Nicolas Froment et l'École avignonaise au XVe siècle
Par Lucie Chamson
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Aperçu du livre
Nicolas Froment et l'École avignonaise au XVe siècle - Lucie Chamson
Lucie Chamson
Nicolas Froment et l'École avignonaise au XVe siècle
Publié par Good Press, 2022
goodpress@okpublishing.info
EAN 4064066306137
Table des matières
CE VOLUME, LE DIX-HUITIÈME DE LA COLLECTION MAÎTRES DE L’ART ANCIEN
, DIRIGÉE PAR T.-L. KLINGSOR, A ÉTÉ ACHEVÉ EN FÉVRIER M.CM.XXXI, LA GRAVURE DES PLANCHES PAR LA SOCIÉTÉ DE GRAVURE ET D’IMPRESSION D’ART A CACHAN, LE TEXTE PAR DAUPELEY-GOUVERNEUR A NOGENT-LE-ROTROU (EURE-ET-LOIR) .
NICOLAS FROMENT
L’ÉCOLE DU PALAIS
LES PREMIÈRES ŒUVRES
L’ÉPOQUE DE NICOLAS FROMENT
FIN DE L’ÉCOLE AVIGNONAISE PRIMITIVE
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
CE VOLUME, LE DIX-HUITIÈME DE LA COLLECTION MAÎTRES DE L’ART ANCIEN
, DIRIGÉE PAR T.-L. KLINGSOR, A ÉTÉ ACHEVÉ EN FÉVRIER M.CM.XXXI, LA GRAVURE DES PLANCHES PAR LA SOCIÉTÉ DE GRAVURE ET D’IMPRESSION D’ART A CACHAN, LE TEXTE PAR DAUPELEY-GOUVERNEUR A NOGENT-LE-ROTROU (EURE-ET-LOIR).
Table des matières
00003.jpgNICOLAS FROMENT
Table des matières
ET L’ÉCOLE AVIGNONAISE AU XVe SIÈCLE
L’ÉCOLE DU PALAIS
Table des matières
L’ÉCOLE avignonaise a pris naissance et force à l’ombre du Palais des Papes.
Avant l’installation de la papauté en Avignon, on trouve pourtant dans cette ville la trace d’un art local. On a relevé au portail de Notre-Dame-des-Doms des restes de peinture remontant au XIIIe siècle, et la tradition veut qu’une des anciennes portes de la ville ait été ornée de douze figures d’apôtres. Mais les seuls vestiges certains de l’art de cette période sont les fresques de la tour Ferrande à Pernes, près de Carpentras. Peintures de la fin du XIIIe siècle, — consacrées à des scènes de tournois et de batailles, — tout à fait grossières et d’un intérêt purement documentaire, elles montrent combien l’art local était fruste avant l’arrivée du souverain pontife.
Bertrand de Goth, archevêque de Bordeaux, devenu pape sous le nom de Clément V, transporta en 1309 la cour pontificale en Avignon. Il n’y trouva qu’une humble bourgade, commerçante pourtant, grâce à sa situation sur le Rhône, entre le royaume et l’Empire, dans un pays neutre, lieu de passage plutôt que lieu de séjour. Une impérieuse nécessité contraignait alors le souverain pontife à quitter Rome, mais c’est la mort dans l’âme et pour obéir à un devoir sévère que ses successeurs se décidèrent après un siècle à abandonner la ville choisie par eux dans tout le monde chrétien pour être leur refuge.
Soumis au charme d’Avignon, ils surent lui donner un éclat dont cette ville se pare encore aujourd’hui. Ils ajoutèrent aux beautés du site tous les embellissements que l’architecture et la peinture purent leur fournir, et leur goût se trouva assez sûr pour allier ces changements au caractère primitif du pays.
En ce XIVe siècle bâtisseur, le moindre seigneur, dédaignant les châteaux de son héritage, ne pouvait vivre que dans une demeure dont les lignes et l’ordonnance avaient été arrêtées par lui. Les papes d’Avignon furent entraînés par cet amour-propre architectural. Clément V, sans cesse menacé de rentrer à Rome, se contenta pourtant de l’ancienne résidence épiscopale, mais Jean XXII, son successeur, inaugura son pontificat en marquant sa volonté de rester en Avignon, et, pour cela, fit commencer un palais. Pour la décoration de ce palais, il fit appel, et son exemple fut unique, à des artistes français. Mais Clément VI qui lui succéda détruisit cette demeure trop petite. Ce pape, — cependant Français d’origine et de tendances, — introduisit bientôt en Avignon des goûts et des habitudes italiennes, et ceux qui vinrent après lui suivirent son exemple. C’est ainsi que la plupart des fresques qui recouvrent les murs du palais sont l’œuvre d’artistes italiens. Cette préférence donnée à l’art ultramontain est due à plusieurs raisons. D’une part, toute la curie romaine, — cardinaux, évêques et clercs de l’entourage pontifical, — avait suivi le pape en Avignon, attirant après elle cette masse flottante de familiers et d’artistes qui s’attachent au pouvoir et qui vivent de lui. D’autre part, la peinture italienne jouissait alors dans toute la chrétienté d’une vogue exceptionnelle, une tradition déjà établie faisait des papes les protecteurs des artistes italiens et les grossières fresques de la tour Ferrande nous montrent que les artistes locaux étaient bien incapables de satisfaire aux besoins pontificaux. Les papes firent donc venir d’Italie les chefs d’équipe; les exécutants plus humbles furent choisis parmi le grand nombre de peintres de tous pays qui fourmillaient en Avignon depuis l’arrivée de Clément V. Les comptes pontificaux, les meilleurs documents que nous possédions à cet égard, nous font voir les noms les plus divers et témoignent de la même confusion internationale qui régnait alors en cour d’Avignon. Italiens, Français du Nord et du Midi, Flamands, Anglais, s’y retrouvent pêle-mêle. Mais les maîtres des travaux furent des Italiens comme Simone Martini, Matteo de Viterbe, et c’est pourquoi l’art avignonais du temps des papes se rattache directement à l’art italien. Il reste en Avignon trois ensembles picturaux remontant à la période pontificale: les fresques de Notre-Dame-des-Doms, œuvre de Simone Martini, les fresques du palais et celles de la chartreuse de Villeneuve.
Ces fresques ont déjà été étudiées avec beaucoup de soin par de nombreux érudits, dont les derniers sont Robert Michel et M. Labande, et ce serait dépasser les limites de ce travail que d’en donner une étude critique. Nous nous contenterons de les énumérer et d’en fixer sommairement les caractères essentiels ce qui nous donnera un point de départ précis pour l’étude des peintres du XVe siècle.
Simone Martini, qui séjourna probablement en Avignon de 1339 à 1344, est considéré comme l’auteur des fresques du portique de Notre-Dame-des-Doms. Sur le mur du fond, on aperçoit encore aujourd’hui une de ces «Madones à l’Enfant-Jésus entourées d’anges», si chères aux Siennois, avec un donateur agenouillé devant la Vierge. Au-dessus se trouvait un Christ bénissant et, dans une autre partie, une fresque, entièrement détruite aujourd’hui, représentait un saint Georges terrassant le dragon et sauvant la jeune fille.
Pour si mal conservées que soient ces fresques, on y retrouve pourtant dans la composition l’attitude des personnages, la douceur des contours, la finesse des mains, l’inclinaison du visage de la Vierge, cette grâce touchante propre aux œuvres de Simone.
Pas une seule des fresques du palais n’atteint à une telle perfection; et les comptes pontificaux ne mentionnent pas une seule fois le nom de Simone. Il est donc à peu près certain, — pour si étrange que cela puisse paraître, — qu’il ne travailla pas au palais.
Le véritable chef des travaux pontificaux fut un autre Italien de talent plus modeste, Matteo Giovannetti ou Matteo de Viterbe. Dans la ville d’origine de ce peintre, Viterbe, Simone Martini avait joué auprès des artistes un rôle d’initiateur et de maître, ainsi que plusieurs œuvres en font foi. Matteo subit lui-même profondément l’influence de Simone. Soit à Viterbe, soit en Avignon, il dut connaître le