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Malaise culturel, souffrance mentale et demandes d’aide psychologique à Alger-Centre: État des lieux durant et après la décennie noire relative à la violence terroriste
Malaise culturel, souffrance mentale et demandes d’aide psychologique à Alger-Centre: État des lieux durant et après la décennie noire relative à la violence terroriste
Malaise culturel, souffrance mentale et demandes d’aide psychologique à Alger-Centre: État des lieux durant et après la décennie noire relative à la violence terroriste
Livre électronique187 pages2 heures

Malaise culturel, souffrance mentale et demandes d’aide psychologique à Alger-Centre: État des lieux durant et après la décennie noire relative à la violence terroriste

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À propos de ce livre électronique

L’Algérie a vécu durant trois décennies des bouleversements et des mutations qui ont secoué la structure sociale et désorganisé l’équilibre psychique des personnes. La violence terroriste qui a frappé de plein fouet la population a laissé des traumatismes et des deuils multiples et profonds. Grâce à sa fonction de psychothérapeute installé à Alger-Centre avant, durant et après la décennie noire, l’auteur a accompagné des personnes souffrantes de tout âge et sexe confondus venant solliciter une aide psychologique…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Nacir Benhalla est professeur de psychologie clinique et psychopathologie à l’université d’Alger 2, directeur adjoint du Laboratoire d’Anthropologie psychanalytique (LAPP) d’Alger et Psychanalyste affilié à la SPP de Paris . Il est l’auteur de plusieurs articles et ouvrages sur la névrose en Algérie.
LangueFrançais
Date de sortie7 sept. 2021
ISBN9791037732910
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    Aperçu du livre

    Malaise culturel, souffrance mentale et demandes d’aide psychologique à Alger-Centre - Nacir Benhalla

    Introduction générale

    Cet ouvrage est un recueil d’articles résumant la souffrance mentale des personnes demandant une aide psychologique à Alger-Centre. Il s’agit d’un extrait synthétisant un parcours clinique de 25 ans. De par ma trajectoire de psychothérapeute démarrant son activité en janvier 1991, rejoignant l’université par la suite en 2003 en tant qu’enseignant-chercheur, j’ai finalisé mon parcours en 2019 en m’intégrant dans la Société Psychanalytique de Paris en tant que psychanalyste après une analyse personnelle de 5 années.

    Mon travail, en tant que clinicien toujours en activité, m’a conféré la possibilité de construire une synthèse sur la nature et l’évolution de la demande d’aide psychologique au sein de la société algérienne. Cette demande émanant d’une population tout-venant fait partie intégrante du processus de mutation et d’interaction socioculturelle vécue par l’Algérie.

    La saisie du thème – sur son prisme à trois niveaux entremêlant psychologie, sociologie et culturel – reste une démarche qui s’est structurée à travers le temps dans un cadre méthodologique approprié. Cette approche a été adoptée par nécessité conjoncturelle saisissant, tout à la fois, le sens et le message véhiculé par le mal de vivre des sujets. Vu sous cet angle, nous aboutissons, par nécessité exigée par la nature du thème, à l’anthropologie psychanalytique. Cette approche nous a guidés tout au long de cette réflexion. Nous sommes cependant conscients de la complexité et la sensibilité de cette vision qui contient des variables multiples et complexes.

    En réalité, c’est une réflexion qui a démarré il y a quelques années. Elle a fait déjà l’objet d’une recherche (en 2009), publiée en 2013 par L’Harmattan, qui a pour titre Expressions et caractéristiques de la névrose en Algérie. Il s’agit d’une étude clinque sur 300 hommes retenus sur une période de 10 ans (1999-2009). Cette recherche reste une référence de base et ma première réflexion abordant la nature de la névrose au milieu algérien. À l’époque, je n’étais pas suffisamment armé pour mieux saisir la portée des mots et le sens des concepts. Je n’étais également pas analysé. J’ai jusqu’à la fin de mon analyse personnelle, en 2020, pour écrire et surtout mieux maîtriser mes positions, en particulier celles liées aux mouvements contre-transférentiels.

    Parmi les hypothèses retenues en guise de réflexion explicative de cette souffrance, c’est qu’elle est d’une grande flexibilité, elle se laisse voir sur tous les aspects de la vie. Elle agit dans une grande partie selon le registre œdipien. Les désirs sont souvent réprimés. Elle est en quête d’un modèle identificatoire structurant. Elle reste, enfin, confinée dans le prisme culturel qui la façonne dans un moule fortement inhibiteur.

    Cependant, le sens attribué à la culture se définit en termes : d’actes, attitudes et croyances magico-religieuses. Une répercussion directe de ces représentations peut être observée sur le fonctionnement psychique des personnes. Cette donnée a fini par verrouiller, voire rigidifier l’espace de la pensée libératrice nécessaire à toute créativité psychique. La structure est devenue, ainsi, figée, adoptant des conduites machinales et souvent immatures. Ces constats cliniques, qui étaient d’ailleurs repris par d’autres recherches, restent le guide sur lequel nous nous sommes référés pour construire nos interventions rassemblées dans ce présent ouvrage.

    En nous installant dans cette trajectoire, tout en essayant d’appréhender le sens clinique que peut générer cette souffrance, nous nous retrouvons face à trois éléments ayant impacté, à des degrés différents, le fonctionnement psychique des sujets. Il s’agit, en premier lieu, de la guerre de libération avec les génocides de masse et les meurtres individuels. L’ancienne génération ne finissait pas de cicatriser les blessures liées à cette guerre, pour se retrouver à nouveau endeuillée par une nouvelle tragédie. Cette tragédie peut être résumée par la décennie noire et la guerre contre le terrorisme. Cette guerre, qui a remué le couteau dans la plaie, a laissé cette population, qui était déjà fragile, en errance. Résultats : une désorganisation accrue et multiforme. Elle est sociale, culturelle et, enfin, psychique. On assiste à une forme de révolte annonçant un ras-le-bol qui nous fait penser, inévitablement, aux réactions populaires vécues chez nos voisins ayant la fameuse appellation de « Printemps arabe ». Il s’agit d’un marasme populaire. Des éclats partent dans tous les sens à l’image d’une bouffée délirante cherchant désespérément un contenant. C’est dans le premier chapitre, intitulé Culture, violence et mutation, que nous avons rendu compte de ce marasme et comment il peut être repéré à travers les consultations.

    En termes de constats cliniques, tous les ingrédients sont là pour parler de crise identitaire en décompensation. Il s’agit d’une identité fragile, mal structurée, usée par les aléas de la vie, en quête d’un modèle identificatoire solide et rassurant. Qui dit modèle manquant, dit identité manquante. Ceci est constamment vérifié par la clinique de tous les jours. Le nombre de personnes demandant une aide psychologique individuelle est tellement important, ce qui nous incite à parler de malaise collectif. Nous sommes face à un véritable effondrement de toutes les normes établies de la vie publique et privée. Malgré l’écoulement du temps et le marquage historique, les conflits intrapsychiques demeurent en activité silencieuse et perpétuelle. La notion de latence prend ici toute sa valeur. Il s’agit d’un refoulement collectif généré par un surmoi culturel extrêmement exigeant. Il a une apparence calme, mais il contient un bouillonnement pulsionnel des affects et des représentations. C’est ce qui a été résumé dans le chapitre 2 appelé Crise identitaire et identificatoire, expression clinique. Les communications présentées dans ce volet illustrent comment cette crise est portée par les jeunes personnes sollicitant une issue psychologique.

    En observant de près ces phénomènes sociaux, l’on constate qu’ils se traduisent souvent par la demande de consultation qui affiche, en filigrane, un passage à vide triste. Cet état de fait ouvre la voie aux interprétations déjà évoquées dans la littérature psychanalytique. Le Malaise dans la culture de Freud (1929), repris sous la plume de François Richard dans L’actuel, malaise dans la culture (2011), prend dans notre milieu toute sa valeur. En termes cliniques, l’individu se démêle comme il peut pour se défendre. Les énumérations symptomatiques sont nombreuses et variées. On trouve de tout : dépression réactionnelle, pensée opératoire en passant par le faux self. En un mot, il s’agit d’une névrose post-traumatique qui vient corroborer un paysage social sérieusement endeuillé. En termes dynamique psychique, nous sommes certainement face à une para-excitation mal menée, au point de rendre la manœuvre du préconscient trop limitée. Sachant au préalable que la para-excitation reçoit de fortes tensions internes et externes. Il devient tellement fragile au point de développer un amalgame entre dedans-dehors, sujet-objet, passé et présent. Il faut noter que ce mécanisme est un équilibreur utile pour la dynamique psychique de toute personne. Lorsque les agressions extérieures deviennent importantes, comme dans le cas d’une violence terroriste, un sentiment de culpabilité intense peut être développé. Il peut créer un effet de liaison déclenchant un libre cours à des forces pulsionnelles mortifères. Il s’agit, en un mot, d’une violation de l’espace psychique intime. Cette violation rend la personne vulnérable. Elle est prête à s’abriter derrière n’importe quel objet d’apparence rassurante en l’utilisant comme appui contra phobique. C’est dans cette optique que les communications retenues au chapitre 3, sous le titre Attitudes défensives et décennie noire, viennent pour mettre en exergue les principales défenses adoptées par la population sous forme de passages à l’acte face à une menace venant de partout et de nulle part. Seul objectif : une issue libératrice quel que soit le prix.

    Enfin, l’ensemble des interventions rapportées dans cet ouvrage apporte un éclairage sur une longue et tumultueuse trajectoire socioculturelle. Il faut dire que tout a été remis en cause en un laps de temps relativement court : la dynamique famille était contrainte d’établir de nouvelles interactions ayant une valeur de compromis. Il en découle des alliances bricolées sur le tas. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles restent superficielles et fragiles. On se retrouve parfois dans le secret de famille qui alimente à son tour des mécanismes de répression déjà existants. Ils restent, ainsi, coûteux en termes d’énergie, et stériles en termes de créativité.

    C’est important d’ajouter que ces changements et mutations ont été vécus par chaque praticien en tant « qu’objet » et « sujet » en même temps. Objet ayant vécu et grandi à l’intérieur de cette société, et sujet observant de l’extérieur la douleur et les plaintes des patients. Il représente, ainsi, un témoin direct d’une psychopathologie qui reste classique dans sa symptomatologie, et spécifique dans son origine.

    L’un des enjeux ciblés dans la présentation de l’ensemble des communications serait de repérer les éléments cliniques essentiels qui sous-tendent la névrose actuelle. J’ai fait de mon mieux pour synthétiser l’ossature au sein de laquelle agit et évolue cette névrose. Bien que les éléments moteurs restent soigneusement cachés, en usant des mécanismes tels que le déni et l’évitement, la rencontre clinique au cas par cas arrive à dévoiler les sens. Le moins que l’on puisse dire c’est que nous saisissons, à travers le discours des patients, une certaine perte des identifications antérieures avec la prévalence de l’économie affective et pulsionnelle. Une forte répression des besoins pulsionnels reste une menace contre les exigences grandissantes de la culture. La personne devient, à la longue, dépossédée de la subjectivité au profit de la soumission au collectif. À défaut de s’assouplir contre les exigences du surmoi, ce dernier devient, ainsi, un idéal difficile à atteindre.

    Sur le plan méthodologique et compte tenu de la nature du thème et ses spécificités, la méthode descriptive et la méthode clinique ont été largement adoptées sur l’ensemble des interventions. Elles restent les plus aptes à rendre compte et évaluent cliniquement la nature et le sens de ce mal de vivre. Les deux méthodes s’entremêlent pour analyser fidèlement la précieuse dualité représentation-affect. L’étude, au cas par cas, soutenue parfois par des techniques projectives, reste le témoin vivant qui contrôle les nuances et crée des liens intelligibles entre les différentes variables.

    Il est également utile d’ajouter une précision : il s’agit de l’arrière-plan théorique utilisé dans cette démarche. Notre référentiel de base repose essentiellement sur la psychanalyse et l’anthropologie psychanalytique. À ce propos, nous restons, sans cesse, vigilants quant à l’exploration de la vie inconsciente telle qu’elle est proposée par les pionniers de la psychanalyse et les récentes recherches touchant la répercussion des mutations actuelles sur le devenir de l’homme.

    Enfin, les thèmes présentés ont été organisés selon une chronologie obéissant aux circonstances ou à un vécu social dramatique. La rencontre scientifique (séminaire, colloque) vient répondre et penser le drame du moment.

    Chapitre 1

    Culture, mutation sociale et violence

    Malaise culturel, malaise psychique, souffrance mentale-Aperçu sur la consultation de psychologie à Alger-Centre ;

    Souffrance mentale et psychothérapie d’inspiration psychanalytique à Alger centre ;

    Culture, violence traumatique et souffrance psychique-Résultats partiels d’une étude sur une population consultante à Alger-Centre.

    Introduction

    Nous avons choisi ce chapitre comme aperçu introductif pour brosser un tableau diagnostic représentant un état des lieux de la souffrance mentale en Algérie. Il contient, en gros, deux aspects : le premier traite les grandes mutations de la société algérienne qui sous-tendent un malaise social généralisé. Le deuxième contient l’aspect méthodologique justifiant l’importance et l’utilité d’appréhender cette souffrance en s’appuyant sur un référentiel emprunté de la psychanalyse.

    Le premier article intitulé est Malaise culturel, malaise social et souffrance mentale. Il s’agit d’un aperçu clinique sur la nature des consultations à Alger-Centre. C’est une recherche sur terrain témoignant sur ce qui caractérise la souffrance mentale des personnes en termes symptomatiques.

    Le deuxième article a pour titre Souffrance mentale et psychothérapie d’inspiration psychanalytique à Alger. C’est un article théorico-clinique justifiant l’importance et l’utilité de la théorie psychanalytique quant au traitement des maladies névrotiques. C’est une communication qui a été présentée lors du colloque organisé par l’Université d’Alger en collaboration avec l’ambassade d’Autriche à l’occasion du centenaire de Freud intitulée « Freud et Vienne ».

    Le troisième article contient un aperçu sur l’effet des différentes formes de violence sur la psyché. Nous l’avons intitulé Culture, violence traumatique et souffrance psychique. Cette violence a été répertoriée à travers trois grands évènements qui ont secoué l’Algérien dans une même période. Il s’agit du tremblement de terre de Boumerdès, des inondations de Bab-el-Oued et de la violence terroriste. C’est une communication qui a été donnée lors du colloque international de l’ARIC organisée à l’Université de Strasbourg. Par ce premier chapitre, nous avons tenté de rapprocher le lecteur de la réalité du train dans une période extrêmement importante traversée par l’Algérie. L’étendue et les ramifications de cette période se font sentir jusqu’à présent. Elles s’expriment tantôt par une soumission politico-religieuse aveugle et tantôt par une révolte populaire offensive dénonçant la gravité de la situation.

    Malaise culturel, malaise psychique, souffrance mentale

    – Aperçu sur la consultation psychologique à Alger-Centre –

    Résumé

    Un certain « malaise culturel » est ressenti et vécu par la société en raison des différents deuils laissés par les aléas de la vie. Le climat de tristesse et de tension observé chez les personnes témoigne d’un mal de vivre qui a fini, à la longue, par gagner l’ensemble des institutions. C’est ainsi que les voies d’expression des désirs, au sens sublimatoire du terme, sont devenues faibles pour ne pas dire

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