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Épisodes de l'histoire de la Guadeloupe
Épisodes de l'histoire de la Guadeloupe
Épisodes de l'histoire de la Guadeloupe
Livre électronique214 pages2 heures

Épisodes de l'histoire de la Guadeloupe

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À propos de ce livre électronique

Homme politique avisé et lucide, Maurice Martin, Maire de la ville de Basse-Terre à la déclaration de guerre a su faire preuve de courage et de détermination en s'opposant, sans concession, au régime de Vichy instauré par le gouverneur Sorin.

Rallié dès la première heure au général de Gaulle et à la France Combattante, il est démis, avec son Conseil Municipal, de ses fonctions de Maire et placé sous surveillance policière, de jour et de nuit. Après bien des péripéties, il est officiellement rétabli dans ses fonctions de Maire, en juillet 1943, par les Autorités de la France Libre, concomitamment à la réddition et au départ précipité du gouverneur Sorin.

Ce livre retrace l'engagement politique de Maurice Martin, principalement durant la période tragique 38-43 et relate ces événements douloureux au travers de documents historiques inédits.

Mais aussi Homme de lettres et Historien fier d'apporter sa contribution à sa "petite patrie", Maurice Martin nous livre de précieux et poignants témoignages de ces épisodes de l'Histoire de la Guadeloupe.
LangueFrançais
Date de sortie25 juin 2012
ISBN9782312003924
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    Aperçu du livre

    Épisodes de l'histoire de la Guadeloupe - Daniel Maurice Martin

    978-2-312-00392-4

    Préface

    Bâtonnier Félix Rodes¹

    Ils ont voulu relever le triple défi de la misère, de la pénurie et de la mort. Ils ont entendu faire reculer la trilogie sinistre : Pétain, Robert, Sorin. Ils ont pensé que nul, ni personne ne pouvait remplacer celui que Mômô lui-même avait mis à sa place.

    Mômô, c’était l’ami de tous, l’homme à l’éternel sourire, l’inoubliable Maître Maurice Marie-Claire. L’ami d’Éboué, le pilier de la rue du Sable. Ils n’ont pas fermé l’œil avant que ne soit revenu à son fauteuil de Maire, sinon à sa berceuse d’entrée à la Mairie, l’ancien Directeur de l’imprimerie officielle, Maurice Martin, le basse-terrien tranquille dont la seule présence maintenait la paix dans la ville capitale de la colonie française de Guadeloupe et dépendances.

    L’historien qui manifestement avait supplanté Champon et dont le petit livre d’histoire de la Guadeloupe relatait mieux que tout autre le parcours à travers trois siècles de la région rattachée à l’Europe des rois en 1635 par le l’Olive et Duplessis.

    Je n’ai pas connu personnellement le Maire Maurice Martin. C’est, par contre, chez son fils Maurice Martin junior, ancien combattant des guerres 14-18 et 39-40 que j’ai écouté sur la B.B.C. de Londres, le fameux appel du 18 juin 1840 :

    « Les chefs qui depuis de nombreuses années sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.

    « Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat.

    « Certes, nous avons été, nous sommes submergés par la force mécanique, terrestre, et aérienne de l’ennemi. »

    Avec Maurice Martin régisseur de l’Hospice Saint-Hyacinthe, je devais organiser la journée historique du 2 mai 1943 qui faisait passer la Guadeloupe dans le camp de la France Libre du Général de Gaulle.

    Je devais aussi avoir sous ma coupe, son fils Max Martin dit Sonson, l’homme qui devait porter la banane guadeloupéenne à son plus haut niveau avant sa fin tragique.

    Je connaissais aussi les deux frères : Edmond, le commerçant de la rue Dugommier au Carmel et Daniel de la banque de la Guadeloupe.

    C’est au fils de Daniel, Daniel Martin junior que je devais prêter ma robe d’avocat au moment où, admis à la profession d’avocat, il devait prêter serment devant la Cour d’Appel de Basse-Terre.

    C’est grâce à ce jeune Daniel Martin qui n’a pas si mal tourné, car il a terminé sa carrière judiciaire comme Avocat Général à la Cour de Cassation, que je dois ces magnifiques lettres inédites du Maire Maurice Martin que j’ai publiées dans « la Guwadloup an tan Balguy et an tan la dissidans ».

    Alors, au moment où le petit-fils veut donner un tracé sur la vie de son grand-père, je terminerai simplement en m’inspirant du grand Corneille. M’adressant à mes compatriotes guadeloupéens, je leur dirai simplement :

    « Pour s’instruire d’exemples en dépit de l’envie

    Ils liront simplement l’Histoire de la vie du Grand

    Maurice Martin, Maire de la Ville de Basse-Terre. »

    Félix Rodes

    Maurice Martin

    Vie privée – Vie publique

    Au travers de documents historiques inédits, de ses œuvres et manuscrits

    Hommage à mon grand-père

    Tu nous as quittés trop tôt, certes à l’âge que tu avais conjecturé dans des écrits prémonitoires, alors que je n’avais que 11 ans et que l’œuvre entreprise qui te tenait tant à cœur, « une très vaste histoire de la Guadeloupe », demeurait inachevée.

    Sur les étagères de la bibliothèque, dans les tiroirs du bureau parmi divers papiers de moindre importance, j’ai retrouvé quelques-uns de tes manuscrits et témoignages sur des pages jaunies et dégradées que l’outrage du temps condamnait à l’oubli. 

    Certains, sous mon égide, ont pu être, récemment, transcrits et publiés par M. le Bâtonnier Rodes dans un livre dont une partie est consacrée à ton mandat de Maire de Basse-Terre pendant la guerre de 1939-40 et à ton opposition ainsi que celle de la municipalité au Gouverneur Sorin.

    D’autres pages et rapports qui ont pu être sauvés grâce aux moyens de reproduction et de restauration modernes, méritent également d’être connus et reconnus. On trouve entre autres :

    cette relation des fêtes organisées à l’occasion du passage en Guadeloupe de la division légère de la 2e escadre le 5 février 1910, rédigée dès le 9 février 1910, cent ans déjà !

    la recherche, au fil des années passées, en tant que professionnel de l’imprimerie et historien, de l’installation en Guadeloupe, de ce moyen d’impression des documents officiels et des événements ainsi que de leur diffusion dans la presse, relevant que, dans une déclaration en date du 25 fructidor 3e année républicaine, signée Victor Hugues et Lebas, il est porté fait « au Port de la liberté, de l’imprimerie de la république » ;

    deux de tes discours prononcés à l’occasion des fêtes du 14 juillet, l’un de 1938, en présence du Gouverneur Félix Éboué, véritable page d’histoire, l’autre en 1944, peu de temps avant que tu nous quittes.

    le rapport sur l’amélioration de l’adduction d’eau et sa distribution à Basse-Terre, que tu as présenté le 9 septembre 1938 au Conseil Municipal et comportant toute une partie historique sur les tribulations répétées des différentes municipalités qui se sont succédées pour tenter de doter la ville d’un réseau d’eau potable viable, en adéquation avec les nécessités de tous les administrés.

    ton journal personnel relatant sur plus d’une centaine de pages, au jour le jour, le vécu de la déclaration de guerre, la mobilisation, ainsi que tous les événements qui se sont produits dans ce contexte douloureux.

    Il était donc de mon devoir de te rendre cet hommage en les réunissant dans ce recueil et d’en assurer la diffusion.

    In Memoriam,

    Daniel, Maurice Martin

    Avocat Général honoraire à la Cour de cassation.

    Présentation

    Maurice Martin²

    Maurice, Louis, Edmond, Martin naquit le 16 novembre 1872 à Basse-Terre (Guadeloupe) ; il était l’aîné d’une famille de cinq enfants. Son père Antoine, Daniel, Maurice Martin, né et décédé à Saint-Affrique (Aveyron), était commandant de la brigade de gendarmerie à pied de Basse-Terre, corps qu’il avait intégré après un service militaire obligatoire de 7 ans imposé aux Colonies. Sa mère Marie-Louise Langlet était la fille de Pierre Langlet, sous-officier d’infanterie de marine, originaire de Thionville (Lorraine) et de Zulma, Désirée Dournaux ou Dourneaux (on retrouve les deux orthographes dans les actes d’état civil), issue d’une très ancienne famille créole, de Basse-Terre et de Trois-Rivières, d’ascendance métropolitaine.

    Il fit de solides études littéraires tant en Guadeloupe qu’en Aveyron et se plaisait à évoquer le souvenir de son professeur de rhétorique, le R.P. Grunenwald « homme d’une instruction supérieure » qui lors de son arrivée en Guadeloupe fut « étonné de trouver ici une société d’élites, composée de gens de grande valeur aux points de vue de l’instruction et de l’éducation, ainsi qu’une masse aussi et peut-être plus avancée que celle de certaines régions de la métropole ».

    Maurice Martin épousa en premières noces Louise Lamarre de laquelle il eut deux enfants :

    Marie-Louise née le 18 septembre 1896.

    Maurice junior né le 7 avril 1899.

    Après le décès de son épouse, il se remaria avec la cousine germaine de celle-ci, Rébecca, Louisa Lasserre dont le père était commissaire de marine.

    Deux enfants sont issus de cette nouvelle union :

    Daniel Eugène Edmond, mon père, né le 15 juillet 1906 à Basse-Terre, Edmond Pierre Jean né le 3 décembre 1907 à Basse-Terre.

    Maurice Martin fit une remarquable carrière dans l’administration coloniale.

    Entré le 30 avril 1894 à l’imprimerie du Gouvernement de la Guadeloupe, il en devient bien vite le directeur (V. Relevé de ses états de service) ; ses connaissances étendues et approfondies, associées à ses qualités d’administrateur lui ont permis d’assumer la direction de cette imposante maison avec une parfaite maîtrise et une ferme détermination.

    À son départ à la retraite, le Gouverneur Félix Éboué lui adressa la lettre suivante :

    Maurice Martin, Maire de Basse-Terre,

    1938 à 1941 et 1943 à 1944.

    L’engagement politique

    Maurice Martin, nourri de la pensée des philosophes du 18ème siècle et imprégné des idées généreuses de la Révolution, entra bien vite en politique. Membre du Conseil municipal de la ville de Basse-Terre dirigé :

    Par Georges Favreau de 1925 à 1933 dont il fut le premier adjoint,

    Par Maurice Marie-Claire, élu Maire en 1933, qui assuma, également avec le même dévouement, les fonctions d’officier de l’état civil.

    Puis, en sa qualité de Premier Adjoint, il assura l’intérim en l’absence du Maire, empêché par la maladie. Au décès de celui-ci, il fut, à son tour, élu Maire en 1938. Fervent Partisan de la France Libre et ardent défenseur du Général de Gaulle, il fut destitué de ses fonctions le 21 mars 1941, ainsi que les membres de son Conseil Municipal, par le Gouverneur Sorin, serviteur inconditionnel du régime réprouvé de Vichy.

    Mais Il fut aussitôt rétabli dans ses fonctions le 17 juillet 1943 dès le départ précipité du Gouverneur Sorin le 15 juillet 1943 sous les huées de la foule.

    En parcourant écrits et documents, nous avons retenu :

    Les discours qu’il prononça notamment :

    Le 14 Juillet 1938 en présence du Gouverneur Félix Éboué.

    Le 14 Juillet 1944 en hommage au Général de Gaulle.

    Ses interventions au sein de la Municipalité notamment une communication relative à une étude portant sur un projet d’amélioration de l’adduction et de la distribution de l’eau à Basse-Terre en date du 6 septembre 1938.

    Son attachement aux valeurs républicaines et son combat pour la France libre qui lui valut son éviction de la direction de la commune de Basse-Terre :

    Les passages suivants s’insèrent dans le prolongement du livre très documenté « en tan Balguy et de la dissidans » publié par Me Félix Rodes :

    La réponse faite au Gouverneur en date du 10 avril 1941, à la suite de la programmation ourdie de son départ forcé de la Mairie de Basse-Terre ;

    L’Arrêté n° 1011 du 17 juillet 1943 le rétablissant dans ses fonctions ;

    La lettre du chef du cabinet, du même jour, notifiant l’arrêté susdit et annonçant que le Gouverneur assistera à la passation de service qui aura lieu à la Mairie le lundi 19 juillet 1943 à 10 heures.

    La lettre qu’il adressa, le 23 septembre 1943, au Secrétaire Général Georges Poirier en instance de départ de la Guadeloupe, évoquant son engagement et son action sans faille à la cause de la France libre et retraçant les événements douloureux de cette période sous le régime de Vichy en Guadeloupe.

    Dès 1925

    Avec la nouvelle municipalité, Maurice Martin fut le fer de lance de la rénovation, de l’agrandissement de l’hospice Saint-Hyacinthe avec adjonction de nouveaux bâtiments, soucieux de l’amélioration des soins qui y sont prodigués et obtint, après le cyclone dévastateur de 1928, de l’administration coloniale la prise en charge de trois pavillons dont la réalisation fut confiée au célèbre architecte Ali Tur.

    Un de ces bâtiments de l’hospice Saint-Hyacinthe porte d’ailleurs le nom de Maurice Martin.

    Le 14 Août 1930, Alcide Delmont, sous-secrétaire au Ministère des colonies, s’embarquait à Bordeaux pour se rendre à la Martinique. Pour la première fois de leur histoire, la Guadeloupe et la Martinique, dira-t-on, allaient recevoir la visite d’un membre du gouvernement.

    À la Guadeloupe où, cependant, il ne fit que passer, il fut accueilli avec civilité par toutes les autorités locales ;

    Cet évènement fixé pour la postérité a été relaté par la presse métropolitaine avec cette photo représentant le sous-secrétaire d’État aux côtés du Gouverneur pi. Lefebvre et Maurice Martin premier Adjoint au Maire de Basse-Terre

    Avec le gouverneur Éboué 1936-1938

    Sur l’appontement de Basse-Terre,

    accueil du nouveau Gouverneur de la Guadeloupe :

    Félix Éboué par le Maire Adjoint Maurice Martin.

    Après la réception d’accueil et les discours d’usage,

    Maurice Martin s’entretenant avec le Gouverneur Félix Éboué,

    sur le péristyle de L’Hôtel de Ville.

    Aux obsèques du Maire de Basse-Terre Maurice Marie-Claire, au centre, Maurice Martin, Maire Adjoint, aux côtés du Gouverneur Félix Éboué.

    Copyright © photo CATAN-association photo-cat’- Guadeloupe N°00547.

    Discours prononcé le 14 juillet 1938

    à l’Hôtel de ville de Basse-Terre

    en présence du Gouverneur Félix Éboué

    Monsieur le gouverneur,

    Mes premières paroles doivent être des paroles de remerciements et de reconnaissance. Et je suis heureux et fier de les prononcer devant cette nombreuse assistance.

    Hier encore, j’étais au nombre de vos plus modestes mais combien dévoués collaborateurs. Aujourd’hui, grâce à la bienveillance de mes collègues du conseil municipal, j’ai l’insigne honneur de vous recevoir dans notre Maison commune et de vous présenter les hommages respectueux de la population de Basse-Terre. Je ne laisserai pas échapper cette occasion de vous renouveler notre fidélité à votre personne, à votre administration, à votre autorité.

    Digne Représentant de la France parmi nous, vous n’avez jamais manqué de venir, chaque année, relever par votre présence l’éclat de cette cérémonie consacrée au triomphe des principes de la République.

    Et

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