Adel et Bourricot: À la Recherche du Bonheur : Un Conte de Peau d’âne Réinventé
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À propos de ce livre électronique
Adel parviendra-t-il à retrouver le bonheur après le décès de son père ?
Adel, un adolescent de dix-sept ans, voit son monde basculer après la mort de son père. Contraint de retourner vivre chez sa mère adoptive qu’il n’a pas vue depuis des années, il découvre avec surprise qu’elle vit dans le luxe des beaux quartiers de Levallois. La source de cette richesse ? Bourricot, un chat têtu comme une mule, qui joue un rôle étonnant dans la vie de sa mère.
Tandis qu’il tente de s’adapter à cette nouvelle vie, Adel doit faire face à ses propres émotions et mettre de l’ordre dans ses sentiments. Grâce au soutien de ses nouveaux amis et à la douce présence d’Aïtana, il apprend à naviguer entre le désir de se rapprocher de sa mère et le besoin de trouver sa propre voie. Trouvera-t-il enfin sa part de bonheur malgré les turbulences de son quotidien ?
Plongez sans attendre dans ce conte de Peau d'âne revisité, rempli d’émotions et de surprises !
À PROPOS DE L'AUTEURE
Pédiatre en réanimation néonatale, Suzanne Borrhomée vit en région parisienne où elle élève ses quatre enfants avec son mari. Entre deux larmes et trois éclats de rire, elle trouve le temps de redonner vie à ses contes favoris, offrant à ses lecteurs des histoires touchantes et réinventées.
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Avis sur Adel et Bourricot
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Aperçu du livre
Adel et Bourricot - Suzanne Borrhomée
Chapitre 1
Il était une fois un roi si grand, si aimé de ses peuples, si respecté de tous ses voisins et de ses alliés, qu’on pouvait dire qu’il était le plus heureux de tous les monarques. Son bonheur était encore confirmé par le choix qu’il avait fait d’une princesse aussi belle que vertueuse]… [De leur mariage était née une fille, douée de tant de grâce et de charmes, qu’ils ne regrettaient pas de n’avoir pas une plus grande lignée.
Charles Perrault
— Vous avez compris ?
Le médecin lève les sourcils, et je le vois travailler activement à dessiner l’empathie sur ses traits. Il n’a pas plus que moi envie d’avoir cette conversation, mais contrairement à moi, il est payé pour ça. Je n’ai rien écouté depuis qu’il a prononcé « stade terminal » et pourtant je hoche la tête en réponse. Ça fait six minutes que ce vieil homme me donne des explications qui pourraient aussi bien être en mandarin. La moitié des mots qu’il utilise sont en jargon médical, il a oublié qu’un seul de nous deux a fait 10 ans d’études et ce n’est pas moi… Il est évident que je n’ai rien compris.
— Ai-je été assez clair ? répète-t-il
— Heu… ça ne s’arrange pas, c’est ça… ?
— Il est décédé.
— Il est… quoi ?
— Je suis désolé.
J’ouvre la bouche et la referme une fois, deux fois, sans pouvoir émettre le moindre son. Est-ce qu’il vient de dire que mon père est mort ? Pourquoi sommes-nous dans ce bureau à discuter et pas dans sa chambre dans ce cas ? À quoi bon me retenir ici et me parler une langue incompréhensible en triturant les embouts de son stéthoscope ? Je me lève d’un bond.
— Je vais vous conduire à lui, monsieur…
— Adel.
Je l’interromps sèchement, et il baisse la tête en silence. J’ai été « jeune homme » ou « mon garçon » durant ces deux dernières semaines, je n’ai pas besoin d’être promu « monsieur Bartier » le jour où on perd l’original. Monsieur Bartier c’est mon père, David. Pas moi. Je le suis sans rien dire, en essayant de contenir mes pleurs. Ce n’est pas ce que David aurait voulu. Il avait une profonde aversion pour toutes les manifestations de tristesse : sanglots bruyants ou discrète complainte. J’entends encore sa voix, me répéter avec une pointe d’humour : « Il n’y a pas de raison de chialer, tant qu’il reste de la vodka ! » ou « Si je te vois pleurer, je te fais écouter tout mon album Tragédie du groupe Tragédie… Avec un verre de vodka par chanson ! » ou « Mon fils ne peut pas être coiffé comme une fille, et pleurer comme un môme à la moindre occasion. Prends plutôt un coup avec papa »…
La jeune femme qui m’ouvre la porte de la chambre 313 me sort brutalement de ces souvenirs. Je ne me suis même pas rendu compte que nous avons parcouru tout ce chemin. Je croise son regard avant qu’elle ne baisse les yeux, et ses joues rosissent. C’est l’élève infirmière de nuit avec qui j’ai flirté l’hiver dernier lorsque la cirrhose de mon père a rechuté. Son prénom m’échappe aujourd’hui, mais je lui dois beaucoup : elle avait presque réussi à rendre mon quotidien entre lycée et service d’hépatologie normal. Et à l’époque, je pensais déjà qu’on touchait le fond. Au moment où nous entrons dans la chambre, je garde mes yeux rivés sur le sol en me demandant si maintenant, je suis en train de le toucher, le fond. Ou si la situation ne fait que commencer à se creuser… Le médecin m’observe en achevant une nouvelle phrase que je n’ai pas non plus écoutée, et qu’il dit sûrement par politesse. Lentement, je finis par m’approcher de David. Allongé sur le lit, comme endormi, mon père a l’air paisible et je suis déchiré entre ma peine et le soulagement de voir ses traits enfin relâchés. Il ne reste aucune trace de douleur, toute la souffrance l’ayant abandonné en même temps que la vie. Quelle ironie, hein ? Il a arrêté l’alcool parce que la boisson lui avait tout pris, de ma mère à sa santé, mais tous les jours il se plaignait que la sobriété était une souffrance sans nom. Je devais sans cesse lui rappeler qu’il le faisait pour sa vie. Mais la douleur s’incrustait chaque jour un peu plus dans ses traits. Pour sa santé, je lui disais… Et aujourd’hui, pour la première fois en deux ans de sobriété, je le vois dénué de cette souffrance. Mais aussi privé de sa santé. De sa vie. De notre lien. Plutôt injuste, à mon avis. Je pose une main tremblante sur la sienne, elle est encore tiède. C’est comme ça que je le réveille, habituellement, quand je viens le voir à l’hôpital, et je ne peux m’empêcher de secouer un peu son poignet. Son teint jaune cireux, qu’il arborait déjà avant de décéder, contraste avec ma peau mate. L’équipe médicale ici nous connaît bien, et c’est le seul endroit où on ne s’étonne pas de nous voir ensemble. Je suis aussi grand que mon père était petit, je suis élancé et sec, là où il était trapu et presque trop musclé. Mon teint est hâlé, et ma chevelure ébène, épaisse et ondulée, révèle des origines exotiques, tandis que mon père, lui, était blond clair, du moins le peu de cheveux qu’il lui restait. Il plaisantait souvent en disant que lorsque ma mère et lui m’avaient vu pour la première fois, avant l’adoption, ils avaient tout de suite su que j’étais le leur, parce que j’étais son portrait craché. Au premier regard posé sur moi, il m’a reconnu. J’espère que les anges qui posent leurs regards sur lui aujourd’hui ressentent la même chose.
— On peut vous appeler quelqu’un ?
Ma seule famille est allongée, inerte sur le lit face à moi. Pendant un long instant, ma respiration est la seule réponse. L’alcool ronge mon père depuis quasiment aussi longtemps que je peux me souvenir de lui, pourtant j’ai été assez naïf pour laisser venir ce jour sans me demander ce qui allait m’arriver si le pire se produisait.
— Je vais me débrouiller.
J’ai murmuré ma réponse, mais l’infirmière m’a entendu et elle soupire longuement, trop polie pour dire à voix haute ce qu’elle pense sûrement : « Tu as dix-sept ans, et tu ne sais probablement même pas où va aller le corps de ton père dans l’heure qui suit, ni avec quoi tu vas payer tes prochaines courses. Tu comptes te débrouiller comment ? »
Je me lève et quitte la pièce sans lui jeter un regard, et sans ajouter un mot. Ce qui est sûr, c’est que je ne mettrai plus les pieds ici.
À l’extérieur, le mois de janvier a étendu un règne froid et sec sur la région parisienne. Le vent glacial m’attaque les joues sans pitié. Un temps que seule la vodka peut réchauffer, dirait mon père, qui ne savait pas faire une phrase qui n’inclue pas la promesse d’une boisson. Je quitte l’hôpital Beaujon, les mains dans les poches pour les maintenir au chaud et m’empêcher de faire un doigt d’honneur à cette vieille bâtisse, où tous les abandons importants se font, en ce qui me concerne. Je me retourne pour fixer une dernière fois les briques rouges, tout en me dirigeant vers l’arrêt de bus.
Cet hôpital, c’est celui où je suis né. Le lieu où celle qui m’a mis au monde a décidé de me laisser et de disparaître sans laisser de trace. Né sous le secret, parce qu’on ne dit plus « naître sous X »… Comme si le nom de la procédure était ce qui nous faisait le plus mal. Comme si être le secret de quelqu’un n’était pas aussi sale, et ne laissait pas la même trace que la lettre X… Des jeux de mots pour décorer nos maux, à mon avis. En tous cas, c’est comme ça que j’ai pu rencontrer mes parents adoptifs, fous amoureux à l’époque, lorsque mon père était encore cascadeur professionnel, jeune, beau et fidèle à sa femme… avant qu’il ne se donne à la plus exigeante des maîtresses : la bouteille.
Dans cet hôpital, on lui a annoncé le diagnostic de cirrhose alcoolique. Il n’a pas fondu en larmes. Il s’est consolé avec le remède le plus efficace qu’il connaisse, en déclarant qu’il préférait mourir d’avoir trop bu, plutôt que mourir de soif. Ça l’avait fait bien rire. Ma mère, un peu moins… Il faut dire qu’elle ne riait déjà plus beaucoup à l’époque.
Et elle l’a quitté un matin en sortant de ce même hôpital, lorsqu’il a déclaré qu’il ne serait jamais éligible pour une greffe de foie, parce qu’il n’arrêterait jamais de boire. Elle l’a quitté, et moi qui n’avais jamais bu une goutte, elle m’a quitté aussi. Bien plus tard, quand la cirrhose est devenue cancer, et que mon père a finalement choisi la sobriété, il était trop tard.
Et voilà, l’histoire se conclut ici pour lui, dans ce même hôpital… Sans famille, sans possibilités de traitement, et même sans alcool, ce que je trouve encore plus triste que le reste, bizarrement.
En ce qui me concerne, je le répète, c’est la dernière fois que je mets les pieds dans cet endroit.
Je ne vois même pas passer le chemin du retour et je suis devant la porte de notre appartement en un clignement de paupières. Je fais tomber deux fois la clé avant de réussir à l’introduire dans la serrure, tant ma main tremble. Il s’est passé quasiment deux heures, mais je sens le poids de la nouvelle commencer à vraiment s’écraser sur ma poitrine et je me sens suffoquer. Je referme la porte derrière moi et m’y adosse en essuyant les larmes qui quittent mes yeux malgré moi. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire maintenant ? Quelle étape vient après celle-ci ?
Mon téléphone vibre dans ma poche arrière pour la énième fois depuis que j’ai quitté l’hôpital. On tente de me joindre, et même si je me méfie des numéros inconnus en général, le nombre croissant d'appels en absence attise ma curiosité.
— Allo ?
— Adel ? Enfin, tu réponds, je t’ai appelé au moins 12 fois !
Je ne reconnais pas la voix au bout du fil, mais elle m’appelle par mon prénom avec assurance, et si je ne m’abuse, une note d’impatience. Une voix de jeune fille, mais aucune de mes camarades de classe n’a cet accent.
— C’est qui ?
Elle met un moment à répondre et je me demande comment cette question peut être compliquée, lorsque sa voix murmure, après avoir reniflé à l’écart du combiné, je pense :
— C’est maman, Adel.
— Qui ?
Oh, j’ai bien entendu, mais je vais avoir besoin qu’elle me répète ça une fois ou deux. Maman, celle qui a quitté le foyer lorsque les choses ont commencé à vraiment sentir le moisi et qui a disparu de la circulation sans exprimer de regrets ? Celle que je n’ai pas vue depuis huit longues années ? Celle qui a envoyé sa dernière carte d’anniversaire il y a 4 ans ? Celle à qui je n’ose même pas en vouloir, parce que, peut-être au fond, elle pense… Que je ne suis même pas son… vrai fils .. ?
— C’est maman, Adel. C’est moi.
— Qu’est-ce que tu veux ?
Mon ton est plus sec que je ne le souhaite.
— L’hôpital m’a appelée, je sais que David est… parti. Je suis en route pour te récupérer chez lui.
— Me récupérer ? Pourquoi l’hôpital t’a appelée ?
Les questions se bousculent dans ma tête et hors de ma bouche sans logique évidente.
— Je suis sa personne de confiance, soupire-t-elle. Adel, je suis en route, je ne peux pas rester au téléphone. Prépare un sac, s’il te plaît. J’imagine que tu n’as pas grand-chose dans ce trou à rat de toute façon. Tu viens à la maison.
Je ne sais pas exactement pourquoi mon téléphone me glisse des mains pour atteindre le sol à grand fracas, ni pourquoi je suis incapable de bouger pour le récupérer. Ma respiration est saccadée, mes mains moites.
Quinze minutes plus tard, lorsque la sonnerie de la porte d’entrée retentit derrière moi, je suis toujours adossé à la porte. Je ne dirais pas forcément que je suis effrayé, mais…
— Adel ! Tu comptes ouvrir ?
Mes gestes sont lents, mais je sais que j’ai toutes sortes d’excuses. Mon père est mort. J’ai passé deux heures sans famille. Puis ma mère me retire son abandon, sans prendre la peine de me demander ce que j’en pense. J’ouvre la porte, millimètre par millimètre, en prenant de grandes inspirations, en essayant de me calmer pendant les secondes qui me restent, mais rien ne pouvait me préparer à ce qui m’attend.
— Maman ?
Juchée sur des talons de 15 cm, une petite blonde de moins d’un mètre cinquante se tient devant moi, lunettes de soleil sur le nez malgré la météo, coca zéro dans la main droite, i phone dans une housse à fourrure rose bonbon dans la main gauche. Son manteau est ouvert sur une robe trop courte, trop échancrée, et mon regard essaie d’éviter à tout prix le décolleté qu’elle révèle avant de remonter sur des lèvres charnues, rouge vif, et pour finir, lorsqu’elle retire enfin des lunettes Dior, une paire de grands yeux verts surpris.
— Adel ? C’est toi ?
Qui veut-elle que ce soit ? Si la situation n’était pas aussi dramatique, je sourirais presque à la façon dont ses yeux semblent vouloir se décrocher de leurs orbites. Elle me parcourt de haut en bas, puis, lentement, remonte le long de mon jean, mon T-shirt froissé, ma veste de survêtement tachée, mes longs cheveux sales lâchés en une cascade ondulante sur mes épaules carrées, mon visage angulaire, et comme je mesure 1 mètre 97, elle doit pencher la tête pour venir regarder au fond de mes yeux noirs. Elle fronce les sourcils, me fixe un long moment, avant que le coin de ses lèvres ne se soulève en un sourire infiniment triste :
— Adel, mon fils, c’est fou ce que tu as grandi… Le temps a passé. Trop de temps. Et toi… Tu es toujours aussi beau. Tu es la plus belle personne que j’aie vue depuis le jour où j’ai rencontré ton père.
Chapitre 2
Ce n’était pas par fantaisie, mais avec raison que le roi lui avait donné une place particulière et distinguée. Les vertus de ce rare animal méritaient cette distinction, puisque la nature l’avait formé si extraordinaire, que sa litière, au lieu d’être malpropre, était couverte, tous les matins, avec profusion, de beaux écus au soleil et de louis d’or de toute espèce, qu’on allait recueillir à son réveil.
Charles Perrault
— On part, Adel.
Le lundi suivant, je n’ai pas le choix. Je vais devoir quitter la chambre que j’occupe dans l’appartement de ma mère. Cette femme est minuscule, mais lorsqu’elle en a besoin, elle sait se montrer persuasive. Elle m’a laissé me terrer ici durant les obsèques, et n’a pas pipé mot lorsque j’ai refusé d’aller à l’enterrement jeudi et de saluer le bal des hypocrites que papa n’avait pas vus depuis dix ans et qui se fichaient bien de mon existence jusque-là. Elle m’a laissé ignorer le week-end, rideaux fermés, muré dans le silence de la chambre, survivant d’un régime de chips et de coca. Elle m’a laissé l’ignorer elle. Elle a
