laurent, Québec, Canada

    À la grande joie de Joshua Wallace, le soleil et le vent avaient répondu présents. Devant lui, un vraquier montait l’estuaire marin à moins d’un mille nautique. Wallace manœuvra avec finesse. Il configura la grand-voile et le foc en formation ciseau et se positionna de manière à garder le navire de transport maritime à son bâbord.

    Wallace souriait en son for intérieur. En prévision de ce samedi, il n’avait pas ménagé ses efforts pour redonner une allure de jeunesse à son yacht de près de onze mètres de long et équipé d’un mât de plus de quatorze mètres de hauteur. Il avait astiqué planchers et boiseries. Il avait réparé voiles et coque. Et il avait renouvelé tout gréement défectueux. Un diesel d’un peu plus de vingt-deux kilowatts motorisait son bateau de plaisance.

    L’air marin remplissait ses poumons. Le vol des goélands élevait son esprit au-dessus des tracas de la vie. La houle le berçait de la sollicitude du moment. Assis derrière la cabine de son Catalina 350, réimmatriculé sous le nom de Julia XIII, Wallace savourait en silence son second café matinal. Ses pensées surfaient au gré de ses vents intérieurs. Il s’était éloigné de la mer déchaînée où sa colère l’avait ancré dans l’abysse du désespoir.

    -o∫o-

    Pour Wallace, tous les éléments étaient réunis pour honorer la mémoire des deux femmes de sa vie. Julia, sa conjointe, avait perdu son combat contre le cancer en juillet, un an plus tôt. Jody, sa mère, était décédée le mois dernier. S’il s’en remettait à la version officielle, Jody serait morte d’une cause naturelle.

    Julia et Wallace s’étaient rencontrés lors d’une soirée de poésie. Julia y animait un atelier. Wallace y avait partagé ses œuvres avec le public. Julia avait remarqué sa sensibilité et son imagination. Ces deux traits de personnalité révélaient des qualités hors de l’ordinaire pour un officier fraîchement diplômé de l’école militaire. Les jeunes gens s’étaient découvert plusieurs points communs et avaient échangé leurs coordonnées. Leur correspondance avait donné lieu à de belles créations littéraires qu’ils avaient publiées quelques années plus tard. Après un peu plus d’une année de fréquentation à distance, ils s’étaient mariés. Durant les trois années suivantes, les nombreuses tentatives de Julia pour devenir enceinte s’étaient soldées par autant d’échecs. Ils avaient mis ce projet sur la glace.

    Des images d’escapades amoureuses avec Julia cognaient à la porte de l’esprit de Wallace. Julia et lui s’étaient découvert une autre passion. En harmonie avec la nature, ils avaient utilisé les forces générées par le vent au profit de l’allure du voilier. Leur enthousiasme commun avait apporté son lot de moments d’ivresse. Ils avaient joui de tous ces instants passés en mer.

    Puis, une tumeur maligne, un adénocarcinome, apparut dans le cerveau de Julia. En peu de temps, elle fut emportée par ce cancer impitoyable et fulgurant. Ils avaient connu treize années de bonheur durant lesquelles ils avaient vécu l’un pour l’autre. Leurs épreuves témoignèrent de la solidité de leur amour.

    Quant à Jody, le pathologiste avait conclu à une mort naturelle. Au moment de la découverte du corps, elle était couchée dans son lit. Sa tasse de tisane, sa bible et ses lunettes étaient déposées sur la table de chevet. Son cadavre n’exhibait aucun signe de lutte ni marque de piqûre. Aux yeux des détectives, ces éléments ne constituaient pas une scène de crime. Wallace aurait tiré la même conclusion, mais l’appel à l’aide de sa mère avait changé la lecture du drame. Elle croyait sa vie et la sienne menacées.

    Jody exerçait la profession de journaliste dans la section des délits économiques pour le compte d’un diffuseur canadien. Quelques jours avant son décès tragique, elle enquêtait sur un ensemble d’entreprises dont les ramifications s’étendaient partout sur la planète. Au fil de ses recherches, elle avait établi un lien entre le dirigeant de ce conglomérat, une organisation criminelle internationale, et son ex-conjoint. Joshua Wallace n’avait pas connu son père, mais sa mère avait laissé sous-entendre qu’il était un homme dangereux et puissant. Quant à son fils Caleb, le frère jumeau de Joshua, Jody l’avait cru mort dès sa naissance. À sa grande surprise, elle avait découvert une tout autre histoire. Lors de l’accouchement, le père biologique était intervenu et avait ordonné au personnel soignant de séparer immédiatement les enfants. Enfin, Caleb vivrait quelque part en Europe. Cela constituait un résumé succinct du dernier entretien avec sa mère.

    Aux yeux de Wallace, une seule conclusion s’avérait plausible : l’ex-conjoint de Jody l’avait assassinée. Mais comment le prouver ? Il avait fait part de ses soupçons aux policiers, mais cette piste avait mené les enquêteurs dans un cul-de-sac. Il avait donc entrepris ses propres recherches. Il avait fouillé la maison de sa mère de fond en comble. Il avait vidé le coffret de sûreté, accédé au disque dur de son ordinateur, lu tous ses courriels, consulté ses amis et anciens collègues. Rien. Seul le violon de Jody dans son étui manquait.

    À la lumière de ces révélations, les enquêteurs avaient repris le dossier. Mais leur empathie envers sa cause s’était muée en hostilité à son égard. Cette tension entre lui et les détectives l’avait épuisé. Ils restaient sourds à son argumentation et cela le frustrait. Il se voyait comme une espèce de Don Quichotte en quête de la vérité. Tel un chevalier, Wallace brandissait son épée contre le moulin à vent de l’indifférence des policiers. Il avait constaté combien il se ridiculisait. Au terme de cet épisode, il avait accepté de ne pas connaître le fin mot de l’histoire et de tourner la page.

    Wallace s’apprêtait à enterrer les cendres de Julia et de Jody dans le parc de Sainte-Anne-des-Monts en Gaspésie. Ce lieu avait été témoin de sa demande en mariage et de plusieurs randonnées pédestres avec sa mère ou avec sa femme. De cette manière, il mènerait son deuil à sa complétude et recommencerait sur de nouvelles bases.

    À trente-six ans, il ne lui restait plus personne de sa famille. Il corrigea aussitôt sa pensée. Il comptait dans sa parenté un jumeau et un père biologique dont il ignorait l’identité. C’était comme s’il tentait de résoudre un problème mathématique avec un nombre supérieur d’inconnus pour les équations dont il disposait. La solution lui échappait. Il demeurait rationnel lorsqu’il s’attaquait à ce puzzle.

    -o∫o-

    Le corps de Wallace se balançait en phase avec chaque vague de proue. Chacune d’elle provenait de trois sources distinctes. La première prenait son origine dans l’onde produite par l’étrave profilée du voilier. Le frottement du déplacement de la masse d’air contre la surface de la mer, qui faisait ballotter le navire suivant l’axe du tangage et du roulis, générait la seconde. Enfin, le passage des autres embarcations de plus grands tonnages provoquait la troisième. Wallace voguait sur l’estuaire du Saint-Laurent en cohésion avec les éléments de la nature. Une fois la direction du vent connue, il coordonnait la manipulation de la barre par de légers réglages du safran. Cela permettait au Julia XIII de poursuivre sa trajectoire sans risque d’empannage. Le déploiement de la voile et l’ajustement de l’écoute de la grand-voile constituaient une habileté acquise avec les années de pratique assidue. De plus, il veillait à ce que la bôme ne bute pas contre le hauban durant la navigation. Ces moments où l’adrénaline se mélangeait au plaisir ne lui faisaient pas oublier le danger d’une mauvaise manœuvre. Il faisait attention de ne pas se trouver dans la sphère d’action de la grand-voile lorsqu’elle changeait d’orientation sans crier gare. Il avait déjà vécu cette situation, non sans heurts.

    À bâbord, Wallace admirait la beauté de la région de Charlevoix au Québec. En dirigeant ses yeux vers l’avant de la proue, il devinait la rivière Saguenay et le fjord. Tout ce panorama inspirait la poésie. C’était comme si un chef d’orchestre animé d’une baguette magique avait taillé ce relief au galbe bucolique lors de la prestation de la symphonie pastorale composée par Ludwig van Beethoven.

    Depuis plus d’une heure, Wallace avait dépassé la hauteur de la rivière Saguenay. Le voilier exhibait un cap approximatif nord-nord-est. Wallace profitait d’un vent arrière de vingt-six nœuds avec des rafales occasionnelles qui allaient jusqu’à trente-cinq nœuds. Il avait fourni à son ordinateur de bord les données des prévisions météorologiques, son trajet et sa position exacte. L’application GPS (Global Positionning System) intégrée estima qu’il arriverait à Sainte-Anne-des-Monts dans un peu moins de six heures. Il se trouvait dans les temps.

    -o∫o-

    Depuis le départ du Julia XIII de la marina, un yacht Doral Alegria suivait le même parcours. Une distance de près d’un mille nautique séparait les deux embarcations. Le capitaine du Doral Alegria et ses matelots portaient tous des vêtements noirs. Un des membres de l’équipage épiait les manœuvres du Catalina 350 avec des jumelles à prismes. Un autre homme utilisait un caméscope couplé à un faisceau laser et à un modulateur de type acousto-optique et filmait les agissements de Wallace en vidéo ultra haute définition. Cet appareil produisait des images d’une netteté telle qu’il était possible d’observer le mouvement de la cage thoracique d’un homme pendant son cycle d’expiration et d’inspiration. De plus, les signaux en provenance des capteurs optiques mesuraient les battements du pouls carotidien et sa valeur était affichée en temps réel sur le moniteur de l’écran.

    Arrivé dans sa cabine, le capitaine Lamech se posta devant la glace. Il colora ses yeux à l’aide de lentilles de contact marron. Afin d’assurer leur stabilité, il appliqua de la matière collante à l’appendice nasal, aux joues en silicone et à la paroi intérieure de son déguisement en latex. Il inséra ses deux pouces dans sa bouche et ajusta la prothèse en plastique qui déformait son visage. En dernier, il se coiffa de sa perruque brune. Le résultat final lui conférait un air de jeunesse. Satisfait, il remit les accessoires restants dans sa trousse de maquillage et retourna dans la cabine de pilotage.

    Le moment propice pour entreprendre la phase numéro un de l’opération Terreur à Sion était arrivé. Lamech allait enfin se venger du Dieu des juifs et des chrétiens. Conséquemment à cette quête, il briserait la vie d’innocentes victimes et Israël serait détruit. Peu importe, son Maître à lui serait enchanté et l’élèverait au rang de principal collaborateur et de messager de la bonne nouvelle.

    Le capitaine mit la manette des gaz au maximum et les deux puissants engins de près de quatre cent trente kilowatts firent accélérer le Doral Alegria de plus de quinze mètres de longueur et d’un mètre de tirant d’eau. Il dépassa le voilier de Wallace et se positionna sur sa trajectoire. Le bruit d’une explosion retentit à l’arrière du yacht. De la fumée, résultante de la combustion d’huile à moteur saturée d’essence, auréola l’embarcation d’un nuage fuligineux.

    -o∫o-

    Wallace fut témoin de la scène. Sans plus attendre, il manipula le safran avec souplesse. Il changea son cap sur tribord et fonça vers le navire en détresse. Au loin, il observa l’affolement des membres de l’équipage. Dépassé par la situation, l’un d’eux jeta un paquet à la mer. En quelques secondes, le canot pneumatique prit de l’expansion jusqu’à sa maturité et trois matelots plongèrent à l’eau et y embarquèrent. Ils ramèrent vers le voilier. Wallace exécuta la manœuvre d’accostage. L’un des hommes lui lança un cordage qu’il enroula autour de l’un de ses taquets. Un à un, les membres de l’équipage montèrent à bord du bateau. Chacun des rescapés affichait sur son corps des plaies ouvertes et des traces de suie.

    — Y a-t-il d’autres personnes sur le yacht ? demanda Wallace à leur capitaine.

    — Non. Le navire va couler d’une minute à l’autre, répondit Lamech.

    — Il ne gîte ni par bâbord ni par tribord. Et son assiette longitudinale ne balance ni par la proue ni par la poupe. J’en déduis qu’il n’y a ni avarie sur la quille ni entrée d’eau sous la ligne de flottaison. Nous avons encore une chance de le tirer hors du danger.

    — Cela ne sera pas nécessaire, Monsieur Wallace.

    Sur cette réplique, les hommes de Lamech exhibèrent des armes de poing. Wallace étudia ses possibilités de contrer la menace. L’attente du moment propice lui semblait la meilleure stratégie.

    Lamech entra dans la cabine du voilier. Il vit l’emplacement du X sur la carte et il en comprit d’instinct la raison. Il ressortit de l’habitacle avec deux objets compacts.

    — Attention ! Ces urnes funéraires contiennent les cendres de ma mère et de ma femme. Ne les touchez pas ! cria Wallace.

    — Je sais, déclara Lamech sur un ton impersonnel.

    Lamech s’apprêtait à les ouvrir.

    — Vous n’avez pas le droit ! hurla Wallace.

    Aussitôt, Wallace se précipita vers le profanateur. Deux des hommes contrèrent son geste télégraphié du revers de leur main. Il tomba la face contre les boiseries du plancher. Sous l’impact, il se fractura le septum nasal.

    Lamech attendit que Wallace ait repris ses esprits pour disperser les cendres dans la mer.

    — Mais qu’avez-vous fait ? balbutia Wallace tant il était sans voix.

    — Je veux toute votre attention.

    — Espèce de salaud ! J’aurai votre peau, jura Wallace. Son ton ne laissait planer aucun doute sur ses motivations.

    Sur le pont supérieur du bateau en difficulté, un écran de fumée dissimulait un homme accroupi en position de tir. Muni d’une carabine de précision, il visa et atteignit le thorax de Wallace. Le puissant soporifique contenu dans la fléchette se déversa dans son muscle cardiaque. Chaque battement de cœur propulsa une armée de pernicieuses molécules dans son sang. Chacun de ces soldats microscopiques participa à la neutralisation du sujet-hôte. Après avoir retiré le corps étranger planté dans sa poitrine et s’être débattu en vain, Wallace perdit connaissance.

    Sur ordre du capitaine, les trois marins à bord du Doral Alegria mirent fin à la simulation. Chacun s’activa afin de faire disparaître le décor de la mise en scène. L’un d’eux coupa l’alimentation du générateur de fumigènes. Un autre nettoya à l’aide d’un jet d’eau pressurisée les formes dessinées avec de la gouache qui suggéraient la présence d’avaries. Et le troisième rangea le matériel sur le pont.

    Les deux marins à bord du Catalina 350 transférèrent le corps inerte de Wallace sur le Doral Alegria.

    Lamech vida le chargeur de son fusil d’assaut. Certains projectiles se logèrent dans les boiseries du voilier, d’autres sur les instruments de navigation du navire. Il dissémina des preuves incriminantes. Enfin, il répandit des gouttes de sang humain un peu partout sur la moquette à l’intérieur de la cabine.

    Lorsque les officiers de La Garde côtière canadienne arraisonneraient l’épave, ils y verraient une scène de crime typique. De plus, les autorités compétentes suspecteraient Wallace de travailler pour le Mossad à titre d’agent dormant.

    -o∫o-

    Le lent retrait d’un glacier avait façonné le relief de la vallée de la rivière Jacques-Cartier. Au nord du quarante-neuvième parallèle, cette région représentait le nirvana pour les amateurs de descentes en kayak.

    Pour accéder à la planque, une fausse ambulance flanquée de deux véhicules utilitaires négocia la route jalonnée d’un parcours sinueux au travers de la dense forêt laurentienne. Arrivé à destination, ce convoi disparut derrière les portes du garage triple.

    Les ravisseurs transportèrent le corps de Wallace, toujours inconscient, au sous-sol dans une pièce vidée de tous ses objets. C’était un espace rectangulaire de deux mètres par trois et sans fenestration. Quelque part en son centre, une poutre maîtresse s’élevait à la verticale. Les hommes menottèrent Wallace à ce poteau. Autour de lui, le plancher en ciment était lézardé à plusieurs endroits. Les murs et le plafond affichaient une isolation parcellaire contre le froid. Le chauffage déficient n’arrivait pas à chasser l’humidité de la pièce. Cette négligence entretenait les quelques foyers de cultures de champignons disséminés un peu partout le long des solives, des montants et des traverses en bois.

    -o∫o-

    Du Catalina 350, les sbires de Lamech avaient rapporté les papiers d’identité, le porte-clés et le téléphone cellulaire de Wallace. Ces objets personnels étaient déposés dans une boîte de carton sur la table de la cuisine au rez-de-chaussée.

    L’effet de l’anesthésiant administré s’était estompé. Lamech en eut la confirmation à travers le judas de la porte. Il s’engagea dans la pièce où se trouvait le prisonnier.

    — Comment allez-vous, Monsieur Wallace ? lui demanda-t-il sur un ton qui manquait de sincérité.

    Wallace maugréa son mécontentement entre ses dents à l’égard du chef des mécréants.

    — Qu’avez-vous fait de mon voilier ?

    — À l’heure actuelle, la Garde côtière a remorqué le Catalina 350 jusqu’à son port d’attache à Tadoussac. Votre embarcation constitue une scène de crime. Les enquêteurs l’ont mise sous scellés.

    — Pourquoi vous êtes-vous attaqué à moi ?

    — Dans les prochains jours, vous participerez à un complot terroriste d’envergure. Votre présence sur les lieux sera confirmée. Les services de police et les principales agences d’espionnage du monde entier vous rechercheront activement.

    — Ils reconnaîtront bien le coup monté !

    Un sourire sardonique ourla les lèvres de Lamech. Il laissa Wallace se bercer dans ses illusions. Les enquêteurs changeraient d’avis pour adopter son point de vue. Il en était convaincu.

    Les préparatifs de cette opération d’enlèvement avaient débuté longtemps auparavant. L’un des hommes de Lamech avait usurpé l’identité de Wallace. Un peu partout sur la Toile, l’imposteur avait disséminé plusieurs preuves incriminantes contre lui. Ces indices conduiraient les détectives vers un compte aux îles Caïmans au nom de Wallace. Tous les premiers du mois depuis un an, ce sbire de Lamech y déposait un montant dans les six chiffres. Le vrai Wallace serait aussi estomaqué de lire les courriels soi-disant échangés au courant de la dernière année avec des gens du Mossad (Agence de renseignements israélien) et du ministère des Affaires étrangères d’Israël. Chacune de ces fausses pistes analysée séparément n’avait aucune signification. Toutefois, si elles étaient jointes, alors, elles brossaient un tableau des plus éloquents. La police en tirerait les conclusions qui s’imposent. Elle considérerait Wallace comme un agent dormant. Elle le suspecterait d’avoir simulé sa propre disparition avant de s’engager dans une mission importante.

    La pause de Lamech poussa Wallace à reprendre la parole.

    — Après que j’aurai servi votre cause, vous m’éliminerez, n’est-ce pas ?

    — Je n’ai pas encore statué sur votre cas.

    Dans l’esprit de Lamech, son prisonnier ne sortirait jamais sain et sauf de cette histoire. Wallace serait incapable de prouver son innocence, car des doutes plus que raisonnables pèseraient sur lui jusqu’à la fin de ses jours.

    Wallace tenta vainement de se libérer de ses liens.

    — Je vous tuerai de mes propres mains, rétorqua Wallace.

    — Vous n’aurez pas ce loisir, déclara Lamech sur un ton désinvolte et méprisant.

    Wallace était confronté à une organisation qui le mettait dans une situation sans issue évidente. Encore une fois, son courage et sa résilience allaient être mis à l’épreuve dans l’adversité. Il se battrait jusqu’à son dernier souffle.

    Lamech quitta la pièce et confia la garde du camp à deux de ses hommes.

    Chapitre 2

    13 septembre, 19 h 15

    Baltimore, Maryland, États-Unis

    Dans l’une des salles d’attente de l’aéroport international Baltimore-Washington, plusieurs s’affairaient à lire les dernières nouvelles sur leur tablette numérique. D’autres envoyaient des textos au moyen de leur téléphone portable. Une équipe de nageurs se faisaient remarquer par leur stature et leur fébrilité. Des parents surveillaient leurs enfants. Une mère donnait le biberon. Et enfin, quelques rares individus, comme Catherina Powell, se bornaient à observer l’activité des gens autour d’eux.

    — Les passagers du vol 316 d’Air USA à destination de la ville de Québec sont priés de se diriger vers la porte D9, répéta la voix depuis les haut-parleurs.

    À l’instar de Catherina Powell, une soixantaine de personnes réagirent à l’annonce. Catherina remit sa carte d’embarquement à la préposée. Lors de l’achat du billet, son choix s’était porté vers un siège situé près des ailes du bimoteur à voilure haute. La chance avait comblé ce désir. Quelques instants plus tard, elle entendit le grondement sourd des turbopropulseurs du Bombardier Dash-8 Q400 et sentit l’aéronef s’élancer sur la piste. À travers le hublot en perspex, elle le vit prendre ses distances du sol.

    Catherina avait adopté une perspective réaliste à propos de ses propres appréhensions face à l’avenir. Elle avait maintenant trente-sept ans. À son grand désarroi, elle n’avait jamais vécu le développement d’un enfant dans son sein. Son âge jouait en sa défaveur. Elle avait exprimé ce désir à son conjoint à maintes reprises pendant cinq ans. Il lui avait promis qu’ils concevraient un bébé ensemble, mais il lui avait souvent répété qu’il avait besoin de temps. La dernière année, les exigences de son travail au Pentagone l’avaient absorbé. Lors de ses permissions, il fréquentait ses amis qui, avides de sensations fortes, carburaient à l’adrénaline et à la testostérone. De retour à la maison, il manquait d’enthousiasme et de libido pour réaliser son engagement. Catherina en avait conclu qu’il ne voulait ni être un père ni assumer les contraintes propres à ce rôle. Elle avait rompu le dimanche précédent. En raison de ce nouveau développement dans leur relation, elle lui avait demandé de reprendre ses effets personnels durant son absence.

    L’agente de bord s’arrêta devant sa rangée. Catherina choisit une eau Perrier du panier de boissons non alcoolisées. Un clin d’œil de l’hôtesse la ramena à sa dernière conversation avec son chef de service chez Xpress-Media.com qui avait eu lieu quarante-huit heures plus tôt.

    — Catherina, puis-je te demander une faveur ? lui avait-il dit sur un ton mielleux pour l’amadouer.

    — Comme je suis surprise ! Où veux-tu m’envoyer cette fois ?

    Elle se tenait les deux mains croisées à la hauteur de la poitrine. Elle le voyait venir avec ses gros sabots et avait déjà structuré toutes ses objections dans son esprit.

    — Tu as cumulé beaucoup d’heures supplémentaires et tu devrais être en vacances à partir de ce soir. Que dirais-tu d’un voyage au pays de l’été des Indiens ? En ce temps de l’année, le panorama du Québec est à couper le souffle. Je t’offre l’occasion d’en profiter.

    — Donne ces reportages à un pigiste, avait-elle déclaré.

    — Personne ne se trouve libre pour couvrir la conférence sur les changements climatiques à Québec.

    — Pourquoi m’as-tu choisie ? avait-elle demandé en demeurant sur la défensive.

    — Cette affectation s’avère du gâteau. Nous prolongeons ton séjour au Québec d’un mois aux frais de la maison.

    — Qu’est-ce qui justifie cette délicate attention ?

    — Nous te l’offrons en reconnaissance de ta couverture du NSAgate.

    — J’avais justement besoin d’un changement d’air, avait-elle ironisé. Elle songeait au nuage de scandales et de suspicions qui chapeautaient presque à longueur d’année le Tout-Washington.

    — Tu pars dimanche dans la soirée. Ma secrétaire te donnera tes billets. Bon voyage !

    -o∫o-

    Catherina consacra le reste de cette journée-là à lire ses courriels et à mettre à jour ses différents dossiers. Elle consulta le répertoire des messages à détruire une dernière fois. L’un d’eux retint son attention. Il provenait du siège social de l’ONU (Organisation des Nations Unis) à New York. Son destinateur était un traducteur contractuel. Dans le passé, cet homme s’était avéré être un informateur fiable. Le fichier joint vantait les mérites d’une réforme complète des instances onusiennes. Ce document résumait les différents points d’une discussion tenue entre les délégations de l’Indonésie et des officiels affectés au bureau du secrétaire général, Judas Applegold. Toutefois, ce papier ne constituait pas une copie authentifiée. Elle téléphona à son contact et sut le rassurer. Il recevrait la rétribution habituelle si une seconde source indépendante validait l’information.

    Elle appela quelques fonctionnaires du département d’État à Washington et alla à la pêche aux renseignements. Après plusieurs essais infructueux, le poisson mordit à l’hameçon. Elle obtint plus que ce à quoi elle s’attendait comme confirmation. Et c’était de la dynamite ! Elle entreprit un travail de recoupement des faits.

    Catherina possédait maintenant une esquisse actualisée de la situation qui prévalait au sein de sa nation. Les banques centrales d’Europe et d’Asie exigeaient des États-Unis le remboursement des titres de dettes, non pas en dollars américains, mais en lingots d’or. Le pays de l’Oncle Sam était menacé de sanctions importantes advenant son incapacité à s’acquitter de ses obligations. À cela s’ajoutait le lien d’amitié entre les États-Unis et l’État hébreux qui risquait d’être fragilisé. En effet, la réforme onusienne mettait en péril le protectorat américain d’Israël. Ainsi, une seule conclusion s’imposait. De véritables enjeux se tramaient dans les coulisses du pouvoir à la Maison-Blanche et au Capitole. La crise en sourdine avait été enclenchée par les exigences démesurées de Judas Applegold. Cependant, le président Simpson ne se contenterait pas de regarder le train passer à la gare. Il agirait.

    L’année dernière, après avoir lu la biographie approuvée de Josh Simpson, avoir eu le privilège de l’interviewer en privé durant une heure et d’interroger ses proches, elle avait appris à connaître l’individu derrière le personnage public. Ses articles avaient fait taire les calomnies de ses détracteurs. Elle admirait autant l’homme que sa présidence. Il se révélait d’une grande intégrité et était doté d’une intelligence exceptionnelle. Voilà ce qui ressortait des dires de tous. En tant qu’être de couleur noire, il avait rallié à une vision noble de l’Amérique un large éventail de gens qui provenaient de divers milieux ethniques. Il avait encadré le rôle de l’État sur les économies du savoir et de la santé et avait redéfini la place des lobbyistes au sein des élus des deux Chambres. Il avait rédigé une charte sur l’éthique et avait conclu un pacte fiscal. Ses politiques et ses vues dans différents domaines avaient été formulées en proposition de lois qui avaient obtenu l’aval du Congrès et le sceau présidentiel. Ces législations rehaussaient la qualité de vie du citoyen américain ordinaire. Ainsi, les réalisations de Simpson éclipsaient déjà l’héritage légué par ses prédécesseurs.

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    — Mesdames et Messieurs, veuillez reprendre vos places et attacher vos ceintures de sécurité jusqu’à l’atterrissage. Nous traversons une zone de perturbation atmosphérique dans le secteur de l’aéroport Jean-Lesage. À Québec, la température est de 13 °C sous un ciel parsemé de nuages. Le taux d’humidité est de 25 %. Nous vous remercions d’avoir choisi Air USA. Bon séjour dans la ville de Québec, déclara le pilote de l’avion où Catherina avait pris place.

    Les chroniqueurs politiques faisaient la pluie et le beau temps à Washington. Catherina se demanda s’ils ne qualifieraient pas le Québec de « région à haut potentiel de perturbation ». Selon son intuition, les gouvernements américains et hébreux interviendraient d’une manière ou d’une autre lors de cette conférence. Catherina était contrariée en songeant à cette association explosive.

    La personnalité du secrétaire général de l’ONU, Judas Applegold, se révélait une énigme en soi. Les gens au pouvoir placés sur son chemin ne tarissaient pas d’éloges sur ses compétences. Son curriculum vitæ faisait état de son passage au sein de nombreuses sociétés d’envergure où il avait agi à titre d’avocat en droit international. Depuis, toutes les portes devant lui s’ouvraient par son seul charisme. Le président de la France l’avait nommé à la fonction d’ambassadeur à l’ONU. Dans le cadre de ses nouvelles attributions, il avait effectué des tournées dans les pays non émergents du tiers-monde. Il y avait plaidé en faveur d’une redistribution des richesses et d’une autosuffisance en biens de première nécessité. Lors de ses voyages, il avait été le témoin de plusieurs théâtres de guerres motivées par des différences de race ou de religion. Il avait appelé les gens à la tolérance. Ses nombreux discours avaient été bien accueillis et avaient généré un solide climat de paix. Si Catherina se fondait sur ces seules données, il serait l’homme le plus compétent en diplomatie qu’elle ait connu et le plus désintéressé, politiquement parlant. Pourtant, son sixième sens lui dictait de rester sur ses gardes. Cet homme lui faisait peur. Elle avait la certitude que plusieurs éprouvaient ce sentiment.

    Chapitre 3

    13 septembre, 20 h 45

    Quelque part dans le parc du Catoctin Mountain, Maryland, États-Unis

    La région du Catoctin Mountain constituait la limite orientale de la chaîne des Appalaches. Une forêt de feuillus y agrémentait le panorama.

    Au volant de sa Audi R8, le capitaine de vaisseau Jack Scofield, officier au sein de l’US Navy, roulait sur la 77 Ouest. Son attention se porta sur la route sinueuse. L’un des plaisirs de Scofield consistait à négocier les virages et les descentes aux courbes prononcées. Cette montée d’adrénaline stimulait les activités de son néocortex, là où tout se réduisait à des images, à des scénarios, à des moyens, à des évaluations de risque et à de la gestion d’imprévus.

    À la radio, le lecteur de nouvelles annonça le début de la conférence sur les changements climatiques tenue dans la ville de Québec. Cet événement connaîtrait son apogée à la clôture de ce forum, soit le 21 septembre à midi. Ce jour coïncidait avec

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