Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Multiples secrets
Multiples secrets
Multiples secrets
Livre électronique268 pages4 heures

Multiples secrets

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

PINTVILLE, est une petite ville d’environ 30.000 habitants, avec une température frôlant les 30° toute l’année ce qui donne envie d’y vivre, mais plusieurs événements vont venir perturber cette tranquillité qui règne depuis longtemps. En effet, vacancier ou citoyen, on n’a pas le temps de s’ennuyer à PINTVILLE: tentatives de meurtres, explosions à répétition, péripéties multiples qui épaississent le mystère au lieu d’amener à son élucidation... Et puis il y a Sya, femme au foyer, d’apparence timide, qui a réussi à faire croire à son entourage qu’elle était mannequin professionnel. Elle cache un lourd secret qu’elle n’a révélé qu’à sa fille Marthe. Tous ceux qui ont essayé de percer son secret l’ont payé de leur vie, mais rien n’a jamais permis de faire le lien avec Sya. Ralf BOUTY, lieutenant de police, marche sur ses traces mais aura-t-il la chance d’arriver à ses fins? Si ce secret vous intéresse aussi, ouvrez le livre et commencez à lire. Attention! Si vous découvrez son secret, il y aura un prix à payer… Bonne lecture…
LangueFrançais
Date de sortie29 nov. 2012
ISBN9782312005867
Multiples secrets

Auteurs associés

Lié à Multiples secrets

Livres électroniques liés

Thriller policier pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Multiples secrets

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Multiples secrets - Pierre Periac

    978-2-312-00586-7

    Chapitre I

    1

    Il est 5 h 30 du matin à PINTVILLE et le soleil pointe ses premiers rayons. La mer est calme et le ciel est dégagé. Les oiseaux déploient leurs ailes comme un ballet de planeurs. Le vent souffle à peine, les nuages sont stables. Quelques avions font le va-et-vient, le trafic est fluide tout là-haut. Seuls les bruits des réacteurs déchirent le silence qui règne sur la ville encore endormie.

    Affalé sur son lit, Shawn KOM prend le temps de se lever, comme d’habitude, avant de regagner son poste. Les enfants sont encore dans leur lit, le réveil n’a pas encore sonné. Sa femme Sya ne réagit pas malgré la bougeotte et les tentatives de son mari dans leur lit. La soirée a été agitée, elle n’a aucune envie de faire des efforts pour répondre à ses avances malgré son insistance.

    Shawn KOM est douanier depuis trente-cinq ans à 50 km de la ville. Avant de trouver ce poste, quand il était jeune, il a suivi des cours d’auto-défense où il a gagné sa ceinture noire de karaté. Il a même été légionnaire pendant une longue période mais suite à une mauvaise conduite, il a été réformé avec un statut P4 (P4 : relevant de la psychiatrie). Beaucoup parmi ses copains se sont fait réformer P4 pour se soustraire aux obligations militaires, pas lui, ça lui est tombé dessus. Lui, il a flanqué un coup de poing à un capitaine qui l’a traité de pédale pendant une manœuvre sur le terrain alors qu’il était seulement fatigué. La veille au soir, il était sorti boire un verre avec ses potes, pour fêter le départ d’un ami, Sony SUNG. Celui-ci devait rejoindre une autre unité dans le Golfe Persique. Lui et Sony étaient arrivés en même temps dans cette base de légionnaires.

    Après s’être fait réformer, il s’est retrouvé chez lui sans un sou en poche mais Shawn KOM était du genre débrouillard et ne demandait jamais rien à personne. Son père Ruban était mort d’une crise cardiaque lors d’une bagarre dans un bar. Lui aussi était une grande gueule surtout lorsqu’il avait picolé une bonne dose. Ce jour-là, il était complètement bourré et avait provoqué quelques loubards en les traitants de pauvres cons. Il s’était retrouvé à l’hosto et était mort quelques heures après son admission.

    Ruban KOM avait lui aussi servi la légion, il était destiné à devenir un grand officier. Il voulait toujours être devant, celui qu’on doit remarquer. Il était aussi le plus gentil et le plus serviable et ne ratait jamais une occasion de faire la fête. Sa devise : « régale toi de la vie avant que les autres ne se régalent de toi. »

    Il menait une vie paisible avec sa femme Precys. Mais un jour, elle était tombée malade. Les médecins n’arrivaient pas à diagnostiquer sa maladie. Par un beau dimanche ensoleillé, le vent était calme, quand tout à coup elle s’était sentie mal. Elle s’était excusée auprès de ses convives pour aller s’allonger sur le divan que Ruban lui avait offert avec son premier salaire. Les dimanches chez les KOM étaient sacrés pour la famille.

    Cela avait été rapide : Precys était morte le lundi matin à 8 h. Comme tous les jours, Ruban lui avait apporté son petit-déjeuner au lit et avait remarqué qu’elle n’affichait pas le petit sourire qu’il aimait tant. Quelques semaines plus tard, seul dans l’appartement, Ruban s’était mis à boire, il n’était plus le même.

    Shawn se rend dans la cuisine sans faire de bruit pour préparer son café. Ensuite, il prend une douche et se rase de près comme d’habitude, sans oublier l’après-rasage. Inutile de mettre du parfum en plus, surtout que sa femme lui reproche souvent de sentir la cocotte. Il aime prendre le temps de se préparer et est toujours tiré à quatre épingles. Il veut avoir fière allure en toute circonstance dans cet uniforme fourni par la société des douanes. À 6 h 30, il est prêt à partir. Il monte embrasser ses enfants en leur souhaitant une bonne journée. Dans sa voiture, un 4x4 d’occasion, il attend sous la fenêtre un signe de la main de Sya. En vain…

    À 7 h, c’est l’opération réveil qui se met en route pour permettre à tout le monde de se préparer pour les activités quotidiennes. Shawn et Sya ont trois enfants : Marthe, quinze ans, Chris, douze ans et Julie, huit ans.

    Marthe est la fille aînée de Sya, d’un premier mariage avec Bred PATESS, un séducteur rencontré pendant une soirée chez des amis. Il présentait bien malgré ses activités louches et l’avait conquise facilement car elle n’avait pu résister à son charme, mi Al Capone mi Rudolph Valentino : veste rayée noire et blanche avec un Borsalino. Il avait de l’humour et cela avait beaucoup plu à Sya aussi. Six mois plus tard, elle était enceinte et ils s’étaient mariés au bout d’un an. Tous leurs amis étaient présents sauf la famille de Sya qui ne s’était jamais entendue avec elle.

    Au bout de deux ans, Bred s’est fait tuer pendant un échange, sur fond de trafic de drogue, par des malfrats à qui il devait de l’argent. Son corps a été retrouvé dans une décharge à ordures pas loin de la ville. La police a conclu à un règlement de compte et n’a pas pris la peine de venir ennuyer Sya avec des questions inutiles car son ex était déjà connu des services de police. Il s’était déjà fait coincer à plusieurs reprises pour trafics divers. Après cette humiliation, elle et sa fille ont déménagé.

    Marthe étant la plus âgée, elle a en charge de préparer les deux autres pour l’école, l’ouverture des portes est à 8 h 30.

    Chris mène la vie dure à sa grande sœur. Il ne veut jamais écouter mais comme elle est très autoritaire, il finit toujours par céder. Julie est plus calme et travailleuse. Elle aide à mettre la table pour ne pas prendre de retard et range toujours ses affaires. Il y a une belle complicité entre les deux sœurs. Avec ce copieux petit déjeuner, Marthe a aussi préparé des gâteaux et des sandwiches pour la récréation car ils ne roulent pas sur l’or et sa mère l’a bien éduquée, notamment en ce qui concerne le gaspillage et le recyclage.

    Sya est toujours enfermée dans sa chambre et Julie veut lui faire un dernier bisou avant de partir mais sa sœur s’y oppose fermement.

    – Je veux aller faire un bibi à maman…

    – Non, Julie ! Maman est très fatiguée et il ne faut pas la réveiller !

    – Qu’est-ce qu’elle a ? D’habitude, elle veut que je vienne la voir avant de partir.

    – Oui, je sais, mais aujourd’hui ce n’est pas possible.

    – Pourquoi ? Elle s’est disputée avec papa ?

    – Je n’en sais rien, Julie. Marthe les a entendus hier soir…-Même s’ils se sont disputés, ce sont des histoires de grandes personnes, cela arrive dans un couple ma puce.

    – Tu penses qu’elle est fâchée après moi ?

    – Non, au contraire, elle nous aime très fort. On la verra plus tard, ça y est ? T’es prête ? On va y aller.

    – D’accord ! Au revoir, maman !, crie-t-elle aussi fort qu’elle peut. – À plus tard ! Mais Sya n’a pas répondu.

    Pendant ce temps, Chris, lui, s’est assis devant la porte en regardant passer les voitures. Il observe les voisins qui emmènent leurs enfants à l’école. Tout à coup, il crie : « voilà le car !!!! » (Et toujours la même question : quand vont-ils changer ce vieux bus pour un plus neuf ?) Mais ce n’est pas à l’ordre du jour. Le quartier ne paye pas beaucoup d’impôts donc la ville ne fait pas trop d’efforts. Le car est de couleur blanche avec des bandes rouges écaillées par le soleil. La municipalité n’a jamais pris la peine de faire donner un coup de peinture pour qu’il soit au moins présentable.

    Julie, elle, se demande s’ils vont changer le chauffeur un jour. Elle n’aime pas son regard sur elle.

    Le chauffeur, c’est Mike BAKER, un ancien militaire qui est à tu et à toi avec le maire de la ville parce qu’ils ont servi dans la même arme. Personne ne voulait s’embêter sur cette ligne, il est le seul à avoir accepté. Ce n’est pas bien payé mais ça lui suffit (il a hérité d’une vieille baraque qu’il a retapée avec quelques potes). Il conduit ce car depuis vingt ans et depuis tout ce temps-là, il transpire comme un porc pendant chaque service, comme s’il venait de faire le marathon.

    À sa décharge, le moteur est défaillant pour cause de vieillesse et lui renvoie une chaleur insupportable. Pourtant, le bus est contrôlé une fois tous les six mois par un vieux garagiste, Siddy VAN. Il est bon bricoleur et, du moment que ça roule, c’est l’essentiel. Il ne s’embarrasse pas à faire de la grosse mécanique car il est payé une misère par la ville et assure l’entretien minimum des véhicules.

    BAKER est toujours grincheux. Il est marié à Claudia qui passe le plus clair de son temps au bar-tabac à fumer et à boire des bières en bouteille. Elle ne demande jamais de verre. Ses copains poivrots se moquent souvent d’elle surtout quand elle porte le goulot de la bouteille à ses lèvres. Elle fait exprès de le lécher et le barman lui dit souvent :

    – Tu n’as rien d’autre ?

    Les rires éclatent dans le bar et une voix venue d’ailleurs crie :

    – Hé Claudia ! Je suis libre, je veux bien te dépanner ! Et les rires de gagner en décibels…

    Mike, tout ce qui l’intéresse, c’est de travailler pour aller jouer au poker avec ses amis. Il part travailler à cinq heures du matin et rentre chez lui vers minuit. Il ne prend même pas la peine de manger.

    Claudia, elle, est allongée sur le divan de la salle à manger, complètement saoule la plupart du temps. Elle ne travaille pas mais reçoit une petite pension de solidarité de la ville pour avoir travaillé à la cantine municipale pendant quelques années. Elle a été remerciée par la direction à la suite d’un changement de financement. Comme elle ne savait rien faire d’autre, elle a décidé de ne pas chercher une autre activité. Elle ne prend plus jamais soin d’elle. Au réveil, c’est café et cigarette. Elle ne dit jamais « Au revoir ! », ni « Bonne journée ! » à Mike.

    Le sexe est banni de leur quotidien depuis belle lurette. Ils n’ont pas eu d’enfant car elle est stérile. Comble de malchance, Mike est un éjaculateur précoce et leurs rapports n’ont jamais duré plus de cinq minutes. Un jour, ils ont eu une vilaine dispute à ce sujet, ils ont failli en venir aux mains. Des mots orduriers ont fusé et les reproches aussi.

    – Si tu m’avais dit que tu étais comme ça, on aurait pu voir un sexologue ! Depuis quand tu le savais ? Depuis quand ?

    – Tu me fais chier Claudia. Toi aussi si tu m’avais dit que tu ne pouvais pas avoir d’enfant, on aurait pu voir un médecin ou on aurait pu adopter un p’tit comme un vrai couple.

    – J’ai été enceinte.

    – Quoi ?!

    – Oui, j’étais enceinte de toi, connard.

    – Et ?!…

    – J’ai perdu le bébé quand tu m’as poussée dans l’escalier.

    C’était un lundi soir et elle s’était faite toute belle. Quand ils se sont rencontrés, ils étaient jeunes et pleins de vie : Mike avait trente-deux ans, Claudia vingt-huit.

    Il avait fini de travailler et son patron l’avait convoqué dans son bureau. Il était persuadé que c’était pour une augmentation et était tout sourire. Au lieu de ça, il reçut sa lettre de licenciement. Abasourdi, les larmes aux yeux, il ne savait pas comment dire tout ça à Claudia. Il s’est arrêté dans un bar où il a bu quelques verres bien tassés. Quand il est sorti, il ne tenait plus debout.

    Arrivé devant chez lui, il a fait tellement de boucan que les voisins ont dû appeler la police. Elle a tout entendu et est descendue le chercher, mais il s’est débattu pendant qu’elle faisait de son mieux pour l’aider à entrer dans la maison. Le malheur s’est produit en haut de l’escalier, Mike a été très violent : « lâche-moi, imbécile !! » Il l’a propulsée en bas de l’escalier et a crié si fort qu’on aurait pu croire que lui aussi avait été blessé dans la bagarre. Au même moment, la police a cogné à la porte. N’obtenant aucune réponse, les agents sont entrés par la force.

    Claudia était en bas de l’escalier, couverte de sang et Mike gisait dans son vomi. Une ambulance a été appelée et l’infirmier responsable a demandé à l’agent de police de décrire les symptômes de la victime. Avec une grande maîtrise, celui-ci lui a cité point par point la respiration, le pouls et tous les paramètres qui définissaient son état général. Arrivé sur place, l’infirmier a constaté qu’elle avait fait une fausse couche. Après quelques jours, le médecin lui a annoncé qu’elle n’aurait plus jamais d’enfant.

    Mike fut emmené en garde à vue quarante-huit heures et quand il fut informé des faits, dans la cellule de dégrisement où il finissait d’évacuer l’alcool de son corps, il pleura et pleura encore…

    Il est 8 h 30 quand Sya sort de la chambre. Elle a les yeux encore bouffis comme si elle avait reçu un coup mais ce n’est pas le cas, elle a seulement pleuré. La discussion qu’elle a eue avec Shawn lui a mis le cerveau à l’envers et elle n’en a pas dormi de la nuit. Elle jette un rapide coup d’œil par la fenêtre, la circulation est calme. Sya est une belle femme blonde et bien faite. Elle mesure 1, 80m pour 75 kg et son corps affiche les bienfaits d’une pratique sportive. Quand elle était jeune, son rêve était de devenir mannequin ou de faire des photos pour les magazines mais Shawn s’y est opposée. Il lui a dit qu’elle n’était pas obligée de travailler puisqu’il le faisait pour toute la famille mais que si elle y tenait à ce point, il la laisserait faire.

    Au moment où elle se rend à la cuisine pour préparer son petit-déjeuner, quelqu’un sonne à la porte. Elle a juste le temps de fermer son peignoir avant d’ouvrir, c’est le facteur qui lui apporte le courrier.

    – Vous savez que vous pouvez le mettre dans la boîte à lettres.

    – Oui, Madame KOM.

    – Thim ! Je vous ai déjà dit de m’appeler Sya.

    – Oui Madame.

    Thim VOLI est âgé de 26 ans. Il est facteur depuis deux ans et prend un réel plaisir à lui donner le courrier en main propre, juste pour la voir. Il la trouve si belle ; pour lui, c’est la plus belle femme du quartier, voire au-delà.

    Sa mère et son père travaillent ensemble à l’usine de cuir. Ce n’est pas un métier facile mais cela leur suffit et c’est bien payé. L’usine appartient à M. Charles ROCHER qui sous-traite pour la maison VUITTON. Y travaillent une cinquantaine de salariés dont quinze de PINTVILLE. L’usine de M. ROCHER, monsieur le Maire, Bill TINEO, en est très fier. À soixante-cinq ans, c’est déjà son troisième mandat mais ses administrés l’aiment bien. Il a toujours un petit mot sympathique pour chacun. Dès que son agenda le lui permet, il passe dire bonjour aux commerçants du marché, contrairement à ceux qui l’ont précédé et qui attendaient les élections pour faire de la lèche.

    Vers 9 h, tout va pour le mieux, la ville est en pleine activité depuis quelques heures lorsque, dans le quartier connu de tous pour abriter les malfrats, une explosion a retenti au troisième étage d’un immeuble. Elle a été si forte que les portes fenêtres du voisin du 4ème étage ont volé en éclats blessant les passants dans la rue. Rapidement, les sirènes des pompiers ont déchiré les tympans des curieux qui couraient pour ne pas en rater une miette. Les journalistes locaux, sur les lieux en même temps que la police, mitraillaient la scène à coups de flashes pour la Une de leur quotidien. Une bande jaune sécurisait déjà le périmètre. D’après les renseignements recueillis par les agents, trois personnes vivaient dans cet appartement : un couple avec un enfant de douze ans. Quand les pompiers sont arrivés, ils ont déballé toute l’artillerie à toute vitesse pour éteindre le feu. Après cette opération, ils sont entrés dans la maison équipés de leurs masques à gaz car il y avait encore de la fumée qui s’échappait de l’immeuble. Voyant les pompiers sortir de l’immeuble sans corps, tous ont compris qu’il y avait plus rien à faire. Les mauvaises langues se sont déliées. Une vielle dame qui n’habite pas loin dans le quartier a commencé :

    – Il y’a longtemps que cet immeuble devait être détruit.

    – C’est vrai, dit un homme qui écoutait. - Il faut faire une pétition pour éviter ça.

    – Qu’est-ce qui a provoqué l’explosion ? Une bonbonne de gaz ?

    – Ils fumaient sûrement de la drogue…

    – Le maire devrait faire quelque chose.

    – Qu’est-ce que vous voulez qu’il fasse ?

    – Il pourrait déjà les expulser hors du quartier.

    Les idées fusaient dans tous les sens.

    2

    Sya ne voudrait pas sortir mais il le faut parce qu’elle a promis une surprise à ses enfants pour le dîner. Il est un peu plus de 9 h 45, elle commence à se préparer quand le téléphone sonne. Elle ne veut pas décrocher, elle préfère attendre que le répondeur se déclenche pour filtrer les appels. Si c’est Shawn, elle ne veut même pas l’entendre mais, heureusement, c’est sa meilleure amie Alice.

    – Allo ? Je sais que tu es là. J’ai vu ta voiture en passant devant ta porte. Alors réponds-moi ma chérie. Si tu ne décroches pas, je te rappelle au moins une centaine fois.

    – – Allo ? Ah ! J’ai cru que tu ne voulais pas me parler. Tu fais quoi ?

    – Je me prépare pour aller faire des courses.

    – Justement, moi aussi, je vais au centre commercial. On peut se rejoindre là-bas ? D’accord pour 10 h 30 ?

    – Ok, à tout à l’heure.

    Alice Harman est âgée de quarante ans et a une fille de dix-neuf ans qui vit avec son père dans une belle résidence à trois cents kilomètres. Erwan KARDON a réussi dans l’immobilier et mène la grande vie. Quand il a rencontré Alice, il vivait chez sa mère qui avait une grande influence sur lui. Il ne décidait jamais rien tout seul. Tout l’univers d’Erwan tournait autour de sa mère, il lui disait : « Tu es la femme de ma vie. » Mais les choses avaient un peu changé depuis qu’il avait rencontré Alice : c’était elle la femme de sa vie.

    Pendant les trois ans qui ont suivi, il disait à Alice qu’il souhaitait l’épouser, mais Alice ne voulait pas. Déjà, avec sa belle-mère, ce n’était pas la joie depuis le début. Elle la commandait sans cesse et lui donnait des ordres censés régenter sa façon de vivre. Pendant un dîner, alors qu’Alice était enceinte de six mois, Alexia KARDON, qui parlait d’une façon toujours aussi autoritaire pour bien faire comprendre que c’était elle qui décidait pour son fils, déclara :

    – J’espère que je verrai ma p’tite fille tous les jours ! Et qu’elle pourra rester le week-end !

    Alice n’a pas apprécié du tout, trop c’est trop, elle a pris son sac et quitté la maison.

    – Erwan, t’as vu cette arrogance ? Tu l’as laissée faire ? Alors mon fils, sois un homme, montre que t’as des couilles ! Rattrape cette traînée !

    – Maman ! C’est la mère de mon enfant !

    – Montre-lui qui commande !

    Alice a pris sa voiture et a disparu à toute vitesse. Erwan a couru en criant de toutes ses forces :

    – Alice ! Alice ! Oh merde…Oh merde…

    Pour éviter de se faire poursuivre, elle a pensé à crever les pneus de la voiture d’Erwan qui était garée sur le parking de la résidence. Quand il a vu ce qu’elle avait fait, il a hurlé, plein de rage : « Ah ! Ah ! La salope !… »

    Pendant deux ans, Alice n’a pas donné de nouvelles. Elle a accouché dans une clinique privée, mais comme il y avait une plainte contre elle, cela n’a pas été difficile de la retrouver car la famille KARDON a beaucoup de relations. À l’époque, Alice n’avait pas de travail fixe, elle était en intérim dans un cabinet d’avocat. Elle a perdu la garde de l’enfant.

    Son souhait le plus cher : récupérer sa fille et la sortir des griffes de sa belle-mère. Après avoir fait formation sur formation, stage sur stage, plus des heures et des heures de lecture et plusieurs examens, elle est devenue avocate.

    Sa spécialité : le droit de la famille qui détermine les relations juridiques entre les personnes liées par le mariage, la famille et les proches. Mais elle sait que la famille KARDON ne va pas se laisser faire sans réagir.

    À 10 h 30, Sya arrive dans le centre commercial dans un

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1