Spirales estoniennes: Historique
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À propos de ce livre électronique
Le jeune homme trouvera-t-il son salut en acceptant d’entrouvrir la porte du passé ?
À PROPOS DE L'AUTEURE
Laurence Wintzinger, auteure des romans Azad et Marian et Ruptures, l’ouvrier des grèves, nous propose de suivre ici l'une de ses petites histoires ancrées dans la grande Histoire.
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Avis sur Spirales estoniennes
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Aperçu du livre
Spirales estoniennes - Laurence Wintzinger
Laurence Wintzinger
Spirales estoniennes
Roman
ycRfQ7XCWLAnHKAUKxt--ZgA2Tk9nR5ITn66GuqoFd_3JKqp5G702Iw2GnZDhayPX8VaxIzTUfw7T8N2cM0E-uuVpP-H6n77mQdOvpH8GM70YSMgax3FqA4SEYHI6UDg_tU85i1ASbalg068-g© Lys Bleu Éditions – Laurence Wintzinger
ISBN : 979-10-377-2886-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Pour A B M
Écrire, c’est instituer un monde imaginaire qui double au plus près le monde de la réalité, comme les doublures de soie appliquées à l’intérieur des vêtements. Si le travail est bien exécuté, la doublure se superpose de l’intérieur, sans tirer, sans dépasser.
Madeleine Chapsal
Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver. Le réel, quelquefois désaltère l’espérance. C’est pourquoi, contre toute attente, l’espérance survit.
René Char
Chapitre 1
Mikhel
Mikhel marche dans la neige. Il s’amuse à tracer une ligne discontinue le long de la vieille voie ferrée qui relie la gare routière de Tallinn au quartier Telliskivi. Il hésite entre aller répéter un dernier morceau de métal avec ses potes dans l’un des docks désaffectés ou bifurquer vers le bâtiment « Antik Baltik » pour acheter un manteau d’hiver de l’époque soviétique. Il aime ce genre de vêtement chaud, peu coûteux, symbole d’un temps pour lequel il n’a aucune nostalgie mais qu’il porte parce que ça fait style.
Mikhel a vingt ans, les cheveux blonds relevés en un chignon qu’il cache sous un bonnet noir. Ses études d’écologie à l’université sont en berne. Il se dit No future. Le monde est parti pour se scratcher. Il l’a vite compris, au bout de quatre mois sur les bancs de la fac, en dépit de l’optimisme affiché par son professeur, un chercheur qui arpente le monde entier pour apporter son savoir en matière d’écotourisme. Les défis du XXIe siècle sont aussi béants que le trou d’ozone qui s’agrandit, quoi que l’on fasse. Mikhel les évacue de sa vie en jouant des heures avec son groupe, en beuglant tout ce qu’ils peuvent, pour chasser la peur du lendemain, la folie de ce monde qui va les avaler sans les laisser vivre leurs rêves. C’est un hypersensible, un être à fleur de peau qui ne montre jamais cette part-là de lui. Il n’aimerait pas qu’on se moque de ce qu’il considère être une faiblesse. Mikhel est celui qui donne le plus dans le groupe. Toujours en quête de sons purs et durs, il n’est réellement bien que lorsqu’il se donne à fond. Sasha, son meilleur ami, est le seul à avoir percé l’armure. Quand il le voit jouer, tendu comme les cordes de sa guitare électrique, il sait que Mikhel cherche à étouffer son mal-être, son amertume, dans une musique qui fait trembler les vitres. Pourquoi ne pas partir d’ici ? Dans le froid des docks non insonorisés, où les murs sont lézardés, les jeunes gens évoquent parfois cette possibilité, en réchauffant leurs doigts engourdis près de radiateurs récupérés dans les bazars. Mais, de manière étonnante, aucun n’est prêt à faire le grand saut car dans ces docks qui font partie de leur horizon depuis toujours, ils se sentent libres, loin des tracas du monde et cela leur suffit. C’est leur refuge, leur rempart. Peut-être aussi leur lâcheté. L’union de leur groupe leur ôte toute culpabilité. Ils peuvent évoquer leurs désirs, leurs joies, leurs histoires de filles, qu’ils ramènent de temps en temps, pour faire l’amour sur des matelas vieux comme leurs pères. Tous ont grandi dans les rues du quartier Telliviski, où le toit des maisons en bois se couvre de neige dès la fin de novembre, où les stalactites perlent, menaçantes avec leur pointe aiguisée et que, gosses, ils cassaient pour les lécher comme des glaces à la vanille. Maintenant, il fait encore froid : -10°, -15°, mais cela n’a plus rien à voir avec le froid de leur enfance, où le thermomètre descendait sous les -25° en pleine nuit. Mikhel adorait regarder le thermomètre à mercure que son père accrochait près de la fenêtre. On le retrouvait couvert de stalactites au petit matin, témoins uniques des vagues de froid venues de Sibérie ou de l’Oural. Le jeune garçon, alors, aimait l’idée que le froid était apporté par un Dieu démiurge, même si ce Dieu était encore de nationalité russe.
Depuis un an, les cartes ont néanmoins changé de main. L’Estonie a obtenu son indépendance.
Mikhel jure. Il a manqué de s’affaler, son pied a heurté le rail. Il a bu plus que de coutume, la veille dans les docks désertés par les Russes. C’est là où se rejoint la jeunesse alternative. Là où l’on rencontre des blousons noirs, des mecs comme lui avec quelques tatouages sur les bras et des cheveux blonds. Ils ne sont pas des Freddy Mercury, mais des hommes forts, fougueux, voulant exploser en plein vol, car l’avenir n’a plus d’étoiles. Avec ses copains de comptoir, il a sifflé deux ou trois bouteilles de vodka, fumé plus que de raison. Il ne sait pas comment il a réussi à rentrer chez lui. Sans doute grâce à Sasha qui veille sur lui comme une mère.
Finalement, Mikhel décide de bifurquer vers le hangar. Il est midi. Quelques touristes y affluent. Le jeune homme grommelle. Non pas qu’il ne les aime pas – car ils aident à faire tourner l’économie du pays, mais aujourd’hui, il a envie d’être tranquille, ne pas être obligé de jouer des coudes pour regarder les articles. La plupart sont des fringues, accrochées sur des cintres en hauteur et vendues à des prix dérisoires. Des vestes en fourrure, en daim, en peau de zibeline, pour les visiteurs les plus chanceux. Des pull-overs vintage tricotés à la main, héritiers des années 80, attendent sous des bâches de plastique à côté de vieux postes de radio et des jeux de cartes usés jusqu’à la corde. Mikhel connaît bien les marchands, parfois des voisins qui vivent très mal la transition du communisme au capitalisme. Il se dirige vers son vieux préféré, Féodor. L’homme l’a vu arriver et le dévisage d’un air bienveillant.
L’homme sait bien que Mikhel ne grandit plus, mais il se prête au jeu.
Il lui tend un manteau blanc militaire, aux insignes russes. Tout en fourrure et doublé. Mikhel ne prend même pas la peine de l’essayer.
Mikhel s’empresse d’accepter. Le vieux n’a pas trop conscience du prix qu’il vient de lui proposer. Une telle pièce, il pourrait la vendre sans faute le triple à un touriste. Mais là, il n’y a pas de marchandage possible. Ils sont entre eux. Alors Mikhel paie comptant, avec une petite pointe de remords, toutefois, au moment de remettre les billets dans la main revêtue d’un méchant gant de laine. Il se promet de lui ramener une bouteille de vodka pour se racheter de sa couardise. Il s’éloigne rapidement sous le regard, en apparence, inexpressif, de Féodor. Mais le vieux a bien compris que ce gamin-là avait quelque chose de plus que les autres. Ses yeux sont certes fatigués, mais ils ont capté le mélange de tristesse et de rébellion, de colère et de poésie qui se dégage de Mikhel. Tel qu’il était lui-même, soixante-dix ans plus tôt… Il soupire, puis reprend sa conversation avec son voisin.
« Alors, tu as vu combien nos pensions ont diminué avec ce nouveau gouvernement qui nous dirige… »
L’autre renchérit mais Mikhel ne les entend plus. Il s’est éloigné, le manteau plié dans un immense sac plastique. Il sort du hangar, happé par le vent froid qui fait soulever la neige. Il grelotte. Sa vieille gabardine ne vaut plus rien. Alors il se hâte de l’enlever pour enfiler le manteau russe. Il lui va parfaitement. Mikhel rapproche son nez de la fourrure. Elle a charrié avec elle tous les combats de l’homme qui la portait, mais aussi, et surtout… sa transpiration. Mikhel se rend compte qu’elle n’a pas été lavée depuis des lustres. Il sourit malgré lui.
Mikhel se hâte maintenant, pressé de retrouver le groupe. Il a en tête quelques accords.
Toute l’après-midi, une musique plus que jamais destroy retentit dans les docks. Le groupe se déchaîne. Fuck le monde, fuck le communisme, fuck la police qui menace de condamner les docks, « pour des raisons de sécurité ». La jeunesse s’oublie dans le métal. Ils sont libres.
Vers 18 h, Sasha annonce qu’il doit filer. Il est épuisé. Le bassiste et le batteur le suivent. La tête leur tourne un peu. Ils ont bien envoyé. Les accords de Mikhel étaient bons.
Les gars s’éloignent en rigolant. La bonne blague. Les docks sont une vraie passoire. La nuit est ici plus longue qu’ailleurs. Mikhel n’a pas trop envie de s’éterniser. Il se hâte d’uriner, revient dans la pièce pour récupérer ses affaires. Il commence à faire froid, malgré la chaleur de fauve qui règne dans le lieu. Il endosse le lourd manteau en grelottant.
« J’ai bien fait d’acheter ce truc »…
Par réflexe, il enfouit ses mains dans les poches, s’aperçoit que le manteau comporte en plus deux poches intérieures. Quel luxe ! Il plonge d’abord sa main dans celle de gauche, s’apprête à la retirer
