UNE NOUVELLE VISION DE LA CONSCIENCE TRANSFORME LE MONDE
Par Willis Harman
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À propos de ce livre électronique
Willis Harman
Durant seize ans, Willis Harman a occupé le poste de spécialiste en sciences sociales à SRI International, un groupe de réflexion futuriste situé à Menlo Park en Californie. Il a aussi été professeur émérite en ingénierie et systèmes économiques à l'Université Stanford et membre du conseil d'administration de l'Université de Californie.
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Avis sur UNE NOUVELLE VISION DE LA CONSCIENCE TRANSFORME LE MONDE
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Aperçu du livre
UNE NOUVELLE VISION DE LA CONSCIENCE TRANSFORME LE MONDE - Willis Harman
PRÉFACE - ÉDITION AMÉRICAINE
Si le monde que la science nous décrit est la réalité, comment se fait-il que nous nous y sentions aussi étrangers ?
Les facteurs et les forces susceptibles d’entraîner un changement global de mentalité sont déjà en mouvement. À travers l’histoire, les changements de société réellement fondamentaux ont découlé non pas de diktats gouvernementaux ou de l’issue des batailles, mais du changement de mentalité (parfois modeste) d’un grand nombre de gens.
Certains de ces changements ont représenté de profondes transformations — par exemple la transition de l’empire romain à l’Europe médiévale ou du Moyen âge aux temps modernes. D’autres ont été plus spécifiques, comme la constitution de gouvernements démocratiques en Angleterre et en Amérique ou l’abolition de l’esclavage en tant qu’institution reconnue. Dans ces derniers cas, il faut garder présent à l’esprit que quelle que soit la puissance d’une institution économique, politique ou même militaire, son existence dépend de sa légitimité, et cette légitimité découle des perceptions populaires. En effet, le peuple accorde la légitimité, mais il peut aussi la reprendre. Une remise en cause de la légitimité est la force de changement la plus puissante de l’histoire. Au principe d’autonomisation qui postule que les gens peuvent choisir d’accorder ou pas la légitimité, et donc de changer le monde, nous en ajouterons un autre : En changeant délibérément leurs représentations intérieures de la réalité, les gens peuvent changer le monde. Les seules limites à l’esprit humain sont peut-être celles auxquelles nous croyons.
J’ai passé les vingt premières années de ma vie professionnelle à enseigner l’ingénierie et l’analyse des systèmes dans une grande université. Durant les vingt années suivantes, je suis intervenu en tant que futurologue et spécialiste en sciences sociales auprès d’une organisation de recherche contractuelle, dont la mission était d’aider les gouvernements et les entreprises à procéder à la planification stratégique d’un large éventail d’activités, portant essentiellement sur les aspects concrets de la conduite de leurs politiques. Ma mission principale était de les aider à réfléchir sur ces questions dans le contexte d’un environnement futur, où les conséquences de leurs décisions seraient manifestes. Traiter jour après jour de tels enjeux était un réel privilège, et j’ai beaucoup appris. Au fil des ans, je me suis rendu compte qu’une image prenait forme dans mon esprit, celle de la signification profonde de notre époque et de nombreux futurs alternatifs plausibles. Cette image est devenue de plus en plus claire, et lorsque j’ai pris ma retraite de cette organisation de recherche pour entamer une autre carrière (celle qui est encore la mienne aujourd’hui), je n’avais pratiquement plus aucun doute sur la nature fondamentale de la transformation à laquelle nous assistions. Tout en étant conscient qu’une telle affirmation pourrait sembler absurde à la plupart des gens, j’étais convaincu (cette conviction se renforce chaque jour davantage) qu’il fallait passer à l’action concrète en changeant dès maintenant les hypothèses fondamentales.
En 1977, sur l’invitation d’Edgar Mitchell et du conseil d’administration de l’Institut des sciences noétiques, j’ai accepté de me joindre à eux pour « développer la connaissance de la nature et des potentialités de l’esprit, et utiliser ces connaissances et ce savoir afin d’œuvrer à l’avancement de la santé et du bien-être de l’humanité et de la planète. (Le mot « noétique », qui vient du grec ancien « noêsis », signifie esprit, intelligence ou chemin de la connaissance ; il recouvre les trois façons d’atteindre la connaissance : le raisonnement de l’intellect, la perception de nos expériences par les sens, et l’accès à la connaissance de manière intuitive, spirituelle ou intérieure. Les sciences noétiques sont fondées sur l’étude systématique et exhaustive de tous les modes de connaissances, qui forme le socle qui détermine la façon dont nous nous considérons nous-mêmes, dont nous nous voyons les uns les autres et le monde.) Comme le travail de l’Institut s’inscrit au cœur même du « changement de paradigme » contemporain — c’est précisément dans ce domaine que les postulats de base, qui sous-tendent la société occidentale moderne, sont les plus remis en question —, je savais que j’avais trouvé là l’endroit idéal pour poursuivre mes recherches.
Mais la tâche n’est pas facile. Les gens se sentent menacés lorsqu’ils discernent (consciemment ou inconsciemment) des changements imminents dans leurs vies. La perspective que les « vérités » auxquelles ils ont cru toute leur vie pourraient être remplacées par d’autres croyances peut s’avérer particulièrement menaçant. En conséquence, les gens ont tendance à contre-attaquer — c’est-à-dire à s’opposer fermement au changement. Pour s’en convaincre, il suffit de constater les réactions fondamentalistes qui se manifestent aux quatre coins de la planète à l’égard de la société moderne, dont le mode de vie incarne parfaitement ce changement — le changement technologique, le pouvoir sans cesse accru des institutions et l’affaiblissement de l’engagement envers les valeurs ancestrales.
On peut aisément imaginer qu’un examen critique des hypothèses de base, sur lesquelles repose la société moderne elle-même, se révèlera particulièrement menaçant. Les recherches sociologiques et historiques ont démontré que, lors de changements révolutionnaires similaires, on constate une augmentation de la fréquence des maladies mentales, des désordres sociaux et le recours à la police pour étouffer dans l’œuf toute velléité de perturbation de l’ordre public, une recrudescence des crimes violents, du terrorisme, des cultes religieux sectaires et une plus grande acceptation de l’hédonisme sexuel. Ces signes avant-coureurs sont bien évidemment visibles aujourd’hui, et ils seront appelés à s’intensifier avant de revenir à des niveaux plus normaux. Fondamentalement, ils constituent des réponses à l’anxiété sous-jacente et à l’incertitude qui naît de la menace inconsciente du changement.
Comprendre la nécessité du changement contribue probablement à réduire la menace, surtout lorsque l’on constate que la société mondiale ne pourra plus continuer très longtemps à suivre la voie actuelle, qui est de plus en plus non viable et délétère. Mais tout changement sociétal implique également un changement sur le plan individuel, et c’est l’éventualité de ce changement individuel qui génère la plus grande anxiété. Les deux décennies à venir seront particulièrement critiques. Je crois que le défi principal est de ne pas essayer de résister à un changement qui est de toute façon inévitable, mais aussi de ne pas chercher à susciter prématurément ce changement. Je crois plutôt qu’il serait utile d’aider notre société à comprendre la nature et les forces du changement historique qui est en gestation, de façon à traverser cette mutation dans un esprit de coopération mutuelle et d’empathie, et ce, avec le moins d’inconvénients et de souffrances possible.
En dialoguant, en disant la vérité et en nous efforçant de voir le monde par les yeux de l’autre, nous pouvons parvenir ensemble à une véritable compréhension de ce que nous devons faire et à l’engagement commun que cela sera fait. Durant toute ma vie, on m’a répété l’avertissement suivant ; « Ne te contente pas de parler ; prends les devants et fais quelque chose ! » Le problème est qu’en ces temps troublés, ce que nous ferons ne sera vraisemblablement pas la bonne chose à faire. En ces temps incertains, mon meilleur conseil serait d’inverser la maxime précédente : « Ne vous contentez pas de faire quelque chose ; prenez les devants et parlez. »
Dans cette troisième carrière au sein de l’Institut des sciences noétiques, j’ai ressenti avec une acuité extrême que ma mission était de promouvoir ce dialogue et de contribuer à cette compréhension. Ce livre est une étape dans cette direction ; j’espère qu’il sera utile.
— Willis W. Harman, Sausalito, Californie
ADDENDUM À LA DEUXIÈME ÉDITION
Dans une certaine mesure, je suis surpris de constater que la version précédente de cet ouvrage est toujours aussi pertinente, et ce, une décennie après qu’elle eut été écrite. Bien que significatives, les modifications apportées sont pour l’essentiel des extensions résultant d’une compréhension accrue. Elles sont particulièrement manifestes dans les deux sections suivantes.
Tout d’abord, le travail en cours à l’Institut des sciences noétiques m’a conduit à une compréhension beaucoup plus satisfaisante de ce qui devait être entrepris dans la sphère scientifique. Cela s’est traduit par l’addition d’un chapitre entièrement nouveau, soit le chapitre 5.
Enfin, l’aggravation de la non-durabilité de notre mode de vie moderne m’a amené à une meilleure perception des enjeux discutés dans les chapitres 6 et 7, particulièrement en ce qui concerne le rôle crucial dévolu au monde des affaires dans cette période transitoire.
— Willis Harman, Sausalito, Californie
REMERCIEMENTS
J’aimerais exprimer ma sincère gratitude à ceux et celles, si nombreux, qui ont su m’inspirer par leurs enseignements précieux et leurs connaissances approfondies, particulièrement Brendan O’Regan, Tom Hurley et Barbara McNeill, tous trois membres du personnel de l’Institut des sciences noétiques. Je tiens également à adresser mes remerciements à d’autres membres du personnel de l’Institut, Christian de Quincey, Carol Guion et David Johnson, pour leur soutien indéfectible dans la production de ce livre, sans oublier May Liang pour l’illustration de la couverture.
AVANT-PROPOS - Hazel Henderson
Je suis très honorée de disposer de cette courte introduction pour inciter les lecteurs à découvrir un des ouvrages fondamentaux de Willis Harman. Willis considérait à juste titre ce petit livre, intitulé Changement global et conscience planétaire, comme son livre phare, et cette édition révisée a constitué la tâche ultime d’une vie par ailleurs fort bien remplie. J’ai pu discuter brièvement avec Willis durant les quelques semaines ayant précédé son départ. Le sentant à l’orée de ce nouveau voyage, je lui ai promis de rester fidèle à l’esprit de son travail — soit ouvrir les esprits à l’éventail éblouissant des possibilités qui nous sont offertes à nous, humains, et à nos sociétés alors que nous nous défaisons progressivement des œillères conceptuelles, culturelles et historiques que nous nous sommes si longtemps imposées. Willis et moi partagions — avec des millions d’autres personnes — la même passion du possible. J’ai découvert pour la première fois cette dimension lorsque j’étais enfant — je la voyais se déployer tout autour de moi dans le monde immaculé et magique de la nature, dans les profondeurs brumeuses de la campagne anglaise, dans le chant mélodieux et fantaisiste des merles perchés sur les haies, dans les tapis de jacinthes des bois, dans les délicieux fruits et légumes que ma mère faisait pousser dans notre jardin, et dans les mouettes intrépides qui volaient hardiment au-dessus de l’océan Atlantique. Plus tard, j’ai moi aussi traversé cet océan d’est en ouest pour m’installer aux États-Unis d’Amérique, qui symbolisaient alors une terre de possibilités et de promesses pour des générations d’Européens, qui se reconnaissaient profondément dans les valeurs de la Constitution, de la Déclaration des droits et dans cette quête audacieuse et forcenée de la vie, de la liberté et du bonheur.
J’ai rencontré pour la première fois Willis Harman en 1972, à Washington DC, lors d’un événement multidimensionnel assez déroutant, intitulé la Conférence de la Maison-Blanche sur « Le monde industriel en gestation ». J’étais invitée en tant que dissidente, fort éloignée de la monoculture festive du progrès, telle que représentée par les financiers et les dirigeants d’entreprise présents ce jour-là, à une écrasante majorité des hommes blancs d’âge mûr. En ma qualité d’Européenne et d’observatrice étrangère, j’ai pu parler librement du nouvel ordre du jour mondial des responsabilités humaines — ce qui inclut la protection et le maintien de la vie sur notre planète, l’arrimage du capitalisme et du matérialisme à la justice sociale, l’adoption d’exigences éthiques plus élevées et l’établissement de normes mondiales. J’ai croisé Willis Harman dans un corridor. Nos yeux se sont croisés et je me suis écrié : « Je me sens comme une Martienne, ici ! » Willis m’a souri en hochant la tête. Lors de ses interventions, il avait exprimé une vision très proche de la mienne en sa qualité de futurologue, poursuivant ses travaux à l’Institut de recherche de Stanford (Stanford Research Institute). Nous partagions tous deux la conviction qu’il était urgent de sensibiliser le Congrès, la Maison Blanche et les cercles politiques de Washington à des perspectives plus larges et à une vision d’avenir à plus long terme.
Nous avons alors décidé de travailler ensemble en lançant l’Institut du Congrès pour l’Avenir (Congressional Institute for the Future). Nous avons d’ailleurs siégé au premier conseil d’administration de cet organisme — aux côtés d’Elise Boulding (aujourd’hui professeure émérite au Dartmouth College) dont l’ouvrage Building a Global Civic Culture a influencé toute une génération, incitant ainsi des millions de citoyens à prendre leur destin en main. Elise Boulding a mis en lumière les contours d’un troisième secteur, situé au-delà du monde de l’entreprise et du gouvernement : ces « mondialistes communautaires » que feu Jonas Stalk a qualifiés de « mutants culturels qui ont l’audace d’assumer la responsabilité de toute l’espèce humaine. »
Lorsque Changement global et conscience planétaire a été publié en 1987, j’ai savouré chaque mot de cet ouvrage, et c’est toujours le cas. Bien que nos chemins se soient rarement croisés, Willis et moi avons toujours été reliés sur les plans métaphysique et spirituel. La lecture de Changement global et conscience planétaire m’a redonné courage après que mon deuxième livre, The Politics of the Solar Age, eut été banni de Washington avec l’arrivée au pouvoir de Ronald Reagan.
Des futurologues comme moi, c’est-à-dire ceux qui prévoient la fin d’un monde industriel basé sur l’énergie fossile et l’avènement d’un âge solaire, étaient considérés comme des prophètes de malheur, des luddites ou des porteurs d’idées subversives. Pourtant, la vision réductrice de la culture dominante — soit la poursuite du progrès grâce au rayonnement planétaire du positivisme scientifique et de l’industrialisation — a été largement battue en brèche par la responsabilisation croissante de millions d’individus ayant des perspectives à long terme et faisant preuve d’une sensibilisation accrue et d’une conscience plus élevée.
Depuis notre première rencontre en 1972, Willis et moi avons abondamment débattu de nos visions communes des différentes formes que pourrait prendre un développement plus humain, plus juste et plus durable sur le plan écologique. Aujourd’hui, nous constatons que l’empreinte de cette vision s’inscrit de plus en plus dans notre réalité matérielle. La Conférence des Nations-Unies sur le changement climatique, tenue à Tokyo en 1997, a vu l’émergence d’un consensus scientifique sur le besoin pressant de réduire la consommation d’énergies fossiles et de recourir aux technologies solaires, qui sont plus en harmonie avec la nature. De nos jours, la majorité des citoyens américains préfèrent consulter des fournisseurs de soins de santé alternatifs plutôt que des docteurs issus du complexe médical et industriel. Les enquêtes d’opinion publique révèlent l’émergence des « créateurs culturels », vaste groupe socio-culturel mis en évidence à la fin des années 1990, ainsi que le changement d’attitude de millions de citoyens qui s’efforcent de réduire leur train de vie matériel pour accroître leur qualité de vie globale. S’inspirant des échecs successifs d’une économie néoclassique reposant sur l’impuissance individuelle, une nouvelle interprétation de l’évolution humaine voit le jour, et ce, afin de mieux contrôler les forces aveugles du marché. Prenant acte de la submersion statistique découlant de la Loi des grands nombres, l’individu s’impose aujourd’hui comme un acteur-clé dans l’évolution des sociétés, comme David Loye l’a démontré dans son ouvrage The Evolutionary Outrider : The Impact of the Human Agent on Evolution (1998) et Darwin’s Lost Theory (1998). Néanmoins, d’énormes dangers subsistent, des dangers que nous, humains, avons créés — et qui vont des armes chimiques, bactériologiques ou atomiques toujours entreposées jusqu’aux déchets radioactifs en passant par les substances chimiques toxiques contenues dans l’eau, l’air, les sols et aussi dans notre nourriture. Comme Willis le disait si bien, ces périls qui nous guettent sont des « symptômes » de notre état d’esprit, des symptômes dont la plupart d’entre nous nous accommodons fort bien car nous les considérons « en dehors de notre réalité. » Pour ma part, je préfère les considérer comme des « crises de perception ». Sans doute, les leçons systémiques qui nous sont imposées — telles la crise asiatique de 1997-1998, les krachs boursiers à répétition, ou les répercussions d’une interruption éventuelle de la fourniture des services informatisés — sont-elles nécessaires pour accélérer le basculement vers une prise de conscience plus large, plus holistique et plus intégrée des enjeux planétaires. De telles expériences nous aident à comprendre plus clairement nos valeurs et notre système de croyances. Les Grecs avaient un mot pour décrire une telle attitude — l’hubris, c’est-à-dire tout ce qui, dans la conduite de l’homme, est considéré comme démesure et orgueil aveugle, nourrissant l’arrogance et l’autosatisfaction. Nous pourrions aussi ajouter la vision à court terme, l’économisme et le refus systématique d’accepter la vérité. Espérons que cette nouvelle édition de Changement global et conscience planétaire nous incitera à revendiquer pleinement cette autre dimension de notre humanité : celle offerte à des êtres créatifs et en évolution permanente, dotés d’esprits puissants, de cœurs aimants, et de la vision nécessaire pour contempler les vastes étendues de possibilités qui nous permettront, demain, de bâtir l’avenir que nous aurons choisi.
— Sainte-Augustine, Floride
INTRODUCTION
Imaginez que vous soyez un historien du XXIe siècle vous interrogeant sur le passé proche. Selon vous, quel serait l’événement du XXe siècle le plus important pour l’histoire de l’humanité ? Le fait qu’un homme se soit posé sur la Lune ? La création des Nations unies ? Serait-ce le développement des armes nucléaires, des ordinateurs ou de l’intelligence artificielle ?
Je suppose que la plupart des humains qui vivent aujourd’hui sur cette planète mentionneraient des événements moins marquants, quelque chose dont la signification véritable n’apparaîtra réellement que dans plusieurs décennies. Cela pourrait être aussi tranquille et paisible qu’un changement de mentalité, un changement de mentalité qui surgirait des profondeurs inconscientes, qui peu à peu s’étendrait dans le monde entier, et qui finalement transformerait radicalement ce dernier. Il est évidemment bien plus facile de répondre à une telle question lorsqu’il s’agit du XVIIe siècle. En jetant un regard sur le passé, nous constatons aisément que les événements les plus importants pour l’humanité n’ont pas été la Guerre de Trente Ans et le traité de Westphalie ni l’effondrement de la dynastie Ming en Chine ni l’établissement de colonies le long de la façade atlantique de l’Amérique du Nord. Après réflexion, la plupart des observateurs concluraient sans doute que l’événement majeur de cette époque a été en fait un changement radical de mentalité, ce que nous appelons aujourd’hui la révolution scientifique. Cette révolution scientifique, qui a vu le jour en Europe occidentale, a fini par affecter la vie de la totalité des habitants de cette planète, et ce, d’une manière si fondamentale qu’il est difficile de trouver une transformation comparable à n’importe quel autre moment de notre histoire.
Une telle hypothèse — selon laquelle nous serions entrés, durant le dernier tiers du XXe siècle, dans un processus radical de changement de mentalité, un changement au moins aussi profond et bien plus rapide que celui de la révolution scientifique — peut sembler difficile à admettre. C’est pourtant la thèse principale de ce livre.
Nous sommes déjà bien engagés dans ce processus, qui transforme la façon dont nous interprétons la science. Il modifie radicalement notre conception des systèmes de soins de santé, il bouleverse notre vision de l’enseignement et de l’éducation, il entraîne des changements majeurs dans le monde des affaires et de la finance, il remet en cause la légitimité des guerres et il exige une totale remise à plat de notre système de pensée pour atteindre la sécurité globale et nationale. Pourtant ses effets sont relativement invisibles. Ce processus en cours n’apparaît pas clairement dans les enquêtes d’opinion portant sur les valeurs et les styles de vie. Son influence sur la science semble pour le moins mineure ; ses incursions dans le monde de l’entreprise sont impressionnantes, mais ne représentent qu’une infime partie de l’ensemble. Ce changement de mentalité est peut-être plus évident dans la nouvelle approche des soins de santé et dans la pratique d’activités de remise en forme physique, cependant même dans ce domaine ses implications les plus prometteuses ne sont pas ouvertement abordées.
Aujourd’hui, rares sont ceux qui remettent en doute le fait que nous soyons engagés dans une sorte de transition structurelle. L’évidence confirmant cette hypothèse est omniprésente. Toutefois, l’importance de ce changement structurel est sujette à controverse. Pour certains, le schéma d’une transformation fondamentale découle d’une telle évidence ; pour d’autres, il s’agit là d’une conclusion beaucoup plus problématique. En effet, la plupart d’entre eux rechignent à l’idée que nous pourrions être en train de vivre un des changements les plus fondamentaux de l’histoire de la civilisation occidentale. Cela traduit une certaine réticence à apparaître trop arrogant en nous exprimant au sujet de notre époque : les générations qui nous ont précédés n’ont-elles pas toutes pensé qu’elles vivaient une période historique privilégiée ?
Pourtant, cette possibilité doit être considérée avec le plus grand sérieux. Cet ouvrage explore l’hypothèse qu’un changement majeur est en train de se produire au niveau le plus fondamental de la structure de croyance du monde industrialisé occidental. J’ai tenu à écrire un petit livre, car mon but n’est pas de constituer un dossier exhaustif ou de démontrer quoi que ce soit de manière définitive, mais plutôt de stimuler un dialogue critique — c’est la raison pour laquelle les références que je cite apparaissent en fin d’ouvrage et ne sont pas intégrées au texte sous la forme de notes de bas de page. Sans doute ne réussirons-nous pas à parvenir à un consensus sur une interprétation pertinente de cette période particulière de notre évolution. Cependant, les enjeux étant considérables, s’efforcer d’en saisir la finalité est une démarche utile et légitime.
Quelle que soit la façon dont nous la considérons, la situation du monde actuel est dangereuse pour notre civilisation. Les passagers de la planète Terre connaîtront de graves turbulences dans la traversée qui les attend. Notre capacité à surmonter ensemble ces épreuves et à éviter ainsi le naufrage collectif dépend de notre aptitude à maintenir à la fois de hauts niveaux de compréhension et de bas niveaux d’anxiété. En participant à ce dialogue, chacun pourra tirer ses propres conclusions, qui l’aideront à mieux percevoir les enjeux et à accroître sa compréhension.
Chapitre 1
L’hérésie scientifique : transformation d’une société
Chaque transformation… repose sur une nouvelle base métaphysique et idéologique ; ou plutôt sur des intuitions et des vibrations plus profondes dont l’expression rationalisée se traduit par une nouvelle vision du cosmos et de la nature de l’homme.
— Lewis Mumford
Il était une fois un fils de marchand nommé Nicolas Copernic qui vivait dans une petite ville de Pologne. Il étudiait le droit, la médecine et les mathématiques. Âgé d’une vingtaine d’années, il enseignait avec brio les mathématiques, ce qui lui valait une réputation internationale. Cependant, plus que tout, il était fasciné par les difficultés et les défis mathématiques posés par l’astronomie…
Cette histoire est connue de tous. Je la mentionne en raison de sa pertinence contemporaine. Pourquoi les idées de Copernic ont-elles eu de telles répercussions dans toute l’Europe occidentale ? Comment des forces transformationnelles aussi puissantes ont-elles été mises en œuvre ? Supposons qu’une révolution similaire se produise aujourd’hui — serions-nous capables d’en reconnaître les signes ?
LA RÉVOLUTION COPERNICIENNE
Copernic n’avait pas pour ambition de susciter l’hérésie, encore moins de déclencher une quelconque « révolution ». Il était docteur en droit canon et chanoine de Frauenburg, le diocèse catholique le plus septentrional de Pologne. Cependant, il consacrait l’essentiel de son temps aux études astronomiques. Au fur et à mesure que ses études progressaient, il se sentait de plus en plus à l’étroit dans le système théorique prévalant à l’époque, celui conçu par Ptolémée, un savant grec ayant vécu à Alexandrie (Égypte). L’interprétation des cieux faisait partie intégrante de la pensée astronomique ; en fait c’était une sorte d’acte de foi, car elle avait été utilisée et enseignée durant quatorze siècles. C’était une approche essentiellement géocentrique selon laquelle la Terre, immobile, occupait le centre de l’univers, tous les astres tournant autour. S’appuyant sur des modèles géométriques censés calculer les mouvements de certains corps célestes, le Soleil, la Lune et les planètes, le firmament était représenté par une vaste coquille sphérique et cristalline tournant autour de la Terre. Ce schéma théorique, qui permettait de modéliser la rétrogradation des planètes, reposait sur un système complexe d’orbites circulaires fondamentales, elles-mêmes soumises à des mouvements circulaires uniformes, appelés épicycles. La théorie des épicycles était une construction mathématique permettant de justifier certaines irrégularités observées dans le mouvement des planètes. Mais les observations se faisant chaque jour plus précises, de plus en plus d’épicycles devaient être ajoutés, ce qui rendait le système incroyablement lourd et complexe. Il était donc de plus en plus difficile de l’utiliser pour prévoir le mouvement futur des planètes.
Comme bien des humanistes de son époque, Copernic maîtrisait parfaitement le grec. En étudiant les traités et les écrits des savants de la Grèce antique, il découvrit que certains d’entre eux avaient proposé un modèle héliocentrique, une théorie physique considérant le Soleil comme un point fixe situé au centre de l’univers et autour duquel s’organiserait le système. Selon ce modèle, les mouvements apparents du Soleil, de la Lune et des planètes résulteraient à la fois de la rotation quotidienne de la Terre sur son axe et de la rotation annuelle de la Terre autour du Soleil, conçu comme un point fixe et immobile. À première vue, cette idée que la Terre puisse tourner autour du Soleil semblait absurde, mais lorsque Copernic entreprit de valider cette vision avec les données dont il disposait (en retenant cependant le concept de mouvements circulaires uniformes), il se rendit compte que les résultats obtenus étaient esthétiquement supérieurs et surtout que le modèle héliocentrique était plus simple et plus précis que celui développé par Ptolémée.
Voici comment l’Europe
