Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

La Bouteille
La Bouteille
La Bouteille
Livre électronique322 pages4 heures

La Bouteille

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Le Rope, la Frique, la Mérique ou la RUSS, vous ne connaissez pas. Ce sont des pays de la planète Retre. La « Bouteille » va vous emmener dans cet autre monde improbable. Dans ce thriller de politique fiction, vous verrez certains pays essayant d’en dominer d’autres. Ils s’arrogent le droit d’en soumettre d’autres, au travers des actions de leurs services secrets qui, sans vergogne, décident de l’avenir des peuples. Sans en informer l’Organisation Pour la Paix, ces hommes de l’ombre éliminent des dictateurs et créent de nouveaux monstres dont personne ne sait se débarrasser.
LangueFrançais
Date de sortie11 oct. 2018
ISBN9782312062587
La Bouteille

En savoir plus sur Bernard Watier

Auteurs associés

Lié à La Bouteille

Livres électroniques liés

Fiction générale pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur La Bouteille

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    La Bouteille - Bernard Watier

    cover.jpg

    La Bouteille

    Bernard Watier

    La bouteille

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    Ce livre est issu de la rencontre de l’auteur avec des émissaires de la planète Retre, il ne saurait être question de le rapprocher d’événements terrestres. De telles ressemblances ne pourraient être que fortuites et de la responsabilité des Retreiens.

    © Les Éditions du Net, 2018

    ISBN : 978-2-312-06258-7

    img1.jpg

    Préambule

    Nous ne sommes pas seuls dans l’Univers. Très loin de nous, il existe une autre galaxie, un autre monde, un soleil et une planète comme la nôtre « la Retre », située dans la constellation de Lhier. Elle bénéficie des mêmes conditions climatiques que la terre et est peuplée d’humanoïdes dont l’histoire est des fois en avance, des fois en retard par rapport à celle de notre bonne et vieille terre.

    En cette année 19948 de l’ère des Retreiens, la guerre entre le dictateur Ritleh de la Lemagne et l’alliance Mérique-Rope-RUSS vient de se terminer par la victoire des Alliés. Les forces de l’Alliance découvrent avec horreur les camps d’internement que le dictateur des Lemagniens a fait construire pour y enfermer tous ceux qu’il jugeait indignes de la grande Lemagne. Il y a notamment enfermé et exterminé des millions de Jufis qu’il tenait pour responsable de tous les maux de la Retre et notamment de ceux de la Lemagne.

    À la fin de ce conflit aux millions de morts, les Jufis survivants ont demandé aux alliés vainqueurs un territoire pour y vivre paisiblement et pratiquer leur religion. Devant la non-réponse des alliés, ils ont commencé des actions violentes dans un territoire qu’ils considéraient devoir leur revenir. En effet d’après eux et leur livre sacré le Ranco, de lointains ancêtres y avaient vécu.

    Devant l’inertie des alliés et portés par leur foi, des Jufis se sont infiltrés dans ces contrées et ont mené une guerre contre les populations locales des Iniens dont le territoire faisait partie de la Syrakie. Devant ces débordements, la Mérique et ses alliés ont fait adopter par l’OPP (Organisation Pour la Paix) la naissance du Laseri qui devait être un havre de paix entre Iniens, de religion Muslamique et les Jufis. Cependant, les lois du pays établies sur la base du Ranco ont éloigné de toute responsabilité les Iniens qui se sont considérés comme des citoyens de second degré. Cet état de fait a créé une atmosphère de conflit permanent entre les deux communautés.

    Les Laseriens-Jufis par l’immigration massive de leurs coreligionnaires de tout pays se sont mis à occuper les territoires appartenant précédemment aux autochtones qui n’avaient pas établi d’acte notarié pour la possession de leurs lopins de terre. Basés sur leur nouvelle loi qui impose que chaque possédant ait un document officiel de propriété, les nouveaux venus chassent sans ménagement les Iniens dépourvus de ces sésames, car « cette terre est le pays de leurs ancêtres, le berceau du Jufisme ».

    À l’époque Retreienne où commence notre histoire, la Retre est divisée en cinq grandes nations. La Mérique est le leader mondiale du fait de la technicité développée par sa population. Depuis Washton sa capitale elle impose au monde sa politique et sa monnaie, le Lardo. C’est sur son territoire à New Town que résident les bureaux de l’OPP. Cette nation est dirigée par le président Shub qui prend toutes ses décisions en suivant les recommandations de la CIM (la Centrale d’Information de la Mérique). Le président Shub soutient le Laseri, car il a beaucoup de Jufis parmi ses électeurs et il a besoin d’eux pour se faire réélire, d’autant que nombre d’entre eux dirigent de grandes industries et des banques.

    Le Laseri fondé par les Jufis après la Grande Guerre est bordé par la mer Diterranée qui baigne aussi les côtes du Rope, du Quiture et de la Frique. Le Laseri est dirigé par le président Natayou, ancien général de Lashat, l’armée Laserienne. Au Laseri deux grandes institutions sont les piliers de l’ordre et de la discipline. Il y a d’abord Lashat avec une force dissuasive importante, mais souvent en difficulté lorsqu’il faut faire régner l’ordre parmi les Iniens. Puis il y a le Dassom, bureau de renseignement tant intérieur qu’extérieur. Ses actions sont discrètes, mais toujours efficaces pour protéger la nation.

    Autour du Laseri, qui autrefois en faisait partie, se trouve la Syrakie sur lequel le dictateur Massad exerce un pouvoir sans partage. Dans ce pays, il n’est pas question de faire valoir un régionalisme quelconque, seule la loi de Massad s’exerce et malheur à celui qui veut s’y opposer, il se retrouve rapidement au minimum en prison ou alors, il va nourrir les poissons de la Diterranée. Depuis la décision de l’OPP de créer le Laseri, Massad ne décolère pas contre cet état qui est venu amputer son territoire et a juré de le détruire pour reprendre les terres que l’OPP lui a volées.

    Au-delà de la Syrakie, nous trouvons le Nari qui est de majorité Shitt. C’est l’allié régional de la RUSS. Il soutient les extrémistes Iniens du Mahas ainsi que le mouvement Belazo qui exerce son pouvoir dans la région du Nabil en Syrakie.

    Le Rope, capitale Xelles, est un territoire peuplé de Retreiens uniquement intéressés par leur qualité de vie. De temps en temps, ils se préoccupent du conflit latent entre la Syrakie et le Laseri, mais plus de manière philosophique en lançant des appels enflammés à toutes les nations pour la reconnaissance des peuples opprimés. Elle utilise le Zeuro pour ces transactions financières.

    La RUSS (République Unie Sociale et Souveraine), capitale Coumos, agit en sous-main et au moment où démarre cette histoire sa politique n’est pas encore définie si ce n’est celle de s’opposer à son grand rival Méricain. Son président Nipoute attend les erreurs de Shub et décidera en conséquence.

    L’Esai du président Ilchi est loin. Cet état de plusieurs milliards d’habitants a d’énormes difficultés pour nourrir sa population. L’Esai ne s’intéresse aux événements internationaux que lors des réunions de l’OPP et souvent calque son vote sur celui de la RUSS.

    La Frique est un pays tout neuf né de l’union de multiples tribus telles que le Gonco, la Gypte, la Byelie et autres. Ce pays, bien que peuplé d’un milliard d’habitants, démarre dans le concert des nations, mais il est surtout préoccupé par son développement.

    Le conflit qui oppose Iniens, Laseriens, Nariens et Syrakiens est d’autant plus délicat à traiter qu’en plus des inimitiés nationales se mêlent les courants religieux. La religion de base en Syrakie, en Nari et chez les Iniens est le Mulsamisme. Plusieurs courants l’animent, tous issus d’une interprétation différente de Tehomat le prophète et du livre sacré le Blebi. Les Shitts suivent la voie de leur évêque basé en Nari, les Nussites la parole de leur pape basé dans la région de la Rabie. Ils ne se retrouvent que sur leur opposition au Jufisme et à ses adeptes en Laseri.

    Tout ce qui se passe en Retre est amplifié, répandu et interprété par les médias dont les journalistes assiègent tous les gouvernements. Ils n’hésitent pas à envoyer pour un chat écrasé leurs correspondants pour mener une enquête qui souvent n’aboutit qu’à semer la zizanie entre les différents antagonistes. Parmi ces médias, nous noterons, MMC (Media Méricain Compagnie), la VM (Voix de la Mérique), BCB le principal média du Rope et RMC (Rope Media Center). Tous sont à l’affût en Laseri et en Syrakie du moindre incident et ils ont créé des réseaux souvent plus efficaces que les services de police de ces pays.

    L’environnement

    Le dictateur Massad de Syrakie vient d’envahir la région Durke du Tweiko dont les aspirations à l’autodétermination lui font de l’ombre et le déçoivent. Ses troupes ont envahi sans coup férir la région pour pacifier, par la manière forte, ces populations et les mettre au pas. Dans son esprit, cela va lui servir à les aguerrir pour ensuite reconquérir le Laseri que l’OPP a injustement donné aux Jufis.

    La Mérique, ayant de nombreux et bénéfiques intérêts dans cette contrée, a alors répondu à l’appel des Durks et mobilisé ses forces. Sans attendre une réunion et un vote de l’OPP, elle envahit la Syrakie et oblige Massad à déposer les armes et à replier son armée dans les casernes de sa capitale Samad. Seuls restent sur place les services permettant de faire respecter l’ordre et la loi, sachant que dès que possible cette région devrait pouvoir se prononcer sur son devenir par référendum local.

    À peine l’armée de Massad battue, le président Shub poussé par l’OPP et l’opprobre international donne alors l’ordre de repli à ses troupes après une conquête trop facile. Ses soldats brûlés par le soleil rêvent déjà de plages pacifiques, de montagnes ou des casinos de Vagies. Il faut dire que cette drôle de guerre a plutôt ressemblé à un défilé pour ces troupes ultra-entraînées que sont les Aériens fers de lance de l’armée Méricaine. Les forces du dictateur Massad ont été bousculées et battues en moins d’une semaine. Cette défaite est ressentie par les soldats Syrakiens comme une défaite due aux politiques de leur pays qui ne leur ont pas apporté la logistique suffisante et les ont envoyés au casse-pipe pour la gloriole de Massad. Beaucoup aspirent à un nouveau chef et déjà le nom de Dassa el Barach fait son chemin parmi eux. C’est le seul à avoir ouvertement pris position contre Massad dans cette invasion du Tweiko. Pour cela, il a été démis de ses fonctions et poussé à la retraite.

    Malgré son échec, Massad est toujours en place et son régime a survécu à cette déroute. La vie reprend peu à peu ses droits dans la capitale Samad. Cette tranquillité n’est que de façade, car les communautés Syrakiennes bien que baignant dans une même religion le Muslamisme sont toujours aussi éloignées les unes des autres. D’un côté les Shitts et de l’autre les Nussites sont presque en guerre ouverte. Ils ne sont d’accord que sur un point : chasser les Méricains de leur pays.

    Au nord, il y a toujours les Durks et leur volonté d’autonomie. Pendant la guerre, ils ont ouvertement soutenu la Mérique du fait de l’aide que celle-ci leur a apportée. Massad ne décolère pas contre ces mauvais Syrakiens acquis à l’ennemi. Ce ne sont que des traîtres à la nation. Il ne rêve que de les soumettre par la force et de leur faire payer sa défaite.

    À peu de distance de là, dans la banlieue de Salem, capitale du Laseri, une équipe de Lashat la formidable et invincible armée Laserienne s’apprête à arrêter un autochtone Inien. Mais tout le quartier s’est mobilisé pour le défendre. Cette résistance fait monter la tension et aux insultes succèdent les coups. Après quelques échanges de pierres et de grenades lacrymogènes, l’armée se prépare à enfoncer la porte quand une équipe de télévision de MMC, la grande chaîne de la Mérique, arrive et filme la scène. Ses journalistes commencent leur enquête et interviewent les Iniens présents. Ils essayent de savoir si cet homme est bien un terroriste comme le prétend Lashat. Pour cela, ils vont à la rencontre du commandant qui dirige les opérations, mais celui-ci ne peut dévoiler les sources ayant permis de confondre ce terroriste. Devant cet envahissement de microphones, de caméras et de questions, l’armée fait marche arrière. Elle s’engouffre dans ses véhicules blindés et repart sans avoir pu arrêter qui que ce soit. Les Iniens croient en leur victoire. Plusieurs parlent à la MMC. Ils dénoncent les excès des autorités Laseriennes responsables de tous leurs maux et n’hésitent pas à se faire passer pour d’éternelles victimes.

    Au centre secret des opérations du Dassom (services secrets Laseriens), tout le monde s’inquiète de cette nouvelle intrusion des médias, car ce n’est pas la première fois que cela se produit. Cette énième intrusion de journalistes exaspère le gouvernement, mais le Dassom ne peut arrêter ce téléphone Inien. Dès que Lashat veut arrêter un des leurs, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre dans la population qui alerte les médias internationaux.

    Pour faire suite à cette énième intervention des paparazzis étrangers, le président de la République Natayou réunit son état major de crise pour envisager les actions qui permettront à l’armée de faire son travail sans être filmée par ces télévisions prévenues par les Iniens. Il prend de suite la parole en se tournant vers le chef d’état-major de Lashat.

    – Comment se fait-il que la télévision arrive sur les lieux en même temps que vous ? Pourquoi vos écoutes téléphoniques n’interceptent-elles pas les appels des Iniens ? Ne sont-ils pas tous sur écoute ? Le Dassom n’a-t-il pu intercepter les conversations des représentants de MMC avec les Iniens pour vous avertir de leur arrivée ? Nous allons être mis au ban de la société et je vais devoir faire des excuses publiques à l’OPP pour non-respect des droits de l’homme. Qu’est-ce que c’est que cette pagaille ? Cela ne peut plus durer. Nous sommes chez nous, nous avons gagné ce territoire avec le sang de nos ancêtres. Je ne tolérerai plus cette intrusion dans notre politique intérieure. Vous devez trouver une solution. Nous ne pouvons accepter de tels agissements, il en va de notre survie au milieu de peuples qui n’ont toujours pas admis notre présence sur la terre de nos ancêtres. En plus, cet imbécile de Shub quitte la Syrakie sans avoir fini le travail. Il laisse Massad en place et celui-ci continue d’appeler à notre disparition en toute impunité.

    – Personne ne nous a avertis, dit le chef d’état-major. MMC est arrivé avec les autres médias sur ses talons. Nous ne pouvions plus agir. Les renvoyer, leur cacher notre action aurait été un signe dictatorial. Procéder à cette arrestation sous leurs caméras avec les violences possibles, nous aurait discrédités.

    – Nous avons intercepté l’appel téléphonique d’un Inien, mais les journalistes de MMC n’était qu’à cinquante mètres du lieu de l’arrestation, enchaîne K2, le chef des services secrets. Ils étaient en train d’interviewer un Laserien, victime d’un attentat au couteau. Il leur a été facile de se précipiter sur les lieux de l’intervention avant que nos forces aient le temps de réagir. Non, ce qui est nécessaire, c’est que les médias soient occupés par d’autres événements ailleurs qu’en Laseri. Ainsi nous serions un peu plus libres. Il faut dire que ces imbéciles de Méricains ont quitté la Syrakie beaucoup trop vite et du coup tous les médias sont ici à nous emmerder.

    – Pouvez-vous les occuper ailleurs ? demande le président en se tournant vers K2. Comment faire cela sans risquer l’opprobre de toutes les nations et sans nous brouiller avec la Mérique ?

    – Pour le moment, la politique internationale ne s’y prête guère, dit K2. L’affaire de Syrakie est terminée et à part quelques soubresauts en Frique, rien ne bouge. Le Nari est bien sage et ce n’est pas des révélations sur ses programmes militaires qui feront bouger les médias, d’autant que le Nari n’ouvrira pas ses frontières aux journalistes occidentaux sauf pour leur vanter les bienfaits de leur régime Shitt. Mais nous allons voir ce que nous pouvons faire grâce à nos honorables correspondants. Je vous propose que nous nous réunissions ici même dans une semaine. Le Dassom vous dira ce qu’il est possible de faire.

    – D’accord, mais dépêchez-vous. Je veux avoir un programme clair. Il serait temps que nous ayons les mains libres sur notre territoire sans pour autant nous mettre au ban des nations pour des actes que les Méricains ou Ropéens jugent inhumains. C’est bien compris.

    – Oui, Monsieur le Président.

    Dès son retour dans ses bâtiments du Dassom, K2 convoque ses responsables de zones.

    – Bonjour, je vous réunis ce jour, car nous avons un gros problème avec les médias étrangers qui prennent systématiquement parti pour les Iniens dès que nous lançons une opération de police. Il y a deux jours, la chaîne MMC est arrivée, en même temps que nos forces de l’ordre, alors que nous allions arrêter un terroriste. Ses journalistes ont perturbé notre police. Il nous faut rapidement trouver un moyen de les éloigner de Laseri. Si vous avez des idées, je ne vous les demande pas immédiatement. Réfléchissez à ce que vous pourriez faire de mieux. On en reparle dans trois jours ici même. De mon côté, je vais voir avec le ministre des Affaires étrangères si notre diaspora peut nous aider.

    Le Dassom est divisé en une dizaine de services. Chacun couvre un pays ou une zone. Dès la réunion terminée, les responsables de zone réunissent leurs subordonnés pour voir ce que chaque région peut apporter comme diversion pour les journalistes internationaux. Le chef du Dassom se rend sans perdre de temps auprès de Pierre Dumas, ministre des Affaires étrangères.

    Les banques

    Comme dans tout pays, le Ministère des Affaires étrangères est responsable des contacts avec la diaspora Laserienne et des Laseriens voyageant à l’étranger. Il assure aussi le contact avec toutes les communautés Jufistes qui sont répandues dans toutes les nations de la Retre. Dans de nombreux pays, les citoyens de religion Jufiste occupent des postes importants dans les industries de pointe, l’administration et les services bancaires. Notamment en Mérique et Rope, ils ont une position de choix en dirigeant quelques-unes des plus grandes banques.

    Une fois dans le bureau de Pierre Dumas, K2 prend la parole :

    – Monsieur le ministre, comme vous le savez, notre situation intérieure est perturbée par les médias qui viennent à tout bout de champ, mettre le nez dans nos affaires. Le président nous demande d’agir très vite afin que nos forces de l’ordre puissent rétablir la paix dans les quartiers où les jeunes Iniens écoutent des fanatiques de toute tendance qui prêchent la lutte armée contre le Laseri pour soi-disant libérer leur territoire. Pour détourner les médias, il nous faut trouver des événements qui les occuperaient ailleurs. Dans un premier temps, pourrait-on les renvoyer s’occuper en Mérique ou Rope ? Pensez-vous que la diaspora Jufi puisse nous aider dans ce sens ?

    – Mon cher ami, il ne faut pas penser à des mouvements violents. C’est absolument impossible. Les Ropéens et Méricains sont trop attachés à leur confort. Par contre, les seuls qui pourraient nous aider sans risque d’émeutes sont les banquiers, car toutes ces populations ont le cœur très près du portefeuille. Les banques ont une influence importante en Mérique et Rope où toutes leurs économies dépendent du secteur financier. Les banquiers disposent de fonds importants et peuvent provoquer pendant une journée ou deux une atmosphère de krach boursier. En outre, grâce aux prêts qu’ils ont consentis aux médias, ils pourraient influer sur leurs journaux en leur demandant de mettre en place des gens qui nous sont favorables.

    – C’est une bonne idée. Quand croyez-vous que nous puissions faire quelque chose en ce sens ? Je vais nommer chez moi David Jarisky, mon adjoint qui supervisera cette opération et vous, qui nommez-vous ? Je ne crois pas que ce soit le travail d’un ministre.

    – Je vais nommer mon chef de cabinet Claude Jule, c’est un expert en finances, il est très discret et il saura convaincre les banques.

    – Évidemment, Monsieur le Ministre, cela est classé top ultra secret. Pour que ce soit parfait, il serait bon de convoquer les représentants des principales banques d’ici 48 heures. Le président est pressé.

    – Je vous tiens au courant et dès que les banques seront là, nos adjoints s’occuperont d’eux. Je vous laisse diriger les opérations.

    – Pas de problème, dit K2.

    K2 une fois rentré à son bureau convoque immédiatement David Jarisky.

    – David, une fois de plus, je vais vous charger d’une mission très importante qui, si elle réussit, pourrait donner un peu d’air à notre armée et aux forces de police pour faire régner l’ordre chez les Iniens. J’ai parlé avec Pierre Dumas, notre ministre des Affaires étrangères. Nous allons convoquer la diaspora bancaire Jufie. Nous voudrions qu’ils se mettent d’accord pour réussir une légère crise bancaire. Comme vous le savez, les Méricains et les Ropéens n’aiment pas que l’on touche à leurs portefeuilles. Les médias internationaux occupés par ce mini-krach se désintéresseront de ce qui se passe sur notre territoire. Vous serez en liaison pour cela avec Claude Jule des Affaires étrangères qui s’occupe de convoquer les banquiers. Pendant ce temps, vous pourriez charger Joseph Dupont de régler les affaires courantes de votre entité.

    – Je connais Claude, c’est quelqu’un de bien. De combien de temps disposons-nous ?

    – Cela aurait dû être fait hier. Il faut donc que cela ait lieu le plus vite possible. Plus vite cette action occupera les MMC, VM, BCB et autres RMC, plus vite le Laseri aura quelques jours de répit. Je sais pertinemment que les banques centrales réagiront à la moindre observation de leurs gouvernements. Je sais aussi que l’intérêt des populations et des médias du Rope et de la Mérique pour ces problèmes bancaires passera rapidement dès que les banques centrales auront réagi. Cependant, cela devrait nous permettre de mettre en place des actions à long terme pour faire régner l’ordre. Faites vite et n’hésitez pas à pousser les Affaires étrangères si vous voyez que cela n’avance pas.

    – Bien chef, je m’en occupe séance tenante.

    Au Ministère des Affaires étrangères se tient une réunion du même type qui met Claude Jule au courant de ce que l’on attend de lui et de sa coopération avec le Dassom. Sortant du bureau du ministre, il appelle David :

    – Bonjour, David, comment allez-vous ? Cela fait des lustres que nous ne nous sommes pas rencontrés. Je suis content de retravailler avec vous.

    – Moi aussi je suis enchanté de faire équipe avec toi. Au Dassom, tout irait bien s’il n’y avait pas ces médias qui nous rendent la vie impossible sur notre sol. Pour la suite de notre action, je crois que comme autrefois, on pourrait se tutoyer.

    – Bien sûr, quant aux médias, nous allons nous en occuper. Comment crois-tu que nous devrions agir ? Pour ma part, je crois que faire venir nos amis banquiers ne devrait pas me poser de gros problèmes.

    – C’est parfait, mais il nous faut faire très attention, car l’affaire doit rester secrète. Sinon, ce sera un fiasco. Nous ne pouvons pas faire confiance au téléphone où les écoutes sont nombreuses. Il nous faut organiser des contacts directs. La meilleure solution serait qu’une majorité des banques viennent ici. As-tu une idée sur le motif que nous pourrions invoquer ? Une fois en Laseri nous leur expliquerons ce que nous attendons d’eux. Pour les contacter sans attirer l’attention, le plus discret est de passer par la voie diplomatique. Qu’en penses-tu ?

    – Pour ce qui est du motif, nous allons les appâter sur un possible emprunt national. Le ministre de l’Économie l’a fait plusieurs fois et elles ont toujours répondu présentes. Les contacter via les ambassades est en effet la bonne solution. Notre action doit être centrée sur les banques de la Mérique, du Rope, car ce sont elles qui ont le pouvoir.

    – Je vois que nous sommes d’accord, peux-tu envoyer un câble urgent via un réseau sécurisé pour que les attachés d’Ambassade aillent immédiatement voir les banquiers ?

    – Pas de problème, ce sera fait dans la demi-heure. Ils vont les convoquer pour une réunion en Laseri dans les quarante-huit heures. Je t’informe demain matin de la tenue de cette réunion.

    Alors que les Affaires étrangères convoquent les représentants des banques, tout le Dassom est sur le pont.

    Xavier, le responsable de la Frique réunit ses collaborateurs et leur annonce les directives de leur chef, demandant à tous ses collaborateurs de trouver ou de créer des événements capables de focaliser la presse internationale. Aussitôt Xavier, responsable de la région du Nadous, propose d’envenimer la guerre larvée qui existe dans ce pays. La chose est facile, les tribus y sont ennemies depuis des temps immémoriaux et la moindre étincelle embrase tout le pays provoquant des dizaines de morts.

    – Cela pourrait être une solution, mais comme vous le savez, la guerre fait rage dans ce pays depuis trop longtemps. Aujourd’hui, aucun média ne s’y intéresse. Quand une attaque de tribu fait cent morts, cela donne lieu à deux minutes de journal télévisé et un communiqué de cinq lignes en page sept des quotidiens. Si nous pouvions, avec nos correspondants dans les deux camps, transformer cette guerre en véritable génocide. Alors oui, une telle boucherie contraire au droit international occuperait les médias, mais les luttes tribales n’ont pas cette envergure et nous n’avons pas les moyens dans un court laps de temps d’ouvrir un tel conflit.

    – Il est évident que les pays riches ne se préoccupent guère du Nadous, répond Xavier, l’air songeur. D’ailleurs, personne ne sait où se situe cette région. De graves événements dans ce pays n’occupent pas les médias et l’intérêt retombe instantanément. Pour mobiliser les foules, il faudrait dans ce pays un enlèvement massif de délégations étrangères ou de journalistes. Or, les gouvernements déconseillent à leurs ressortissants d’y aller. Les seuls représentants étrangers qui y passent sont des hommes des services secrets. Vous savez que ceux-là ne seront jamais réclamés et personne ne parlera d’eux. Par contre, il

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1